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Crédits : 4
Semestre : 1 et 2
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DESCRIPTION DE L’UNITE D’ENSEIGNEMENT
Objectif général
L’objectif général de ce cours est de fournir aux étudiants les éléments nécessaires à la
connaissance et à la compréhension de l'économie contemporaine, de ses grands enjeux et
des débats économiques actuels. Ce cours essaie de dépasser l'expression des opinions grâce
à l'exposé des débats scientifiques qui contribuent à expliquer les données et les dynamiques
économiques.
Objectifs spécifiques
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CONTENU DE L’UNITE D’ENSEIGNEMENT
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SEANCE 1
Objectif : à l’issue de cette séance, l’étudiant doit être capable de définir la science économique,
présenter son objet, ses caractéristiques et faire la distinction entre la microéconomie et la
macroéconomie.
1. Introduction
La science économique est bien entendu une science humaine puisqu’elle a pour objet d’étude
l’être humain, mais aussi une science sociale, puisqu’elle étudie les individus au sein de la
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société.
Longtemps l’économie fut considérée comme la science de l’accumulation des richesses. Déjà
Aristote proposait une division en trois branches de la science de l’homme : l’éthique,
l’économique et la politique. Si l’éthique relève de l’individu et la politique de la Cité,
l’économique caractérise l’activité familiale. En effet, le mot économie provient du grec
oîkos, qui signifie maison, et de nomos qui représente les règles. L’économie serait, dans
cette perspective, l’ensemble des règles de conduite des activités domestiques. Le philosophe
grec indique que la science de l’acquisition des richesses, la chrémastistique, est un
élément de l’économique. Autrement dit, l’accumulation de richesses n’a pour cadre que la
famille.
Il faudra attendre le développement du capitalisme commercial, après le moyen Âge, pour
considérer la production de richesse étendue à l’échelle de la nation, et non pas limitée à la
famille. Dès lors, l’accumulation de la richesse sera encouragée par l’Etat, notamment chez les
mercantilistes des XVIè et XVIIé siècles. L’économie devient politique, c'est-à-dire que son
champ s’élargit, passant du cadre familial au cadre de la nation. Toutefois, si l’économie est une
science humaine, il convient de se demander ce qui la distingue des autres sciences humaines.
Toute science se donne un objet d’étude précis qu’elle tente d’analyser. Si la science politique
privilégie l’étude du pouvoir, la science économique se concentre, elle, sur la rareté.
Le constat de départ de l’analyse économique est somme toute assez simple : les hommes
éprouvent des besoins illimités, mais les ressources dont ils disposent pour les satisfaire
n’existent qu’en nombre limité (phénomène de rareté), en conséquence, ils doivent faire des
choix.
On définira le besoin économique comme un manque qui peut être satisfait par l’acquisition ou
la consommation de biens et de services, sachant que ces mêmes biens et services sont produits
en quantités limitées.
John Maynard Keynes dans Essais sur la monnaie et l’économie (1930) distingue deux
catégories de besoins :
- ceux qui possèdent un caractère absolu que l’on ressent, quelle que soit la situation des autres
individus ;
- et ceux qui ont un caractère relatif, que l’on éprouve au contact des autres. Bien
entendu, les premiers peuvent atteindre un seuil
Microéconomie et macroéconomie
Toutes les théories libérales reposent sur l’hypothèse de la rationalité des agents
économiques. Selon cette hypothèse, tout choix, toute décision prise par un individu se fait à
la suite d’un calcul coût/avantage. Face à chaque situation, chacun cherche à évaluer les coûts
(en termes financiers, mais aussi de temps, d’efforts, d’investissement personnel…) et les
avantages (en termes financiers, mais aussi de bien-être personnel). Le comportement retenu
sera donc celui qui apportera l’avantage le plus élevé par rapport au coût supporté. Les agents
économiques sont considérés comme ayant un comportement d’homo oeconomicus, c'est-à- dire
comme des individus uniquement motivés par un calcul rationnel. Ils chercheront à éviter
des coûts d’opportunité, qui correspondent aux gains supplémentaires qu’ils auraient pu réaliser
en retenant d’autres choix.
Il est bien sûr utopique de penser que toutes nos actions sont le fruit d’un calcul rationnel : les
achats d’impulsion ne relèvent pas du calcul rationnel, de même que l’amitié, l’amour, les
relations sociales…Les économistes sont bien conscients de cette réalité, mais justifient
l’utilisation de ces modèles par deux types d’arguments.
- Tout modèle induit nécessairement des simplifications, sans quoi la théorie qui en
découle ne pourrait avoir de puissance explicative. Et si le modèle de rationalité
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comportementale n’est pas en adéquation parfaite avec la réalité, mais que malgré toutes
les conclusions de la théorie semblent être corroborées par la réalité, alors on pourra
juger la théorie pertinente…Même si elle repose sur des hypothèses irréalistes. C’est la
position défendue par Milton Friedman prix Nobel d’économie (1976), dans Essai sur
la méthodologie de l’économie positive (1953).
- Ces modèles ont servi de bases à l’élaboration d’autres modèles plus complexes, qui
reposent sur des hypothèses plus réalistes. Ainsi Herbert Simon a développé un
modèle fondé sur l’existence d’une « rationalité limitée » : les agents économiques ne
choisissent pas le meilleur comportement possible, car les coûts liés à la recherche
etau traitement de toute l’information nécessaire pour effectuer un choix rationnel entre
toutes les situations possibles sont beaucoup trop importants. Par conséquent, ils
choisissent la première situation leur paraissant acceptable, même si ce n’est pas
forcément la meilleure. La capacité à faire l’objet d’améliorations est donc une
caractéristique de ces modèles, même si, en retirant certaines hypothèses, ils
deviennent plus complexes
SEANCE 2
Objectif : à l’issue de cette séance, l’étudiant doit être capable de présenter et expliquer les dix
principes de l’économie.
Principe n°2: Le coût d’un bien mesure ce à quoi l’on est prêt à renoncer pour l’obtenir
Parce que l’on doit faire des choix, prendre une décision implique d’être capable de comparer
des coûts et des bénéfices des diverses options possibles.
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De nombreuses décisions de la vie courante impliquent des petits ajustements à la marge d’un
plan d’action préexistant.
Les économistes appellent ces ajustements des changements marginaux. La plupart du temps,
on prendra les meilleures décisions en raisonnant en termes marginaux.
Dans la mesure où les individus prennent leurs décisions en comparant coûts et bénéfices, leur
comportement changera quand les coûts ou les bénéfices changeront. En d’autres termes, les gens
réagissent aux incitations.
Conclusion
Retenons que les gens doivent faire des choix parmi des objectifs conflictuels, que le coût d’une
action se mesure en termes d’opportunités abandonnées, que les êtres rationnels décident en
comparant les coûts marginaux aux bénéfices marginaux et que les individus adoptent des
comportements différents en fonction des incitations qui leur sont proposées.
Principe n°6: Généralement, les marchés constituent une façon efficace d’organiser
l’activité économique
L’effondrement du communisme en Union Soviétique et en Europe de l’Est est un bon exemple
pour illustrer ceci. Les pays communistes croyaient que des organismes de planification centrale
au sein du gouvernement étaient les mieux placés pour guider l’activité économique. Ces
organismes décidaient quels biens et services devaient être produits, en quelles quantités et qui
devait les produire et les consommer. Une idée sous-jacente structurait cette planification
centralisée: seul le gouvernement pouvait organiser l’activité économique de manière à assurer
le bien-être du pays entier.
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Grâce à la main invisible, les marchés allouent en général les ressources de manière efficace.
Conclusion
Retenons que l’échange peut être mutuellement bénéfique, que les marchés constituent
généralement une manière efficace de coordonner les échanges entre individus et que le
gouvernement peut parfois améliorer les choses en cas de défaillance de marché ou de résultat
trop inéquitable.
• Principe n°8: Le niveau de vie d’un pays dépend de sa capacité à produire des biens et services
• Principe n°9: Les prix montent quand le gouvernement imprime de la monnaie
• Principe n°10: À court terme, la société doit choisir entre inflation et chômage
Principe n°8: Le niveau de vie d’une économie dépend de sa capacité à produire des biens
et services
Au plan mondial, les différences de niveaux de vie sont colossales. En 1993, le Français moyen
percevait un revenu del’ordre de 21 000 Dollars. La même année, le Mexicain moyen ne touchait
que 7 000 Dollars, et le Nigérian moyen 1 500
Dollars. Bien évidemment, cette gigantesque disparité des revenus moyens se trouve dans
l’appréciation des qualités de vie. Les habitants des pays à haut niveau de revenu ont plus de
postes de télévision, plus de voitures, une alimentation plus équilibrée, une assistance médicale
plus sophistiquée et une espérance de vie plus longue que les habitants des pays à faible niveau
de revenu.
Principe n°9: Les prix montent quand la banque centrale imprime de la monnaie
En janvier 1921, en Allemagne, un quotidien coûtait 0,30 Mark. Moins de deux ans plus tard, en
novembre 1922, le même journal coûtait 70 000 000 de Marks. Et tous les autres prix allemands
avaient connu la même progression. Cet épisode est l’un des exemples les plus spectaculaires
d’inflation, c’est-à-dire d’augmentation du niveau général des prix dans une économie.
Principe n°10: À court terme, la société est confrontée à un arbitrage entre inflation et
chômage
Si l’inflation est si facile à expliquer, pourquoi a-t-on parfois autant de mal à la contrôler? Parce
qu’on considère souvent que réduire le taux d’inflation contribue à augmenter momentanément
le taux de chômage. Ce compromis de court terme entre inflation et chômage est décrit par la
courbe de Phillips, du nom de l’économiste anglais qui a démontré l’existence de cette relation.
Conclusion
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Retenons que la productivité est à l’origine du niveau de vie, que l’augmentation de la quantité
de monnaie est la source ultime de l’inflation et que la société doit choisir à court terme entre
inflation et chômage.
SEANCE 3
Objectif : à l’issue de cette séance, l’étudiant doit être en mesure de mettre en exergue ce que
savent les mercantilistes et que Aristote et Saint Thomas d’Aquin ne savent pas.
La pensée économique n’a pas émergé au moment de la révolution industrielle, elle s’est
constituée au fil des siècles. Avant le XVIIIe siècle, elle est essentiellement le produit de
philosophes qui se sont inspirés de la pensée grecque, d’Aristote en particulier.
Ci-dessous un tableau qui met en évidence les différentes écoles auxquelles tout responsable
d’institution fait référence, même sans le savoir.
La doctrine économique avant le XVIe siècle - Aristote (384 – 322 avant J-C)
- Saint Thomas d’Aquin (1226-1274)
La formation de la science économique : - Bodin (1530 -1596)
- Le mercantilisme (fin XVe – milieu XVIIIe siècle) - Montchrétien (1576 -1621)
- Les physiocrates (XVIIIe siècle) - Petty (1623 – 1685)
- Cantillon (1680 – 1733)
- Quesnay (1694 -1794)
Les théories classiques (milieu XVIIIe – milieu XIX e siècle) - Smith (1723-1790)
- Ricardo (1772-1823)
- Mill (1806-1873)
- Say (1767- 1832)
La contestation des classiques (XIXe siècle) - List (1789 -1846)
- Marx (1818-1883)
La théorie néoclassique (2émé moitié du XIXe siècle – début du - Menger (1840 – 1921)
XXe siècle - Jevons (1835 – 1882)
- Walras (1834 – 1910)
- Marshall (1842 – 1924)
La théorie de Keynes (1ere moitié du XXéme siècle) - Keynes (1883 -1946).
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Depuis la seconde guerre mondiale, ces théories ont été reprises, combinées et développées.
C’est ce que nous verrons dans les lignes qui vont suivre.
Des philosophes de l’Antiquité se sont déjà interrogés sur la manière de se procurer les biens
indispensables.
1.1.
Aristote
Aristote défend le principe de la propriété privée pour des raisons d’efficacité. Il distingue
deux formes d’activité : celle qui consiste à se procurer des biens pour la consommation
domestique qui lui paraît très légitime et celle vers l’accumulation illimitée des richesses,
c'est-à-dire les commerces et les activités financières, qui sont condamnables. Plus
précisément, il accepte le principe de l’économie marchande mais il propose d’en contrôler
le développement. Il faut un équilibre dans l’échange qui résulte de l’exécution des
contrats conformément aux règles respectées dans la société. Il convient au préalable de
comprendre le fonctionnement de l’économie ; il analyse ainsi les facteurs de production
en introduisant le capital mais il écrit dans son ouvrage « politique » : « il est donc
clair, que, pour le gouvernement domestique (l’économie), les hommes importent plus que
la possession des choses inanimées ». Seul le travail est productif.
C’est au travers des œuvres de Saint Thomas d’Aquin que les enseignements de Aristote vont
se diffuser en Europe à partir du XIIIe siècle. A la demande du Pape, il rédige une « somme
théologique » qui tente de concilier la doctrine de l’Eglise et la pensée aristotélicienne.
Comme Aristote, il accepte le principe d la propriété privée et de l’économie de marché ; il
approfondi la notion de juste prix. Le prix demandé par un artisan par exemple doit
simplement lui assurer la couverture de ses dépenses de matières premières, d’outillage et
d’achat de biens de consommation nécessaire à l’entretien de sa famille.
