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ECONOMIE MONETAIRE ET

FINANCIERE I

Pr Hindou BADDIH

Année universitaire 2022 - 2023

1
Sommaire
Introduction: ..................................................................................................... 4
Chapitre I : Notions fondamentales sur la monnaie ........................................ 6
Section 1 - Qu'est ce que la monnaie? .............................................................. 6
I - L’approche fonctionnelle de la monnaie ...................................................................... 6
A - La monnaie comme une unité de compte : Divisibilité .......................................... 7
B - La monnaie comme réserve de valeur : Durabilité................................................... 7
C - La monnaie comme moyen de paiement : Acceptabilité ....................................... 8
II - L'approche institutionnelle "essentielle" de la monnaie ............................................. 9
A - La monnaie comme une simple créance: ............................................................... 9
B - La monnaie instrument de politique économique:............................................... 10
Section 2 - Les origines aux formes actuelles de la monnaie ......................... 10
I- Du troc à la monnaie marchandise .............................................................................. 11
II- De la monnaie métallique à la monnaie fiduciaire ..................................................... 12
III- De la monnaie fiduciaire à la monnaie scripturale .................................................... 16
A - Les instruments de circulation de la monnaie scripturale ..................................... 17
B - Les principales formes actuelles de circulation de la monnaie scripturale ............. 17
C - Le traitement de la monnaie scripturale................................................................ 18
IV- De la monnaie Scripturale à la monnaie électronique .............................................. 19
Section 3 : La mesure de la quantité de la monnaie en circulation ................ 20
I – Définition et construction des agrégats monétaires : ................................................ 21
A - La monnaie au sens strict (Agrégat étroit M1) : ................................................... 22
B - L’agrégat monétaire « intermédiaire » (M2) : ...................................................... 23
C - La monnaie au sens large ( Agrégat élargi M3) : .................................................. 23
D - Les agrégats de Placements Liquides : ................................................................... 26
II - Les contreparties de la masse monétaire (M3) .......................................................... 27
A - Les Avoirs extérieurs nets des institutions de dépôts (créances sur l’extérieur): .. 27
B - Les créances nettes sur l'Administration centrale : ................................................ 28
C - Les concours au secteur privé ( Créance sur l'économie) : ................................... 29
III - La circulation de la monnaie : ................................................................................. 30
Chapitre II- La création monétaire : ............................................................... 36
Section 1 - Le principe de la création monétaire: "Le faite de dire OUI". ....... 36
I - Origine du principe :................................................................................................... 36
II - La création monétaire dans le cas d’une banque unique: ......................................... 38
III - La création monétaire dans un système monétaire à banques multiples:................ 39
IV - La création monétaire en présence de la Banque Centrale :..................................... 41
V - Les principaux agents créateurs de la monnaie ......................................................... 44
VI - La Liquidité de l’économie ...................................................................................... 45

2
VII - Destruction de la monnaie ..................................................................................... 46
Section 2 - Les limites de la création monétaire............................................. 47
I - Les contraintes de liquidité :....................................................................................... 47
A - Les facteurs de la liquidité bancaire : les fuites hors du circuit monétaire des banques
commerciales (Les facteurs autonomes) ..................................................................... 47
B - Le facteur réglementaire de liquidité : les réserves obligatoires ............................. 48
C - Comment les banques couvrent-elles leurs besoins de liquidité ? ........................ 48
II - Les contraintes de rentabilité : .................................................................................. 48
III - Les contraintes de solvabilité et le respect des normes prudentielles : ..................... 49
Section 3 - Approche du multiplicateur ou Approche du diviseur de crédit . 50
I - La séquence néoclassique (NC) et le Multiplicateur de crédit ................................... 50
A - Des ressources vers des emplois (passif vers actif) ................................................. 50
B - Le multiplicateur de crédit ..................................................................................... 50
II - La séquence keynésienne : la " création " monétaire et le diviseur de crédit ............ 54
A - la séquence Keynésienne : la " création" monétaire ............................................. 54
B - Le diviseur de crédit ............................................................................................... 54
Chapitre III – Demande de monnaie et politique monétaire ......................... 59
Section 1- L'offre et la demande de monnaie et l'équilibre sur le marché
monétaire ........................................................................................................ 59
I - Définition de l’offre de monnaie : ............................................................................. 59
II - Demande de monnaie Md: ........................................................................................ 59
A - les déterminants de la demande de monnaie Md : ................................................ 59
B - Distinction entre demande de monnaie réelle et nominale : ................................ 60
Section 2- La politique monétaire .................................................................. 60
I - Définition et objectifs de la politique monétaire ....................................................... 60
A - Les objectifs finaux................................................................................................ 61
B - Les objectifs intermédiaires.................................................................................... 62
C - Les indicateurs ....................................................................................................... 63
D - Les instruments : ................................................................................................... 64
II - Le ciblage de l’inflation ............................................................................................ 68
III - Les canaux de transmission de la politique monétaire ............................................. 70
A - Canal du taux d’intérêt ......................................................................................... 70
B - Canal du crédit ....................................................................................................... 71
C - Canal du taux de change ....................................................................................... 72
IV - Le choix de la politique monétaire optimale : le modèle de Poole ......................... 72
Bibliographie .................................................................................................... 77

3
Introduction:

L
'économie monétaire est une branche de la macroéconomie qui étudie
l'influence de la monnaie sur le fonctionnement de l'économie d'un pays ou
d'une zone monétaire1. Elle est aussi, la partie de l'analyse économique qui a
pour principal objet d'étude: la monnaie et les mécanismes de financement de l'économie.
La nature de la monnaie est ambivalente et c’est ce qui rend sa définition difficile et
ce qui explique, pourquoi de nombreux ouvrages sur l'économie monétaire ne donne pas de
définition précise de la monnaie ou bien se contentent d'évoquer les fonctions et les termes de
la monnaie. La monnaie revêt à la fois les caractéristiques d’un bien privé et d’un bien public,
d’un biens rival et d’un bien réseau, d’un bien économique et d’un bien politique et social, elle
est à la fois instituée et instituante - telle que le suggère l'expression d'«institution monétaire de
la société» [Servet, 1993]. Les fonctions de la monnaie ne sont que mieux comprises quand
on cerne cette ambivalence.
La monnaie est un bien privé au sens où elle fait l’objet d’une offre est d’une demande
et que sa détention a un prix. Mais elle est aussi un bien public ou collectif, au sens où sa
disponibilité, sa circulation et la préservation de sa valeur sont indispensables au bon
fonctionnement des échanges et donc à celui de l’économie dans son ensemble. Son usage
relève donc ainsi de l’intérêt général.
La monnaie, détenue par chacun en tant que bien privé, a les caractéristiques d’un bien
exclusif et rival : la quantité de monnaie que je détiens m’appartient exclusivement, c’est une
partie de la quantité totale de monnaie en circulation qui, tant que je ne la dépense pas, ne pourra
pas être utilisée par quelqu’un d’autre, c'est un bien dont la consommation par une personne
empêche la consommation par d'autres. Mais la dimension collective de son usage fait aussi de
la monnaie un bien réseau : l’usage que j’en fais dépend de celui qu’en font tous les autres ;
plus il y a d’utilisateurs de cette monnaie, plus sa reconnaissance et son acceptation progressent,
ce qui améliore son usage ou plus exactement ses fonctions, faisant d'elle un bon instrument
d'échange.
Enfin, la monnaie en tant qu’attribut essentiel d’une économie d’échange, est un bien
économique. Les premiers économistes classiques (Adam Smith, David Ricardo, Jean-Baptiste
Say2) ont3, à partir du XIIIe siècle, réduit son analyse à celle d’un simple intermédiaire des

1
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_mon%C3%A9taire
2
Jean-Baptiste Say, ( 1767- 1832 ) est le principal économiste classique Français. Il est réputé pour ses positions
libérales. Il est également connu pour avoir élaboré la « loi des débouchés », ou loi de Say.
3
Pour eux la monnaie est une marchandise particulière dont l'offre est exogène, il y a une absence de lien entre la
croissance et l'offre de la monnaie.
4
échanges qui n’exercerait pas d’influence, tel un simple voile sur l’économie réelle qui recouvre
un troc. Cette conception dite de « neutralité monétaire » a longtemps été celle de l’orthodoxie
économique.
Ce sont les travaux des économistes de l’école Autrichienne (Carl Menger 4 …) et
Suédoise (Knut Wicksell5), à la fin du XIXe et dans le courant du XXe siècle, et ceux bien sûr
de Jean Maynard Keynes6 au début du XXe siècle, qui ont mis en lumière le pouvoir de la
monnaie et l’interconnexion des sphères réelle et monétaire de l’économie. Pour eux la monnaie
est la contrepartie du crédit qui est indispensable à la production, donc son offre est endogène.
Au cours de ces dernières années, la scène monétaire et financière de nombreuses
économies et celle de l’économie mondiale ont connu de profondes et rapides transformations:
mutation des systèmes financiers, redéfinition de l’activité des banques, innovations multiples
sur les moyens de paiement et les produits financiers, libération totale des mouvements de
capitaux, etc. Ces évolutions invitent à prendre quelque recul pour mieux comprendre l’objet
d’un tel bouleversement : la monnaie. Les mécanismes qui la régissent sont bien établis, mais
les analyses théoriques de son rôle restent séparées par de profonds clivages. Le premier objectif
de ce cours est d’exposer ces mécanismes et ces théories en des termes accessibles aux étudiants
et aux intéressés du domaine.
Le deuxième objectif est de montrer de quelle façon, dans l’état actuel des
connaissances, les autorités monétaires recherchent la maîtrise de la monnaie. Maîtriser la
monnaie signifie connaître les contraintes spécifiques de celle-ci afin de mettre son évolution
en harmonie avec celle de l’économie toute entière.
Ce cours comporte trois chapitres. Le premier présente les notions de base,
indispensables à la compréhension des mécanismes monétaires. Le deuxième chapitre traite de
la création monétaire, ses mécanismes et les limites et les controverses qu’elle soulève. Sur la
base de ces connaissances, nous allons asseoir une présentation, au chapitre trois, de la gestion
de l'offre et de la demande de la monnaie par les autorités, à savoir, la politique monétaire.

4
Carl Menger (1840 – 1921) est le fondateur de l'École Autrichienne d’économie et l’un des fondateurs de l’école
neo classique.
5
Knut Wicksell (1851 – 1926) économiste Suédoi et l’un des disciples de Menger.
6
JM Keynes (1883 – 1946) économiste britannique Considéré comme l'un des plus influents théoriciens de
l'économie du XXe siècle. A travers son œuvre « Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la
monnaie« publié en 1936.

5
Chapitre I : Notions fondamentales sur la monnaie
La monnaie a longtemps pris la forme d'un bien ou d'une marchandise, mais la monnaie
telle qu’elle apparaît de nos jours se présente sous des formes diverses et en mutation
permanente : pièces métalliques, billets, dépôts à vue…etc. En outre la monnaie sert une
multitude de fonctions : unité de compte, moyen de paiement, actif de placement et instrument
de la politique économique.
En effet, dès l'origine, la monnaie est une monnaie de crédit, c'est-à-dire de confiance,
de consensus. Au-delà de sa forme, la monnaie est essentiellement un actif7, une créance que
détiennent des agents économiques sur l'ensemble des agents offreurs de biens et services dans
un espace économique déterminé et qui est obligatoirement acceptée à sa valeur nominale
comme moyen de règlement. Cette définition conduit à reconnaître trois caractères à la
monnaie: la liquidité, la fongibilité et l'universalité.
Pour aborder les questions monétaires et comprendre l’état actuel des choses, une
démarche judicieuse consistera à remonter dans le temps et suivre progressivement le processus
des innovations financières. Mais avant d’aborder cette question nous allons définir au préalable
qu’est-ce qu’on entend par la monnaie ?

Section 1 - Qu'est ce que la monnaie?

I - L’approche fonctionnelle de la monnaie

Quelle est la nature de la monnaie ? La difficulté de donner une réponse simple et


directe à cette question a conduit plusieurs économistes à adopter une démarche descriptive
consistant à énoncer une série de fonctions qui, assurées simultanément par le même objet,
conféreraient à ce dernier la qualité de monnaie.
Cette approche considère que la monnaie est une marchandise comme les autres, dont
l'intérêt se résume à ses fonctions ou qualités ; ainsi les supports monétaires ont en commun :
- Leur validité, leur valeur intrinsèque est universellement reconnue : la fonction
d’intermédiaire d’échange ;
- Leur divisibilité, ils permettent de mesurer petites et grandes valeurs : la fonction
d’unité de compte ;
- Leur durabilité, leur durée de vie dans le temps garantit la conservation du pouvoir
d’achat : la fonction de réserve de valeur.

7
Un actif est définie comme étant un élément du patrimoine positif qui correspond à des titres de valeurs mobilières
ou à un placement auprès d'agents économiques dites institutions financières.
6
A - La monnaie comme une unité de compte : Divisibilité

Le problème fondamental posé par l’échange, consiste en une détermination la plus


équitable (égalitaire) possible, de la valeur des produits échangés. Si l'on se réfère à la valeur
d’échange, constatée objectivement, qui représente la valeur moyenne accordée dans un espace
donné à un bien donné, et que l’on considère que le prix déterminé par les offres et les demandes
en donne une bonne indication ; il reste à trouver l’étalon qui permettra de déterminer la valeur,
in fine.
La monnaie permet d’évaluer de façon simple les marchandises susceptible d’être
échangées. Elle permet donc de fixer leurs valeurs ou prix contrairement à une économie de
troc.
Exemple: Si nous avons 4 produits A, B, C et D et on Produit A B C D
l'absence d'unité de compte, chaque produit verra sa valeur A AB AC AD
définie en fonction de la quantité des autres marchandises,
B BC BD
qu'il peut représenter. Ex: A=2B (le prix relatif de A par
rapport à B), A =4C (le prix relatif de A par rapport à C). C CD
Donc en aura n(n-1)/2, soit dans notre cas, 6 valeurs D
relatives, mais si on a 100 biens on aura 4950 prix relatifs.
Le choix d'un objet économique comme unité de compte permet de réduire le nombre
de rapport d'échange (prix); pour une économie de troc, pour n bien nous avons besoin de n(n-
1)/2 rapport d'échange; mais avec la présence d'un bien monnaie permet de ramener ce nombre
à n-1.
Donc dans le cas d'une économie monétaire, la monnaie c’est l’étalon de valeur unique
qui rend les marchandises commensurables, c'est-à-dire mesurables les uns par rapport aux
autres. La valeur d'un bien est exprimée à travers son prix absolu c'est-à-dire le nombre d'unité
monétaire nécessaire à son acquisition (Ex: 1kg de blé = 10dhs) Ce qui donne à la monnaie son
caractère d’équivalent général.

B - La monnaie comme réserve de valeur : Durabilité

La monnaie apparaît comme un facteur de liberté quant à son utilisation. On peut


l'échanger immédiatement en n'importe quel bien ou service, comme on peut la conserver en
vue d'une utilisation ultérieure. Dans ce cas la monnaie constitue une des formes de détention
de la richesse ou encore un actif de patrimoine des agents économiques, c'est le transfert de
pouvoir d'achat dans le temps et c'est un objet d'accumulation des valeurs.

7
Selon J-M KEYNES : " L'importance de la monnaie découle essentiellement du fait
qu'elle constitue un lien entre le présent et l'avenir ".
Ainsi, elle peut être conservée, stockée, désirée pour elle-même concurremment avec
n'importe quel autre actif en raison du pouvoir d'achat qu'elle matérialise. Le risque, est
toutefois, de voir la valeur de la monnaie influencée directement par l'inflation "l'érosion
monétaire8". Keynes analyse le phénomène sous le terme de préférence pour la liquidité. Selon
lui, la détention d'avoirs monétaires sous forme de billets ou de dépôts à vue (demande de
monnaie) est liée à trois motifs:
a- Le motif de transaction : Qui résulte de décalage et de l'absence de synchronisation entre
le rythme des recettes et des dépenses. En supposant fixes les habitudes de paiement du public
et le niveau général des prix, l’importance du volume des encaisses pour motif de transactions
est fonction croissante du revenu.
b- Le motif de précaution : Qui résulte, quant à lui, du caractère imprévu de certaines
dépenses futures, à priori, et certaines recettes futures dont la valeur n'est pas garantis, aussi, de
se prémunir contre les risques de l'avenir par la recherche de la liquidité. Donc la monnaie au
temps que telle "réserve de valeur" tire sa spécificité de notion de liquidité, c'est-à-dire un
pouvoir libératoire illimité et immédiat. Keynes l'explique par "comportement de préférence
pour la liquidité" donc les agents gardes de la monnaie pour faire face à l'incertitude. Le montant
des encaisses de précaution est déterminé plutôt par le revenu que par le taux d’intérêt : il évolue
dans le même sens que le revenu.
c- Le motif de spéculation : cette demande de monnaie est sensible à la variation du taux
d'intérêt. Il y a alors arbitrage entre monnaie et titres. Plus le taux d’intérêt est élevé, plus les
agents économiques sont enclins à acheter des titres et moins la quantité de monnaie détenue
dans un but spéculatif est importante.

C - La monnaie comme moyen de paiement : Acceptabilité

La monnaie permet d'acheter ou de vendre une marchandise n'importe où et à n'importe


quel moment. Elle permet aussi de fractionner l'échange en deux temps (vendre et puis acheter)
On dit que la monnaie a sur le territoire national un pouvoir libératoire9 immédiat du
moment qu'elle libère le débiteur de sa dette née de l'échange (achat ou vente), n'importe ou et

8
Baisse du pouvoir d'achat
9
Le pouvoir libératoire est une propriété qui est conférée à une monnaie. Dés lors que ce moyen de paiement
(billets ou pièces) est considéré comme ayant un pouvoir libératoire, il ne peut être refusé par un créancier.
8
à n'importe quel moment, lorsqu'elle est remise au créancier et il est fondé sur deux qualités
complémentaires : La valeur et la liquidité10.
Le choix d’une forme de monnaie particulière résulte donc, de la cristallisation (autour
d’un métal ou d’une monnaie nationale) de ces trois fonctions indissociables précitées.

II - L'approche institutionnelle "essentielle" de la monnaie

A - La monnaie comme une simple créance:

Pour le courant économique orthodoxe, la monnaie est intimement liée au processus


marchand et la mesure de la valeur (approche fonctionnelle). Pour les hétérodoxes, la monnaie
va au-delà, elle est au sens fort une institution humaine (approche institutionnelle) 11.
Certains économistes et philosophes ont cherché à définir la nature même de la
monnaie, appelé conception essentialiste de la monnaie. Ainsi la monnaie est définie selon F.
Perroux 12 comme "…..un instrument de paiement indéterminé, général et immédiat".
Indéterminé, par ce qu'elle permet de payer n'importe quelle dette et d'acheter n'importe quel
bien et service, Général, par ce qu'elle est admise par tout le monde en tout lieu et à tout
moment, Immédiat, par ce qu'elle permet de régler sur le champ et de manière définitive les
achats et les dettes. Donc la monnaie est une nécessité dans une économie fondée sur l'échange.
Pour Alfred Pose13 "La monnaie ne nous a pas été donnée par la nature: elle est une réalisation
sociale et procède du besoin qu'ont eu les hommes d'échanger les produits de leur travail. […]".
De cela, et depuis l'instauration de l'inconvertibilité "cours forcé14", qui correspond au régime
monétaire dans lequel les banques sont dispensées d'échanger le papier-monnaie contre du
métal précieux, ce qui a mis fin à un système fondé sur l'étalon-or. Depuis lors, la monnaie est
devenue une simple créance (c'est-à-dire le droit d'être payé) de celui qui la détient (l'agent
économique) sur celui qui l'a émise (l'institution financière). Son acceptation repose sur la
confiance en son émetteur, qui la dénommait Kenneth Arrow15 "institution invisible", cette
confiance qui est indispensable à l'existence d'un instrument monétaire (et plus généralement
au fonctionnement des marchés dans toute économie d'échange), aussi la stabilité monétaire

10
Caractéristique nécessaire pour qu'un actif devient un moyen de paiement.
11
Problèmes économiques N°2714, Mercredi 23 Mai 2001, P15
12
François Perroux (1903 –1987) est un économiste français. On lui doit, ainsi qu'à Jean Fourastié avec il siégeait
au sein de la première commission de terminologie économique et financière, l'invention en 1970 du terme
« mercatique ».
13
Alfred Pose (1899-1969) économiste et banquier français
14
Cours forcé ou inconvertibilité: Lorsque l'Etat suspend, temporairement ou définitivement, la possibilité
d'échanger les billets contre les espèces métalliques.
15
Kenneth Arrow (1974), The Limits of Organisation, New York, Norton (trad. fr. Les limites de l'organisation,
Paris, PUF, 1976)
9
renforce la confiance au sein d'une société. L'idée principale, défendu aussi par des économistes
du courant institutionnaliste (Comme Williamson) est que la confiance n'apparait pas
clairement dans le cadre des transactions bilatérales ou contractuelles. L'introduction de la
monnaie dans l'échange est une façon de résoudre un premier problème de confiance, celui de
l'échange différé de biens. Avec le règlement monétaire, l'acquéreur d'un bien n'est plus obligé
de s'engager à donner une chose en retour, il donne seulement de l'argent. Avec la multiplication
de ce type de transactions, la confiance se trouve concentré sur la monnaie, car tout l'édifice des
échanges repose sur la solidité présumée de cette confiance et la garanti assuré par l'Etat en lui
conférant un cours légal16 , qu'il s'agisse de l'institut d'émission pour les billets de banque
(BAM) ou des banques commerciales pour les autres formes de monnaie scripturale, et c'est là
qu'elle prend une dimension institutionnelle; la monnaie est une créance à vue, en ce sens qu'elle
est convertible sans délai au guichet de la banque émettrice en une autre monnaie. Plus
généralement la monnaie est une créance sur la production nationale.

