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Introduction historique au droit

Première partie : De Rome à la philosophie des lumières : les racines de la


culture juridique occidentale
Chapitre 1 : Les fondations romaines

Aujourd’hui encore le droit romain a beaucoup d’importance et le droit a Rome était très important car le
peuple romain est souvent appelé « le peuple du droit ».

Section 1° Notions de droit public romain


Nous allons parler de l’histoire politique de Rome et cette histoire est basée sur une périodisation en trois
parties (3 régimes politiques) :

Par 1 : La royauté, la République et l’Empire

A/ La royauté (753 - 509 av JC)

La royauté a été en pratique une succession de 7 règnes (cela reste du domaine de l’imaginaire, on ne peut
pas être sur, la fondation de Rome reste une légende), Romulus qui a fonde Rome jusque’à Tarquin le
superbe (un tirant) qui a été contraint a l’exil par la révolution de 509 av JC.

Légende rapportée par les écrivains romains (notamment par Tite Live et Virgile qui ont vécu au temps de
l’empereur Auguste -27 av JC) : Romulus et Remus sont abandonnés par leur mère sur le fleuve, le Tibre, ils
ont élevés par une louve puis ensuite par des bergers. Romulus fini par tuer son frère et fonde l’organisation
politique de Rome.
Rome a été fondé par le peuple étrusque, une langue que l’on arrive toujours pas à déchiffrer.
Progressivement la royauté s’est transformé en république (transformations économiques et sociales,
révolution aristocratique de 509 av JC, révoltes, et on a crée de nouvelles institutions)

B/ La République (509 - 27 av JC)

Durant la respublica ont eu lieu les conquêtes de Rome (300 av JC), Rome a fini par dominer pratiquement
toute la Méditerranée et également les guerres puniques (les guerres de Rome contre Cartage).
La république est une notion abstraire que l’on défini à partir d’une phrase d’un écrivain Tacite (qui a vécu
au premier siècle après jc) « la ville de Rome fut d’abord en possession de rois, puis Brutus établit la liberté
et le consulat ». Le consulat fait référence a la fonction de consult à Rome et c’était une magistrature
(tribains, des preteurs) (juge ≠ magistrats)

Trois instituons de la république romaine : les magistrats, les assemblées (les commis) et les conseils

Le consulat est une magistrature de la cité, et pour Tacite le fait que cette magistrature existe cela démontre
que la cite est emparée du gouvernement et qu’elle en a fixé les règles et de cette façon l’état passe du
domaine privé et royal au domaine public.
Donc l’état devient « la chose publique » (respublica), l’état devient « l’affaire du peuple » cela veut dire que
le peuple participe dans une certaine mesure au gouvernement de la cité (ex: le peuple participe à
l’élaboration des lois).

C/ L’Empire (27 av JC à 565 ap JC)

Deux phases : le haut empire, le principat (27 av JC - 284 ap JC)


bas empire, dominat (284 - 565 ap JC)

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565 ap JC : mort de l’empereur Justinien et donc la fin de la date de l’empire romain d’Orient (476 fin
empire romain d’Occident) séparation causée par les invasions barbares

- Il commence en 27 av JC avec l’empereur auguste qui met immédiatement en place un régime politique
ambiguë parce que ce règime laisse subsister les institutions républicaines traditionnelles ( les magistrats,
les assemblées (les commis) et les conseils) mais dans une même mesure tout le pouvoir est transféré à
l’empereur, les instituons restées en place ne sont plus qu’une façade.
Cette évolution on la voit aussi dans l’évolution du titre de l’empereur puisque au début l’empereur a le titre
de princeps (le premier des citoyens) et plus tard a partir du deuxième siècle le pouvoir de l’empereur
devient absolu (1/4 de la population du monde qui meurt sous la loi de l’empereur)

- A partir du quatrième siècle le pouvoir de l’empereur est vraiment absolu et son titre va changer,
l’empereur devient le dominus (le maître).

Par 2 : La cité et la citoyenneté de Rome

A/ L’accession a la citoyenneté

A Rome on peut dire que la cité est une société de droit, le citoyen est appelé (civis) et donc il fait parti d’une
communauté juridique. A l’originel n’y a que les habitants de Rome qui ont la citoyenneté mais tous ne l’ont
pas forcement (ex: les esclaves mais aussi les étrangers de passage comme les marchants).

Sous la république on peut devenir citoyens sous trois façons :

- La naissance (deux conditions : il faut que l’enfant soit né en juste noce et surtout que le père soit citoyen)
- Les concessions de citoyenneté : Rome va concéder la citoyenneté a tel ou tel peuple (différents degrés et
systèmes dans ces concessions, ex : pour les latins la condition était d’établir leur domicile a Rome)
- L’affranchissement : les esclaves, un esclave affranchit devenait automatiquement citoyen
Sous l’empire il va y avoir une généralisation du droit de cité par 2 moyens :

- la multiplication des concessions de citoyenneté aux peuples conquis


- Une loi qui s’appelle l’edit de Caracalla (212), un edit est une loi a Rome est Caracalla est un empereur
romain
Cette loi confère la citoyenneté a pratiquement tous les habitants libres de l’empire sauf pour les peregrins
(étrangers) deditices (?on ne sait pas ce que cela signifie) que Rome ne voulait pas compter parmi ses
citoyens et que Rome jugeait indigne d’être citoyens

B/ Les droit et les devoirs des citoyens romains

Dans ce faisceau de droits il y a deux volets : les droits civils et les droits politiques

- 3 exemples de droit civil : le droit au tria nomina, le droit aux trois noms (chaque citoyen romain avait
trois noms : un prénom, un nom et un surnom) pour que de cette façon le nom est une fonction identitaire ,
quand on se présente on décline également sa qualité de citoyen romain et c’était un statut très prestigieux
Le conibium le droit de contracter un mariage qui entraine les effets juridiques du droit romain (ex: au niveau
des successions, c’était également très important au niveau du père de famille (la patria potestas : la
puissance du père de famille) le père avait un droit d’expositions de ses enfants, le droit de les abandonner
dans un lieu public, le père de famille avait aussi le droit de vie ou de mort sur ses enfants a conditions de
demander lavis de la famille et les amis)
Le commercium le droit de faire des actes juridiques propres au droit romain (ex: la mancipatio un acte de
transfert de propriété, c’est a dire par exemple une vente)

- 3 exemple de droit politique : le droit de vote dans les assemblées, le droit d’être élu aux magistratures et
on place dans le droit le privilège de servir dans les légions (en résumé la légion c’est l’armée civique à
Rome et donc il n’y a que les citoyens dans la légion et c’est une obligation pour tout les citoyens à
condition d’âge entre 17 et 60 ans et il faut également une condition de richesses et être assez riche pour
payer son équipemen, il étaient souvent mal payé a cause des détournements d’argent)

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Enfin toujours dans les droits, on inclus certaines garanties par exemple la garantie de n’être jugé en matière
pénale que à Rome pour les citoyens.

Tout ces droits on peut les avoir soit tous ensemble soit séparément pour les citoyens, on n’est pas obligé de
posséder tous les droits, cela dépend de la politique de Rome vis à vis des peuples conquis qui dépend de la
confiance de Rome en ses peuples. La citoyenneté sans suffrage était souvent utilisée dans le cas d’un
manque de confiance.

Devoirs : deux obligations principales

- payer l’impôt (tributum) pour pouvoir payer l’armée


- Fournir le service militaire (à partir du troisième siècle avec les guerres puniques les campagnes sont de
plus en longues et de plus en plus lointaines ce qui fait que de plus en plus on va avoir une armée de
métiers sur des citoyens légionnaires, et de plus en plus de pauvres volontaires mais qui seront payés)

La qualité de citoyen est normalement perpétuelle mais on peut parfois la perdre (ex: en cas de condamnation
pénale, en cas également de changement de condition, si on est fait prisonnier par exemple).

Il faut voir si au troisième siècle après l’édit de caracala de 212 est-ce que ça a encore un sens d’être
citoyen ?
Oui, mais si on reste, et si on s’inscrit dans le tradition romaine et a Rome en premier lieu la citoyenneté
signifie que des hommes libres se soumettent à l’imperium (pouvoir de commandement) des magistrats.
La citoyenneté a Rome c’est l’idée de se soumettre à la souveraineté de Rome (mais ce n’est pas comme en
Grèce ou la citoyenneté signifiait d’abord égalité devant le droit et participation à la vie politique).

On peut reprendre la définition de Ciceron : « qu’est-ce que la citoyenneté sinon une société de droit ? »

Section 2 : Les sources du droit à Rome

Par 1 : L’Ancien droit romain (753-150jn° av. J-C) (le droit romain primitif)

A. La procédure des actions de la loi

Cela marque l’unité de cette période juridiquement. Cette procédure est orale et formaliste (les parties
doivent obligatoirement prononcer certaines paroles et faire certains gestes sinon on perd le procès
indépendamment du fond de l’affaire).
Dans les actions de la loi, la procédure la plus importantes c’est la sacramentum car on peut l’utiliser pour
n’importe quel litige et notamment pour réclamer une chose (par exemple : à l’époque si il y a un litige
concernant la propriété d’un esclave, on utilise cette procédure)

B. La loi des XII Tables

C’est la grande source du droit a l’époque, c’est un texte très important tout d’abord on niveau général car on
considère que ce texte est le fondement du droit écrit ( ius scriptum) et on considère que c’est la première
véritable loi votée (lex rogata) et on considère aussi que ce texte a permis une certaine laïcisation du droit en
rendant le droit objectif et basé sur la loi.
Elle est publiée en 449 av JC et le point principal pour ce texte c’est que cette loi a permis la connaissance
des coutumes et du droit par les plébéiens, alors qu’avant ce texte la connaissance et l’interprétation du droit
étaient réservés aux pontifes qui étaient pris parmi les patriciens.

Quand on dit le « peuple romain » on parle de deux groupes : les plébéiens (la plèbe) qui est le peuple de
Rome, les commerçants, les banquiers, mais aussi les citoyens les plus pauvres (péjoratif)
Et les patriciens : les aristocrates, les grandes familles de Rome, …

Ce texte a donc permis a la plèbe de connaitre le droit.

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A partir de 462 av JC la plèbe demande la connaissance du droit, en 454 av JC les patriciens acceptent
qu’une magistrature soit crée dans ce but et donc cette magistrature (institution) va être un collège, une
réunion de 10 hommes que l’on appelle les decemvirs et on va les charger de rédiger un code et pour se faire
on leur donne le pouvoir et on les investi de l’imperium consulaire (une autorité, pouvoir des consults)

En 451, 10 tables sont rédigées + 2 en 450. Les tables sont votées par l’assemblée du peuple (comices
centuriates), puis on va les graver sur des panneaux de pierre et les exposées au forum et du coup tout le
monde a accès au droit, puisque tout les citoyens peuvent les lire.
Cicéron précise qu’au premier siècle dans les écoles les enfants les apprenaient par coeur (difficile puisque +
de 100 articles dans cette loi)

Cette loi contient beaucoup de droit privé et notamment beaucoup de droit pénal puisque l’idée et de garantir
la paix sociale, pour se faire on va sanctionner les atteintes au personnes et aux biens. Elle traite aussi en
droit privé de l’organisation de la famille, les successions, la propriété, les règles de voisinage et la
procédure. Cette loi s’applique a tout le monde même aux consults.
Aujourd’hui par d’exemplaires existent encore mais on connait parfaitement son contenu grâce à des
reconstitutions.

C. La notion de loi à Rome

A Rome il y a deux significations pour le mot « lex » :

- tout actes juridiques de valeurs diverse (ex: une simple close d’un contrat)
- Les actes qui émanent des autorités publiques et qui formulent les règles obligatoires et générales : il n’y a
pas eu beaucoup de lois a Rome (Assez rares) les romains n’étaient pas des législateurs. La plus
importante est la loi des XII Tables mais par exemple pendant le régime de la république (500 ans) il n’y a
que 800 loi qui ont étaient votées et sur ces 800 il n’a que 26 qui concernaient le droit privé.

Finalement malgré les progrès amenés par la loi des XII Tables, a la fin de la période de l’ancien droit, le
droit romain ne forme toujours pas un système cohérent et complet de règles et surtout ce droit reste très lié à
la religion.

Par 2 : La droit romain classique (150 av JC - 284 ap JC)

A. La procédure formulaire et le droit prétorien

Une nouvelle procédure se met en place, la procédure formulaire car la procédure précédente (celle des
actions de la loi) était trop formaliste et surtout elle était réservée seulement aux citoyens (pas aux étrangers,
au pérégrins) la nouvelle procédure va être beaucoup plus souple et qui va s’adapter aux nouvelles situations
qui résulte des transformations économiques et sociales et plus largement encore qui résulte des conquêtes.
Ce qui va permettre de traiter des nouveaux litiges.

Déroulement de la procédure : au départ on a un magistrat (le préteur) qui remet une formule écrite au
demandeur et ces formule contient des instructions pour le juge qui est un simple particulier et cela va
permettre au magistrat de créer et reconnaître des nouveaux droits et de les accompagner de recours en
justice (ex: cela va permettre de régler les litiges notamment entre citoyens et pérégrins).

Le droit prétorien est très important à l’époque classique.

B. Les grands jurisconsultes (juristes) classiques

Les plus important sont : Gaius, painien, ulpien, modestin, paul.

Leur activité à deux aspects qui correspondent aux deux aspects de la jurisprudence. Leur activité a un aspect
théorique et un aspect pratique.

1. Théorique : Ils ont rédigé des oeuvres doctrinales (ouvrages, traités, …) surtout dans le domaine du droit
privé.

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2. Pratique : ils ont en même temps eu une activité de praticien (avocats, consultants, rédacteurs d’actes …)

Par rapport a ces deux aspects la jurisprudence apparait pour l’aspect théorique comme une science (la
connaissance des règles) et pour l’aspect pratique elle apparaît également comme un art (la mise en oeuvre
pratique des règles). Et en réunissant ces deux aspects on a la définition de la jurisprudence a Rome qui
peut se définir comme la science du droit.

C. La formation du ius gentium (le droit des gens = aujourd’hui droit international)

Ce droit va apparaitre en raison de l’élargissement du monde romain (conquîtes) et il va y avoir de plus en


plus de contacts entre les citoyens romains et les étrangers (peregrins) et donc il fallait créer des règles
accessibles a tout le monde.
Ce besoin il s’est d’abord fait ressentir dans le monde du commerce, dans le cadre des relations d’affaire ce
qui explique que ce droit s’est formé d’abord en matière de contrats et donc dans le domaine des obligations.
Il faut que ce droit, pour être utilisé par tout le monde doit être simple, moins formaliste que le droit civil
(celui des citoyens) et surtout non religieux. Par rapport a ces exigences certains auteurs ont fait un
rapprochement entre les ius gentium et le droit naturel en disant que les ius gentium était fondé sur la raison
naturelle puisque qu’il avait vocation a être utilisé par tous les hommes. Le droit naturel est en résumé une
sorte de droit idéal mais il a des sens très différents parce que comme tout le monde n’a pas les memes
idéaux selon les périodes et les idées on peut lui donner différents sens.

Pour conclure sur le droit classique, le trait marquant du droit classique c’est que progressivement
l’empereur devient le seul maître du droit, on commence à dire qu’il est « la loi vivante » ou encore la « loi
animée » et cela va encore ce renforcer dans la dernière période de l’histoire du droit.

Par 3: Le droit post-classique (284-565 ap. JC)

Cette période correspond à la période du bas empire (domina).

Durant cette période deux sources vont se développer, les constitutions impériales (leges) = décisions de
l’empereur
et les grandes compilations juridiques (recueils de textes) :

A. Le Code Théodisien

Ce code porte le nom de l’empereur qui l’a publié, Théodos II en 438 qui étaient l’empereur romain d’orient
et ce code a été publié a Constantinople.
Deux points a retenir :
- Ce code a un objectif et une ambition limité, en ce sens ou il ne contient que des constitutions impériales
qui remontent depuis 312
- Mais ce code au moment de sa publication a également était publié et connu en occident parce que en 438
on est avant la fin de l’empire romain d’occident (476: l’empereur Romulus Augustule est vaincu par les
barbares qui vont piller rome odoacre)

Ce qui est important c’est que ce code va rester la base du droit romain en occident jusqu’au 12 eme siècle,
jusqu’à la renaissance du droit romain de Justinien.

B. La grande compilation de Justinien (empereur d’orient)

Il a voulu faire un oeuvre beaucoup plus ambitieuse, il a voulu faire une somme d’ensembles (tout réunir,
tout le droit et tout ce qui existait en droit) et il y a une idée de prestige dans cette grande compilation :
restaurer le prestige de l’empire.

Cette grande compilation se compose de 4 éléments :

- les institutes : un manuel élémentaire pour les étudiants qui est publié en 533, c’est un ouvrage qui a eu
un très très grand succès, on peut le déduire au nombre de manuscrits conservés

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- Le digeste (pandectes en grec) : aussi publié en 533, c’est un recueil d’extraits des oeuvres des
jurisconsult classiques (Gaius, painien, ulpien, modestin, paul), il n’a pas eu de succès, très peu utilisé car
on ne trouve aujourd’hui qu’un seul manuscrit complet

- Le code (534) recueil officiel de constitution impériale, les plus anciennes remontent à l’empereur
Hadrien (règne : 117 - 138) et les plus récentes sont de Justinien

- Les novelles se sont les nouvelles constitutions impériales, celles qui ont étaient publié entre 535 et 565,
elles ne sont pas réunies dans un code ni un recueil, elles sont simplement des collections privées, des
recueils privés que l’on appelle les collections de novelles (3 seulement sont encore existantes)b

Cet ouvrage est monument juridique que l’on appelle en latin le corps du droit civil, du droit privé, « le
corpus iuris civilis ». En face on positionne le corps du droit de l’église qui était très importante à l’époque
« corpus iuris canonici », le corps du droit canonique.
Cette oeuvre marque la fin du droit romain, elle est écrite après la séparation des empires en orient, on en a
donc pas eu connaissance tout de suite en occident et on va la découvrir en occident seulement fin 11ème
début 12ème : la redécouverte du droit de Justinien. A partir de là cette compilation va marquer tout le droit
jusque’à aujourd’hui.

Section 3 : L’héritage technique du droit romain


Par 1 : Les distinctions fondamentales du droit français

On parle ici de « summa divisio »

A/ La distinction entre le droit public et le droit privé

Cette distinction vient du droit romain, elle est exposée par Hubien (juriste conclut classique) qui écrit : « le
droit public comprend tout ce qui concerne le statut de l’état romain, le droit privé comprend les règles
destinées à l’utilité des particuliers »
On va prendre connaissance e cette distinction en France dit XI° début XII° au moment de la redécouverte du
droit romain, comme c’est en droit romain, au niveau des sources on va l’avoir surtout dans les traités de
droit savant (= le droit romain mais aussi le droit canonique). Cette distinction est inconnue en France dans
les coutumiers (= c’est l’ouvrage d’un juriste sur les coutumes de sa région), on ne la connait pas notamment
au XII° siècle chez Philippe de Beaumanoir, même le plus grand juriste du XIII° siècle ne connaît pas cette
distinction. Il faudra attendre le XVI° en France avec la deuxième renaissance du droit romain pour que cette
distinction se généralise dans la doctrine (= aux auteurs).
Au XVII° Domat va faire de cette distinction l’un des fondements de sa théorie avec ses deux grands traités :
Les lois civiles / Le droit public. Finalement cette distinction est toujours restée en application et elle est
encore utilisée aujourd’hui pour l’enseignement du droit.

B/ La distinction entre les personnes et les choses

Cette distinction est exposée pour la première fois chez Gaïus et dans cet ouvrage « les institutes ». Cet
ouvrage date de 161 ap.JC, comme Justinien c’est un manuel élémentaire dans lequel Gaïus prend un modèle
que l’on utilise dans les écoles et il adopte un plan en trois parties, en distinguant les personnes, les biens, les
actions.
Ce plan sera repris par Justinien dans ses institutes et c’est un plan qui va être utilisé par les juristes et qui
sera finalement reprit par les rédacteurs du code civil de 1804.

Plan Code Civil:


Livre I : des personnes
Livre II : des biens et des différentes modifications de la propriété
Livre III : des différents manières dont on acquiert la propriété

C’est donc une distinction qui vient du droit romain et qui a encore son importance aujourd’hui.

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Par 2: L’héritage romain concernant la propriété

Le mot propriété est d’origine romaine : proprietas (= dominium : domaine). A la base il y a une conception
romaine du pouvoir de l’homme sur la chose et dans cette conception, la propriété confond la chose et la
maîtrise de la chose. Cela veut dire que le mot propriété désigne aussi bien la chose c’est à dire l’objet du
droit que la maîtrise sur la chose c’est à dire le droit lui même.

Ex : le mot propriété désigne bien le droit de propriété mais ça désigne aussi la chose ou l’objet de droit :
« j’ai une propriété à la campagne ».

On peut utiliser les explications de Gaïus qui oppose les choses corporelles aux choses incorporelles.
Les choses corporelles sont les choses matérielles que l’on peut toucher, il donne 3 exemples : un arbre, un
champ ou de l’argent.
Les choses incorporelles sont des droits au sens de rapport juridique et plus précisément elles se définissent
comme l’ensemble des rapports juridiques par lesquelles l’homme exerce sur la chose des maîtrises autres
que la propriété. Il donne également 3 exemples : l’usufruit, la servitude, l’obligation.

Finalement ces explications de Gaïus là aussi seront reprises par les juristes au Moyen-âge jusqu’au code
civil de 1804. Dans le code civil la conception de la propriété telle qu’elle existe aujourd’hui est la
conception romaine de la propriété.

Par 3 : L’héritage romain concernant l’obligation

A/ La notion d’obligation

On retrouve Gaïus et ses institutes : « l’obligation est un lien de droit par lequel nous sommes tenus de la
nécessité de payer (exécuter) quelque chose ». Pour pouvoir l’expliquer il faut voir qu’au départ ça nécessite
un rapport entre deux personnes. Cote actif l’obligation est une créance et la personne est le créancier, ce
dernier a un droit personnel, ici on est pas de le domaine des droits des personnes parce qu’ici le droit
personnel est dans le domaine des droits patrimoniaux et cote passif on a le débiteur.

Il faut se baser sur une distinction romaine qui est faite par le juriste Paul qui fait une distinction entre les
droits personnels et les droits réels. Ces droits sont des droits patrimoniaux.
Le droit réel est un droit direct et immédiat sur la chose (ex: le droit de propriété), le droit réel est un droit
absolu et opposable à tous. Il en découle un droit de suite et un droit de préférence. Le droit de suite c’est le
droit de revendiquer la chose contre toutes personnes qui la détient. Le droit de préférence c’est le droit de se
payer sur la chose avant tout autres créanciers.
Le droit personnel correspond à l’obligation, il est relatif et on ne peut l’invoquer que contre un débiteur,
donc l’obligation est inopposable aux tiers et elle entrainent ni droit de suite ni droit de préférence.

B/ La classification des sources de l’obligation

On retrouve encore Gaïus qui donne une summa divisio des sources de l’obligation : « certaines obligations
naissent d’un contrat, d’autres d’un délit »
Divisions en trois parties dans une autre partie du livre : « certaines obligations peuvent naître d’un quasi
contrat ».
Quasi contrat : « Certains débiteurs semblent être tenus comme en vertu d’un contrat »

Et Justinien complète en donnant un classement en 4 parties : « les obligations naissent d’un contrat, comme
d’un contrat, d’un délit, comme d’un délit ».

Finalement cette classification sera reprise au XVIII° par Pothier et c’est lui qui va donner les définitions et
les termes encore utilisés avec comme sources les obligations, les contrats, les quasi contrats, les délits et les
quasi délits.

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Chapitre 2 : L’expérience médiévale


Section 1 : Généralités sur les institutions médiévales

Par 1 : Le Haut Moyen Age ou l’époque franque (5° - 10° siècles)

Ce qui est marquant c’est la rencontre de deux traditions, la tradition romaine et la tradition germanique avec
la présence des barbares en Occident. La France est le territoire des premiers francs, un peuple d’origine
germanique qui se sont installés en Gaule qui ont envahi les gaulois.

Dans la période franque il y a deux dynasties qui se succèdent, celle des mérovingiens (481 - 751) qui
possède deux caractéristiques générales : coexistante de deux peuples qui ne sont pas encore fondus entre
eux et un affaiblissement du pouvoir politique. Puis la dynastie carolingienne (751 - 987) qui possède
également deux caractéristiques : une volonté de rénovation et de redressement sur le plan politique et
beaucoup de références à l’Antiquité.

A/ La dynastie mérovingienne

Il y a un nom à retenir Clovis, on dit que la dynastie a été fondé par lui car c’est celui qui a marqué l’histoire;
hors c’est son grand-père, Mérovée qui l’a fondé et qui a donné son nom à la dynastie. C’est Clovis qui a
régné sur tous les francs.

Plusieurs grandes dates marques cette période :

- 486 : victoire de Clovis sur les gallo-romains et sur leur chef Syagrius, il est victorieux à la bataille de
Soissons. La principale source historique pour les francs est un ouvrage de Grégoire de Tours « Historia
Francorum ». Il était un historien gallo-romain qui a vécu au VI° siècle et qui était issu d’une grande
famille, il était ecclésiastique et était un évêque. Cet ouvrage est une suite d’histoires et c’est par rapport a
celui ci qu’on lui a donné le titre de l’histoire de France.

Après la bataille les francs doivent procéder au partage le butin selon leur coutume (tirage au sort). Mais
Clovis veut qu’un vase argent prit dans une église lui soit attribué hors tirage au sort, pour le rendre à
l’évêque. Personne ne s’y oppose sauf un soldat et ce soldat « tu ne recevras que ce que le sort te donnera
vraiment » il va donc taper dans le vase avec sa hache, sans le casser. Clovis prend le vase et ne dit rien.
1 an après, revu militaire et inspection des troupes et Clovis repère le soldat, il lui reproche un mauvais
entretien de ses armes et jette sa hache par terre et quand le soldat se baisse pour la ramasser, Clovis lui met
un coup de hache sur la tête et lui dit « ainsi as-tu traité le vase de Soisson ».

- 496 : Clovis est victorieux sur les Alamans à la bataille de Tolbiac et à partir de cette bataille il n’y aura
plus d’invasions germaniques de l’est vers l’ouest

- 496 / 498 : baptêmes de Clovis avec ses 3000 soldats il est convertit au christianisme par l’évêque Rémi
cela à lieu a Reims le jour de Noel, il renonce ainsi à la religion de ses ancêtre : le paganisme (= religion
polythéiste). Avec le développement du christianisme, le paganisme (début 4° ème siècle le peuple
chrétien est officiellement toléré à Rome et fin 4 ème il devient la religion officielle de l’état romain) va
changer de sens et va désigner la religion de population qui n’ont pas étaient encore évangélisées. C’est à
partir de ce baptême que la religion catholique va vraiment se développer en France, on dira ensuite que la
France est « la fille ainée de l’église ».

- 507 : la bataille de Vouillé et Clovis est victorieux sur les Wisigoths et il prend leur capitale : Toulouse.
On peut faire deux remarques sur ces quatre dates :

- C’est une période marquée par des guerres et des conflits, c’est une période violente
- C’est l’importance de l’église à l’époque (elle commence à être très importante car : elle a joué un rôle de
transition entre l’antiquité et le moyen âge, entre le monde romain et le monde germanique parce que
l’église à par exemple conservée les institutions romaines, l’organisation administrative de Rome et
également conservée le droit romain / l’alliance entre le pouvoir politique et l’église, le roi protège l’église
et va être soutenu par cette dernière, cette protection concerne les deux composantes de l’église, d’abord le
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roi protège le clergé séculier (=celui qui vit dans le siècle), celui qui vit donc au contact de la population
(un prêtre dans sa paroisse, un évêque, …) et puis le clergé régulier c’est celui qui vit selon une règle, qui
applique une règle et c’est celui qui est retirer dans les monastères (les moines).

Au début du règne de Clovis c’est le clergé séculier qui domine (les évêque ont un rôle déterminant
notamment en politique) puis à la fin du VI° ce sont les moines qui vont passer au premier plan, la clergé
régulier, car il va y avoir un développement très important des monastères.

Clovis n’a pas imposé sa culture germanique malgré ses victoires, tout simplement parce qu’il reconnaissait
la supériorité de la civilisation gallo-romaine.

La mort de Clovis (début VI°) amène un déclin de la dynastie et le royaume franc est partagé entre ses fils
(partage = affaiblissement), à partir de la fin du VI°, la dynastie va encore être affaiblie par des disputes
familiales internes.
A ce moment là, l’aristocratie profite de leur affaiblissement pour prendre plus de pouvoir.
Début VII° siècle le déclin s’arrête grâce à un roi, le roi Dagobert qui arrive à remettre en place l’unité du
royaume mais le déclin reprend et à nouveau l’aristocratie (les leudes) en profite et à leur tête, ces
aristocrates sont représentés par le maire du palais, de plus ils avaient fait un serment de fidélité au roi ce qui
montre leur trahison. Le maire du palais est le chef de l’administration centrale (premier ministre
aujourd’hui) l’intendant du roi et à la fin de la dynastie mérovingienne, les différents maires du palais qui
vont se suivre vont finalement avoir plus de pouvoir que les derniers rois (on les appelait les rois feignants
car ils ne faisaient rien).
A la fin de la dynastie c’est le maire du palais qui a le droit politique, le droit temporel et le roi lui représente
le pouvoir sacré, il représente le lien spirituel entre dieu et le peuple, le dernier roi mérovingien sera
Childeric III.