En outre, il considère le travail manuel comme une obligation pour gagner sa vie, sauf pour ceux
qui ont une fonction spirituelle à titre officiel et il condamne l’esclavage.
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de plus en plus sur les marchands pour financer l’entretien de leurs coûteuses armées.
C’est Adam Smith qui a désigne par le nom de mercantilisme ce courant qui s’est développé
sur trois siècles (il comprend de très nombreux penseurs) et qui voit dans le commerce extérieur
l’un des facteurs principaux de la richesse. Ainsi, Antoine de Montchrestien écrit dans son traité
d’économie politique : « Toute société, pour en parler généralement, semble être composée
de gouvernement et de commerce. Le premier est absolument nécessaire, e le second
secondairement. D’où l’on peut conclure que les marchands sont plus qu’utiles en l’état, et que
leur soin questuaire (activité lucrative) qui s’exerce dans le travail et dans l’industrie, fait et
cause une bonne part du bien public ; que, pour cette raison, on leur doive aussi permettre
l’amour et la quête du profit, je crois que tout le monde l’accordera, considérant que, sans la
convoitise d’avoir et le désir de gagner, qui les précipitent à tous les hasards, ils perdraient la
résolution de s’exposer à tant d’incommodités sur la terre et à tant de naufrages sur la mer ».
Le profit est donc la contrepartie du risque encouru.
Les questions économiques ne sont plus traitées sous l’angle de la morale divine, il s’agit
avant tout de trouver des moyens efficaces pour augmenter la puissance politique du royaume
en développant l’activité économique. Un moyen efficace : celui d’avoir une balance
commerciale excédentaire (exportations supérieures aux importations) pour que les flux
d’entrée des métaux précieux ( or et argent) dépassent les flux de sortie et qu’ainsi le stock
d’or et d’argent s’accroisse. L’activité des marchands doit être favorisée. L’Etat doit adopter
certaines mesures pour stimuler l’activité nationale et la protéger : restriction aux
importations, incitation au développement d’industries.
Les mercantilistes étudient les relations entre de grandes variables comme la masse monétaire,
le niveau de prix, la demande externe et interne ; ils jettent les bases de la macroéconomie.
Ainsi Bodin en s’appuyant sur une fine analyse statistique, montre que l’explication de
l’augmentation des prix (l’inflation) provient d’un accroissement de la masse monétaire.
L’or stimule la consommation en Espagne et fait monter les prix (la demande est supérieure à
l’offre). Les espagnols délaissent les activités productives et augmentent leurs importations.
Le déficit commercial entraîne des sorties d’or. L’abondance d’or se propage dans le reste de
l’Europe et provoque une augmentation des prix.
A la fin du XVIIe siècle, les thèses mercantilistes sont contestées s’expliquant en partie par la
situation de l’économie en France. Une nouvelle doctrine émerge soulignant que l’économie est
régie par des mécanismes naturels et qu’il ne doit pas exister d’obstacles à leur
déroulement pour que ceux-ci fonctionnent bien. C’est la physiocratie. Chaque homme est
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propriétaire de sa propre personne, donc des produits de son travail et ainsi de la terre qu’il
cultive pour satisfaire ses besoins. Cantillon, néomercantiliste établit son circuit économique
dans lequel il distingue les entrepreneurs et tente d’expliquer la formation des prix. Il définit
la valeur intrinsèque d’une chose par la quantité de terre et la quantité de travail qui sont
nécessaires à sa production et il constate que le prix du marché (valeur extrinsèque) des denrées
dont la consommation est assez constante ne s’écarte pas beaucoup de la valeur intrinsèque.
SEANCE 4
Objectif : à l’issue de cette séance, l’étudiant doit être capable de faire la distinction entre le
mercantilisme et la physiocratie et présenter les principaux auteurs du courant classique.
Ce mot a été forgé par Dupont de Nemours et signifie « pouvoir de la nature ». Quesnay, le
fondateur de la physiocratie, reprend l’idée de droit naturel qui justifie la propriété privée. La
prospérité du royaume dépend de son agriculture. Il distingue trois classes dans l’économie :
L’expression d’économie classique est due à Marx qui écrit dans le Capital : « Je fais
remarquer une fois pour toutes que j’entends par économie politique classique toute
économie qui, à partir de William Petty, cherche à pénétrer l’ensemble réel et intime des
rapports de production dans la société bourgeoise, par opposition à l’économie vulgaire qui
se contente des apparences, rumine sans cesse pour son propre besoin et pour la
vulgarisation des plus grossiers phénomènes, les matériaux déjà élaborés par ses
prédécesseurs, et se borne à ériger pédantesquement en système et à proclamer comme
vérités éternelles les illusions dont le bourgeois aime à peupler son monde à lui, le meilleur des
mondes possibles. » Cette économie cherche à déterminer la valeur des marchandises en
partant du travail alors que l’économie vulgaire préfère la notion d’utilité. Pour lui, les deux
illustres représentants de cette école classique sont Smith et Ricardo.
Keynes de son côté regroupe sous la bannière de l’économie classique tous les auteurs qui
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affirment que l’offre crée la demande.
Cette économie classique comprend donc des théories qui présentent des points communs
mais aussi des divergences.
Ces théories sont contemporaines de la première Révolution industrielle.
Dans son ouvrage, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations paru en 1776,
Smith estime que « le travail annuel d’une nation est le fonds primitif qui fournit à sa
consommation annuelle toutes les choses nécessaires et commodes à la vie ; et ces choses
sont toujours, ou le produit immédiat de ce travail, ou achetées aux autres nations avec ce
produit ». L’accroissement des richesses résulte du progrès de la division du travail. Il
analyse le travail dans une manufacture d’épingles et constate que la division du travail entraîne
une sensible amélioration de la productivité et ceci grâce notamment à la spécialisation
des ouvriers, à la diminution des pertes de temps dues au changement de tâche et à l’utilisation
des machines. Ainsi :
« …Cette grande multiplication dans les produits de tous les différents arts et métiers,
résultant de la division du travail, est ce qui, dans une société bien gouvernée, donne lieu à cette
opulence générale qui se répand jusque dans les dernières classes du peuple. Chaque ouvrier
se trouve avoir une grande quantité de son travail dont il peut disposer, outre ce qu’il en
applique à ses propres besoins ; et comme les autres ouvriers sont aussi dans le même cas, il
est à même d’échanger une grande quantité des marchandises fabriqués par lui contre une
grande quantité des leurs ou, ce qui est la même chose, contre le prix de ces marchandises
(…) en sorte qu’il se répand, parmi les différentes classes de la société, une abondance
universelle. »
C’est le travail qui produit. La terre et le capital ne sont que les moyens du travail, ils ne
produisent pas eux-même. Il faut que soit constituée au préalable une avance pour fournir les
outils et subsister jusqu’à ce que la production soit réalisée : il faut donc avoir un capital.
Tous les biens produits doivent être échangés sur le marché. Les entreprises cherchent à
utiliser au mieux leur capital pour satisfaire leur intérêt personnel : le gain. La main invisible
assure l’harmonie des intérêts des individus et conduit donc au bien être général. L’Etat n’a
pas à intervenir sur le marché :
« En dirigeant son industrie de manière à ce que son produit ait le plus de valeur possible,
l’individu ne pense qu’à son propre gain ; en cela, comme en beaucoup d’autres cas, il est
conduit comme par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses
intentions. Et, ce n’est pas toujours ce qu’il y a de plus mal pour la société, que cette fin ne
fasse pas partie de ses intentions. En ne cherchant que son intérêt personnel, l’individu travaille
souvent d’une manière plus efficace pour l’intérêt de la société que s’il avait réellement pour
but d’y travailler. »
Quel est le rôle dévolu à l’Etat ? Celui d’Etat gendarme qui assure les missions de défense et
d’exercice de la justice et celui « d’élever et d’entretenir ces ouvrages et établissements publics
dont une grande société retire d’immenses avantages, mais qui sont néanmoins de nature à ne
pouvoir être entrepris ou entretenus par un ou par quelques particuliers, attendu que pour ceux-
ci, le profit ne saurait jamais en rembourser la dépense ».
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Quelle est la valeur des marchandises ? Elle est égale à la quantité de travail que
la marchandise permet de commander, c'est-à-dire à la quantité de travail qu’on peut obtenir
en échange de cette marchandise : c’est la valeur d’échange. Smith remarque que la valeur
peut exprimer l’utilité d’un bien, c’est sa valeur d’usage. La valeur correspond au pouvoir
d’acheter d’autres biens, c’est la valeur d’échange. Il constate que certains biens comme l’eau
ont une valeur d’usage importante mais pas de valeur d’échange ; d’autres biens comme les
diamants ont une valeur d’usage faible et une forte valeur d’échange.
Smith distingue le prix naturel du prix de marché mais à terme le prix du marché tend vers
le prix naturel. Le prix naturel d’un bien est égal à la somme des salaires, profits ( revenu lié à
l’avance de capital) qu’il faut payer. Sur le marché se confrontent une offre qui propose le
prix naturel et une demande qui est prête à acheter à ce prix. Si la demande est insuffisante,
les offreurs devront baisser le prix pour tout vendre : c’est le prix du marché. Ils rechercheront
des marchés où la demande est abondante. Ainsi, les prix de marché se rapprocheront des prix
naturels. Il faut une libre concurrence.
Ricardo
Ricardo est agent de change à la bourse de Londres. Il devient en 1819 membre de a Chambre
des communes où il demande l’abolition des lois protectionnistes sur le blé.
Ricardo s’est particulièrement intéressé à la répartition des richesses. Il commence par
analyser les différentes catégories de revenu.
Dans ses « principes de l’économie politique et de l’impôt » publiés en 1817, Ricardo définit
le capital comme étant la partie de la richesse employée dans la production : nourriture,
vêtements, outils, matières premières, machines nécessaires au travail ; c’est donc une avance
faite par les épargnants pour produire. La rémunération du capital avancé est le profit. Le
profit correspond à ce qui reste une fois que les salaires ont été payés.
Par ailleurs, le travail est rémunéré par le salaire. Il existe deux catégories de salaire : le
salaire naturel et le salaire de marché. Le salaire naturel est le salaire de subsistance qui
permet d’acheter un panier de biens de consommation nécessaires, celui-ci dépend des mœurs
et coutumes de la population. Si les prix des biens qui constituent ce panier augmentent, le
salaire naturel augmente pour chaque travailleur puisse continuer à avoir ces biens. Le salaire
de marché est celui auquel est réellement payé le travailleur ; il naît de la confrontation de
l’offre et de la demande. Si le travail est rare, le salaire est élevé, si le travail est abondant, me
salaire est bas. Quand le salaire de marché est supérieur au salaire naturel (offre rare, c'est-à-
dire peut de personnes qui peuvent travailler), chaque travailleur peut se procurer plus de
biens et élever ainsi une famille nombreuse. Mais les membres de cette famille vont à leur
tour offrir leur travail, l’offre va donc être beaucoup plus abondante, le salaire de marché va
baisser et se rapprocher du salaire naturel. Il peut arriver que cette offre soit extrêmement
abondante, entraînant ainsi la fixation d’un salaire de marché inférieur au salaire naturel. Dans
ce dernier cas, les besoins primaires ne peuvent plus être satisfaits, la famine sévit réduisant le
nombre de travailleurs. L’offre de travail diminue et le salaire de marché tend vers le salaire
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naturel. Le salaire de marché converge donc vers le salaire naturel ou salaire de
subsistance.
Quelle est la valeur d’échange d’une marchandise ? Celle-ci a deux sources : la rareté et la
quantité de travail nécessaire pour la produire. Mais les marchandises dot la valeur est
déterminée par leur rareté représentent une toute petite partie des marchandises : ce sont des
livres, des tableaux…La valeur d’un bien dépend du travail du travail qui y est directement ou
indirectement incorporé. Le travail indirecte correspond à celui qu’il a fallu utiliser pour
produire des machines ( c’est le capital fixe), pour obtenir les vivres et les matières premières
( c’est le capital circulant).
Ricardo analyse la répartition des revenus entre les salariés, les propriétaires fonciers qui
perçoivent la rente et les détenteurs de capital. Il démontre la baisse tendancielle du taux de
profit qui finit par décourager les détenteurs de capital à investir. Les hypothèses suivantes
sont retenues :
- La valeur des marchandises intègre le travail immédiatement appliqué à leur
production et le travail nécessaire à la production d’outils, de machines et de
bâtiments.
- Les salaires doivent permettre aux salariés de subsister, ils correspondent aux prix des
denrées nécessaires, qui dépendent de la quantité de travail qui y est incorporée.
- Les hommes commencent par cultiver les terres les plus fertiles, mais au fur et à
mesure que la population augmente, des terres de moins en moins fertile doivent être
exploitées. Alors, il faut plus de travail pour produire du blé sur les terres les moins
fertiles et celui-ci est donc plus cher. Sur les terres les moins fertiles, le prix du blé
correspond à la quantité de travail qu’il a fallu pour le produire. Mais sur les terres les
plus fertiles, le prix du blé est supérieur à la quantité de travail nécessaire ; la
différence est la rente perçue par les propriétaires terriens. Les salaires de subsistance
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augmentent donc et le profit, différence entre le produit des ventes et les salaires
diminue.