B - La monnaie instrument de politique économique:

La monnaie constitue un levier indispensable à la croissance économique. Elle est


utilisée par les pouvoirs publics pour soutenir la production et réaliser le plein emploi, mais ses
effets apparaissent incertains du moins fort dépendants de la situation économique dans laquelle
se trouve le pays concerné.
Le problème est de déterminer l'offre de monnaie optimale. Celle-ci doit se faire en
relation étroite avec les besoins réels de l'économie: ni excès de moyens de paiements pour ne
pas engendrer l'inflation, ni insuffisance pour ne pas entraver l'activité économique. Là réside
toute la difficulté et tout le problème est celui de la régulation de la quantité de monnaie qui
consiste à faire correspondre l'émission monétaire aux flux de production. Donc la politique
monétaire peut servir des objectifs de croissance et de stabilité de prix.

Section 2 - Les origines aux formes actuelles de la monnaie

Les évolutions historiques sont souvent présentées en termes de modification des


formes de monnaie, on distingue traditionnellement quatre types de supports monétaires: la
monnaie-marchandise17 ou les paléomonnaies, la monnaie métallique, le papier- monnaie et la
monnaie scripturale. L'expression de la monnaie marchandise tend à insister sur le changement
des objets remplissant certaines fonctions.

16
Cours légal : Lorsque L'Etat rend obligatoire l'acceptation des billets par l'ensemble des agents économique.
17
On peut aussi distinguer entre la monnaie marchandise "consommable" et "non consommable"
10
Pour ne mettre l’accent que sur les opérations de paiement (achats, impôts..), on
constate une grande diversité de marchandises ou d'objets utilisés selon les époques et les
civilisations, le plus souvent peu périssable. On a eu recours à des coquillages, des étoffes18, du
sel, du thé, des céréales, etc.
La marchandise "consommable" choisie comme monnaie possède alors une double
nature résultant d'un usage monétaire19 -on les acceptait en sachant qu'on pourrait ensuite les
échanger à leur tour contre l'objet désiré - et simultanément d'un usage non monétaire, utilitaire,
en tant que bien de consommation.
La monnaie marchandise peut également être d'objets sans aucune valeur d'usage et
n'ayant qu'une fonction monétaire (Coquillages ou Cauri20, Hache, Anneaux d'esclave …).
La monnaie utilisée pour régler un achat a pour l’acheteur un pouvoir libératoire que
n’aurait pas une reconnaissance de dette : la monnaie versée éteint immédiatement sa dette vis-
à-vis du vendeur. Ce dernier l’accepte parce que tous les autres vendeurs l’acceptent
(convention sociale) et que ce règlement en monnaie représente pour lui une promesse
socialement garantie qu’il pourra l’utiliser pour régler ses propres achats. L’utilisation de la
monnaie implique ainsi une coordination sociale, l’adhésion de tous à l’évaluation et au
paiement en monnaie. Les symboles qui ornent les instruments de paiement matériels ont
toujours eu pour fonction d’entretenir cette adhésion sociale autour de la monnaie, cette
confiance sans laquelle la monnaie serait dépossédée de ces fonctions. Et c’est de cette
confiance que dépend l’existence de la monnaie, bien plus que de ses supports qui n’ont cessé
avec le temps de se dématérialiser : des marchandises (I), puis des métaux précieux, puis de
simple métaux (II), puis des billets (III), puis des écritures (monnaie scripturale) sur un compte
bancaire qui lui-même s’est dématérialisé, les livres comptables ayant cédé la place à des
fichiers informatiques (IV). L’histoire des formes de la monnaie et des instruments qui la
véhiculent est celle d’une dématérialisation.

I- Du troc à la monnaie marchandise

Dans les sociétés primitives où l’homme s’adonnait à des activités destinées à satisfaire
la quasi-totalité de ses besoins, la seule forme d’échange concevable était le troc. C’est
l’opération élémentaire d’échange d’une marchandise contre une autre. Dans ces sociétés
basées sur l’usage, l’échange n’était pas une nécessité, s’il existait, il ne concernait que le

18
Tissu de soie, de laine, de coton, etc., dont on fait des habits, ou on recouvre des meubles, etc…
19
Marc Montoussé, "Economie monétaire et financière"; Collection Grand Amphi Economie; 2006; p.13
20
petit coquillage d'environ 1 à 2 centimètres récolté dans l'océan Indien.
11
surplus. Au fur et à mesure que le nombre de biens augmente, le troc devient une opération
laborieuse pour plusieurs raisons, telles que :
- Il faut que les désirs des uns et des autres coïncident.
- L’indivisibilité de certains biens
- Le problème de la détermination des termes de l’échange.
Tous ces inconvénients ont fait que le bien le plus divisible et le moins altérable a été
appelé à jouer un rôle autre que le sien et à s’imposer comme intermédiaire unique de l’échange
: c’est la monnaie marchandise.
La monnaie sous son aspect primitif a ainsi pris la forme d’une marchandise qu'elle
soit consommable (Les fèves de cacao, briques de thé au Tibey, Sucre en Inde, Sel…) ou non
Hache
consommable (petit coquillage (cauri), Haches, Anneaux…). Seulement cette monnaie
Pelle chinoise

marchandise a fini par révéler ses


limites : elle est pondéreuse,
périssable et non homogène. La
découverte des métaux a permis le Anneaux d'esclaves Coquillages
passage à une autre forme de monnaie
: la monnaie métallique.

II- De la monnaie métallique à la


monnaie fiduciaire

L’introduction de la monnaie va permettre le passage d’un système de prix relatifs


(c'est le prix d'un bien exprimé en quantité de l'autre bien) à un système de prix absolus (ou
nominal, c'est le prix exprimé en unités monétaires). Au début, les principaux métaux utilisés
étaient le bronze et le cuivre. Ensuite avec la découverte de l’or et de l’argent on s’est acheminé
vers trois grands systèmes:
1. Le système des étalons parallèles : Apparu en Europe et spécialement en France depuis
le moyen âge jusqu'au 18ème siècle, il est caractérisé par :
- L'or et l'argent sont admis conjointement comme étalons monétaires;
- Pas de lien fixe entre les deux étalons;
- Multiplicité des autorités admises à la frappe de monnaie (régime de frappe libre)
Ce qui va donner lieu au passage au Bimétallisme Or/Argent
2. Le système Bimétallisme Or/Argent, caractérisé par :
- L'or et l'argent sont toujours admis comme étalons monétaires;
- Instauration d'un lien fixe entre les deux monnaies;

12
- Existence de deux rapports entre les deux métaux; un rapport légal (déterminé par les
pouvoirs publics) et un rapport de marché (déterminé par l'offre et la demande du
métal).
L'inconvénient: Toutes les pièces ne se valent pas, celles qui ont un faible pourcentage
en métaux précieux ou elles sont fabriqués par des métaux pauvres s'imposent dans les
échanges tandis que les bonnes pièces sont thésaurisés, c'est un phénomène soulevé en
premier par El Makrizi21 au 15ème, appelé plus tard la Loi de Grescham22 en 1558 "La
mauvaise monnaie chasse la bonne"23.
Dans le système bimétallique où leurs valeurs relatives s’appréciaient et se
dépréciaient en fonction des découvertes de ces métaux. Ces métaux étaient fondus et
transformés en pièces librement, c’est à dire il n’y avait pas de monopole dans leur fonte
et leur frappe.
Ce système a duré jusqu'au la fin du 18ème siècle, en 1816 le système dit
monométallisme apparu en Angleterre et pays voisins
3. Le système monométallisme (Or ou Argent) : Un seul métal jouait le rôle de la monnaie,
et qui va être généraliser à l'échelle mondiale dés la fin du 20 ème, la rareté et la valeur de
l'Or va finir par s'imposer comme monnaie, et ce jusqu'au 1930.
Les monnaies de métal constituent alors une forme dérivée - en tant que matières
premières - et présentent beaucoup d'avantages:
- leur malléabilité rend aisée leur transformation de monnaie en objet d'usage et vice
versa;
- elles sont parfaitement divisibles;
- le rapport élevé entre leur valeur et leur volume contribue à en faciliter le transport;
- leur inaltérabilité leur octroie une durée de vie quasi infinie;
- leur difficulté de fabrication les protège en partie des imitations.
La monnaie métallique a passé par trois grandes étapes:

21
Al-Maqrizi est un historien égyptien (1364 - 1442) au Caire. Il est considéré comme l'un des auteurs les plus
importants de l'historiographie égyptienne. Son œuvre traite de l'histoire égyptienne depuis la conquête arabe au
VIIe siècle jusqu'à la période mamelouke dont il fut le contemporain.
22
La loi de Gresham, du nom du commerçant et financier (considéré notamment comme l'un des fondateurs de
la bourse de Londres) anglais Thomas Gresham (vers 1519 - 1579), constate que « la mauvaise monnaie chasse la
bonne ». En effet lorsque deux monnaies se trouvent simultanément en circulation avec un taux de change légal
fixe, les agents économiques préfèrent conserver, thésauriser la « bonne » monnaie, et par contre utilisent pour
payer leurs échanges la « mauvaise » dans le but de s'en défaire au plus vite.
23
Al-Maqrîzî (1363-1442) observe et note la disparition progressive des dirhams d’argent, puis celle des dinars
d’or, laissant bientôt la place à la seule monnaie de cuivre. Parmi les raisons invoquées, outre la thésaurisation, il
cite les raisons commerciales, mais, la véritable cause qu’il met en avant, est la crise économique et sociale du
pays (l’Egypte), et la gestion calamiteuse des finances publiques, il va au-delà de la simple reconnaissance d'un
fait psychologique monétaire des individus.

13
 La monnaie pesée : les paiements s'effectuent en pesant des lingots ou de poudre de
métal (or, argent, cuivre, fer, plomb…), qui suppose l'existence d'un système pondéral régulier
et l'emploi généralisé de la balance. Mais la pesée est un système lourd, car elle nécessite la
présence (et le paiement) d'un peseur expert chargé de garantir la transaction et l'opération
devant être répétée à chaque échange.
 La monnaie comptée : L'idée apparue dès 3000 avant J.-C. dans la vallée de l'Inde
et en Chine, de débiter le métal en fragments suivants des dimensions et des poids uniformes,
et ce, selon des formes diverses et selon les sociétés : boules, disques, rondelles, bâtons…Mais
les morceaux étalonnés pouvaient être rogné ou altéré par un alliage frauduleux, ce qui les
poussent à opposer sur ce métal un signe représentatif.
 La monnaie frappée : Les premières pièces métalliques étaient composées d'un
alliage naturel d'or et d'argent, mais cette composition posait problème, elle n'était pas stable:
certaines pièces contenaient 55% d'or d'autres 31% (c'est la naissance du premier système
bimétalliste).
Ce n'est qu'a partir du règne d'Alexandre le Grand (334-325 avant J.-C.), que le portrait
du souverain va remplacer progressivement sur les pièces de monnaie les animaux symboliques
et les dieux ou héros à l'époque. Les
succès des rois de Macédoine (Philipe II
et Alexandre le Grand) et les conquêtes Statère d'or de Philipe II de Macédonie
d'Alexandre le Grand, entre 334 et 324
avant J.-C étendirent le champ
d'utilisation et d'acceptation des pièces grecques. Cette
personnalisation s'imposera définitivement jusqu'à la
naissance des Républiques modernes, mais demeure
encore dans des régimes monarchiques ou
24
autocratiques .
Ce régime de la frappe libre allait vite
engendrer une circulation monétaire hétéroclite, composée de pièces et de lingots de
provenance diverses, de qualité et donc de valeur fort inégales. Cela explique dans une grande
mesure l’intervention des pouvoirs politiques dans les affaires monétaires.
A cela il faut ajouter les problèmes de pillage liés au transport de l’or. Pour dépasser
ce problème, les commerçants déposaient leurs Or et Argent auprès des orfèvres25 en recevant

24
Marc Montoussé, "Economie monétaire et financière"; Collection Grand Amphi Economie 2006, p.16
25
(Orfévrerie) L'orfèvrerie a trait à la fabrication, la transformation ou la restauration d'objets divers faits de
métaux précieux, liés au culte, à l'usage domestique, à l'ameublement ou l'art de la table. ...
14
en contre partie des reçus (papier) 26 nominatifs ou certificat portant intérêt et remboursable à
échéance convenue et fixée, et comme ces certificats étaient remboursable au porteur, ils sont
acceptés par les orfèvres des autres villes ou pays comme instrument d'échange. La circulation
des billets (reçus) va se substituer progressivement à la circulation des métaux, ce qui a permis
un essor prodigieux de la circulation de la monnaie papier. C’est l’apparition de la monnaie
fiduciaire. En plus de leur activité de gardiennage, les orfèvres se sont mis à prêter de la monnaie
sous forme de billet sans pour autant qu’ils disposaient de son équivalent en or. Ce phénomène
a engendré un gonflement de la quantité de la monnaie en circulation par rapport au stock de
métaux précieux disponible.
La hausse des prix engendrée par cette situation et tant que ces billets sont à cours libre
(le droit de refuser les billets), a fait perdre à la monnaie papier de sa valeur et devienne une
simple promesse, ce qui va entraîner un mouvement de fuite devant la monnaie papier, et la
faillite de plusieurs orfèvres incapables d’assurer la conversion des billets en or. Cette perte de
confiance en la monnaie papier a poussé l’Etat a intervenir en lui accordant le cours légale
(obligation d'acceptation par tous les agents économiques), ainsi il devient de la monnaie à part
entière car il acquiert un pouvoir libératoire illimité et en monopolisant l’émission de la
monnaie fiduciaire27.
A l’origine, l’utilisation du billet de banque reposait tout entière sur la confiance de
son porteur dans la capacité de l’émetteur à préserver la valeur de la contrepartie en métal et à
le rembourser en métal à tout moment. L’utilisation des pièces reposait aussi sur la confiance
dans le quantité du métal incorporée dans la pièce. Dans les deux cas c’est la confiance, et non
la valeur intrinsèque, qui fonde la valeur de ces formes monétaires, d’où le nom de « monnaie
fiduciaire » (du latin fiducia), pour désigner les pièces (Monnaie divisionnaire) et les billets.
Les manipulations ou « mutations » dans la teneur des pièces en métal ou l’émission
surnuméraire de billets ont, à plusieurs reprises dans l’histoire de la monnaie (notamment au
XVIIIe siècle en Europe), fait détruire la confiance du public et provoqué des crises monétaire
et paniques bancaires. Ce qui va entrainer la naissance de deux courants théorique de thèses
différentes.

26
Les premiers billets apparaissent en Chine, pays ou fut justement inventé le papier 300 ans Avant J,-C. mais ce
n’est qu’à partir du 14eme siècle que l’Europe va utilisé du papier monnaie. (Marco polo célèbre par son livre
intitulé "Livre des merveilles" qui a fait connaître l'Asie aux Européens, aussi d’autres explorateur témoignent
de l’utilisation du papier monnaie en Chine).
27
Mais en certain circonstances graves (politique, guerre, révolution, crise économique) les porteurs peuvent
réclamer les remboursement de leurs billets en métal précieux. Ce qui va conduit l'institut d'émission en faillite;
pour l'éviter, L'Etat peut décider le cours forcé (suspend de possibilité d'échange des billets contre les métaux
précieux.
15
Au XIXe siècle, deux écoles s’opposaient dans l’Angleterre toute puissante concernant
l’émission des billets. Les prudents (parmi lesquels Torrens28, Lord Overstone29 et David
Ricardo30) défendaient le Currency Principle, selon lequel le montant des billets en circulation
devait exactement correspondre à l’encaisse métallique de la banque émettrice (Banque
Central), cette conception exogène de la monnaie a été notamment défendue par les défenseurs
de l'étalon-or et par le monétarisme. Les théories de la monnaie exogène mettent l'accent sur la
quantité de la monnaie31. Les libéraux (dont Tomas Tooke32) recommandaient quant à eux le
Banking Principle (école de la banque ou principe de la banque), c'est-à-dire une liberté
d’émission monétaire en fonction des besoins de l’économie. Les théoriciens du Banking
Principale et les analyses de Keynes et de Schumpeter33 conçoivent la monnaie comme
endogène, les théories de la monnaie endogène considèrent que la monnaie trouve son origine
au cœur des relations économiques, les activités économiques donnent naissance aux créances
et aux dettes et sont donc sources de la création monétaire (C'est encore le cas aujourd'hui).

III- De la monnaie fiduciaire à la monnaie scripturale

La monnaie scripturale est apparue au 12ème siècle en Italie mais elle n’a commencé à
se généraliser qu’au 19ème siècle en Grande Bretagne dans le cadre d’une économie en pleine
expansion et cela, face à une demande d’emprunt de plus en plus importante de la part des
entreprises, les banques ont trouvé la solution suivante : créer de la monnaie par un simple jeu
d’écriture, c’est ainsi que si une banque est sollicitée pour un crédit et qu’elle n’a pas
suffisamment de monnaie en réserve, elle va porter le montant correspondant au crédit du
compte du client en question. Celui-ci n’aura qu’à signer des chèques à ses fournisseurs. Si ces
derniers sont des clients à la même banque, ils vont lui présenter leurs chèques et celle-ci se
contentera d’une double écriture, créditer un compte et débiter un autre. Ainsi, une ou plusieurs

28
Robert Torrens (1780–1864) était un officier de l'armée britannique et un économiste, propriétaire du journal
the Globe. Il a découvert le principe de l'avantage comparatif indépendamment de David Ricardo. Parmi les
économistes classiques, il est un des rares à avoir proposé une critique du libre-échange, avec sa théorie de
réciprocité commerciale, et de la théorie de la valeur-travail.
29
Samuel Jones-Loyed, 1st Baron Overstone (1796-1883), banquier et politicien britanique
30
David Ricardo, ( 1772 – 1823) est un économiste anglais du XIXe siècle, également agent de change et député.
Il est considéré comme l'un des économistes les plus influents de l'école classique aux côtés d'Adam Smith et
Thomas Malthus.
31
L'émission des billets ne doit pas être libre, elle doit correspondre aux variations du stock de métal que possède
la Banque Centrale. Le nombre de billets en circulation dépend ainsi aux découvertes de mines d'or ou d'argent et
des échanges extérieurs.
32
Thomas Tooke, (1774 - 1858 ) à Londres, est un économiste britannique de la Banking School. Il est connu pour
ses écrits sur la monnaie et en statistiques appliquées à l'économie, ainsi que pour sa défense du libre-échange.
33
Joseph Aloïs Schumpeter (né le 8 février 1883 à Triesch, en Moravie, dans l'Empire d'Autriche-Hongrie, et
décédé le 8 janvier 1950 à Salisbury, Connecticut, aux États-Unis) est un économiste autrichien du milieu
XXe siècle, connu pour ses théories sur les fluctuations économiques, la destruction créatrice et l'innovation.
16
transactions peuvent avoir lieu sans qu’il y ait circulation de la monnaie fiduciaire. La seule
trace de cette monnaie, qu’on appellera monnaie scripturale 34, est une simple écriture sur un
compte mobilisable par chèque ou carte bancaire, la prééminence de la monnaie scripturale
s'explique par: la sécurité, la commodité et la sureté.
La monnaie scripturale est définie comme l'ensemble des dépôts à vue35 détenus par
les agents non bancaires auprès des banques.

A - Les instruments de circulation de la monnaie scripturale

Si les pièces et les billets sont à la fois monnaie et instruments de paiement, la monnaie
scripturale (dépôts gérés par les banques) est distincte des instruments (chèques, virements,
carte de paiement, porte-monnaie électronique, etc…) qui la font circuler. Les instruments de
paiement scripturaux se sont diversifiés au cours du temps et ont eux-mêmes suivi un processus
de dématérialisation. Les instruments « papier » ont cédé peu à peu la place aux instruments
électroniques.

B - Les principales formes actuelles de circulation de la monnaie scripturale

Par opposition à la monnaie fiduciaire, les moyens de paiement scripturaux sont des
dispositifs qui permettent le transfert de fonds entre des comptes ouverts auprès
d’établissements de crédit, d’organismes assimilées (Caisse de Dépôt et de Gestion, Trésor
public…) ou d’ établissements de paiement, suite à la remise d’un ordre de paiement (Chèque,
Virement, Prélèvement, Carte bancaire, Lettre de change…)
Le chèque bancaire : Écrit par lequel le titulaire d'un compte donne l'ordre à son banquier de
payer immédiatement une somme déterminer à lui-même ou à une autre personne désignée.
Le virement bancaire : Opération qui consiste à débiter le compte d'un client donneur d'ordre
pour créditer ou faire créditer du même montant le compte du bénéficiaire (une autre personne
ou un autre compte de la même personne). Matérialisée par un ordre écrit stipulant les montions
obligatoires d'un ordre de virement.

