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Pourquoi le retour à l’ordre voulu par les rois déclenche-t-il des révolutions après
1814 ?
BILAN :
L’attitude de Metternich illustre le rejet par les puissances européennes de la
Révolution et de l’Empire napoléonien.
Son refus de prendre en considération la question nationale et les aspirations
libérales des peuples correspond à l’attitude des souverains européens qui, lors du
congrès de Vienne de septembre 1814 à juin 1815, ont dessiné une nouvelle carte
de l’Europe effaçant l’héritage de l’Empire napoléonien du point de vue territorial. Ils
ont également remis en cause l’héritage de la Révolution française en restaurant
l’ordre monarchique, mettant un terme, pour un temps, aux revendications libérales
diffusées depuis 1789.
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Étude
a) Une Europe monarchique. Carte 2 p. 56
De septembre 1814 à juin 1815, les puissances victorieuses de Napoléon se
réunissent en congrès afin d’effacer les traces de la domination française. C’est à
Vienne, en Autriche, autour du chancelier Metternich, que les diplomates
remodèlent les frontières des Etats et réinstallent des princes au pouvoir. L’Europe
qu’ils redessinent est une Europe monarchique. La Russie, la Prusse et l’Autriche
agrandissent leurs territoires, le Royaume-Uni étend son influence sur les mers. Pour
maintenir cet ordre, ils conviennent de rencontres régulières, on parle de concert
européen. Grâce à l’action de Talleyrand, la France vaincue est ménagée par le
Congrès et se voit imposer le retour d’un roi, Louis XVIII, le paiement d’indemnités et
le retour aux frontières de 1791.
b) La Sainte-Alliance.
Pour stabiliser cet ordre, les principales puissances signent le traité de la
Sainte-Alliance. Ils y affirment l’origine divine du pouvoir des rois et l’obligation faite
aux peuples d’obéir à leur pouvoir absolu. Les espoirs des nationalités ne sont pas
entendus. Polonais, Belges, Allemands, Italiens sont toujours divisés entre plusieurs
Etats ou intégrés à des Empires. Les princes veulent revenir aux principes antérieurs
à 1789. La période 1815-1830 est la période de la Restauration.
2) Un ordre contesté
Après avoir replacé les documents dans leur contexte, vous les confronterez avant de
montrer que le massacre de Chios a eu un grand retentissement en Europe.
Introduction :
Deux documents de natures différentes permettent d’aborder la question du
massacre de Chios et la lutte pour l’indépendance grecque. Le premier est un très
grand tableau peint en 1824 par Eugène Delacroix, chef de file de l’école
romantique. Le second est un texte extrait d’un poème de Victor Hugo, « L’Enfant »,
écrit en 1828 et publié dans un ouvrage intitulé Les Orientales en 1829. Les deux
documents ont donc été réalisés par des Français quelques années après
l’événement auquel ils font référence, le massacre perpétré par les Turcs sur les
habitants de l’île grecque de Chios, alors soumise à l’Empire ottoman. Quel
retentissement cet événement a-t-il eu en Europe ? Nous montrerons d’abord
comment ces documents font référence à une réalité historique contemporaine de
leurs auteurs, puis nous nous interrogerons sur ce qu’ils révèlent de l’engagement de
ces derniers vis-à-vis de la cause grecque.
Développement :
- Les documents font référence à une réalité historique, le massacre des habitants
de l’île de Chios en 1822, au cours duquel environ 20 000 personnes ont été
massacrées et les survivants déportés en esclavage. Dans le poème de Victor Hugo,
les « Turcs » sont nommés comme auteurs du « ravage » : « tout est ruine et deuil »,
« tout est désert ». On trouve la même idée sur le tableau de Delacroix, où le
cavalier turc, à droite, et la terre remplie de ruines, ainsi que le ciel vide gagné par
les fumées des villages en feu, à l’arrière-plan, rappellent l’action militaire engagée
par les Ottomans contre les habitants de l’île de Chios. Ce sont les conséquences
d’une politique de domination qui sont soulignées par les deux artistes. La Grèce est
en effet alors dominée par l’Empire ottoman depuis le XVe siècle. En 1821, ont lieu
des soulèvements nationaux en divers lieux de Grèce, mais pas à Chios cependant.
L’action des Ottomans sur cette île en avril 1822 fait suite à la proclamation de
l’indépendance par les Grecs, et à des exactions menées contre les populations
civiles par les insurgés grecs, dans le Péloponnèse notamment, que n’abordent
cependant pas ces documents.
