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Chap. H2.

L’Europe, entre restauration et révolution (1814-1848)

Pourquoi le retour à l’ordre voulu par les rois déclenche-t-il des révolutions après
1814 ?

I. L’ordre des princes face aux idées nouvelles (1815-1830)

Pourquoi le nouvel équilibre européen instauré en 1815 est-il rapidement contesté ?

1) L’ordre né du Congrès de Vienne

Point de passage : Metternich et le Congrès de Vienne, pp. 58-59.

Problématique : En quoi le personnage de Metternich et le congrès de Vienne marquent-ils le rejet


par l’Europe de la Révolution française ?

Réponses aux questions


Question 1 : Les principaux protagonistes du congrès de Vienne sont les souverains
qui ont défait Napoléon : Alexandre Ier, empereur de Russie, François Ier, empereur
d’Autriche, Frédéric-Guillaume III, roi de Prusse, Castlereagh, ministre des Affaires
étrangères du Royaume-Uni. Le roi Ferdinand VII d’Espagne est également
représenté sur le document 1 – même s’il n’a pas joué un grand rôle dans la victoire
sur Napoléon – récupérant son royaume dirigé par Joseph Bonaparte, frère de
Napoléon, jusqu’en 1814. Talleyrand, représentant de la France lors du congrès,
apparaît également sur les documents 1 et 3. Quant à Louis XVIII, il se voit remettre
une couronne qui symbolise la Restauration en France. Un protagoniste majeur du
congrès n’apparaît sur aucun des deux documents : c’est le prince de Metternich,
alors ministre des Affaires étrangères de l’empire d’Autriche. Avec Castelreagh, le
ministre des Affaires étrangères britannique, il joua un rôle central dans les décisions
qui furent prises à Vienne. L’objectif des souverains et de leurs représentants réunis
à Vienne entre septembre 1814 et juin 1815 est de restaurer l’ordre européen
prérévolutionnaire, en ramenant la paix après les guerres napoléoniennes, en
redessinant la carte de l’Europe à l’avantage des grands vainqueurs, et en restaurant
la monarchie, absolue si possible.
Question 2 : Des modifications territoriales importantes naissent du congrès de
Vienne : l’Italie apparaît comme grandement dominée par l’Autriche, la Pologne est
disputée entre l’empire russe et le royaume de Prusse. La Belgique est également
dominée. (Voir aussi doc. 2 p. 56).
Question 3 : Metternich est opposé au principe des nationalités (document 4). Sa
lettre fait référence au caractère multinational de l’empire d’Autriche, où se trouvent
des minorités grecques (ligne 6), italiennes (lignes 10-11) et polonaises (ligne 12).
Reconnaître le principe des nationalités équivaudrait à remettre en question la
légitimité et l’organisation de l’empire d’Autriche. Le poids de l’héritage dynastique
prévaut selon lui sur le principe des nationalités pour légitimer les États. Metternich
s’oppose également au libéralisme politique (document 5). Dans sa lettre de 1835 à
George Ticknor, professeur américain (et donc citoyen d’une démocratie) de
passage en Europe, il explique en quoi la démocratie est selon lui un régime
mauvais, qui « relâche la société », au contraire de la monarchie qui « tend à
rassembler les hommes (...) en masses compactes et efficaces ». Vingt ans après le
congrès de Vienne, Metternich reste donc opposé aux idées libérales qui se
développent alors en Europe.
Question 4 : Les documents 2 et 4 montrent que l’Europe du congrès de Vienne
laisse la question des nationalités en suspens. En effet, le nouveau découpage de
l’Europe décidé lors du congrès laisse de côté les revendications nationales comme
celles des Grecs, dont le territoire fait partie de l’Empire ottoman, des Polonais,
nation sans État mais partagée entre les empires d’Autriche et de Russie, et le
royaume de Prusse, où celles des Italiens, nation sans État dont le territoire est
éclaté entre l’empire d’Autriche et des royaumes indépendants parfois dominés par
des puissances extérieures.