34
M. Ansiaux, économiste Belge créateur du vocable "Monnaie scripturale" en 1912 et elle la définit comme une
monnaie "qui passe de compte en compte au lieu de circuler de main à la main"
35
Les dépôts à vue sont constitués par les soldes créditeurs des comptes à vue suivants:
Le compte chèque: Il s'agit d'un compte ouvert par les banques au profil des agents non bancaires. Les banques y
enregistrent les opérations de dépôts ou de retraits de fonds, dont le découvert n'est pas autorisé et le solde ne
produit pas d'intérêt. Et le comptes courant: Il s'agit d'un compte ouvert par les banques au profil des agents non
bancaires pour leurs opérations professionnelles, ce compte autorise une forme particulière de crédit, qui est le
découvert (avec accord du Banquier), ce découvert doit être couvert par un contrat signé entre les deux parties,
fixant les modalités de fonctionnement de ce découvert ( la durée, le plafond, le taux, les garanties…) et le solde
de ce compte ne produit pas d'intérêts lui aussi.
17
L'avis de prélèvement : Autorisation donnée par un débiteur à son créancier d'émettre des avis
de prélèvements sur son compte et à son banquier de débiter son compte des avis émis par ce
créancier.
La carte bancaire : On peut distinguer:
- la carte de retrait, qui permet de retirer de l'argent des guichets automatiques
des banques;
- la carte de paiement nationale ou internationale qui permet le retrait d'argent
auprès des GAB et le paiement avec débit immédiat ou différé dans les
commerces;
- la carte de crédit qui permet d'obtenir des avances de fonds;
- le porte-monnaie électronique (carte à puce rechargeable).
La carte de paiement immédiat ou différé fonctionne comme un ordre de virement. On pourrait
la qualifier de "chéquier électronique". Ce n'est qu'un moyen de circulation de la monnaie
scripturale et non une nouvelle forme de monétaire.
La carte à puce rechargeable correspond à une opération de retrait de monnaie scripturale lors
de son chargement et à une opération de virement lors de son déchargement.

C - Le traitement de la monnaie scripturale

Le traitement d’un paiement scriptural peut être décomposé en deux phases:


 La phase de transaction : Correspond à l’initialisation, la validation et la
transmission de l’ordre de paiement:
 Ordre de crédit : (Virement), donné directement par le débiteur à son

Encadré 1
Au Maroc à fin 2014, le nombre global de moyens de payement scripturaux échangés s'est élevé à 148,7
millions d'opérations correspondant à une valeur cumulée de 2670 milliards de dirhams, soit 4,4
transactions par an et par habitant1.
L'instrument le plus utilisé dans les paiements demeure le chèque, avec 33,7% du total des transactions,
suivi par les virements avec 29% des transactions, en troisième position les cartes de paiements avec 20%,
les prélèvements avec 14,1% et en fin les lettres de changes avec 3,1% des transactions.

intermédiaire financier,
 Ordre de débit : (Chèque, Carte de paiement, prélèvement) transmis du
débiteur au créancier, remis par ce dernier à son intermédiaire financier, qui
sollicitera le débit du compte du débiteur auprès de son intermédiaire.

18
Encadré 3
Au Maroc, La nouvelle loi bancaire 103-12, promulguée le 24 décembre 2014, complète le champ
d’application des moyens de paiement en y ajoutant la monnaie électronique « définie comme étant toute
valeur monétaire représentant une créance sur l’émetteur étant stockée sur un support électronique, émise
en contrepartie de la remise de fonds d’un montant dont la valeur n’est pas inférieure à la valeur monétaire
émise et acceptée comme moyen de paiement par des tiers autres que l’émetteur de la monnaie électronique»

Lors de cette phase de transaction, il faut s’assurer de l’identité des parties et de


l’authentification de l’instrument de paiement utilisé.
 La Phase de compensation et de règlement:
Permet d’achever le paiement par l’échange et le règlement de l’ordre de paiement
entre les intermédiaires financiers du débiteur et du créancier.
Cela consistent à rassembler les différents ordres reçus pour regrouper leur traitement,
calculer les créances respectives, et à les échanger accompagnées des informations
d’identification des débiteurs et des créanciers afin de finaliser les paiements.
Les échanges transitent par un système d’échange et de compensation (Système
Interbancaire de Télé compensation) SIMT.

Encadré 2
Interbancaire : les opérations effectuées entre clients de banques différentes qui représentent 49% en
nombre et 39% en montant (en 2014)
Intra_bancaire : les opérations effectuées entre clients d’une même banque ou même groupe qui
représente 51% en nombre et 61% en montant (en 2014)

IV- De la monnaie Scripturale à la monnaie électronique

La monnaie électronique (e-money) se définit, selon la commission européenne,


comme «toute valeur monétaire représentant une créance qui est stockée sur un support
électronique; cette valeur monétaire doit être émise contre la remise de fonds d’un montant
dont la valeur n’est pas inférieure à la valeur monétaire émise ». Cette définition couvre à la
fois la monnaie électronique détenue sur des instruments de paiement en la possession du
détenteur (cartes prépayées ou porte-monnaie électroniques) ou celle stockée à distance sur un
serveur (« monnaie de réseau » ou « cyber-argent » ou « porte-monnaie virtuel»).

19
Il s'agit d'un système de cartes à puce prépayées multiprestataire, peuvent être
spécifique ou combinées à une carte bancaire, possédant un ordinateur miniaturisé permettant
de stocker des informations (des unités monétaires), on peut parler de porte-monnaie
électronique, utilisables dans un réseau diversifié de commerçants. La carte prépayée
multiprestataire présente une différence essentielle avec la monnaie scripturale puisque le siège
de la monnaie n’est plus un dépôt à vue individualisé, mais bien la carte elle-même dont la
simple détention est la preuve de la créance du porteur sur l’émetteur. Cet encours stocké dans
des cartes prépayées se distingue de la monnaie fiduciaire à deux égards :
 Il n’a pas cours légal
 Il n’est pas réutilisable en tant que tel (alors qu’un billet de banque peut servir à
plusieurs transactions).
Ainsi on peut considérer que les unités chargées sur une carte prépayée multiprestataire
constituent une nouvelle forme de monnaie irréductible à l’une ou l’autre des deux formes
traditionnelles à savoir la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale. On peut la qualifier de
monnaie électronique.
Cependant, ce point de vue ne fait pas l’unanimité, le statut de cette nouvelle monnaie
va dépendre de la nature de l’émetteur. S’il est un agent non financier (société de service:
Grandes surfaces, stations de services… ) il va recevoir immédiatement en paiement un pouvoir
d’achat utilisable sur le marché des biens et services, et qui ne lui sera totalement retiré que
lorsque le détenteur aura épuisé le potentiel de dépenses contenu dans la carte et lorsque les
bénéficiaires de ces achats auront été réglés. On peut donc considérer, que dans ce cas,
l’émission et l’acquisition d’une carte multi prestataires génère par elle-même un pouvoir
d’achat additionnel, que l’on peut assimiler à une création monétaire, certes transitoire, mais
toujours renouvelée. Si par contre, l’émetteur est un établissement de crédit (banque, société
financière…), dans ce cas, l’opération s’assimile à une simple substitution d’une forme de
monnaie (la carte multi prestataire) à une autre (les dépôts ou billets).

Section 3 : La mesure de la quantité de la monnaie en circulation

Les informations chiffrées sont indispensables aux autorités monétaires pour évaluer
l’état de la conjoncture monétaire et financières et prendre les décisions les plus adéquates. Il
est cependant important de tenir compte de la distance entre la monnaie telle qu’elle peut être
appréhendée par les analyses théoriques et telle qu’elle peut être observée et mesurée.

20
La diversité des instruments de paiement et la présence de nombreux produits
financiers très liquides contraignent cependant les banques centrales à affiner les mesures en
élaborant plusieurs catégories de données que l’on appelle agrégats monétaires.
Ces constructions statistiques sont sensibles à de nombreux facteurs car les législations
et les produits évoluent sans cesse sous l’influence des comportements des agents économiques,
la construction d'agrégats monétaire traduit le souci des autorités monétaires 36, qui doivent
donc ajuster la composition des agrégats mais aussi tenir compte de l’évolution de leurs
instruments de mesure lorsqu’elles interprètent les données.
De ce fait, les agrégats monétaire doivent être aussi proche que possible de la capacité
globale de dépense des agents, ce qui suppose que certains choix opérés pour déterminer ce
qu'est la monnaie (agrégat monétaire au sens strict), ce qui peut l'être facilement 37 (agrégats
monétaires au sens large), et ce qui n'en est pas (autres actifs non monétaires).

I – Définition et construction des agrégats monétaires :

On appelle agrégats monétaire au sens strict l’ensemble des moyens de paiement et les
actifs financiers qui peuvent être rapidement et facilement transformés en moyens de paiement
sans risque important de perte en capital, et qui sont détenus par les agents non financiers d’un
pays donné. Ils sont présentés sous forme d'agrégats désignés par le caractère M. Cette monnaie
peut avoir deux formes : fiduciaires et scripturale. Tout autre actif (financier, physique) en est
exclu, quelle que soit son aptitude à remplir telle ou telle autre fonction de la monnaie. Cette
définition ne tient pas compte d’autres actifs financiers qui, sans être parfaitement liquides et
utilisables en tant que tels comme moyens de règlement, sont très facilement transformables en
monnaie au sens stricte, un actif financier "..est définie comme étant un élément du patrimoine
positif qui correspond à des titres de valeurs mobilières ou à un placement auprès d'agents
économiques dites institutions financières).
Ils vont donc être exclus des agrégats au sens large, en plus de la monnaie au sens
stricte, l’ensemble des actifs financiers qui sont facilement et rapidement convertibles en
moyens de paiement. On intègre ainsi dans les agrégats une quasi-monnaie38, bien que ce terme
ait été réservé dans le passé à certains actifs bien définis. On s’intéresse plus alors à la capacité
de dépense des agents qu’aux seuls moyens de règlement qu’ils détiennent. Les expressions de
moyens de paiement immédiats et moyens de paiement différés sont utilisées à ce propos.

36
Souci de nature monétariste (éviter l'inflation) ou keynésien (relancer l'investissement)
37
Qualifiés de quasi-monnaie, moyens de paiement différés ou potentiels selon les époques ou la pays.
38
Quasi-monnaie: Epargne à court terme aisément transférable en moyens de paiement (dépôts à terme et compte
sur carnet, bon de caisse et bon d'épargne…)
21
Le principal problème conceptuel, dans la construction d’agrégats monétaires, est celui
de la frontière entre monnaie proprement dite et autres actifs financiers plus ou moins liquides :
séparer ce qui est vraiment monnaie de ce qui ne l’est pas. Dans une économie où les marchés
financiers sont peu développés, cette distinction est facile à faire, alors que dans une économie
où les marchés financiers sont très développés, le rythme rapide des innovations financières
rend difficile cette distinction. Chaque pays y répond en définissant de façon plus au moins
conventionnelle non pas un mais plusieurs agrégats.
Les agrégats monétaires doivent répondre à plusieurs exigences :
 La fiabilité : ce qui suppose à la fois la rigueur, la méthodologie et la qualité de
l’information disponible en provenance des institutions financières ;
 La représentativité : les agrégats doivent refléter de façon fidèle le concept de la
monnaie tel qu’il a été défini ;
 La disponibilité : pour permettre une adaptation rapide de la politique monétaire à la
situation courante, les autorités doivent pouvoir disposer des agrégats dans des délais
courts.
En pratique, la construction des agrégats repose sur le principe de l’emboîtement c'est-
à-dire que tout agrégats plus étroit, désigné en général par un rang inférieur, M1 par exemple
est inclus dans l’agrégat de rang supérieur. On va ainsi de l’agrégat le plus étroit (M1) à
l’agrégat le plus large en englobant des actifs de plus en plus nombreux.
La construction d’agrégats monétaires recourt au critère fonctionnel qui consiste à
distinguer entre ce qui est moyen de paiement proprement dit et ce qui ne l’est pas, et à classer
ces seconds éléments selon un degré de liquidité décroissant. Mais ce critère de liquidité très
généralement ne suffit pas à ordonner la grande variété des actifs financiers intégrables dans les
agrégats.

A - La monnaie au sens strict (Agrégat étroit M1) :

Seuls les instruments totalement liquides figurent dans cet agrégat à deux groupes :
 La monnaie fiduciaire : l’expression reflète l’influence du raisonnement
selon lequel ce type de monnaie reposerait sur la confiance en raison de la différence entre la
valeur faciale (le montant indiqué par le billet ou la pièce) et la valeur intrinsèque du support
(le coût du papier ou de l’alliage). Cette monnaie comprend : les billets de banque émis par la
banque centrale ; et les pièces qu’on qualifie également de monnaie divisionnaire (car elle

22
divise l’unité de compte). Au Maroc, ils sont fabriqués par Bank Al-Maghrib39, qui est la seule
à avoir le privilège d'émission de cette monnaie. C'est pour cela qu'on l'appelle également
l'Institut d'Emission.
 La monnaie scripturale : cette expression désigne des sommes inscrites sur
des comptes courants : ce sont les dépôts à vue détenus par les agents non financiers (ANF) ou
les agents économiques résidents, constitués auprès de la banque centrale, des banques
commerciales et du Trésor.
En général, M1 représente la masse monétaire au sens étroit (strict) recense les actifs
liquides, divisibles, transférables, sans rendement et avec un coût de transaction nul. Appelé
aussi "la disponibilité monétaire".
Les autres agrégats sont élaborés à partir de M1 auquel on ajoute des éléments qui ne
sont pas des moyens de paiement au sens strict car la réalisation d’un paiement effectif exige le
passage par l’un des composantes de M1.
M1 = MF + MS (Mobilisable par chèque,…)

B - L’agrégat monétaire « intermédiaire » (M2) :

L'agrégat M2 est composé de l'agrégat M1 auquel s'ajoute l'ensemble des actifs


liquides, non transférables et rapportant un rendement. Il s'agit des comptes d'épargne auprès
des banques.
Ce sont des comptes qui ne peuvent être débiteurs et ne font pas d’objet de délivrance
d’un carnet de chèque (non mobilisable par chèque).

C - La monnaie au sens large ( Agrégat élargi M3) :

L’agrégat élargi (M3) correspond à la masse monétaire au sens large comprend M2


auquel on ajoute des instruments négociables40, avec des coûts de transaction significatifs, non
transférable et/ou non divisibles et rapportant un rendement, qui sont émis par le secteur des
intermédiaires financières monétaires (IFM).
La définition européenne de M3-M2 met seulement l’accent sur les placements (il
s’agit donc d’une épargne placée sur un marché alors que les dépôts sont mis à la disposition
d’une institution financière monétaire) d’une durée inférieur ou égale à deux ans. Cette limite
de 2 ans constitue la frontière conventionnelle entre le court terme et le moyen et long termes.

39
Dar As-Sikkah, est une Direction de Bank Al Maghrib chargée de la production et d'émission de la monnaie
fiduciaire.
40
Autres actifs monétaires moins liquides
23
M3-M2 comprend41 :
 Comptes à terme (ce sont des dépôts, bloqués au moment de l'ouverture de compte (qui
ne peut être inférieure à 3 mois)) et des bons à échéances fixe
 Dépôts en devises détenus par les ANF;
 Valeurs données en pension qui représentent des espèces perçues en contrepartie de
titres vendus à un prix donné dans le cadrage d'un engagement de rachat desdits titres à
un prix et à une date déterminés
 Certificats de dépôts d'une durée résiduelle inférieure ou égale à 2 ans;
 Titres d'OPCVM monétaires; et
 Dépôts à terme ouverts auprès de la TGR.

Les agrégats monétaires

M1 M2 M3
Pièces
Billets
Dépôts à vue
M2-M1
Comptes d'épargne auprès des
banques
M3-M2
Avoirs en devise étrangères
Placement à terme
Titres d’OPCVM monétaires

Encadré 4

41
Bank Al Maghrib; Méthode d'élaboration des statistiques monétaires, Juin 2014
24
Exemple : Structure de l'agrégat monétaire M3 au Maroc
de 2002 à 2014
Tableaux 1 : Structure de l'agrégat monétaire M3 (En %)
Commentaire : La création
monétaire a connu une tendance
haussière depuis 2002. Ce rythme
de croissance tire ses origines de
l’évolution rapide de l’agrégat
monétaire M3 durant la période
2005-2012 enregistrant un taux de
croissance annuel moyen de
10,7% comparativement à la
période 2000-2004 qui a connu un
taux de 10,3%. Outre
l’élargissement de la circulation
de la monnaie fiduciaire et de la
monnaie scripturale, cette
augmentation reflète également la
tendance haussière des
placements à vue, passant de
10,0% en 2008 à 11,9% en 2014,
et des autres actifs monétaires,
passant de 23,6% en 2005 à 27,5%
en 2014.

Monnaie Monnaie Placements Autres Variation


Fiduciaire Scripturale à Vue actifs
monétaires
2002 18,4 45,5 11,4 24,7 10,3
2003 18,4 46,8 11,7 23,2 7,9
2004 18,0 47,6 11,9 22,5 8,4
2005 17,7 47,0 11,7 23,6 14,1
2006 18,2 46,0 10,9 25,0 18,1
2007 17,0 47,8 10,3 25,0 17,5
2008 16,0 45,1 10,0 28,9 13,4
2009 16,0 45,4 10,2 28,4 7,0
2010 16,2 45,4 10,5 27,8 4,1
2011 16,7 45,1 10,8 27,3 6,4
2012 16,5 45,5 11,2 27,1 4,5
2013 16,8 44,7 11,8 26,8 3,1
2014 16,4 44,1 11,9 27,5 6,6

Source : Tableau de bord des indicateurs macro-économiques, Mai 2015, élaboré par la DEPF

Encadré 5 Tableau N°2 : Agrégats monétaires au Maroc


AGREGATS DE MONNAIE ( Encours en MDH) Déc. 2001 Août. 2015
Circulation fiduciaire 66 829 190 770
Billets et monnaies mis en circulation 69 595 203 086

25
Encaisses des banques (à déduire)* 2 766 12 317
Monnaie scripturale 150 238 488 503
Dépôts à vue auprès de BAM 1 566 4 262
Dépôts à vue auprès des banques 127 789 439 792
Dépôts à vue auprès du CCP 2 599
Dépôts à vue auprès du Trésor 18 283 46 154
M1 217 067 680 222
Placements à vue 39 815 135 309
Comptes d'épargne auprès des banques 33 239 135 309
Comptes sur livrets auprès de la caisse d’épargne nationale 6 577
M2 256 883 815 531
Autres actifs Monétaires (Placements à terme) 90 133 296 041
Comptes à terme et bons de caisse auprès des banques 82 607 166 149
Titres OPCVM monétaires 0 57 180
Dépôts en devises** 2 781 37 486
Valeurs données en Pension 1 994 3 332
Certificats de dépôt à durée résiduelle inférieure ou égale à 2ans 1 965 20 385
Dépôts à terme auprès du Trésor ND 5 064
Autres dépôts 787 6 445
M3 347 016 1 111 571
Source: Bank Al Maghreb (www.bkam.ma)
* Les encaisses des banques : ce sont les garantis détenue
** Dépôts à vue et à terme en devis auprès des banques

D - Les agrégats de Placements Liquides :

Les agrégats de placements liquides recensent les actifs financiers pouvant être
aisément transformés en moyens directs de paiement, et qui représente une réserve de pouvoir
d’achat. Ils incluent des passifs jugés insuffisamment liquides pour être inclus dans la définition
nationale de la monnaie au sens large.
Ils sont présentés sous forme d’agrégats désignés par le caractère PL assortis de
chiffres allant de 1 à 3.
Dans cette forme de placement, les épargnants ne sont plus directement détenteurs de
titres de propriétés ou de créances de sociétés, mais d’actions ou de parts d’OPCVM investies
en valeurs mobilières.
Les Composantes de ces agrégats sont:
L’agrégat PL1 est composé des bons du trésor émis par adjudication et des titres de
créances négociables, autres que les certificats de dépôts (Billets de trésorerie émis par les
entreprises non financières, Bons émis par les sociétés de financement);
L’agrégat PL2 est composé des titres émis par les OPCVM obligataires (Cout, moyen et
long terme) susceptible d'être transformés en monnaies à faibles risques de perte d'argent;

26
L’agrégat PL3 est composé des titres émis par les OPCVM actions et valeurs diversifiés
(autres que les obligations) au profit du public et que leur transformation en monnaie peut
induire à une perte en capital.

II - Les contreparties de la masse monétaire (M3)

Les contreparties de la masse monétaire (M3) représentent les opérations génératrices


de la monnaie (Principales sources de création monétaire) et elles sont définies par rapport aux
actifs monétaires émis par les institutions de dépôts et sont composés des:
 Avoirs extérieurs nets des institutions de dépôts;
 Créances nettes sur l'Administration Centrale;
 Créances des institutions de dépôts sur l'économie;
 Ressources à caractère non monétaires des institutions de dépôts, et;
 Autres portes nets.