B/ La dynastie carolingienne

Cette dynastie est fondée par Pépin le Bref, un ancien maire du palais et il a régné comme roi de 751 à 768 et
c’était l’un des fils de Charles (Carolus = nom de la dynastie) Martel qui était aussi un maire du palais mais
qui n’est pas devenu roi.
C’est une dynastie de maires du palais qui se transforme en dynastie de rois.
Charles Martel est resté aussi célèbre par rapport à la victoire de Poitiers en 732 sur les arabes avec leur
chef Abd-al-Rhaman.
Il y a deux raisons qui expliquent cette victoire : les princes arabes étaient divisés et ils ont mis du temps à
attaquer laissant aux francs le temps de mettre en place leur armement et leur stratégie

Pépin le Bref règne à partir de 751 et se fait élire roi des francs mais cette élection est en réalité un coup
d’état qu’il fait avec l’accord du pape, il est donc élu roi et reçoit l’onction royale par l’évêque Saint
Boniface et donc il se fait à l’occasion sacrer (premier roi sacré) pour pouvoir ainsi légitimer son pouvoir et
en 754 pour renforcer son autorité il se fait à nouveau sacrer à Saint Denis par le pape Etienne II.
On voit ici toujours l’union entre le pouvoir et l’église qui va être le plus illustré par le sacre de Charlemagne
(le fils de Pépin le Bref) qui est sacré à Rome par le pape Léon III pendant la nuit de Noel de l’an 800.
Lors de ce sacre Charlemagne est proclamé « empereur d’Occident, protecteur et défenseur officiel de
l’église ». C’est à partir de Charlemagne que le roi s’intitule « roi par la grâce de dieu ». Sous les
carolingiens, l’église est le pilier de la société et du pouvoir.

Après le règne de Charlemagne il va y avoir un déclin de la dynastie, d’abord pour des raisons économiques :
un développement de l’islam en Méditerranée, des conflits et une insécurité qui vont entrainer un déclin
économique. Et puis on retrouve aussi à la mort de Charlemagne, que son royaume doit être partagé
normalement entre ses fils mais Charlemagne meurt en 814 et il ne reste en vie qu’un seul de ses fils Louis le
Pieux donc le déclin ne se fait qu’a partir du moment ou le royaume est partagé et que l’unité décline à cause
de disputes familiale internes et finalement le traité de Verdun (843) met fin à l’unité de l’empire.
C’est également à ce moment là que commencent les invasions normandes (Norvège et Danemark), ils vont
piller les cotes et remontent même très loin dans les terres, c’est la terreur. Le problème est que les armées du
roi ne sont pas assez puissantes pour les stopper et donc le roi contraint, contre sa volonté va permettre à
l’aristocratie de mettre en place des protections locales : de construire des châteaux forts. Evidemment les
seigneurs vont les construire ce qui va renforcer encore leur pouvoir, ainsi renforcés, ces seigneurs vont
prendre le trône au dernier roi carolingien = l’aristocratie prend la place de la dynastie qui règne.

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Ça sera le cas de Robert le Fort et sa famille sera à l’origine de la dynastie Capétienne.

Par. 2 : Le moyen âge classique ou l’époque féodale ( 11° - 13° siècles)

Quatre remarques générales :

- Au début de la France capétienne et à cause de la féodalité, du régime féodal, cette France à un aspect
anarchique et morcelé : 1° le domaine royal (= équivalent d’une dizaine de département au centre et non
de la France : là où le roi est seigneur et où il a un réel pouvoir -> royaume / domaine ) est très restreint.
2° Dans le royaume les moeurs et les langues sont très différentes. 3° La société est divisée : dans les
campagnes, les paysans sont attachés à leurs seigneurs et dans les villes, les bourgeois (habitants d’une
ville) veulent des libertés qui correspondent à leur rôle économique.

- La chronologie : la période féodale se divise en deux phases : la première commence en 987 l’avénement
de Hugues Capet et se termine en 1108 = les temps seigneuriaux, elle est marquée par le morcellement
territorial, le morcellement de l’autorité publique et par la mise en dépendance du petit peuple. Et on peut
dire que pendant cette première phase, le roi n’est qu’un seigneur parmi les autres seigneurs ce qui rejoint
qu’en dehors de son domaine il n’a pas de pouvoir.
La deuxième commence en 1108 avec l’avènement de Louis VI le Gros et se termine en 1223 avec la fin
du règne de Philippe Auguste. Ce qui a marqué cette phase c’est la restauration de l’autorité royale. Mais
pour autant les institutions féodales n’ont pas disparues puisque en réalité c’est sur la base de ces institutions
que les institutions royales ont été crées.

- La définition de la féodalité : ce mot n’apparait qu’au XVII° siècle et il a deux définitions :


Un sens étroit et restreint car on reste que sur l’explication juridique : les institutions qui autour de la
vassalité (= c’est un hommage qui met en place un lien de dépendance, notamment entre seigneurs : il y a un
seigneur qui va prêter hommage à un autre seigneur, celui qui prête hommage s’appelle le vassal et le
seigneur supérieur c’est le suzerain) et du fief (= une terre noble, qui appartient à un seigneur qui en ai
propriétaire et souverain) caractérisent l’organisation juridique de l’époque féodale.

Dans un sens plus large elle peut se définir comme l’ensemble des institutions, des structures et des
mentalités qui caractérisent l’époque qui va du X° au XIII° siècle.

- Dans l’époque féodale l’institution déterminante est la seigneurie, c’est un territoire qui est plus ou moins
étendu, dispersé et le seigneur le propriétaire et souverain. Et la seigneurie représente un effort
d’organisation avec une hiérarchie : il y a la grande seigneurie : avec les Marquis puis ensuite en
descendant on a les Duchés puis ensuite les Comptés, en dessous les Vicomptes puis enfin les Barronis.
Un compte peut se soumettre à un Duc et donc le compte sera le vassal et le duc son suzerain.

La seigneurie (institutions déterminante de la féodalité) se compose de plusieurs éléments :

Au sommet on a le seigneur châtelain et il est le seul qualifié pour procurer le bien commun de la
seigneuries: il est responsable seul du bien être matériel du groupe (les habitants de sa terre) : la sécurité, il
est chargé de la défense du groupe et à ce titre il va disposer de différents pouvoirs :
Le droit de guerre, le droit de justice, la police de la seigneurie (le mot police veut dire administration) et
enfin c’est lui qui va percevoir les impôts et les charges d’interêt commun.

Les vassaux nobles qui sont des seigneurs (des nobles) qui sont installés sur des fiefs mais qui sont moins
importants que le seigneur châtelain (contes, vicomtes) mais ils vont l’aider pour la guerre et pour
l’administration.

Les tenanciers qui sont des cultivateurs, ils sont soit roturiers (les non-nobles, ni dans les églises : ils sont
libres dans la société) soit serfs (personnes non-nobles, ni dans les églises : mais ils sont pas libres ->
presque comme des esclaves, ils ne s’appartenaient pas, ils appartiennent à un seigneur).
Ils dépendent soit du seigneur châtelain soit des vassaux nobles, ils dépendent forcement des seigneurs et
leur rôle est donc d’abord un rôle économique, c’est eux qui s’occupent de la vie matérielle du groupe, il le
nourrisse.

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Il y a aussi des personnes libres et indépendantes : les étrangers de passage (aubains), comme des
marchands ou des fugitifs, il peut également s’agir éventuellement de propriétaires d’alleux (= propriétaire
d’une terre qui est libre : une terre qui ne dépend de personne)

Par 3 : La fin du moyen âge (XIV° - XV°)

Siècles marqués par des bouleversements dans tous les domaines :

Bouleversements économiques : début XIV° grave crise économique qui fait qu’une large partie de la
population est ruinée
Démographiques : grande peste noire de 1348 qui entraîne en 2,3 ans la disparition d’un tiers de la
population en France = lien avec l’éco : manque de main d’œuvre

Idéologiques : au niveau de l’église, deux choses vont provoquer des scandales :

- le faste de l’église qui va exaspérer la population


- les divisions au sein de l’église
= divisions dans la population et scandales

L’église est critiquée par rapport à la peste car elle n’a pas été capable de protéger la population

Politiques : Les guerres entre les princes et les seigneurs vont entrainer aussi de nombreux morts et une
déconcentration de la population

Tout ces bouleversements annoncent la fin du moyen âge et le début de la renaissance du XVI° siècle

Section 2° Les sources du droit et la justice au moyen âge

Par 1: Le droit et la justice sous les mérovingiens

A/ Le droit sous les mérovingiens

Dans le royaume ce qui est marquant c’est la rencontre de deux traditions : la tradition romaine pour les
gallo-romains et la tradition barbare pour les Francs.
Il va dont y avoir deux droits, c’est pour cela que l’on parle de dualité juridique dans le royaume.

On peut déjà préciser que le droit barbare est très marqués par deux notions : la notion de vengeance et la
notion de rachat (racheter les conséquences d’une infraction)
Entre ces deux droits c’est le droit romain qui est incontestablement supérieur et même aux yeux des Francs
qui sont tout de même les vainqueurs

Ainsi finalement les Francs n’ont imposé leurs décisions qu’en matière de droit public, car c’est au droit
public qu’est rattaché l’exercice du pouvoir politique et donc sinon cela aurait pu être perçu comme un
abandon de souveraineté.
Mais en droit privé (droit qui régit les rapports entre particuliers) on va appliquer successivement deux
systèmes pour les rapports entre particuliers, au début de l’époque mérovingienne on applique le système de
la personnalité des lois : on applique les lois personnelles des parties. En cas de conflit de lois le principe est
d’appliquer la loi personnelle du défendeur, mais a partir du VI° on va appliquer progressivement un autre
système, celui de la territorialité des lois qui sera vraiment en place au 9° siècle = on applique donc la loi du
territoire où vivent les parties. Mais si il y a un conflit de lois, même solutions, on applique la loi du territoire
du défendeur.

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Le droit barbare : référence a trois textes importants :

- La loi Salique : texte le plus important : la mise par écrit en latin des règles coutumières des Francs
depuis leurs origines, il a eu une dizaine de transcriptions entre le 6° et le 9° siècles. Ce texte est surtout
du droit pénal et c’est un texte qui est basé sur le principe des compositions pécuniaires (argent), cela
signifie que le coupable doit composer (s’arranger) avec la victime où sa famille et de cette façon on va
mettre en place une tarification de la vengeance = progrès pour la justice. Cette loi est très précise et se
présente comme une sorte de catalogue d’indemnisations, de réparations fixes cela veut dire que pour
chaque infractions on va fixer un tarif (racheter l’infraction faite), on l’appelle en allemand le « Wergeld »
(prix du sang, le prix de l’homme). Pour chaque infraction il y a une indemnisation.
Pour fixer cette indemnisation on tient compte de la qualité de la victime, (c’est pas pareil entre un Francs =
coute plus cher et un romain) mais aussi entre les femmes, les enfants, les cheveux (très importants chez les
Francs = signe de pouvoir) , on tient aussi compte de si ils naissent sous la protection du roi, proche du roi,
on tient compte aussi de l’infraction, si c’est un assassinat, un viol, de la gravité des blessures, on tient
compte de l’âge.

- La loi Gombette, la loi nationale des Burgondes : rédigée vers 502 et influencée par le droit romain
- Le Bréviaire d’Alaric, la loi romaine des Wisigoths : rédigée en 506 influencée par le droit romain
L’Eglise elle vit sous la loi romaine.

B/ Les juridictions mérovingiennes

Il y a deux juridictions sans hiérarchies mais avec des liens possibles de l’une à l’autre.

a) Le tribunal de droit commun ou le Mallus

C’est le tribunal « ordinaire, normal , dans le cadre de ce tribunal la tradition germanique veut que tout les
hommes libres participe à l’exercice de la justice. Ce tribunal va avoir une compétence très large : compétent
pour toutes les affaires civiles et pénales et ceci a l’égard de tout les habitants du comté qui est le ressort
territorial de cette juridiction sachant que c’est un tribunal itinérant (se déplace à l’intérieur du comté).

Le Mallus est présidé par le Comte qui a cette occasion possède le titre de Judex Publicus (juge public) et il
est entouré d’assistants qui sont des notables qu’il a choisi qui sont appelés les Rachimbourgs et ils sont
censés connaitre les coutumes, ils sont censés connaitre le droit.

b) Le tribunal du palais

Le tribunal du palais c’est roi mérovingien qui va juger personnellement : soit les affaires qui le concernent
directement par exemple une trahison, une désertion il va juger aussi les affaires qui concernent sa famille,
soit encore les affaires qui concernent les personnes qui sont sous sa protection (ex: un Franc compagnon du
roi ou un romain convive du roi).
Parce que si on porte atteinte à quelqu’un qui est protéger du roi cela amène a un mépris de l’autorité du roi.

c) Les liens entre les juridictions

Il n’y a pas de hiérarchie : on ne peut pas faire appel d’une décision du Mallus devant le tribunal du palais.

Par contre des liens sont possibles entre les deux tribunaux dans deux hypothèses :

En cas de déni de justice, si le Mallus a refusé de rendre la justice ou de dire le droit, alors le plaideur peut
aller se plaindre au roi et le roi soit il ordonne au comte de rendre la justice soit il renvoie l’affaire devant le
tribunal du palais (lien entre les deux juridictions).

En cas d’application injuste de la loi, si un comte a mal rendu la justice alors dans ce cas un édit (une loi) de
614 de Clothaire II (le roi mérovingien à ce moment là) prévoit que le tribunal du palais punira le coupable
(lien entre les deux juridictions).

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C’est une loi importante parce qu’elle précise et étend la compétence de la juridiction épiscopale (le tribunal
de l’évêque) sur les Clercs et aussi sur les laïcs.

C/ La procédure mérovingienne

Procédure formaliste et accusatoire (pour qu’il y est une procès il faut que la victime ou sa famille se
déclare), pour la procédure on a aussi une dualité juridique : deux types de preuves :

Il y a les preuves rationnelles : ce sont celles qui viennent du droit romain (3 exemples : un écrit, un aveu et
un témoignage)

Et les preuves irrationnelles : ce sont celles qui viennent du droit barbare, principalement :

Le serment purgatoire : c’est un serment qui est fait par l’accusé qui jure qu’il est innocent et il est assisté
de co-jureurs (pas des témoins mais ce sont des garants de la moralité de l’accusé).
Affaire célèbre : en 568, au moment du règne du roi Chilperic qui a une maitresse qui s’appelle Fredegonde
et elle va être accusée d’adultère, elle va arriver à se disculper du soupçon de l’adultère en utilisant ce mode
de preuve et elle va être assistée de 300 co-jureurs et de 3 évêques. Elle est déclarée innocente et peu de
temps après elle fait assassiner l’épouse du roi et se marie avec lui.

Les ordalies : « jugements de Dieu », ce sont des épreuves physiques qui sont infligés à l’accusé (qui dans le
cadre de ses procédure est appelé le patient) dans deux cas : soit en cas de contestation du jugement soit en
cas d’incertitude du tribunal. Il existe trois sortes d’ordalies :

Les ordalies unilatérales : la plus fréquente (la seule mentionnée dans la loi salique) est l’ordalie par l’eau
bouillante, le patient doit plonger sa main dans une chaudron d’eau en ébullition et doit en retirer un anneau
ou une pierre. Ensuite les juges placent sa main dans un sac en cuir scellé et au bout de 3 jours on ouvre le
sac et si la main a un mauvais aspect ça veut dire qu’il est impure et donc coupable et viser versa.
L’ordalie du fer rouge, on va obliger le patient à marcher sur des fers rougis puis on fera pareil avec les pieds.
Moins violente et plus favorable a l’accusé, l’ordalie de l’eau froide : on attache l’accusé et on va le plonger
dans une pièce d’eau (un lac, une rivière) mais qui a été préalablement bénite ou sacrée, si l’accusé est pur
comme l’eau est bénite, l’eau doit l’accueillir, il doit couler, par contre si il est impur l’eau doit le rejeter, il
doit flotter.
Affaire : une seule affaire rapportée où le corps flotté et donc a été déclaré coupable.
L’ordalie par le vin et le fromage : faire manger à l’accusé une grosse quantité de chaque et si il est malade
c’est qu’il est coupable.

Les ordalies bilatérales : elles sont plus favorables aux accusés, en général elles sont réservées aux
personnes faibles (aux malades, et aux clercs). La plus courante est l’ordalie de la croix, les deux adversaires
au procès se tiennent face à face les bras en croix et le premier qui baisse les bras perd son procès.

Le dual judiciaire : on considère que le vainqueur du duel est désigné par Dieu et donc soit il gagne sont
procès soit il est déclaré innocent.

Par 2 : Le droit et la justice sous les carolingiens

A/ Le droit carolingien

Pour Charlemagne d’abord il faut préciser que pour lui, il y a deux missions principales pour le droit, les
deux devoirs qui s’impose au roi sont : rendre la justice et réaliser la paix chrétienne.
Principalement le droit carolingien est contenu dans des actes législatifs que l’on appelle les capitulaires (=
actes législatifs qui s’imposent à tout les sujets de l’empire) qui sont des lois, on en distingue trois sortes :

- Capitularia per se scribenda : ils émanent uniquement du roi, ils ont une force législative générale et ils
s’imposent dans tout le royaume.
- Capitularia legibus addenda : ils modifient ou complètent les lois nationales, on les trouvent surtout en
droit privé (en matière de droit pénal).

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- Capitularia missorum : ce sont des instructions administratives qui sont données au représentant de
l’empereur (= les envoyés du maître / missi dominici)

On peut remarquer que l’on retrouve une sévérité du droit : « le voleur à la première fois perdra un oeil, à la
deuxième fois on lui coupe le nez et à la troisième fois en l’absence de composition il meurt ».

B/ Les juridictions carolingiennes

On garde la base des juridictions mérovingiennes, il y a trois juridictions :

a) Le tribunal impérial

Il se compose lui même de trois juridictions :

- Le comte du palais : chef de l’administration centrale et donc il est doté d’une juridiction qui lui est propre
- Le roi : il va juger personnellement les grands (= les seigneurs) et il va trancher les questions juridiques
non prévues par la loi
- On retrouve le tribunal du palais qui existait à l’époque des mérovingiens, mais désormais les dénis de
justice relève de la compétence des missi dominici (envoyés du maître)

b) Les missi dominici

Ce sont des personnages très importants et ils fonctionnent toujours à deux (un laïc (= un comte) et un
ecclésiastique (= un évêque)).
Ils ont des pouvoirs judiciaires : ils peuvent préciser le tribunal de droit commun, ils peuvent revoir les
sentences injustes du tribunal de droit commun, ils peuvent tenir des assemblées où ils convoquent les
grands, ils peuvent aussi juger les officiers du roi et enfin ils ont une compétence exclusive pour tous les
litiges qui concernent les successions immobilières (ils sont les seuls à pouvoir les juger).

c) Le tribunal de droit commun (le mallus)

On retrouve le même ressort territorial (le comté) par contre Charlemagne va beaucoup modifier la
composition et le fonctionnement.

Le Mallus comporte deux sortes d’assemblées :

Une assemblée judiciaire principale qui se tient trois fois par an, cette assemblée s’appelle la placita
generalia, on y trouve en théorie tout les hommes libres mais en fait on n’y trouve que les seigneurs, que les
grands (ecclésiastique où laïcs). Lors de ces assemblées on va juger le plus grands nombre de procès
possibles en donnant la priorité aux affaires les plus importantes (ex: en pénal on commence par s’occuper
des crimes). Toutes les affaires qui n’ont pas pu être jugées sont renvoyées à des assemblées judiciaires
secondaires que l’on appelle placita minora. En pratique ces assemblées judiciaires secondaire constituent
en quelque sorte un tribunal permanent.
Dans toutes les assemblées judiciaires les notables (les rachimbourgs) qui y siègent de façon régulière
changent de noms et s’appelle les échevins : on peut dire dès cette époque que l’on a un « cours de
fonctionnaire » qui connait le droit.

C/ La procédure carolingienne

On considère que Charlemagne a fait progresser la justice parce qu’il a encouragé le recours aux tribunaux :
il a essayé de faire reculer la justice privée (= la vengeance) = progrès. Mais la procédure reste formaliste et
accusatoire. Dans les progrès fait par Charlemagne pour la justice il y a aussi une volonté de rationaliser les
modes de preuves, c’est à ce moment là que l’on va de plus en plu développer l’enquête comme mode de
preuve que l’on peut définir a ce moment la comme : « la volonté de réunir des preuves concordantes qui
sont basées sur des témoignages d’homme de voisinage de bonne moralité.

Mais la aussi on reste sévère : si une personne fait un faux témoignage on lui coupe la main droite.

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Par 3 : Les sources du droit et la justice à l’époque féodale

Sur le plan général à cette époque le droit et même le droit naturel c’est le droit divin : qui vient de dieu.
Ce droit divin est donc la source principal, le droit idéal qui va être placé au dessus de tout (au dessus du roi
ou de l’empereur, au dessus des seigneurs, au dessus de la population).

Il y a aussi des sources secondaires comme la coutume, la loi écrite, le droit romain, et le droit canonique.

A/ La diversité des sources du droit

Cette diversité s’explique par la structure sociale et par l’organisation de la société au moyen âge. Dans cette
diversité il y a deux blocs :

a) Le droit canonique (= le droit de l’église)

À cette époque l’église joue un rôle déterminant dans la société et c’est donc normal que le droit de l’église
soit une source du droit. Ce droit est très important cas il s’applique de façon très large : le droit canonique
s’applique devant les juridictions ecclésiastiques mais il s’applique également devant les tribunaux laïcs
( pour toutes les questions sur lesquelles le pouvoir temporel a accepté la direction de l’église). Le pouvoir
temporel c’est le pouvoir politique. Ces questions sont tout ce qui concerne le mariage, de ce qui concerne la
filiation, tout ce qui concerne les contrats également …

b) Le droit séculier (laïc)

Il a un champ très large et il a beaucoup de rapports juridiques restent régis par le droit séculier et il va y
avoir des grandes évolutions :

Première phase (X° au XII°) le droit royal disparait : il ne va plus y avoir quasiment de dispositions
législatives émanant du roi avec une valeur et portée générale. C’est parce qu’il y a un affaiblissement de la
royauté, le roi n’a plus de pouvoir donc il ne légifère plus.
Il y a aussi le droit populaire qui va lui aussi évoluer, il une première évolution, à l’époque féodale ce n’est
plus le droit des différents peuples mais ça va être désormais le droit des différents groupes sociaux sans
qu’on distingue par rapport à un peuple ou par rapport à une race et donc qu’à partir du X° on ne renvoie
plus aux lois personnelles mais on renvoie à la coutume (par exemple de tel lieu, de tel endroit, de tel
métier), la coutume finalement c’est le mélange des usages juridiques d’individus qui viennent à la base de
différents peuples qui se sont au départ installés sur le même lieu.
Et une deuxième évolution (XII°) c’est la renaissance du droit romain, cette redécouverte se fait dans le
midi de la France : explication géographique (proche de l’Italie) et explication du langage (proche du latin).
À côté des coutumes de lieux le droit romain va prendre une place plus ou moins importante par contre il ne
va pas avoir d’influence dans le nord et c’est là que l’on va avoir la grande distinction pour le droit français
et pour toute l’histoire du droit : elle se met en place au XIII° c’est la distinction : nord pays de coutume /
sud pays de droit écrit = on applique le droit romain à côté des coutumes

B/ La coutume

a) La définition

Au XII° siècle c’est le mot consuetudo (ce mot désignait avant ça une redevance ou une taxe) qui désigne la
coutume et à ce stade comme définition on peut dire que la coutume est une ensemble de règles qui régissent
les relations et les comportements privés et publics des habitants de la seigneuries. Dans cette définition la
coutume est orale.
Cette définition pour la préciser on peut dire que la coutume est un usage juridique qui s’est formé
spontanément (sans violence) donc qui est accepté par le groupe social qui croit même au caractère
obligatoire de cet usage et il faut aussi que les actes qui fondent la coutume soient répétés pendant un certain
temps (environ 40 ans).
« Une fois c’est pas coutume » est un adage de Loysel.
Mais on parle aussi de coutume immémoriale (coutume ou pratique dont on a pas le souvenir d’un usage
contraire).

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Une coutume peut cependant disparaître par le non-usage dans ce cas là on dit qu’elle disparaît par
désuétude.

b) Le champ d’application et la preuve de la coutume

La coutume a un champ d’application qui est très vaste, elle s’applique en droit public (comme coutume par
exemple on peut citer les lois fondamentales du royaume : lois qui régissent la succession au trône) et en
droit privé (il y a des coutumes sur tout comme par exemple sur les métiers, sur les cultures, …).

Au XIII° le champ d’application de la coutume, le cadre territorial ou s’applique la coutume est une
circonscription judiciaire que l’on appelle le bailliage ou la sénéchaussée et c’est important car par définition
la coutume est orale, le juge doit constater une coutume pour l’appliquer et donc il faut prouver la coutume et
comme elle est orale il y avait souvent des problèmes de preuves.
Il y avait plusieurs cas de figures pour la preuve de la coutume : certaines coutumes sont dites notoires,
coutume qui est tellement connue que ce n’est pas la peine de la prouver, il a aussi les coutumes dites
reconnues, coutume qui a été appliquée au moins deux fois par un juge, toutes les autres coutumes sont
appelées des coutumes privées, qui doivent être prouvées et on va utiliser pour ça les modes de preuves
ordinaires, en utilisant donc les modes de preuves rationnels (le témoignage) mais aussi irrationnels (les
ordalies, le duel judiciaire) et on va utiliser de plus en plus aussi l’enquête.
Pour l’enquête il va y avoir une évolution, d’abord l’enquête par témoins qui va se maintenir dans le midi de
la France mais dans le Nord à partir du XII° on voit apparaitre un nouveau mode de preuve : l’enquête par
turbe qui va se développer et va être réglementé par une ordonnance de Saint- Louis qui date de 1270. Dans
cette ordonnance à la base ce que l’on appelle une turbe est un groupe de 10 personnes qui sont appelés
hommes sages ou prud’hommes qui sont réputés pour leur expérience, ils doivent prêter serment et ils
délibèrent à l’unanimité pour savoir si tel usage constitue ou pas une coutume.
Si oui : « la coutume est proposée par l’un d’eux et donnée par écrit ». Au XIV° ce procédé évolue et chaque
plaideur va produire sa propre turbe (son propre groupe de personne qui va comprendre de plus en plus de
prud’homme) et cela va conduire à des abus et on retrouve ici Loysel qui explique cette évolution avec
l’adage suivant : « qui mieux abreuve mieux preuve ». Au XIV° une turbe est donc une série de témoignage.
Ce mode de preuve va encore évolué et va être encore compliqué (inconvénient : les proches sont plus longs
et plus chers) par une ordonnance de 1498 de Louis XII°. Mais finalement on va utiliser ce système de moins
en moins mais tout de même jusqu’à la grande ordonnance civile d’avril 1667 = ancêtre du code de
procédure civile.

c) Les sources historiques de la coutume

On connait les coutumes grâce aux chartes ou grâce au cartulaires qui sont des conventions passées entre les
particuliers au 11°

Au 12° on voit apparait des documents plus généraux aussi appelés des chartes ou statut municipaux qui sont
plus généraux : des privilège par lesquels un roi ou un seigneur accorde un statut spécial à un ville : cela
explique que dans ces statuts on a surtout des coutumes de droit public (peu de droit privé).

Pour le XII° siècle on voit apparaitre des nouvelles sources : les recueils d’arrêt : à partir du milieu XII°, les
principaux arrêts du parlement sont transcris dans des registres, jusque là ils étaient inscrit dans des rouleaux,
ces registres sont appelé olim (c’est par ce mot que commence l’un des premiers registre qui a été transcris
en 1263 par le greffier de la cour Jean de Moluçon). On connaît également les coutumes surtout grâce aux
coutumiers (un ouvrage privé qui est rédigé par un jurisconsulte) qui parle des coutumes des régions.

Les principaux coutumiers qui apparaissent sont d’abord les plus anciens qui viennent de normandie

ex des principaux coutumiers de l’époque féodale :

Fin XII° comme ouvrage on peut citer le très ancien coutumier de normandie qui est un ouvrage anonyme

On peut aussi citer milieu XIII le grand coutumier de normandie qui aurait été écrit par un ecclésiastique
praticien du nom de Maucaël

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On peut citer le troisième coutumier, un conseil a un ami écrit au milieu du XIII par Pierre de Fontaines (il
était bailli du vermandois, en d’autres termes un administrateur local chargé de la justice dans sa région), cet
ouvrage a été rédige à la demande du roi Saint Louis et intègre aussi de droit romain notamment de Justinien

Quatrième ouvrage intitule le livre de Jost ice et de plet très célèbre dans la deuxième moitié du XIII°, cet
ouvrage contient aussi du droit romain et c’est un ouvrage anonyme

Cinquième : les établissements de saint louis 1270 qui contient les coutumes de Tours et d’Orléans et du droit
romain, du droit canonique, du droit savant et auteur inconnu

Enfin le plus important coutumier pour les moyen-age est le coutumier de Philippe de Beaumanoir : les
coutumes de Clermont en Beauvaisis en 1283. Beaumanoir était bailli de Clermont il s’occupait donc de
l’administration de la justice

Fin XIV, Jacques d’Ableiges (bailli et avocat au parlement de paris) publie le grand coutumier de France qui
concerne l’île de France, la Bretagne, la bourgogne : le plus ancien ouvrage sur le droit parisien

Fin XIV, Jean Bouteiller publie la somme rurale qui concerne la région du vermandois (nord du bassin
parisien)

Dans ces ouvrages on trouve des coutumes mais ce sont des ouvrages privés qui ne font donc pas preuve en
justice, le juge n’est pas obligé d’appliquer ce qu’ils contiennent.

