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RI 113

HISTOIRE POLITIQUE

Cours du 10 novembre 2023


«Le Congrès et l’Ordre de Vienne»

02/28/2024
02/28/2024
INTRODUCTION

PLAN DU COURS I – Le Congrès de Vienne


1) Contexte
«Le Congrès et l’Ordre 2) Les enjeux du Congrès de Vienne
de Vienne» 3) L’Acte final: une nouvelle carte de l’Europe

Mots clés: Concert européen – II – L’Ordre de Vienne


Confédération germanique – 1) L’ordre de Vienne et le Concert européen
équilibre des puissances –
hégémonie hiérarchique - 2) De la Sainte-Alliance à la Quintuple Alliance
Restauration – Sainte-Alliance
Quadruple Alliance – Quintuple
Alliance CONCLUSION

Architectes: Metternich (Autriche)-


Lord Castlereagh (Royaume-Uni)-
Alexandre 1er (Russie)-
Hardenberg et Humboldt (Prusse)-
Talleyrand (France)

02/28/2024
INTRODUCTION
• Rappel: Les sixième et septième guerres de coalitions:
«Les Britanniques ont profité de la campagne de Russie pour reprendre Madrid.
En 1813, une nouvelle coalition européenne se forme contre la France, afin de
profiter de son affaiblissement. Napoléon subit une défaite décisive à la bataille
de Leipzig de 15-19 octobre 1813 (la Bataille des nations) face à la Prusse,
l'Autriche, la Russie et la Suède, tandis que les Britanniques progressent en
Espagne. En 1814, les coalisés s'avancent sur le territoire français et Napoléon
abdique (la première abdication de Napoléon) le 6 avril et est exilé à l'île d'Elbe,
tandis que Louis XVIII, frère cadet de Louis XVI, est placé sur le trône de France.
En 1815, Napoléon débarque de nouveau en France («Vol de l’aigle») où son
retour est bien accueilli. Il chasse Louis XVIII du trône, ouvrant la période dite des
Cent-Jours. Il doit aussitôt faire face à une nouvelle coalition de l'Europe : celle-ci
remporte une victoire décisive à la bataille de Waterloo. Louis XVIII retrouve le
trône tandis que Napoléon est exilé à Sainte-Hélène, où il a décédé le 5 mai
1821».
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Jean-Baptiste Isabey, Congrès de Vienne, 1815
Pour une analyse de gravure voir,
https://www.rct.uk/collection/451893/the-congress-of-vienna

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Dépeçage de l’Europe
Les vainqueurs redessinent la carte de l’Europe.

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I – Le Congrès de Vienne
1) Contexte
• Fin de la Révolution française (mais pas la fin des idées révolutionnaires ; les
concepts – tels que souveraineté populaire - issus de la Révolution demeurent
sous-tendre et déterminer les relations entre les États et leurs peuples respectifs)
• Fin de la personnalisation du pouvoir étatique; l’apprentissage politique -
notamment en termes d’organisation politique;
• Emergence de résistance (souvent associée avec l’émergence du nationalisme; ça
reste à discuter puisque le nationalisme peut également être considérée comme
une conséquence dérivée de la Révolution française ) face à l’occupation;
• La dynamique politique n’est plus fournie par les dynasties, mais bien par les
Etats organisés, institutionnalisés;
• Fin de l’occupation de l’Europe par la France;
• Rétablissement de l’autorité des rois et des princes qui veulent «refermer la
parenthèse révolutionnaire» et ramener l’Europe à sa situation
prérévolutionnaire: c’est la Restauration