BILAN :
L’attitude de Metternich illustre le rejet par les puissances européennes de la
Révolution et de l’Empire napoléonien.
Son refus de prendre en considération la question nationale et les aspirations
libérales des peuples correspond à l’attitude des souverains européens qui, lors du
congrès de Vienne de septembre 1814 à juin 1815, ont dessiné une nouvelle carte
de l’Europe effaçant l’héritage de l’Empire napoléonien du point de vue territorial. Ils
ont également remis en cause l’héritage de la Révolution française en restaurant
l’ordre monarchique, mettant un terme, pour un temps, aux revendications libérales
diffusées depuis 1789.
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Étude
a) Une Europe monarchique. Carte 2 p. 56
De septembre 1814 à juin 1815, les puissances victorieuses de Napoléon se
réunissent en congrès afin d’effacer les traces de la domination française. C’est à
Vienne, en Autriche, autour du chancelier Metternich, que les diplomates
remodèlent les frontières des Etats et réinstallent des princes au pouvoir. L’Europe
qu’ils redessinent est une Europe monarchique. La Russie, la Prusse et l’Autriche
agrandissent leurs territoires, le Royaume-Uni étend son influence sur les mers. Pour
maintenir cet ordre, ils conviennent de rencontres régulières, on parle de concert
européen. Grâce à l’action de Talleyrand, la France vaincue est ménagée par le
Congrès et se voit imposer le retour d’un roi, Louis XVIII, le paiement d’indemnités et
le retour aux frontières de 1791.

b) La Sainte-Alliance.
Pour stabiliser cet ordre, les principales puissances signent le traité de la
Sainte-Alliance. Ils y affirment l’origine divine du pouvoir des rois et l’obligation faite
aux peuples d’obéir à leur pouvoir absolu. Les espoirs des nationalités ne sont pas
entendus. Polonais, Belges, Allemands, Italiens sont toujours divisés entre plusieurs
Etats ou intégrés à des Empires. Les princes veulent revenir aux principes antérieurs
à 1789. La période 1815-1830 est la période de la Restauration.

2) Un ordre contesté

a) Des mouvements libéraux.


Des mouvements libéraux tentent de résister au nouvel ordre européen. Le
libéralisme refuse la société d’ordres et veut établir le droit de propriété, le libre-
échange, la liberté de réunion et d’expression, dans le cadre d’un système politique
représentatif. Les libéraux exigent donc des Constitutions.
b) Des sociétés secrètes.
Pour diffuser ces idées libérales sont créées des sociétés secrètes dans les
Etats qui interdisent toute opposition politique. Nées au cours de la période
napoléonienne, elles s’inspirent de la franc-maçonnerie par leur organisation, la
pratique du secret, les rituels et les symboles. Elles s’en différencient par la volonté
d’action militaire et un recrutement fréquent chez les vétérans des armées
napoléoniennes acquis aux idées de réforme. Les Carbonari, partisans de l’unité
italienne, mènent une guérilla contre l’ordre de Vienne. Recherchés, les insoumis
voyagent clandestinement et trouvent refuge à l’étranger, avant qu’une autre
révolution ne les pousse vers un nouvel exil.

c) La culture, vecteur des aspirations nationales.


- Les aspirations nationales s’affirment et s’expriment dans la culture
populaire : poètes et compositeurs chantent « l’âme » des peuples et contribuent
dans les esprits à la construction des nations. Exaltant avec fierté leur passé, la
Rome antique et la Renaissance, les Italiens en appellent au Risorgimento, réveil
national pour l’unité et l’indépendance de l’Italie. Un mouvement national mobilise
aussi les Allemands, qui se regroupent désormais autour de leur langue. Les Grecs,
eux, affichent leur pratique du christianisme orthodoxe dans un Empire ottoman
dirigé par un sultan musulman.
- Les artistes et les écrivains jouent un rôle déterminant dans la diffusion
des idées nouvelles, qu’ils font vivre dans leurs œuvres. Les frères Grimm, Eugène
Delacroix, Frédéric Chopin, Victor Hugo, propagent les idées nouvelles tout comme
le révolutionnaire Giuseppe Mazzini. Le romantisme incarne un idéal de liberté et la
volonté de rompre avec le traditionalisme.

3) Les premiers mouvements

a) Des idéaux libéraux et des aspirations nationales.