C/ Les établissements du roi et des barons (les seigneurs)

La coutume a un champs d’application très important qui s’étend a tout le monde mais pratique il y a des
nouvelles situations qui apparaissent et forcement elles ne sont pas prévues par le coutume et donc le roi ou
le seigneur doit pourvoir a la nouvelle situation par de « nouveaux établissements » (« un établissement est
une loi générale qui doit demeurer stable à toujours »). Aux XII° les établissements deviennent de plus en
plus nombreux mais ils restent quand même assez rares.

On peut distinguer trois sortes d’établissements :

Les plus importants sont les établissement royaux, fait pour l’utilité du royaume : le roi n’est pas obligé
mais il prend toujours l’accord préalable de ses seigneurs, de ses barons pour la mesure qu’il va prendre

Les établissements royaux qui sont fait pour le domaine qui sont les plus nombreux et ces établissements
représentent les pouvoirs de justice et de police (administration) qui appartiennent au roi sur son domaine,
sur son fief

Les établissements des barons : il s’agit de manifestation des pouvoirs de justice et de police des seigneurs
sur leurs terres

D/ Le droit romain

Fin XI° début XII° : renaissance du droit romain / du droit de Justinien (la « redécouverte du droit romain »)
Les études du droit romain connaissent un renouveau en France mais surtout en Italie. Ça a été moins
important en France parce que l’étude n’a été faite que sur deux résumés du droit de Justinien contrairement
à l’Italie avec la création d’une nouvelle école juridique : l’école des Glossateurs.

a) L’école des Glossateurs

Elle est fondée en Italie à l’université de Bologne par un juriste de génie : Irnerius. Qui a enseigné dans cette
université de 1088 à 1125. C’est la méthode de cette école qui a donné le nom de l’école.
Les étudiants étudient le droit romain, on a le professeur (le docteur) qui explique tel ou tel texte de droit
romain et il le résume dans une petite formule qui s’appelle la Glose et cette formule brève contient son
interprétation et son explication du texte et les étudiants eux, en marge de leur texte sur leur livre de droit
romain inscrivent la glose du docteur. En Italie les glossateurs ont étudié toute la compilation de Justinien.

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Azon, Accurse (il a écrit la grande glose), Placentin (a enseigné a Montpellier fin XII°).

b) La réception du droit romain en France

Peu d’influence au nord beaucoup d’influence au sud : proximité géographique du midi avec les lieux où on
étudiait le droit romain mais aussi la langue pays de la langue d’oc qui est proche du latin.
Le roi a l’attitude suivante : il laisse les sujets libres d’appliquer le droit romain (dans le midi) s’il le veulent
mais le roi n’admet pas ouvertement cette application parce que les docteurs de l’université de Bologne sont
sujets de l’empire d’Allemagne (empereur Othon 4), si le roi admettait ouvertement cette application ça
serait sur un plan politique reconnaitre la supériorité de l’empereur (raison politique)
Souvent on peut lire aussi que c’est une raison fausse malgré quelle soit souvent évoquée et il y aurait une
autre raison qui expliquerait cette attitude ce serait d’écarte la concurrence que le droit romain faisait au droit
canonique : les étudiants préféraient de plus en plus le droit romain pour être avocat ensuite et pas le droit
canonique, il fallait donc stopper cette évolution (raison juridique).

Finalement le droit romain se développe de plus en plus et cela va inquiéter le roi (Philippe Auguste) pour
des raisons politiques et ce développement intervient surtout en raison de l’enseignement universitaire et le
roi veut arrêter cette progression alors il s’adresse au pape (Honorius III) qui va prendre une décision et
donner raison au roi: une décrétale « la super specula(m) » une décision qui date de 1219 et le pape interdit
l’enseignement du droit romain à l’université de paris.

c) Le droit romain à la fin du moyen-âge XIV-XV°

Deux écoles :

On parle des glossateurs jusqu’au XIII° et fin XII° début XIV° le droit romain (droit civil) va être étudie en
France par une nouvelle école que l’on appelle les post-glossateurs ou les commentateurs et cette école de
romanistes, de juristes français se développe à l’université d’Orléans (interdiction à Paris).
Il y a trois noms a retenir dans cette école : De Belle Perche, De Revigny, De Faure qui sont des juristes qui
ont étudié à Bologne et sont ensuite venus enseigner à Orléans, tout les trois avaient des hauts fonctions
(dans l’état ou dans l’église, par exemple de Belle Perche a été évêque). Dans leur travail ils vont essayer de
donner un caractère pratique au droit romain : trouver des règles dans le droit romain pour les adapter à leur
époque, il y a beaucoup de domaines qui étaient régis par le droit romain et même en pays de coutumes (ex:
les contrats ou les obligations).

Courant XIV° cette école d’Orléans va avoir de l’influence en Italie où on voit apparaitre une nouvelle école,
l’école des Bartolistes (on les appelle comme ça car le chef de cette école était un juriste du nom de Bartol)
mais cette école contenait d’autres noms importants comme Balde. On les appelle aussi les post-glossateurs.
Leur méthode est appelé en latin mos italicus : la méthode des bartolistes qui ont la même méthode qu’en
France.

E/ Le droit canonique

La compétence des juridictions de l’église dépasse les questions religieuses et l’église va juger tout ce qui est
relatif par exemple au mariage, à la filiation, aux contrats, aux testaments principalement.
Le domaine du droit canonique est très large : le droit de l’église repose d’abord sur les sources religieuses, il
s’agit des livres saints et ces livres saints sont interprétés par la tradition sur les canons des conciles et sur les
décrétales des papes. Les canons des conciles sont des décisions d’assemblés d’ecclésiastiques et les
décrétales dans papes sont des décisions du pape qui sont des lois.

Pour le droit canonique au départ les textes les plus importants sont réunis dans des recueils privés que l’on
appelle des collections canoniques. A partir du XIII° les papes vont promulguer des recueils officiels de leurs
décisions : des recueils officiels des lois qu’ils vont prendre, notamment des décrétales et c’est de cette façon
que va se former le corps du droit de l’église (corpus iuris canonici)

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Composé de 4 éléments :

Le décret de Gratien : collection canonique qui n’est pas un code officiel qui est formé avant 1150, c’est un
ouvrage pour l’enseignement du droit canonique et on peut faire le parallèle avec le droit romain car
exactement comme les institutes du droit de Justinien il va avoir un énorme succès.

Après ce premier élément, les conciles et les papes ont continué à légiférer jusqu’à la promulgation du
deuxième élément du corpus :
Les décrétales de Grégoire IX : publié officiellement en 1234, rédigé sous ordre du pape, ces décrétales sont
promulguées par un texte qui s’intitule la Bulle tex pacificus et c’est un code officiel.

Le liber Sextus : recueil dans lequel on va avoir les décisions des papes depuis le deuxième élément, tout les
textes qui sont publiés depuis 1234 jusqu’en 1298. Il est fait a l’initiative du pape Boniface VIII.

Les clémentines : recueil de texte fait en 1313 publié par le pape clément V

Il faut préciser que le corpus va être complété au début du XVI° siècle par deux autres recueils non officiels
et on va considéré qu’à partir de là il sera définitivement constitué. Il va rester en application jusqu’en 1917,
date de la publication d’un véritable code (codex) : le codex iuris canonici à l’initiative du pape Benoit XV.

F/ La justice à l’époque féodale

Au Moyen-Age quand on dit « le droit de justice » cela s’apparente plus à l’idée de souveraineté car le droit
de justice couvre des pouvoirs très étendus. Le droit de justice n’est pas seulement le droit de juger, c’est le
droit de prendre toutes les mesures qui sont nécessaires au bien de la seigneurie. Il y a une seule limite :
il faut respecter les coutumes de la seigneurie.

A l’époque féodale il y a deux sortes de justice qui vont se combiner entre elles :

a) La justice seigneuriale

Définition : la justice seigneuriale on peut aussi l’appeler la justice justicière. C’est l’ancienne justice
publique et donc dans ce sens à l’origine elle était exercée par les seigneurs (comme un comte) mais elle était
exercée au nom du roi et avec la féodalité les seigneurs vont usurpés cette justice.

Distinction importante : Au XIII°, on distingue la haute et la basse justice. Il n’y a pas de hiérarchie : on ne
peut pas faire appel de la basse justice vers la haute justice. Cette distinction est juste une répartition des
compétences : qui fait que les gens relèvent de deux justices différentes.

D’abord la haute justice est rendue par les seigneurs qui ont une compétence judiciaire complète que l’on
appelle les seigneurs hauts-justiciers et cette justice on l’appelle au la « justice du sang », cela veut dire
qu’elle concerne toutes les affaires dans lesquelles le sang a été versé (par exemple un meurtre) mais elle
concerne aussi les affaires qui peuvent donner lieu à une peine de sang (par exemple les incendies, les
enlèvements (les rapts)), une peine de sang va être par exemple une peine de mort, des mutilations.

La basse justice c’est le reste et donc ce sont les seigneurs bas-justiciers qui la rende.

L’organisation est particulière parce que c’est le système du jugement par les pairs, cela veut dire que les
justiciables sont jugés par des hommes de la même conditions qu’eux (par exemple : un seigneur est jugé par
des seigneurs). Ce jugement intervient aux cours d’assises périodique que l’on appelle des plaids généraux
qui sont tenues par le seigneurs avec ses représentants et donc les pairs du justiciable. Les pairs sont présents
mais sont seulement consultés pour l’affaire mais ils ne décident pas, il va y avoir assez vite une évolution :
beaucoup de justiciables vont se désintéressés de l’exercice de la justice parce que ça les dérange, ça leur
prend du temps dans leurs activités quotidiennes, il va y avoir une désaffection de la population à l’égard du
tribunal populaire.

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Seul les seigneurs vont continués à être présents et donc la justice va se se concentrer entre les mains des
seigneurs qui vont devenir les « maitres de la sentence » même si ils peuvent toujours demander des conseils
juridiques. Ce système du jugement par les pairs ne va rester en place que pour les vassaux nobles. Pour
toutes les affaires qui sont relatives a son fief et pour toutes les affaires civiles et criminelles, le seigneur
vassal relève de la cour de son seigneur suzerain : c’est une garantie pour le vassal , c’est un seigneur jugé
par ses pairs il n’est donc pas livré a l’arbitraire du suzerain : c’est le groupe féodal qui se prononce mais en
suivant la coutume de la seigneurie.

b) La justice féodale (=foncière)

Elle n’existe que dans le cadre du lien de dépendance, ce lien de dépendance il peut exister soit entre un
vassal et son suzerain soit entre un cultivateur et un seigneur = le tenancier qui loue une terre pour travailler
dessus.
Dans le cadre de cette justice d’abord le seigneur peut trancher toutes les difficultés, tout les litiges qui
pourraient concerner le lien de dépendance lui même. Ensuite il faut distinguer entre les tenanciers (=
cultivateurs : non nobles) et les vassaux nobles, pour les premiers la justice féodale na va pas au delà des
litiges qui concernent leurs liens de dépendance et pour toutes les autres affaires, ils relèvent de leurs
seigneurs directs (dont ils sont les sujets). Enfin pour les vassaux nobles, tout les procès relèvent de la
compétence de leur seigneur direct (leur suzerain).

c) La procédure

La cour féodale tient des audiences qui ont lieu en pleins air souvent sous un arbre (comme Saint-Louis qui a
régné sur une grande partie du XIII° siècle). La procédure rappelle l’époque franque : elle est orale,
formaliste et accusatoire, les modes de preuves rappelle aussi l’époque franque : les serments purgatoires et
les ordalies sachant que de plus en plus aussi bien le roi que l’église condamne ces modes de preuves
notamment les ordalies qui sont jugées déraisonnables.

La décisions rendue par le cour est normalement définitive mais il existe quand même deux voies de recours
qui sont limitées.
La première c’est en cas de défaut de droit : déni de justice. Donc si le seigneur refuse de rendre la justice,
dans ce cas là le justiciable va s’adresser au seigneur supérieur dans la hiérarchie. Il peut remonter de cette
façon jusqu’au roi. Si on lui don raison, il n’est plus rattaché au seigneur qui refuse de lui rendre la justice et
dans ce cas là il dépendra directement su seigneur supérieur : le justiciable va donc dépendre d’un seigneur
plus puissant par contre si on lui donne tord, il perd sa terre ou son fief.
La deuxième est l’appel en faux-jugement : ici c’est le justiciable qui va dénoncer la partialité soit du
seigneurs soit d’un vassal qui fait parti de la cour. On dit que le justiciable veut « fausser son jugement »,
aujourd’hui on dirait qu’il veut le « prendre à parti ». Ce cas de figure c’est ce que l’on appelle le faussement
de jugement et ça abouti automatiquement au duel judiciaire qui va se passer devant le seigneur supérieur.

On peut faire deux remarques sur cette deuxième voie de recours :

D’abord on voit que les juges doivent être toutous prêt a soutenir leurs décisions éventuellement en
combattant.

On voit aussi que la force peut jouer un rôle dans le déroulement de la voie de droit.

Ces deux voies de recours n’ont aucun lien avec l’appel hiérarchique et il ne s’agit pas d’un appel parce que
dans le cas d’un appel il n’y a jamais d’intention injurieuse à l’égard des premiers juges.

Les justices seigneuriales : un des principaux droits des seigneurs qui est une fonction d'interêt public mais
c’est aussi pour les seigneurs un moyen d’enrichissement et une source de profit..
Le seigneur pouvait confisquer des biens (« qui confisque le corps confisques les biens ») et gardait le
produit des amendes infligées par le cour (amendes arbitraires dans leur cause et leur montant et variait selon
les personnes : pour un même délit, un noble payait 20 fois plus qu’un non noble ; « L’homme amende selon
sa loi » = selon le droit de sa classe)

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G) L’évolution de la justice à la fin du moyen-âge (XIV-XV°)

Le roi veut affirmer son pouvoir et cela va l’amener à lutter aussi bien contre les seigneurs que contre l’église
en matière de justice.

a) La lutte du roi contre la justice seigneuriale

Le roi n’a pas réussi à éliminer les justices des seigneurs mais il a quand même réussi à les subordonner en
leur faisant admettre qu’il était justicier souverain par trois moyen :

Les cas royaux : le roi est souverain est donc les procès qui le concernent doivent être jugés par le tribunal
royal même si les faits ont eu lieu dans une seigneurie. Il s’agit des faits qui concernent la personne du roi, de
la falsification du sceau, de la monnaie royale et tout ce qui concerne aussi la violation de la sauvegarde
(=protection) du roi. Ces trois cas de figures se nomment les cas royaux mais la liste n’a jamais été fixée de
façon précise et on va y intégrer tout ce qui concerne l’exercice de la fonction royale (par exemple : le non
respect d’un établissement du roi) il va donc y avoir un grand nombre de procès qui vont échapper aux
seigneurs et de leur retirer beaucoup d’affaire.

L’appel : Au XIV on va remettre en question la souveraineté des justices seigneuriales autrement dit on
affirme que ces justices sont tenues en fief du roi et cela veut dire que ces justices sont subordonnées au roi
et pour montrer que finalement les justices seigneuriales sont en dessous de la justice du roi on va utiliser
l’appel pour bien marquer cette hiérarchie : retour à l’ancienne justice publique. Progressivement l’appel de
faux-jugement s’est transformé en appel hiérarchique.

La prévention : les seigneurs exercent leur justice sous délégation du roi et donc ils doivent rendre bonne et
prompte (rapide) justice sinon le roi peut intervenir et si le seigneur tarde à agir, soit le justiciable peut saisir
le juge royal soit le juge royal peut se saisir lui même de l’affaire.

b) La lutte du roi contre la justice ecclésiastique

On va assister a une diminution des pouvoirs juridictionnels de l’église et ce résultat vient de la lutte des
officiers royaux (conduits pas le parlement) contre l’église, la juridiction temporelle (politique) elle,
progresse à l’inverse surtout à la fin du XIV°. Les tribunaux royaux vont juger beaucoup de procès qui
jusque là étaient réservé à l’official (nom du juge ecclésiastique) et même les plaideurs veulent aller devant
les tribunaux laïques.
Dans cette lutte menée par les officiers royaux sous la conduite du parlement, ce dernier va réussir à
restreindre le privilège du fort (réglé très importante : un ecclésiastique doit être jugé par les tribunaux de
l’église). Mais pour parvenir a ce résultat il faut des arguments et souvent on va dire que leurs arguments
sont « spécieux » (limites) : exemple : le parlement reconnait que l’évêque a bien un droit de juridiction mais
il n’a pas de territoire pour assurer ou il peut faire assurer l’exécution de ses sentences.
Le parlement va chercher un certain nombre d’arguments et on va voir apparaitre un certain nombre de
règles énoncées dans le cadre de cette rechercher et certains principes se mettre en place et à travers ces
principes on voit apparaitre les premiers signes du gallicalisme (il faut que l’église de France soit
indépendante du pape).

Ces principes qui annoncent le gallicanisme sont au nombre de sept :

- Un clerc qui est assigne par le parlement devant le parlement pour une action civile peut valablement être
condamné. (= négation du privilège du fort)

- On conserve l’idée que le pouvoir laïc ne peut pas punir un clerc mais on va attaquer cette règle
indirectement en utilisant la théorie des cas privilégiés : elle explique le roi a le privilège de connaître
certains délits (par exemple : le port d’arme ou l’usure).

- La justice ecclésiastique va disparaitre concernant les veuves et les orphelins

- On restreint le droit d’asile : le juge ecclésiastique n’est compétent que si le crime a été commis dans un
église et seul ont droit à l’asile les catholiques, les hommes libres et les délinquants mineurs. Ainsi sont

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exclus du droit d’asile les juifs, les hérétiques et également les serfs fugitif (les esclaves : des gens qui
n’étaient pas libres)

- Concernant les affaires spirituelles le juge ecclésiastique reste compétent mais il doit s’adresser au juge laïc
pour faire arrêter les suspects et pour ces affaires on fait une distinction au pénal et au civil.
En matière pénale le juge civil est compétent pour juger certaines affaires comme les affaires de sorciers.
En matière civile le juge ecclésiastique reste compétent (ex : pour tout ce qui est relatif au mariage mais
certaines questions temporelles accessoires au mariage vont lui échapper comme par exemple tout ce qui
concerne la séparation de biens).

- Pour les affaires mixtes ce sont celles qui ont à la fois un caractère spirituel et un caractère temporel (ex: les
affaires qui traitent les testaments). Il y a pour ces affaires une compétence concurrente (les deux
compétences sont compétentes : ecclésiastique et laïques). Mais progressivement au XIV° les testament
seront uniquement de la compétence des juges laïcs.

- Enfin, fin XIV° les tribunaux lacis vont imposer leurs juridictions pour toutes les actions qui concernent les
causes réelles même si ces affaires ont lieu entre ecclésiastiques (ex : les affaires qui concernent la propriété,
la possession, hypothèque et rentes). Dans tous les domaines il y a un recul de la justice ecclésiastique.

H) L’organisation de la justice royale à la fin du Moyen-âge

Il s’agit ici de l’organisation de la justice royale et des juges royaux, ce que l’on appelle souvent la pyramide
judiciaire : la hiérarchie des juridiction (fin du moyen-âge XIV°-XV°)
On trouve en bas de la pyramide et les prévôtés (le tribunal de prévôté), le prévôt = le juge royal. Il est
nommé et révoqué par le roi et le prévôt s’occupe des petites affaires.
Au-dessus on a le bailliages ou le tribunal de bailliages par le bailli (nommé et révoqué par le roi) pour gérer
les affaire un peu plus importante.
Et en haut de la pyramide judiciaire on a le parlement (celui de Paris qui apparait au milieu du XIII° siècle)
et il est organise sous la forme d’un corps permanent avec un personnel stable, il exerce un pouvoir de justice
déléguée par le roi. Au début les membres (magistrats) sont en fonction pour 1 an puis milieu XV° leurs
fonctions deviennent permanentes.

Après la création du parlement de Paris, d’autres parlement vont être crées que l’on appelle tous des cours
souveraines qui rendent des arrêts et on va créer d’autres parlements pour deux raisons:

- Pour cause à l’agrandissement du domaine royale : le parlement de Paris ne peut plus juger tous les procès

- La volonté du roi de contrôler la justice dans tout le royaume en uniformisant toutes les juridictions

On va créer par exemple au XV° le parlement de Toulouse (1419), celui de Grenoble (1457), de Bordeaux
(1462), Dijon (1477), …

Au niveau des attributions de ces parlement, ils possèdent tous les memes, ce sont des cours souveraines qui
jugent donc souverainement dans leurs ressorts de tous les procès civils et criminels que le roi n’a pas
expressément attribué à une autre juridiction. Par exemple les parlement ne s’occupaient pas des questions
financières mais ils étaient compétents en matière pénale, civile, et administrative.

Dans la première moitié du XIV°, le parlement (de Paris) a pris l’habitude d’enregistrer (transcrire sur des
registres) les lettres et les ordonnances du roi c’est à dire les lois du roi. Puis a partir du XV° le parlement va
commencer à formuler des remontrances (des griefs, des critiques) sur les ordonnances et va même refuser
d’en enregistrer certaines et donc qu’ils soient appliqués. C’est de cette façon que le parlement de paris
commence à jouer un rôle politique, puis il sera imité par les autres parlements.

Au XV° siècle l’organisation judiciaire royale est en place et surtout on a un cadre qui est unifié à tout le
royaume et c’est important car la justice est la fonction royale par excellence et en fait ces progrès de la
justice royale montrent l’avènement de l’absolutisme, l’avènement de la toutes puissance du roi.

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Chapitre 3 : L’absolutisme ou l’Etat absolutiste

Cette expression d’Ancien Régime a été inventée par Mirabeau

L’Ancien Régime est l’organisation politique, administrative, économique, sociale et religieuse de la France
au XVI°, XVII°, XVIII° siècles.
Cet ancien régime correspond aussi à ce que l’on appelle la monarchie des temps modernes et elle se
caractérise par un perfectionnement de l’état monarchique et par un renforcement des pouvoirs du roi

Section 1° L’absolutisme ou l’Etat absolutiste


L’absolutisme c’est ce qui permet de définir l’Ancien Régime sur le plan politique.

Le mot absolutisme vient du latin « absolutus » qui signifie en français « absous » ce qui veut dire complet
et délivré de toutes les limites. Pour autant on ne peut pas dire que l’absolutisme soit un pouvoir sans limites
du roi.

Pour pouvoir définir l’absolutisme il faut se référer à deux documents :

Le premier document c’est l’ouvrage de Jean Bodin qui était juriste, politologue et son ouvrage s’intitule
Les six livres de la République qui est publié en 1576. Le mot République dans ce livre signifie « Etat » et
non régime républicain. On considère ce document comme l’acte de naissance de l’absolutisme.
On peut y lire : « Le roi ne doit aucunement être sujet au commandement d’autrui {…} il est absout de la
puissance des lois. »

Le deuxième document est un discours célèbre du roi Louis XV, Le discours de la séance de la flagellation,
discours qu’il lit en 1766 devant le Parlement de Paris et on le considère comme le testament de
l’absolutisme. On le nomme comme ça car le roi remet les magistrats du parlement de Paris à leur place en
leur rappelant son autorité.
On peut y lire : « La magistrature ne forme point un corps ni un ordre séparé {…} c’est en ma personne seule
que réside la puissance souveraine {…} c‘est à moi seul qu’appartient le pouvoir législatif sans dépendance
et sans partage. »

Louis XV (sur le XVIII° siècle) est l’arrière petit fils de Louis XIV (au XVII° siècle), quand ils est placé sur
le trône Louis XV n’a que 5 ans, ce qui explique la régence de Philippe D’Orléans. Louis XVI (XVIII°
siècle) lui était le petit fils de Louis XV.

Dans ces deux documents on trouve les trois grandes idées (les trois paragraphes) qui permettent de définir
l’absolutisme :

Par 1 : La pleine puissance du roi

Le roi n’a de comptes à rendre à personne sauf à Dieu, donc il n’a y pas de contrôle sur les actes du roi mais
pour autant on ne peut pas parler ici de tyrannie car cette pleine puissance du roi s’inscrit dans le cadre de
l’état monarchique qui survit à la personne du roi.

A/ Le roi n’est responsable que devant Dieu

La monarchie de droit divin :

Cette théorie s’explique par la cérémonie du sacre qui est une cérémonie religieuse, on dit bien le sacre et
non le sacrement. Pépin le Bref a été le premier roi sacré, ensuite tous les rois ont été sacré. Cette cérémonie
religieuse donne au roi un caractère religieux, cela se passe dans la cathédrale de Reims et c’est tout un
cérémonial?

L’archevêque oint le roi avec de l’huile sainte et après l’onction il devient l’élu de Dieu et l’archevêque
donne au roi les régalias (qui sont le symboles du pouvoir).

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Dans les regalias on a l’anneau (une bague) qui est le symbole de l’union entre le roi et son peuple, puis le
sceptre qui représente la toute puissance, il y a ensuite le glaive pour pouvoir combattre pour la paix et
contre les ennemis de la fois et enfin la main de la justice qui symbolise cette dernière. La couronne
apparaît dans le cérémonial du sacre qu’à partir du IX° siècle avec le fils de Charlemagne, Louis le Pieu et
cette couronne représente le symbole de la majesté royale.

A la fin de cette cérémonie tous les seigneurs prêtent serment au roi. A partir du XV° il n’y a que le roi qui
peut revendiquer la formule « par la grâce de Dieu ». Le roi devient donc le lieutenant de Dieu sur Terre dont
il tient sa souveraineté, il est donc totalement indépendant à l’égard des Hommes, il n’est responsable que
devant Dieu et ses actes ne peuvent pas être controlés : par les sujets, par les parlements (qui sont des cours
de justice mais qui participent aussi au pouvoir législatif) et en remontrant encore au niveau des institutions
ils ne peuvent pas non plus être contrôlés par les Etats généraux (la réunion pour les questions très
importantes des représentants des trois ordres du royaume).

Différents auteurs ont formulé la théorie du droit divin :

On peut citer d’abord Cardin le Bret qui publie en 1632 son traité de la souveraineté c’est un homme
parlementaire, juriste qui a aussi eu une carrière politique et il a mit en place le parlement de Messe ou de
Loraine.
Il présente en résumé la doctrine de droit divins comme un lien indispensable à la monarchie absolue et à
partir de lui on va parler pour désigner ces auteurs des absolutistes (la doctrine des absolutistes).

On peut aussi citer Jacques-Benigne Bossuet, c’est lui qui va le plus développer cette théorie et la porter à
son apogée, fin XVII° avec deux ouvrages, d’abord le discours sur l’Histoire universelle et surtout son
ouvrage intitulé Politique tirée des propres paroles de l’écriture sainte, ouvrage qui est publié après sa mort
en 1720. Pour lui l’autorité royale est sacrée, absolue et soumise à la raison.
On peut citer ces passages : « Dieu établit les rois comme ses ministres {…} et règne par eux sur les peuples
{…} toute puissance vient de Dieu {…} craignez Dieu, honorez le roi ».
Bossuet a été précepteur du fils de Louis XIV et il a aussi été évêque de Meaux.

B/ L’Etat monarchique

L’Etat monarchique renvoi à l’idée générale suivante : l’Etat ne se confond pas avec la personne du roi.
Louis XIV aurait dit la phrase suivante : « L’Etat c’est moi ».

On ne peut pas confondre l’Etat et le roi car :

Il y a une continuité de l’Etat qui exige la permanence de ces institutions en l’occurence ici la continuité
monarchie

Mais aussi car certains principes et règles s’imposent au roi qui va les respecter même en l’absence de
sanctions car l’harmonie du royaume en dépend.

a) La continuité monarchique

Cette continuité pose trois questions :

La passation des pouvoirs ?

On applique ici le principe de la succession instantané qui s’exprime par une formule datant du XVI°
siècle : « le Roi est mort, vive le Roi » mais aussi par d’autres formules comme « Royaume n’est jamais sans
Roi » ou comme « le Roi ne meurt pas en France ». En appliquant cette règle il y a un risque toujours de voir
un enfant accéder au trône. Louis XV est né en 1710 et est roi en 1715, il a donc 5 ans et pendant sa minorité
on nomme régent qui est Philipe d’Orléans et en 1723, Louis XV est déclaré majeur et monte sur le trône.

La minorité et la régence ?

La minorité renvoie à l'hypothèse de défauts d’âge, le roi peut se trouver physiquement dans l’impossibilité
d’exercer le pouvoir car même si l’enfant est roi de droit, il ne peut pas gouverner avant sa majorité

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politique, c’est une loi qui fixe cette majorité (un édit de Charles X de 1374) à l’âge de 14 ans soit 13 ans
révolu. Les juristes se sont référés ici à l’âge de la puberté en droit romain pour déterminer cette majorité
politique.

Alors comment on attribue la régence ? Deux thèse se sont affrontées :

- On dit que le régent doit-être l’héritier présomptif de la couronne, c’est à dire le premier prince du sang qui
régnerait en cas de défaillance de la ligne directe.

- Le régent doit être la personne qui a été choisie par le roi (par exemple dans un testament politique, dans
une simple déclaration de volonté, …)

La deuxième thèse l’a emporté pour le choix du régent parce que évidemment le roi va choisir une personne
qui est capable de pourvoir aux intérêts de l’état.

La régence est seulement une assistance puisque l’enfant est roi : « le roi de France est toujours majeur »
mais en réalité concrètement évidemment le pouvoir appartient au régent. Donc en réalité même si la régence
est conçue comme une assistance et que le roi est censé dirigé individuellement c’est le régent qui dirige et
ses actes ne peuvent être ni controlés ni censurés.

La validité des actes royaux du prédécesseur ?