A - Les Avoirs extérieurs nets des institutions de dépôts (créances sur l’extérieur):

La contrepartie « créance sur l’extérieur » mesure l’incidence exercée sur l’agrégat M3


par les opérations effectuées par les agents résidents, par l’intermédiaire des IFM, avec les non
résidents –qu’ils soient des agents financiers ou non- ces opérations pouvant correspondre à des
transactions sur biens et services, telles qu’elles sont retracées dans la balance commerciale, ou

Encadré 6
Tableau N°3 : Agrégats de Placements Liquide au Maroc
AGREGATS DE PLACEMENTS ( Encours en MDH) Déc. 2014 Août. 2015
PL1 304 989 323 380
Bons du Trésor négociables 296 085 313 731
Bons de sociétés de financement 5 179 6 943
Billets de trésorerie 2 760 1 637
Titres émis par les OPCVM contractuels 964 1 069
PL 2 144 484 154 818
Titres émis par les OPCVM obligations 144 484 154 818
PL 3 29 957 32 230
Titres émis par les OPCVM actions et les OPCVM diversifiés 29 957 32 230
∑ PL 479 430 510 428
Source: Bank Al Maghreb (www.bkam.ma)

des mouvements de capitaux figurant dans les postes financiers de la balance des paiements.

Encadré 7
Exemple : Une exportation effectuée par une firme française aux Etats-Unis. Nous allons montrer que la
constitution, par les IFM résidentes, d’une créance sur le reste du monde aboutit, dans la zone Euro, à

27
l’augmentation de l’agrégat M3, quelles que soient les modalités de paiement par le débiteur, en dollars ou en
euros.
1 - Le paiement est effectué en dollars :
Dans ce cas, l’acheteur américain demande à sa banque (aux Etats-Unis) de virer les fonds au compte de
la firme française auprès d’un établissement de crédit français, par exemple PNB- Paribas. Cette dernière est
créditée en dollars auprès d’un établissement américain (sa position extérieure en devises s’améliore) et elle crédite
en même temps le compte de son client français en dollars. Que la banque française conserve sa recette en dollars,
ou quelle en demande la conversion en euro, les avoirs inclus dans M3 augmentent du montant même du paiement.
2 -Le paiement est effectué en euros :
Admettons d’abord que l’importateur américain dispose de la trésorerie nécessaire en euros auprès d’un
établissement de crédit européen. Au moment du paiement, celui-ci débite dans ses livres le compte de son client
américain (dans ce cas, ses engagements en euros diminuent vis-à-vis de l’extérieur et donc, là encore, sa position
extérieure en euros s’améliore) et il crédit la firme française du montant du paiement. Il en résulte une
augmentation des dépôts en euros inclus dans la masse monétaire.
Si l’importateur américain ne dispose pas des euros, il demande à sa banque de les lui fournir.
L’établissement peut alors emprunter les euros nécessaires sur le marché international des capitaux auprès d’une
banque européenne: dans ce cas, les créances en euro de cet établissement sur les non résidents augmentent.
L’établissement considéré peut aussi acheter des euros sur le marché des changes et ce sont alors les créances en
devises de la banque vendant les euros qui augmentent.

On conclusion, les avoirs extérieurs nets des institutions de dépôts ce sont les avoirs
extérieurs bruts de BAM et des Banques diminué de leurs engagements extérieurs respectifs.

B - Les créances nettes sur l'Administration centrale :

Les IFM financent également les administrations publiques (Etat, collectivités


territoriales, administrations de sécurité sociale), soit directement par des crédits, soit en
souscrivant à des émissions de titres (obligations, bons du Trésor). En raison de leur excellente
liquidité (ils sont très aisément négociables sur le marché interbancaire). Les bons du Trésor
constituent pour les banques un instrument privilégié de trésorerie. On rappelle cependant que
dans certaines économies, les banques centrales nationales n’ont plus la possibilité de consentir
directement des prêts à l’Etat.
Les créances nettes sur l’Administration centrale sont composées des créances des
institutions de dépôts ainsi que celles des entreprises non financières et des ménages.

Encadré 8:
Extrait du "Méthodologie d'élaboration des statistiques monétaires", 27 Juillet 2012; Bank Al Maghrib

Les créances de Bank Al-Maghrib sur l’administration centrale comprennent principalement les facilités de
caisse consenties conformément aux dispositions de ses statuts 42, les bons du Trésor acquis sur le marché

42
L’article 27 du Statut de Bank Al-Maghrib, entré en vigueur en février 2006, stipule que la banque centrale ne
peut accorder des concours financiers à l’Etat que sous forme d’une facilité de caisse limitée à 5% des recettes
28
secondaire pour les besoins de la conduite de la politique monétaire, ainsi que les autres créances. Quant aux
engagements de Bank Al-Maghrib envers l’administration centrale, ils sont constitués de :
Dépôts du Trésor ;
Dépôts du Fonds Hassan II pour le développement économique et social et ;
Tous les autres dépôts des organismes faisant partie de l’administration centrale et qui sont ouverts auprès des
guichets de Bank Al-Maghrib.
S’agissant des créances des autres institutions de dépôts sur l’administration centrale, elles sont composées
principalement des :
Titres autres qu’actions représentés par le portefeuille de bons du Trésor détenu par les autres institutions de
dépôts,
Dépôts des AID chez le Trésor et,
Crédits accordés à toutes les unités de l’administration centrale.
Pour ce qui est des engagements des AID envers l’administration centrale, ils comprennent :
Les disponibilités de l’administration centrale auprès des AID : Il s’agit notamment, des fonds spéciaux de
garantie qui sont destinés à garantir des crédits distribués par l’établissement ou par d’autres établissements.
Le solde du fonds n’est remboursable qu’à l’extinction des crédits couverts par le fonds ;
Les placements effectués par le Trésor sur le marché monétaire.
Pour leur part les créances des entreprises non financières et des ménages représentent la contrepartie de leurs
dépôts auprès du Trésor.

C - Les concours au secteur privé ( Créance sur l'économie) :

Les crédits classiques au secteur privé constituent la contrepartie la plus importante de


M3, c'est-à-dire la principale source de création de la monnaie (Compte débiteur, les crédits à
l'équipement, crédit immobilier, crédits à la consommation, créance en souffrance…).
En général, les créances des institutions de dépôts sur l’économie englobent toutes les
créances des institutions de dépôts sur le secteur intérieur autre que l’administration centrale et
les institutions de dépôts43.
Il convient de noter que dans les cas Marocain, les créances de Bank Al-Maghrib sur
l'économie sont constituées principalement des avances et crédits accordés à son personnel.
Par contre, les créances des Autres Institutions de Dépôts (AID) sur l'économie
comprennent essentiellement les crédits qui font l'objet d'une ventilation par objet économique
(Comptes débiteurs et crédits de trésorerie, crédits à l'équipement, crédits immobiliers, crédit à
la consommation, créances divers sur la clientèle et les créances en souffrance).
Encadré 9
Tableau N°4 : CONTRE PARTIE DE M3 (Encours en MDH)

fiscales réalisées l’exercice précédent, rémunérée au taux de base de refinancement des banques, et dont la durée
d’utilisation ne peut excéder 120 jours, consécutifs ou non, au cours d’une année budgétaire.
43
Compte débiteur, crédit à l'équipement, Crédit immobilier, Crédit à la consommation, créance en souffrance…
29
Déc. 2001 Août. 2015
Créances sur l'économie 216 901 878 613
Créances de BAM 1 063 1 326
Créance des AID 215 837 877 287
Créances net des ID sur l'AC 81 674 151 958
Créances nettes de BAM 4 348 - 1 336
Créance des nettes des AID 77 326 153 294
Réserves Internationales Nettes 99 955 210 187
Ressources à caractère non monétaire 66 243 168 090
Capital et réserves des ID 51 082 125 196
BAM 12 929 16 332
AID 38 153 108 864
Engagements non monétaires des ID 15 161 42 894
Dépôts exclus de M3 3 136 7 188
Emprunts 21 6 752
Titres autres qu'actions exclus de M3 12 004 28 579
Autres ressources 0 374
Autres contreparties de M3 4 357 38 904
Contrepartie des dépôts du Trésor 18 283 51 217
Autres postes nets - 5602 -13 696
Créances nettes des AID sur les non résidents -8 512 8 713
Allocations de DTS et autres engagements extérieurs 468 7 712
Autres actifs extérieurs de BAM 656 382
Total des contreparties* 336 644 1 111 571
Source: "Statistiques monétaires" de Bank Al Maghrib; Aout 2015
* Total des contreparties = Réserves Internationales Nettes + Créances Nettes sur l'AC + Créances sur
l'économie - Ressources à caractère non monétaire + Autres contreparties de M3
Il est à noter que les statistiques monétaires répondent aux exigences du manuel du
FMI, et qui assurent une parfaite égalité entre M3 et ses contreparties, suite à l'identification
des emplois des dépôts auprès du Trésor et leur affectation au niveau des créances des
institutions de dépôts et de celles des entreprises non financières et des ménages.

III - La circulation de la monnaie :

Le concept de vitesse de circulation de la monnaie a été utilisé dans la théorie


quantitative de la monnaie ; dans les équations quantitatives, la vitesse représente la variable de
comportement des agents économiques, signifie le nombre de payement de transaction qu'une
unité de monnaie assure durant une période donnée (12 Mois Généralement). Les
quantitativistes considèrent que la vitesse est constante ou varie très lentement ; c’est cette
hypothèse qui permet de conclure que les variations du niveau général des prix sont
essentiellement la conséquence de variations de la quantité de monnaie. Il y a deux variantes de
la vitesse de circulation de la monnaie chacune étant associée à une variante de l’équation
quantitative : on distingue ainsi la vitesse de transaction (équation des échanges) et la vitesse
revenu (équation du revenu).

30
 La première version est la relation bien connue 'Vitesse de transaction' (équation des
échanges) notamment grâce à Irving FISHER (1867-1947) : MV = PT donc V=PT/M
Avec : M correspond à la masse monétaire
P est le niveau général des prix
T désigne les transactions en volume (transactions réelles).
Ici, la vitesse V indique le nombre de transactions que l’on peut réaliser avec une même
unité de monnaie pendant une période donnée.
Par exemple : un billet de 50dhs passe de main en main au cours d’une année ; si 1000
transactions ont ainsi été réalisées, la masse monétaire de 50dhs a permis d’effectuer des
échanges pour une valeur de 50000dhs.
 La seconde version 'la vitesse revenu' (équation du revenu) a été développée par l’école
de Cambridge dans la première moitié du 20ème siècle (A. Marshall, A.C. Pigou, D. Robertson,
J.M. Keynes etc.).
Au lieu de considérer les transactions (les échanges), on privilégie la formation et la
dépense des revenus. L’équation devient : MV= Py
Avec y est le revenu réel (c'est-à-dire le volume de bien et services que l’on peut
obtenir avec ce revenu), Y=Py exprime le revenu nominal (en valeur).
La vitesse revenu correspond ici au nombre de fois qu’une unité de monnaie permet
de monétiser une production. En général, pour mesurer le revenu nominal Y on utilise le PIB.
PIB
On obtient alors : MV= Py = Y= PIB et donc 𝑉 = M

Donc la vitesse de circulation de la monnaie est l’inverse du taux de liquidité :


𝑃𝐼𝐵
𝑉= M3

Elle mesure le nombre de payement de transactions qu’une unité de monnaie assure


durant une période donnée (Généralement 12 Mois)

Encadré 10
Exemple : Soit une petite économie qui ne produit que 2000 réfrigérateurs par année, vendus
à 5000dhs l’unité, et si la quantité de monnaie est de 200 000dhs, alors la vitesse de la
monnaie : V= 2000 x 5000 / 200000 = 50
Dans cette petite économie les agents économiques ont dépensé 10 Millions de Dhs en
réfrigérateurs avec une quantité de monnaie de seulement 200 000dhs. Donc il a fallu que
chaque Dhs change de main 50 Fois.

L’une des préoccupations majeures des autorités monétaires est la stabilité de la vitesse
de circulation de la monnaie, qui peut être influencer par plusieurs critères tel que le taux

31
d'intérêt, les habitudes alimentaires, les anticipations des agents économique sur l'évolution des
prix… (Modèle monétariste).
Mais les innovations financière ont fortement perturbé cette relation entre la masse monétaire
et le PIB.
La différence entre les deux concepts de vitesse (transaction et revenu):
Le premier concept (la vitesse transaction) permet des mesures directes car il suffit a
priori d’enregistrer les paiements. Malheureusement, les transactions impliquant la monnaie
fiduciaire ne sont réellement enregistrables qu’au moment où les agents non financiers se
séparent de cette monnaie en effectuant un dépôt sur un compte dans un établissement bancaire
ou financier. Toutes les transactions intermédiaires entre l’entrée initiale des billets dans le
public et leur retour au système bancaire, par exemple rémunérer un service rendu en cédant
des pièces et des billets sont « invisibles » pour le système bancaire.

Encadré 11
Exemple : Mr X retire en billets 5000dh de son compte. Il utilise cette somme pour payer Mr Y
qui s’occupe de son jardin. Mr Y dépense cette somme pour payer Mr Z qui lui a préparé une
partie de sa clôture. Mr Z dépose les 5000 dh sur son compte. Il est clair que le total des
transactions atteint en réalité 2 * 5000 dh mais ne seront enregistrés que les passages par les
comptes bancaires, soit 1*5000dh.

Le second concept (la vitesse-revenu) ne permet pas les mesures directes car la
variable Y n’est pas directement observé mais construite en éliminant toutes les transactions
intermédiaires (le PIB est obtenu par la somme des valeurs ajoutées).
C’est la vitesse-revenu qui est utilisée par les autorités monétaires car, en comparant
l’évolution de la production monétisée et un agrégat, on obtient une indication sur les
comportements de paiement et d’épargne des ANF.
Si par exemple, PIB/M1 augmente mais que le PIB/M2 diminue, on peut en conclure
que les agents gèrent plus activement leurs liquidités en les transférant des comptes courants
vers des comptes sur carnets rémunérés.
En fin, L'importance de la monnaie ne résulte pas seulement dans le volume de son
stock mais aussi dans l'activité et son efficacité, autrement dit la circulation monétaire.

32
33
Questions à choix multiples
(Pour chaque question, une réponse est possible)

1- Les billets sont actuellement de la 7- Dans une économie de troc, avec N


monnaie : biens, le nombre de prix relatifs.
a. à cours légal. a. [N(N-1)]/2
b. à cours libre. b. N(N/2)
c. à cours forcé. c. N(N/2)-1
d. à cours légal et forcé. d. N-1

2- Le support de la monnaie scripturale, 8- La monnaie en circulation inclut:


est:
a. Billets et pièves
a. Le compte à vue.
b. Billets, pièces et chèques
b. Le chèque.
c. Billets et chèques
c. Le virement.
d. Billets, pièces, chèques et dépôts à
b. La lettre de change.
terme
3- Parmi ces moyens de paiements, lequel 9- ……..est l'actif le plus liquide, puisqu'on
possède une qualité monétaire: n'a pas besoin d'en faire la conversion.
a. le chèque de voyage. a. L'actif financier
b. le chèque-déjeuner. b. La monnaie
c. les coupons de réduction. c. L'or
d. aucun. d. L'œuvre d'art

4- Combien y a-t-il de prix relatifs dans 10 - Si la monnaie à un cours légal, alors


une économie à 5 biens : légalement il faut qu'elle soit :
a. 5. a. convertible en or
b. 4. b. convertible en paiement électronique
c. 14. c. accepté en paiement de dette
d. 10. d. un métal précieux comme l'or ou
l'argent
5- Le mécanisme par lequel les banques 11- Si un particulier transfère 10000dhs
équilibrent leurs dettes mutuelles en d'un compte à vue vers un compte de dépôt
échangeant les chèques qu'elles détiennent du marché monétaire.
les unes des autres s'appelle:
a. M1 décroit et M2 demeure inchangé
a. mécanisme de balance
b. M1 demeure inchangé et M2 s'accroit
b. mécanisme de remboursement
c. M1 demeure inchangé et M2 inchangé
c. mécanisme de compensation
d. M1 s'accroit et M2 décroit
d. mécanisme de régulation des dettes

6- Lequel des agrégats représente la 12- Si un individu transfère de la monnaie


masse monétaire officielle: d'un compte de dépôt à terme vers un
compte à vue
a. M1
a. M1 s'accroit et M2 inchangé
b. M2
b. M1 inchangé et M2 s'accroit
c. M3
c. M1 inchangé et M2 inchangé
d. M4
d. M1 s'accroit et M2 décroit

34
Questions de cours :
Quelle sont les fonctions caractérisant la monnaie?

Donnez les motifs de la demande de la monnaie selon Keynes ?

Est-ce que le système de paiement fonctionne parce que les billets et les pièces correspondent
à un stock d'or conservé à la banque centrale? expliquez?

Expliquez la controverse entre la banking school et la currency school?

Faut-il ajouter les cartes de paiement aux billets et aux pièces lorsque l'on mesure la quantité
de monnaie? expliquez?

L'agrégat M1 inclut-il les sommes figurant sur les comptes des établissements de crédit?

Peut-on dire que l'agrégat M2 comprend uniquement la quasi monnaie?

Questions de réflexion
Selon J-M Keynes « l’importance de la monnaie découle essentiellement du fait qu’elle
constitue un lien entre le présent et le futur », expliquez ?

Que pensez-vous de l'affirmation suivante de L. Walras: "le besoin qu'on a de monnaie n'est
pas autre chose que le besoin de marchandises qu'on achètera avec cette monnaie"

Peut-on définir la monnaie autrement que par ses trois fonctions traditionnelles?

L'histoire des formes de la monnaie est celle d'une dématérialisation progressive, expliquez?

Quel rôle joue la confiance dans le fonctionnement d'un système monétaire moderne?

Peut-on mesurer la quantité de monnaie en circulation dans une économie? vous expliquez
pourquoi et comment?

35
Chapitre II- La création monétaire :
L’objectif de ce chapitre est de montrer comment et par qui est créée la monnaie
(Section I), puis d’étudier quelles sont les limites –si elles existent- à cette création, ce chapitre
étant un préalable à la compréhension des marges de manœuvre dont disposent, les autorités
monétaires sur ce terrain (section II). Les relations entre la monnaie bancaire et la monnaie
banque centrale, au cœur de la controverse entre les thèses du multiplicateur et du diviseur de
crédit seront traitées à la fin de ce chapitre (Section III).

Section 1 - Le principe de la création monétaire: "Le faite de dire OUI".

Après une présentation de l'origine du principe de la création monétaire (I), il est


commode de procéder à la présentation des mécanismes de cette création en supposant dans un
premier temps l’existence d’une banque unique(II), drainant la totalité de la clientèle et émettant
à elle seule toute la monnaie circulant dans l’économie, cette monnaie pouvant d’ailleurs revêtir
indifféremment une forme matérielle ou scripturale. Dans un second temps, on intégrera la
présence de plusieurs établissements concurrents les uns des autres(III). Enfin, l’existence de
la banque centrale sera prise en compte dans un troisième temps (IV).

I - Origine du principe :

Le processus de création monétaire est apparu vers le milieu du XVII siècle et plus
précisément à Stockholm, avec l'émission de billets de banque par Palmstruch et à Londres,
avec la transformation progressive des orfèvres en banquiers de dépôt 44.
Cependant, ces orfèvres vont commencer à délivrer des reçus anonymes, mentionnant
la valeur en monnaie plutôt que les objets déposés. Cet anonymat est très importante, de sorte
que, le remboursement peut se faire simplement par prélèvement sur la totalité de l'encaisse
détenue par la banque. Ces certificats de dépôts sont de plus en plus créés pour des sommes
ronds et au porteur.
Les déposants peuvent alors remettre en paiement directement les certificats, au lieu
d'être obligé de se présenter pour retirer les pièces déposés, comme ils peuvent les utiliser
comme moyen de paiement. Ce qui facilite ainsi l'utilisation et la circulation des certificats
(appui sur un large réseau des orfèvres45), aussi à retarder les demandes de remboursement en
espèces.

44
Lorsque leurs reçus ne mentionne plus que la valeur en (Livre Sterling) plutôt que les objets précisément déposé.
45
Les orfèvres Londoniens disposent d'un large réseau de correspondant national et internationale.
36
Dans un tel contexte, les certificats ne font que compenser exactement les dépôts en
pièces métalliques existante dans les coffres des banques, donc la masse monétaire demeure
strictement inchangée.

Le bilan d’un établissement de ce type ressemble à ceci :


Bilan de l’orfèvre avec couverture intégrale
Encaisse métallique + 10000 Certificats émis + 10000

Pendant longtemps, la masse monétaire évoluait strictement en fonction des stocks


d’or et de devises détenus par les agents économiques et dépend aussi des aléas de découvertes
de mines d'or et d'argent.

Mais les orfèvres banquiers vont s'apercevoir que le stock de métaux précieux ne
descend jamais en dessous d’un certain seuil, pour deux raisons:

 En vertu de la loi du grand nombre, les dépôts et les retraits se compensent largement,
les dépôts nouveaux tendant à équilibrer les retraits;
 Les détenteurs des certificats accordent une grande confiance aux orfèvres, de telle sorte
qu’ils en demandent assez rarement la conversion en espèces;
Donc, une couverture métallique à 100% des certificats est devenue inutile.
Face à ce constat, et vers 1665, les orfèvres vont alors commencer à émettre des
certificats en échange d’un titre de dette et non d’un dépôt d’or ou d’argent.

Bilan de l’orfèvre banquier avec couverture partielle


Encaisse métallique + 10000 Certificats émis + 30000
Effets escomptés + 20000

Donc, il y a bien une création monétaire puisque le volume de moyen de paiement à


augmenté par rapport au disponible métallique.