Un remède à la baisse du profit : le libre-échange. En effet, la baisse du taux de profit peut
être freinée par les importations de produit aux coûts relatifs plus faibles. Ricardo montre que
le libre – échange est mutuellement avantageux pour les pays co-échangistes. Enfin Ricardo
s’intéresse à la monnaie qui est mesurée par son poids d’or. La monnaie en circulation doit
conserver sa valeur en or (c’est le « currency principle »). La monnaie a pour seul rôle
l’échange.
Say
Say, industriel et économiste français, a enseigné au Conservatoire des arts et métiers puis au
Collège de France. Il est l’auteur notamment d’un Traité d’économie politique publié en 1803.
Il se présente comme le disciple de Smith.
Say s’oppose toutefois à Smith en ce sens qu’il incorpore les services dans la
production. Voilà ce qu’il écrit à ce propos à Dupond de Nemours, physiocrate : « Suivant
Smith et son école, le travail est une marchandise aussi quand il est vendable, et suivant
l’humble élève qui vous écrit, le travail du barbier est une marchandise vendable également
quoiqu’il m’ait ôté ma barbe et ne m’ait laissé aucune matière à la place. Il m’a donné ses
services, et moi je les ai consommés ; mais, quoique détruits, ils ont produit, puisqu’ils ont
satisfait à l’un de mes besoins, de même que la pomme que vous avez mangée à votre dessert,
qui est détruite aussi, mais qui était une richesse, puisqu’elle pouvait faire quelque bien ».
Comme tous les auteurs classiques, Say attribue à l’épargne une place importante. Ce qui
n’est pas consommé est épargné et cette épargne permet d’acheter des matières premières, des
machines. C’est une condition nécessaire pour augmenter la production. Cette épargne est
pleinement utilisée.
Qui sont les producteurs ? Ce sont tous ceux qui fournissent des services productifs. Ce sont
les fonds productifs que l’on appelle aujourd’hui les facteurs de production : le travail, les
capitaux et les terres. Leur combinaison entraîne la création de richesses. Ces facteurs sont
rémunérés en contrepartie des services rendus. L’entrepreneur est la personne qui combine les
services productifs.
Say est très connu pour sa loi des débouchés formulée en 1803. Il montre que « c’est la
production qui ouvre des débouchés aux produits ».
La monnaie est un simple intermédiaire des échanges. Dès qu’un individu reçoit de l’argent
en contrepartie du bien vendu, il le dépense en achetant d’autres biens. Tout argent est dépensés,
l’argent oisif ( ou thésaurisé) n’existe pas. La valeur d’échange d’un bien dépend de son
utilité.
Il y a équilibre entre l’offre et la demande mais à long terme. En effet, à court terme, des
désajustements peuvent se produire. S’il y a un excès de produits dans un secteur, il y a
pénurie de produits dans un autre secteur. Les entrepreneurs réajustent alors leur offre :
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L’intervention de l’Etat est donc inutile.
Stuart Mill
Mill reprend l’analyse du commerce extérieur tel qu’il est perçu par Ricardo et se demande à
quel prix les biens peuvent s’échanger. Il bâtit tout un système d’équations pour calculer les
termes de l’échange. Il montre que le prix d’échange se trouve dans la fourchette des coûts
relatifs de chaque pays.
En matière monétaire, Mill s’oppose à Ricardo. La monnaie circule sous la forme de billets
qui représentent un certain poids d’or. Ce sont les banquiers à qui les propriétaires sont confié
leur stock d’or qui en échange leur ont remis des billets qui représentent la valeur de l’or déposé.
A tout moment donc, une personne qui détient ces billets peut les échanger contre de l’or. Pour
Ricardo, il ne peut pas y avoir plus de billets en circulation que l’or déposé. C’est le
« currency principle » . Mill en revanche pense que ce sont les besoins du commerce qui
doivent déterminer la quantité de monnaie en circulation. Si ces besoins augmentent, la quantité
de monnaie doit aussi progresser. Cette quantité ne dépend pas du stock d’or existant.
Mill reprend également l’analyse de Ricardo qui démontre que le profit tend vers zero. Ceci
doit entraîner une réduction de l’épargne et de l’investissement et la production ne progressera
plus. On tend ainsi vers un état stationnaire ( expression de Mill). Mais ce n’est pas un mal. Il
s’agit alors de répartir les richesses de façon moins inégalitaire. Il conteste ainsi le caractère
naturel de la répartition.
SEANCE 5
Objectif : à l’issue de cette séance, l’étudiant doit être capable de discuter de la théorie marxiste
et faire une analyse comparative de la théorie classique et la théorie néoclassique.
La théorie marxiste
Marx s’appuie sur l’analyse de Ricardo pour donner sa propre vision du capitalisme, système
en vigueur à son époque, dans son ouvrage Le capital en 1867.
Qu’est ce que la valeur d’un bien et comment la mesurer ? Pour Marx, le travail constitue la
substance de la valeur. La valeur d’une marchandise dépend du temps de travail socialement
nécessaire pour l’obtenir. Ce temps de travail correspond à la quantité moyenne de travail que
demande la production d’un bien dans les conditions techniques du moment.
19
La théorie de l’exploitation capitaliste
Marx distingue la valeur du travail incorporé dans une marchandise de la valeur de la force de
travail, c'est-à-dire du salaire perçu par le travailleur. Marx distingue deux catégories de revenus
: ceux des travailleurs salariés et ceux des propriétaires des moyens de production.
Les travailleurs vendent aux propriétaires capitalistes leur force de travail pendant une
certaine période et reçoivent en contrepartie un salaire. La valeur de la force de travail
correspond au temps nécessaire à sa production. Pour la produire, il faut consommer différentes
marchandises : aliments, vêtements…La valeur de la force de travail est donc déterminée
par la valeur du panier de subsistance qui comprend tous ces biens de consommation.
La théorie de l’exploitation se résume donc dans l’écart qui existe entre la valeur créée par les
salariés et la valeur de leur force de travail que Marx baptise lui-même plus-value. Cette plus-
value permet aux propriétaires de consommer et d’acquérir de nouveaux moyens de production.
Quels sont ces moyens de production achetés ? Marx distingue le capital constant du capital
variable :
Capital constant = machines (usure des machines plutôt) + matières premières
Capital variable = les salaires
Composition organique du capital = capital constant/capital variable
Le capital constant ne fait que transmettre au bien fabriqué la valeur qu’il a déjà. En revanche,
le capital variable contribue à augmenter la valeur du bien produit.
Dans une économie capitaliste, les propriétaires sont en concurrence et ils ont ainsi tendance à
consacrer une bonne partie de la plus-value qu’ils perçoivent à l’accumulation du capital
constant. Marx remarque un certain nombre de déductions qu’il énonce sous forme de lois.
- Loi n°1 : l’élévation de la composition organique du capital entraîne la substitution du
capital au travail, donc une baisse du besoin en main-d’œuvre. Une armée industrielle
de réserve se constitue ainsi.
- Loi n°2 : la baisse tendancielle du taux de profit découle de cette augmentation de la
composition organique du capital. Le taux de profit se mesure ainsi :
• Taux de profit = plus-value/ ( capital constant + capital variable)
Divisons numérateur et dénominateur par « capital variable », soit :
• Taux de profit = plus-value/capital variable/(capital constant/capital
variable)+1
• Taux de profit = taux de plus-value/(composition organique du capital+1).
On voit bien que quand la composition organique croît, le taux de profit baisse. Certaines
causes peuvent contrecarrer cette loi : la baisse de la valeur unitaire des machines,
l’allongement de la durée du travail, le progrès technique…Mais ces causes ne sont pas
durables et la composition organique du capital augmente. Ce progrès technique entraîne une
surproduction, la crise apparaît, se traduisant par plus de chômage et la disparition des
entreprises les moins performantes. D’où la troisième loi :
- Loi n°3 : la concentration progressive des entreprises résulte du rachat des firmes les
plus fragiles, qui disparaissent, par les plus performantes.
20
- Loi n°4 : le prolétariat et la paupérisation augmentent du fait que les propriétaires
expropriés viennent grossir les rangs des chômeurs.
Ainsi la concurrence diminue, les salariés perdent leur faculté contractuelle mais ces derniers
s’organisent. Selon Marx, cette évolution doit déboucher sur un système où la production vise
la satisfaction des besoins et à une société sans classes.
La théorie néoclassique
L’économie n’est plus la science des richesses (Aristote, Smith), ni celle des échanges et de la
distribution des revenus (Ricardo, Marx), c’est avant tout une science des choix rationnels
réalisés par des individus rationnels qui cherchent à satisfaire au mieux leurs besoins en
combinant des ressources rares.
Qu’y a –t-il de commun entre les classiques et les néoclassiques ? Une adhésion aux principes
du libéralisme économique, à la loi des débouchés (Say) et au rôle de la monnaie. Sur beaucoup
d’autres points, théorie classique et théorie néoclassique s’opposent.
La démarche adoptée est fondée sur l’étude de comportements individuels, influencée par les
sciences de la nature. L’analyse est microéconomique alors que celle développée par les
classiques est macroéconomique. Cette théorie est le fruit de développement de professionnels
qui tiennent des chaires d’économie politique dans les universités. Ceci va accélérer la diffusion
des recherches à l’échelle internationale. Ces professionnels vont largement avoir recours au
formalisme mathématique mais à quelques nuances près. Leur analyse est a- spatiale et
très souvent statique. Plusieurs écoles sont à distinguer :
21
un volume de production pour chaque niveau de prix.
Les facteurs de production comprennent : le travail, les ressources naturelles, les machines.
Les entrepreneurs ont pour rôle de combiner au mieux ces facteurs de production. En fait, les
entrepreneurs sont bien souvent les propriétaires des machines.
SEANCE 6
Objectif : à l’issue de cette séance, l’étudiant doit être capable de présenter la théorie Keynésienne
et sa remise en cause de la théorie néoclassique ainsi que ses prolongements.
La théorie de Keynes
Dans la théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, son œuvre majeure publiée
en 1936 , Keynes met en évidence le rôle déterminant joué par l’incertitude et les
anticipations. Il remet en cause l’analyse néoclassique en montrant que le plein-emploi n’est pas
assuré. Il rejette la loi de Say car pour lui, c’est la demande espérée par les entrepreneurs dans
un environnement incertain qui détermine la production et l’emploi. Sa théorie est
révolutionnaire par son approche systémique, macroéconomique et dynamique des flux
intégrant le rôle de la monnaie dans son analyse et considérant l’Etat comme régulateur du
système général. Keynes a donné naissance à un nouveau paradigme économique, le courant
interventionniste.
Les néo-keynésiens
Keynes ne sait pas comment déterminer les salaires nominaux. Phillips apporte une réponse
en réalisant une étude sur la relation entre le chômage et le taux de variation du salaire en Grand-
Bretagne sur la période 1861-1957. Il met en évidence la relation décroissante entre ces deux
variables ; plus le chômage est faible, plus la concurrence entre employeurs est forte, plus les
salariés peuvent obtenir des hausses de leur rémunération.
Samuelson dans les années 1960 va faire l’hypothèse que les hausses de salaire se répercutent
sur les prix et transforme la courbe de Phillips en courbe inflation-chômage.
Cette courbe a été contestée par Friedman, monétariste. Une augmentation des dépenses de l’Etat
entraîne des embauches pour produire plus et de l’inflation dans un premier temps. Dans un
second temps, les salariés s’aperçoivent que l’inflation érode leur pouvoir d’achat, ils réajustent
à la baisse leur demande et les entrepreneurs diminuent leurs effectifs. Le taux de chômage est
aussi élevé qu’initialement.
22
La combinaison Keynes-Marx
a. Les Postkeynésiens
Les économistes appartenant à ce courant s’attachent à l’analyse du système capitaliste pour
montrer son instabilité. Ils rejettent radicalement la pensée néoclassique, qui ne prend pas
en compte le rôle des institutions économiques et néglige les conflits dans la répartition des
revenus. L’Etat doit alors s’arroger des pouvoirs plus étendus à travers la politique des revenus,
la politique sectorielle et l’action sur les institutions.
b. L’école de la régulation
L’accent est mis sur le caractère historique des modalités de développement du capitalisme
et sur l’importance du cadre institutionnel. Le système économique est défini par son mode de
régulation qui est un ensemble de procédures, de comportements individuels ou collectifs qui
reproduit les rapports sociaux, qui pilote le régime d’accumulation et qui assure la comptabilité
des décisions prises. Le régime d’accumulation est l’ensemble des structures institutionnelles et
des lois économiques qui assure la progression de l’accumulation du capital. Le régime
d’accumulation peut être extensif (fin du XIXe siècle) ou intensif ( de 1945 à 1973). Le mode
de régulation peut être concurrentiel (par le marché) ou monopoliste ( par l’Etat qui stimule les
hausses de salaire entre 1945 et 1973). Le régime d’accumulation et les modes de régulation vont
normalement de pair. De 1945 à 1973, le régime de croissance intensive fondé sur les gains
de productivité conjugué au mode de régulation par l’Etat caractérisé par des prix et des salaires
administrés a entraîné une croissance soutenue de l’activité économique. Lorsque ce n’est pas le
cas, il y a crise comme en 1929 et 1973.