C’est la validité des lois défunt, elle reste valable évidemment d’un règne à l’autre sauf elles ne sont pas
abrogées ou modifiées expressément ce qui garantie ainsi la continuité de l’état. Tout reste en vigueur sans
besoin de confirmation.

b) Les lois fondamentales du royaume

Ce sont des principes constitutionnels non écrits qui forment donc une constitution coutumière puisque
l’ancien régime n’avait pas de constitution écrite. Pour désigner cet ensemble de règles on parle aussi de la
constitution de l’ancienne France : constitution coutumière. Ces lois s’imposent au roi et c’est parce qu’elles
existent que la monarchie est dites « royale » ou « légitime ».

Il y a des lois qui portent sur la succession et le domaine :

Premièrement les lois fondamentales sur la succession que l’on peut aussi appeler tout simplement « la loi
de succession », cette loi de succession est communément et improprement appelée « loi salique » depuis
l’arrêt du parlement de Paris du 28 juin 1593. L’objectif est d’assurer la stabilité du système royale et pour se
faire il y a 5 principes qui ont été érigé en coutumes :

- Le principe d’hérédité qui s’exprime par l’adage : « le roi est mort vive le roi ».
- Le principe de primogéniture ou d’aînesse qui est simple : si il y a plus enfants c’est le premier qui
succède toujours.

- Le principe de masculinité, cela veut dire que sont exclus de la succession au trône les filles et les parents
par les filles (c’est pour ça que l’on fait référence à la loi salique et la justification qui a été donnée est la
suivante : dans la la loi salique c’est surtout du droit pénal mais il y a des règles qui écartent les filles de la
succession aux terres de leurs ancêtres et c’est une justification est également discutée).

- Le principe de catholicité, la couronne de France doit appartenir obligatoirement à un prince catholique,


ce principe a été affirmé avec Henri IV et qui c’est converti au catholicisme en 1593 pour pouvoir avoir
accès a la couronne et il a prononcé une phrase connue à cette époque « Paris vaut bien une messe ».

- Le principe de légitimité, cela signifie que la succession a la couronne est réglée uniquement par la loi et
pas par la volonté du roi et donc ce principe ne signifie pas que l’on appelle seulement au trône les enfants
légitimes même si de toute façon l’enfant doit être légitime. Il faut que l’enfant soit né en légitime et
catholique mariage. Le roi ne peut pas modifier l’ordre successoral, on disait « prince du sang on nait et
point ne devient ». Ce principe est même confirmé par la loi, par un édit de février 1771 qui dispose : « les

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lois fondamentales de succession forment une institution que les rois sont dans l’heureuse impuissance de
changer ».

Deuxièmement les lois fondamentales sur le domaine, il s’agit de la loi d’inaliénabilité et


d’imprescriptibilité du domaine de la couronne.

Le domaine de la couronne peut-être défini comme ni comme le royaume ni comme la couronne, il s’agit de
la dotation temporelle : ce domaine ou cette dotation regroupe deux sortes de moyens qui sont mis à la
disposition du roi pour qu’il puisse matériellement exercer sa fonction :

Il y a d’abord les moyens corporels comme les châteaux, les terres, les forêts mais aussi principalement aux
bijoux.
Mais aussi des moyens incorporels qui sont les moyens financiers, qui sont principalement les droits
fiscaux, les droits de justice et les droits féodaux.

Le roi n’a que l’usage de ces moyens et c’est pour cela que le domaine est déclaré inaliénable (le roi ne peut
rien céder du domaine, par exemple il ne peut pas vendre un château : il en a seulement l’usage) et
imprescriptible (ex : la possession prolongée d’une partie du domaine par une personne qu’elle soit officielle
ou clandestine ne peut jamais se transformer en propriété par usucapion = par l’effet du temps).

Il y a deux exceptions à l’inaliénabilité :

La première est l’apanage qui est un bien-fonds (un bien foncier) par exemple un château avec des terres qui
est donné à un puîné mâle de la maison de France pour qu’il puisse subsisté selon sa condition. Un puîné est
un cédé (et puis né : né après). C’est pour dédommager ce dernier du fait qu’il ne succèdera jamais au trône.

La deuxième est l’engagement : la mise en gage d’un bien domaniale (château, foret, terres, …) entre les
mains d’un particulier appelé engagiste qui a prêté de l’argent au roi. Mais le contrat de prêt comporte
toujours une clause perpétuelle de rachat au profit du roi.

Par 2 : La confusion des pouvoirs

Le roi détient les trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire et pour l’exprimer on dit que l’ordre public
tout entier émane du roi et c’est exactement ce que dit Louis XV lors du discours de la séance de la
flagellation « cette en ma personne seule que réside l’autorité souveraine, l’ordre public tout entier émane de
moi »

A/ Le roi titulaire du pouvoir exécutif

Ça recouvre 6 domaines exécutifs:

- Le roi est le chef de toute l’administration civile et militaire : il nomme seul aux emplois publics, il a un
pouvoir hiérarchique et ça lui permet de créer et de gérer des nouveaux services publics (ex: les
messageries royales).

- Le roi dispose d’un pouvoir de police générale (police = administration) qui se traduit par 3 prérogatives
:

• Celle d’autoriser la création des corps de métiers des collèges et des universités (corporations obligatoires).
• La police administrative classique qui recouvre l’ordre public, la sécurité et la salubrité.
• La police judiciaire : période où cette dernière se développe sous l’autorité des lieutenants de police.

- Le roi dispose du pouvoir militaire et il est le chef de la diplomatie = le chef des armées. Le droit de
guerre lui appartient sans partage, lui seul peut lever les gens de guerre et il est le seul à pouvoir conduire
la guerre. C’est aussi lui qui gère les relations avec les autres états, nommer et diriger les ambassadeurs,
c’est lui seul qui va signer les traités, …

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- Le roi dispose du pouvoir religieux et on va appliquer la politique du gallicanisme (l’église de France soit
indépendance de la papauté) : le roi est le chef temporel (politique) de l’église de France et cela va lui
donner beaucoup de pouvoirs et de prérogatives, par exemple c’est lui qui va nommer les membres du
haut clergé. Ce pouvoir religieux dispose du pouvoir de la police des cultes notamment pour lutter contre
l’hérésie (croyance non admises par l’église) et il dispose aussi du pouvoir de la police d’opinion avec le
système de la censure.

- Le roi dispose du pouvoir financier et du droit d’imposer : il est le maitre de la comptabilité publique et
il va mettre en place la règle de la régularité de la contribution des sujets aux charges publiques (il va
mettre en place les impôts de façon régulière et constante).

- Le roi dispose du pouvoir économique, la première prérogative est le pouvoir pour le roi de battre
monnaie = de créer la monnaie ; c’est lui qui choisit quelle pièce, dans quel métal, … c’est même un
monopole royal depuis le XIV° : ce droit est le droit régalien par excellence. La deuxième prérogative est
qu’il est responsable de l’ordre public économique : il exerce la police du commerce, la police des métiers
(corporations) également (ex: il va être responsable de la sécurité dans les foires, dans les marchés, il est
aussi chargé par exemple de l’apprivoisement en cas de famine).

La doctrine économique sous l’ancien régime mise en oeuvre par le roi est le mercantilisme : elle vient
d’Angleterre et on peut la définir comme : la théorie de l’enrichissement des nations par l’accumulation des
métaux précieux (or et argent et qui étaient les seuls référence de l’économie). L’objectif est de conserver
une accumulation de richesses dans le territoire national.
Colbert qui était l’intendant des finances Louis XIV.

B/ Le roi législateur

Le pouvoir législatif c’est la première marque de la souveraineté que le roi exerce sans partage et c’est ce que
dit aussi Louis XV dans la séance de la flagellation. On dit que le roi fait et casse la loi et pour exprimer cette
règle on retrouve Loysel (XVI°) : « qui veut le roi si veut la loi ».

a) La procédure législative

Il y a 5 étapes à la procédure :

- L’initiative : elle appartient au roi, c’est l’initiative de la loi mais il faut aussi tenir compte des conseillers
du roi et aussi dans une certaine mesure il faut tenir compte de l’initiative populaire (très rare, Etats
généraux avant 1789 : 1614).

- La rédaction de loi : peut-être faites par le conseil du roi, mais aussi par une commission spéciale le plus
souvent (composée par exemple de magistrats ou des conseillers du roi), il peut aussi y avoir des travaux
préparatoires avant la rédaction. Une loi peut aussi être l’oeuvre d’un seul juriste (par exemple
l’ordonnance de mars 1673 sur le commerce de terres par Jacques Savary).

- La vérification de la conformité du texte à la législation du royaume : c’est le chancelier (il est


ministre de a justice et le chef du service des écritures et le gardien permanent des sceaux du royaume) qui
fait cette vérification. Le chancelier est le premier personnage du royaume après le roi.

- La phase de publication / l’enregistrement du texte : le publication était assurée par les parlements qui
étaient chargés de transmettre aux juridictions subalternes et au moment de l’enregistrement (= transcrire
sur un registre) les parlements vont aussi vérifier si le texte est bien conforme au droit. On voit ici que
cette phase est un mode de publicité mais aussi un mode de contrôle et le parlement peut parfois refuser
d’enregistrer le texte, il faut donc adresser au roi des observations techniques : des reproches sur le textes,
des critiques qui s’appellent des remontrances. Soit le roi fait droit au observations (le texte va être
amendé, modifié, puis enregistré) soit le roi estime que les remontrances sont infondées (ce qui arrive le
plus souvent), dans ce cas il ordonne l’enregistrement d’autorités et renvoyer le texte non-modifié avec
une lettre de jussion : soit le parlement cede (ça n’arrive pas souvent) soit il adresse de nouvelles
remontrances, que l’on appelle les itératives remontrances qui sont généralement suivies de nouvelles

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lettres de jussion. Donc ce phénomène peut durer et si on ne trouve pas de compromis on passe donc à la
dernière phase ->

- Enregistrement forcé / Lit de justice (ici pouvoir législatif et pas judiciaire) : cette procédure très utilisée
contre le parlement de Paris (le moins « docile », le premier crée) et c’est une procédure très solennelle.
Le roi est présent avec son chancelier, des conseils d’état et des pairs de France, les lettres sont lues en
présence du roi, le chancelier recueille les avis de ceux qui sont présents et c’est le roi lui-même qui rend
l’arrêt d’enregistrement. Un greffier transcrit et le procureur lui s’occupera de l’exécution. Dans cette
procédure on voit que c’est toujours le roi qui possède le dernier mot. Parfois il est mentionné que le
discours de la flagellation est un lit de justice.

Il faut faire ici une parenthèse car cette procédure a été modifié par Louis XIV pendant un certain temps au
niveau de l’enregistrement. Louis XIV est le monarque absolu est va restreindre le droit d’enregistrement des
parlements par un texte célèbre : la Déclaration du 24 février 1673. Avec cette déclaration (cette loi), le droit
de remontrance ne peut intervenir qu’après l’enregistrement et c’est le roi qui décide d’en tenir compte ou
pas. Si il en tient compte (rare) il rend dans ce cas une déclaration interprétative, sinon le plus souvent la loi
devient définitivement exécutoire.
Ce texte ne concerne que les lois les plus importantes qui seront définies ensuite comme les « lois
générales », qui sont celles qui concernent les affaires publiques et qui sont prises à l’initiative du roi et ce
texte va être appliqué jusqu’en 1715 (régence de Philippe d’Orléans qui va rendre ce droit aux parlements
par besoin de ces derniers pour modifier le testament de Louis XIV dont certaines dispositions limitaient ses
pouvoirs), à cette date les parlements retrouvent un vrai droit de remontrance : un droit de remontrance
préalable à l’enregistrement.

b) La législation

Il y avait trois sortes d’actes législatifs :

- Une ordonnance au sens strict : un texte, une loi qui porte sur une question générale (exemple :
l’ordonnance de mars 1673 sur le commerce de terres ou l’ordonnance sur la marine d’août 1981). Il y
avait une catégorie spéciale d’ordonnances : les ordonnances de réformation qui sont des actes législatifs
qui reforment une institutions mais avec l’idée que cette institution a dégénérée et qu’il faut la ramener à
son état d’origine.

- Un édit : texte qui porte sur une question précise (exemple : l’édit de février 1776 de Turgot qui supprime
les corporations qui sont des groupements professionnels obligatoires).

- Une déclaration : texte qui modifie ou qui réforme une disposition antérieure.

Quand on dit les Ordonnances (majuscule et pluriel) on parle au sens large et c’est un terme générique qui
désigne les lois d’une façon générale et quelque soit la forme, quelque soit le contenu. Elles prennent
toujours la forme traditionnelle des lettres patentes , c’est à dire des lettres ouvertes, toujours soumises à
l’enregistrement et donc au contrôle des parlements. On les oppose aux lettres closes, bien fondées sur le
pouvoir législatif du roi mais qui sont davantage des actes de juridiction, ces lettres servent à plusieurs
usages (exemple : les lettres de cachet qui servaient aux magistrats par exemple pour être mis en possession
de sa charge mais ça va également servir à incarcérer une personne sans procès).

C/ Le roi juge

Le pouvoir judiciaire appartient au roi et il y a deux adages qui sont célèbres et qui montrent cela :
« Toute justice émane du roi » et « Le roi est source de toute justice ».

Pour l’Ancien régime on distingue trois sortes de justice :

- La justice concédée : les titulaires de justice concédée se considèrent comme les détenteurs d’un bien
patrimoniale (ces justices sont une source de profit).

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Il existe deux sortes de justices concédées :

• Les justices seigneuriales : pouvoir des seigneurs qui s’exercent sur tous les habitants de la seigneurie, du
fief. C’est un pouvoir judiciaire de droit commun qui est large, il s’exerce au civil (le seigneur est
compétent pour le contentieux féodal, les affaire foncières, pour les contrats et pour les successions) et au
pénal (le seigneur va juger les affaire de braconnage, vol et homicides). Ces justices sont sources de profits
pour les seigneurs a travers les amendes et les confiscation. Au XVI°, ces justices sont très surveillées par
la royauté et l’appel devant les juges royaux va devenir aussi un droit pour les justiciables.

• Les justices ecclésiastiques : on les appelle les officialités (celui qui rend la justice est l’official). L’église
exerce deux sortes de justices :

Une juridiction spirituelle qui n’appartient qu’à elle et une juridiction temporelle qui lui garantie son
indépendance et lui permet de maintenir un certain ordre social. Cette juridiction temporelle va lui donner
plusieurs compétences : elle est compétentes sur les clercs en matière disciplinaire et criminelle (pénale) et
c’est ce que l’on appelle le privilège du fort mais ici elle est aussi compétente sur les laïcs pour de
nombreuses affaires (exemple : affaire matrimoniales, contractuelles, et successorales).

- La justice déléguée : le roi va déléguer son pouvoir judiciaire à des juges qui le représente en permanence
qui sont donc des juges royaux, des magistrats professionnels, ce sont des officiers, ils sont inamovibles et
quasiment indépendants en raison de la patrimonialité et de l’hérédité de leur charge qui s’achetaient et se
vendaient. Il n’y avait pas à l’époque de jury.
Une grande distinction est faite entre la magistrature assise et la magistrature debout. La première est
constituées par les juges qui restent assis pour suivre les débats, les plaidoirie et aussi pour délibérer. La
seconde est constitué par le juges ou les gens du roi qui constituent le ministère public et eux, ils se lèvent
pour prendre la parole. Aujourd’hui encore on dit les magistrats du siège (ceux qui jugent) et les magistrats
du parquet (le ministère public).

Les juridictions : on retrouve ici la pyramide judiciaire avec hiérarchie des juridictions inférieures et
supérieures.
- juridictions inférieures : juges - prévôt, petites affaires, ils sont juges d'appel des justices
seigneuriales qui sont dans leurs ressorts.
- les Bailliages ou Sénéchaussée : jugent en appel des décisions des prévôtés, sont
compétents en première instance pour les affaires les plus importantes les causes (- affaires) des
nobles civils et criminels, et les causes domaniales. Les nobles ont un privilège de juridiction.
- les présidiaux (présidial) ou bailliages présidiaux : mis en place au XVI, environ 60, jugent
en appel des décisions des bailliages.

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Il y a 17 juridictions supérieures : principalement des parlements (comme celui de Paris, de Rennes, de


Toulouse, de Rouen, …). Mais il y a aussi des cours supérieures qui s’appellent des conseils souverains ou
provinciaux (par exemple a Assar ou en Roussillon, …). Leurs décisions sont appelés des arrêts et leurs
membres jugent en dernier ressort sur délégation du roi mais il peut aussi reprendre cette délégation parce
que c’est lui qui est source de toute justice.

- La justice retenue : Louis XIV « entre Dieu, moi et la justice, il n’y a point de lois ».
Le roi peut juger personnellement, il peut conférer a qui il veut le droit de statuer, il peut modifier l’ordre des
juridictions (la pyramide judiciaire) et il peut intervenir dans les jugements qui sont rendus par les juges
ordinaires.

Trois exemples :

- La procédure des Grands Jours : pratiquée jusqu’à la fin du XVII°. Le roi et le chancelier envoient des
magistrats des parlements dans les provinces pour mettre un terme a des désordres et punir des
agissements, des crimes que les juges ordinaires sont incapables de réprimer. Ces magistrats des
parlements exercent une juridiction criminelle sans appels.
Les plus célèbres des Grands Jours sont les Grands Jours d’Auvergne qui se sont déroulés qui se sont
déroulés à Clermont de septembre 1665 à janvier 1666. Il s’agissait ici de mettre fin aux agissements
criminels des seigneurs (ils pillaient et tuaient la population).
Pendant ces Grands Jours, 1300 affaires ont été traitées, 692 condamnations ont été prononcées dont 347
pour la peine de mort (il n’y a que 23 qui ont été réellement exécutées et les 324 autres ont été exécutées en
effigie (=un simulacre d’exécution), notamment on a pendu un mannequin parce que les condamnés avaient
déjà pris la fuite = peine de mort prononcée par contumace (en symbolique)).

- Les lettres de cachets : elles peuvent intervenir dans trois cas :


• Comme mesure de sureté dans l’intérêt de l’état : on va enfermer des individus jugés dangereux
(subversif). Il d’agit d’interventions d’ordre politique : on les enferme sans procès pour des raisons
politiques mais ces lettres de cachets ne représentent que 1% de l’ensemble des lettres de cachets.

• Comme mesure de police dans l’interêt de l’ordre public : on va arrêter des individus jugés dangereux
mais ici des délinquants ou des fous. Ce n’est pas ici l’aspect politique mais l’aspect de protection contre
les dangers sociaux.

• Comme mesure disciplinaire dans l’intérêt des familles : elles sont dans ce cas toujours demandées par
la famille pour faire enfermer un enfant. L’avantage est ici la discrétion (pas de procès) et cela permettait
sous l’Ancien Régime de sauvegarder l’honneur des familles. C’était pour les enfants qui faisaient
scandale (par exemple en cas de prodigalité (=trop de dépense d’argent) aux jeux, ou par exemple si une
jeune fille aventureuse (=envoyées au couvent -> au placet), cela traduit la puissance du père de famille.

- La justice retenue gracieuse : le roi qui prend des lettres de grâce et accorde des grâces ou des amnisties.

Par 3 : L’universalité de la puissance du roi

Aucun domaine n’échappe au pouvoir du roi, aucune domaine qui n’échappe à son emprise (=même les
domaines qui ne pourraient pas être controlés par le roi).

Par exemple la vie privée qui est soumise à l’emprise du roi comme avec les lettres de cachets dans le cadre
de la justice. Mais surtout pendant l’Ancien Régime tout individus fait obligatoirement parti d’un groupe
controlé par le roi. Un groupe peut-être pris au sens large, ce qui renvoie aux trois ordres du royaume (clergé,
noblesse et tiers-état). Ça peut aussi être un groupe plus restreint comme une corporation (un groupement
professionnel). Il y a ici une main mise de l’état sur l’individu, ce que l’on appelle la nation organisée qui
est incarnée par le roi.

Mais aussi comme exemple, le roi contrôle aussi la vie spirituelle et l’idéologie. Pour l’aspect spirituel il
faut rappeler que le roi est le chef temporel de l’église de France et donc cela lui donner des droits,
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d’intervenir dans les affaires de l’église (par exemple la révocation de l’édit de Nantes en 1685 qui a entrainé
la persécution des protestants, cet édit avait été pris par Henri IV en 1598), on relit ici l’aspect spirituelle a
celui de l’idéologie. En matière d’idéologie il n’y a aucune liberté sous l’Ancien Régime : c’est un système
de censure et les publications sont très controlées par le pouvoir royal.

Enfin comme exemple on peut donner dans le domaine de l’exécutif que le roi possède le pouvoir
économique : il dirige l’économie qui est à ce moment là considérée comme un moyen au service de l’état.
Par exemple Colbert qui était le contrôleur général des finances de Louis XIV, est à l’origine d’une loi, un
édit de mars 1673 qui demande à tout les métiers, toutes les professions de se constituer en corporation (pour
que le pouvoir royal puisse contrôler ces groupements et les imposer).

Section 2° Les sources de l’Ancien Droit


On est ici dans le cadre du droit privé et la grande idée est qu’en matière de droit privé on veut arriver à
l’unification du droit, ce qui est particulièrement vrai dans les sources des coutumes mais c’est vrai aussi
dans toutes les autres sources qui cohabitent et qui vont évoluer.

Par 1 : La rédaction officielle des coutumes et ses conséquences

A/ La première phase ou la première rédaction officielle des coutumes

Au départ cette rédaction officielle est décidée par Charles VII par l’ordonnance du Montils-les-Tours en
avril 1454. C’est une loi et une très longue ordonnance de réformation de la justice : on a considéré que la
justice avait dégénérée et on veut donc la réformer en la ramenant a son état de départ. Cette ordonnance est
le texte de base dans ce domaine qui va être complété par d’autres textes.
Suite à cette ordonnance le travail de rédaction a à peine était entamé et on a voulu ensuite améliorer la
procédure de rédaction des coutumes par deux autres lois : Les lettres patentes de Charles VIII du 15 mars
1498 et par l’ordonnance de Blois de Louis XII du 4 mars 1505. Après de nombreuses coutumes vont être
rédigées dans la première moitié du XVI°.
La première coutume officiellement rédigée était celle de Bourgogne en août 1459.

B/ La deuxième phase ou la deuxième rédaction officielle des coutumes

Cette décision prise lors des Etats Généraux de 1576 qui demande une nouvelle rédaction pour les coutumes
les plus importantes. Par exemple cela a été fait pour la coutume de Paris qui possède donc deux coutumes
de Paris (l’ancienne de 1510 et la nouvelle de 1580 qui abroge l’ancienne).
Le but de cette rédaction était de faciliter la preuve des coutumes pour réduire la durée des procès et réduire
également les frais de justice.

C/ Les conséquences de la rédaction officielle des coutumes

L’ordonnance de Montils-les-Tours en tant que loi a portée générale aurait du être appliquée dans tout le
royaume, mais elle n’a pas été appliquée dans la partie sud du royaume puisque cette partie est considérée
depuis le XIII° comme pays de droit écrit (on y appliquer principalement le droit romain et quelques
coutumes qui ont progressivement disparues entrainant une simple application du droit romain adapté à la
société et à la vie de l’époque). Mais pour la partie Nord du royaume, l’ordonnance de Montils-les-Tours a
été universellement appliquée car on été ici en pays de coutumes.
Finalement c’est seulement au XVI° que le midi de la France devient réellement pays de droit écrit. Il restait
une seule coutume, celle de Toulouse, officiellement publié en 1283 par le roi Philippe le Hardi.

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Par 2 : La jurisprudence, la législation royale, la doctrine et l’enseignement du droit

A/ La jurisprudence

Sous l’Ancien Régime la jurisprudence continue de devenir de plus en plus importante dans les différentes
sources du droit (privé). Sous l’Ancien Régime le mot jurisprudence désigne toutes les activités juridiques en
donnant un rôle prépondérant à la doctrine. Ce sens va changer et va prendre son sens moderne vers la fin de
l’Ancien Régime ou au moment de la Révolution (?), son sens moderne qui fait références aux solutions et
aux décisions de justice.

B/ La législation royale

Elle intervient a nouveau a partir du XVI° et on peut faire référence aux grandes ordonnances royale du
XVII° et du XVIII°.

XVII° : Les grandes ordonnances prises à l’initiative de Colbert qui constituent une véritable codification
(on parle « d’ordonnance de codification »).

Exemples :

- L’ordonnance de mars 1673 sur le commerce de terres


- L’ordonnance d’août 1681 sur la marine
- L’ordonnance d’avril 1667 sur la procédure civile (une ordonnance de réformation de la justice)
XVIII° : Les ordonnances du chancelier d’Aguesseau.

Exemples :

- L’ordonnance sur les donations de 1631


- L’ordonnance sur les testaments de 1735
Ces deux ordonnances ont été réunies milieu XVIII° sous le titre officieux de Code Louis XV.

C/ La doctrine et la recherche d’un droit commun des coutumes

Au XVI°, les jurisconsultes recherchent un droit national, ils recherchent la notion de droit commun
coutumier (un jus commune) et on retrouve ici l’unification du droit coutumier. Ce droit commun doit résider
dans des principes généraux et applicables à tout le royaume, les jurisconsultes vont donc rechercher
« l’esprit des coutumes » pour pouvoir trouver ces règles générales.

On peut citer comme jurisconsultes :

- Au XVI°, Charles du Moulin qui est l’un des plus grands juristes, docteur en droit à 21 ans et son
ouvrage e plus célèbre est son commentaire de la coutume de Paris en 1539. Sa démarche est qu’à partir
de la coutume de Paris, il cherche un droit commun coutumier. Il écrit « nos coutumes sont notre droit
civil, de même force et de même vigueur qu’était à Rome le droit civil des romains ».

- Au XVI°, Guy Coquille qui a fait le commentaire de la coutume de Nivernais dans son ouvrage qui est
intitulé Institutions du droit français qui est publié en 1607. Sa démarche consiste à rapprocher les
coutumes de différentes provinces pour dégager l’ensemble du droit coutumier du royaume.

- Au XVII°, Antoine Loysel, il était avocat au parlement de Paris et publie en 1607, les Institutes
coutumières. Sa démarche est de se référer au droit romain et de ramener le droit de toutes le provinces à
une loi commune.

- Au XVIII°, François Bourjon était avocat au châtelet (siège de la justice royale à Paris), qui publie Le
droit commun de la France et la coutume de Paris réduit en principes en 1720.

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D/ L’enseignement du droit

La roi va nommer des professeurs pour donner des leçons publiques et pour expliquer la jurisprudence
française dans les facultés de droit. Le plus célèbre est Robert Pothier (XVIII°) qui était professeur royal à
Orléans et il est aussi très célèbre car il a publié de nombreux traités très méthodiques et très clairs sur de
nombreuses matières juridiques. Dans ces traités, il rapproche le droit coutumier du droit romain. Il a
également écrit un célèbre commentaire de la coutume d’Orléans.

Par 3 : La seconde renaissance du droit romain (XVI°)

Cette seconde renaissance résulte du travail des humanistes (= 1: ce sont ceux qui placent l’Homme au
dessus de toutes les autres valeurs / 2: ceux qui s’intéressent a la connaissance des langues et des littératures
anciennes). Les humanistes veulent redécouvrir le véritable droit romain et pour cela ils vont mettre en
oeuvre une nouvelle méthode juridique, que l’on appelle la méthode historique critique qui sera aussi appelée
mos gallicus et cette méthode se base sur les textes primitifs du corps du droit civil (Grande compilation de
Justinien). Ils vont étudier ces textes débarrassées des gloses du moyen-âge (= textes primitifs) et veulent
même retrouver le droit romain antérieur à la compilation de Justinien (par exemple ils ont réussi à
reconstituer la Loi des XII Tables à partir de passages du digeste).

On peut retenir 6 noms pour cette renaissance :

Budé qui a travaillé sur le digeste (pandet), Alciat, Cujas, et Doneau. Puis ce courant va décliner, puisque
qu’état tous protestants ils doivent s’exiler en Allemagne et en Europe du Nord ce qui va laisser la place à
d’autres juristes. Et on assiste ici au retour des bartholistes au XVII° et on retrouve la méthode italienne
« mos italicus ». On trouve donc ici Domat qui fait l’assimilation entre le droit romain et le droit naturel
(idéal) et enfin on retrouve aussi Pothier qui va écrire un traité à partir du digeste.

Par 4 : Le droit canonique (concurrencé par le droit laïc)

Pour le droit canonique il faut distinguer deux cas de figures :

- Pour les dispositions anciennes : ce sont celles qui ont été compilées au Moyen-Âge dans le corpus iuris
canonici en 1580. Pour ces disposions anciennes on parle de « réception tacite », ce qui signifie qu’elles
ont été consacrées par l’usage.

- Pour les décisions plus récentes : pour les canons des conciles et les décrétales du pape. On parle ici de
« réceptions formelle », ce qui veut dire qu’elles n’ont d’effet juridique que si elles sont officiellement
acceptées par le monarchie, car c’est le roi qui détient le monopole du pouvoir législatif.

Il faut ici revenir à la procédure, cela veut dire que ces décisions doivent avoir la forme des lettres patentes et
donc être enregistrées par le parlement de Paris. Cela va poser un problème puisque le parlement va contrôler
très strictement ces textes car le parlement applique la politique religieuse de l’époque (le gallicanisme :
l’idée de l’indépendance de l’église de France vis à vis de la papauté).
On rencontre un deuxième obstacle : l’apparition en France d’un droit ecclésiastique national. Cela signifie
que la législation royale va traiter de plus en plus de matières qui normalement relève de l’église. Par
exemple elle va s’occuper de plus en plus des questions relatives au mariage.