Du point de vue microéconomique, cette nouvelle transformation de la profession


d’orfèvre repose sur un double pari:
 La solvabilité anticipée de l’emprunteur;
 L’absence future de toute demande généralisée de conversion en métal.
Afin d'exposer le plus simplement possible le principe de la création monétaire, nous
supposerons l'absence de pièces et de billets et l'existence d'une banque unique (II), et dans le
cas d'une économie à plusieurs banques concurrentes les unes des autres (III), et enfin la
création monétaire en présence de la Banque Centrale (VI) .

37
II - La création monétaire dans le cas d’une banque unique:

Les banques ont d'abord crée de la monnaie sous forme fiduciaire, aujourd'hui, cette
création est devenue très majoritairement de nature scripturale, et implique des relations
croisées entre banques commerciales.

Dans notre premier cas, il n’existe qu’une seule banque émettant la monnaie unique
auprès des ANF qui n’ont pas la possibilité d’émettre des titres pour se financer. Le circuit
monétaire que forme la banque, l’ensemble de ses clients et la monnaie utilisée, est donc unique.
Pour simplifier l’exposé, nous supposerons ici qu’il s’agit d’une monnaie scripturale.
Chaque agent détient un compte auprès de la banque unique et toutes les transactions
donnent lieu à un paiement se déroulant nécessairement à l’aide de la monnaie de cet
établissement. La monnaie étant une dette à vue de la banque (son possesseur peut la mobiliser
à tout moment pour procéder à un paiement), voyons comment se déroule un paiement de
l’agent X auprès de l’agent Y : dans ce cas le compte courant de X à la banque est débité, celui
de Y est crédité de la même somme.
Exemple : Supposant maintenant qu’un ANF, par exemple une entreprise, ait besoin
de monnaie pour régler un fournisseur, sa trésorerie étant insuffisante. Cette entreprise
sollicite un prêt (de 10000 dans l’exemple ci-dessous) à la banque et elle est disposée à payer
le taux d’intérêt en vigueur. Le banquier étudie le dossier de l’emprunteur (il s’assure de
l’honorabilité de l’entreprise, de sa solvabilité…) et s’il donne son accord à l’octroi du crédit
(le faite de dire OUI au crédit ) qui donne naissance à un supplément de monnaie (la somme
est inscrite en dépôt à vue), il s'agit belle et bien d'un privilège de création ex nihilo 46, il crédite
le compte de l’emprunteur. Les comptes en T des deux agents s’établissent ainsi :
Bilan de la banque après création monétaire
Actif Passif
Prêt à l’entreprise 10000 Dépôt à vue (compte 10000
courant de l’entreprise

Bilan de l’entreprise emprunteuse


Actif Passif
Compte courant à la 10000 Dette envers la banque 10000
banque

46
Le fait de prêter des avoirs que la banque ne détient pas
38
La banque a inscrit un montant de 10000 au compte courant du bénéficiaire, et
simultanément, a fait figurer à l’actif de son bilan l’origine ou la contre partie de cette monnaie
nouvelle, c'est-à-dire l’acquisition d’une créance (par exemple un effet commercial47) sur
l’entreprise. Les deux écritures représentent une seule et même écriture : la monétisation
d’une créance par la banque.
La double inscription d'un même montant à l'actif et au passif du bilan de la banque
constitue l'acte par lequel elle crée de la monnaie.
Dans cette mécanique, peu importe l’identité de l’emprunteur (on parlera donc
généralement d’un agent non bancaire ou non financier), et peu importe également la nature de
l’actif acquis par la banque : la création monétaire est initiée par le crédit dès lors que
l’emprunteur est jugé solvable.
Les inscriptions portées dans les deux comptes en T appellent plusieurs remarques :
 Dans ce schéma à banque unique, il n’existe aucune limite endogène au pouvoir
bancaire48.
 La création monétaire s’effectue ex nihilo car la banque a la faculté de prêter ce qu’elle
n’a pas et elle retrouve dans ses dépôts toute la monnaie qu’elle a créée.
 Le remboursement par l’emprunteur d’un crédit aboutit à la destruction de monnaie.
Donc la monnaie n’est finalement qu’une dette de banque qui circule, un élément
du passif bancaire accepté comme moyen de paiement.

III - La création monétaire dans un système monétaire à banques multiples:

Lorsque l’environnement se compose de 2,3, ..., n banques commerciales non


hiérarchisées, c'est-à-dire concurrentes les unes des autres, chacune d’elle crée, selon le principe
vu dans le paragraphe précédent, « sa » monnaie, qui figure au passif de son bilan (en même
temps que figure à l’actif l’opération génératrice de la monnaie).
Ainsi, cohabitent dans la même économie, des monnaies portant la marque du réseau
de leur émetteur : de la monnaie « Banque populaire », de la monnaie « Société générale », de
la monnaie « postale », etc. Ce qui caractérise, à l’intérieur d’un espace monétaire, l’ensemble
de ces monnaies, et qu’elles sont toutes libellées dans la même unité de compte (l’euro
l’intérieur de l’Union Européenne, le Dollar aux Etats unis, le Dirham au Maroc…) et qu’elles
sont échangeables au sein de cet espace, l’une contre l’autre. Il est en effet indifférent à un

47
Du début du XVIII siècle jusqu'aux années 1950, l'escompte est demeuré le principal moteur de la création
monétaire par les banques commerciales. Depuis lors, le crédit bancaire à pris le relais.
48
Historiquement, la situation de pure monopole de la banque royale de John Law 18eme siècle, la monnaie a
doublé en 1 Mois
39
créancier d’être réglé par un chèque tiré sur telle banque ou sur telle autre, dès lors qu’il s’agit
d’établissement honorablement connus.
La présence de plusieurs banques soulève pour chacune d’elles un problème nouveau
puisqu’il est probable qu’une partie des dépôts créés risque d’être convertie, à l’occasion des
paiements effectués par leur titulaire, en dépôts d’un autre établissement. Les établissements
sont alors confrontés à la présence de « fuites » hors de leur circuit.
Ainsi, la banque (A) crée, par le crédit, un dépôt de 100 000 pour l’un de ses clients
(un ANF), elle peut s’attendre à ce que ce client ne laisse pas cet avoir, en contrepartie duquel
il paye un intérêt, à l’état oisif (inactif ou improductifs) sur son compte. Il va probablement
procéder à des dépenses auprès de (Y), de (Z)… dépenses qu’il va régler en émettant des
chèques (ou d’autres moyens de règlement) tirés sur la banque (A).
Deux scénarios sont alors possibles :
Scénario 1 : (Y), le créancier de (X), peut, tout comme (X) lui-même, être client de la
banque (A). Au moment de l’encaissement du chèque (dans l’exemple ci-dessous, de
l’intégralité de (Y) de 100000, la banque n’aura à effectuer qu’un jeu d’écriture (dédit de (X),
crédit de (Y)), exactement comme dans l’hypothèse de la banque unique. La monnaie,
désormais détenue par l’agent (Y), reste la monnaie de la banque (A) et celle-ci n’est alors
confrontée à aucune difficulté de liquidité puisque la quantité de monnaie (A) est inchangée
après le paiement de (X) à (Y) ;
X et Y sont clients de la banque A
Situation de la banque A
Δ Actif Δ Passif
Prêt 100000 Dépôt à vue X - 100000
Dépôt à vue Y 100000

Scénario 2: (Y) peut être client d’un autre établissement, par exemple de la banque
(B) en remettant son chèque, il sera crédité dans les comptes de la banque B, c’est à dire payer
en monnaie banque B. Mais, naturellement, la banque (B) ne peut créditer son compte (Y) qu’en
contrepartie d’un engagement à son endroit de la banque (A) : la séance de compensation, à
l’issue de laquelle sont dégagés les soldes interbancaire, fait apparaître, dans notre exemple,
une créance de 100000 de la banque (B) (qui a encaissé le chèque remis par son client (Y)) sur
sa consœur (A).

40
X est client de A et Y client de B
Situation de la banque A
Δ Actif Δ Passif
Prêt 100000 Dépôt à vue X - 100000
Dette vis-vis de B 100000
Situation de la banque B
Δ Actif Δ Passif
Créance sur A 100000 Dépôt à vue Y 100000

Il reste donc à comprendre comment s’effectuent les paiements interbancaires. Le


paiement par (A) de sa dette par sa propre monnaie est totalement avorté : une banque ne peut
acquitter ses dettes en remettant sa propre monnaie.
Ce principe selon lequel « nul ne peut payer par sa propre monnaie » nécessite
l’interposition entre les deux agents, le créancier et le débiteur, d’une monnaie de paiement qui
ne soit ni de l’un, ni de l’autre. Entre deux ANF, les paiements s’effectuent en monnaie
bancaire ; entre deux banques, ils s’effectuent en monnaie interbancaire. La présence d’une
monnaie interbancaire ou centrale, d’un rang supérieur à celle qui est émise par les banques
commerciales, apparaisse comme une nécessité absolue de son fonctionnement. La monnaie
centrale, émise par la banque centrale, est le seul moyen de paiement que les banques acceptent
unanimement.
En général, lorsqu'il existe plusieurs banques, les opérations de financement
s'effectuent sur le compartiment interbancaire du marché monétaire sur lequel les banques
négocient leurs excédents et leurs déficits de trésorerie après compensation, fixant ainsi par
l'offre et la demande un taux d'équilibre: taux du marché interbancaire, et c'est là ou elle
intervient la banque centrale.

IV - La création monétaire en présence de la Banque Centrale :

La présence de la banque centrale pèse sur le pouvoir de la création monétaire des


banques commerciales pour plusieurs raisons :
 Elle alimente le système bancaire en liquidité interbancaire et en règle le coût
puisqu’elle fixe unilatéralement les taux directeurs de ses refinancement ;
 Elle fournit seule les billets demandés par les ANF. Les demandes de billets constituent
une fuite hors du circuit bancaire commerciale, exactement comme la conversion de la
monnaie A en monnaie B constitue une fuite pour la banque A ;

41
 Elle peut contraindre les banques commerciales à détenir des réserves obligatoires en
monnaie centrale.
On sait qu’on créant de la monnaie, les banques commerciales n’ont pas besoin de
disposer au préalable, de monnaie centrale. En revanche, en fonction des fuites qu’elles
subissent au profit des autres réseaux, des demandes de billets exprimées par leurs déposants
ou des réserves obligatoires qu’elles doivent constituer, elles devront emprunter les liquidités
nécessaires en monnaie interbancaire, soit auprès d’autres établissements sur le marché
interbancaire, soit auprès de la banque centrale elle-même lorsque, globalement, l’ensemble des
banques ne disposent pas d’avoirs suffisants en monnaie centrale (la banque centrale intervient
alors en sa qualité de prêteur en dernier ressort).
Ces opérations, qualifiées de « refinancement », s’effectuent, le plus souvent, par la
mise en gage d’une partie de ses titres (bons de Trésor, effets de commerce 49…) par
l’établissement emprunteur à l’établissement prêteur. Les titres en question restent dans le
portefeuille de l’emprunteur qui inscrit au passif sa dette à l’égard du prêteur.
Le bilan simplifié d'une banque centrale se présente comme suit:
Actif Banque Centrale Passif
Refinancement des banques Com Monnaie en circulation
Réserves de change Réserves des banques RO + RE
Les engagements :
 Les billets et monnaie en circulation détenus par le public;
 Les réserves des banques : Constituées des sommes détenues par les établissements
bancaires sur leurs comptes ouverts sur les livres de la banque centrale et par les
billets conservés dans leurs encaisses divisés en deux catégories:
 Les Réserves Obligatoires: imposées aux banques sous forme d'une fraction
des exigibilités des banques libellées en Dirhams à conserver sur le compte de
la banque ouvert à la banque centrale;
 Les Réserves Excédentaires: constituées du reste des réserves.
Les avoirs:
 Refinancement des banques auprès de la banque centrale:(Avance de 24h à 7 jours)
 Réserves de change: Avoirs et placements auprès des banques étrangères, bons du
trésor étrangers et assimilés, autres avoirs en devises)
La question qui se pose, c'est comment une banque peut-elle se procurer de la base
monétaire "se refinancer"?

49
Titre de créance négociable et cessible par voie d'endossement, c'est-à-dire par signature au dos. Un effet de
commerce est un moyen de règlement de crédit et de mobilisation.
42
Le refinancement peut ce faire soit auprès du marché monétaire, qui est l'endroit où
s'échange notamment, de la base monétaire et cela se fait à un prix qui est le taux de base
bancaire (se fixe aux conditions du marché), soit auprès de la banque centrale à un coût fixé par
cette dernière (taux de réescompte) ce sont généralement les deux façons possibles qu'une
banque peut se procurer de la Base Monétaire50.
Remarque: La monnaie centrale détenue par la BC n'est pas incluse dans la Masse monétaire
car elle ne sert pas a réglé directement des transactions; La Banque centrale crée
donc peu de monnaie, du fait qu'elle n'accorde pas directement des crédits aux
ANF51.
Exemple:
Opération de refinancement d’une banque commerciale auprès de la banque centrale
Situation de la banque centrale
Δ Actif Δ Passif
Concours à la banque 100000 Dépôts banque commerciale 100000
commerciale

Situation de la banque commerciale


Δ Actif Δ Passif
Avoirs en banque centrale 100000 Engagements envers la banque 100000
centrale

Cette présentation permet de répondre à quatre importantes interrogations :


1- La banque centrale ne peut connaître des problèmes de liquidité comme les banques
de second rang, puisqu’elle émet la monnaie interbancaire qui ne peut être convertie, au sein
d’un même espace monétaire, en autre chose qu’en elle-même.
2- La banque centrale n’a ni l’initiative de la création monétaire, ni le pouvoir d’ajouter
(ou de retirer) au stock des moyens de paiement circulant dans l’économie. Le pouvoir de la
banque centrale paraît donc a priori délicat : elle n’a pas d’autres choix que d’alimenter les
banques commerciales en liquidités interbancaires, satisfaisant les demandes qu’elles
formulent, le montant des liquidités créées n’ayant d’ailleurs aucune relation avec le montant
total de la monnaie circulant dans l’économie. Enfin, il apparaît que la banque centrale
n’intervient qu’après coup, une fois la création de monnaie scripturale réalisée par les banques

50
La base monétaire c'est les billets plus la monnaie scripturale de la Banque Centrale
51
Agent Non Financier
43
de second rang, et sans avoir elle-même la possibilité d’exercer une influence directe sur le
montant des agrégats monétaires.
3- Le système des réserves obligatoires oblige les banques commerciales à entretenir un
solde minimum à leur compte à la banque centrale, solde généralement calculé au prorata des
dépôts qu’elles gèrent. Les réserves obligatoires peuvent donc créer un besoin supplémentaire
de liquidités que la banque centrale peut moduler en fonction des circonstances.
4- Puisque la création monétaire émane des banques commerciales, et non par la banque
centrale, le rôle exercé par cette dernière sur le pouvoir bancaire ne peut être qu’indirect. Elle
est contrainte de ratifier une création monétaire antérieure à ses interventions. Toutefois, son
rôle reste déterminant car elle fixe le prix auquel elle consent ses concours et, de ce fait,
influence les taux débiteurs appliqués par les banques.

V - Les principaux agents créateurs de la monnaie

Les principaux acteurs créateurs de la monnaie sont de l’ordre de trois:


1. Les banques commerciales
2. La banque centrale,
3. Le trésor Publique.
1. Création de la monnaie par les banques commerciales.
Les formes de création de la monnaie par les banques commerciales sont: l’octroi de
crédit, les concours à l’Etat, l’achat de devises, achats de bons de Trésor et l’achat de titres de
créances à leurs clients (Escompte d’effets de commerce).
2. Création de la monnaie par la banque Centrale.
La Banque centrale crée la monnaie lorsqu’elle achète l’or et les devises étrangères,
lorsqu’elle refinance les banques commerciales ou lorsqu’elle accord de nouveaux concours à
l’Etat.
3. Création de la monnaie par le Trésor Public.
Le trésor est l'agent financier de l'Etat, une sorte de caissier, puisqu'il perçoit les
recettes publiques (impôts) et exécute les dépenses. il est aussi le banquier de l'Etat, il est à la
source d'une création monétaire directe, lorsque il crédite le compte des fonctionnaires ou d’un
fournisseur et indirecte (Pour financer le déficit budgétaire) on émettant des titres publics.
En fin on peut dire que: On Crée la monnaie à chaque fois que l'on introduit dans
l'économie un nouveau pouvoir d'achat (des moyens de paiement qui ne correspondent pas à
une quantité de monnaie déjà existante); c'est une augmentation de la masse monétaire par
transformation des actifs non monétaires en actifs monétaires (dite aussi, la monétisation des

44
actifs), contrairement à la diminution des moyens de paiement (diminution de la masse
monétaire) qui est une destruction de la monnaie. Les principaux acteurs de cette création sont
les banques commerciales, la banque centrale et le trésor public.

VI - La Liquidité de l’économie

Définition de la liquidité :
Dans le domaine de la finance de marché, la liquidité désigne la qualité d’un actif
d’être convertible en moyens de paiement sans délais de mobilisation ni perte sensible de
capital. La liquidité permet de conserver une certaine stabilité dans les cours des produits
financiers.
Exemple: Une action n’est pas liquide dans la mesure où on ne peut pas l’utiliser directement
comme moyen de paiement à l’instar de la monnaie divisionnaire ou fiduciaire. Mais, il est
possible de la rendre liquide en la négociant sur le marché boursier. A l’inverse, un immeuble
sera long à rendre liquide par la vente …
Autrement dit, la liquidité de l’économie comprend l’ensemble des actifs financiers
qu’on peut rapidement transformer en monnaie sans risque important de perte de capital.
Elle est donc composée de la MM (M3) et l’ensemble des placements liquides
L = M3 + ∑PL
Le taux de liquidité

Cette liquidité se calcule à l’aide d’un ratio (Taux de liquidité), qui permet de
comparer le volume de liquidité totale de l’économie au PIB.
Donc le taux de liquidité est le rapport entre la total des encaisses des ménages non
bancaires et l’agrégat national PIB. Il permet de comparer le volume de liquidité totale de
l’économie au PIB :
Taux de liquidité = L/ PIB
L’utilité d’un taux de liquidité, c’est qu’il nous renseigne sur la façon dont les agents
économiques gèrent leurs actifs monétaires.

BAM cherche donc à mesurer les variations monétaires et celles de l’activité de


production pour contrôler la hausse des prix et donc éviter les risques d’inflation
(M.Friendman).

Une économie très liquide signifie que les ANF détiennent un volume important de la
liquidité qui peut donner lieu soit à une expansion très rapide de la demande de consommation

45
(M1) et provoquer ainsi des tensions inflationnistes; soit à une hausse de l’épargne (M3-M1
augmente).
Au contraire, une baisse de liquidité signifie un ralentissement de l’activité
économique et des tensions sur l’investissement qui risque de compromettre la croissance
économique; comme elle peut être également liée à une politique monétaire restrictive.

L’utilité de la mesure des variations monétaires et de l’activité économique, c’est pour


éviter les risques inflationnistes.

Encadré 12
Exemple : Cas marocain : Taux de liquidité de l’économie (En%)
Analyse : Compte tenu d’une performance de 4,4%
2013 2014
du PIB réalisée en 2013, la vitesse de circulation de
M3/PIB 117,2 118,9
la monnaie s’est située à 0,9 demeurant quasiment
L / PIB 164,5 170,8
inchangée par rapport à l’année précédente. Le
taux de liquidité de l’économie (calculé à partir de M3/PIB) est resté presque le même d’une
année à l’autre (118,9% en 2014 contre 117,2% en 2013).

L’une des préoccupations majeurs des autorités monétaires est la stabilité de la vitesse
de circulation de la monnaie. (modèle monétariste)

Mais les innovations financière ont fortement perturbé cette relation entre la masse
monétaire et le PIB.

VII - Destruction de la monnaie

Si les crédits font les dépôts, alors symétriquement le remboursement d'un crédit
entraine une destruction de la monnaie. Lors du remboursement d'un prêt, des moyens de
paiement sont rendus à la banque et donc retirés de la masse monétaire en circulation. Au bilan
bancaire, cela se traduit par la suppression de la double écriture. De la même façon, la vente par
la banque d'un immeuble, d'une valeur mobilière ou la fourniture de devises à un client
occasionnera également une destruction de la monnaie.
Le fonctionnement du système bancaire est un processus continu de créations (octroi
de crédit) et de destructions de la monnaie (remboursement de crédit).
La quantité de monnaie en circulation dans une économie n'augmente donc que si les
flux de création (la valeur totale de crédits accordés, des achats d'actifs réels et financiers
réalisés par les banques, et des entrées de devises dans le pays) l'emportent sur les flux de

46
destruction (la valeur totale des remboursements de crédit, des ventes effectuées par les banques
et des sorties de devises), ce qui sera généralement le cas en période de croissance du produit
national et/ou des prix.