Dès 1820, des insurrections libérales éclatent, d’abord en Espagne, au
Portugal, puis à Naples et en Sicile. Mais le rapport de forces entre la Sainte-
Alliance, rejointe par la France, et les contestataires est très déséquilibré. Les
patriotes italiens sont impitoyablement pourchassés et réprimés.

b) La guerre d’indépendance grecque.


Point de passage : le massacre de Chios, pp. 62-63.

Après avoir replacé les documents dans leur contexte, vous les confronterez avant de
montrer que le massacre de Chios a eu un grand retentissement en Europe.

Réponse organisée rédigée

Introduction :
Deux documents de natures différentes permettent d’aborder la question du
massacre de Chios et la lutte pour l’indépendance grecque. Le premier est un très
grand tableau peint en 1824 par Eugène Delacroix, chef de file de l’école
romantique. Le second est un texte extrait d’un poème de Victor Hugo, « L’Enfant »,
écrit en 1828 et publié dans un ouvrage intitulé Les Orientales en 1829. Les deux
documents ont donc été réalisés par des Français quelques années après
l’événement auquel ils font référence, le massacre perpétré par les Turcs sur les
habitants de l’île grecque de Chios, alors soumise à l’Empire ottoman. Quel
retentissement cet événement a-t-il eu en Europe ? Nous montrerons d’abord
comment ces documents font référence à une réalité historique contemporaine de
leurs auteurs, puis nous nous interrogerons sur ce qu’ils révèlent de l’engagement de
ces derniers vis-à-vis de la cause grecque.

Développement :
- Les documents font référence à une réalité historique, le massacre des habitants
de l’île de Chios en 1822, au cours duquel environ 20 000 personnes ont été
massacrées et les survivants déportés en esclavage. Dans le poème de Victor Hugo,
les « Turcs » sont nommés comme auteurs du « ravage » : « tout est ruine et deuil »,
« tout est désert ». On trouve la même idée sur le tableau de Delacroix, où le
cavalier turc, à droite, et la terre remplie de ruines, ainsi que le ciel vide gagné par
les fumées des villages en feu, à l’arrière-plan, rappellent l’action militaire engagée
par les Ottomans contre les habitants de l’île de Chios. Ce sont les conséquences
d’une politique de domination qui sont soulignées par les deux artistes. La Grèce est
en effet alors dominée par l’Empire ottoman depuis le XVe siècle. En 1821, ont lieu
des soulèvements nationaux en divers lieux de Grèce, mais pas à Chios cependant.
L’action des Ottomans sur cette île en avril 1822 fait suite à la proclamation de
l’indépendance par les Grecs, et à des exactions menées contre les populations
civiles par les insurgés grecs, dans le Péloponnèse notamment, que n’abordent
cependant pas ces documents.
- Les deux artistes cherchent à susciter l’émotion de leur public vis-à-vis de la cause
des Grecs, et apparaissent donc comme engagés. Hugo met en évidence un
contraste entre la destruction causée par les Turcs et l’innocence de l’enfant, tout
comme Delacroix le fait en plaçant au premier plan de sa composition des civils
grecs prostrés, résignés, un enfant sur le corps de sa mère sans doute morte, et la
violence du rapt de la jeune fille sur la droite. La femme âgée au premier plan qui
regarde vers le ciel symbolise l’accablement d’un peuple tout entier. Il accentue
l’effet dramatique de la scène par les couleurs utilisées, en particulier le rouge et le
bleu. Hugo et Delacroix apparaissent ici engagés : ils cherchent à susciter l’émotion
devant la souffrance des peuples opprimés afin de mobiliser l’opinion publique de
leur pays pour la cause grecque. C’est également très clair dans la détermination
qu’attribue Hugo à l’enfant grec, qui refuse toute douceur pour oublier sa peine, mais
qui réclame « de la poudre et des balles ».