Section 3° Les théoriciens de l’Etat


Par 1 : Jean Bodin (XVI°) et la souveraineté

Jean Bodin s’est intéressé a tous les domaines (juriste, avocat, historien, économiste, philosophe, …), son
ouvrage principal est Les six livres de la République (1576). Pour ces domaines, ses sources sont très larges,
il va utiliser aussi bien la Bible que des ouvrages d’histoire, de droit, …

Dans son ouvrage on observe deux étapes : il étudie d’abord la structure de la République (= Etat) puis sont
évolution.
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Il pose ainsi deux questions :

- Il se demande quelle est la nature profonde de l’Etat ?


« La République est un droit de gouvernement de plusieurs mesnages (=ménages) et ce qui leur est commun
avec puissance souveraine ».

Il fait ici intervenir la notion de famille (ménage) et il présente aussi la famille comme étant antérieure à
l’Etat. L’intérêt est ici de permettre de donner une image paternaliste du souverain, de l’autorité du roi et
donc une image rassurante et légitime du roi.
On voit aussi que chez Bodin la souveraineté est déterminante, indivisible, absolue et on peut la définir
comme le pouvoir de faire la loi sans le consentement des sujets.

- Quel est le meilleur régime politique ?


Bodin distingue l’absolutisme du despotisme et pour lui, le meilleur régime finalement c’est la monarchie
gouvernée « harmoniquement » qui est supérieure à tout autres régimes. Il préconise donc de créer une armée
nationale permanente et aussi l’unification des poids et mesures dans tout le royaume.

L’oeuvre de Bodin a eu un très grand succès à son époque, elle a été étudiée dans beaucoup d’universités et il
a eu de nombreuses éditions et traductions jusqu’au XVIII°.

Par 2 : L’école du droit naturel (= droit idéal)

A/ Hugo Grotius (XVI°-XVII°)

C’est un hollandais et son oeuvre principale publiée en 1625 s’intitule De jure belli ac pacis (= le droit de la
guerre et de la paix).

Dans son ouvrage, il a plusieurs points. Il veut d’abord légaliser la guerre, il veut la mise en place d’un État
universel, une société internationale formée par les différents Etats. Et il veut aussi un pouvoir fort pour faire
régner l’ordre, la paix et pour favoriser le commerce.

On présente souvent Grocius comme un théoricien du droit naturel mais ce n’est pas lui qui a crée cette
notion, elle remonte à l’antiquité (le droit naturel a eu plusieurs significations, celle d’un droit idéal, celle du
droit des gens, celle du droit divin, celle du droit romain, …).
Pour l’Ancien Régime le droit naturel est l’aspect du droit divin mais inclus plusieurs notions : celle de
l’utilité générale, du droit individuel, celle de l’état de nature, et utilise ses idées dans le cadre du droit
naturel pour justifier l’absolutisme.
La doctrine de Grocius permet de donner des arguments au roi sur un plan théorique pour lutter contre la
noblesse parce que la noblesse revendique de plus en plus de pouvoir politique et s’oppose à l’absolutisme.

B/ Samuel Puffendorf (XVI°)

C’est un allemand et son oeuvre principale est intitulée Le droit de la nature et des gens publiée en 1672. On
le présente comme le vrai théoricien du droit naturel, qu’il définit comme « un droit nécessaire et immuable
depuis par la raison de la nature des choses », avec pour but de justifier l’absolutisme.

Finalement on voit que toutes ces notions du droit naturel sont utilisées au XVIII° pour aller cette fois-ci
contre l’absolutisme notamment avec la philosophie des Lumières.

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Chapitre 4 : La philosophie des Lumières et le droit

Remarques générales :

- Le rôle de la bourgeoisie au XVIII° siècle : la bourgeoisie est la catégorie sociale en pleine extension au
XVIII° dans toutes l’Europe ce qui va donc influencer les idées politiques. La bourgeoisie représente à
cette époque les habitants des villes qui font partis du Tiers-Etat (de l’ordre non privilégié). Cette
catégorie sociale ne veut plus de la monarchie et de la société d’ordre qui est un classement juridique (le
premier ordre est le Clergé, le deuxième la noblesse et le troisième le Tiers-Etat). Elle rejette cette
hiérarchie car la bourgeoisie a accédé au pouvoir économique et veut désormais un pouvoir politique qui
correspond a sa puissance économique. Barnave, avocat révolutionnaire dira : « une nouvelle distribution
de la richesse entraine un nouvelle distribution du pouvoir ».
La bourgeoisie va essayer de supprimer les privilèges de l’Ancien Régime et toutes les contraintes de la
société de l’Ancien Régime et en supprimant ces contraintes il faut arriver à la libre acquisition et la libre
disposition de la propriété qu’elle considère comme un droit inviolable et au niveau de l’Etat, l’Etat idéal
sera celui qui donnera le plus de garanties à la propriété et à la liberté. La bourgeoisie justifie ses
revendications en invoquant la philosophie des droits naturels qui vient d’Angleterre.

- La définition de la philosophie des Lumières : cette philosophie est présente en France dans la
deuxième moitié du XVIII° siècle. On peut ramener cette philosophie à deux grandes idées qui permettent
de combattre l’absolutisme : le rationalisme et l’individualisme.
Le rationalisme est la philosophie fondée sur la raison, cela signifie que seule la raison peut expliquer et
justifier l’action des Hommes et on écarte donc les autres justifications, notamment celles qui sont fondées
sur la tradition (l’enracinement historique) et on rejette aussi toutes les justifications fondées sur la révélation
(la religion). Au XVIII°, la raison doit permettre de retrouver des lois naturelles pour un fonctionnement
harmonieux de la société. Rousseau dans son ouvrage sur le contrat social nous dit que « l’Homme est libre
et partout il est dans les fers (enchainé) ».
Pour cette première idée, le rationalisme s’oppose à l’ordre que représente l’absolutisme.
L’individualisme veut dire que l’individu a une existence en tant que tel et qu’il a des droits dans ses
rapports avec l’Etat, la puissance de l’Etat n’est plus illimitée. La aussi c’est le contraire et l’opposé de
l’Ancien Régime, sous ce dernier l’individu faisait forcement parti d’un groupe et la nation était représentée
par le roi (la nation organisée).

Ces idées n’étaient pas totalement abstraites, nous avions l’exemple de la Révolution anglaise de 1688 avec
le départ de Jacques II, dernier roi absolutiste. Ainsi la monarchie anglaise était limitée par les pouvoirs du
parlement et par les droits individuels qui étaient donc respectés. Ensuite nous avons aussi eu l’exemple
américain avec la Déclaration d’indépendance en 1776 et la Constitution américaine en 1787. En France, ces
idées ont d’abord influencées les milieux cultivées mais aussi dans une certaine mesure sur les gens sans
instructions (analphabétisme qui touche au début de la Révolution 65% de la population qui ne savent pas
écrire leur nom sur les registres de mariage).

Section 1° Les philosophes du XVIII°

Par 1 : John Locke (1632 - 1704)

Il est considéré comme le père de l’individualisme libéral et son ouvrage principal est intitulé Traité sur le
gouvernement civil publié en 1690. Il est le théoricien de la Révolution anglaise et on retrouve ici
l’expression des idées et de l’idéal de la bourgeoisie.
Il explique dans son ouvrage que l’Etat de nature est un Etat relativement pacifique, dans lequel la propriété
existe et est antérieure à la société civile. C’est pour garantir la propriété que les Hommes sortent de l’Etat de
nature et constituent la société civile « tout gouvernement n’a pas d’autre fin que la conservation de la
propriété ».
Pour lui le pouvoir suprême est le pouvoir législatif mais il est limité par les droits naturels et donc si il ne
respecte pas la liberté et la propriété, à ce moment là les citoyens ont le droit de s’insurger. Il a eu
énormément d’influence et de succès a son époque puisque ses idées correspondaient aux idées de la
bourgeoisie en pleins expansion au XVIII°.
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Par 2 : Montesqieu (1689-1755)

De son vrai nom Charles de Secondat, il est noble, il est seigneur de la brède, il a été avocat puis
parlementaire, mais aussi magistrat et a été dans cette fonction président du parlement de Bordeaux. Parmi
ses ouvrages on peut citer Les lettres persanes (1721) et L’esprit des lois (1748).

A/ La théorie de la séparation des pouvoirs

Montesquieu distingue trois sortes de pouvoirs : la puissance législative, la puissance exécutive et la


puissance de juger et préconise la séparation des pouvoirs qui sera reprise dans la DDHC (1789) à l’article
16. Mais en réalité, cette théorie chez Montesquieu n’a pas la portée que lui ont donné ses successeurs,
notamment dans la première constitution. En réalité Montesquieu affirme simplement que les trois pouvoirs
ne doivent pas se trouver entre les memes mains mais il ne préconise pas une séparation des pouvoirs stricte
comme fait dans la Constitution de 1791. Cette séparation stricte n’existe pas dans la constitution anglaise
qui est le modele de Montesquieu. Il préconise donc simplement une harmonie entre tous les pouvoirs.

B/ L’importance des corps intermédiaires

Montesquieu se présente comme le porte parole de l’aristocratie qui réclame une certaine liberté politique
pour contrôler le pouvoir royal. Pour lui, il faut qu’il y est des pouvoirs intermédiaires, subordonnés,
dépendants qui constituent la nature du gouvernement monarchique. Il dit « le pouvoir intermédiaire le plus
naturel est la noblesse ». Il faut aussi pour respecter cette nature du gouvernement monarchique, pour lui,
que le roi gouverne en respectant les lois fondamentales. Ici ces idées sont dans L’esprit des lois qui est
l’éloge de la constitution anglaise : c’est une monarchie avec une séparation des pouvoirs et un équilibre
entre le roi, l’aristocratie et les représentants du peuple.

C/ La conception du changement

Montesquieu est présenté comme un théoricien du changement. Pour ce dernier, le changement n’est pas une
nouveauté mais un retour à l’origine de la monarchie contre l’absolutisme. On est donc beaucoup plus sur
une notion de réformation que de révolution. Il veut donc une monarchie tempérée. Il est célèbre pour sa
théorie politique, dites des contres poids : « il faut que le pouvoir arrête le pouvoir ». Montesquieu est défini
comme un conservateur éclairé.

Par 3 : Voltaire

De son vrai nom François Marie Arouet, il a eu énormément du succès car la bourgeoisie française s’est
reconnue dans ses écrits. On peut notamment citer Les lettres philosophiques ou Les lettres anglaises écrites
en 1734 mais aussi son Dictionnaire philosophique de 1764.
Dans les lettres philosophiques, Voltaire fait l’éloge de la constitution anglaise mais est de plus en plus
favorable à un régime fort. Il ne croit pas à l’utilité des corps intermédiaires par manque de confiance et ne
croit pas à l’égalité, il est même contre : il faut une hiérarchie des classes sociales.
Voltaire n’est pas un théoricien, il a une politique pratique et concrète. Il étudie dans cette politique le
gouvernement et propose des réformes (civiles ou administratives), par exemple il va lutter pour la liberté
d’expression, il va demander la suppression de la torture, il va demander l’institution d’un jury, il va aussi
demander la fin des arrestations arbitraires, …
Un affaire est restée célèbre, l’affaire Calas qui se déroule en 1765 et Voltaire obtient ici la révision du procès
de Calas et sa réhabilitation. Calas est un négociant, un marchant toulousain protestant qui avait caché le
suicide de son fils, mais à l’époque le climat était celui de fanatisme religieux, de calomnie et de
dénonciation et ici, l’opinion publique l’a rendu responsable de la mort de son fils. Il a donc été jugé et
condamné pour sorcellerie et a été rompu vif sur la roue, étranglé et brulé.

Par 4 : Jean-Jacques Rousseau (XVIII°)

Son oeuvre politique nous intéresse ici, Le contrat social publié en 1762. L’objectif de cet ouvrage est de
préserver la liberté des gens et d’organiser dans un même temps leur vie en société.
Pour atteindre cet objectif, Rousseau préconise le système du pacte social. Ce système doit intégrer les idées
suivantes : une idée d’unité du corps social, une idée de subordination des intérêts particuliers à la volonté
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générale, une idée de souveraineté absolue et indissociable de la volonté générale et enfin une idée de règne
de la vertu dans une nation de citoyens.
Ce pacte social est un contrat où chacun s’unit à tous. C’est l’association politique qui fonde l’Etat et
l’objectif est de garantir la liberté et l’égalité. Dans ce contrat, les individus se dotent aussi d’une
souveraineté.
Il propose que le gouvernement monarchique soit confronté à la souveraineté du peuple et comme le dit
Montesquieu, il dit aussi que c’est un simple retour à l’origine de la monarchie et non une nouveauté. Il ne
préconise pas spécialement une forme de gouvernement. Comme Montesquieu, pour lui, la forme des
gouvernement doit dépendre des situations locales et les institutions ne sont rien sans les moeurs, d’où
l’importance de la formation des citoyens.

Section 2° La nouvelle conception du droit à la fin du XVIII° siècle

Par 1 : La nouvelle conception du droit en matière pénale

Dans le domaine du droit pénal, le XVIII° est le siècle des réformes, et pour cause à partir du milieu du
XVIII° on critique de façon très importante au niveau européen la justice pénale qui est caractérisée comme
trop sévère.

A/ L’Angleterre

En 1679, l’Angleterre propose un nouveau système : celui de l’habeas corpus et du jury. On prévoit ici au
quand un citoyen anglais est arrêté, on doit lui notifier dans les 24h le délit qui lui est reproché. Ensuite si
une personne s’estime irrégulièrement détenue, elle peut s’adresser aux juges d’une juridiction supérieure et
celui-ci, peut demander au gardien du prisonnier de le représenter pour vérifier le motif de sa détention. On
peut en principe ensuite toujours obtenir sa liberté sous caution sauf pour les cas les plus graves. Enfin, dans
les 20 jours de l’arrestation, le prévenu passe devant un premier jury qui vérifie si les charges sont suffisantes
pour continuer le procès, si oui, ensuite l’accusé est présenté devant un deuxième jury qui lui, procède au
jugement.
Le même modèle est ensuite repris en France et c’est Montesquieu le premier qui va faire l’éloge de cette
procédure.

B/ L’Italie

Beccaria écrit un traité resté célèbre en 1764, intitulé Traité des délits et des peines. Beccaria va beaucoup
s’inspirer de Rousseau et de Montesquieu et beaucoup des points de son traité seront repris en France et
influencer la justice française notamment lors de la Révolution.

C/ La France

A la fin de l’Ancien Régime on observe une grande critique des lettres de cachets qui symbolisent l’arbitraire
de la justice royale. Par arbitraire on entend à cette époque que le juge pouvait arbitrer les peines et qu’il
pouvait donc choisir en conscience la sanction la mieux adaptée aux cas. Donc sous l’Ancien Régime le mot
arbitraire possède un sens juridique et objectif.
Cette suppression des lettres de cachets est notamment demandée dans les cahiers de doléance qui rejettent
l’arbitraire de la justice et la légalité des incriminations et des peines. Selon le principe de légalité des
incriminations et des peines, il n’y a que le pouvoir judiciaire qui peut disposer de la liberté des citoyens et
dans les seuls cas déterminés par la loi. Le roi ne peut donc plus ordonner des arrestations légales.

Par 2 : La nouvelle conception du droit et de la famille

Pour le droit de la famille deux choses vont beaucoup l’influencer : la philosophie des Lumières mais aussi
l’évolution des mentalités et de l’opinion publique qui changent aux XVIII° siècle. On voit apparaitre deux
grandes idées dans le cadres de la famille, celle de liberté et celle d’égalité.

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A/ La liberté dans la famille

a) La liberté entre les époux

On parle ici de la question du divorce. Au XVIII°, l’opinion publique ne supporte pas que l’on ne puisse pas
divorcer. On peut rappeler que le divorce avait disparu au Moyen-Âge sous l’influence de l’église et donc
tout un courant de pensée se manifeste par la suite en faveur du divorce.
On retrouve dans ce courant de nombreux auteurs tels que Montesquieu qui dans Les lettres persanes se
moque de l’indissolubilité du mariage chrétien qui est considéré comme un sacrement. On retrouve
également Voltaire qui ici dans le Dictionnaire philosophique (1764) écrit que « Le mariage est un contrat du
droit des gens dont les catholiques ont fait un sacrement mais le contrat et le sacrement sont deux choses bien
différentes, à l’une sont attachés les effets civils, à l’autre les grâces de l’église. Il faut rendre le mariage
dissoluble par divorce ».

b) La liberté entre parents et enfants

La mentalité va évoluer, à ce moment là elle rejette globalement la conception traditionnelle de la famille


présente sous l’Ancien Régime car il y avait en général une conception très stricte, des rapports très froids
entre les parents et les enfants, par exemple avec les lettres de cachets ou le père pouvait faire enfermer ses
enfants.
L’opinion publique évolue et va mettre en avant une nouvelle idée, on va voit apparaitre ce que l’on a appelé
« la mode de l’affection naturelle » et sur la base de cette mode, on va rejeter de plus en plus le modele de la
famille de l’Ancien Régime.

B/ L’égalité dans la famille

Cela fait référence à l’idée d’égalité naturelle et également politique. La liberté naturelle concerne les enfants
et on met ici en avant l’idée de nature et cette évolution se traduit dans la terminologie puisque qu’à ce
moment là une évolutions se fait et pour désigner les enfants hors mariage (illégitimes) on n’utilise plus le
terme de « batards » mais celui « d’enfants naturels ».
Pour les femmes ensuite, elles sont considérée à cette époque aussi bien par la religion que par le droit
comme des êtres inférieurs. Mais cela évolue car les femmes prennent une part de plus en plus importante
dans l’activité sociale et ainsi commence à apparaitre et a se développer un mouvement féministe.

Par 3 : La nouvelle conception du droit dans le domaine des contrats et de la propriété

A/ La conception du contrat au XVII° et XVIII° siècle

Ici va s’affirmer au fur et a mesure le principe du consensualisme, on insiste sur la force du consentement,
sur la forme de l’engagement et cela dès le début du XVII°.
On peut citer ici Loysel qui écrit que « on lie les boeufs par les cornes et les hommes par les paroles ». On
retrouve également cette idée chez Domat au XVII° et au XVIII° chez Pothier. Pour ces deux auteurs le
consentement devient le seul fondement du contrat.
Plus précisément on verra sur le contrat trois idées principales. Premièrement comme le contrat est
l’expression de la volonté des individus, la matière est infinie. Deuxièmement, pour autant la liberté des
parties des contrats n’est pas absolue. Et donc le contrat doit être conforme aux lois, aux bonnes moeurs et le
consentement doit être exempt de vices.
Il y a quatre vices du consentement : l’erreur, le dol (une manoeuvre frauduleuse qui entraine une tromperie),
la violence et la lésion (différence de valeur excessive entre les prestations d’un contrat).
On retrouve enfin l’effet relatif des contrats : les contrats n’ont d’effet que entre des parties au contrat et que
par rapport à la chose qui fait l’objet de la convention.

B/ La propriété à la fin du XVIII° siècle

On assiste à une modification de la conception de la propriété : on abandonne la conception de la propriété


du Moyen-Âge et de l’Ancien Régime et pendant cette période on parlait de propriété simultanée ou de
propriété dualiste et c’était le système de la propriété. Cela veut dire qu’on avait deux droits de propriété sur
une même chose, en l’occurence une terre et une terre qui possède deux droits propriété se nomme une

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tenure. Sur une tenure il va y avoir par exemple la droit de propriété du seigneur qui va avoir le droit
juridique et supérieur et le droit de propriété du tenancier, du cultivateur qui est économique et intérieur.

On abandonne cette conception et on passe à la notion de propriété exclusive et absolue, qui vient du droit
romain et sera celle du code civil de 1804, encore la notre aujourd’hui. Dans cette nouvelle conception
l’élément essentiel est de disposer et on met aussi en avant l’idée de liberté, celle de disposer. Et c'est cette
dernière qui va permettre de lutter contre le système foncier traditionnel. Les paysans vont d’abord mener
cette lutte, avec l’aide de la bourgeoisie qui vont lutter pour la libération du sol : c’est une lutte pour la
libération de l’individu.

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Deuxième partie : De la Révolution à la Troisième République : l’établissement


d’un système juridique national

Chapitre 1 : Les principes de 1789

A la fin de la de l’Ancien Régime il y a une crise générale, politique, économique et sociale. Toutes les
tentatives de réformes du roi ont échoué et donc dans cette situation le roi se résigne à convoquer les Etats
généraux (ils n’avaient pas été réunis depuis 1614). Il prend cette décision en mai 1788

1° La préparation de la réunion des Etats généraux

La question qui se pose est celle de la forme de la réunion, le roi possède deux options : prendre la forme
ancienne, c’est à dire prendre le même nombre de représentants pour chaque ordre et on doit voter par ordre
et non par tête. Avec ce système il y aura forcement deux voies contre une (les deux ordres privilégiés contre
le Tiers-Etat). Mais le roi peut aussi mettre en place une nouvelle forme, doublement des représentants du
Tiers-Etat et surtout on vote par tête et non par ordre.
Le roi sur cette question prend une décision, sur le conseil Necker, son conseiller général des finances. C’est
une décision mitigée, en décembre 1788 il accorde le doublement du Tiers mais il ne se prononce pas sur le
vote.

2° Les forces en présence

Il y a dans cette réunion tout d’abord, les représentants du clergé qui comportent 300 débutés environ avec
une très nette domination du bas-clergé et donc des prêtres et des curés dans les paroisses, puisque pour le
Haut-clergé il n’existe qu’une cinquantaine d’évêques. On remarque donc que la grande majorité du clergé
socialement et au nivaux des idées et du mode de vie, sont largement proche du Tiers-Etat.
Ensuite la noblesse qui représentent également environ 300 débutés, il a tout d’abord tout les grandes noms
de la noblesse comme par exemple le marquis de La Fayette mais aussi dans ces grands seigneurs le Vicomte
De Noailles et le duc D’Aiguillon. On a aussi les petits seigneurs, une forte proportion de noble de robes (les
parlementaires) et puis enfin sur l’ensemble une centaine de nobles libéraux qui admire le modele de
l’Angleterre des Etats-Unis. Mais en grande majorité la noblesse reste favorable à la tradition.
Enfin, le Tiers-Etats, un ordre non privilégié qui contient environ 600 députés, il n’a aucun députés paysans
et ouvriers. En grande majorité on a ici des bourgeois (habitants d’une ville) avec une domination des
hommes de lois (sur les 600 débutés il y a environ 200 avocats comme Robespierre ou Barnave), à travers
ces représentants du tiers c’est la bourgeoisie qui est influencée par les Lumières qui fait son entrée sur la
scène politique.

3° Quelles questions on va débattre ?

On trouve ces questions dans différentes sources et documents. La première sont les cahiers de doléance, qui
sont des cahiers où la population devait faire noter toutes ses réclamations et demandes, qui sont prévues par
le règlement électoral des Etats généraux. Ces cahiers ont été rédigé par ordres (clergé, tiers, noblesse) et on
a eu en tout 50 000 cahiers.
Dans les cahiers du Tiers on demande la fin de tout les privilèges (fiscaux, justice, honorifique, …) et on
demande aussi d’une façon plus large la suppression de toutes les traces de la féodalité : ce qui signifie que
on demande la suppression des droits seigneuriaux qui pèsent sur tout les habitants de la seigneurie et ils sont
payés en contre-partie de la protection du seigneur (ex : le droit de justice). Dans les traces de la féodalité à
cote des droits seigneuriaux on a aussi les droit féodaux au sens strict : il s’agit de droit fonciers qui eux ne
sont payés que par les cultivateurs, les tenanciers et ils représentent la contre-partie de la concession de la
terre. On peut préciser que dans les traces de la féodalité, les droits seigneuriaux et les droits féodaux au sens
strict représente les droit féodaux au sens large.
On note aussi dans les cahiers des trois ordres des points communs, on demande la fin de l’absolutisme, on
demande une constitution écrite et on constate aussi dans ces cahiers que l’attachement au roi demeure.

Les deuxièmes sources sont toutes les publications « politiques », qui se multiplient à l’approche des Etats-
généraux. Mirabeau, par exemple, lui publie à Aix un petit ouvrage nommé L’appel à la nation provençale,
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Robespierre lui, publie à Arras, L’appel à la nation artésienne, et le plus connu Siéyès, lui, publié Qu’est-ce
que le Tiers-Etat ? (Janvier 1789) Cet auteur était un ecclésiastique rejeté par son ordre qui a donc rejoint le
Tiers-Etats. Ce dernier ouvrage est resté célèbre par cette phrase « qu’est-ce que le tiers-état ? Tout. Qu’à t-il
été jusqu’à présent ? Rien. Que demande t-il à devenir ? Quelque chose. » Ici, il y a une démonstration en
trois étapes : en premier lieu, le tiers est la nation complète mais pourtant politiquement il n’a aucun pouvoir,
ni aucun rôle, donc il faut qu’il réagisse et qu’il demande une influence égale à celle des ordres privilégiés,
c’est à dire une vraie représentation aux états généraux, il demande une représentation double et surtout le
vote par têtes et pas par ordres. C’est sur ces revendications précisément que commencent les états généraux
et c’est le début du processus révolutionnaire.

Section 1° L’établissement du droit constitutionnel moderne 1789-1792


Cette mise en place se fait durant la période du passage de l’Ancien au Nouveau régime avec la mise en
place de nouveaux principes.

Par 1 : Le passage de l’Ancien au Nouveau Régime (année 1789)

On peut distinguer deux phases :

A/ La révolution juridique

Elle commence le 5 mai 1789, le jour de la séance royale d’ouverture des Etats-généraux dans la salle des
menus plaisirs à Versailles. La première question qui se pose est celle du vote, par têtes ou par ordres mais
personne ne prend de décision (ni le roi, ni le garde des sceaux qui est à ce moment là est Barentin, ni le
contrôleur général des finances, qui est Necker). Après la séance royale, les députés de la noblesse et du
clergé se rendent dans des salles séparés pour commencer le travail, vérifier les pouvoirs des députés. Mais le
Tiers, lui, refuse d’aller dans sa salle et ne veut pas bouger et la situation va être bloqué comme cela tout le
mois de mai.
Début juin, sous l’influence de Siéyès, quelques députés du clergé commencent à rejoindre le Tiers et le 17
juin, sur proposition de Siéyès, les députés du Tiers se proclament Assemblée Nationale et ce qui est
significatif c’est que toute la salle crie à ce moment là « vive le roi, vive l’assemblée nationale » : ça
démontre bien toujours l’attachement certain au roi malgré que ce soit un véritable coup d’état puisqu’on a
transformé les Etats-généraux qui sont une institution traditionnelle de la monarchie en une assemblée
nationale qui représente la nation unique désormais. Le 19 juin, le clergé dans son entièreté rejoint le Tiers
mais la noblesse résiste.
Le 20 juin c’est la date du serment du jeu de pomme, les députés jurent ici de ne pas se séparer avant d’avoir
donné une constitution à la France et bien entendu une constitution écrite. Le président de la séance était
Bailly, qui était un astronome très populaire et qui sera le futur maire de Paris.
Pour stopper cette dynamique, le 23 juin, le roi tente une séance d’intimidation qui comporte deux aspects.
En premier c’est le dernier programme de réforme qu’il présente dans lequel il est d’accord pour faire des
concessions, par exemple il accorde la liberté de la presse et la liberté individuelle mais par contre il
maintient les ordres traditionnels et il maintient aussi la féodalité et la dîme (l’impôt payé au clergé par le
tiers). Deuxièmement, à la fin du discours il menace l’assemblée de dissolution mais cette séance sera un
échec pour le roi et le 27 juin, le roi cède et ordonne la fusion des trois ordres.
Devant cette défaite du roi, l’assemblée nationale en profite et le 9 juillet, elle se proclame Assemblée
Nationale Constituante.
Le 9 juillet est la date de la révolution juridique : transfert de la souveraineté du roi à la nation,
représentée par l’assemblée et donc la toute puissance du roi n’existe plus.

B/ La révolution sociale

Le roi va donc réagir et veut utiliser l’armée pour briser la révolution juridique et fait concentrer des troupes
autour de Paris, ce qui effraie la population. Dans la population, la bourgeoisie a peur d’un complot
aristocratique et le peuple lui a peur de violence parce qu’elle entraine surtout la mort et la famine. On voit
donc apparaitre les premiers affrontements entre la population et l’armée.

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Le 14 juillet, les manifestants ont pris des armés aux invalides et prennent ainsi la Bastille parce que c’était
un symbole de l’arbitraire de la justice du roi, car c’était une ancienne forteresse transformée en prison et
c’est là qu’on enfermait les personnes avec le système des lettres de cachets.
Le 15 juillet le roi renvoie les troupes et le 17 juillet, à l’hôtel de ville, le roi reçoit du nouveau maire Bailly
la cocarde tricolore et accepte de la porter. Le blanc pour la couleur du roi, la monarchie et bleu et rouge pour
les couleurs de la ville de Paris. Le roi qui aborde cette cocarde est symbolique et il fait donc ici semblant
d’approuver tout ce qu’il vient de se passer puisque moralement depuis la prise de la Bastille, il se considère
comme privé de liberté.
Pendant la deuxième quinzaine de juillet, deux bouleversements vont amener à la révolution sociale, c’est
à dire l’abolition des trois féodaux au sens large. Le premier bouleversement à lieu dans les villes : le
mouvement municipal. Ce mouvement est la disparition de l’administration de l’ancien régime avec se
caractéristique principale : la centralisation. L’intendant qui représentait le roi dans les provinces disparait
aussi. A la place on désigne des municipalités, la France se municipalise dans les villes.
Le deuxième bouleversement à lieu dans les campagnes : la grande peur. Les événements de Paris, donne
lieu à des rumeurs dans les campagnes, les paysans ont peur de troubles et de violence qui pourraient
entrainer des famines et dans certaines régions cette peur collective va même dégénérer en jacqueries : les
paysans vont piller les château, maltraiter et tuer les seigneurs, ce sont des révoltes paysannes.
Ces jacqueries vont inquiéter la bourgeoisie qui a également des propriété à la campagne et cette peur va
gagner l’assemblée nationale elle même puisqu’elle est composée principalement de propriétaires fonciers.
Finalement pour ramener le calme, sur la proposition du Duc d’Aiguillon et du Vicomte de Noailles,
l’assemblée vote dans la nuit du 4 août, l’abolition des droits féodaux, des privilèges et de la dîme.