Section 2 - Les limites de la création monétaire

Dans leur activité de création monétaire, les banques sont confrontées à des contraintes
de nature différente.
En premier lieu, si les ANF ne demandent pas de crédit, en raison de l’atonie de l’activité
économique ou du fait de la présence d’autres modes possibles de financement (marché des
capitaux), il ne peut y avoir de création monétaire.
En second lieu, chaque banque doit tenir compte de la concurrence à laquelle elle est
confrontée : en fonction de sa part du marché, elle peut subir des fuites au profit de banques
concurrentes comme elle peut bénéficier, symétriquement, des fuites subies par ses consœurs.
En troisième lieu, la création monétaire des banques est limitée par des contraintes
internes. Les établissements de crédit s’imposent des règles de stratégie, refusent des risques
trop importants sur des clients dont la solvabilité leur paraît trop aléatoire. Chaque banque est
donc confrontée à des contraintes de rentabilité.
En quatrième lieu, les banques sont soumises à des contraintes externes, notamment les
contraintes prudentielles en matière de liquidité et de fonds propres.

I - Les contraintes de liquidité :

La liquidité des banques exprime leur capacité de répondre à une demande de


conversion de la monnaie qu’elles gèrent en la monnaie d’un autre réseau. cette liquidité est
confronté à des contraintes soit dû à des facteurs autonomes (A) soit à des facteurs
réglementaire (B)
A - Les facteurs de la liquidité bancaire : les fuites hors du circuit monétaire des
banques commerciales (Les facteurs autonomes)
 Les demandes et versements de billets : l’usage des billets constitue une première
source permanente de pression sur la liquidité bancaire. Si, à titre d’hypothèse, les ANF
effectuent 10% de leurs paiements en billets, 10% de la monnaie créée par le système bancaire
est transformée en billets, ce qui oblige les établissements de crédit à obtenir ces fonds auprès
de leur émetteur unique : la banque centrale.

 Les opérations de devises : les demandes de devises de leurs clientèles, dues aux
achats de marchandises ou de services à l’étranger, aux exportations de capitaux, voire aux
47
opérations spéculatives, conduisent les banques à se porter acquéreurs sur le marché des
changes ou auprès de la banque centrale, en cédant de la monnaie interbancaire.

B - Le facteur réglementaire de liquidité : les réserves obligatoires

La banque centrale peut accentuer le besoin des établissements de crédits en liquidités


par l’institution des réserves obligatoires ; ces réserves sont le plus souvent calculées au prorata
des dépôts gérés par les établissements et contraignent chacun d’eux à immobiliser une fraction
de sa trésorerie (ou à emprunter) en entretenant un solde minimum au près de la banque centrale.

C - Comment les banques couvrent-elles leurs besoins de liquidité ?

En dehors de leurs encaisses constituant leur liquidité immédiate, les établissements


de crédit peuvent pour l’essentiel, obtenir des liquidités interbancaires :
 Soit en mettant en pension ou en vendant des titres sur le marché interbancaire au jour
le jour, marché sur lequel les établissements de crédit ajustent leur trésorerie quotidienne en
monnaie centrale. En pratique, ils mettent en pension auprès d’établissement prêteurs des titres
de la dette publique (bons de Trésor) ou des effets émis par des débiteurs de grande qualité. Le
taux appliqué fluctue autour du principal taux directeur.
 Soit en empruntant directement auprès de la banque centrale. En cas de sous liquidité
globale du système bancaire, donc de risque de tension des taux d’intérêt, c’est à la banque
centrale que revient la charge d’alimenter les établissements de crédit en liquidités.

II - Les contraintes de rentabilité :

D’un point de vue théorique et si on considère que les banques sont des entreprises en
situation de concurrences monopolistique, produisant des services (octroi de crédit, gestion de
dépôts, etc.) non parfaitement homogènes, la modélisation de la firme bancaire
« maximisatrice » de profit suggère plusieurs conclusions :
 L’augmentation des taux d’intérêt débiteurs et des commissions facturées à la clientèle
provoque, toutes choses égales par ailleurs, une augmentation de la distribution des
crédits et donc de la création monétaire ;
 Celles-ci sont en retour freinées par la hausse du coût de la ressource (taux d’intérêt
auxquels sont rémunérés les dépôts, conditions du marché interbancaire dictées par la
banque centrale) ;

48
 Les banques peuvent améliorer leurs marges en comprimant leurs coûts, soit en
rationalisant leur exploitation, soit en drainant des parts plus importantes du marché des
dépôts.

III - Les contraintes de solvabilité et le respect des normes prudentielles :

Les travaux du Comité de Bâle –qui regroupe les autorités de surveillance des pays du
groupe des Dix- ont abouti à la mise en place en 1988 d’un ratio international de solvabilité, dit
« ratio Cook ».
L’objectif est de contraindre les établissements de crédit à proportionner les risques
qu’ils supportent au montant des fonds propres qu’ils possèdent. Une directive européenne sur
ce thème a été transposée par le CRBF (Comité de Réglementation Bancaire et Financière) et
les banques doivent respecter un rapport minimum de 8% entre les fonds propres et les risques
de crédit.
𝐅𝐨𝐧𝐝𝐬 𝐏𝐫𝐨𝐩𝐫𝐞𝐬
≥ 8%
𝐂𝐫é𝐝𝐢𝐭𝐬 𝐫𝐢𝐬𝐪𝐮é𝐬

Ce dispositif a été complété en 1995 par une exigence complémentaire de fonds


propres au titre des risques de marché. Un nouveau ratio de solvabilité (Mc Donough du nom
du président du comité de Bâle à l’origine de cette réforme ou encore ratio Bâle II) doit se
substituer en 2006 au ancien mécanisme.

49
Section 3 - Approche du multiplicateur ou Approche du diviseur de crédit

Au sein du système bancaire coexistent plusieurs circuits monétaires concurrents les


uns des autres. Ces monnaies ne sont pas toutefois hiérarchiquement comparables, puisque
l’une d’elles dispose d’un privilège : elle est la monnaie interbancaire.
Existe-il une relation entre l’émission de cette monnaie centrale et la création des
monnaies bancaires ? Telle est l’opinion longtemps professée par les théoriciens adeptes de la
thèse du multiplicateur de crédit (I). Selon cette conception, la détention de la monnaie centrale
constitue, pour chaque banque de second rang un préalable à ses propres créations. L’optique
de diviseur suggère, au contraire, une relation causale inverse entre la monnaie bancaire et la
monnaie centrale (II).

I - La séquence néoclassique (NC) et le Multiplicateur de crédit

A - Des ressources vers des emplois (passif vers actif)

La singularité bancaire tient à la nature monétaire de la dette bancaire.


Exemple : Une personne dépose 800 à la banque, on échange des billets (créances sur la
Banque Centrale) contre de la monnaie bancaire (créance sur la banque de 2nd rang). la banque
octroi un prêt du même montant. Dans l'exemple, la masse de monnaie en circulation a
augmenté du montant du crédit accordé soit 800.

L’intermédiation bancaire, dans la théorie NC, est donc un jeu d’écritures à somme
positive, il y a duplication de la monnaie. Les enchaînements de causalité sont les suivants :
" les dépôts font les crédits " ("deposits make loans ") et l’épargne préalable permet
l’investissement.
La véritable dimension de la duplication doit toutefois être précisée, à travers le
mécanisme du multiplicateur de crédit.

B - Le multiplicateur de crédit

Le multiplicateur de crédit est un mécanisme d’amplification de la création monétaire.


Cela signifie que les banques collectent des dépôts, constituent une réserve obligatoire et prête
entièrement et automatiquement le reliquat, et par la suite tout dépôt dans une autre banque va
impliquer une succession de crédits (puis de redépôts) dans le reste du système bancaire (de
plus, comme il a été dit précédemment, les dépôts sont en monnaie banque centrale appelée
" high powered money " et les crédits sont accordés en monnaie scripturale de banques de

50
second rang). Dans un premier temps et pour simplifier on va voir le cas d'un système bancaire
sans réserves obligatoires (1) et dans un second cas avec réserves obligatoires (2).
1 - Système bancaire sans réserves obligatoires
Puisqu'on a l'offre de la monnaie est déterminée par :
 La banque centrale à travers la politique monétaire;
 Les banques commerciales où la monnaie est déposée;
 et le comportement des ménages qui détiennent la monnaie.
M = C+D avec M est l'offre de la monnaie, C ce sont les pièces et les billets en
circulation et D ce sont les dépôts à vue.
Dans une économie sans banques, la quantité totale de monnaie serait constituée
spécialement des pièces en circulation (MF) donc M = C. Ex C = 10000
Mais dans le cas d'une économie avec des banques, qui n'octroient pas de crédit, la
partie des dépôts est conservés par les banques en totalité et constitue donc une réserve bancaire,
appelé un système de réserves intégrale
Ex: On suppose que les ménages déposent la totalité de leurs monnaies:
Bilan de la Banque
Réserves 10000 Dépôts 10000

Donc, dans ce cas, l'offre de la monnaie reste inchangée par rapport à la situation où
les 10000 étaient en circulation (économie sans banques).
On peut conclure que si les banques détiennent 100% des dépôts sous forme de réserves, le
système bancaire n'affecte pas l'offre de monnaie.

2 - Système bancaire avec réserves obligatoires fractionnaires


Un système bancaire avec réserve fractionnaire est système dans lequel les banques ne
conservent qu'une fraction des dépôts des clients.

51
Exemple : Considérons un secteur bancaire constitué de n banques, où la banque centrale
impose un taux de réserves obligatoires de 20%. La première banque détient auprès de la
banque centrale 10000 de réserves. Il lui faudra maintenir en permanence sur son compte en
monnaie centrale 2000 de réserves obligatoires et pourra donc accorder avec le reste 8000 de
crédits, créant ainsi 8000 de dépôts dans d'autres banques. Les 8000 de dépôts ne tarderont
pas à circuler. Ils serviront à régler un achat dont le bénéficiaire possède un compte dans la
deuxième banque. Cette dernière enregistre alors 8000 de dépôts supplémentaires et devra
constituer 1600 de réserves obligatoires auprès de la banque centrale. Ainsi disposera-t-elle
de 6400 de liquidités disponibles pour octroyer un crédit. Une fois ce crédit accordé, 6400 de
monnaie supplémentaire auront été créés. Ces 6400 vont circuler jusqu’au compte du client
d’une troisième banque. La troisième banque enregistrera une augmentation de 6400 du
compte de dépôts de son client, constituera 1280 de réserves obligatoires et pourra octroyer
5120 de crédits, et ainsi de suite.

Donc à partir d'un dépôts initiale de 10000 Dépôt initial 10000,00 ∑ Monnaie

est le résultat d’une suite mathématique (dans la 1ere Banque 8000,00 18000,00

quelle on notera r le taux de réserves obligatoires, t le 2eme Banque 6400,00 24400,00

nombre de périodes) : 3eme Banque 5120,00 29520,00

10000+10000 (1-r) +10000 (1-r) (1-r) +10000 (1-r) 4eme Banque 4096,00 33616,00

(1-r) (1-r) +….= 10000 ∑𝑡=0(1 − 𝑟)𝑡 = 10000 / (1-r) 5 3276,80 36892,80
∑𝑡=1(1 − 𝑟)𝑡 6 2621,40 39514,20

Sachant que si |a| <1 alors 1+a+a²+a3…..= 1/1-a 7 2097,20 41611,40

l'expression devient [1+(1-r)+(1-r)²+(1-r)3...]x10000 8 1677,70 43289,10


1
= x 10000 9 1342,20 44631,30
1−(1−𝑟)
10 1073,70 45705,00

1
Le multiplicateur monétaire a pour valeur :
𝑟
Au total, il sera crée dans cet exemple cinq fois plus (multiplicateur) de monnaie qu’il
n’y avait de réserves au départ. Le montant total de monnaie créée (ici 50000).
On conclusion dans un système bancaire avec réserves fractionnaires, les banques
créent de la monnaie, et plus le coefficient de réserve est faible, plus la quantité de monnaie
créer est élevée.

52
Application 1 :Quelle est la quantité de monnaie bancaire créée dans les conditions suivantes:
1. dépôts initial 800, réserve obligatoire de 30%.
2. dépôts initial 10000, réserve obligatoire de 20%.
3. dépôts initial 30000, réserve obligatoire de 5%.

Application 2:
Soit une banque dispose d'un dépôt initial de 100000 en monnaie centrale auprès de la BC,
avec un taux de réserve de 40% :
1. déterminer le montant que la banque octroie lors du premier dépôt, 2eme dépôts et 3eme
dépôts?
2. déterminer la somme des crédits que cette banque aura octroyée au terme de la n ième
octroie?
3. La BC a décidé d'instaurer un taux réserve de 20%, refaire la question 1 et 2?
4. Conclure?

Ces exemples réduisent au maximum les « fuites » de liquidité qui limitent la création
monétaire des banques. Aux fuites dites institutionnelles (réserves obligatoires), il faut ajouter
celles dites « autonomes » (retraits de billets et paiement interbancaires). Sous l’hypothèse que
ses fuites soit simples à prévoir (la préférence pour les billets représente une fraction connue et
stable des dépôts de même que les réserves excédentaires pour régler les paiements
interbancaires):

 Fuites en billets dite (autonomes) : Si les ANF utilisent plus de MF au détriment de


la MS, en d'autres termes si les ANF transforment une partie de leur crédit sous forme de billets
(b) : MF>MS
∑ 𝑩𝒊𝒍𝒍𝒆𝒕𝒔
Taux de fuite en billets (b) =
𝑴

 Taux de réserves obligatoires dites (institutionnelles): Les banques sont obligées de


détenir auprès de la Banque Centrale une partie (fraction) des dépôts appeler réserve
obligatoire permettant aux déposants de faire les retraits lorsqu'ils le souhaitent
𝐫é𝐬𝐞𝐫𝐯𝐞𝐬 𝐨𝐛𝐥𝐢𝐠𝐚𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞𝐬
Taux de réserve obligatoire (r) =
𝐝é𝐩ô𝐭𝐬

Par conséquence, on peut exprimer le jeu (Modèle) du multiplicateur entre la masse


monétaire et la monnaie centrale comme suit:
53
Soit M la masse monétaire égale à la somme des billets C et des dépôts D.
M=C+D
Soit B la base monétaire égale à la somme des billets C et des réserves R.

B=C+R
Avec des ratios constants de préférence pour les billets (b), de réserves obligatoires
(r), et de réserves excédentaires (e), Avec B = C+R et puisque C = bD et R = r(1-b)D (les
réserves se calculent après déduction des fuites de billets)
La base monétaire devient B=bD + r(1-b)D = D (b+r-rb)
1 1
Donc D = B D = kxB Donc k = appelé multiplicateur
𝑏+𝑟−𝑟𝑏 𝑟+𝑏−𝑟𝑏

La masse monétaire (au sens strict) est un multiple de la base monétaire, d’autant plus
grand que les fuites contraignant les banques à restaurer leur liquidité sont faibles. Il y a dans
cette perspective l’idée qu’en agissant sur les facteurs institutionnels de la liquidité et en
contrôlant la base monétaire, la banque centrale peut parfaitement contrôler la masse monétaire
dans son ensemble.
Autrement dit, dans le cas où il y a une forte préférence pour la liquidité (MF), cela
implique un coefficient élevé de fuite de billet b
Alors k sera moins élevé : si b augmente, k baisse et si r baisse, k augmente.

II - La séquence keynésienne : la " création " monétaire et le diviseur de crédit

A - la séquence Keynésienne : la " création" monétaire

Selon cette optique, la banque crée ex nihilo la monnaie qu’elle prête ; dans ce cas, le
mouvement se fait non pas des ressources vers les emplois, mais, des emplois vers les
ressources, selon l’adage " les crédits font les dépôts ". Il n’y a pas duplication mais
véritablement, création. Selon KEYNES, c’est l’investissement initial, qui va créer une épargne
qui lui est égale.

B - Le diviseur de crédit

Le mécanisme multiplicateur fait de la masse monétaire une quantité déterminée par


des réserves préalables détenues par les banques auprès de la banque centrale, autrement dit,
une quantité que la banque centrale peut fixer. Dans ce schéma, la monnaie est donc une
quantité exogène fixée par la banque centrale. La création monétaire s’inscrit dans un schéma
de « monnaie exogène ».

54
Un tel schéma apparaît toutefois peu réaliste. Le mécanisme du multiplicateur de
monnaie ignore la possibilité qu’ont les banques d’emprunter la monnaie centrale dont elles ont
besoin. Ainsi les banques n’ont pas besoin de détenir au préalable un excédent de monnaie
centrale pour prêter. Elles prêtent puis se refinancent. Dans ce cas, les banques créent la quantité
de monnaie qu’elles souhaitent en répondant à la demande de crédit de leurs clients, et la base
monétaire s’ajuste en conséquence.
Après avoir crée une quantité supplémentaire ∆M de monnaie en accordant des crédits,
les banques devront se procurer une fraction ∆B de monnaie centrale (billets et dépôts auprès
de la banque centrale) pour se refinancer. La base monétaire devient une division de la quantité
de monnaie mise en circulation par les banques : ∆B = ∆M / K, ou K désigne le « diviseur de
crédit ». C’est le mécanisme du diviseur de crédit. Dans ce schéma, la monnaie est « endogène »
car elle résulte d’une demande propre au système économique (celle exprimée par les
particuliers qui demandent des crédits auprès des banques ou émettent des titres que celles-ci
achètent) et non pas la volonté d’une institution extérieure (telle que la banque centrale).

Dans un système de monnaie endogène, la capacité de la banque centrale à contrôler


la monnaie et donc à pouvoir conduire une politique monétaire est remise en question. Pour
autant, la maîtrise qu’elle conserve de la quantité et des modalités du refinancement lui préserve
une influence, certes indirecte sur la création monétaire, mais déterminante pour le
fonctionnement du secteur bancaire. Les périodes de crises permettent de s’en convaincre.
Par conséquent, la notion de diviseur de crédit signifie que les banques ne prêtent pas
les dépôts mais accordent les prêts et quand des fuites surviennent elle cherche des financements
pour les compenser (le recoure à la BC).
Par contre, la notion de multiplicateur de crédit signifie que les banques collectent les
dépôts, constituent une réserve obligatoire et prêtent entièrement et automatiquement le
reliquat.

Application 3:

55
Dans une situation ou les parts de billets dans la masse monétaire est de 15%, avec
un taux de réserve obligatoire de 20%, et on constate une augmentation des crédits de 10000.
1. Quel est le montant du besoin de refinancement en monnaie centrale?
2. On suppose que la banque centrale décide d'abaisser le taux de réserve obligatoire
à 10%, que se passe t-il?

Application 4:

On suppose que les bilans de système bancaire sont composés comme suit :
Bilan consolidé des Banques commerciales Bilan Banque centrale

Réserves 75 Refinancement 145 Or et devises 100 Billets 200


Crédits 1570 Dépôts 1500 Créance/trésor 30 Réserves 75
Refinancement 145
1 - Quelle est le taux de réserve ?
2 - Déterminer le diviseur ?

Application 5:

Un système bancaire est composé des banques commerciales et d’une banque centrale
dont les bilans respectifs se présentent comme suit :
Bilan consolidé des Banques commerciales Bilan Banque centrale

Réserves 100 Refinancement 200 Or et devises 100 Billets 350


Crédits 1100 Dépôts 1000 Créance/trésor 150 Réserves 100
Refinancement 200
1. déduire le taux de la réserve obligatoire?
2. déterminer le diviseur de crédit?
Supposons que les banques commerciales accordent un nouveau crédit d’un montant de 400:
3. déterminer le besoin supplémentaire des banques en monnaie centrale?
4. déduire les montants respectifs des réserves obligatoires et des fuites en billets
correspondants?
5. présenter les bilans précédents, en supposant que la Banque Centrale, accepte
d’accorder un refinancement équivalent au besoin supplémentaire des banques?

56
Questions à choix multiples
(Pour chaque question, une réponse est possible)

1- L'escompte est une opération 7- La base monétaire se compose de :


impliquant a. les billets en circulation et les dépôts à
a. deux agents financiers vue
b. deux agents non financiers b. les billets en circulation et les réserves
c. un agent financier et un agent non bancaires
financier c. les réserves bancaires et les dépôts à
d. un agent financier et deux agents non vue
financiers d. les billets en circulation, les dépôts à
vue et les réserves bancaires.
2- Il y a création monétaire 8- les principaux acteurs de création
a. lorsqu'une entreprise fait crédit à une monétaire sont:
autre entreprise a. les banques commerciales
b. lorsqu'un employeur accorde une b. les banques commerciales et la banque
avance sur salaire à un salarié centrale
c. lorsqu'une banque accorde un crédit à c. les banques commerciales, la banque
une autre banque centrale et le trésor publique
d. lorsqu'une banque accorde un crédit à d. les banques commerciales, la banque
un particulier centrale et l'administration publique
3- La monnaie est créée par : 9- La destruction de la monnaie c'est :
a. la monnaie scripturale a. bruler les billets
b. les billets b. ne pas déposer les billets en banques
c. les pièces c. octrois de crédit
d. les chèques d. remboursement de crédit
4- Deux banques A et B disposent chacune 10 - Dans le modèle de la création monétaire
de 50% des parts de marché sur les dépôts. par les banques, si les réserves du système
A accorde 1000 de nouveaux crédits et B bancaire augmentent de 100 (dépôt), alors
de 500. Il n'y a pas de banque centrale: les dépôts à vue vont augmenter de 667
a. A refinance B pour 250 lorsque le coefficient de réserves est :
b. B refinance A pour 250 a. 0,01
c. A refinance B pour 500 b. 0,05
d. B refinance A pour 500 c. 0,15
d. 0,20
5- Il y a destruction monétaire si: 11- Lorsque le taux de préférence pour les
a. la BC brûle des billets usagés billets est de 50% et le taux de réserves
b. une banque reçoit des devises d'un de obligatoires est également de 50%, le
ses clients multiplicateur de crédits est de :
c. un importateur demande des devises à a. 0
une banque résidente b. 0.75
d. un importateur demande des devises à c. 1
une banque non résidente d. 1,33
6- Si on limite les fuites, à la réserve 12- Le multiplicateur monétaire est:
obligatoire qui est de 20%, un dépôt initial a. négativement lié à la base monétaire
de 20000 permet la création de : b. positivement lié au coefficient de
a. 60 000 réserve
b. 80 000 c. négativement lié au coefficient de
c. 100 000 réserve
d. 120 000 d. indépendant du coefficient de réserve

57
Questions de cours :
Qu'elles sont les mécanismes de la création monétaire?

Qu'elles sont les limites de la création monétaire ?

