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L’EUROPE ENTRE RESTAURATION ET REVOLUTIONS

(1814-1848)
Séances 1, 2 et 3

Introduction
La révolution française qui s’achève après les Cent Jours et la bataille de Waterloo a profondément
bouleversé l’espace européen. L’armée française, partie à la conquête de l’Europe pour implanter les idées
révolutionnaires issues des Lumières, s’est transformée en armée d’occupation ennemie à combattre et à
chasser. Dans toute l’Europe, la réaction des Princes et des Rois laisse à penser que l’épisode révolutionnaire
n’est qu’une parenthèse. Au Congrès de Vienne qui se déroule de septembre 1814 à juin 1815, les Princes
prennent conscience de la nécessité de combattre les idées libérales et nationalistes qui vont tout de même
s’enraciner dans la première moitié du XIXe s.
Problématique : Comment les mouvements libéraux et nationalistes parviennent-ils à se développer dans
l’Europe de la Restauration monarchique ?

I. L’EUROPE DES PRINCES (1814-1830)

A. Le congrès de Vienne et la Sainte-Alliance.


Vers un nouvel ordre européen : Le Congrès de Vienne se déroule de septembre 1814 à juin 1815. Il réunit
140 États, mais dans les faits, c’est le comité des 4 « les vainqueurs de Napoléon » (Russie, Angleterre, Prusse,
Autriche) qui prend et impose les décisions. Il impose à la France des conditions de paix d’abord clémentes et
qui se durcissent considérablement après l’épisode des Cent-Jours : (pertes territoriales, La Savoie et Nice sont
rattachées au royaume de Piémont Sardaigne et la Belgique est intégrée au Royaume des Pays-Bas, sanction
financière : 700 millions de Francs à verser, sanction militaire : occupation partielle du territoire jusqu’au
versement de l’indemnité de guerre -1818-)
Le grand organisateur est Metternich, ministre des affaires étrangères et fin diplomate autrichien. Les Rois et
Princes réunis au Congrès rétablissent partout les régimes monarchiques balayés par les Français pendant la
Révolution. Le modèle qui est rétabli s’oppose fondamentalement aux acquis révolutionnaires : c’est un retour
aux principes de la monarchie absolue, de la société d’ordres et de la religion. Les puissances victorieuses
redessinent la carte de l’Europe à leur profit : L’Autriche réaffirme sa présence en Italie du Nord (la Lombardie
et la Vénétie), la Prusse annexe de nombreux états allemands alors que la Russie récupère la Pologne. La
confédération germanique est créée (union politique de la Prusse, de l’Autriche et de 38 petits Etats
allemands).
Les revendications nationales ne sont pas prises en compte1 .
L’acte final du Congrès créé la Sainte Alliance (Autriche, Prusse, Russie) qui devient la Quadruple Alliance avec
l’Angleterre puis la Quintuple Alliance avec l’intégration de la France en 1818. C’est un pacte militaire dirigé
contre les idées libérales et nationales.

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L’Autriche et la Russie comme l’Empire ottoman sont des Etats multinationaux qui soumettent de nombreuses nationalités à leur
autorité impériale : Polonais, Ukrainiens, Croates, Hongrois, Tchèques, Serbes, Bulgares, Roumains….
En France, la Restauration : La France est ramenée à ses frontières de 1792. Les Bourbons récupèrent le trône
et Louis XVIII devient Roi des Français. Il cherche un compromis pour imposer la paix et réconcilier les Français.
Louis XVIII met en place une Charte constitutionnelle, reprenant quelques acquis révolutionnaires comme
l'égalité devant la loi, la garantie de certaines grandes libertés (liberté individuelle, liberté d'expression), ainsi
que le maintien du Code civil hérité de la période napoléonienne et celui de la suppression des privilèges
nobiliaires. Cependant, la charte marque le début de la Restauration du fait qu’elle reconnaît le caractère
sacré du roi qui concentre la majorité des pouvoirs, dont l’intégralité des pouvoirs exécutif et judiciaires, une
partie du pouvoir législatif et le pouvoir d’anoblir les individus. De plus, toute une partie des Français sont
exclus du corps électoral du fait de l’établissement d’un suffrage censitaire. Le drapeau tricolore, redevient
blanc et le catholicisme la « religion de l’Etat » sans toutefois supprimer la liberté du culte.
Louis XVIII souhaite retrouver l’influence française en Europe. Il intègre la Sainte Alliance en 1818. En 1823, au
nom de la Sainte Alliance, la France intervient en Espagne pour réprimer des mouvements libéraux.

B. La restauration de l’ordre ancien.


Une Europe réactionnaire : Pour les Princes européens, l’objectif est de gommer les effets de l’influence
française : les codes civils sont partout supprimés, les libertés sont limitées, les constitutions sont annulées. En
Autriche, en Russie et en Prusse, les privilèges des seigneurs sont réaffirmés (pratique du servage). Metternich
pousse au renforcement des contrôles des Universités et de la presse dans la Confédération Germanique. En
France, les Ultras se déchaînent contre les partisans des idées révolutionnaires (Terreur blanche qui fait des
milliers de victimes).

Charles X et la raideur absolutiste : Louis XVIII meurt en septembre 1824 : son frère lui succède sous le nom
de Charles X. Sacré à Reims en mai 1825, il veut apparaître comme un roi de droit divin. Charles X impose
deux lois qui le placent comme le protecteur des deux piliers de l’Ancien régime (noblesse et Église) : la loi du
sacrilège punit de mort les profanateurs d’églises et la loi du milliard des émigrés prévoit l’indemnisation des
nobles ayant fui pendant la Révolution et dont les biens ont été confisqués. De même, il fait du 21 janvier, jour
de l’exécution de Louis XVI un jour de deuil national et inaugure en 1826, un monument commémoratif sur le
lieu de l’assassinat de Louis XVI. En 1827, la garde nationale est supprimée.
Aux élections de 1830, les libéraux remportent la majorité à la Chambre des députés. Charles X dissout cette
chambre qui lui est hostile. Les nouvelles élections confirment la victoire des libéraux dont la majorité
augmente encore. Charles X publie quatre ordonnances (décision prise par le gouvernement qui sert de loi) le
25 juillet qui vont mettre le feu aux poudres : 1) suspendre la liberté de presse ; 2) dissoudre l’assemblée à
peine élue ; 3) fixer de nouvelles élections législatives ; 4) limiter le droit de vote en augmentant le cens
électoral.

C. Les aspirations libérales et nationales qui fragilisent l’équilibre.


L’essor du mouvement des nationalités : Le nouvel ordre européen est rapidement contesté par l’émergence
de mouvements libéraux et/ou nationaux. En Italie, la société secrète des Carbonari met en place des actions
violentes pour l’unité italienne alors que la péninsule est divisée entre de multiples états. Des constitutions
sont réclamées en Italie, en Espagne où la France intervient au nom de la Sainte-Alliance en 1823 alors que
l’Autriche intervient en 1821 à Naples et dans le Piémont.
La lutte des Grecs pour l’indépendance  : Les Grecs se révoltent à partir de 1821 contre l’Empire Ottoman au
nom de leur religion et de leur culture, berceau de la culture européenne. Près de 25 000 hommes meurent
tandis que 45 000 sont réduits en esclavage après la reconquête ottomane de l’île de Chios. Les massacres de
Chios en 1822 reçoivent un écho important auprès du mouvement du Romantisme, soutenu par les écrivains
(Châteaubriand, Lord Byron) et les peintres (Delacroix). Progressivement, les gouvernements russe, français et
britanniques s’engagent à aider les insurgés. La Grèce obtient son indépendance en 1830.

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