Par 2 : La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (20-26 août 1789)

Quelques jours plus tard l’Assemblée votera la DDHC de 1789, cette déclaration sera placée en tête de la
Constitution du 3 septembre de 1791 qui met en place un nouveau régime : la monarchie constitutionnelle.
Il faut ici faire attention, en 1789 ce n’est pas la monarchie qui prend fin mais seulement l’absolutisme.
Du 20 au 26 août 1789, c’est là qu’elle a été discutée et on retrouve de nouveaux principes dans cette
DDHC formulés par Siéyès qui reste le principal rédacteur de ce texte avec Mirabeau mais aussi avec
Mounier et aussi Champion de Cicé. Au niveau des généralités, la DDHC est le premier texte constitutionnel
français et elle fait partie du droit positif puisqu’elle est dans le préambule de la constitution de 46 et de
1958. Sur la forme elle contient un préambule et 17 articles, le préambule fait référence à la doctrine du droit
naturel basée sur l’existence de Dieu comme fondement de l’ordre social. C’est pour cela que pour désigner
la DDHC on parlait de catéchisme philosophique et religieux. Ce qui est important c’est aussi que cette
déclaration contient des dispositions pratiques et à ce titre on dit souvent qu’elle est une machine de guerre
contre l’Ancien Régime. Ces dispositions vont permettre de supprimer les institutions jugés mauvaises de
l’Ancien régime et qui doivent disparaître.

A/ Les droits des l’Homme

a) L’égalité juridique

L’article 1 consacre une égalité en droits, une égalité juridique, civile : égalité devant la loi. Mais il se s’agit
cependant absolument pas d’une égalité sociale. C’est une égalité juridique car cet article est la réponse des
constituants aux privilèges de l’ancien régime. D’ailleurs, la deuxième partie justifie de l’article 1 justifie les
distinctions sociales sur le critère de l’utilitarisme. Ce qui montre bien qu’il ne s’agit pas d’une égalité
sociale est le fait que l’on mette en 1791 un suffrage restreint, censitaire : il faut payer l’impôt pour pouvoir
voter. On distingue donc les citoyens actifs (qui votent) et les citoyens passifs.

b) Les principaux droits naturels et leurs limites

L’article 2, l’Homme dispose de ses droits dès la naissance, autrement dit l’Homme dispose de ses droits
avant tout organisation sociale ou étatique et ces droits sont donc naturels et inaliénable : on ne peut pas les
céder et les abandonner et ils sont aussi dit imprescriptibles (on ne peut pas les perdre dans le temps).

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Il y en a 4 :
D’abord la liberté qui possède une définition très large dans la DDHC : elle consiste à pouvoir faire tout ce
qui ne nuit pas à autrui. On s’oppose donc ici aux différentes libertés de l’ancien régime. La liberté ici est la
liberté individuelle mais il faut y ajouter la liberté d’opinion, la liberté de la presse, et aussi la liberté
d’opinion religieuse
Ensuite la propriété qui selon l’article 17 est un droit inviolable et sacré (référence à l’antiquité : à Rome
certains magistrats, leurs personnes étaient dites sacrées et ils étaient spécialement protégés / et pas comme
une réminiscence ou une référence religieuse). La propriété apparait comme le garant de la liberté. Dans la
DDHC la propriété à une définition unitaire et là aussi elle s’oppose donc à la propriété dualiste du moyen-
âge et la l’ancien régime. Cette propriété est le symbole de l’individualisme.
Ensuite encore la sureté, c’est le droit des individus à être protégé contre l’arbitraire de l’état allant ainsi
contre l’ancien régime. Il ne faut cependant par confondre sureté et sécurité (référence aux danger sociaux).
Enfin, la résistance à l’oppression qui est le droit de ne pas obéir à l’état si il ne respecte pas les droits des
individus : mais ce n’est pas un droit permanent à l’insurrection mais ça permet de légitimer la prise de la
Bastille.

Ces principaux droits individuels ont une limite : la loi (article 4) qui est l’expression de la volonté générale
comme le dit Rousseau.

c) Les principes relatifs à la justice

Là aussi c’est une réaction à l’arbitraire de la justice à la fin de l’Ancien Régime avec trois principes :

Le premier est celui de la légalité des incriminations et des peines qui fait partie du droit positif. Il est dans
l’article 7, les arrestations sont placées sous le contrôle de la loi pour garantir la sureté des citoyens.

Le deuxième est le principe de la présomption d’innocence : tout prévenus doit-être présumé innocent tant
qu’il n’a pas été déclaré coupable. Ici il faut aussi préciser que la DDHC de 1789 ne fait que rappeler ce
principe qui date du XIII° siècle.

Enfin, c’est le principe de la non rétroactivité de la loi pénale (article 8)

Quelques mois après la DDHC, les constituants ont pris des mesures d’urgence en matière pénale notamment
le décret des 8 octobre et 3 novembre 1789 sur la justice criminelle : on abolit la torture et ce décret prévoit
que désormais tout accusé peut se faire assister par un ou plusieurs conseils.

B/ Les droits de la Nation

En 1789 la nation n’est plus la même notion que sous l’ancien régime et c’est désormais la nation qui est
souveraine.

a) La définition de la nation

Nouvelle définition de la nation dans la DDHC déjà donnée avant par Siéyès dans son ouvrage intitulé
qu’est-ce que le Tiers état ? Et cette définition s’oppose en tous points à la nation organisée de l’ancien
régime où justement la nation était incarnée par le roi.
Dans l’ouvrage de Siéyès on peut y lire : « la nation est l’assemblage des individus » « la nation existe avant
tout » « la volonté de la nation est toujours légale » « la nation est un corps d’associés vivant sous une loi
commune ».
On peut donner la définition suivante en résumant : la nation est un regroupement d’individus mais elle est
aussi une personne morale qui dépasse ce regroupement et elle est indissociable de la loi.

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b) La souveraineté nationale

Article 3 de la DDHC
La question qui se pose est : comme la nation est unique, indivisible, comment concrètement on organise
l’exercice du pouvoir ?
La première possibilité pour les constituants est celle proposée par Rousseau : celle de la démocratie directe.
Cela signifie que tous les citoyens participent au pouvoir et donc tous les citoyens exercent la souveraineté.
La deuxième est celle propose par Montesquieu qui propose le système de la représentation cela signifie ici
que des citoyens en délèguent d’autres pour exercer la souveraineté en leurs noms.
Le choix des constituants pour la souveraineté nationale s’explique par le fait que pour lutter contre
l’absolutisme, pour les constituants, lutter contre ce dernier est le premier objectif et n’est pas quand même
donner le pouvoir au peuple et c’est pour cela qu’ils ont préféré la souveraineté nationale à la souveraineté
populaire. Et de toute façon ce raisonnement on le retrouvera dans la constitution de 1791 avec le suffrage
qui est un suffrage censitaire ou restreint. Cela veut dire qu’on fait une distinction entre deux catégories de
citoyens : les citoyens actifs (ce qui votent) qui doivent payer un minimum d’impôt et les citoyens passifs
(« seuls les plus riches ont le droit de vote »).
On peut rappeler simplement aussi que les constituants ont préfère aussi la solution de Montesquieu pour la
séparation des pouvoirs : article 16 de la DDHC en réaction à l’ancien régime.

Section 2° La loi des 16-24 août 1790 sur la réorganisation judiciaire

La justice était ce qui était le plus critiqué à la fin de l’Ancien Régime, donc les constituants font faire une
réforme totale du système avec cette loi.

Par 1 : La séparation de l’administratif et du judiciaire

On applique ici l’article 16 de la DDHC sur la séparation des pouvoirs.


Dans l’ancien régime il y avait une confusion des pouvoirs et le droit détenait les 3 pouvoirs mais dans cette
confusion des pouvoirs, les parlements pouvaient aussi intervenir dans les affaires administratives. En effet
ils pouvaient prendre des arrêts de règlements, la procédure était très solennelle et ainsi on appelait ces arrêts
de règlements des arrêts en robes rouges. A la différence des arrêts ordinaires qui eux n’avaient que l’autorité
de la chose jugée, les arrêts de règlements eux, étaient obligatoires erga omnes (= à l’égard de tous) et donc y
compris auprès de l’administration.
La loi de 1790 a interdit cette pratique et a aussi interdit les remontrances. Le législateur révolutionnaire veut
donc ici vraiment séparer la justice de l’administration.

Par 2 : Les limites du pouvoir judiciaire

On peut trouver ces limites dans deux hypothèses : quand l’exécutif intervient dans le judiciaire ou quand le
législatif intervient aussi dans le judiciaire.
Pour le premier cas de figure : par exemple, au niveau du district c’est le roi qui nomme les jurys de
jugement donc on voit bien ici l’exécutif qui intervient dans la justice
Pour le deuxième cas : par exemple le pouvoir législatif intervient dans la procédure devant la haute cour qui
était charger de juger par exemple les ministres parce que ces poursuites étaient subordonner à l’autorisation
de l’assemblée on voit donc le législatif intervenir dans la justice.
Dernier exemple pour le système du référé législatif : avec ce système si une loi n’est pas claire le tribunal de
cassation est obligé de s’adresser au corps législatif pour l’interprétation du texte, cela veut dire donc que le
pouvoir judiciaire ne peut pas interpréter la loi = limite au pouvoir judiciaire.

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Par 3 : La nouvelle pyramide judiciaire

La nouvelle organisation judiciaire va se calquer sur la nouvelle organisation de l’administration avec pour
objectif toujours de rapprocher la justice des justiciables.
En 1790, au début de la révolution on réorganise l’administration locale. En partant du haut on va créer un
peu plus de 80 départements en se basant sur la géographie qui sont donc des unités administratives. Ensuite
les départements sont divisés en districts (entre 3 et 9 par département) qui sont également des unités
administratives. Ensuite les districts sont divisés en cantons mais ici le canton n’est pas une unité
administrative, c’est une unité électorale mais aussi le ressort territorial du juge de paix. Et enfin les canton
sont divisés en communes pour crée ces dernières on se fonde sur la notion d’agglomération humaine et cela
va donner environ 40 000 communes.

A/ La justice civile

On part ici de la base de la pyramide

a) Le juge de paix

Le juge est dans le canton est possède trois fonctions : d’abord il possède une juridiction contentieuse (qui
juge les procès) et plus précisément il va juger les affaires peu importantes (c’est à dire celle qui portent sur
moins de 100 livres). Pour avoir une idée par exemple de la valeur : un ouvrier à l’époque qualifié gagne au
maximum 1 livre par jour ou encore par exemple une famille de bonne bourgeoisie dépense entre 1500 et
3000 livres pour vivre par an mais encore permis les plus riches comme les Marquis de la Fayette
uniquement les revenus de ses biens sont estimés à 10 000 livres par mois. Pour le juge de paix aucunes
compétences juridiques est demandée.
Il possède ensuite un rôle de conciliation qui est le plus important pour les constituants puisqu’à travers le
juge de paix on recherche une justice « paternelle » et de justice « domestique » comme bondirait
aujourd’hui l’idée d’une justice de proximité. Ce rôle de conciliation concerne toutes les affaires qui sont de
la compétence du tribunal de district.
Enfin, le juge de paix a une juridiction gracieuse qui concerne différente question comme par exemple : il va
dans ce cadre présider les conseils de famille. Pour exercer toutes ces fonctions il est entouré d’assesseurs.
Pour cette institution, il y a un bilan très positif.

b) Le tribunal de district

Composition : 5 juges élus parmi les citoyens actifs et un ministère public mais il faut ici avoir exercer
pendant au moins 5 ans une profession juridique ou judiciaire, dans la fonction d’homme de loi.
Cette condition est obligatoire et elle oblige donc à prendre les juges dans le personnel judiciaire de l’Ancien
Régime. Le magistrat du ministère public est nommé par le roi.
La compétence est le tribunal de droit commun en matière civile, dans le cadre de cette compétence d’abord,
il est juge d’appel des décisions du juge de paix, et ensuite il est compétent en premier et dernier ressort pour
les affaire qui portent sur moins de 1000 livres.
Au delà de ce montant, on peut interjeter appel du jugement du tribunal mais attention dans ce cas il s’agit
d’un appel circulaire (au même niveau) ce qui signifie que l’appel va être porté devant un autre tribunal de
district voisin. Autrement dit ce n’est pas un appel hiérarchique car on ne va pas devant une juridiction
supérieure.

c) Le Tribunal de cassation

On est au sommet de la pyramide judiciaire et il n’existe qu’un seul tribunal de cassation qui siège à Paris.
C ‘est une innovation très importante puisqu’à travers cette organisme central on doit permettre : en premier
lieu le respect de la loi et en deuxième l’unité de la jurisprudence. Il y a une formule de Merlin de Douai
pour qualifier le tribunal de cassation : « il est le gardien suprême de la loi », Merlin de Douai on le présente
toujours comme le grand juriste de la Révolution.
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La composition : environ 40 membres qui siègent par roulements sur la base d’un membre élu par
départements et là il faut avoir exercer pendant 10 une profession judiciaire ou juridique.
La compétence du tribunal de cassation est strictement limitée : il est compétent soit pour les vices de forme
dans la procédure soit pour les contraventions à la loi : il est compétent que si on a pas respecté la procédure
ou la loi.
Si on est dans un de ces cas de figure et donc si il casse un jugement, il ne juge jamais du fond de l’affaire il
renvoie donc l’affaire devant un autre tribunal de district et c’est ce tribunal qui rejugera le tout donc le
tribunal de cassation n’est pas une juridiction d’appel.
Enfin il est compétent en matière civile et en matière pénale.

B/ La justice pénale ou criminelle

Il y a trois niveaux pour la justice criminelle et que la procédure est assez complexe

a) les trois degrés de justice criminelle

On est ici dans la commune ou on trouve à la base le tribunal de police municipal qui est composé de trois
membres qui font partis des officiers municipaux et qui possède comme compétence les petites infractions
que l’on appelle les infraction municipales : ce sont celles qui peuvent entrainer une amende de 500 livres au
maximum et / ou 8 jours de prison maximum.

Dans le cadre du canton on a le tribunal de politique correctionnel où l’on retrouve le juge de paix avec deux
assesseurs qui sont seulement consultés et ici il n’y a pas de ministères publics pour déclencher les poursuites
et on s’en remet donc à la dénonciation.
Il juge les délits donc là ce sont des infractions plus graves qui peuvent entrainer une peine de deux mois
d’emprisonnement maximum.

Enfin au sommet de la pyramide on a le tribunal criminel qui siège au chef lieu du département. Il est
composé de 4 magistrats, un jury et le ministère public.
Il juge ici les délits les plus graves et les crimes.

b) La procédure pour le jugement des crimes

Elle se décompose en trois phases : la première est l’instruction préparatoire réalisée par le juge de paix, la
deuxième, le tribunal de district décide de la poursuite et la mise en accusation est faites au niveau du district
par un premier jury de 8 membres et enfin troisièmement, l’accusé comparait devant le jury de jugement
dans le chef lieu du département composé de 12 membres et après la décision du jury, c’est le tribunal
criminel qui prononce la condamnation et le jugement est sans appel.
Ici on peut remarquer que les deux premiers rappelle le modele de l’abeas corpus. En général dans les jury
on avait beaucoup de commerçants, d’artisans, des petits bourgeois et pratiquement pas de paysans. C’est
une justice répressive qui a sur le bilan très bien fonctionné.

En conclusion quelques mots sur le premier code pénal français. Au début de la révolution les constituants
on de suite décider de rédiger trois codes : un code civil, un code de commerce et un code pénal.
Évidemment seul un code pénal a été rédigé celui des 25 septembre - 6 octobre 1791 est le premier code
pénal français très influencé par la philosophie des lumières. On peut en retenir trois grandes idées : il réduit
le champs des incriminations aux seuls actes qui sont considérés comme nuisibles à la nouvelle société
laïcisée, cela signifie que l’on s’occupe plus de tout ce qui était ancien délit religieux (comme par exemple le
crime de sacrilège : voler quelque chose dans une église) par contre ce qui va être réprimé en priorité seront
toutes les infractions politiques.
Ensuite, au niveau des peines, c’est toujours une réaction à l’ancien régime, les peines sont personnelles,
égales pour tous, fixes et publiques. On choisit donc ces caractéristiques pour la peine sachant que le premier
fondement de la peine pour les constituants est l’utilité sociale.
Enfin, ce premier code pénale a conservée la peine de mort malgré les nombreuses discussions parmi les
différentes sanctions.

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Chapitre 2 : Les aspirations égalitaires


Cela correspond à la période de 1792-1799 et donc on change ici de régime et on passe à la
première République. A l’intérieur de la première réplique il y a deux régimes politiques qui se
suivent, il y a d’abord la convention et ensuite le directoire.

La mise en place du régime est une période très riches en événements et également beaucoup de
violence et tout ça parce qu’on est dans un contexte aussi bien de guerres étrangères (en l’occurence
contre la Prusse) mais aussi et surtout dans un contexte de guerre civile. Ce que l’on peut retenir
c’est le début du régime en août 1792 qui est la période où les révolutionnaires créent la commune
insurrectionnelle de Paris. Dans cette commune de Paris on a la gauche des révolutionnaires
(extrêmes) et à ce moment là notamment ils sont menés par Danton. Et c’est à ce moment là qu’on
prend la décision de suspendre le roi et c’est aussi à ce moment qu’on institue le suffrage universel
et cette commune de paris va mener une « dictature terroriste » contre les ennemis de la révolution
ce que l’on appelait les « suspects » qui étaient : les aristocrates et les prêtres réfractaires. Ces
derniers ont dont été pourchassée set exécutés par milliers par la commune (massacres de
septembre).
En 1790 on vote la constitution civile du clergé, ce texte réorganise tout les rapports entre l’église et
l’état et on a demandé aux ecclésiastiques de prêter serment à ce texte, ce qui l’ont fait on été
nommé les prêtres jureurs et ceux qui ont refusé que l’on a nommé les prêtres réfractaires.

Tout cette violence était considérée par les révolutionnaires comme une mesure de salut publique.

Section 1° Le droit public révolutionnaire


Par 1 : La Convention (sept 1792 - août 1795)

Pendant cette période il y a des nouveaux principes et une réorganisation des pouvoirs.

A/ Les principes de la Constitution du 24 juin 1793

Le 20 septembre 1792 on élit une nouvelle assemblée : la Convention qui remplace l’assemblée
législative. Convention vient du vocabulaire politico américain : ce mot peut désigner soit le régime
politique, la période, soit l’assemblée elle même. Les élections ont lieu au suffrage universel mais il
y a eu plus de 90% d’abstention à cause du contexte (violences, insécurité, peur…).
La nouvelle constitution est votée le 24 juin 1793, c’est la constitution de l’an 1 et ce texte a été
rédigé par Hérault de Séchelles et là aussi cette constitution est précédée d’une déclaration des
droits de l’homme et du citoyen. Mais il y a des grosses différences avec celle de 1789 et on peut
dire qu’il y a trois grande idée qui domine la convention (la période).

- Le soucis d’égalité : on va ici plus loin que l’égalité civile de 1789 et en 1793 on veut une
égalité sociale : c’est-à-dire une égalité concrète, effective et économique. Pour se faire on crée
deux nouveaux droits : le droit à l’assistance et le droit à l’instruction.

- Le maintien de la liberté : la liberté qui comme en 1789 reste liée à la propriété par contre la
propriété perd toute son importance : elle est reléguée au dernier rang des droits de l’homme.

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Cette perte d’importance est due à Robespierre qui est à l’origine de cette modification : elle
n’est plus inviolable et sacrée.

- La volonté de renforcer la démocratie : on remplace la souveraineté nationale par la


souveraineté populaire : qui s’exprime par le suffrage universel (on abandonne le suffrage
restreint du directoire / le suffrage censitaire).

On ne se souvient pas trop de cette constitution car en réalité ces principes et la constitution n’ont
pas été appliqués notamment à cause de la guerre (civile et extérieure) et cela a été justifié par le
célèbre argument des Jacobins (= révolutionnaires extrêmes) qui dit que « à circonstances
exceptionnelles, mesures exceptionnelles ».

B/ La nouvelle organisation des pouvoirs

a) Le pouvoir exécutif

Le pouvoir exécutif est confié à quatre organes :

- Le conseil exécutif provisoire

- Le comité de sûreté générale : s’occupait de la police politique

- Le comité de défense générale : s’occupait de proposer les lois

- Le comité de salut public : il va remplacer le troisième organe. Il est au départ dominé par
Danton et à partir de juillet 1793 il est dominé par Robespierre. C’est là que nous allons avoir en
France une dictature : la Terreur. Cette période dictature va durer jusqu’à la chute de Robespierre
(le 9 Thermidor an II = 27 juillet 1794).

b) Le pouvoir législatif

Il est détenu par la nouvelle assemblée : la Convention. Dans la constitution de 1793, l’assemblée
ou la Convention (le corps législatif) détient tout les pouvoirs : c’est une dictature de la Convention.
Sauf pendant la période de la Terreur où là c’est le comité de salut public qui dirige tout.

c) Le pouvoir judiciaire

On peut se poser ici trois questions :

- Le procès du roi : Louis XVI s’oppose nettement à la Convention. D’abord pour ce que l’on
appelle les montagnards (la gauche des révolutionnaires) le roi est coupable sans aucun doute : il
a trahi en s’alliant avec l’ennemi et il mérite la mort. C’est la position de Robespierre, pour lui,
l’exécution du roi est « une mesure de salut public ». C’est également la position de Saint-Juste
pour qui le roi est une ennemi. Au contraire, dans l’assemblée, pour les girondins (la droite des
révolutionnaires), il faut éviter un procès et surtout éviter la mort du roi. Il y a également la
pleine (le centre des révolutionnaire). Finalement à une faible majorité, la Convention a voté la
mort du roi le 20 janvier 1793. Et il a été exécuté le lendemain et tout les montagnards ont voté la
mort du roi sans sursis.
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- Le tribunal révolutionnaire : c’est une juridiction d’exception crée en mars 1793 (pendant la
Terreur) à Paris. Il a une compétence très large puisqu’il peut juger sur tout le territoire, de toute
entreprises contre-révolutionnaire. Il est composé de 5 juges : un accusateur public (qui était le
redoutable Fouquier-Tinville) et 12 jurés tirés au sort. Il faisait des sentences très rapide, tout de
suite exécutées. Ce tribunal était simplement une machine à expédier par charrettes les accusés à
la guillotine. Pendant la Terreur : on a avancé le nombre de 16 500 exécutions pour le seul
tribunal révolutionnaire il a eu 5350 personnes jugées et un peu plus de la moitié condamnée et
exécutés. Cette juridiction sera supprimée en mai 1795.

- Les juridictions ordinaires : cela renvoie à la pyramide judiciaire. Il n’y a ici rien à signaler
pour la Convention, ces juridictions ne sont pas modifiées.

Par 2 : Le Directoire (août 1795 - novembre 1799)

A/ Les principes de la constitution du 22 août 1795

On la nomme aussi la constitution de l’an III. Cette constitution est rédigée principalement par un
girondin (révolutionnaire à droite) du nom de Daunou. Sur un plan général elle est précédée d’une
DDHC mais aussi d’une déclaration des Devoirs de l’homme et du citoyen.
Pour cette période il faut retenir deux grandes caractéristiques en répercussion à la période d’avant.

- Une crainte (une hantise) de la démocratie sociale : c’est une réaction à la Convention. On
revient à une notion d’égalité strictement juridique comme en 1789. Cela signifie plus d’égalité
sociale et on supprime donc les deux droits crées pour ça à l’époque : le droit à l’assistance et le
droit à l’instruction. On réaffirme également la liberté économique, en effet à la Terreur politique
s’était ajoutée en plus la Terreur économique durant la Convention et on parle de dirigisme de la
Convention, par exemple la Convention va supprimer toutes les grandes sociétés commerciales
(comme la compagnie des Indes). Il en résulte donc une crise économique. Enfin, on réaffirme
l’intangibilité (l’importance) de la propriété, cette dernière retrouve donc la place qu’elle
occupait en 1789. On retrouve donc ici les idées de 1789.

- Une crainte de la dictature politique : on ne veut pas retrouver ce que nous avons observé
durant la Convention. Pour se faire dans la constitution de 1795, les rédacteurs ont séparés les
pouvoirs le plus possible, au maximum. Finalement c’est cette séparation des pouvoirs extrême
qui va entrainer l’échec du régime (suite de coups d’état puisque les institutions ne fonctionnent
pas).

B/ L’organisation des pouvoirs sous le Directoire

a) Le pouvoir exécutif

Il se compose de deux éléments :

- Le directoire : qui comprend 5 membres qui agissent collégialement et qui sont chargés de la
fonction gouvernementale. Cette dernière signifie la conduite politique du pays.

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- Les ministres : entre 6 et 8 ministres nommées par le directoire. Il s’occupent de la conduite


administrative du pays.

b) Le pouvoir législatif

Il est ici détenu par deux assemblées (bicaméralisme) qui sont élues au suffrage restreint (censitaire)
: on revient comme dans la constitution de 1791.
La première assemblée est le conseil des Cinq-cents qui contient 500 membres âgés de minimum
30 ans qui sont chargés de la proposition de l’élaboration des lois.
La deuxième assemblée est le conseil des Anciens qui contient 250 membres âgés de minimum 40
ans qui sont chargés du vote des lois. Il ne peut qu’accepter ou rejeter les projets et non les modifier
ou les amender.

Une formule exprime le fonctionnement du bicaméralisme, celle de Boissy d’Anglas « les Cinq-
cents seront l’imagination de la République, les Anciens en seront la raison ».

c) Le pouvoir judiciaire

On réaffirme le principe de l’indépendance des juges avec l’élection comme mode de désignation et
avec une stricte séparation des pouvoirs.
Comme durant la Convention on a eu ici recours à des juridictions extraordinaires qui ont été mises
en place pour punir les ennemis du Directoire (répression politique). Ces juridictions pouvaient être
des commissions militaires ou des cours politiques.
Enfin pour les juridictions ordinaires, de la pyramide judiciaire il faut signaler la suppression du
tribunal de district puisque dans l’administration locale on a supprimé le district. On crée a la place
un tribunal civil par département.

Finalement la justice sous le directoire même si elle peut paraitre un peu paradoxal (un mal pour un
bien). On peut dire tout de même en quelque sorte que ce régime à stabilisé la justice en faisant
participer le pouvoir exécutif à l’exercice du pouvoir judiciaire. Ça va tout de même à l’encontre du
principe de l’indépendance des juges.
Par exemple le pouvoir exécutif pouvait refuser de confirmer l’élection des juges qui n’avaient pas
les mêmes idées politiques que celle du gouvernement.

Section° 2 : Le droit privé révolutionnaire


Par 1 : La liberté

On va ici la trouver essentiellement dans le domaine du droit de la famille.

A/ Le mariage

Dans ce domaine, les révolutionnaires on vraiment voulu libérer le mariage et le libérer de toutes les
entraves, de toutes les contraintes qui ont été accumulées par la religion et par la tradition.
On va donc appliquer les idées de la Philosophie des Lumières et l’assemblée constituante va donc
proclamer que la loi ne reconnait le mariage que comme un contrat civil. Jusque ici le droit
canonique régissait le mariage et interdisait le mariage jusqu’au quatrième degrés, c’est-à-dire
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qu’on l’interdisait jusqu’au petits enfants issus de cousins germains. Avec le droit révolutionnaire,
la loi des 20 et 22 septembre 1792 permet le mariage non seulement entre cousins germains mais
aussi entre oncles et nièces.
Le mariage peut-être contracté à partir de 15 ans pour les garçons et 13 ans pour les filles. Après 21
ans, le consentement des parents n’est plus nécéssaire.
Et enfin on va remplacer toutes les anciennes formalités contraignantes par une seule publication 8
jours avant le mariage.

B/ Le divorce

On va appliquer ici aussi les idées de la Philosophie des Lumières, le mariage est un simple contrat
et non plus un sacrement et il peut donc être rompu comme les autres contrats.
À l’assemblée, dans la discussion sur cette question, on voit vraiment que pour les révolutionnaires,
la question du divorce est liée à la liberté et on retrouve dans la loi sur le divorce, la loi des 20 et 22
septembre 1792 qui énonce que « la faculté de divorcer résulte de la liberté individuelle dont un
engagement irrévocable serait la perte ».
Pratiquement, le texte va prévoir de très nombreuses causes de divorces : d’abord par le
consentement mutuel des époux, mais aussi à la demande de l’un des époux (par exemple pout
incompatibilité d’humeur ou de caractère, en cas de folie de l’un des époux, en cas de condamnation
d’un époux à une peine afflictive et infamante, en cas de sévices ou injures graves, sur l’absence
sans nouvelles depuis 5 ans).
On va aussi faciliter la procédure et finalement ce texte est très très bine accueillie par la population,
surtout chez les femmes pour lesquelles cette loi est présentée comme un moyen de les délivrer du
despotisme marital.