Elle estime que l’analyse keynésienne est complémentaire de celle des économistes
néoclassiques. Dans ce courant citons des économistes célèbres comme P.A. Samuelson, R.
Solow, J.Tobin et J.R. Hicks, tous « nobélisés »…
J.R. Hicks et A. Hansen créent le modèle IS/LM qui présente sous forme graphique l’équilibre
sur le marché des biens (courbe IS) et l’équilibre sur le marché de la monnaie (courbe LM).
L’équilibre sur ces deux marchés ne correspondant pas forcément au plein emploi, l’Etat
doit alors faire varier l’offre de monnaie ou pratiquer un déficit budgétaire. Ces auteurs
ont collaboré à l’élaboration des politiques économiques des présidents Kennedy et Johnson.
Samuelson démontre pourquoi il existe des fluctuations économiques. Pour ce faire, il reprend
l’analyse de Keynes et celle d’Aftalion qui développe la théorie de l’accélérateur. Pour
Aftalion (économistes français du début du 20e siècle), les crises résultent d’une croissance
de la consommation qui entraîne une croissance des investissements. Avant
cela, l’investissement engendre une augmentation des revenus et donc de la consommation
qui suscite une hausse des investissements. Ce processus cesse quand la production dépasse
les besoins. Les investissements sont arrêtés, la production baisse jusqu’à ce que les
équipements en place soient insuffisants pour faire face aux besoins de la population. Clark
formalise ce processus dans les années 1930. Samuelson combine le multiplicateur keynésien
et l’accélérateur pour modéliser les fluctuations économiques.
23
Les économistes inspirés par les néoclassiques.
Schumpeter
Arrow et Debreu
Le modèle de Lewis
Les monétaristes
Le chef de fil des monétariste, Friedman, s’oppose à l’analyse de Keynes en montrant que
la demande d’un consommateur dépend de la somme actualisée de ses revenus présents et
futurs, c'est- à-dire du revenu permanent et non du revenu courant. Toute action de l’Etat
susceptible d’améliorer le revenu courant est donc inefficace.
Par ailleurs Friedman constate qu’il existe un taux de chômage naturel incompressible dû au
délai d’adaptation de la main-d’œuvre à la demande. Ce chômage est insensible à long terme à
toute politique d’intervention. La relation taux d’inflation-taux de chômage de Phillips n’est
valable qu’à court terme.
SEANCE 7
Objectif : à l’issue de cette séance, l’étudiant doit être capable d’analyser les principales
caractéristiques des secteur institutionnels et présenter le circuit économique en économie fermée
puis en économie ouverte.
1. Economie nationale
L’économie nationale est l’ensemble des unités résidentes, c'est-à-dire celles ayant effectué
des opérations économiques pendant au moins un an sur le territoire économique, au Togo par
exemple. C’est donc le critère de la résidence qui est pris en compte, et non celui de la
nationalité. Tous les travailleurs et entreprises de nationalité togolaise et de nationalités
étrangères qui opèrent sur le territoire togolais son des unités résidentes au Togo.
24
Agents économiques et secteurs institutionnels
- Les sociétés et quasi sociétés non financières (SQS-NF) sont l’ensemble des
unités dont la fonction principale est de produire des biens et services marchands non
financiers. Leurs ressources proviennent pour l’essentiel du produit de leurs ventes. Les
SNF-QS ne comprennent pas les entreprises individuelles (classées dans les ménages
car on ne peut pas distinguer le patrimoine de l’entreprise de celui du ménage dont fait
partie l’entrepreneur).
- Les sociétés financières regroupent les unités dont la fonction principale est de
financer (collecter, transformer et répartir les moyens de financement ) ou de gérer ces
moyens de financement.
- Les institutions sans but lucratif au service des ménages (IPSBL) :
autrefois nommés administrations privées, ces institutions sont constituées des unités
produisant des services non marchands au bénéfice des ménages, et dont les ressources
proviennent pour l’essentiel de cotisations volontaires.
- Les administrations publiques (APU) regroupent les unités dont la fonction
principale est de produire des services non marchands ou d’effectuer des opérations de
redistribution du revenu ou du patrimoine. Leurs ressources principales sont composés
des prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales).
- Les ménages regroupent les unités dont la fonction principale est la consommation et
dont les ressources principales sont obtenues par la rémunération des facteurs de
production et par des transferts effectués par d’autres secteurs institutionnels.
- Le reste du monde correspond à l’ensemble des unités non résidentes avec lesquelles
l’économie nationale effectue des opérations pendant l’année. Il s’agit d’un SI fictif
car il regroupe des unités institutionnelles très diverses (ménages, entreprises,
banques…).
25
Circuit économique
L’analyse économique doit fournir une représentation simplifiée d l’économie
pour faciliter son étude.
- La notion de flux
• Des flux réels portant sur des biens ou des services ; c’est le cas quand on
représente la circulation du travail fournit par un salarié à son entreprise, ou celle d’une
marchandise entre le vendeur et le consommateur ;
• Des flux monétaires représentant la circulation « immédiate » de monnaie ; ces
flux sont souvent la contrepartie des flux réels ( par exemple le paiement d’un salaire
en échange du travail fourni par le salarié) ;
• Des flux financiers correspondant à des paiements différés. Ils peuvent être la
contrepartie d’un flux réel ( dette du consommateur envers l’entreprise qui lui fournit un
bien) ou d’un flux monétaire ( dette envers une banque qui a accordé un prêt à son client).
27
Introduction des administrations : la redistribution.
28
Introduction du reste du monde
L’équilibre Emploi/Ressource :
Chaque agent économique est à l’origine de flux entrants et sortants d’un montant équivalent.
Par exemple, les ménages perçoivent des revenus qu’ils dépensent ou épargnent en totalité.
Le circuit économique dans son ensemble est donc caractérisé par l’égalité suivante :
Emplois = Ressources.
Avec :
Emplois = Production + Importations
Ressources = Consommation intermédiaire + consommation finale + FBCF +variation de stock
+ Exportations
Et :
Production : valeur des biens et services crées par les agents économiques nationaux
Importations : valeur des biens et services produits par des agents économiques étrangers et
achetés par des agents économiques nationaux
Consommation intermédiaire : valeur des biens et services acquis par les entreprises et
entrant dans le processus de fabrication des biens et services finis.
Consommation finale : valeur des biens et services acquis par les agents économiques
pour satisfaire leurs besoins individuels et collectifs
FBCF : (Formation Brute de Capital Fixe) valeur des biens durables acquis par les agents
économiques et étant utilisés dans le processus de production
Exportations : valeur des biens et services produits par des agents économiques nationaux et
29
cédés à des agents économiques étrangers (le Reste du Monde).
Conclusion
Somme toute, les théories économiques ont évolué dans le temps et dans l’espace. L’objet est
soit d’expliquer les situations économiques qui prévalent, soit d’aider à la prise de décision dans
les orientations de politiques économiques. Le but final est de trouver la meilleure politique
économique pour impulser la croissance économique et par ricochet le développement
économique et donc l’amélioration des niveaux de vie. Dans le chapitre suivant, justement, nous
étudierons le concept de la croissance économique et les conditions qui permettent la réalisation
de celle-ci.
30
SEANCE 8
Objectif : à l’issue de cette séance, l’étudiant doit être capable de mesurer l’activité économique
et faire la distinction entre le produit national et le produit intérieur.
1. La production
La production désigne une activité socialement organisée consistant à créer des biens ou des
services qui satisfont des besoins individuels ou collectifs.
- l’activité de production fournit des biens (produits matériels) et des services ( produits
immatériels). Les produits peuvent être classés en fonction de leur utilisation
ultérieure : les produits de consommation sont destinés à la satisfaction directe des
consommateurs (que ces produits soient durables – comme un téléviseur – ou non
durables – comme des biens alimentaires) ; les biens de production sont utilisés pour
réaliser d’autres biens et services.
- Si la majeure partie de la production est réalisée par les entreprises ( sociétés non
financières et sociétés financières), il ne faut pas oublier que les administrations
publiques, de même que les institutions sans but lucratif au service des ménages et les
ménages ( avec les entreprises individuelles), participent aussi à la production.
Pour mesurer la production, un cadre cohérent est souvent utilisé. Le cadre de la comptabilité
nationale. La comptabilité nationale est, donc, une méthode permettant d’obtenir une mesure
quantitative, exprimée en valeur monétaire, de la totalité de l’activité économique d’une
nation au cours d’une période donnée.
la comptabilité nationale ne constitue pas une théorie économique, mais est un ensemble de
règles régissant la collecte et la présentation de renseignements chiffrés, selon un cadre
rigoureux.
La mesure de cette activité est exprimée en termes monétaires : Ainsi, on ne mesure pas
l’activité des centrales électriques par le nombre de kilowattheures produits, ni celle des
maraîchers par le nombre de kilos de pommes de terre qu’ils ont fait pousser, mais bien par la
31
valeur en euros de ces kilowattheures ou de ces pommes de terre. Il en résulte cependant que
l’importance relative de chacune de ces activités dans l’estimation globale dépend partiellement
de leur valeur en monnaie : 100 000 kg de pommes de terre estimés à 50 000
FCFA le kg auront plus d’importance que s’ils sont estimés à 25 000 FCFA le kg !
L’estimation porte sur l’activité économique, c’est-à-dire sur l’ensemble des actes par
lesquels des ressources ont été l’objet, soit de consommations, soit de transformations en
biens et services. Il s’agit donc de comptabiliser les opérations économiques effectuées au cours
d’une année : combien de tonnes de charbon ou de minerais ont été extraites du sol national
en un an, combien de constructions nouvelles ont été réalisées, ou combien de biens et services
ont été produits par les travailleurs.
Il est important de réaliser qu’il ne s’agit pas de calculer la richesse existante de l’économie,
comme par exemple l’ampleur de ses gisements miniers, le nombre de ses bâtiments industriels,
commerciaux et domestiques, ou la valeur de sa force de travail. Ce dernier calcul ne concerne
pas en effet le flux d’activité que sont les quantités produites, achetées ou vendues par
unité de temps, mais plutôt des stocks existants. Il relève non pas du revenu national, mais bien
des études de la « fortune » ou du « patrimoine national ». Celles-ci sont évidemment utiles pour
connaître le degré de concentration des richesses, leur affectation, et leur impact sur les
comportements ; mais elles ne portent pas sur l’objectif énoncé ci-dessus, qui est de mesurer
l’activité.
Figure 3.1
32
À cet effet, reportons-nous une fois encore, au schéma du circuit économique. L’activité à
laquelle nous nous intéressons est celle des entreprises, les flèches continues qui en émanent
ou qui y conduisent représentant soit le mouvement des biens et services produits, soit le
mouvement des biens et services nécessités par cette activité ; les flèches en traits interrompus
représentent les montants monétaires payés pour l’acquisition ou la livraison de ces biens et
services.
Il y a dès lors deux premières manières de mesurer l’activité des entreprises : soit calculer
leurs productions pendant la période, soit mesurer les ressources qu’il leur a fallu utiliser
pendant cette période pour réaliser ces productions. Les deux mesures doivent être équivalentes.
Le schéma ci-dessus rappelle en effet les principes qui régissent les comportements des
entreprises sur les marchés des facteurs : toute recette de vente d’un produit est finalement
« imputée » au détenteur d’un facteur, et si l’absence de perfection dans la concurrence ne
permet pas une imputation exhaustive aux facteurs, le profit résiduel « sort» néanmoins de
l’entreprise pour être attribué aux propriétaires de celle-ci. Dès lors, mesurer le produit national
« par le haut du circuit » (approche par les produits) ou « par le bas du circuit
» (approche par les revenus) doit revenir logiquement au même. Dans le premier cas, on estimera
la valeur de tous les outputs de l’activité, dans le second, c’est la valeur des inputs (y compris
les profits éventuels) qui est calculée (des définitions précises sont données ci-après). L’analyse
macroéconomique a conduit les comptables nationaux à adopter un troisième point de vue,
appelé approche par les dépenses.
33
Considérons en effet la partie supérieure du circuit de la figure ci-dessus : l’approche par les
produits consiste essentiellement en une énumération de tous les outputs de l’économie,
classés selon leurs caractéristiques sectorielles ou physiques (produits agricoles, industriels,
miniers, services commerciaux, de transport, de télécommunication, etc.), mais sans
distinction de destinataire ou de consommateur. Ainsi, les voitures automobiles peuvent être
vendues à des pensionnés pour faciliter leur promenade du dimanche, ou à des entreprises de
taxis pour suppléer aux transports urbains : l’approche en question ne retient pas ces destinations
des produits. Or, il est évident qu’il s’agit là de deux types différents de demande pour les
automobiles : selon l’évolution de l’un et de l’autre, le total des automobiles dans le produit
national risque d’être diversement influencé. Dès lors, il y a intérêt à estimer l’activité
économique globale du point de vue de ceux qui demandent les produits, c’est-à-dire d’analyser
les composantes des dépenses. C’est ce que tente de représenter la figure ci- dessous.