- Les deux artistes cherchent à susciter l’émotion de leur public vis-à-vis de la cause
des Grecs, et apparaissent donc comme engagés. Hugo met en évidence un
contraste entre la destruction causée par les Turcs et l’innocence de l’enfant, tout
comme Delacroix le fait en plaçant au premier plan de sa composition des civils
grecs prostrés, résignés, un enfant sur le corps de sa mère sans doute morte, et la
violence du rapt de la jeune fille sur la droite. La femme âgée au premier plan qui
regarde vers le ciel symbolise l’accablement d’un peuple tout entier. Il accentue
l’effet dramatique de la scène par les couleurs utilisées, en particulier le rouge et le
bleu. Hugo et Delacroix apparaissent ici engagés : ils cherchent à susciter l’émotion
devant la souffrance des peuples opprimés afin de mobiliser l’opinion publique de
leur pays pour la cause grecque. C’est également très clair dans la détermination
qu’attribue Hugo à l’enfant grec, qui refuse toute douceur pour oublier sa peine, mais
qui réclame « de la poudre et des balles ».
Conclusion :
Ces documents permettent de comprendre la manière dont les Arts et les Lettres
rendent compte des luttes nationales et libérales de la première moitié du XIXe
siècle, et s’engagent pour ces dernières. Leur impact a été considérable. La toile de
Delacroix, présentée au Salon de 1824, contribua à faire pencher l’opinion
occidentale en faveur des Grecs alors que la Sainte-Alliance condamnait cette
insurrection, contraire au principe d’obéissance des peuples à leurs souverains. En
1827, est finalement déclenchée l’opération menée par la France, le Royaume-Uni et
la Russie à Navarin. Les Ottomans, vaincus, durent reconnaître l’indépendance de la
Grèce en février 1830.
Si ces documents ne donnent à voir que le point de vue d’artistes français sur la lutte
des Grecs pour leur indépendance, d’autres Européens s’en sont fait l’écho et se
sont engagés aux côtés des Grecs, comme le poète anglais Byron, qui rejoint la
Grèce en 1823 pour soutenir son combat, et meurt en 1824 de maladie à
Missolonghi. Ces documents en outre ne présentent pas l’autre point de vue sur la
lutte pour l’indépendance grecque, celui des Ottomans, dont les civils ont également
subi des massacres perpétrés par les insurgés.
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c) La flambée de 1830.
En 1830, les libéraux et les patriotes sont souvent rejoints par les ouvriers sur
les barricades. Le succès de la révolution parisienne des Trois Glorieuses stimule un
mouvement européen que rien ne semble arrêter. Les Polonais s’insurgent contre les
Russes, les villes italiennes s’embrasent, l’Allemagne connaît des agitations en
Hesse, Saxe et Hanovre, qui sont l’œuvre de la Burschenchaft, un réseau d’étudiants
patriotes, dont la devise Honneur et Patrie et le drapeau noir, rouge et or, vont servir
de symboles pour les révoltes futures. Mais très vite, la répression l’emporte. Seuls
les Belges, aidés par les monarchies libérales de France et du Royaume-Uni,
gagnent leur indépendance contre les Pays-Bas et se dotent d’une Constitution
libérale.
À la mort de Louis XVIII en 1824, son frère Charles X, très peu enclin au libéralisme, monte sur le
trône. L’étude cherche ici à montrer que la réaction des Parisiens aux tentatives de restauration de
l’ordre d’Ancien Régime par Charles X souligne l’attachement des Français aux principes
révolutionnaires.
1) Présenter le document
- nature et thème
- auteur : qui est-il et quelle est sa relation avec l’objet de l’allégorie ?
- le contexte : quelle est la date de parution ? Quel est le régime politique de
l’époque... ?
- le support : comment le document est-il diffusé
2) Décrire et analyser le document
- la scène et les personnages
- la composition, les lumières et les couleurs
3) Interpréter le document
- donner la signification de l’ensemble du document : quelle est l’intention de
l’auteur?
- Donner la signification de chaque partie et personnage du document
4) Estimer l’intérêt et la portée du document
- Comment a-t-il été reçu ? Quelle a été son influence immédiate ou plus lointaine ?
Quel a été le sort de son auteur ?
- En quoi ce document est-il significatif d’un courant de pensée, d’une époque…?
Corrigé :
1) Présentation.
Ce tableau monumental est une huile sur toile. C’est une allégorie politique qui
s’inspire de l’Antiquité, mais qui évoque un fait d’actualité, puisque ce tableau a été
peint en 1830 et célèbre la révolution parisienne des Trois Glorieuses (juillet 1830),
qui vient de renverser Charles X, nostalgique de l’Ancien Régime au profit de Louis
Philippe, plus libéral. Delacroix, d’origine bourgeoise et de formation classique est,
bien qu’il s’en défende, un des chefs de file de l’école romantique. Il est connu avant
1830 pour son engagement en faveur de la lutte des Grecs contre les Ottomans.