C/ L’union libre ou le concubinage

Ici durant la Convention on a indirectement autorisé le concubinage en admettant les enfants


naturels (nés hors mariage) aux successions de leur père et mère. Même les enfant adultérins
(parants mariés chacun de leur côté) avaient le droit à une part de la succession.

Par 2 : L’égalité

A/ L’égalité dans le régime des biens : la suppression des inégalités féodales

Le point de départ est le décret du 4 août 1789 qui supprime les droits féodaux et les privilèges
puisque c’est juste une disposition de principe et sa mise en oeuvre nécessite des décrets
d’application, hors il y a là un problème et une contradiction pour les constituants. En effet, en
supprimant les droits féodaux, forcément on porte atteinte au droit de propriété. Hors, au début de la
révolution on dit que c’est un droit inviolable et sacré.

À la suite du décret, les constituants vont faire deux listes de droits : la liste des droits qui sont
rachetables (des droits féodaux au sens strict : les droits fonciers) et la liste des droits abolis
purement et simplement, qui ne sont pas rachetables (les droits seigneuriaux).

Ensuite, on fixe les modalités de rachats pour les droits rachetables, seulement ce système entraine
vraiment les mécontentement des paysans et une crise dans les campagnes.

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Finalement on va arriver à la Convention qui va voter la loi du 17 juillet 1793 dites « la loi de la
colère » qui abolit purement et simplement tout les droits féodaux. Ce texte a été prit à l’initiative
de Merlin de Douai.

Il faut aussi citer le décret du 15 mars 1790 : ce texte abolit toutes les distinctions honorifiques,
toutes les supériorités et puissances résultants du régime féodal.
Et quelques mois après on va effacer les distinctions extérieures en interdisant de porter des titres
nobiliaires (les titres de noblesse).

B/ L’égalité dans le régime des personnes, l’égalité dans la famille

Compléter

L’égalité successorale : Elle vient compléter l’égalité civile et juridique de 1789 et c’est lié au
niveau des biens avec la suppression du régime féodal. On abolit le droit d’ainesse et de masculinité
d’abord dans les successions nobles parce que c’était la règle pour la noblesse : décret du 15 mars
1790. On abolit aussi ces droits dans certaines successions roturières (non nobles) où ces droits
étaient des exceptions. Notamment dans les successions roturières du nord et du sud-ouest : décret
du 8 avril 1791. La suppression de la faculté d’excéder (déshériter) est votée par le convention en
1793 et le principe de l’égalité absolue (avec la loi du 17 Nivose an II = 6 janvier 1794) avec un
effet rétroactif (« aller chercher l’aristocratie jusque dans ses tombeaux ») jusqu’en 1789. La
volonté des révolutionnaires est de morceler les fortunes des nobles.

La loi du 2 novembre 1793 : ce texte assimile complètement les enfants naturels aux enfants
légitimes : il faut que les enfants naturels soient reconnus par leurs parents donc ça ne va pas être
possible pour les enfants adultérins.

Pour l’égalité entre l’homme et la femme, il faut dire qu’à l’époque il y avait un climat misogyne et
l’opinion publique n’était pas favorable à cette égalité : donc dans ce domaine les résultats vont être
mitigés. Il y a du positif : il n’y a plus de droit de masculinité (les femmes pouvaient recevoir une
succession), il y a la loi sur le divorce. Par contre les révolutionnaire n’ont pas supprimé la tradition
juridique de l’incapacité de la femme. La femme mariée reste une incapable majeure « l’homme a
sure elle une supériorité naturelle ».

Conclusion : Le deuxième code pénal qui voit le jour sous la révolution : le code des délits et des
peines du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795). Principalement ce code est rédigé par Merlin de
Douai et par Cambacérès. Le code apporte très eu de changement : à part qu’on va assainir le droit
pénal en rejetant le droit d’accusation populaire (devant certaines juridictions on s’en remettait à la
dénonciation publique) qui s’était mis en place durant la révolution.
Il n’y a toujours pas de code civil, pourtant c’était une promesse inscrite dans la constitution de
1791 : « il sera fait un code de lois civiles communes à tout le royaume » : il faudra attendre pour ça
l’état napoléonien.

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Chapitre 3 : Les institutions et la codification napoléonienne


Nous allons ici parler de l’état napoléonien et pour désigner cette période nous pouvons rencontrer
l’expression de « premier césarisme ». C’est une période qui très riche au niveau du droit et des
institutions. Il y a eu énormément de créations qui ont duré que l’on appelle aujourd’hui les
« masses de granites napoléoniennes ». Comme le Code civil en 1804, mais aussi le lycée, le
baccalauréat, la légion d’honneur, le préfet, la banque de France, le conseil d’état, la cour des
comptes, les cadastres, …

Section 1° L’organisation constitutionnelle de l’Etat napoléonien


L’état napoléonien commence avec un coup d’état (18 brumaire an VIII = 9 novembre 1799), c’est
un coup d’état préparer par Siéyès (« la taupe de la révolution ») et fait par Bonaparte. Ce coup
d’état met fin à la révolution (1789-1799) et après ce coup d’état, Bonaparte se présente comme
l’artisan de la réconciliation nationale et veut rassembler tout le monde et se défend d’être de droite
ou de gauche : il dit « ni bonnet rouge, ni talon rouge, je suis national » le bonnet rouge était le
symbole vestimentaire des révolutionnaires (les sans culottes : les jacobins) et le talon rouge était le
symbole de l’aristocratie.
Il annonce son programme par cette formule il va « reprendre l’héritage de la révolution sous
bénéfice d’inventaire » : il va garder certains principes de la révolution mais souvent avec des
entorses et va mettre en place un régime constitutionnel qui sert son pouvoir.

Par 1 : Le maintien de certains acquis de la révolution

Il va garder de la révolution les principaux droits individuels mais souvent avec des limites et des
tempéraments.

A/ L’égalité civile

C’est le premier droit qui est conservé, et cela veut dire que les français sont considérés comme
égaux devant la loi. Ce principe est d’abord affirmé dans le code civil du 21 mars 1804 et peu de
temps après ce principe est réaffirmé dans le serment du sacre du 2 décembre 1804.
Le principe est bien proclamé de façon claire mais ça n’empêchera pas plusieurs entorses comme le
rétablissement de l’esclavage dans les colonies, ni la création de la noblesse impériale et ça
n’empêchera pas enfin la création des majorats. Le système des majorats permettait de rétablir le
droit d’aînesse pour la noblesse : atteinte donc à l’atteinte successorale et civile.

B/ Le principe de la légalité

Ce principe signifie que l’état doit respecter la loi dans ses rapports avec les individus.

Quatre exemples :

- Il est proclamé par rapport au domicile qui est un asile inviolable (dans la constitution de l’An
VIII)

- Puis il est proclamé par rapport aux arrestations (constitution de l’An VIII)

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- Ce principe est proclamé également par rapport aux impôts et à la fiscalité (dans le serment du
sacre où l’empereur jure de « ne lever aucun impôt, de n’établir aucunes taxes qu’en vertu de la
loi) : Bonaparte ne va pas respecter ce principe et va rétablir plusieurs impôts de façon unilatérale
: il attendait souvent le lendemain d’une victoire miliaire comme pour l’impôt sur le sel
(césarisme) qui est rétablit au lendemain de la victoire d’Austerlitz.

- Ce principe de la légalité concerne aussi la légalité des incriminations et des peines et ce principe
est affirmé dans le code pénal et dans le code d’instruction criminelle mais cela n’empêchera pas
les arrestations par voie administrative qui sont très nombreuses. Ces arrestations se sont aussi
des exceptions aux deux premiers exemples.

C/ Le droit de propriété

Pour Bonaparte ce droit est un droit essentiel et sa motivation est de rassurer ses soutiens : la
bourgeoisie dont le patrimoine c’était considérablement étendu grâce à l’achat des biens nationaux
(pendant la révolution c’était les biens de la couronne et de l’église qui ont été confisqué et
revendu) et aussi la paysannerie (contre un retour à la propriété féodale).
Par rapport à cela d’abord la constitution de l’an VIII proclame l’irrévocabilité de la vente des biens
nationaux et c’est également réaffirmé dans le serment du sacre et c’est encore un droit si important
qu’ile est affirmé aussi dans le code civil de 1804 (art 544 CC). C’est une propriété absolue,
exclusive, uniquement limitée par la loi. D’une façon plus large à l’époque ce qui montre encore
plus son importance est que dans la société c’est à cette époque que l’on voit apparaitre en tant que
profession le terme de « propriétaire » (rentier).

Par 2 : L’abandon de la souveraineté nationale

La souveraineté nationale est remplacée par la souveraineté populaire mais il s’agit en réalité d’une
souveraineté populaire truquée (escamotée). Ce système est le fait que la confiance populaire va
fonder le pouvoir d’un seul et donc cela permet à Bonaparte de tirer sa légitimité des gouvernés
mais sans dépendre d’eux dans l’exercice du pouvoir : Siéyès dit « la confiance vient d’en bas le
pouvoir vient d’en haut ». Cette confiance populaire est possible grâce à deux moyens.

A/ Les listes de notabilités

On met un ter au suffrage restreint du Directoire et Bonaparte rétablit le suffrage universel :


Constitution de l’an VII : il faut être un homme, résider en France, avoir 21 ans et être inscrit sur le
registre civique (citoyens). En réalité ce suffrage universel est truqué parce que la constitution
supprime les élections directes des représentants et institue un système de présentation des
candidats aux fonctions publiques. On fait des listes de candidats aux fonctions publiques (les lites
de notabilités ou de confiance) et c’est sur ces listes que sont élus les députés et évidemment ce qui
sont sur ces listes ont les mêmes idées politiques que le gouvernement.

B/ L’utilisation des plébiscites

Ils permettent à Bonaparte d’obtenir l’adhésion du peuple et donc les trois textes constitutionnels de
l’état napoléonien ont été accompagnés de plébiscites. Les trois textes : la constitution de l’an VIII
(13 décembre 1799), le Sénatus consultes de l’an X (1802) et le Sénatus consultes de l’an XII
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(1804). Concrètement par le plébiscites on invite les électeurs a répondre sur un registre par oui ou
par non a cote de leur nom. Il s’agit d’une question de confiance et grâce a celé Bonaparte va
obtenir des majorités massive qui vont lui permettre de renforcer son pouvoir.

Par 3 : L’organisation des pouvoirs

Elle est décrite dans la phrase suivante en 1799 : « qui y a t-il dans la constitution ? Il y a
Bonaparte ». La constitution de l’an VIII est une constitution très courte et à la différence des trois
précédentes il n’y a pas de déclaration des droits. Siéyès dit a Bonaparte : « une constitution doit
être courte et obscure » : la constitution de l’an VIII met en place une nouveau régime politique qui
est le consulat mais on est toujours à l’intérieur de la première république. Dans cette constitution
en réalité il n’y a pas de séparation des pouvoirs et c’est Bonaparte qui domine cette organisation.
C’est une régime qui a une domination républicaine ce qui permet de faire le parallèle entre le
consulat et le début de l’empire romain : où auguste était imperator dans la respublica. Simplement
ici avec le début de l’état napoléonien one st en réalité dans un régime a dénomination républicaine
mais a contenu monarchique.

A/ La domination du gouvernement

La domination du gouvernement c’est la domination de Bonaparte et dans la constitution de l’an


VIII, le gouvernement est confié à trois consultes nommés pour 10 ans. Bonaparte, premier
consulte, Cambacérès, deuxième consulte qui était un juriste du midi qui avait fait parti de la
Convention et ministre de la justice sous le Directoire, le troisième consulte était le Brun qui avait
parti du conseil des Anciens.
Le Sénatus consultes de l’an X (1802) renforce les pouvoirs de Bonaparte en lui attribuant le
consulat à vie et en lui donnant le droit de désigner son successeur de son vivant.
Sur la répartition des pouvoirs : les deux consultes n’ont qu’une voix consultative.
Dans le gouvernement on trouve aussi des ministres qui exécutent les ordres de Bonaparte

B/ Le fractionnement et l’affaiblissement des assemblées

Il y a 4 assemblées :

- Le sénat : assemblée la plus prestigieuse, il représente le pouvoir conservateur c’est à dire le


pouvoir gardien de la constitutionnalité et le sénat peut aussi prendre des mesures
exceptionnelles comme par exemple : il peut suspendre des jurys criminels, il peut aussi annuler
des jugements qui lui paraissent être attentatoire à la sureté de l’état.

- Le tribunat : c’est la chambre d’opposition qui est chargée de discuter les projets de lois. Ce
nom puisque le tribunat va être surtout composé des hommes favorables aux idées de 1789 ce qui
ne plait pas a Bonaparte et le tribunat sera donc supprime en 1807.

- Le corps législatif : il a comme seule fonction de voter la loi qu’il ne peut ni discuter, ni
amender.

- Le conseil d’état : il a deux fonctions : d’abord il est chargé de la rédaction définitive des projets
de loi (pendant cette rédaction il y a des discussions devant le conseil d’état) mais il veille aussi à
la bonne marche de l’administration.
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C/ La fonction gouvernementale

La constitution de l’an VIII est très étendue, elle est entre les mains de Bonaparte et elle est
beaucoup plus large que le pouvoir exécutif. Elle recouvre l’administration, la diplomatie, la
nomination des magistrats et l’initiative et la promulgation des lois. Plus dans certaines
circonstances exceptionnelles comme par exemple en cas de conspiration le gouvernement peut
procéder à des arrestations administratives (il n’y a pas intervention de la justice).

D/ La fonction législative

L’idée est de laisser le rôle principal au gouvernement et on emploi souvent l’expression de « circuit
législatif ».
D’abord l’initiative des lois appartient uniquement au gouvernement en l’occurence à Bonaparte.
Ensuite la rédaction du projet est faites par le conseil d’état.
La discussion a lieu devant le tribunat qui peut soit accepter le projet, soit le rejeter, soit proposer
des modifications.
Le projet est présenté au corps législatif qui ne peut que voter ou rejeter le texte.
L’étape suivant est facultative : l’acte législatif adopté par le corps législatif peut être déféré au
sénat pour inconstitutionnalité.
Enfin, l’acte législatif devient loi quand il est promulgué par Bonaparte.

C’est donc Bonaparte qui domine la vie politique. Pour exercer encore plus son pouvoir, ce dernier
va avoir besoin de services de l’état docile notamment ici la justice.

Section 2° La réorganisation de la justice


« Le plus grand moyen d’un gouvernement c’est la justice »
« Il n’y a de libertés que là où les tribunaux sont forts »

On réforme la justice en disant que l’on va mettre fin aux défauts de la justice révolutionnaire. Qui
est la justice ici du Directoire.
On répertorie les défauts : la justice était lente, elle était éloignée des justiciables et que les juges
pouvaient être incompétents (= avec une mauvaise connaissance du droit) et les juges étaient
souvent aussi partiaux (=ils mélangeaient justice et politique) : ils n’étaient pas objectifs.

Cette réorganisation de la justice va surtout être marquée par une perte d’indépendance du pouvoir
judiciaire, par la centralisation et par le caractère durable de cette réforme.

Cette réforme est réalisée en plusieurs étapes :

- La constitution de l’an VIII détermine les grandes lignes du nouvel appareil judiciaire (titre 5 de
la constitution « des tribunaux »)

- Cet appareil judiciaire est mis en place par la loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800) et
surtout par la loi du 27 ventôse an VIII (18 mars 1800) et c’est cette dernière loi qui reste le
texte de base dans la matière, le texte fondamental.

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- Cette organisation sera complétée et modifiée : par les deux sénats consultes (1802-1804) et elle
sera aussi modifiée par la codification jusqu'à la loi du 20 avril 1810.

Par 1 : La justice civile (pyramide judiciaire)

On retrouve ce qui a été crée durant la révolution.

A/ Le juge de paix (en partant du bas de la pyramide)

Le juge de paix se trouve dans le cadre du canton, il est choisi par Bonaparte parmi deux candidats
élus. Il est en place pour 10 ans avec les mêmes compétence que sous la révolution (conciliation,
juge des petites affaires). C’est une juridiction qui a mal fonctionné durant l’époque napoléonienne.

B/ Les tribunaux civils de première instance

Il se trouve dans le cadre de l’arrondissement et est composé de 3 juges nommés par le


gouvernement. Pour cela il faut être inscrits sur les lettres de notabilité, il faut avoir au moins 30 ans
et à partir de 1809 il faut être licencié en droit.
C’est la juridiction de droit commun en première instance donc elle possède une compétence
générale et pour les affaires plus importantes. De plus ils jugent aussi en appel des décisions des
juges de paix.
Pour les juges Bonaparte a choisi surtout des membres du personnel judiciaire de la révolution
(homme de lois), qui sont donc favorables aux idées de 1789 et ça va amener dès 1807 à une
épuration du personnel judiciaire.
Les juges désormais vont être surveillés et ils sont soumis à une discipline stricte sous l’autorité du
Grand juge (le ministre de la chancellerie). On va sanctionner les fautes et en cas de faute grave : les
magistrats incapables (ne connaissent pas bien le droit) et les magistrats suspects (problème d’ordre
politique) peuvent être condamné par le tribunal de cassation

C/ Les cours d’appel (à l’origine appelés tribunaux d’appel jusqu’en 1804)

En moyenne il y a 1 cour d’appel pour 3 départements. Elles sont composées d’au moins 7 membres
et les cours d’appel statuent en dernier ressort sur appel des jugements des tribunaux civils et sur
appel également des tribunaux de commerce.
Au début pour les membres de cours d’appel on a recruté dans les mêmes milieux les conseillers
des cours d’appel que les juges civils de première instance. Puis a partir de 1810, de plus en plus
ont. recruté ces conseillers parmi des anciens parlementaires. Ce qui a eu pour conséquence
d’orienter la justice plus vers une justice de classe (moins objective).

D/ La cour de cassation (à l’origine appelée tribunal de cassation jusqu’en 1804)

On est donc au sommet de l’ordre judiciaire. Cette cour est composée de 50 membres nommés à vie
par le Sénat sur proposition de Bonaparte. Des l’origine, la cour de cassation est divisée en trois
Chambres (sections) avec 11 conseillers dans chaque Chambre pour chaque affaire. Il y a d’abord la
Chambre criminelle, puis la Chambre des requêtes civiles et enfin la Chambre civile. La Chambre
civile va juger les requêtes qui n’ont pas été rejetées par la Chambres des requêtes civiles.

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Les compétences de cette cour sont définies dans la constitution et la loi 27 ventôse an VIII. La cour
joue un rôle disciplinaire à l’égard de la magistrature et statue sur les pourvoi en cassation
concernant les décisions qui sont rendues en dernier ressort.
Il n’y a que deux possibilités pour casser une décision : elle peut que si il y a une contravention
express à la loi ou que si on n’a pas respecté la procédure mais elle ne rejuge pas l’affaire et elle fait
rejuger l’affaire par une juridiction de renvoi. La juridiction de renvoi est ici une cour d’appel.

À partir du 1807, si la procédure s’éternise (si la deuxième juridiction de renvoi ne s’incline


toujours pas) on applique alors le système du référé législatif c’est-à-dire que la loi doit
obligatoirement interprétée : soit par le corps législatif soit par l’empereur lui même. La cour de
cassation n’est donc pas indépendante et ne maitrise pas se jurisprudence.
Le pouvoir judiciaire est donc inférieur aux autres pouvoirs.

Par 2 : La justice criminelle (=pénale)

Jusqu’en 1801 l'organisation des juridictions pénales reste la même que sous la révolution.
La procédure criminelle dès le début de la période napoléonienne est réformée dans le sens de plus
de sévérité (retour à l’ancien régime). Par exemple on rétablit le secret de l’instruction.
À partir de 1808, le code d’instruction criminelle transforme la justice pénale avec la création du
juge d’instruction, avec la création de la Chambre des mises en accusation et également à partir de
1811 avec la création des cours d’Assise. Ces dernières remplacent le tribunal criminel, elles siègent
une fois par trimestre dans le département. Elles sont composées de 3 magistrats et un jury (12 jurés
qui sont sur les listes de notabilité) : le jury se prononce à la majorité simple. Et le ministère public
ou le parquet qui est le procureur général qui représente le gouvernement. Il n’y a pas d’appel
possible, on peut juste de pourvoir en cassation.

Par 3 : Les tribunaux d’exception

Une juridiction d’exception est une juridiction qui est chargée de juger expressément une catégorie
de procès qui ont été retiré aux tribunaux ordinaires ou de droit commun.

A/ Les tribunaux d’exception en matière civile

a) Les tribunaux de commerce

Ils sont crées en 1807 avec le code de commerce et on les créent dans les villes industrielles ou
commerçantes. Ils sont composés de juges élus par une réunion de commerçant notables, ils doivent
être commerçants depuis au moins 5 ans et ils doivent prêter serment à l’empereur. Ils sont
compétents pour juger tous les procès entre commerçants et pour toutes les affaires relatives à des
actes de commerce mais ceci entre toute personne. Par exemple avec la lettre de change : même si
les parties au procès ne sont pas commerçantes se sera du domaine des tribunaux de commerce. On
peut faire appel de leur jugement devant la cour d’appel.

b) Les conseils de prud’homme

Le premier est crée à Lyon par le décret du 18 mars 1806, ce texte prévoit qu’on pourra en crée
d’autres selon les besoins des villes industrielles et commerçantes. Par exemple celui de Sète à été

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crée en 1850 et celui de Montpellier seulement en 1875 parce que les conflits étaient le plupart du
temps réglés directement par le maire soit par le commissaire de police.
C’est sur le principe d’une juridiction paritaire qui est composé d’un côté des patrons et des
fabricants et de l’autre des chefs d’atelier qui sont élus. Mais au départ, on ne peut pas parler de
juridictions paritaires puisque à l’époque, socialement, un chef d’atelier était complètement
différent d’un ouvrier, en réalité la parité s’est mise en place au milieu du XIX°.
Ils sont compétents pour tous les conflits relatifs aux conditions de travail (rapports patron/ouvrier)
sachant que pour la compétence il y a 90% des affaires qui portaient sur des questions de salaire. Et
enfin leurs décisions sont également susceptibles d’appel.

B/ Les tribunaux d’exceptions en matière pénale

a) Les tribunaux criminels spéciaux

Ils sont crées en 1801 pour deux raisons : l’hostilité de Bonaparte vis à vis des jurys et le
développement des opérations de brigandage et des assassinats. Il est composé d’une président, de
deux juges du tribunal criminel, trois militaires haut gradés et deux citoyens. Ils rendent une justice
qui est expéditive. Ils vont punir les crimes qui sont commis par les repris de justice, les vagabonds,
ils punissent les vols sur les routes avec violence ou port d’arme, les incendies volontaires, et aussi
les assassinats prémédités.
Tout ces cas de compétences sont retirés à celles des juridictions ordinaires. Ils étaient généralement
condamnés a mort en dernier ressort et sans recours à la cassation.

b) La Haute cour

Elle est crée en 1804 et siège au Sénat. C’est un tribunal politique. Elle est composée de princes, de
sénateurs, de conseillers d’état et de conseillers à la cour de cassation. Elle possède la compétence
de juger les délits personnels des princes, des ministres et elle juge aussi les complot contre la sureté
de l’état et enfin elle juge aussi les abus de pouvoir qui peuvent être commis soit par les préfets et
par les généraux.

Par 4 : La possibilité d’une répression extraordinaire

Cette répression est une atteinte au principe de la légalité et à la sûreté individuelle. Cette répression
est mise en place en 1810 et le chef de l’état à partir de là a le droit d’ordonner des arrestations par
voie administrative (sans intervention de la justice = sans aucun garantie judiciaire) c’est donc un
retour aux lettres de cachets de l’ancien régime et ça va être très utilisé. Par exemple en 1814, on va
incarcérer 2500 personnes avec ce système : on « peuple les prisons ». Des prisons sont restées
célèbres comme le château de Vincennes ou le château d’if à Marseille.

Le pouvoir judiciaire dépend très largement finalement du pouvoir exécutif et ne peut plus parler de
pouvoir judiciaire tel qu’il a été conçu sous la révolution.

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Section 3° La codification
Il y a deux aspects généraux sur la codification : c’est d’abord un instrument au service du
gouvernent qui a pout but l’encadrement juridique de la société et pour Bonaparte elle est
indispensable au bon fonctionnement de la nation et à l’autorité de l’état. Ce premier aspect est
juridique et politique. Ensuite, la codification constitue une des réalisation qui doit être faite par les
souverains les plus prestigieux (comme par exemple Justinien, Louis XIV …).

Il y a 5 codes qui vont être publiées :

- Le code civil en 1804


- Le code de procédure civile en 1806
- Le code de commerce 1807
- Le code d’instruction criminelle 1808
- Le code pénal de 1810

Par 1 : Le code civil

C’est l’oeuvre essentielle de Bonaparte en matière juridique et c’est vraiment sa priorité.

1- L’idée de codification et les différents projets :

Cette idée de codifier le droit en matière civile remonte au début de la révolution et on la trouve
dans plusieurs textes. D’abord la loi du 5 juillet 1790 « il sera fait un code général de lois simples,
claires et appropriées à la constitution. ». On retrouve cette idée dans la loi des 16-24 août 1790 « il
sera fait un code de lois civiles communes à tout le royaume. Et également dans la constitution
même de 1791.
Mais rien est fait et le « chantier » du code civil ne commence que sous la Convention. D’abord il y
a trois projets qui sont rédigés sous la direction de Cambacérès, un premier en août 1793 (719
articles), ce projet est ajourné à cause de la terreur, comme la constitution.
Le deuxième projet est rédigé fin 1714 (297 articles) et ce projet a à peine était discuté toujours à
cause du contexte politique.
Le troisième projet sous le directoire est rédigé en juin 1796 (1104 articles) c’est toujours un échec
(le directoire est une suite de coups d’états).
Enfin, un quatrième projet est rédigé cette fois-ci sous la direction de Jacquesminot en 1798-1799,
c’est sous la fin du régime donc le projet ne va pas survivre au directoire.
Finalement, la révolution est un échec en matière de codification du droit civil.

2- La rédaction du code civil

Le point de départ est Bonaparte qui désigne une commission de rédaction le 13 août 1800 pour
rédiger le projet de code civil. Il y a 4 membres dans cette commission : le président qui s’appelle
Tronchet, il est président du tribunal de cassation, il a été pendant longtemps avocat au parlement de
Paris et il représente le droit coutumier et plus précisément le droit de la région Orléans-Paris.
Il y a ensuite Bigot de Préameneu, qui représente le droit coutumier de l’ouest.
Il y a aussi Portalis qui est avocat à Aix en Provence et représente le droit romain et très souvent on
dit que « Portalis est le véritable père du code civil ».

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Enfin, il y a Maleville qui représente les coutumes du sud-ouest et le droit romain qui s’applique
dans la région de Bordeaux.

Le projet est rédigé en 4 mois et d’abord il est communiqué au tribunal de cassation et aux
tribunaux d’appels pour qu’ils fassent leurs observations. Et ensuite il est transmis au conseil d’état
pour discussion et rédaction et ici il faut remarquer que Bonaparte a précisé lui même 55 des 102
séances de discussions. Et devant le conseil d’état il y a eu un débat difficile entre les partisans du
droit romain et ceux du droit coutumier. Le rôle de Bonaparte en tant que président de séance : il a
joué un réel de catalyseur : il a obligé les débats à avancer. Et aussi il a pu imposer ses idées dans
les domaines qui l’intéressaient personnellement (par exemple l’autorité du père de famille,
l’infériorité de la femme, et aussi l’hostilité envers les étrangers).
Le texte est modifié par le conseil d’état et le projet définitif passe devant le tribunat (composé
d’hommes favorables aux idées de 1789), ils ont donc beaucoup critiqué le projet en disant que
c’était un retour au droit de l’ancien régime. Bonaparte a donc peur d’un échec et retire le projet.
Il affaiblit donc le tribunat par des manoeuvres politiques et ensuite le projet reprend son cours
normal. Finalement le projet est promulgué le 21 mars 1804 par Bonaparte sous le titre de Code
Civil des français.

Finalement le code civil de 1804 contient 2281 articles. Il y a un titre préliminaire qui contient des
dispositions générales sur les lois (par exemple la non rétroactivité de la loi). Ensuite il y a donc un
plan en trois parties qui vient du droit romain : livre 1 « des personnes », il traite des droits civils, de
l’état civil, de la famille et des incapacités. Le livre 2 « des biens », il traite de la propriété, de ses
démembrements et des servitudes. Enfin le livre 3 « des différentes manières dont on acquiert la
propriété », qui traite de tout le reste : ce livre 3 est un peu un « fourre-tout », principalement on va
avoir les dispositions sur les successions, les testaments, les donations, les contrats et la
prescription…

Il reste quoi aujourd’hui de ce code ?


En 1807, il a été rebaptisé le « Code Napoléon » et c’est une appellation qui n’a pas encore été
abrogée. Elle a juste été abrogée de la Restauration jusqu’au début du second empire.
Au niveau du contenu il a été bien évidemment beaucoup modifié, surtout pendant la cinquième
république et sur beaucoup de domaines il est méconnaissable. Par exemple heureusement dans le
domaine du droit de la famille, dans le domaine des successions.
Mais par contre par respect pour le code cvil et pour l’œuvre de Bonaparte on a toujours gardé
l’ordre des articles et la numérotation interne. Ce qui emmène des inconvénients pratiques puisque
pour certains articles on arrive parfois à une vingtaine d’alinéas.
Bonaparte adresse cette phrase dans une lettre a son frère Jerome de Wesphalie « mon succès n’est
pas d’avoir gagné 40 batailles, Waterloo effacera tant de victoires, ce que rien n’effacera c’est mon
code civil ».