Conclusion :
Ces documents permettent de comprendre la manière dont les Arts et les Lettres
rendent compte des luttes nationales et libérales de la première moitié du XIXe
siècle, et s’engagent pour ces dernières. Leur impact a été considérable. La toile de
Delacroix, présentée au Salon de 1824, contribua à faire pencher l’opinion
occidentale en faveur des Grecs alors que la Sainte-Alliance condamnait cette
insurrection, contraire au principe d’obéissance des peuples à leurs souverains. En
1827, est finalement déclenchée l’opération menée par la France, le Royaume-Uni et
la Russie à Navarin. Les Ottomans, vaincus, durent reconnaître l’indépendance de la
Grèce en février 1830.
Si ces documents ne donnent à voir que le point de vue d’artistes français sur la lutte
des Grecs pour leur indépendance, d’autres Européens s’en sont fait l’écho et se
sont engagés aux côtés des Grecs, comme le poète anglais Byron, qui rejoint la
Grèce en 1823 pour soutenir son combat, et meurt en 1824 de maladie à
Missolonghi. Ces documents en outre ne présentent pas l’autre point de vue sur la
lutte pour l’indépendance grecque, celui des Ottomans, dont les civils ont également
subi des massacres perpétrés par les insurgés.
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L’indépendance de la Grèce est la première victoire des libéraux européens.


La lutte contre un Empire ottoman considéré comme menaçant, l’origine grecque
d’une partie de la culture européenne et l’engagement d’artistes et d’écrivains
comme l’Anglais Byron ou le Français Chateaubriand amènent le Royaume-Uni et la
France au secours des Grecs à la fin de l’années1828. Les Grecs acquièrent leur
indépendance contre les Turcs en février 1330.

c) La flambée de 1830.
En 1830, les libéraux et les patriotes sont souvent rejoints par les ouvriers sur
les barricades. Le succès de la révolution parisienne des Trois Glorieuses stimule un
mouvement européen que rien ne semble arrêter. Les Polonais s’insurgent contre les
Russes, les villes italiennes s’embrasent, l’Allemagne connaît des agitations en
Hesse, Saxe et Hanovre, qui sont l’œuvre de la Burschenchaft, un réseau d’étudiants
patriotes, dont la devise Honneur et Patrie et le drapeau noir, rouge et or, vont servir
de symboles pour les révoltes futures. Mais très vite, la répression l’emporte. Seuls
les Belges, aidés par les monarchies libérales de France et du Royaume-Uni,
gagnent leur indépendance contre les Pays-Bas et se dotent d’une Constitution
libérale.

Si elles ont vu le rétablissement des monarchies en Europe, les années 1815-


1830 ont permis l’émergence, souvent douloureuse, des idées libérales et
nationales.

Libéraux : Partisans du maintien des libertés conquises en 1789.

II. L’échec des monarchies constitutionnelles en France (1814-1830)

Pourquoi les rois ont-ils échoué à s’adapter aux aspirations nouvelles ?

1) Une restauration pour effacer la Révolution

a) Louis XVIII et la Charte constitutionnelle.


En 1814, les puissances victorieuses de Napoléon Ier imposent Louis XVIII
sur le trône de France. Ce roi cherche un compromis propre à réconcilier les
Français et à imposer la paix. Dès juin 1814, il accorde une Charte
constitutionnelle. Elle garantit quelques grands acquis de la Révolution comme
l’égalité devant la loi et les libertés individuelles. Mais le suffrage censitaire limite
l’expression populaire car seuls les plus riches, capables de payer un certain
montant d’impôt (le cens), peuvent voter et être éligibles. La Charte rend au
catholicisme son statut de religion d’Etat. Elle est datée de la 19 e année du règne de Louis
XVIII, que celui-ci fait commencer à la mort de son neveu, « Louis XVII », en 1795.

b) Retrouver une place parmi les rois.


La Restauration souhaite faire oublier les passions révolutionnaires : le
drapeau tricolore est remplacé par le drapeau blanc, la Marseillaise est interdite.
Pour mieux affirmer la continuité de la monarchie française, les cendres de Louis XVI
sont ramenées à Saint-Denis, au milieu des siens. Pour retrouver sa place dans le
concert des nations, la monarchie française intègre la Sainte-Alliance (1818) et
participe à la répression des mouvements libéraux. Elle intervient en Espagne en
1823.