Figure 3.2.
34
Dans ce graphique, il est tenu compte du fait que les dépenses pour les produits
sont effectuées, non seulement par les ménages, pour leur consommation courante, mais
aussi par les entreprises qui sont aussi « consommatrices » des produits réalisés par
d’autres entreprises. L’information principale que fournit l’approche par les dépenses
concerne précisément la part du produit total que consomment les ménages, et celle qui est
absorbée par les entreprises.
Telles sont donc les trois approches utilisées aujourd’hui. Elles aboutissent à la même
estimation globale… sous réserve des erreurs statistiques ! Cette équivalence comptable est
fondée en effet sur la manière dont la structure du système économique est conçue par les
économistes. Afin que les règles de comptabilité sauvegardent l’égalité finale, elles doivent
s’inspirer de la logique économique sousjacente à leur établissement — et non l’inverse !
D’autre part, l’équivalence mentionnée justifie que la littérature économique emploie
fréquemment comme synonymes les termes de revenu national, produit national et dépense
nationale. Nous étudierons maintenant chacune des trois approches, pour préciser les
renseignements qu’elles sont susceptibles d’apporter.
L’approche par les produits conduit à l’estimation du produit national, qui se définit comme
: la valeur monétaire de l’ensemble des biens et services venus à existence dans une
économie pendant une période donnée. Il s’agit donc d’une énumération de toutes les
productions des entreprises réalisées pendant la période, exprimées par leur valeur sur
le marché.
Par entreprise, on entend tout centre d’activité qui utilise des ressources rares, qu’il
s’agisse d’usines sidérurgiques, de cabinets d’avocat, de sociétés de transports ou de salons
de coiffure. Ces diverses formes d’activité sont groupées en « secteurs » dont les principaux
sont les suivants : agriculture ; industries extractives ; industries manufacturières et
construction ; transports et communications ; eau, gaz et électricité ; commerce, banques et
assurances ; enfin, secteur des services.
Classement des divers secteurs en trois catégories générales : le secteur primaire qui
comprend l’agriculture, la sylviculture, la chasse, la pêche ; le secteur secondaire qui inclut
les industries extractives et manufacturières, la construction, l’énergie électrique, etc. ; le
secteur tertiaire qui regroupe le commerce, les transports, les services3.
Quatre questions de méthode soulevées par l’approche par les produits doivent retenir notre
attention :
celle des doubles emplois,
celle des impôts indirects et subsides inclus dans les prix du marché,
la distinction entre produit national et produit intérieur, distinction entre entre le
produit « brut» et le produit « net ».
Lorsque l’activité économique est mesurée au moyen de la valeur de toutes les productions
effectuées pendant la période considérée, il existe un risque de biaiser l’estimation vers le
haut, en comptant plus d’une fois la valeur d’un même produit.
En effet, dans un monde où règnent la division du travail et la spécialisation de la production,
de nombreux produits sont réalisés par certaines firmes pour être utilisés comme inputs par
d’autres ; et fréquemment, les produits de ces dernières sont à leur tour utilisés par les
entreprises. Or, si les prix de vente doivent couvrir les coûts de production, il est certain
que les prix des produits des deuxièmes firmes incluent la valeur des inputs achetés aux
premières
35
; et ceux des produits des troisièmes incluent la valeur des produits des deuxièmes qui déjà
incluait celle des produits des premières…
Dès lors, le comptable national qui se bornerait à additionner la valeur des ventes à ces divers
stades compterait plusieurs fois les produits (énergie, matières premières, produits semi-finis,
etc.) qui circulent comme biens intermédiaires. Le tableau ci-dessous illustre ce problème.
Additionner la valeur du blé à celle de la farine reviendrait à tenir compte deux fois du blé
qui se trouve inclus dans la valeur de la farine. De même, ajouter celles de la farine, de la pâte
et du pain ferait compter trois fois la valeur de la farine…
Pour éviter cette anomalie, il faut ne compter à chaque stade de la production que la valeur
ajoutée par ce stade aux biens et services qui ont servi d’inputs. La procédure la plus simple
consiste à défalquer de la valeur de vente des produits un montant égal à la valeur des
fournitures achetées en vue de réaliser ces produits.
Ainsi, par exemple, la valeur ajoutée par les minoteries est égale à la valeur de vente de la
farine (6 millions d’euros), moins celle du blé (4 millions d’euros). On ne soustrait donc de
la valeur de l’output qu’une fraction de la valeur des inputs, à l’exclusion des salaires, des
amortissements, des intérêts et des profits découlant de l’activité de l’entreprise ou du
secteur. L’addition des valeurs ajoutées dans toutes les entreprises et tous les secteurs de
l’économie conduit alors à l’estimation correcte du produit national.
Les biens de capital produits pendant la période considérée forment au total ce que
l’on appelle l’investissement brut, et le produit global qui inclut ce dernier s’appelle donc
naturellement produit national brut (PNB) ou produit intérieur brut (PIB) selon le cas.
On peut considérer qu’une partie de ce capital n’a toutefois pour rôle que de remplacer le
capital usagé pendant la période, le reste venant en revanche s’ajouter au stock existant et
s’appelant investissement net. On peut tenir compte de cette différence en interprétant les
amortissements sur le capital existant comme mesurant le remplacement. On en déduit
facilement la notion de produit national net, liée au PNB par la relation :
L’approche par les revenus conduit à l’estimation du revenu national. Celui-ci est constitué
de la valeur monétaire de l’ensemble des rétributions ou gains (y compris les profits)
provenant soit de l’activité économique, soit du placement de certains biens ou valeurs
pendant une période donnée.
Le revenu national comporte donc principalement les grandeurs suivantes : la
rémunération des salariés, les revenus de la propriété foncière et immobilière, les intérêts,
loyers, fermages et dividendes nets, les bénéfices des entreprises individuelles, les profits
non distribués des sociétés, et les revenus échéant à l’État.
Il a été précédemment montré (§1) en quoi cette approche « par le bas » du circuit
économique doit logiquement conduire à une estimation globale égale à celle du produit
national. Mais correspondra-t-elle au produit au coût des facteurs ou aux prix du marché ?
La réponse peut être trouvée dans la logique même du circuit économique. Comme les
37
revenus touchés par les agents économiques, détenteurs des facteurs de production,
constituent précisément les coûts de production, le chiffre du revenu national correspondra
au produit au coût des facteurs. Pour obtenir un chiffre égal au produit aux prix du marché,
il faut ajouter au revenu national le montant des impôts indirects, et en soustraire celui des
subsides versés aux entreprises. Qu’en est-il des impôts directs, c’est-à-dire ceux qui sont
prélevés sur les revenus? À nouveau, si nous nous référons à l’objectif poursuivi par la
comptabilité nationale, qui est de mesurer l’activité prestée, il est clair que les revenus et
gains qui correspondent à une activité sont ceux qui sont payés par les entreprises, et
non ceux qui sont effectivement touchés après impôt. Tous les revenus sont donc comptés
avant impôt ; en d’autres termes, les impôts directs sont inclus automatiquement dans
l’estimation du revenu national, équivalente au produit au coût des facteurs.
SEANCE 9
Objectif : à l’issue de cette séance, l’étudiant doit être en mesure de faire la comparaison dans
le temps du produit national et présenter les établissements de crédits.
L’approche par les dépenses conduit à l’estimation de la dépense nationale. Celle ci est
constituée de la valeur monétaire de la somme des dépenses effectuées pour des biens finals
par l’ensemble des agents économiques, pendant une période donnée.
À l’instar de l’approche par les produits, c’est à nouveau d’un ensemble de biens qu’il s’agit.
La différence essentielle réside dans le fait qu’ici, seuls les biens « finals » sont pris
en compte, à leur valeur sur le marché, par opposition aux biens « intermédiaires ». Cette
distinction ne correspond nullement à la nature physique des biens, mais plutôt à leur place
dans le circuit économique de la figure 3.2. Ainsi, par exemple, la voiture réalisée par
Citroën et vendue au grossiste de Lille au cours de l’année 2000, est considérée comme un
bien final pour cette année si elle n’est pas revendue par lui cette même année ; elle sera
donc comptée à sa valeur de vente au grossiste pour la détermination de la dépense
38
nationale de 2000. Le bien intermédiaire au contraire est un bien produit et revendu, une
ou plusieurs fois, au cours de la période. Pour éviter les doubles emplois, il ne peut être
compté qu’une seule fois, à sa valeur finale, pour la période considérée. Si la voiture Citroën
a été vendue, au cours de la même année, 7 000 000 FCFA du producteur au grossiste, 10
000 000 FCFA du grossiste au détaillant et 15 000 000 FCFA du détaillant à l’utilisateur
final, seule cette dernière valeur, à l’exclusion de celles correspondant aux stades
intermédiaires, sera prise en considération.
Il ne faut pas s’y méprendre : le produit national, le revenu national ou la dépense nationale
n’expriment pas nécessairement le bien-être de la population d’un pays.
D’une part, en effet, l’ampleur de la population peut être telle que le produit par
tête d’habitant soit faible, même avec un PNB élevé. D’autre part, le produit national par
habitant n’est qu’une moyenne : un niveau élevé de celle-ci peut recouvrir une grande
inégalité dans la répartition des fruits de l’activité économique. Ce type d’inégalité n’est pas
exprimé par les grandeurs globales, car celles-ci agrègent toutes les situations individuelles,
quels que soient les degrés de la concentration de la propriété privée, des moyens de
production, et des sources de revenus. Avant d’identifier une hausse du produit national
avec une amélioration du bien- être de la population, il convient donc d’examiner
soigneusement les structures de la société en cause.
Mais surtout, il faut réaliser que c’est moins le bien-être que l’activité que mesure la
39
comptabilité nationale, comme le dit d’ailleurs explicitement la définition. La mesure du
bien- être est évidemment souhaitable, et elle doit inclure ce que mesure la comptabilité
nationale ; mais elle inclura aussi d’autres choses, et notamment une comptabilité des
nuisances et de la dégradation environnementale que la comptabilité nationale actuelle
ignore.
Les approches présentées, que ce soit celle des revenus, celle des dépenses ou celle des
produits, nous donnent en quelque sorte des coupes instantanées du système de circulation
au sein du corps économique. Une telle description est utile, non seulement parce qu’elle
permet une meilleure connaissance du passé, mais aussi parce qu’elle introduit à une vue
prospective de l’économie, et qu’elle permet à l’État de savoir dans quel sens infléchir son
évolution, s’il juge désirable de le faire.
Néanmoins, pour dépasser le stade descriptif et aboutir à une véritable explication de la vie
économique dans son ensemble, il importe de construire une théorie macroéconomique qui
établisse des relations causales entre les principales grandeurs déjà définies. Ce sera
l’objet des chapitres suivants.
La croissance économique
Comment s’explique la croissance ? quels en sont les déterminants ? Quelles forces y font
éventuellement obstacle ? Comment enfin expliquer que la croissance ne soit pas la
même dans les diverses parties du monde, et varie au cours du temps ?
Dans cette section, nous examinons les réponses qu’offre à ces questions la théorie
macroéconomique exposée jusqu’ici. Ces réponses ne sont pas complètes, en ce sens qu’on
ne peut dire qu’elles constituent une explication exhaustive du phénomène. Celui-ci est en
effet beaucoup trop complexe pour pouvoir être couvert avec les outils somme toute
modestes que nous pouvons présenter dans ce livre introductif ; et d’ailleurs la science
économique toute entière ne parvient pas encore à le maîtriser. Il reste néanmoins qu’au
stade où nous en sommes, des indications importantes peuvent être données pour
comprendre des aspects essentiels de la question.
Rappelons pour commencer quelle est la nature des biens d’investissement, appelés
aussi biens de capital (physique) : ce sont des biens économiques dont le rôle premier est de
concourir à la production d’autres biens. Ce sont par exemple les machines et équipements
de tous types, les bâtiments industriels, commerciaux, administratifs, ou de laboratoire, et
les infrastructures de transport et de télécommunication Mais ce sont aussi certains biens
plus immatériels tels que logiciels, banques de données, ou systèmes de
transmission d’information tels qu’Internet par exemple.
En fait, comme c’est la connaissance des processus industriels, techniques ou
scientifiques qui détermine ce qui peut et ce qui ne peut pas être produit, cette connaissance
elle-même joue aussi un rôle dans la production, rôle qui est comparable (quoique non
identique3) à celui du capital proprement dit. C’est pourquoi les dépenses que font les
entreprises ou les pouvoirs publics pour acquérir (recherche) ou diffuser ces connaissances
(enseignement) sont souvent considérées comme des dépenses d’investissement faites par
la société dans son ensemble. Certains auteurs parlent à ce propos, et à juste titre,
d’investissement en « capital humain».
40
2.1.2.Capital et déplacement des possibilités de production
Ceci dit, remarquons maintenant que, par opposition à la plupart des biens de consommation,
qui se détruisent par l’usage, les biens d’investissement ont la propriété d’être durables :
c’est grâce à cela d’ailleurs qu’ils permettent d’assurer les productions futures qui justifient
leur existence. Cette durabilité des machines, équipements, etc. entraîne que chaque
nouvelle vague d’investissements vient s’ajouter au capital déjà existant, et accroît donc
celui-ci. Ceci avait déjà été suggéré au chapitre 8 (section 8.3) ; pour la suite de notre propos,
il est utile d’exprimer ici la chose plus formellement de la manière suivante.