Par 2 : Le Code de commerce

À l’inverse on le présente souvent et sous trop sévèrement comme le plus mauvais des codes. Il y a
là aussi une commission de rédaction désignée en 1800 avec 5 membres. Ces 5 membres sont soit
des négociants (marchands, banquiers …) soit des praticiens du droit commercial. Il y a deux noms
à retenir, d’abord celui du président qui Gorneau, il est conseiller à la cour d’appel de Paris et c’est
un très célèbre consultant en droit commercial et ensuite celui de Vital-Roux, qui est un autodidacte,

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un négociant et par exemple c’est lui qui a crée les premières compagnies d’assurances en France,
c’est lui aussi qui a fondé l’école de commerce de Paris.
Pour la rédaction ensuite, cette commission a basée son travail sur deux textes qui étaient toujours
en vigueur : l’ordonnance de mars 1673 sur le commerce de terre et l’ordonnance d’août 1681 sur la
marine. On a reproché aux rédacteurs d’avoir trop recopié ces textes et effectivement ils ont vite
travaillé, le projet est vite rédigé mais il est alors mis à l’écart parce qu’on donne la priorité au code
civil. On oublie donc le projet et on le laisse de côté. Finalement en 1805, il y a une grâce crise
économique et financière notamment à Paris qui entraîne la multiplication des faillites et des
banqueroutes (commerçants qui sont en état de cessation des paiements) et souvent avec l’impunité
des coupables. Pour la banqueroute il y a l’idée de faute ou de fraude, par exemple un commerçant
où ses navires vont couler dans une tempête n’est pas responsable mais un commerçant qui cache sa
marchandise fait une banqueroute. A ce moment la en 1805 Bonaparte rentre de la bataille
d’Austerlitz, et cette situation ne lui plait pas et il demande une loi sur les faillites (et banqueroutes)
et il veut moraliser le commerce, on lui dit alors que cette loi existe et que c’est le projet du code de
commerce : on remet donc le projet sur le circuit législatif.
Pour le code de commerce il y a 61 séances de discussions devant le conseil d’état, Bonaparte va en
présider 4, dont trois consacrées aux faillites. Finalement le code est promulgué par une loi du 15
septembre 1807 qui le rend applicable au premier janvier 1808.

Ce code contient 648 articles qui traitent du commerçant en général (inclus les règles sur la
comptabilité), des sociétés, de la lettre de change, bien sur les faillites et banqueroutes, les tribunaux
de commerce et enfin du commerce maritime.

On reproche a ce code d’avoir été vite dépassé et de ne pas avoir prévu l’expansion économique du
XIX°. On lui reproche ensuite des silences, par exemple sur la vente, sur les assurances terrestres,

On lui reproche aussi d’être trop sévère en matière notamment des faillites et banqueroutes.
Évidement il y a des critiques fondées mais il y a des tempérament à souligner : déjà le droit
commercial est une matière très évolutive et au moment de la rédaction du code de commerce, la
révolution industrielle n’avait pas encore eu lieu en France alors que quand on a rédigé le code civil
la révolution elle, avait eu lieu (civile et politique).

Sur l’évolution, bien sur on a beaucoup modifié le code de commerce mais alors à la différence du
code civil, les nouvelles lois n’ont pas été insérées sous forme d’articles c’est pour cela que sur
l’évolution on parle de décodification en matière commerciale. Ce qui illustre cette dernière c’est
que quand il a été abrogé en 2000, sur les 648 articles de départ il n’en resté que 150

Par 3 : Le Code pénal

Il est promulgué en 1810 et il est exécutoire à partir du 1 janvier 1811. Il passe par la commission
de rédaction qui contient 5 membres. Dont Target qui est le principal rédacteur et aussi Treilhard,
sur la forme le code pénal contient un peu moins de 500 articles qui sont répartis en 4 livres. Livre 1
« des peines », livre 2 « des personnes punissables », livre 3 « des crimes et délits », ce livre
représente à lui seul 85% du code, livre 4 « des contraventions ».
Il y a eu des reproches sur le code pénal, on lui reproche un déséquilibre et l’absence de théorie
générale. Mais en fait, comme pour le code de commerce, ça n’a pas empêché le code pénal de
constituer un réel modele pour l’Europe au XIX°.

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Il possède deux caractéristiques principales : c’est un code qui est sévère parce qu’il se veut
utilitaire pour la société et pour bien montre cette sévérité on l’a de suite surnommé le « code de la
peur et la sécurité », cela veut dire notamment qu’il n’est pas du tout question de réinsertion du
délinquant ou de traitement du délinquant et l’idée principale qui marque ce code c’est qu’on
consacre l’idée « de la sanction punitive » et pas de la « sanction curative ». On voit cette sévérité
au niveau des peines, par exemple les meurtriers et les incendiaires encourent la peine de mort
« c’est une peine dissuasive ». Ce qui montre cette sévérité est qu’on fait aussi réapparaitre
certaines peines corporelles supprimées en 1791 (par exemple le carcan : enfermé dans une petite
cage en fer laissée sur le villages pour se faire taper par les gens, ou aussi la marque au fer rouge).
C’est un code aussi de transaction, de compromis entre le droit de l’ancien régime et le droit de la
révolution : on va prendre dans les deux. Par exemple on prend d’abord de l’ancien droit
principalement la souplesse pénale de l’ancien régime : le juge peut arbitrer les peines. On redonne
ici au juge un pouvoir d’appréciation, par exemple le juge peut admettre les circonstances
atténuantes et également on abandonne la fixité des peines de la révolution. De la révolution, on
conserve la classification des infractions (les contraventions, les délits et les crimes).

C’est surtout un code très sévère mais il correspond aux attentes de Bonaparte et on retrouve cet
aspect de sévérité dans le droit de la famille.

Section 4° Le droit de la famille napoléonien


Pour ce qui est sur droit de la famille, d’abord le code civil va conserver certaines créations de la
révolution comme par exemple le divorce, le code de 1804 conserve l’adoption, on conserve
également l’abolition du droit d’ainesse. Mais principalement le droit de la famille réorganise toute
la famille sur le modèle de « la monarchie napoléonienne ».

De droit de la famille présente deux grandes caractéristiques liées :

- Il consacre très nettement la primauté de l’homme de la famille, d’ailleurs, le père de famille est
surnommé « l’empereur aux petits pieds » et donc évidemment le code place la femme dans une
situation d’infériorité. Il s’agit d’abord de la femme mariée puisqu’elle est assimilée à une
incapable majeure et la femme célibataire elle, a une capacité juridique limitée : par exemple elle
ne peut pas être témoin pour les actes de l’état civil (à un mariage). Sur cet aspect il faut rappeler
le texte de l’article 213 du code civil de 1804 « le mari doit protection à sa femme, la femme doit
obéissance à son mari », cet article a été abrogé que vers 1940. Il y a d’autres inégalités toujours
en matière d’adultère, de divorce et aussi bien sur en matière de gestion des biens familiaux. Par
exemple en matière d’adultère : l’adultère de la femme est punissable dans tous les cas et la peine
peut aller jusqu’à deux ans de prison alors que l’adultère du mari n’est punissable que d’une
amende et sous conditions que si et seulement si il a entretenue sa concubine au domicile
conjugal. Le code pénal considère comme excusable le meurtre par le mari de son épouse
surprise en flagrant délit d’adultère. On va retrouver ces memes cas de figure par rapport au
divorce, notamment pour les causes du divorce. Et pour les biens familiaux, la femme n’a aucun
pouvoir sur eux et il faut préciser, qu’il s’agisse des biens de la communauté (acheté avec nos
sous) ou de ses biens propres (donation successions).

- Le code civil renforce l’autorité du père dans la famille et clairement le mari est le chef de
famille. Ce dernier exerce seul la puissance paternelle et il dispose de différents moyens de
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correction, par exemple il peut faire enfermer son fils âgé de 16 à 21 ans pendant 6 mois. Sous
réserve tout de même que la décision soit prise par la justice mais cela fait tout de même bien
pensé aux lettres de cachets de l’ancien régime. Enfin on peut préciser que toutes les mesures
favorables aux enfants naturelles prises durant la révolution sont abrogées et on peut citer Bigot
de Préameneu pour qui les enfants naturels « ne sont que d’odieux créanciers ».

Section 5° Le cadre juridique du contrat de travail


Par 1 : Le délit de coalition

Une coalition désigne toute réunion, toute concertation le plus souvent ouvrières comme par
exemple la grève mais il pouvait aussi y avoir des coalitions patronales mais dans ce cas on dit plus
« ententes patronales » pour baisser les affaires, la base est le code pénal article 414-415-416 : on
voit dans cette législation des inégalités juridique entre les coalitions ouvrières et les coalitions
patronales. Ces inégalités interviennent au niveau des poursuites et des peines. Au niveau des
poursuites, les coalitions patronales ne sont poursuivies que si on considère qu’elles ont pour but de
faire baisser les salaires de façon injuste ou abusive, alors que les coalitions ouvrières sont
poursuivies dans tous les cas.
Deuxième inégalité : aux niveau des peines. Ici les peines sont plus lourdes pour les coalitions
ouvrières que pour les coalitions patronales. L’infraction ouvrière n’entraine pas d’amende parce
qu’elle ne serait pas ou difficilement recouvrable (un ouvrier ne peut pas payer une amende : c’est
trop cher) mais elle est punie d’une peine d’emprisonnement de 1 à 3 mois et en plus « les chefs de
l’action collectives » (=meneurs de grève) risquent 2 à 5 ans de prison, l’infraction patronale elle,
est punie d’un emprisonnement de 6 jours à 1 mois et d’une amende de 200 à 3000 francs ( à
l’époque les ouvriers les mieux payés gagnés 4 à 5 francs par jours).

Par 2 : Le livret ouvrier

En 1749, sous l’ancien régime il est mis en place puis supprimé en 1791 puis de nouveau établit par
le texte du 22 germinal an XI (12 avril 1803). Le livret ouvrier on l’a appelé le « passeport
intérieur » : c’est un petit carnet qui est obligatoire pour les ouvriers et qui est délivré dans les
grandes villes par le commissaire de police et dans les petites communes par le maire (par les
pouvoirs publics).
Ce livret doit obligatoirement être signé par l’employeur quand un ouvrier quitte son travail : on dit
que l’ouvrier doit obtenir son « congé par écrit ».
L’utilité de ce livret était d’abord obligatoire, il devait le présenter signé au nouvel employeur, cela
permet aux autorités de surveiller la population ouvrière. De plus, il servait à noter dessus les
avances sur salaires pouvant être faite par les patrons : à l’époque il n’y avait pas de prêt bancaire
pour les ouvriers, la seule possibilité était donc de demander une avance à l’employeur (il y avait
aussi le système de prêt sur gage : aller au Mont de Piété = crédit municipal). Si l’ouvrier ne
rembourse pas l’avance sur salaire, évidemment l’employeur ne lui signe donc pas son livret.
L’employeur a donc un véritable droit de prétention sur le livret. Ce système mettait les ouvriers
dans la dépendance des pouvoirs public et dans la dépendance donc, de leurs employeurs.

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Par 3 : Le laconisme du code civil

Le code civil c’est vraiment le monument juridique de la nouvelle société au début du XIX° et
pourtant il est pratiquement muet sur le contrat de travail (on le nomme de contrat de louage de
services dans le code civil).
Il y a que 2 articles qui traitent de ce contrat l’article 1780 qui interdit le louage de services à durée
indéterminée. Mais à l’époque le fait qu’il n’y est pas de limites dans la durée de l’engagement ça
faisait penser pour les rédacteurs du code à une sorte d’esclavage.
Jusqu’au code civil dans ce domaine, on appliquait la loi de germinal An XI de 1803 et donc cette
législation interdisait les engagements de plus de 1 an mais par contre il était toujours renouvelable.
Sur la durée du travail la seule réglementation existante est une ordonnance du 26 septembre 1806,
une ordonnance du préfet de police de Paris et ce texte dit donc « le travail peut débuter à 6h ou 7h
et se terminer à 19h ou à 20h ». Ça donnait donc en moyenne une journée de travail de 13h. Avec
beaucoup d’exceptions mais dans le sens d’un allongement de la durée. On va plus travailler
pendant l’état napoléonien que sous l’ancien régime.
L’article 1781 « le maitre est cru sur son affirmation pour la quotité des gages (=montant des
salaires), pour le paiement sur salaire de l’année échue et pour les acomptes déjà donnés pour
l’année courante ». Cette article reprend une inégalité juridique entre les maitres et les domestiques
et on l’étend aux rapports patron et ouvrier.
Il faut rappeler que 90% des litiges portaient sur les salaires. Un homme gagne 2x plus qu’une
femme et une femme 2x plus qu’un enfant (travail à partir de 12 ans). Cette disposition ne sera
abrogée qu’en 1868.

Finalement on voit que Bonaparte a aussi beaucoup influencé le XIX° en matière sociale mais sur
l’ensemble il a posé les grands principes fondateurs qui ensuite sera aménagé pendant le tout le
XIX°.

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Chapitre 4 : L’aménagement des principes fondateurs

Section 1° Les évolutions en matière de droit public


Par 1 : Les différents régimes politiques de la chute du premier empire à la troisième république

A/ La restauration (1814-1830)

C’est un nouveau régime politique et le texte constitutionnel est la charte royale du 4 juin 1814. Le roi est
Louis XVIII et il possède le titre de Roi de France. Il y a deux points à retenir pour ce régime : la charte fait
un compromis entre les principes traditionnels (comme l’autorité du roi par exemple) et entre les droits issus
de la révolution (par exemple pour la révolution on garde certains droits individuels).
C’est également la période de la naissance du parlementarisme en France. En 1824, Charles X succède à
Louis XVIII et il veut un retour à l’absolutisme, il mène une politique réactionnaire ce qui emmène à une
révolution et cette dernière se nomme L’insurrection des trois glorieuses (27,28,29 juillet 1830) ce qui
entraine donc la fin du régime.

B/ La monarchie de juillet (1830-1848)

Ici le texte est la charte constitutionnelle du 14 août 1830 et le roi est Louis Philippe, le duc d’Orléans et il
possède le titre de Roi des français. Il y a là aussi deux grands points à retenir : la charte est qualifiée de
contractuelle, il y a donc un assouplissement, c’est moins conservateur et c’est également l’affirmation du
parlementarisme.
Malgré tout le régime est jugé toujours trop conservateur et il est renversé par une révolution : L’insurrection
de février 1848. Louis Philippe abdique et la république est proclamée le 24 février 1848.

C/ La seconde république (1848-1852)

La mise en place est difficile puisque le nouveau régime va être condamné dès le début à deux reprises. La
première est une condamnation politique : le 15 mai 1848, l’extrême gauche essaye de renverser le régime :
il y aura une émeute qui sera réprimée par la garde nationale c’est donc un échec.
Peu de temps après, cette fois-ci le régime est condamné sur le plan social lors des journées de juin 1848 (22
au 26 juin 1848). Ce qui a entrainé cette émeute est la fermeture des ateliers sociaux qui avaient étaient mis
en place pour faire travailler les ouvriers à paris à l’initiative du théoricien socialiste : Louis Blanc. Cette
émeute est très sévèrement réprimée par l’armée.
Enfin on peut donc après tous ça rédiger un nouveau texte constitutionnel : la constitution du 4 novembre
1848. Avec le suffrage universel et la souveraineté populaire. Il y a ici deux nouveautés : dans le préambule
de la constitution on retrouve cette devise « la république français a pour principe la liberté, l’égalité, la
fraternité », c’est pas première fois que l’on retrouve cette formule dans un texte constitutionnel. Mais
également c’est la première fois que le pouvoir exécutif est confié à un président de la république.
Le président est élu le 10 décembre 1848 et c’est Louis Napoléon Bonaparte mais il n’est pas rééligible : il
demande donc de modifier la constitution et se heurte à un refus de l’assemblée et il fait donc un coup d’état
le 2 décembre 1851 qui rétablit ainsi la république qui ensuite va se transformer en empire.

D/ Le second empire (1852-1870)

La république rétablit est basée sur un nouveau texte : la constitution du 14 janvier 1852 et le senatus
consultes du 7 novembre 1852 rétablit l’empire héréditaire. Et comme pour Bonaparte il est approuvé par
plébiscite. Et donc le principe président devient Napoléon III empereur.
La régime prend fin pour des raisons militaires : la défaite de la France face à la Prusse. Et après la
capitulation de Sedan le 4 mars 1870, la troisième république est proclamée.

E/ La troisième république

Le début du régime est marqué par la présidence de Thiers et c’est à cette période que l’on a les
affrontements sanglants de la commune de paris au printemps 1871.

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Et c’est seulement sous la présidence de Mac-Mahon que seront votés les lois constitutionnelles de 1875 : la
constitution de la troisième république et c’est une régime qui va durer très longtemps puisqu’il va passer
l’épreuve de la première guerres mondiale et il prendra fin au début de la seconde guerre mondiale en juillet
1940 avec le gouvernement de Vichy qui est dirigé par le maréchal Pétain.

Par 2 : L’apparition du droit administratif

A partir de la restauration, la conjoncture va être favorable à l’apparition de cette nouvelle discipline qui va
se développer. Elle devient favorable par rapport a deux points : sur un plan idéologique, les idées libérales
ont plus d’influence et ces idées affirment le principe de l’existence de liberté qui forme un droit public des
français qui forment autant de limites également au pouvoir de l’état. De plus, la charte de 1814 instaure
solennellement un état de droit. On va donc créer une nouvelle discipline pour voir comment les services
administratifs doivent respecter les engagements constitutionnels. Et donc ici on va étudier la nature
juridique de l’encadrement du pouvoir administratif.
Le deuxième facteur favorable est la nouvelle situation du conseil d’état depuis la chute de Bonaparte, le
conseil d’état perd sa fonction politique de conseil du gouvernement et en premier lieu il devient une
juridiction. Et on peut ici en déduire que c’est a preuve qu’il existe un droit dont il doit assurer le respect.

Dans cette doctrine du droit administratif il y a trois noms à retenir (XVIII°-XIX°) :

De Guérando, Macarel, De Cormenin qui sont tous membres de la haute administration et on les nommes
« les pères du droit administratif ».

Section 2° Les sources du droit privé


Par 1 : La loi et la coutume dans le système légaliste

La nouvelle tradition est issue de la révolution et c’est la légalité (le système légaliste) : le règne de la loi. On
retrouve se rogne de la loi dans la définition de la légalité.
La définition de la légalité est la suivante : l’ensemble des lois et des règlements (inférieurs). La légalité est
la supériorité de la loi et on justifie ce système principalement en insistant sur la médiocrité de la coutume
comme source du droit.
Il faut cependant nuancer cette affirmation de médiocrité de la coutume, pour une première raison qui est que
dans certains domaines, la coutume reste une source du droit primordiale (par exemple en droit commercial).
Mais aussi pour la seconde raison que la coutume ou les usages interviennent forcément dans la formation du
droit en système légaliste. Ce système va toujours légaliser l’élément coutumier et ça signifie donc de faire
entrer la coutume dans le cadre formel de la loi.
Sur la base de ce système les juristes vont donc admirer début XIX° le Code civil.

Par 2 : L’école de l’exégèse

C’est la partie de la doctrine très majoritaire qui admire le code civil. On parle de code neuf et sacralisé pour
désigner le code civil et la très grande majorité des juristes vont faire un travail d’exégèse sur le code civil.
C’est la méthode de cette école qui lui donne son nom et le travail de l’exégèse est l’analyse littérale des
articles en suivant l’ordre du code (2281 articles). On parle aussi d’une immortel ouvrage, d’une bible
juridique, on parle encore de la constitution civile de la France.

Toullier publie en 1811 « Le droit civil français suivant l’ordre du code », on peut retenir aussi comme nom
dans cette école Proudhon, Duranton, Troplong (seul qui n’est pas professeur de droit), Aubry et Rau,
Demolombe qui est le plus célèbre.
C’est ici la majorité de la doctrine.

Par 3 : Le développement de la jurisprudence

Ça se déroule sur le XIX° (1800-1880) : il va y avoir des gros progrès fait dans la diffusion des décisions de
justice, il y a de plus en plus de publications et dès 1812 il y en a des douzaine à Paris (la Gazette de palais).
À partir de 1850 il y a un changement de méthode et on voit apparaitre la note d’arrêt qui est juste un petit
commentaire qui accompagne les décisions les plus importantes. La jurisprudence avec tout cela, va devenir
de plus en plus importante chez les praticiens (avocats) et pour les enseignants.
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Par 4 : Le droit de la famille au XIX°

Il y a ici trois phases pour le XIX° siècle. La première est une phase réactionnaire(jusqu’en 1830), avec le
droit napoléonien et elle s’accentue à partir de 1814, on la vue avec le retour de la monarchie avec le
catholicisme comme religion d’état. Les conséquences sont que par exemple en 1816 on abolit le divorce et
il va aussi y avoir une tentative de rétablissement du droit d’ainesse par le comte de Villèle qui sera donc un
échec.
La deuxième phase est pour le droit de la famille une phase de vide juridique (1830-1870) il n’y a donc rein à
dire.
Enfin la troisième phase commence fin XIX°, l’activité législative reprend et c’est cette fois-ci une phase
libérale. Fin XIXème la phase libérale avec des raisons économiques et sociales avec des évolutions dans la
société. Et politique, la chambre des députés est dominée par la gauche. La loi du 24 juillet 1889 amoindrie
la puissance paternelle. Cela s’explique par la dispersion de la famille avec l’urbanisation, c’est aussi le
moment de la révolution industrielle qui a commencé en 1830. La loi Naquet du 27 juillet 1884 rétablit le
divorce mais il n’y a pas de divorce par consentement mutuel, l’idée qui domine est la notion de divorce
sanction qui peut être demandé dans 3 cas : excès, sévices et injures graves + condamnation criminelle du
conjoint + adultère. En 1896, une loi augmente la part successorale de l’enfant naturel reconnu, cela
s’explique par l’augmentation de l’enfant illégitime.

Par 5 : Le droit du travail au XIXe siècle

A/ La loi du 22 mars 1841 sur le travail des enfants

C’est la première grande loi sociale en France, elle fixe l’âge d’admission des enfants au travail à 8 ans. On
limite également la durée de la journée de travail à 8h pour les enfants de 8 à 12 ans et 11h pour les enfants
de 12 à 16 ans. On applique cette loi que dans les usines, dans les petites sociétés ils peuvent travailler plus
tôt et plus de temps.

B/ La commission du gouvernement pour les travailleurs ou la Commission du Luxembourg

Elle est créée en mars 1848 juste après les évènements de février car on demandait la création d’un ministre
du travail. C’est la première fois que, officiellement, le monde du travail est représenté en France. Cette
commission a une composition paritaire avec des représentants employeurs et employés. Elle est présidée par
Louis Blanc. Cette commission a réglé plusieurs conflits sociaux, elle a fixé le tarif des salaires de certaines
professions et a limité la durée du travail à 10h par jour à Paris et 11h en Province.

C/ La loi du 25 mai 1864 sur le délit de coalition

Cette loi supprime le délit de coalition donc sur certaines conditions la grève devient illicite. On créé un
nouveau délit, le délit d’entrave à la liberté du travail, dont les tribunaux vont faire une large utilisation. Le
première grève des fonctionnaires a lieu en 1806.

D/ La loi du 21 mars 1884 sur la liberté syndicale

C’est la loi Waldeck-Rousseau, la liberté syndicale montre que ce sont les groupements libres qui ont
l’autorisation pour constituer un groupe syndical. Ce sont aussi des groupements volontaires.

E/ La loi du 9 avril 1898 sur l’indemnisation des accidents de travail

Jusqu’à ce texte, en cas d’accident de travail, l’ouvrier, pour être indemnisé, devait prouver une faut/
négligence de son employeur. On appliquait l’article 1382 du code civil. Cette loi opère une révolution
juridique car c’est la première fois que le droit civil s’efface devant le droit social, l’accident n’est plus
considéré comme une faute mais comme un risque professionnel qui doit être mis à la charge du seul
employeur. Mais ce texte est critiqué car il prévoit seulement une indemnisation forfaitaire.

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F/ Le repos hebdomadaire

Sous l’AR, la législation obligeait à respecter le repos dominical et tous les jours de fêtes consacrées. Avec la
révolution, ces règles sont bouleversées et sous la restauration en 1814 on impose de nouveau le repos
dominical. Progressivement cette loi de 1814 ne va plus être appliquée jusqu’à la loi du 12 juillet 1880 qui
abolit le repos dominical en invoquant la liberté de conscience et la liberté du travail. Ces arguments sont des
prétextes, en vérité le gouvernement voulait décourager à pratique religieuse. Dans le débat pour le repos
hebdomadaire est nécessaire à la famille et à la cité et finalement on aboutit à la loi du 13 juillet 1906 qui
rétablit le repos hebdomadaire en France qui doit être donné le dimanche. Mais cette loi ne s’applique qu’aux
ouvriers et employés.

Par 6 : Le droit pénal au XIXe siècle

A/ La procédure

A partir de 1808, la procédure va parfois dans le sens de plus de rigueur, parfois dans un sens plus libéral.
Cela dépend de l’évolution de la criminalité et de la vie politique. Mais globalement la tendance est plus
libérale. En 1865, par exemple, il y des mesures plus libérales concernant la liberté provisoire et la détention
préventive. En 1897, le loi Constans va mettre en place des réformes capitales en faveur des droits de la
défense, par exemple, le juge d’instruction est obligé d’avertir l’inculpé qu’il peut ne faire aucune déclaration
et qu’il a droit à un ou plusieurs avocats.

B/ Le droit

La base est le code pénal de 1870 qui a été réformé plusieurs fois, mais il y a un adoucissement du système
pénal. 2 écoles ont marqué le XIXe siècle.

a) L’école néo-classique

Elle commence vers la fin de la restauration et va être influente jusqu’au Second Empire.
3 représentants de cette école : Guizot, Rossi et Lucas.
Cette école est aussi appelée l’école libérale qui a la formule suivante « pas plus qu’il n’est juste, pas plus
qu’il n’est utile. Cette école va être à l’origine de plusieurs réformes importantes telles que la loi du 28 avril
1832 qui porte révision du code pénal. Ce texte va supprimer la peine de mort dans plusieurs cas, celle-ci va
être conservée seulement pour les crimes les plus atroces. On va supprimer plusieurs peines comme la
marque au fer rouge, le carcan, l’amputation du poing de parricide avant son exécution. Cette loi autorise
l’application des circonstances atténuantes et c’est le jury qui décide. Et enfin, cette loi se prononce en faveur
de l’individualisation de la peine.
Il y a également une loi de 1848 qui supprime la peine de mort en matière politique.
Et en 1863, on fait descendre de nombreuses infractions de la catégorie des crimes à celle des délits.

b) L’école positiviste

Elle est influente dans le dernier quart du XIXe siècle et se prononce pour plus de rigueur, plus de sévérité
avec comme idée principale l’idée du criminel né ou de la fatalité criminelle. Cette école a comme idée la
nécessité de l’élimination du criminel. 3 représentants : Lombroso, ferry et Garofalo.
La loi du 7 mai 1885 concerne les récidivistes incorrigibles et met en place la peine complémentaire de la
relégation c’est à dire l’éloignement perpétuel outre-mer des condamnés dont on ne veut plus sur le territoire
métropolitain.

Par 7 : Les nouvelles théories

Elles s’inscrivent dans le cadre de la critique du Code civil.

A/ Savigny ou la théorie de l’anti-codification

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Savigny est professeur de droit romain à Berlin et se présente comme le chef de l’école historique. Il publie
son premier ouvrage en 1814 « sur la vocation de notre temps pour la législation et pour la science du droit »
où il expose sa conception historique du droit : la codification a tendance à figer le droit et pour lui le droit
est l’expression historique de la culture d’un peuple déterminé avec différentes étapes. Finalement, la
codification ne peut être qu’un très long travail de la doctrine. Il critique le code civil mais aussi le code
prussien de 1794 et le code autrichien de 1811. Il dit que le code civil est une œuvre politique et à travers ce
code on peut voir les ambitions despotiques de Bonaparte. De plus il formule une critique technique, le plan
du code civil avec l’absence de définitions en matière, par exemple, de droits réels et obligation. Il relève
plusieurs erreurs commises par Portalis et Maleville dans l’interprétation du code civil.

B/ La critique républicaine du code civil

Elle est menée par le juriste Accollas sous le Second Empire, ce qui va lui valoir des séjours en prison et
l’exil. Son ouvrage principal est « Manuel de droit civil à l’usage des étudiants » où il fait un travail
d’exégèse pour critiquer le code civil. Il dénonce l’esprit de réaction du code civil, il le qualifie
« d’assemblage de textes disparates », de « mélange de liberté et d’autocratie » ou « d’œuvre d’un vulgaire
capitaine, vraie nature de bandit corse ». Sa conception républicaine du droit est basée sur l’autonomie de
l’individu. Il va par exemple défendre le divorce, l’émancipation de la femme mariée et le droit de l’enfant
naturel à être reconnu et élevé.

C/ La critique socialiste du code civil

On peut citer Marx, en 1898 « le code de napoléon est l’expression légale de la société bourgeoise, le produit
d’un état social bientôt destiné à disparaitre ». On peut faire référence aux théoriciens socialistes comme
Louis Blanc, Fourrier, Saint-Simon. Ils dirigent leurs attaques vers l’ensemble du système juridique et
l’accuse d’assujettir les travailleurs par un contrats inégal et de détruire la famille ouvrière. Leroy avec sa
thèse de 1898 « l’esprit de la législation napoléonienne », il considère que le code cil s’inspire d’idées
autoritaires et correspond à une organisation capitaliste et bourgeoise.

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