2) La Révolution : un passé toujours présent

a) Un climat politique tendu.


Deux courants politiques s’opposent au sein des assemblées. Les libéraux et
les républicains défendent l’héritage révolutionnaire face aux ultras qui, eux,
souhaitent pousser le roi à la contre-révolution. Les tensions s’amplifient à la
Chambre, notamment après 1825 et le sacre du nouveau roi, Charles X, à Reims
(frère de Louis XVIII). Celui-ci impose d’emblée deux lois qui le font apparaître
comme le protecteur assumé de ces deux piliers de l’Ancien Régime que sont
l’Eglise et l’aristocratie : la « loi du sacrilège » qui punit de mort les profanateurs
d’église et la loi « du milliard des émigrés » qui prévoit l’indemnisation des nobles
ayant fui pendant la Révolution et dont les biens avaient été confisqués.
L’apprentissage de la politique par le peuple se poursuit cependant par des
voies détournées. D’abord en chansons, dans les guinguettes et les cabarets, où les
ouvriers et les étudiants manifestent bruyamment leur liberté d’expression. Sur les
murs, dans la presse, les caricatures se multiplient. Dans les années 1820, les
enterrements d’opposants politiques, notamment des libéraux, deviennent l’occasion
d’affirmer ces idées car la liberté de manifester est interdite. On y défile en criant
« vive la République », on arbore des cocardes. Les souvenirs de la grande
révolution de 1789 restent encore très vifs chez le peuple.

b) « Les Trois Glorieuses ».


Point de passage : les Trois Glorieuses, pp. 64-65.

Problématique : Comment les Trois Glorieuses en 1830 montrent-elles l’attachement des


Français aux principes révolutionnaires ?

À la mort de Louis XVIII en 1824, son frère Charles X, très peu enclin au libéralisme, monte sur le
trône. L’étude cherche ici à montrer que la réaction des Parisiens aux tentatives de restauration de
l’ordre d’Ancien Régime par Charles X souligne l’attachement des Français aux principes
révolutionnaires.

Réponses aux questions Parcours 1 :


Question 1 : Les Trois Glorieuses sont des journées révolutionnaires qui se déroulent à
Paris du 27 au 29 juillet 1830, en réaction à la politique antilibérale du roi Charles X. Le 26
juillet 1830, ont été publiées dans Le Moniteur, journal officiel du gouvernement, cinq
ordonnances du roi Charles X, dans un climat de tension entre le roi et les parlementaires.
En effet, à la suite de la nomination par le roi, le 8 août 1829, aux Affaires étrangères, de son
ami d’enfance le prince de Polignac, fidèle mais incompétent, 221 députés de l’opposition
parlementaire ont protesté par une adresse solennelle, le 18 mars 1830. Le roi y a répondu
par la dissolution de la Chambre. Mais les nouvelles élections ont porté le nombre de
députés de l’opposition à 274. Le roi, considérant que la « sûreté de l’État » était atteinte, et
comme l’y autorisait la charte constitutionnelle de 1814, a alors décidé de publier les cinq
ordonnances qui ont déclenché les journées de juillet 1830, connues sous le nom de Trois
Glorieuses. Ces ordonnances, en rétablissant notamment la liberté de la presse et la
censure, et en réduisant le corps électoral, contredisent, en effet, les lois constitutionnelles et
violent la charte sur laquelle s’appuie le régime monarchique depuis 1814. Elles provoquent
donc un soulèvement libéral.
Question 2 : voir analyse d’une œuvre d’art
Question 3 : Les extraits du journal d’Henri Vienne (document 4) et la caricature (document
1) font écho au tableau de Delacroix et attestent de la vision qu’il donne des Trois
Glorieuses. En effet, la caricature et le tableau de Delacroix, montrent tous deux une foule
d’insurgés en armes, arborant le drapeau tricolore. Henri Vienne quant à lui témoigne de la
violence des combats qui apparaît également sur le drapeau de Delacroix, à travers
l’enchevêtrement des morts au premier plan notamment. Il confirme également la grande
variété, dans l’âge et les catégories sociales, qui caractérise les insurgés, que l’on peut
constater dans le tableau de Delacroix.