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I – Le Congrès de Vienne
1) Contexte (… suite…)
Prélude: Suite à la défaite de Napoléon en 1814, les forces de coalitions occupent Paris et concluent
avec Louis XVIII un traité de paix le 30 mai 1814 (Premier Traité de Paris). L’Article 32 de ce traité
prévoit l’organisation d’un congrès général à Vienne, à savoir la capitale de l’Autriche.
Les quatre vainqueurs se réunissent à Londres, en juin 1814. Ne parvenant pas à régler leurs
différends, ils se contentent de préciser, dans le traité de Londres du 29 juin 1814, que le Congrès
ne sera ouvert que lorsque les Quatre Puissances se seront entendues. Le processus ne se tarde pas
à relever les divergences, voire différends entre ces puissances.
But: imposer en Europe la légitimité monarchique face à la souveraineté populaire et reconstituer
l’équilibre en Europe.
Le congrès, qui commence en novembre 1814, réunit tous les États européens, sauf l’Empire
ottoman (pour l’intégration de ce dernier au système des États européens il faut attendre la Guerre
de Crimée de 1853-1856). Chaque État y envoie ses diplomates, ce qui fait que Vienne doit accueillir
une foule diplomatique. En outre, plusieurs diplomates accrédités, plusieurs groupes de pressions
qui cherchent à se faire prévaloir y envoient des représentants. La conséquence: Vienne devient un
centre de visiteurs diplomatiques; cette ville de 300.000 d’habitants accueille 100.000 de visiteurs.
Voir la citation à la page suivante: → → → → → → → → → → → → → → → → → → → → →

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I – Le Congrès de Vienne
1) Contexte (… suite…)
• «Avec le congrès de Vienne, tout confine à la démesure : sa durée – il siège de
novembre 1814 à juin 1815 et se conclut par la signature d’un Acte final le 9 juin –, le
nombre vertigineux des États qui s’y trouvent présents ou représentés – 216 États
dont deux empereurs, cinq rois et 209 principautés –, le nombre de personnes
présentes (500 diplomates accrédités auxquels s’ajoutent épouses, secrétaires,
domestiques, policiers, demi-mondaines…), l’importance de ses décisions – il
remodèle entièrement la carte de l’Europe – et ses coups de théâtre puisque c’est
durant son déroulement que prend place l’épisode des Cent-Jours (1 er mars-18 juin
1815). Avec ses séances officielles, ses conciliabules [négociations] de salons, ses
apartés, ses réceptions, ses revirements, ses célébrations en marge des discussions
politiques, mais aussi sa structure – il s’organise bientôt en commissions et comités –,
le Congrès inaugure aussi l’ère de la diplomatie professionnelle moderne ; l’on ne
s’étonnera donc pas que plusieurs diplomates contemporains – dont Henry Kissinger
qui dans son ouvrage Diplomacy lui consacre une réflexion aboutie et détaillée – se
soient intéressés à l’événement et lui aient consacré nombre d’ouvrages et articles».
(Marie-Pierre Rey, «Le congrès de Vienne, un outil diplomatique à réhabiliter» ?,
Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin, Vol. 2, N° 42, p. 23).

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I – Le Congrès de Vienne
1) Contexte (… suite…)
Anectode: Cette mobilité fait de Vienne une
capitale de loisirs, également. Car, pour occuper
cette foule, il a fallu créer, organiser des
concerts, des festivités, des courses, etc. Cet
aspect festif est exprimé dans une fameuse
citation de Prince Linge (un prince autrichien):
«Le congrès ne marche pas, il danse»!

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I – Le Congrès de Vienne
«Le congrès ne marche pas, il danse!»