Si nous mesurons par K(t) l’ensemble des biens de capital existant à l’instant t dans
l’économie, et si I (t) est le montant total de l’investissement réalisé au cours de l’année qui
s’écoule entre l’instant t et l’instant t 1, on a au début de l’année suivante :
La qualité de la croissance
Si ce qui précède a permis d’éclairer le processus qui entraîne la croissance du revenu (ou,
équivalemment, du produit) global de l’économie, il faut rappeler maintenant que le bien-être
d’un pays, ou plus exactement de sa population, n’est pas mesuré correctement par le chiffre
de son PNB mais bien par celui de son PNB par habitant. Si, au cours du processus de
croissance que nous avons décrit, la population reste constante, le taux de croissance par
habitant est évidemment égal à celui du PNB global. Mais si la population elle-même
augmente simultanément, le taux de la croissance économique par tête est alors inférieur
à celui du produit global ; et il devient même négatif si le taux de croissance de la population
s’avère supérieur à celui du produit global. L’évolution de la population globale constitue
donc un autre élément capital dans l’évaluation de la croissance économique, lorsque celle-
41
ci est considérée du point de vue de ceux qui sont censés en être les bénéficiaires.
Il pourrait être tentant de penser, à ce stade du raisonnement, qu’une population en faible
croissance — ou, à la limite, en déclin — constitue un facteur favorable au bien-être
économique individuel. Contrairement à cette idée, qui fait un usage abusif de la simple
arithmétique des taux de croissance, un courant de pensée important, étayé par de notables
observations historiques, affirme qu’une population en croissance est aussi un facteur
nécessaire à la croissance économique. La sagesse populaire ne dit-elle pas qu’« il n’est de
richesses que d’hommes » ? La théorie keynésienne, du moins dans sa forme élémentaire
exposée ici, ne permet pas de donner à cette assertion une démonstration formelle. Mais on
peut certainement observer dans ce cadre que si la croissance du revenu d’équilibre requiert,
comme on vient de le voir, l’accroissement de la dépense globale, et notamment celle
de la consommation, l’augmentation de la population est un facteur positif dans ce sens.
D’autre part, des faits historiques et même un certain nombre de situations contemporaines
suggèrent fortement que le dynamisme et la créativité, qui sont indispensables à la conception
et à la mise en œuvre d’investissements générateurs de croissance globale, s’accommodent mal
de climats de stagnation ou de déclin démographiques. Dès lors, il serait irréaliste de nier que
la population joue un rôle positif dans la croissance économique.
Mais par ailleurs, on ne peut ignorer non plus la surpopulation, qui caractérise bien des pays
sous-développés. Nombreux sont les économistes qui la considèrent comme l’obstacle majeur
au progrès économique de ces pays. Manifestement, la sagesse populaire ne tient pas ici ses
promesses !… On se trouve bien, dans ces cas, devant des situations où le taux de croissance
de la population excède de manière déraisonnable celui du produit global. Lorsque de telles
situations perdurent pendant quelques décennies, la pauvreté s’aggrave de manière cumulative
et apparemment sans issue.
L’évocation de ces réalités conduit à constater que la croissance économique, le bien-être
individuel, et l’évolution globale de la population sont des phénomènes en forte interaction.
C’est la tâche de la théorie macroéconomique d’identifier le sens de ces relations. Pour leur
étude, nous devons renvoyer — à regret, car la question ne laisse pas d’être angoissante — à
des ouvrages plus avancés, tout en prévenant ici le lecteur de ce que, même à ce niveau-là, la
question est loin d’être résolue de manière satisfaisante.
Enfin, il ne faut pas oublier que la croissance dont nous avons parlé est celle du PNB.
Globalement ou par habitant, ce n’est là qu’une mesure très imparfaite du bien-être, car
elle est incomplète — bien des composantes qualitatives de l’existence lui échappent, parce
42
que non mesurables. L’expression bien connue de B.N.B., le « bonheur national brut »,
désigne évidemment mieux ce dont nous voudrions traiter en parlant de croissance et de
progrès. Malheureusement, personne n’a encore réussi à poser ne serait-ce que les
fondements d’une comptabilité nationale du bonheur!…
43
CHAPITRE IV: LE FONCTIONNEMENT DES MARCHES FINANCIERS
ET LE FINANCEMENT DE L’ECONOMIE
Les institutions financières regroupent les unités résidentes dont la fonction principale est
de financer l’économie : collecter, transformer et répartir les moyens de financement et/ou
gérer des produits financiers. Outre la BCEAO (Banque Centrale des Etats de l’Afrique de
l’Ouest), les établissements de crédits en constituent les deux grandes catégories.
- Les banques de second rang sont des établissements de crédit habilités à effectuer
toutes les opérations de banque. Elles sont les seules autorisées à recevoir du public
des fonds à vue à moins de deux ans de terme, sans limitation de montant. Cette catégorie
comprend les banques commerciales, les banques coopératives et mutualistes.
Ces différentes banques sont regroupées dans l’Association togolaise des banques.
- Les sociétés financières et assimilées sont des sociétés de vente à crédit, de crédit-
baille, de crédit immobilier.
- Les institutions financières spécialisées sont des établissements de crédit à qui l’Etat a
confié une mission permanente d’intérêt public (participation à la politique
économique et financement des entreprises) et qui ne peuvent effectuer d’autres
opérations de banque que celles afférentes à cette mission. Il s’agit par exemple des
sociétés de développement national comme la BTD, la BTCI par exemple.
- D’autres établissements de crédit ont une place non négligeable dans le système
bancaire togolais. Il s’agit de la caisse d’Epargne, la poste, et les institutions de
microfinance. Cette dernière a commencé par avoir une place de plus en plus importante
dans le financement des activités économiques et offre essentiellement ses services aux
agents (entreprises et ménages) qui ont un accès limité aux services financiers.
44
Les OPCVM sont des organismes qui collectent des fonds auprès des agents
économiques désirant épargner, et utilisent ces fonds pour réaliser des placements
diversifiés sous forme de titres. Ils sont de deux types :
- les SICAV ( Société d’investissements à capital variable) sont des sociétés qui
collectent des fonds auprès de leur clientèle et les emploient dans l’achat de valeurs
mobilières de nature, durée, et risques variées ( actions, obligations, titres du marché
monétaire…)
- Les FCP ( Fonds Communs de Placement) fonctionnent suivent les mêmes principles
de base que les SICAV, mais à la différence de ces dernières, les FCP ne sont pas des
sociétés mais des copropriétés. Ensuite, leur taille de portefeuille est généralement
plus petite et ils ont une spécialisation plus grande.
SEANCE 10
Objectif : à l’issue de cette séance, l’étudiant doit être capable de discuter de la création
monétaire et présenter les circuits de financement.
La création monétaire est assurée par trois séries d’agents : les banques commerciales,
la Banque Centrale et le trésor public. Elle repose sur la transformation de créances en
moyens de paiement qui constituent les contreparties de cette création monétaire :
créances sur l’économie, créances sur le trésor et créances sur l’étranger.
La Banque Centrale d’un pays ou d’une zone ( la BCEAO par exemple) a le monopole
d’émission des billets et crée des dépôts au profit des banques lors des opérations de
refinancement. Ces disponibilités représentent une part assez faible de l’ensemble, mais
elles constituent la liquidité par excellence.
- La Banque Centrale crée de la monnaie scripturale en gérant des comptes,
en particulier ceux des banques commerciales qui s’approvisionner en monnaie
centrale (billets et monnaie scripturale gérée par la Banque centrale), pour pouvoir
face aux retraits de leurs clients sous forme de billets et pour reconstituer leurs
réserves. Pour ce faire, les banques cèdent des titres à la Banque centrale, qui va
créditer leur compte en monnaie scripturale et leur procurer les billets. Elle peut leur
imposer un prix d’approvisionnement ( taux d’intérêt) élevé, ou des restrictions
quantitatives, de manière à les contraindre à pratiquer une politique de crédits moins
dynamique auprès de leur clientèle.
- La Banque centrale crée aussi de la monnaie scripturale en contrepartie des devises
étrangères apportées par les banques et provenant de leurs clients. Ainsi, un excédent
commercial conduit à une augmentation de la masse monétaire, puisque les exportateurs
ouest africains ont des devises qu’ils veulent échanger contre des FCFA. A l’inverse,
un déficit commercial sa traduira par une sortie de devises, donc une destruction nette
de monnaie.
3. La masse monétaire
- M1 est représentatif de la monnaie la plus liquide avec les pièces, billets et dépôts à
vue ;
- M2 comprend, en plus de M1, les dépôts à terme qui sont un peu moins liquides ;
- M3 inclut, outre M2, essentiellement les instruments monétaires non négociables
(OPCVM et certificats de dépôts).
- les créances sur l’économie nationale lorsque le crédit est accordé à un particulier ou à
46
une entreprise par une avance en compte, un découvert bancaire ou une opération
d’escompte, correspondent à l’essentiel des contreparties de la masse monétaire.
- Les créances sur l’extérieur lorsque la monnaie scripturale est créée pour compenser
une opération de change. Les exportateurs togolais payés en devises cèdent l’essentiel
de ces avoirs aux banques, qui en échange créditent leur compte en FCFA. Cette
contrepartie répercute l’impact du solde commercial.
- Les créances sur l’Etat, lorsque la monnaie créée est destinée à l’Etat, soit à chaque
fois que la Banque Centrale accorde une avance à l’Etat ou que les banques ordinaires
achètent des bons du trésor.
47
- si ce solde est positif (l’épargne brute est supérieure aux investissements), les
agents en question bénéficient d’une capacité de financement, c'est-à-dire d’un
excédent de ressources non employés. Ils sont donc en mesure de prêter ce « surplus
» aux agents à besoin de financement. Il s’agit principalement des ménages.
- Inversement, si ce solde est négatif (l’épargne brute est inférieure
aux investissements), les agents sont en besoin de financement. Ils vont alors faire
appel aux agents qui disposent d’une capacité de financement pour obtenir les fonds
nécessaires à leur activité économique. Les sociétés non financières et les
administrations publiques sont les deux principaux secteurs institutionnels qui ont
un besoin de financement.
2. Financement monétaire et non monétaire
- Le financement externe direct consiste à mettre en relation directe les agents à capacité
et ceux à besoin de financement par le biais du marché des capitaux. Les entreprises
s’adressent directement aux agents à capacité de financement en leur proposant des titres
(emprunts de capitaux sous forme d’obligations ou vente de parts de la société sous
forme d’actions). On parle de financement désintermédié, ou de
désintermédiation financière pour caractériser ce type de financement puisque les
entreprises ne passent pas par l’intermédiaire d’institutions financières pour obtenir les
capitaux dont elles ont besoin.
- Le financement externe indirect s’appuie sur l’existence d’intermédiaires (les
établissements de crédit), entre les prêteurs et les emprunteurs. On parle alors de
financement intermédié ou d’intermédiation bancaire.
Le marché des capitaux est le lieu de rencontre de l’offre et de la demande de fonds. C’est
donc le lieu privilégié de la finance directe. On distingue deux marché des capitaux selon
l’échéance des titres : le marché financier pour les titres longs et le marché monétaire pour
les titres courts. Le schéma ci-après illustre le fonctionnement des marchés de capitaux.
48
a. le marché financier
C’est le lieu d’émission et d’échange des titres à long terme ( l’échéance supérieure à 3
ans) essentiellement des actions et des obligations.
Le marché primaire est le lieu d’émission des nouveaux titres, d’où son surnom de marché
du neuf.
- le marché secondaire (ou plus couramment la bourse) constitue « le marché de
l’occasion ». On y échange chaque jour des titres déjà émis, et c’est donc ici que se
forment les cours des divers titres en fonction des offres et des demandes.
- La Bourse comprend elle-même plusieurs marchés : le premier marché regroupe les
plus grandes entreprises en fonction de leur capitalisation boursière. Le second
marché, créé en 1983 accueille des sociétés de taille plus modeste, avec des conditions
d’admission moins sévères. Enfin, le nouveau marché, créé en1996, permet aux jeunes
entreprises innovantes de se financer selon le modèle Nasdaq. On peut noter que ces
trois sections de la bourse disparaissent en 2005 pour être fondu dans un marché
réglementé unique.
b. Le marché monétaire
C’est le marché des capitaux à court et moyen terme. Il est subdivisé en deux parties.
49
banques doivent approvisionner leur compte à la Banque centrale, qui ne peut descendre
en dessous d’un seuil appelé « réserves obligatoires ». les taux d’intérêt de ces prêts
interbancaires à très court terme ( au jour le jour ou à 7 jours par exemple) résultent de
l’offre et de la demande mais aussi du niveau des taux d’intérêt directeurs. Ainsi,
la Banque Centrale oriente l’évolution des taux d’intérêt à très court terme et donc le
taux des crédits aux entreprises et aux particuliers, et elle régule la liquidité des
établissements financiers et, indirectement, la quantité de monnaie et de crédit dans
l’économie.