LeAnalyse d’une œuvre d’art : La Liberté guidant le peuple de Delacroix.

Analysez une allégorie : La Liberté guidant le peuple de Delacroix (1831)


Une allégorie est la représentation métaphorique d’une idée abstraite qui utilise des
symboles pour exalter un idéal, un sentiment.

1) Présenter le document
- nature et thème
- auteur : qui est-il et quelle est sa relation avec l’objet de l’allégorie ?
- le contexte : quelle est la date de parution ? Quel est le régime politique de
l’époque... ?
- le support : comment le document est-il diffusé
2) Décrire et analyser le document
- la scène et les personnages
- la composition, les lumières et les couleurs
3) Interpréter le document
- donner la signification de l’ensemble du document : quelle est l’intention de
l’auteur?
- Donner la signification de chaque partie et personnage du document
4) Estimer l’intérêt et la portée du document
- Comment a-t-il été reçu ? Quelle a été son influence immédiate ou plus lointaine ?
Quel a été le sort de son auteur ?
- En quoi ce document est-il significatif d’un courant de pensée, d’une époque…?

Corrigé :
1) Présentation.
Ce tableau monumental est une huile sur toile. C’est une allégorie politique qui
s’inspire de l’Antiquité, mais qui évoque un fait d’actualité, puisque ce tableau a été
peint en 1830 et célèbre la révolution parisienne des Trois Glorieuses (juillet 1830),
qui vient de renverser Charles X, nostalgique de l’Ancien Régime au profit de Louis
Philippe, plus libéral. Delacroix, d’origine bourgeoise et de formation classique est,
bien qu’il s’en défende, un des chefs de file de l’école romantique. Il est connu avant
1830 pour son engagement en faveur de la lutte des Grecs contre les Ottomans.

2) Description de l’œuvre
Au centre de la composition triangulaire, une femme solide brandit un drapeau
tricolore, armé d’un fusil et coiffée d’un bonnet phrygien. Elle franchit les restes d’une
barricade et entraîne derrière elle une foule en armes. A gauche, un homme armé
d’un sabre est un ouvrier des manufactures (béret, tablier protecteur); l’homme au
chapeau serait un chef d’atelier car il porte le pantalon large et la ceinture de flanelle
des ouvriers; le «gamin», un «Gavroche», coiffé du béret de velours des étudiants
parisiens et armé de deux pistolets, a une place importante, à côté de la femme. Des
hommes étendus, morts ou en train de mourir, occupent le premier plan. Les tons
chauds dominent; la lumière éclaire le premier plan, ceux qui continuent le combat
alors que l’arrière-plan s’embrase.

3) Interprétation de l’œuvre
La femme symbolise la Liberté guidant le peuple dans sa lutte pour la liberté et la
démocratie. Elle porte le bonnet phrygien qui rappelle la Révolution française et
l’affranchissement des esclaves dans l’Antiquité, le drapeau tricolore de 1789, refusé
par la Restauration mais qu’accepte Louis-Philippe. Les autres combattants
représentent les composantes du peuple parisien révolté : ouvriers, artisans et
étudiants bourgeois, tous ensemble pour sauver les acquis de la Révolution.

4) Intérêt et portée de l’œuvre


Ce tableau témoigne de l’irruption du peuple sur la scène politique lorsqu’il s’agit de
défendre ce qui a été gagné grâce à la Révolution, et l’engagement des peintres à
ses côtés. C’est donc une œuvre moderne qui montre le rôle joué par la barricade
dans les luttes urbaines. Cependant, Delacroix a été violemment critiqué par les
défenseurs de l’ordre qui ont vu dans ce tableau «une apologie de la canaille» ou
une «apologie de l’émeute». Ce qui explique qu’il ait été peu exposé au public
jusqu’en 1874, date à laquelle il a trouvé sa place au Louvre.
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En 1830, l’intransigeance du roi Charles X met fin au fragile équilibre. Le 26


juillet, il promulgue 4 ordonnances limitant les droits du Parlement et supprimant la
liberté de la presse. Il modifie le mode d’élection des députés pour s’assurer une
victoire électorale. Pour les libéraux, c’est un coup d’Etat et ils protestent contre le
retour à une monarchie autoritaire. Très vite, des émeutes éclatent et Paris se
couvre de barricades.
Les 27, 28, 29 juillet 1830, Paris redevient révolutionnaire. Devant le palais
des Tuileries, les insurgés affrontent les troupes royales. Les combats font près de
500 morts parmi les insurgés, mais Charles X est renversé. Une onde
révolutionnaire se propage alors dans toute l’Europe.