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I – Le Congrès de Vienne
1) Contexte (… suite…)
• Résumé: «Au moment où les Alliés pénétrèrent en France, en janvier 1814, il était peu probable que les
armées françaises puissent parvenir à renverser la situation. Au mi-avril, après la campagne de France et sa
défaite annoncée, Napoléon fut éliminé du jeu politique : il abdiqua à Fontainebleau, le 11 avril, et partit
pour l’île d’Elbe qui lui avait été accordée par les vainqueurs. Ceux-ci avaient désormais d’ autres
interlocuteurs français : le gouvernement provisoire mis en place par de Talleyrand dès le 2 avril, puis la
lieutenance générale du comte d’Artois à la fin du mois et, enfin, Louis XVIII, début mai. Les nouvelles
autorités obtinrent la signature rapide du traité de Paris du 30 mai 1814. Au prix de l’abandon des
conquêtes de la Révolution et de l’Empire, sauf Avignon, le Comtat, une partie de la Savoie, Montbéliard et
Mulhouse, le territoire français fut immédiatement évacué, sans indemnité de guerre. Les vainqueurs
avaient placé leur volonté de reconstruire l’Europe au-dessus de la tentation, forte chez certains d’entre
eux, de châtier le vaincu.
• Aux termes de l’article 32 du traité de Paris (voir en bas), les conditions et détails de cette reconstruction
seraient fixés lors d’un « congrès général » devant se tenir à Vienne.
• En présence des représentants de tous les États européens (moins l’Empire ottoman qui se souhaita pas
être représenté) et sous la présidence du chancelier autrichien Metternich, la réunion commença en
novembre 1814 et s’acheva le 9 juin 1815, par la signature d’un Acte final. La France y fut admise et envoya
une forte délégation conduite par Talleyrand, qui parvint parfois à s’immiscer dans les principales décisions
préparées par une douzaine de commissions et obligatoirement approuvées par les quatre grands
vainqueurs de Napoléon, l’Autriche, Le Royaume-Uni, la Prusse et la Russie».
• Traité de Paris du 30 mai 1814: Signé après la première abdication de Napoléon, le traité fixait les frontières
de la France.

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I – Le Congrès de Vienne
2) Les enjeux du Congrès de Vienne
• Refermer la parenthèse révolutionnaire et restaurer les monarchies étant objectifs principaux les
enjeux du congrès peuvent se résumer comme le suit:

• « La ville de Vienne est choisie, lors du premier traité de Paris, pour sa position centrale en Europe
et en raison du rôle déterminant qu'a joué l'Autriche dans la victoire sur la France. Tous les
souverains, les princes ecclésiastiques et les gouvernements d'Europe sont représentés pour se
partager les dépouilles de l'Empire napoléonien. En réalité, seuls les quatre grands vainqueurs,
l'Autriche, la Prusse, la Russie et le Royaume-Uni prennent les décisions.
Dans les négociations, deux blocs se forment: d'une part, la Russie et la Prusse : la première
souhaite reconstituer, sous sa domination, le royaume de Pologne et la seconde entend étendre
son influence en Allemagne en s'emparant de la Saxe ; et d'autre part le Royaume-Uni et
l'Autriche. La première refuse l'extension de la puissance russe, au nom du nécessaire équilibre
des puissances continentales ; la seconde refuse l'emprise prussienne sur l'Allemagne.

• • La France de Louis XVIII est représentée par le très habile Talleyrand (Charles-Maurice de
Talleyrand-Périgord). Il profite de la mésentente des vainqueurs pour imposer la France dans les
négociations et lui redonner sa place de grande puissance. Le retour de Napoléon, pendant les
Cent-Jours, le prive cependant de sa légitimité ; il doit se contenter de préserver l'équilibre des
forces en Europe».