Elle peut donc influer sur le niveau d’inflation, principal objectif de la politique monétaire
et, secondairement, sur le niveau d’activité économique.
- Le marché des titres et créances négociables ( TCN) est un marché ouvert à tous les
agents économiques ( même non financiers). On y échange divers TCN : les certificats
de dépôts ( émis par les établissements de crédit ; durée de 1 jour à 1 an) ; les billets de
trésorerie ( émis par les entreprises ; durée de 1 jour à 1 an) ; les bons du Trésor ( émis
par le trésor public ; durée : de quelques semaines à 5 ans), et les bons à moyen terme
négociables ( BMTN) avec une durée minimale d’un an.
a. Les actions
- Une action est une valeur mobilière (titre de propriété négociable). Elle représente une
part de capital d’une société constituée en société anonyme : en possédant x% des
actions émises, l’acquéreur de ces actions devient donc propriétaire de l’entreprise à
hauteur de x%.
- Être propriétaire d’une action donne quatre principaux droits : le droit de vote au
conseil d’administration pour influer sur les décisions stratégiques de la société, au
prorata des droits de vote détenus grâce aux actions possédées ; le droit de recevoir
une partie du bénéfice de la société sous forme de dividendes, payés généralement en
espèces une fois par an ; le droit de revendre ses actions quand l’on veut, à qui l’on
veut, et ainsi pouvoir profiter de plus-values ; le droit de propriété d’achat dans le cas
d’émission de nouvelles actions émises par l’entreprise.
- En cas de faillite, les actionnaires ne sont pas responsables sur leurs biens propres des
dettes, mais ils perdent la totalité des sommes investies.
- L’avantage de l’émission d’actions pour l’entreprise est de pouvoir disposer d’argent
frais grâce à leur vente. Lorsqu’une entreprise a besoin de liquidités, il est financièrement
plus intéressant pour elle d’émettre des actions que de s’endetter, car emprunter est
coûteux, et pour que ce soit rentable, il faut pouvoir bénéficier d’un effet de levier.
Cependant pour que l’émission d’actions soit avantageuse, il faut nécessairement que
des agents économiques soient effectivement intéressés par l’achat de ces actions. Par
ailleurs, si les actions émises représentent une part trop importante de l’entreprise, il y a
un risque de modification des rapports de force et de perte d’indépendance.
b. Les obligations
- Une obligation est valeur mobilière ( titre de créance ou reconnaissance de dette) de
la part d’une société, représentant un emprunt. Lorsqu’une entreprise a besoin d’argent et
qu’elle ne veut ( ou peut) accroître son capital, elle doit réaliser des emprunts, soit auprès
d’une institution financière, soit directement sur les marchés financiers auprès d’agents
économiques en capacité de financement.
Une obligation est donc un emprunt à long terme auquel sont attachés une date de
50
remboursement et une rémunération fixée à l’avance, qui peut être variable en fonction de
l’évolution des grandeurs économiques déterminées au préalable.
- le possesseur d’une obligation peut revendre son obligation avant terme sur les
marchés financiers, mais il n’est alors pas sûr de récupérer la totalité de la somme prêtée,
car le cours des obligations peut évoluer ( il varie en sens inverse des taux d’intérêt). Par
contre, s’il attend l’échéance, il est assuré de récupérer la totalité de la somme prêtée
plus la rémunération afférente, sauf en cas de faillite de la société.
Les marchés financiers, s’ils ont globalement connu une croissance forte au cours du XXe
siècle, n’ont pas été marqués par une évolution continue, mais par des phases de hausse et
de diminution des cours. Parfois, cette diminution est si forte que l’on parle de «
Krach boursier ».
Un Krach boursier désigne une diminution importante du cours de l’ensemble des actions
cotées. Il existe deux types de Krachs.
- Le krach classique correspond à une forte chute des cours sur une ou plusieurs
journées. La baisse est très brutale et semble irréversible. Les deux principaux
Krachs de ce type ont eu lieu en 1929 ( le « jeudi noir » de Wall Street et en 1987.
- Le Krach larvé est lui aussi marqué par une baisse des cours, mais elle se déroule
sur plusieurs semaines ou plusieurs mois. La chute des indices boursiers ( portée par
l’effondrement du cours des actions des entreprises des nouvelles technologies :
e- krach ; ou investissant dans l’immobilier) entre 2000 et 2003 ( pour le e-
Krach) et
2007-2008 pour le Krach des « subprimes ».
- Selon les économistes libéraux, la cause première des Krachs est un retournement
de conjoncture économique. Les perspectives de profits des entreprises étant
faibles, voire nulles, les épargnants préfèrent se séparer de leurs actions pour se
tourner vers d’autres produits financiers à court terme plus rentables, tels que les
obligations. Le Krach boursier est alors une conséquence directe d’une situation de
dépression économique.
- A l’inverse, les économistes raisonnant avant tout en terme d’anticipations
expliquent qu’un Krach correspond à un dégonflement de la « bulle financière
» ( où bulle spéculative). On parle de bulle lorsque, suite à une période d’euphorie,
les cours des actions ont connu une progression bien plus élevée que celle qui aurait
du découler des simples résultats liés à l’activité économique des entreprises.
Lorsque cette période d’euphorie se termine, les anticipations se retournent et les
agents économiques craignent une diminution rapide des cours ; ils vendent
donc en masse leurs actions…ce qui entraîne mécaniquement un effondrement
des cours. Le Krach boursier n’est alors que la conséquence de ce retournement.
- En théorie, les Krachs boursiers peuvent avoir des effets récessifs. D’une part, ils
51
entraînent un effet revenu négatif : les moins-values subies par les épargnants les
amènent à réduire leur consommation. D’autre part, les épargnants se détournent de la
bourse ; les entreprises ont plus de mal à financer leurs investissements. Enfin, le
climat général est à la déprime, ce qui réduit la demande, et donc la production.
- Cependant, les Krachs peuvent aussi être des « rétablisseurs d’équilibre » : ils
ramènent le marché à de plus justes proportions, ils permettent de compenser les excès
précédents. La confiance en l’avenir est ainsi restaurée, ce qui est potentiellement source
de croissance.
- En pratique, il est difficile de déterminer à l’avance les conséquences d’un Krach.
Ainsi, en 1929, le Krach boursier a débouché sur une dépression économique, alors
que, suite au Krach de 1987, la croissance économique est repartie à la hausse. Celui
de 2008 a débouché sur une récession économique surtout aux Etats-Unis.
52
SEANCE 11
Objectif : à l’issue de cette séance, l’étudiant doit être capable de mettre en exergue les raisons
de l’Etat producteur et ses principales caractéristiques.
Les débats autour du rôle de l’Etat dans l’économie ont toujours été nombreux et de
teneurs différentes selon les périodes. En effet l’intervention de l’Etat a connu une
intensité variable selon les époques. Elle a été très importante dans les années 1970 avec
les politiques de relance keynésienne un peu partout dans le monde. Elle l’a été de moins en
moins ces 28 dernières années, mais depuis la crise financière de septembre 2008, le rôle
de l’Etat est redevenu de plus en plus prépondérante dans l’orientation de l’économie.
L’action de l’Etat peut globalement être analysée sous deux formes. La première d’entre elle
se traduit par une intervention visant à agir sur les structures et le fonctionnement des
marchés. L’Etat en tant que producteur ou régulateur à travers les règlements qu’il impose,
agit directement sur les mécanismes de marché. Mais l’action de l’Etat prend également une
deuxième forme avec pour objectif de faire face, cette fois, aux conséquences des
dysfonctionnements générés par ces mécanismes de marché. Il intervient par différentes
mesures pour lutter contre les inégalités et combattre les déséquilibres. Nous verrons
successivement, les mutations de l’intervention de l’Etat sur les marchés et l’Etat face à
l’inefficacité des mécanismes de marché.
La tentation existe pour l’Etat de substituer partiellement ou totalement des agents privés
afin d’assurer lui-même l’orientation de l’économie nationale en fonction des objectifs
qu’il juge prioritaires. L’Etat producteur et planificateur prend, alors, une place
prépondérante. Au cours de ces 28 dernières années, l’Etat comme acteur direct dans les
opérations d’échange et de production, s’est retirée progressivement. Il apparaît toutefois
que la puissance publique ne peut laisser les marchés se réguler librement. C’est d’ailleurs
ce que l’on voit avec les plans d’investissements massifs de l’Etat pour secourir les
économies occidentales de la crise actuelle. Il apparaît toutefois que la puissance publique
ne peut laisser les marchés se réguler librement. Se pose alors la question de la forme de la
réglementation que l’Etat doit imposer aux différents acteurs.
Pendant longtemps, sous l’influence de la pensée classique, le rôle de l’Etat devait se limiter
à ce que l’on appelle les fonction régaliennes, en d’autres termes organiser et assurer les
fonctions de justice, de police et d’armée. Cependant, l’idée que l’Etat puisse intervenir
dans l’économie en se substituant aux mécanismes de marché s’est progressivement
développée, pour s’imposer dans la deuxième moitié du XXe siècle.
53
Les fonctions de l’Etat pour Adam Smith
« Dans le système de la liberté naturelle, le souverain n’a que trois devoirs à remplir. Le
premier, c’est le devoir de défendre la société de tout acte de violence ou d’invasion de la
part des autres sociétés indépendantes. Le second, c’est le devoir de protéger, autant que
possible, chaque membre de la société contre l’injustice ou l’oppression de tout autre
membre, ou bien le devoir d’établir une administration exacte de la justice. Et le
troisième, c’est le devoir d’ériger et d’entreprendre certains ouvrages publics et
certaines institutions que l’intérêt privé d’un particulier ou de quelques particuliers ne
pourrait jamais les porter à ériger et à entreprendre, parce que jamais le profit ne
rembourserait la dépense, quoiqu’à l’égard d’une grande société ce profit fasse
beaucoup plus qu’en rembourser la dépense. »
Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Gallimard,1990.
54
Certaines circonstances particulières ou une volonté politique de se substituer au marché
peuvent pousser l’Etat à aller au-delà des trois cas de figures précédent
L’Etat dirigiste
L’Etat producteur intervient à travers les entreprises publiques. Ces entreprises sont
contrôlées directement ou indirectement par les administrations publiques (Etat,
collectivités publiques). Le secteur public se développe par des opérations de
nationalisation qui consiste à transférer juridiquement à la collectivité la propriété d’une
entreprise ou d’un groupe d’entreprises.
55
Le désengagement de l’Etat
Le rôle important de l’Etat, en Afrique par exemple, dans les années 1980 s’est
amenuisée progressivement avec la mise en place des programmes d’ajustement
structurel ( PAS). Cette remise en cause du secteur public s’explique, en premier lieu, par
les contradictions que pose la notion d’entreprise publique. En effet, l’entreprise
nationalisée doit être considérée comme une entreprise comme les autres puisqu’elle est
dans l’obligation d’équilibrer ses comptes, mais c’est également une entreprise différente
qui a ses propres logiques ( intégrer l’intérêt général dans ses décisions) et qui n’a donc
pas la possibilité d’agir comme une entreprise privée.
La théorie des droits de propriété décrit l’impact des droits de propriété sur le
comportement des individus et par la suite sur l’efficacité économique. Le droit de
propriété qui porte sur un actif, permet d’utiliser ce dernier et surtout d’en tirer un
revenu et de le vendre à un tiers. L’efficacité économique reposerait donc sur le pouvoir
et sur la volonté qui animent les propriétaires privés de contrôler et de profiter de ce qu’ils
possèdent. A l’inverse l’entreprise publique est analysée comme une entreprise inefficace
du fait du relâchement des droits de propriété et cela pour plusieurs raisons : la non-
transférabilité des droit ( il n’existe pas véritablement de chef d’entreprise qui puisse céder
librement ses actifs), l’absence de système incitatif en ce qui concerne la rémunération du
gestionnaire ( aucun intéressement sur la performance de l’entreprise).
56
mondiale, les conglomérats privés (banques, sociétés d’investissements…) perdent leur
statut privé.
SEANCE 12
Objectif : à l’issue de cette séance, l’étudiant doit être capable de discuter de la régulation et de
la réglementation.
La régulation et la réglementation
Le retrait de l’Etat, en tant que producteur, entraîne bien évidemment des mutations
importantes. Ainsi, l’ouverture à la concurrence des monopoles publics, si elle doit
permettre d’obtenir une plus grande efficacité économique, pose toutefois à l’Etat un
certains nombres de problèmes. On peut mentionner tout d’abord que certains anciens
monopoles publics assuraient, par leur activité, une partie du service public. Comment le
respect de ce service public pourra-t-il être assuré alors même que l’Etat n’en maîtrise
plus la production ? Il s’agira pour l’Etat de gérer la montée en puissance de la
concurrence, sachant que certains monopoles publics ont les moyens d’éliminer la
concurrence ou au contraire sont trop fragiles pour y faire face.
Le désengagement des pouvoirs publics va se traduire également par un allègement des
règles qui encadrent les marchés. Les modes de fonctionnement de l’économie sont
modifiées, la régulation par les marchés succédant à la régulation étatique.