3) La monarchie de Juillet : une monarchie libérale (1830-1848)

a) Un régime parlementaire.
Le nouveau roi, Louis-Philippe Ier, tient son pouvoir du peuple : il prend le titre
de « roi des Français » et choisit le drapeau tricolore. Il s’inspire de la monarchie
parlementaire anglaise et prête serment sur la constitution (charte de 1814 rénovée).
Il garantit la liberté de la presse et respecte les droits du Parlement. Le montant du
cens est abaissé. Des libéraux entrent au gouvernement comme Adolphe Thiers ou
plus tard, François Guizot, alors que les ultras sont chassés du pouvoir.
Cette France au régime libéral accueille les révolutionnaires de toute l’Europe.
A Paris et en province, les exilés espagnols, polonais, italiens, allemands
poursuivent la lutte pour leurs libertés. A Marseille en 1831, le patriote Giuseppe
Mazzini fonde le mouvement Jeune Italie, dont le but est d’unifier l’Italie. Dans cette
effervescence, de multiples pensées politiques se rencontrent, qui appellent toutes à
une nouvelle révolution supprimant l’ordre de Vienne.
b) De trop nombreux exclus.
Mais le suffrage reste censitaire (240 000 électeurs pour 33 millions de
Français). Cette monarchie s’appuie sur les catégories sociales les plus aisées, des
notables, souvent grands propriétaires, qui profitent alors de la croissance
économique liée à l’industrialisation.
La grande majorité des Français reste donc exclue du vote. En outre, les
ouvriers sont de plus en plus nombreux mais ne voient pas leur situation s’améliorer.
Dès 1831 et la révolte des Canuts à Lyon, la bataille contre le régime se mène
autour de la question sociale (droits des ouvriers, salaires). Les insurrections se
multiplient dans les années 1830 et le roi est victime de plusieurs tentatives
d’attentats. Le régime adopte alors plusieurs lois répressives et devient plus
conservateur.

Ultras : Partisans d’un retour à l’Ancien Régime.


Constitutionnels : Partisans d’une stricte application de la Charte de 1814.
Trois Glorieuses : Nom donné à la révolution des 27, 28 et 29 juillet 1830.
Réaction : Le terme désigne une tendance politique qui s’efforce de rétablir un état de choses ancien.
Un réactionnaire est celui qui veut revenir à une situation politique et sociale qui existait dans le
passé. Au XIXe siècle, le réactionnaire souhaite un retour à l’Ancien Régime.

III. Le Printemps des peuples de 1848

Pourquoi « l’esprit de 1848 » est-il véritablement européen ?

1) Février 1848, le « feu aux poudres »


a) La révolution de février 1848.
Les réunions politiques restant interdites, les républicains organisent des
banquets partout en France pour faire entendre leur principale revendication, le
suffrage universel. L’interdiction du dernier de ces banquets, prévu à Paris le 22
février 1848, suscite des manifestations. Au cours de l’une d’elles, les soldats tirent
sur la foule. Le 24 février 1848, des barricades sont dressées dans toute la capitale.
Louis-Philippe préfère abdiquer. La IIe République est proclamée.

b) L’accueil des exilés.


En Europe, le retentissement est immense. Paris accueille généreusement les
exilés et les réfugiés politiques, comme Karl Marx et Giuseppe Mazzini. Ils y
développent une intense activité politique dans l’espoir de propager la révolution. Les
exilés polonais souhaitent, eux, que la France prenne la tête d’une intervention pour
libérer les peuples opprimés. L’effervescence gagne alors tout le continent.