En quoi consiste le mécanisme du multiplicateur de crédit?

En quoi consiste le diviseur de crédit?

Exercice d'application
On suppose que le système monétaire d’un pays est composé de banques commerciales et
d’une banque centrale dont les bilans respectifs se présentent comme suit :
Bilan consolidé des Banques commerciales Bilan Banque centrale
Réserves 170 Refinancement 170 Or et devises 50 Billets 150
Crédits 850 Dépôts 850 Créance/trésor 100 Réserves 170
Refinancement 170

1. déduire le taux de la réserve obligatoire et le coefficient de préférence pour les billets?


2. déterminer le diviseur de crédit?
Supposons que les banques commerciales accordent un nouveau crédit d’un montant de
265,6:
3. présenter les nouveaux bilans bancaires en supposant que la Banque Centrale, accepte
d’accorder un refinancement équivalent au besoin supplémentaire des banques?
4. la banque centrale décide d’abaisser le coefficient de réserves obligatoires à 10%, et
on suppose que les banques commerciales prêtent sous forme de crédits leurs réserves
excédentaires. Ecrire les nouveaux bilans bancaires.

58
Chapitre III – Demande de monnaie et politique monétaire
Les politiques économiques contemporaines vient soit à remédier à des échecs de
marché, ou limiter les perturbations introduites précédemment par l'Etat; soit à effectuer des
redistributions face à un équilibre considéré comme trop inéquitable, ou à favoriser certaines
catégories sociales; soit à faire que l'action de l'Etat favorise les initiatives des autres agents
économiques (stabilité juridique et fiscale…).

Section 1- L'offre et la demande de monnaie et l'équilibre sur le marché


monétaire

I - Définition de l’offre de monnaie :

L’offre de monnaie Ms est considérée donnée. C’est la quantité de monnaie en


circulation ; elle est déterminée par les considérations de politique économique et spécialement
la politique monétaire.

II - Demande de monnaie Md:

A - les déterminants de la demande de monnaie Md :

La demande de la monnaie est déterminé par la quantité de monnaie que les différents
agents économiques désirent détenir, ces agents économiques détiennent de la monnaie pour
trois motifs soit pour :
Motif de transaction : les gents ont besoin de liquidités pour réaliser des transactions
(achats…). Cette demande augment avec l’augmentation du revenu national (Y : activité
économique).
Motif de précaution : les agents détiennent de la monnaie pour se prémunir contre
des sorties de fonds imprévues. Cette demande augmente avec l’augmentation de revenu y.
Motif de spéculation : les gens veulent spéculer sur les encaisses qu’ils détiennent
s’ils n’ont pas besoin de les dépenser dans l’immédiat. Cette demande augmente avec
l’augmentation de la richesse w.
De plus, la demande de monnaie « encaisse à des fins de précaution et de spéculation)
dépend inversement du taux d’intérêt.
Il faut rappeler que les gents peuvent détenir de la monnaie ou des obligations sur
lesquelles ils perçoivent un rendement. Le taux d’intérêt est le coût de détenir de la monnaie au
lieu des autres actifs. Si le taux d’intérêt augmente, alors le coût de détenir la monnaie augmente
ce qui implique qu’on demande moins de monnaie.

59
B - Distinction entre demande de monnaie réelle et nominale :

La Md nominale reflète la valeur de Md en terme d’unités monétaires. Par contre, la


Md réelle (ou encaisse réelles) mesure le pouvoir d’achat de la monnaie. Généralement,
lorsqu’on parle de Md on désignera Md réelle. On peut dériver la demande de monnaie Md
comme fonction du :
Y (revenu national ; effet positif);
r (taux d’intérêt ; effet négatif);
w (richesse « wealth » ; (effet positif mais qu’on ignorera ici);
P (prix ; la Md nominale augmente dans les mêmes proportions que P pour
maintenir la valeur réelle de la monnaie).
La fonction de demande de monnaie est : Md = M(Y,r) avec Md = M/P
Si on suppose que l’offre de monnaie est donnée, la courbe de Ms sera verticale
(déterminée par la politique de la banque centrale), l’équilibre sur le marché monétaire se
présente graphiquement comme suit :

Taux d’intérêt
r
L’équilibre (𝐸0 ) sur le marché
𝑀𝑠 𝑀𝑠 1
monétaire est celui où la Md est
égale à l’offre de M (𝑀𝑠 ). La
quantité de monnaie d’équilibre est
𝑀0 est le taux d’intérêt équilibrant
𝑟0 Equilibre 𝐸0 le marché monétaire est 𝑟0 .

𝑀𝑑

M (quantité de monnaie)
𝑀0 𝑀1

Section 2- La politique monétaire

I - Définition et objectifs de la politique monétaire

La politique monétaire est l'action par laquelle l'autorité monétaire, agit sur l'offre de
monnaie dans le but de remplir son objectif de triple stabilité, à savoir la stabilité des taux
d'intérêt, la stabilité des taux de change et la stabilité des prix, et comme elle est aussi une
composante importante de la politique économique générale, elle tâche également d'atteindre
les autres objectifs de cette politique dont, la croissance, le plein emploi, la stabilité des prix et
60
l'équilibre de la balance des paiements. Ces objectifs sont généralement résumé sous le non du
"carré magique de Kaldor". L'accent est, en général mis sur la stabilité des prix (la lutte contre
l'inflation). M.Friedman insiste sur la stabilité monétaire pour encadrer les anticipations, mais
plutôt, V. Hayek met l'accent sur l'aspect restrictive des politiques monétaires pour retrouver
un fonctionnement plus libérale de l'économie.
Pour être efficace cette politique économique doit être cohérente, ce qui signifie qu’il
ne peut y avoir de politique monétaire indépendante de l’ensemble de l’action économique des
pouvoirs publics.
La politique monétaire, comme son nom l'indique vise à atteindre des objectifs
économiques réels (consommation, emploi, investissement…) grâce à des moyens monétaires,
donc agit sur la masse monétaire.
Afin d'atteindre un objectif final (plein emploi, stabilité de la valeur de la monnaie…),
les autorités monétaires se fixent des objectifs intermédiaires (croissance de M3 par
exemple…).
Le terme de "politique" est de nos jours quelque peu vidé de son sens originel, dans la
mesure où la plupart des Banques Centrales sont devenues indépendantes des gouvernements.
Elles ne sont plus soumises au contrôle démocratique des citoyens, mais restent assujetties à
des normes théoriques, et concrètes , imposées par les marchés financiers.
On distingue quatre niveaux au sein des dispositifs de la politique monétaire : les
objectifs finaux, les objectifs intermédiaires, les indicateurs et les instruments.

A - Les objectifs finaux

Le but des autorités monétaires (Banque centrale) est de maximiser le bien être
économique des ménages toute en veillant à garder une stabilité et une sécurité du système
financier. C'est pour cela qu'elles fixent des objectifs à court et à long terme qui représentent
les buts ultimes poursuivis par la politique monétaire. Ce sont des variables qui traduisent la
fonction-objectif de la banque centrale et qui ne sont pas du tout sous son contrôle. Par exemple,
l’objectif final pour les Keynésiens est d’assurer la croissance économique et la réduction du
chômage.
Par contre pour les monétaristes c’est plutôt la stabilité des prix ou du PIB nominal.
De nos jours les objectifs finaux sont éclectiques, mais avec un ordre de priorités.
En principe, les objectifs macro-économiques de la politique monétaire sont :
1. Une croissance soutenue de l'économie favorisant ainsi l'épargne, l'investissement et
l'emploi.

61
2. Le maintien de niveau des prix en adéquation avec le développement économique .
3. Réduire les pressions sur les avoirs extérieurs en confortant les réserves de change et
maintenir une stabilité de la monnaie nationale.
Cette priorité peut être rapprochée des thèses monétaristes, qui considèrent que la lutte
contre l'inflation constitue l'objectif prioritaire de la politique économique et que le meilleur
moyen de lutter contre l'inflation consiste à agir sur la création de la monnaie.
Pour Bank Al-Maghrib, l’objectif principal est la stabilité des prix52, mais une fois cet
objectif est atteint, la banque centrale, doit apporter son soutien aux politiques économiques
générales. Donc la stabilité des prix se présente comme l’objectif final principal, donc non
exclusif. La banque centrale est censée concourir à la bonne marche de l’économie réelle
(croissance, emploi…etc.) à condition que la stabilité des prix soit garantie.
Puisque la banque centrale ne peut pas contrôler directement ces grandeurs
économiques (croissance, prix…), qui réagissent avec des décalages à long terme, et ne sont
observables qu'avec un retard important, des objectifs intermédiaires s’avèrent nécessaires.

B - Les objectifs intermédiaires

Les objectifs finaux ne peuvent être directement suivis par les autorités monétaires; en
particulier, la stabilité des prix n'est pas directement sous le contrôle de la politique monétaire.
Dés lors, des objectifs intermédiaires sont définis, plus immédiatement sous le contrôle des
décideurs et dont la réalisation crée les conditions favorables à la réalisation des objectifs
finaux.
Le choix de ces objectifs intermédiaires se justifie par le lien de causalité avec
l’objectif final.
Ces cibles intermédiaires doivent être facilement contrôlables par la banque centrale
(les autorités de tutelle) . Idéalement, un bon objectif intermédiaire doit remplir trois contraintes
:
 être un bon indicateur de l’évolution de l’objectif final ;
 être aisément contrôlé par les autorités monétaires ;
 être lisible par tous les acteurs économiques.
Nous allons prendre deux exemples d’objectifs intermédiaires (les plus importants):
Ces objectifs intermédiaires n'ont pas de valeur en elles-mêmes, si ce n'est leur
corrélation avec les objectifs finaux avec lesquels elles entretiennent une relation causale qui
sont:

52
article 6 du nouveau Statut de Bank Al-Maghrib entré en vigueur en 2008
62
1 - Les objectifs de taux d’intérêt : depuis la seconde guerre mondiale jusqu’au milieu des
années 70, sous l’influence des analyses keynésiennes, l’objectif final des économies
développées était la croissance économique et la réduction du chômage. Le taux d’intérêt
constituait l’objectif intermédiaire adéquat pour atteindre un tel objectif. Les autorités
monétaires devraient trouver le taux d’intérêt le plus significatif qui puisse être contrôlé
facilement au moyen de leurs interventions sur le marché monétaire. Des taux d’intérêts élevés
risquent d’affecter négativement l’investissement et par là risquent de compromettre la
croissance économique. Chaque fois que la conjoncture est mauvaise, la banque centrale peut
stimuler la croissance en baissant les taux d’intérêt. Le choix du taux d’intérêt est laissé à la
discrétion de la banque centrale. A partir du premier choc pétrolier des années 70 on a assisté à
un ralentissement de l’activité économique mondiale et une accélération de l’inflation (situation
qualifiée de stagflation), les thérapies d’inspirations keynésiennes se sont avérées inefficaces
pour résoudre ce problème, c’est, ainsi que l’objectif des taux d’intérêts ont été abandonnées et
la recherche d’autres objectifs permettant de résoudre le problème de l’inflation.
2 - Les objectifs quantitatifs de croissance des agrégats monétaires : l’objectif final étant
la réduction de l’inflation et d’assurer la stabilité des prix. Les objectifs intermédiaires ayant
une relation causale avec un tel objectif sont soit le contrôle de la croissance de la masse
monétaire soit un objectif de change. Pour les monétaristes, il est nécessaire d’abandonner les
mesures discrétionnaires au profit des règles. Pour maîtriser l’inflation, les autorités monétaires
doivent maîtriser la croissance de la masse monétaire et la vitesse de circulation de la monnaie,
puisque pour les monétaristes l’inflation est d’origine monétaire. En plus l’adoption des règles
par la banque centrale renforce sa crédibilité.

C - Les indicateurs

Les indicateurs sont des variables économiques qui fournissent à la banque centrale de
l’information sur l’état de l’économie (les anticipations inflationnistes, le degré expansif ou
restrictif de la politique monétaire….). Il est important de distinguer entre objectifs
intermédiaires et indicateurs. Si un objectif intermédiaire peut devenir un simple indicateur,
l’inverse n’est pas vrai. Par exemple le taux de change est un objectif intermédiaire quand il est
fixe, mais devient indicateur s’il est variable. La progression des salaires nominaux, en
revanche, ne peut qu’être qu'un indicateur. Ce qui compte pour un objectif intermédiaire c’est
sa contrôlabilité et son lien direct avec l’objectif final. Ce qui compte pour un indicateur, c’est
son contenu informationnel. Il n’est pas nécessaire qu’un indicateur ait un rôle causal vis-à-vis
de l’objectif final. Il peut être totalement en dehors du contrôle de la banque centrale.

63
D - Les instruments :

On les appelles aussi les objectifs opérationnels, il s’agit de variables qui sont
directement sous le contrôle de la banque centrale, dans un objectif de maitrise de la création
monétaire. Pour ce faire les autorités monétaires utilisent des actions indirectes (1) (l'Open
market, le réescompte, les réserves obligatoires,…) et des actions directes (B) (l'encadrement
et la sélection de crédit, le ratio bancaire et le taux de change) d'intervention, ce qui détermine
la politique monétaire au jour le jour.

1 - Les actions indirecte

Il existe deux grandes techniques de refinancement des banques par la banque centrale:
l'une s'opère à taux fixe (l'escompte ou plutôt le réescompte) et l'autre à taux variable, qui est
l'intervention sur le marché monétaire.
Dans les deux techniques, le refinancement a deux effets majeurs, un "un effet prix" et
un "effet liquidité" et dans cette perspective la banque centrale vise à agir sur le volume des
crédits distribués soit pour le stimuler ou d'en restreindre. Les actions indirectes les plus utilisés
par la banque centrale sont : l'opération d'open market, l'opération d'escompte (réescompte) et
l'opération par les réserves obligatoires. Il existe d'autres instruments de politique monétaire
mais moins importantes comme: les appels d'offre à 7 jours, les opérations de swaps…

1.1 - L'opération d'open market

L’open market c'est l'opération d'achat ou vente de titres de créance par la banque
centrale sur le marché interbancaire, pour accroitre ou diminuer la liquidité sur ce marché, c'est
un effet liquidité. En achetant des titres (bons de trésor) contre la monnaie banque centrale, elle
injecte de la liquidité dans l'économie et inversement, en vendant des titres, elle absorbe de la
liquidité de l'économie.
Avec cette technique, la banque centrale fournit ou reprend de la monnaie centrale au
système bancaire et donc rend plus facile la création de monnaie par celle ci. En modulant le
volume de ses interventions, la banque centrale oriente les taux du marché en fonction de ses
objectifs. A la différence du réescompte, la banque centrale est libre d’acheter ou de ne pas
acheter des créances aux banques, elle n’est plus liée par l’obligation de réescompter les effets
qui lui sont présentés par les banques.

1.2 - L'opération de réescompte

64
Le réescompte est l’opération par laquelle une banque centrale escompte les effets 53
présentés par une banque et déjà escomptés 54 par celle-ci. Le réescompte est utilisé par les
banques pour se fournir en liquidités auprès de la banque centrale et pourvoir, ainsi, à leur
refinancement en contrepartie de titres de créance privés ou publics. Ce procédé, revenant à une
création de monnaie par la banque centrale, constitue l’un des moyens d’intervention de celle-
ci sur le volume et l’évolution de la monnaie et du crédit. Par ce procédé la banque centrale agit
directement sur le taux d'intérêt auquel elle cède des liquidités aux banque (le taux de
réescompte), en augmentant ce taux, la banque centrale amène les banques à augmenter leur
taux d’intérêt débiteurs et par là une diminution de la demande de crédits par les agents non
financiers et donc agit négativement sur la création de monnaie. L'effet inverse est visé en cas
de baisse du taux de réescompte.
Le réescompte présente certaines limites. Par cet instrument la banque centrale ne peut
pas contrôler directement la base monétaire, elle contrôle uniquement le prix de la monnaie
(taux de réescompte). De même, la banque centrale ne peut pas reprendre la monnaie centrale
précédemment offerte si le besoin d’éponger des liquidités se fait sentir.

1.3 - Les réserves obligatoires

Les réserves obligatoires. Ce sont des avoirs en monnaie banque centrale que les
banques commerciales sont tenues de détenir à la banque centrale sur des comptes non
rémunérés ou faiblement rémunérés . Le montant des réserves obligatoires est déterminé par le
taux des réserves obligatoires, fixé par la Banque centrale, c'est une proportion par rapport aux
dépôt. Lorsqu’elles sont apparues en 1913 aux Etats-Unis, l’objectif initial de leur instauration
était essentiellement prudentiel (assurance d’un minimum de garantie aux déposants). Par la
suite, les réserves obligatoires sont devenues un véritable instrument de politique monétaire
(une variation du taux de réserves obligatoires modifie la liquidité bancaire et par conséquent
les conditions du marché monétaire).
En augmentant le taux de réserves obligatoires, la banque centrale réduit la liquidité
des banques et donc affecter négativement leur capacité d’octroi de crédit. Contrairement à une
baisse de taux de réserve obligatoire accroît la liquidité bancaire, diminue le taux d'intérêt, qui
va impacter positivement le volume des crédits.

53
Effet de commerce : Titre de créance négociable et cessible par voie d'endossement, c'est-à-dire par signature
au dos. Un effet de commerce est un moyen de règlement de crédit et de mobilisation
54
L'escompte est une opération de mobilisation des effets de commerce, opération par la quelle une banque verse
au porteur d'un effet de commerce non échu le montant de celui-ci diminué de l'agio (taux d'escompte additionné
des frais divers).
65
Les réserves obligatoires constituent donc un complément de la politique de taux
d'intérêt, elles ont un effet direct sur le coût du crédit. Cependant, il ne peut répondre
immédiatement aux exigences de la conjoncture, car les autorités ne peuvent modifier
constamment le taux de réserve obligatoire.
Il existe d'autres instruments de politique monétaire mais moins importantes comme:
Les opérations de mise en pension, les appels d'offre à 7 jours, les opérations de swaps…

1.4 - Les opérations de mise en pension


L'opération de mise en pension sur bons de trésor est contraire aux opérations d'open
market, il s'agit d'un type de contrats de gré à gré entre Banque centrale (Bank Al-Maghrib) et
Banques commerciales, par lesquels les deux parties se mettent d'accord pour céder en pleine
propriété des titres moyennant un engagement de rétrocession, à un prix déterminé à l'avance.
1.5 - Les appels d'offre à 7 jours
Les appels d'offre à 7 jours sont les plus utilisés par la banque centrale dans le
refinancement des banques commerciales. La Banque Centrale pend l'initiative en demandant
aux banques commerciales de faire leurs propositions des quantités de monnaie centrales
souhaitées et les taux correspondants et après avoir réunir toutes les demandes, la Banque
centrale choisira un taux et déterminera la quantité qui doit être servie sur la base des différents
propositions des banques commerciales. Ce qui va constituer le seuil minimum des fluctuations
du taux interbancaires.
1.6 - Les opérations de swap de change
Le swap de change c'est une opération d'achat ou de vente de Dirhams au comptant
contre devises et revente ou rachat simultané à terme (à une date bien déterminée) et un à taux
déterminé.
1.7 - Les avances et les facilités des dépôts à 24h
Les avances de dépôt à 24h sont des opérations à l'initiative des banques commerciale
sous forme des facilités permanentes misent à la disposition des banques, afin de faire face à
un besoin éventuel et ponctuel de liquidité ou de placement d'un excédent de trésorerie.

Les opérations par les réserves obligatoires, taux de réescompte et de l'open market et
par leurs caractères global et indirect, apparaissent insuffisantes à elles seules et ont dû être
complétées par d'autres instruments à actions directe.

2 - Actions directe

66
Ce type d'actions, agissent sur la contrepartie de la masse monétaire et reposent sur
une action directe aussi bien sur le volume que sur la valeur de la liquidité détenues par les
banques commerciales. Ces actions s'exercent à travers une surveillance quasi permanente des
banques et des opérations bancaires (crédits, risques, ratios bancaires).