Régulation – réglementation
La régulation étatique : elle correspond aux actions que l’Etat entreprend pour contrôler
les décisions de prix, de vente ou de production, lorsque ces décisions prises dans le
cadre d’une économie de marché ne tiennent pas compte suffisamment de l’intérêt général.
La régulation par les marchés : le système économique est maintenu en équilibre grâce
aux mécanismes de marché.
La réglementation : c’est l’ensemble des obligations juridiques qui s’imposent aux
acteurs économiques (lois, règlements, arrêtés administratifs). Elle peut se définir
également comme l’ensemble des codes régissant le fonctionnement d’un marché. Exemples
: contrôle des prix, respect des règles de concurrence, réglementation de la
rémunération des heures supplémentaires…
La déréglementation : action qui consiste à supprimer des règles encadrant l’activité
économique pour favoriser le développement du marché. Il s’agit, en fait, d’une nouvelle
57
réglementation qui favorise le jeu concurrentiel.
La régulation par les marchés ne peut être efficace que si le jeu concurrentiel s’exerce
véritablement. Or, de nombreux auteurs dont notamment Schumpeter, ont montré, à travers le
paradoxe de la concurrence, que les mécanismes de marché tendaient à faire disparaître le jeu
concurrentiel. Ce paradoxe peut se résumer par la formule suivante : « que le meilleur
gagne ». En effet, le jeu concurrentiel est assimilable à une compétition dans laquelle un
certain nombre d’entreprises, par leur plus grande efficacité, vont en éliminer d’autres moins
performantes. Au final, ce processus aboutirait à l’apparition d’un monopole, la concurrence
débouchant ainsi paradoxalement sur son contraire. Les phénomènes de fusion et de
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concentration, observés ces dernières années, sembleraient confirmer cette imperfection des
marchés. De plus, le caractère oligopolistique de nombreux marchés pousse les entreprises
à élaborer des ententes qui faussent le jeu concurrentiel. La puissance publique doit en
conséquence veiller à contrôler cette évolution.
En raison de cas particuliers où par sa volonté de diriger l’économie, l’Etat s’est substitué
au marché, de façon plus ou moins importante selon les époques, la tendance semble
aujourd’hui être à une prépondérance de l’Etat producteur, les pouvoir se révélant de plus
en plus présents dans les prises de participations dans les actions des entreprises avec des
rachats massifs pour sauver le capitalisme qui après « avoir perdu la tête » se retrouve
dans de mauvais drap.
Tout au long de l’histoire économique, les pays ont connu des déséquilibres d’ampleur
plus ou moins grande. Ces déséquilibres macroéconomiques sont le chômage, l’inflation ou
bien encore des déficits, voire des excédents, importants du commerce extérieur. La
crise du courant d l’année 2008 a montré que la régulation par les marchés était
insuffisante et que, par voie de conséquence, l’intervention de l’Etat demeurait
indispensable. Keynes sur un plan théorique va justifier cette intervention.
Pour Keynes, l’équilibre économique se réalise toujours ex post, c'est-à-dire une fois
que toutes les opérations effectuées par les agents sont terminées (consommation,
investissement). Il peut y avoir, bien évidemment, des différentes entre ce que les agents ont
anticipé et ce qui se produit véritablement (plus de production mise en œuvre que de
demande réelle). Dans ce cas, il y aura toujours un revenu d’équilibre, les agents étant
contraints de réajuster leur revenu, soit en épargnant, soit en ajustant leur stocks, c'est-à-
dire leurs investissements. Mais ce revenu d’équilibre n’a pratiquement aucune chance de
correspondre au revenu de plein emploi qui se définit comme le revenu le plus élevé que
puisse obtenir une économie sans inflation et pour lequel toutes les ressources sont utilisées.
En conséquence, si le revenu d’équilibre est inférieur au revenu de plein emploi, on
constatera du chômage et une pression à la baisse des prix, puisque le niveau de la demande
(en d’autres termes le niveau d’activité) sera inférieur à celui qui avait été anticipé.
Inversement, si le revenu d’équilibre est supérieur au revenu de plein emploi, il n y aura plus
de chômage mais les ajustements se réaliseront par une hausse des prix, en d’autres termes
de l’inflation. Keynes n’envisage pas de combattre ce chômage par une baisse des salaires
(mécanisme de marché qui permettrait pour les libéraux de retrouver le plein emploi) afin,
notamment, de baisser les coûts et donc les prix, ce qui faciliterait l’écoulement de la
production.
En effet, à l’échelle macroéconomique, cette baisse des salaires contribueraient encore plus
à réduire la consommation et donc la demande et nuirait gravement à la relance de l’activité.
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Or, les déséquilibres macroéconomiques entraînent une baisse du revenu des agents. Le
chômage et la perte d’emploi qu’il induit, privent de ressources les individus qui en sont
victimes. L’inflation, en d’autres termes la hausse des prix, détériore le pouvoir d’achat de
nombreux agents.
D’autre part une trop grande flexibilité dans la fixation des salaires afin de favorise les
mécanismes de marché peut être à l’origine d’inégalités, voire de pauvreté, en n’assurant
pas à certains agents un revenu suffisant pour satisfaire leurs besoins les plus
élémentaires. De plus, les marchés ne prennent pas en compte un certain nombre de risques
sociaux. Les individus doivent, en effet, disposer d’un revenu suffisant pour faire face à
leurs dépenses- maladie ou bien encore assurer leur subsistance lors de leur retraite. Or, la
croissance n’est pas toujours à l’origine d’une création de richesses suffisantes pour
permettre la constitution de ces revenus.
Enfin, les mécanismes économiques découlant de décisions strictement individuelles
n’intégrent pas des besoins qui s’expriment à l’échelle de la nation. Ainsi, le renouvellement
démographique indispensable pour maintenir l’équilibre d’un pays et sa pérennité, ne
peut être obtenu par le simple jeu concurrentiel. De même, la formation et l’éducation sont
sources d’externalités positives. En conséquence, elles ne sont pas prises en compte par
les marchés ou de façon inéquitable à des degrés divers.
L’insuffisance des revenus ou leur répartition inégalitaire, l’existence de risques et de
besoins sociaux non pris en compte par les marchés, sont autant de raisons qui justifient
l’intervention des pouvoirs publics et l’apparition d’un Etat protecteur.
La mise en place d’un système de protection sociale par l’Etat, constitue une réponse
collective aux risques de l’existence. Cela s’explique pour des raisons économiques mais
s’inscrit aussi dans une logique de justice sociale. En effet, la croissance économique peut
être suffisante pour procurer aux agents économiques les revenus nécessaires pour faire face
aux risques sociaux. D’autre part, la répartition des revenus étant obligatoirement
inégalitaire, certains individus éprouvent plus de difficultés que d’autres à faire face à des
dépenses, notamment en matière de santé, qui sont pourtant a priori identiques ( la maladie
ne tien pas compte des différences de revenu). La protection sociale s’inscrit donc dans une
logique de redistribution horizontale ( des actifs vers les retraités par exemple), afin de
mettre en œuvre la solidarité nationale.
On peut aussi considérer que le système de protection sociale revêt une dimension morale.
En effet, pour une efficacité dans la redistribution au Togo, par exemple, le système social
doit être construit, en grande partie, sur des mécanismes d’assurance contraignant les
individus à cotiser pour percevoir des prestations. Toutefois, la gestion collective des
cotisations et leur caractère obligatoire se traduisent par une déresponsabilisation de
l’individu car la puissance publique se substitue à lui dans la prise en compte des risques de
son existence. Dans le même esprit et par le biais de la politique familiale, l’Etat cherche à
orienter, par des systèmes d’aides, les comportements des ménages lors de choix qui
dépassent largement le cadre économique.
Au-delà de la protection sociale, l’Etat intervient aussi à travers la législation et plus
précisément le droit du travail. Il se substitue donc pour partie à la relation strictement
contractuelle ente le salarié et son employeur. En imposant des règles en matière de
conditions de travail et en légiférant sur la durée du travail, l’Etat modifie les mécanismes
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de production et de répartition.
L’Etat intervient également sur les revenus. Il agit directement sur les revenus primaires
avec la fixation d’un salaire minimum qui a un impact sur l’ensemble de l’échelle des
rémunérations. A travers la redistribution ( redistribution verticale), les pouvoirs publics
cherchent à réduire les inégalités. Les décisions en matière fiscale privilégient certains
revenus par rapport à d’autres ( revenus du travail, revenus du capital) et orientent les
comportement des agents économiques ( épargne, consommation, investissement).
Sur le plan macroéconomique, l’Etat intervient également pour faire face aux déséquilibres.
Ainsi, en matières de commerce extérieur, les pouvoirs publiques peuvent intervenir en
protégeant ou subventionnant les industries nationales ou par des manipulations de taux de
change afin d’améliorer la compétitivité-prix des entreprises nationales et, à l’inverse, de
pénaliser celle des produits importés.
Enfin, l’Etat intervient pour réguler l’activité économique. Une action sur la quantité de
monnaie en circulation peut être entreprise pour stimuler ou stabiliser la croissance
économique afin de combattre l’inflation ou le chômage. Dans le cadre de cet objectif de
croissance, le budget constitue le moyen le plus souvent utilisé.
Le budget de l’Etat est un document dans lequel est regroupée la prévision de l’ensemble
des recettes et des dépenses de l’Etat pour l’année.
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TRAVAUX DIRIGES
Reprendre ces tableaux sur la copie d’examen et répondre par Vrai (V) ou
Faux (F)
A-
V ou V ou
F F
Les classiques font un raisonnement à la marge Les néoclassiques font une analyse en
termes de valeur utilité et valeur rareté
K. Marx préconise les restrictions des La microéconomie étudie la logique
naissances pour limiter l’accroissement de la des choix individuels et leurs
population coordinations
Le système socialiste stipule que l’appareil L’analyse Keynésienne montre que le
productif appartient à l’Etat plein emploi est toujours assuré
Selon les mercantilistes, le libre échange est Samuelson affirme qu’on ne peut
avantageux pour les pays partenaires lutter contre le chômage qu’en
acceptant un peu plus d’inflation
L’efficacité n’est pas garantie dans le cas de Les principaux représentants de
biens collectifs l’école de Lausanne sont : Menger et
Walras
Aristote juge légitime le commerce et les Say estime que l’offre résulte de la
activités financières demande
La notion du juste prix a été introduite par Ricardo est très connu par sa loi des
Aristote dans l’économie marchande débouchés.
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Semestre 1 (Session Harmattan)/ Durée 2 heures
Enseignant : ATAKE, SODOKIN
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8. Quelle Loi a rejeté Keynes . . .
a. Loi de la population
b. Loi des débouchés
c. Loi de la surproduction
9. Trouver l'expression manquante dans la phrase : L’individu, en agissant dans son propre
intérêt, contribue au bien-être de tous. La somme des intérêts particuliers est égale à (mot à
trouver).
a. la main invisible
b. l’offre et la demande
c. la régulation du marché
d. l’intérêt général
10. L'étude des choix individuels (ménages, entreprises) relève de :
a. la pensée libérale
b. la macro-économie
c. la pensée keynésienne
d. la micro-économie
e. la théorie de l’équilibre
II. A quel courant appartiennent les auteurs suivants ? (Mettre une croix dans la case
appropriée) 5 points
Classiques Néoclassiques Keynésiens Autres
Friedman
JB Say
Ricardo
Keynes
A Smith
Walras
Aristote
Quesnay
Von Wieser
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Examen d’Introduction à l’Economie
Soit le tableau suivant présentant le nombre d’heures de travail pour produire une unité d’un bien de
consommation et de production au Togo et au Ghana
Ghana Togo
1) Exposer la théorie des échanges internationaux selon Adams Smith et David Ricardo
2) Déterminer la spécialisation chez Adam Smith?
3) Dans quel bien chaque pays dispose-t-il d’un avantage comparatif ? Justifiez votre réponse
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4) Calculer les économies de travail découlant de la spécialisation selon les deux thèses.
§Bon travail§
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Question
1. En vous basant sur les principes des deux courants de pensée, en quoi la théorie
néoclassique diffère-t-elle par rapport à la théorie classique ?
2. Faites un résumé des grandes thèses de K. Marx. Sur quels points ses théories sont-
elles encore d’actualité ?
3. Définissez les termes « microéconomie »et « macroéconomie » à travers leur contenu,
objet, leur méthode et leur résultat.
I. L’ÉCOLE NÉOCLASSIQUE
Question 1 Indiquez trois noms d’auteurs qui comptent parmi les principaux
fondateurs de cette école et indiquez à quelle date ils écrivent.
Question 2 Citez quelques aspects (au moins quatre) qui distinguent l’école
néoclassique de l’école classique (soit qu’il s’agisse de points sur lesquels les néoclassiques
s’opposent aux classiques, soit qu’il s’agisse d’éléments nouveaux ou qui prennent de
l’importance avec l’apparition du courant néoclassique).
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QUESTIONS
monétaire ?
financier ?
l’appui.
69
QUESTION
5. Après avoir énuméré les avantages d’un modèle économique, citer les
différentes formes qu’il peut prendre et donner dans chaque cas un exemple
6. Quels sont les traits caractéristiques et les principaux auteurs du courant
classique
Examen
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