2) Des révoltes émancipatrices


a) Une flambée révolutionnaire.
La révolution et le triomphe de la République à Paris donnent le signal d’une
révolte qui touche toute l’Europe. Dans les semaines qui suivent, en Italie comme
dans l’Ouest de l’Allemagne, les peuples contraignent les souverains à accorder des
chartes et à nommer des ministres libéraux.
Le 13 mars, l’Empire autrichien, gardien de l’ordre monarchique, s’enflamme.
Les étudiants viennois, puis les Hongrois, les Tchèques, les Croates et les Roumains
se soulèvent. Ils réclament des libertés et l’indépendance. La démission du
chancelier Metternich encourage Allemands et Italiens à s’émanciper eux-aussi.
En Prusse, le 18 mars, les Berlinois prennent les armes au nom de la liberté et
pour l’unité des Allemands. Pour la première fois, un Parlement représentant toute
l’Allemagne, élu au suffrage universel, se réunit à Francfort le 18 mai 1848. Il travaille
à une constitution pour créer une fédération. En Italie aussi, les patriotes croient
enfin l’unité possible. A Venise, Daniele Marin proclame la République. Avec l’aide
du Piémont et de près de 25 000 volontaires, les Autrichiens sont chassés de Milan
après une sanglante bataille, du 18 au 22 mars.

b) le rêve de fraternité.
En ce printemps 1848, un immense espoir mobilise toutes les composantes
du peuple : sur les barricades, les femmes, les ouvriers, les étudiants rejoignent les
bourgeois et prennent la parole. Dans cette communion fraternelle, tous sont
désormais égaux. Unis dans une grande ferveur, ils rêvent d’une Europe nouvelle et
fraternelle.

3) Des révolutions avortées

a) Un retour à l’ordre rapide.


Les victoires sont cependant fragiles. Face à ce large mouvement, l’empereur
d’Autriche, le roi de Prusse, le pape, ne parviennent pas à rétablir l’ordre. Pour
diviser l’opposition, ils concèdent des réformes et des Constitutions reconnaissant
les libertés individuelles. Les libéraux satisfaits des concessions quittent le
mouvement de contestation. En Autriche, ils refusent l’indépendance réclamée par
les Tchèques et les Hongrois. Les nationalismes se heurtent et, dès l’automne, les
insurgés, affaiblis par cette division, sont partout défaits. Les monarques recouvrent
leur pouvoir et conduisent les militants du printemps des peuples à la potence ou à
l’exil comme à Naples.

b) En Autriche et Allemagne.
La révolution à Prague est écrasée à la mi-juin. En octobre, l’armée impériale
reconquiert Vienne et disperse l’Assemblée constituante. Le rétablissement
monarchique en Autriche entraîne un retour à l’ordre partout en Europe. L’Autriche
limite l’influence de la Prusse en soutenant au Parlement de Francfort les partisans
d’une grande Allemagne. Elle empêche ainsi la constitution d’une Petite Allemagne
qui unirait les Allemands autour de son rival prussien. Dans l’impasse, le Parlement
de Francfort est dissous.

c) En Italie.
L’Autriche intervient pour faire obstacle à l’unité et récupérer ses Etats. Les
Piémontais sont contraints de rendre toutes leurs possessions et la réaction
antilibérale se propage de Naples à Rome, où le pape est rétabli dans ses Etats.
Malgré les contestations populaires, l’Autriche réussit donc à garder son influence et
son rôle de garant de l’ordre européen.

d) Des acquis durables.


Il existe néanmoins des acquis durables. Les constitutions sont maintenues
dans le Piémont et en Prusse. Les échecs sont analysés par les révolutionnaires.
Certains, comme Mazzini, renoncent à l’action armée, alors que d’autres, comme
Karl Marx et Friedrich Engels, développent l’idée que seule la lutte des classes
pourrait modifier l’ordre politique et social. Leurs idées rencontrent désormais des
aspirations plus larges à la liberté et à l’égalité. Soulevés par un même élan, les
peuples entrent en scène, ce qui inspire à Victor Hugo l’idée des « Etats-Unis
d’Europe » (1849).

Les révolutions européennes de 1848 expriment l’existence d’un fort


sentiment libéral et national au sein des populations, mais d’une incapacité
politique à le mettre en œuvre.

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