2.1 - Encadrement de crédit

L’encadrement du crédit est une technique de politique monétaire consistant à


contrôler la progression et l'extension du crédit distribué par les banques, il agit directement sur
les crédit, par le biais d'une forme de contingentement, chaque banque est limitée dans la
progression du volume de crédit qu'elle peut octroyer à sa clientèle, par la fixation d'un taux
maximum d'expansion dans une durée bien déterminée afin de contrôler la masse monétaire.
Cette forme d'intervention directe permet la maitrise de l'évolution de la monnaie
scripturale. Elle assure une certaine déconnexion entre l'objectif interne (inflation) et l'objectif
externe (politique des taux d'intérêt).
Cette limitation, décidée par voie réglementaire est considérée comme très efficace car
elle s'attaque à la source même de la création monétaire: la distribution du crédit 55.

2.2 - La sélection du crédit


La sélection des crédits favorise le financement jugés prioritaires à travers des mesures
incitatives fixés par les autorités monétaires comme:
 Exemptions aux restrictions et limitation des crédits en période d'encadrement
 Possibilité de réescompte
 Taux de refinancement préférentiel
ou par d'autres mesures contraignantes imposant aux banques d'accorder des crédits
aux secteurs comme les organismes de coopératives agricoles, promotion de construction de
logement sociaux etc…56
2.3 - Les ratios Bancaires

C'est dans l'objectif d'une organisation de pérennité et de confiance en monnaie


nationale. Les ratios les plus importants sont le coefficient de liquidité, coefficient de solvabilité
et le coefficient de division de risque .

55
Technique instaurée au Maroc en 1969 et abandonnée en Janvier 1991 au profit d'une politique par les taux. Il
a été abandonné par ce que, en période de faible inflation, il se justifie moins, d'autant qu'il tend à fausser le jeu
concurrentiel et qu'il est peu efficace, lorsque les capitaux se déplacent librement (la globalisation).
56
Technique abandonnée aussi au Maroc au début des années 90
67
 Le coefficient de liquidité : instauré au Maroc depuis 1969, dans le but de contraindre
aux banques de garder dans leurs actifs au moins 50% de leurs engagements à vue et à
court terme. Dans un objectif, d'imposer aux banques une surveillance de leurs liquidité,
pour faire face aux retraits imprévus de leurs clientèles.
 Le coefficient de solvabilité: instauré au Maroc depuis 1967, dans le but d'inciter les
banques à augmenter leurs capitaux propres proportionnellement à leurs total actifs.
C'est un rapport entre les fonds propres et total engagements à vue et à terme de la
banque. Ceci, dans la perspective de contrôler le volume des crédits.
 Le coefficient de division de risque: instauré au Maroc depuis 1976, dans un but de
limiter un plafond de crédit par client. Ce rapport a été fixé à 10% des fonds propres.
2.4 - Le taux de change
Le taux de change sert à assurer l'équilibre des comptes extérieurs en maintenant la
stabilité du taux de change à un niveau acceptable par l'économie nationale:
 Un taux de change fort rend les exportations plus chers et donc moins concurrentiels ce
qui va affecter le volume des exportations;
 Une dévaluation de la monnaie nationale encourage les exportations mais agit
négativement sur les importations.
Les instruments de la politique monétaire
(Dernier réaménagement de BAM)
Instruments En cas d'excédents de En cas de besoins de
liquidités liquidités
Appels d'offres Reprise de liquidités à 7j à Avances à 7J (3,25%)
hebdomadaires taux variables
Facilités permanentes Facilité de dépôt à 24h Facilité de prêt marginal à
24h (4,25%)
Open Market Vente de bons de trésor sur le Achats de bons du trésor sur
marché secondaire le marché secondaire
Swaps de change Ventes de devises au Achat de devises au
comptant suivie rachat à un comptant suivie de cession à
taux de change et une un taux de change et une
échéance prédéterminée échéance prédéterminé
Pension livrée émission de Emission de ses propres Rachat de ses propres
titres de la banque centrale certificats d'emprunt certificats d'emprunt

II - Le ciblage de l’inflation

Pendant les années 90 on a assisté à une perte de contrôlabilité de la croissance des


agrégats monétaires et l’instabilité de la demande de monnaie à cause des innovations
financières et la libéralisation des mouvements de capitaux ont eu tendance à dégrader les

68
objectifs intermédiaires en indicateurs. Des stratégies de cibles directes d’inflation, associées à
une batterie d’indicateurs, sont apparues dans quelques pays comme une alternative (Nouvelle
Zélande (1990), Canada (1991), Royaume Uni (1993)…), ces pays ont abandonné toute
référence à des objectifs intermédiaire, actuellement la quasi totalité des pays développé, ainsi
que certains pays en voie de développement ont adopté des objectifs d’inflation 57.
Le ciblage d’inflation se caractérise par la fixation d'objectifs quantitatifs pour le taux
d'inflation et par la prééminence d’une inflation faible et stable sur tout autre objectif final. Il
consiste non seulement à annoncer une cible d’inflation, mais aussi à publier en temps réel les
prévisions d’inflation, et à adopter des mesures correctrices à chaque fois que l’inflation
anticipée diffère de la cible.

La cible d’inflation s’inscrit nécessairement dans une perspective de moyen et de long


terme. Un tel objectif assure une plus grande transparence et il est conçu pour renforcer la
crédibilité de la banque centrale plus rapidement que ne le ferait un objectif intermédiaire.
La cible de maîtrise de l'inflation constitue un outil important pour la politique
monétaire, elle aide la Banque Centrale à déterminer les mesures de politique monétaire à
prendre à court et à moyen terme pour favoriser une relative stabilité des prix.
Ainsi, pour mettre en place une politique de ciblage d’inflation certaines conditions
doivent être remplies à savoir :
• l’indépendance de la Banque Centrale
• la stabilité du cadre macroéconomique.
• un secteur financier développé et stable.
Dans ce cas, la Banque centrale se sert de l'influence qu'elle exerce sur les conditions
monétaires et les prix des actifs pour une analyse efficiente des taux d’intérêt à court terme, des
réserves obligatoires et dispose de la possibilité démettre et de racheter ses propres titres de
créances, et ce, pour imprimer à la masse monétaire un rythme d'expansion compatible avec la
fourchette cible de maîtrise de l'inflation, . Si l'inflation se rapproche de la limite supérieure de
la fourchette (par exemple, la banque du Canada prend une fourchette de 1 à 3 %, une bande de
2 à 4% pour le cas du Chili pour le Maroc ce taux est entre 1 et 2%), cela signifie généralement
que la demande de biens et de services au sein de l'économie doit être freinée par une hausse
des taux d'intérêt. En revanche, si l'inflation s'oriente vers le bas de la fourchette, c'est

57
Suite au processus d’innovation et de déréglementation financières des années 80 qui ont remis en cause la
stabilité des fonctions de demande de monnaie, un grand nombre de pays se sont détournés des objectifs monétaires
internes pour adopter, durant les années 1990, des stratégies de cible d’inflation « inflation targeting ». Il s’agit
notamment de la Nouvelle-Zélande, du Canada et du Royaume-Uni suivis dans ce sens par un nombre croissant
de pays émergents (Chili, Brésil, Thaïlande, Afrique du Sud…).
69
probablement que la demande est faible et qu'elle doit être soutenue par une réduction des taux
d'intérêt ou autre solution.
Une politique monétaire axée sur la poursuite d'une cible en matière d'inflation tend
donc à exercer un effet stabilisateur sur la croissance. Le maintien d'un taux d'inflation bas et
stable, encourage les investissements à long terme qui sont de nature à stimuler la croissance
économique future, la création d'emplois et l'évolution de la demande globale.
La cible de maîtrise de l'inflation aide les marchés financiers et le public à mieux
comprendre les mesures de politique monétaire que prend la Banque centrale. Elle constitue
également un bon étalon pour mesurer l'efficacité de la politique monétaire.
L'un des principaux avantages que comporte la poursuite d'une cible explicite de
maîtrise de l'inflation est l'influence que celle-ci exerce sur les attentes concernant l'évolution
de l'inflation. Cette influence se traduit par la prise de décisions économiques — par les
particuliers, les entreprises et les pouvoirs publics — qui ont tendance à renforcer la capacité
de l'économie d'afficher une croissance soutenue non inflationniste.

III - Les canaux de transmission de la politique monétaire

A - Canal du taux d’intérêt

Le canal du taux d’intérêt constitue le principal mécanisme de transmission de la


politique monétaire dans le modèle keynésien de base IS-LM (Investments and Savings -
Liquidity and money) "Investissement et épargne - préférence pour la liquidité et masse
monétaire". La conception keynésienne IS-LM traditionnelle du mécanisme de transmission de
la politique monétaire peut se résumer par le schéma suivant, qui illustre les effets d’une
expansion monétaire :
M↑⇒r↓⇒I↑⇒Y↑
Où M ↑ indique la conduite d’une politique monétaire expansionniste, qui aboutit à
une baisse des taux d’intérêt réels (r ↓) ; celle-ci réduit le coût du capital, ce qui entraîne une
augmentation des dépenses d’investissement (I ↑) et, par là-même, un accroissement de la
demande globale et de la production (Y ↑).
Une caractéristique importante du canal du taux d’intérêt est l’accent qu’il met sur le
taux d’intérêt réel plutôt que nominal58 , comme étant celui qui affecte les décisions des

58
Taux d'intérêt réel est le taux d'intérêt nominal auquel on doit effectuer une correction afin qu'il tienne compte
du taux d'inflation et de la prime de risque. Le taux d'intérêt nominal est le taux d’intérêt qui est défini au
moment de la création d’un emprunt (pour l’emprunteur) ou d'un prêt (pour le créancier) ; ce taux est inscrit dans
le contrat qui lie les deux opérateurs, il peut être soit constant dans le temps, soit variable.

70
consommateurs et des entreprises. Comment se fait-il que des modifications du taux d’intérêt
nominal à court terme induites par une banque centrale entraînent une variation correspondante
du taux d’intérêt réel à court et à long terme ? Cela s’explique par la rigidité des prix, de sorte
qu’une politique monétaire expansionniste qui abaisse le taux d’intérêt nominal à court terme
réduit également le taux d’intérêt réel à court terme .
Le fait que ce soit le taux d’intérêt réel, et non nominal, qui exerce une influence sur
les dépenses constitue un mécanisme important de la façon dont la politique monétaire est
susceptible de stimuler l’économie, même si les taux d’intérêt nominaux atteignent un seuil
zéro lors d’une phase de déflation.
Avec des taux d’intérêt nominaux au plancher, une croissance de la masse monétaire
(M ↑) est susceptible d’élever le niveau des prix attendu (Pe ↑) et donc l’inflation anticipée (πe
↑), entraînant par conséquent une réduction des taux d’intérêt réels (r ↓) même lorsque le taux
d’intérêt nominal est fixé à zéro, et une stimulation des dépenses par le canal du taux d’intérêt
ci-dessus, soit :
M ↑ ⇒ Pe ↑ ⇒ πe ↑ ⇒ r ↓ ⇒ I ↑ ⇒ Y ↑
Par conséquent, ce mécanisme indique que la politique monétaire peut continuer d’être
efficace même lorsque les autorités monétaires ont déjà ramené les taux d’intérêt nominaux à
zéro. De fait, ce mécanisme est un des thèmes principaux des débats monétaristes visant à
expliquer pourquoi l’économie américaine ne s’est pas retrouvée prise dans une trappe à
liquidité durant la grande dépression et pourquoi une politique monétaire expansionniste aurait
pu prévenir la chute de la production durant cette période.
Bernanke et Gertler (1995), affirment que les études empiriques ont eu beaucoup de
mal à déceler une incidence significative des taux d’intérêt par le biais du coût du capital. ils
considèrent que l’échec du taux d’intérêt comme mécanisme de transmission de la politique
monétaire a encouragé la recherche d’autres mécanismes, notamment le canal du crédit.

B - Canal du crédit

Le canal du crédit bancaire est fondé sur l’idée que les banques jouent un rôle
spécifique au sein du système financier, car elles sont particulièrement bien placées pour
résoudre les problèmes d’asymétrie d’information sur les marchés de crédit. Du fait de ce rôle
spécifique des banques, certains emprunteurs n’auront pas accès aux marchés de crédit s’ils
n’empruntent pas auprès d’elles. Tant qu’il n’existe pas de parfaite substituabilité pour les
banques commerciales entre dépôts et autres sources de refinancement, le canal du crédit
bancaire agit de la façon suivante. Une politique monétaire expansionniste, qui contribue à

71
accroître les réserves et les dépôts bancaires, augmente la quantité de prêts bancaires
disponibles. Compte tenu du rôle spécifique des banques en tant que prêteurs à certaines
catégories d’emprunteurs, cette augmentation du volume de prêts conduira à une hausse des
dépenses d’investissement (et éventuellement de consommation). De façon schématique, l’effet
de politique monétaire est le suivant :
M ↑ ⇒ dépôts bancaires ↑ ⇒ prêts bancaires ↑ ⇒ I ↑ ⇒ Y ↑
Une conséquence importante de la thèse du crédit est que la politique monétaire aura
une incidence plus forte sur les dépenses des petites entreprises, qui dépendent davantage des
prêts bancaires, que sur les grandes entreprises qui ont directement accès aux marchés de
capitaux, sans avoir à solliciter les banques.

C - Canal du taux de change

Ce canal traduit la transmission de la politique monétaire à travers l’influence des taux


de change sur les exportations nettes. Ce canal fait également intervenir les effets du taux
d’intérêt car la baisse des taux d’intérêt réels nationaux réduit l’attrait des dépôts nationaux en
monnaie nationale par rapport aux dépôts libellés en monnaies étrangères, ce qui entraîne une
chute de la valeur des dépôts en monnaie nationale par rapport aux dépôts en devises, c’est-à-
dire une dépréciation de la monnaie nationale (figurée par E↑). La dépréciation de la monnaie
nationale favorise les poussées inflationnistes, abaisse le prix des biens nationaux par rapport
aux biens étrangers, ce qui se traduit par une augmentation des exportations nettes (NX ↑) et
donc de la production globale. Par conséquent, le schéma du mécanisme de transmission de la
politique monétaire par le canal du taux de change est le suivant :
M ↑ ⇒ r ↓ ⇒ E ↑ ⇒ NX ↑ ⇒ Y ↑

Ce canal joue un rôle important dans la façon dont la politique monétaire affecte
l’économie nationale.

IV - Le choix de la politique monétaire optimale : le modèle de Poole

Il s’agit d’un modèle IS-LM qui intègre des chocs aléatoires. L’objectif recherché par
ce modèle est de déterminer la politique monétaire optimale permettant d’atteindre l’objectif
final, à savoir le plein emploi. Pour atteindre un tel objectif, la banque centrale a le choix entre
utiliser une politique de taux (fixer le taux d’intérêt et laisser fluctuer la masse monétaire à
travers la fluctuation de la base monétaire) ou une politique de base (fixer la masse monétaire
à travers la fixation de la base monétaire et laisser fluctuer le taux d’intérêt). Le choix de l’une
ou l’autre de ces deux politiques va dépendre de la nature du choc, qu’il soir réel ou monétaire.

72
Nous supposons que les deux chocs ne se produisent pas au même temps. On suppose
que les prix sont rigides, le taux d’inflation anticipé est nul et que l’offre de monnaie est
exogène.
Nous allons envisager deux cas, celui d’un choc réel (sur IS) et celui d’un choc
monétaire (sur LM) et déterminer la politique monétaire optimale.
1er cas : choc réel
Ceci suppose que la demande de monnaie est stable (l’équilibre du marché de la
monnaie est représenté par LM1) et l’équilibre sur le marché des biens et services n’est pas
stable (il pourrait être en IS1 ou en IS2) comme le montre le graphique suivant :

r
LM1

IS2

IS1
Y
Y1 Yf Y2

r LM1

r* LM2

IS2

IS1
Y
Y0 Y1 Yf Y2 Y3
Si la banque centrale applique une politique de base, le revenu va se situer entre Y1 et Y2.
Si la banque centrale applique une politique de taux, fixer r = r*, la courbe LM serait LM2
En appliquant une politique de taux, le revenu va se situer entre Y0 etY3. On remarque
bien que [Y0,Y3] > [Y1,Y2] ceci signifie que la variabilité du revenu est plus importante

73
lorsque la banque centrale adopte une politique de taux. La meilleure politique à appliquer dans
ce cas consiste à fixer l’offre de monnaie et laisser fluctuer le taux d’intérêt.
Lorsque l’économie est sujette à un choc réel, la politique monétaire optimale est la
politique de base.
2ème cas : choc monétaire
Ceci suppose que IS ne subit pas de choc, on sait exactement où elle se situe. Si la
banque centrale adopte une politique de base, dans ce cas LM se situe en LM1 ou LM2
puisqu’elle a subi un choc

LM1
r
LM2

r* LM3

IS

Y
Y1 Yf Y2
Le revenu sera entre Y1 et Y2. Si la banque centrale adopte une politique de taux (fixer
le taux d’intérêt au niveau r*), la courbe LM sera au niveau de LM3, le niveau du revenu sera
celui du plein emploi (Yf).
Dans ce cas, la politique monétaire optimale consiste à fixer le taux d’intérêt et laisser
fluctuer la base monétaire et par là la masse monétaire. Quand l’économie est sujette à un choc
monétaire, la politique monétaire optimale est celle de taux.

74
Questions à choix multiples
(Pour chaque question, une réponse est possible)

1- La politique monétaire a aujourd'hui 7- Le marché des changes c'est :


pour objectif : a. un marché où s'échangent les monnaies
a. de réguler le volume des moyens de nationales
paiement b. le lien entre les différents marchés
b. de contrôler la liquidité des banques monétaires nationaux
c. de maintenir la stabilité du pouvoir c. un compartiment du marché
d'achat de la monnaie interbancaire
d. de limiter les mouvements de capitaux d. le lieu où est déterminé le pouvoir
spéculatifs d'achat de la monnaie
2- Les réserves obligatoires sont : 8- Par l'opération open market on disigne:
a. pour répondre à des critères de
a. un marché international de capitaux
solvabilité
b. un instrument de la politique monétaire
b. pour qu'elles disposent de capitaux
c. le marché interbancaire
propres suffisants
d. un marché où tout le monde peut
c. pour qu'elles puissent fournir des billets
intervenir
à leurs clients
d. pour réguler leur liquidité
3- L'action des autorités monétaires sur les 9- La stabilité du taux de change de la
taux d'intérêt : monnaie nationale est :
a. se fait de façon réglementaire a. incompatible avec l'objectif de stabilité
b. passe toujours par des opérations de des prix
marché b. impossible à réaliser dans un système
c. vise à la régulation de la masse de changes flottants
monétaire c. un objectif intermédiaire de la politique
d. est motivée par un objectif de stabilité monétaire
des prix d. toujours réalisée en changes fixes
4- Une économie d'endettement est 10 - Les produits dérivés sont :
caractérisée par: a. des biens et services négociés sur les
a. un endettement excessif des ménages marchés
b. une insuffisance de liquidités sur les b. des produits financiers ne concernant ni
marchés les actions ni les obligations
c. des entreprises se finançant c. des contrats de transactions d'actifs
principalement après des banques financiers.
d. des entreprises très endettés d. tout cela à la fois
5- La politique monétaire au Maroc a pour 11- Les principaux instruments retenu par
objectif final la banque centrale sont:
a. la lutte contre l'inflation a. les réserves obligatoires
b. la stabilité des prix b. l'escompte
c. une croissance équilibrée c. les opérations d'open market
d. le plein-emploi d. l'encadrement du crédit
6- Les canaux de transmission de la 12- L'opération d'escompte est :
politique monétaire a. une opération d'échange de chèque
a. Taux d'intérêt et le volume de crédit b. une opération de mobilisation de
b. Taux d'escompte et de réescompte monnaie scripturale
c. Taux d'intérêt, crédit et taux de change c. une opération de virement bancaire
d. Taux de change, taux d'escompte et le d. une opération de mobilisation des effets
crédit de commerce

75
Questions de cours :
Qu'elles sont les fondements actuels de la politique monétaire?

Qu'elles sont les principaux instruments de la politique monétaire?

Questions de réflexions
Principes, contraintes et limites des politiques monétaires.

Document pour analyse

Le rôle de la politique monétaire en matière de croissance économique :

"Depuis la fin des années soixante-dix, les part, indiquer clairement au "marché" la
politiques monétaires des banques voie suivie par elles. De ce point de vue, la
centrales ont été contraintes de s'adapter à banque centrale a cherché à répondre à
un environnement extrêmement instable à l'instabilité par une politique plus
l'échelle mondiale. Citons notamment constante, destinée à ancrer les
l'instabilité récurrente des taux de change anticipations.
et le processus de la globalisation La question du rôle de la politique
financière qui change la donne en matière monétaire a été relancée lors de la
de politique économique. Paradoxalement récession du début des années quatre-
en apparence, les banques centrales ont vingt-dix. En effet, un nombre croissant
réagi à ce nouvel environnement par une d'économistes ont été amenés à constater
politique à sens unique: la recherche de la que les économies développées ont subi ce
stabilité des prix. En fait, les autorités que l'on appelle un "choc de taux d'intérêt
monétaires ont cherché à atteindre deux réel" (taux nominal moins inflation
objectifs avec une telle politique: d'une anticipée). Les taux réels auraient un
part, éliminer les anticipations niveau tel que l'investissement aurait été
inflationnistes des agents économiques, pénalisé".
considérant que l'inflation nuit à la
croissance économique et, d'autre
Allégret J.-P., "Croissance économique: quel rôle pour la politique monétaire?",
Informations et Commentaires, n°102, janvier-mars 1998

Analyser et commenter le document.

76
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