2) Description de l’œuvre
Au centre de la composition triangulaire, une femme solide brandit un drapeau
tricolore, armé d’un fusil et coiffée d’un bonnet phrygien. Elle franchit les restes d’une
barricade et entraîne derrière elle une foule en armes. A gauche, un homme armé
d’un sabre est un ouvrier des manufactures (béret, tablier protecteur); l’homme au
chapeau serait un chef d’atelier car il porte le pantalon large et la ceinture de flanelle
des ouvriers; le «gamin», un «Gavroche», coiffé du béret de velours des étudiants
parisiens et armé de deux pistolets, a une place importante, à côté de la femme. Des
hommes étendus, morts ou en train de mourir, occupent le premier plan. Les tons
chauds dominent; la lumière éclaire le premier plan, ceux qui continuent le combat
alors que l’arrière-plan s’embrase.
3) Interprétation de l’œuvre
La femme symbolise la Liberté guidant le peuple dans sa lutte pour la liberté et la
démocratie. Elle porte le bonnet phrygien qui rappelle la Révolution française et
l’affranchissement des esclaves dans l’Antiquité, le drapeau tricolore de 1789, refusé
par la Restauration mais qu’accepte Louis-Philippe. Les autres combattants
représentent les composantes du peuple parisien révolté : ouvriers, artisans et
étudiants bourgeois, tous ensemble pour sauver les acquis de la Révolution.
a) Un régime parlementaire.
Le nouveau roi, Louis-Philippe Ier, tient son pouvoir du peuple : il prend le titre
de « roi des Français » et choisit le drapeau tricolore. Il s’inspire de la monarchie
parlementaire anglaise et prête serment sur la constitution (charte de 1814 rénovée).
Il garantit la liberté de la presse et respecte les droits du Parlement. Le montant du
cens est abaissé. Des libéraux entrent au gouvernement comme Adolphe Thiers ou
plus tard, François Guizot, alors que les ultras sont chassés du pouvoir.
Cette France au régime libéral accueille les révolutionnaires de toute l’Europe.
A Paris et en province, les exilés espagnols, polonais, italiens, allemands
poursuivent la lutte pour leurs libertés. A Marseille en 1831, le patriote Giuseppe
Mazzini fonde le mouvement Jeune Italie, dont le but est d’unifier l’Italie. Dans cette
effervescence, de multiples pensées politiques se rencontrent, qui appellent toutes à
une nouvelle révolution supprimant l’ordre de Vienne.
b) De trop nombreux exclus.
Mais le suffrage reste censitaire (240 000 électeurs pour 33 millions de
Français). Cette monarchie s’appuie sur les catégories sociales les plus aisées, des
notables, souvent grands propriétaires, qui profitent alors de la croissance
économique liée à l’industrialisation.
La grande majorité des Français reste donc exclue du vote. En outre, les
ouvriers sont de plus en plus nombreux mais ne voient pas leur situation s’améliorer.
Dès 1831 et la révolte des Canuts à Lyon, la bataille contre le régime se mène
autour de la question sociale (droits des ouvriers, salaires). Les insurrections se
multiplient dans les années 1830 et le roi est victime de plusieurs tentatives
d’attentats. Le régime adopte alors plusieurs lois répressives et devient plus
conservateur.
b) le rêve de fraternité.
En ce printemps 1848, un immense espoir mobilise toutes les composantes
du peuple : sur les barricades, les femmes, les ouvriers, les étudiants rejoignent les
bourgeois et prennent la parole. Dans cette communion fraternelle, tous sont
désormais égaux. Unis dans une grande ferveur, ils rêvent d’une Europe nouvelle et
fraternelle.
b) En Autriche et Allemagne.
La révolution à Prague est écrasée à la mi-juin. En octobre, l’armée impériale
reconquiert Vienne et disperse l’Assemblée constituante. Le rétablissement
monarchique en Autriche entraîne un retour à l’ordre partout en Europe. L’Autriche
limite l’influence de la Prusse en soutenant au Parlement de Francfort les partisans
d’une grande Allemagne. Elle empêche ainsi la constitution d’une Petite Allemagne
qui unirait les Allemands autour de son rival prussien. Dans l’impasse, le Parlement
de Francfort est dissous.
c) En Italie.
L’Autriche intervient pour faire obstacle à l’unité et récupérer ses Etats. Les
Piémontais sont contraints de rendre toutes leurs possessions et la réaction
antilibérale se propage de Naples à Rome, où le pape est rétabli dans ses Etats.
Malgré les contestations populaires, l’Autriche réussit donc à garder son influence et
son rôle de garant de l’ordre européen.