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I – Le Congrès de Vienne
2) Les enjeux du Congrès de Vienne (… suite…)
Précisons:
Redistribuer les conquêtes de la France révolutionnaire et impériale: Espagne, Portugal, Belgique,
Hollande, Hambourg, Dantzig, rive gauche du Rhin, royaume de Westphalie, Suisse, Piémont-
Savoie, Italie (dans sa presque totalité), Istrie, Dalmatie, Slovénie. Et il faut absolument restaurer
une communauté d'intérêt germanique, François I ayant renoncé, en 1806, à la couronne du
Saint-Empire.
La Russie: Reconstituer sous son autorité la Pologne toute entière: gardant la partie gagnée sur la
Prusse et obtenant l'ancienne partie autrichienne, quitte à ce que ces deux puissances trouvent
des compensations ailleurs (la Prusse en Allemagne, l'Autriche en Italie).
La Prusse: Garder sa partie de Pologne, de toute la Saxe. Au cas échéant (la perte de Pologne) ,
être payé (dédommagements).
L'Autriche: Remettre la main sur l'Italie, sans pour autant perdre une seule parcelle de Pologne
(elle craint une Russie trop forte, aux desseins évidents sur les Balkans).
Le Royaume-Uni: Encercler la France et l’empêcher à jamais de dominer l’Europe. La création
d'un royaume des Pays-Bas, agrandi de la réunion de la Belgique à la Hollande, et l'établissement,
sur le Rhin, d'une puissance allemande forte en illustrent le cas.
I – Le Congrès de Vienne
3) L’Acte final
• «Le congrès clôt ses travaux sans même attendre la défaite définitive de Napoléon 1er à Waterloo (18 juin 1815).
• – La Russie s'accroît de la plus grande partie de l'ancien grand-duché de Varsovie, transformé en un ’royaume de
Pologne ’ directement inféodé au tsar;
• – La Prusse reçoit la Poméranie suédoise, la Saxe du nord et surtout la Westphalie et la plus grande partie de la
Rhénanie;
• – L'Autriche met la main sur la Lombardie et la Vénétie, la côte adriatique (Illyrie et Dalmatie), le Tyrol et Salzbourg;
• – La mosaïque allemande est réduite de 350 États à seulement 39, réunis au sein d'une Confédération germanique;
• – La péninsule italienne n'est plus divisée qu'en sept États;
• – L'Espagne et le Portugal retrouvent leurs souverains, mais voient leurs empires coloniaux se disloquer peu à peu;
• – La Suède enlève la Norvège au Danemark, tout en concédant aux Norvégiens une très large autonomie (après
quatre siècles d’appartenance au Danemark)».
• – Le Royaume-Uni s'assure des bases stratégiques : Malte en Méditerranée, Heligoland dans la mer Baltique, Le Cap à
la pointe de l'Afrique. Il s'enrichit de quelques îles à épices enlevées aux Hollandais (Tobago, Ceylan, aujourd'hui Sri
Lanka) et aux Français (Sainte-Lucie, île de France, aujourd'hui Maurice).
• À ces tractations territoriales, l'Acte final du Congrès de Vienne ajoute quelques proclamations de principe
importantes : libre circulation sur les fleuves internationaux que sont le Rhin et la Meuse, condamnation de la traite
des Noirs» (force est de souligner qu’il s’agit simplement d’une affirmation de volonté; mais l’Acte n’a pas
officiellement abolit l’esclavage et/ ou la traite des Noirs).

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I – Le Congrès de Vienne
3) L’Acte final (… suite…)
Précisons:
• «L'Europe de 1815 est simplifiée par rapport à celle de 1789. De nombreux petits États disparaissent. Le
Royaume-Uni renforce sa puissance maritime en mer du Nord, en Méditerranée et dans l'océan Indien. La
Russie, qui conserve la Finlande, se partage la Pologne avec la Prusse. Cette dernière obtient aussi la Saxe et
la Rhénanie. L'Autriche annexe le Tyrol, une partie de l'Italie du Nord et la direction de la nouvelle
Confédération germanique qui regroupe les États allemands.

• • Les États limitrophes de la France sont renforcés pour créer des zones tampons. À ce titre, les Pays-Bas
reçoivent la Belgique et le royaume du Piémont obtient la Savoie et Nice.

• • Ces remaniements territoriaux satisfont avant tout les familles régnantes : les Bourbons sont rétablis sur
le trône en France, en Espagne et à Naples. Les sentiments nationaux ne sont pas pris en compte : les
Polonais et les Belges sont sous la domination de puissances étrangères ; l'Italie et l'Allemagne restent très
morcelées. Pour maintenir ce découpage parfois arbitraire, des alliances militaires sont signées, comme la
Sainte Alliance, conclue le 26 septembre 1815, entre le tsar de Russie, l'Empereur d'Autriche et le roi de
Prusse (puis le roi des Pays-Bas et le roi de France), ou encore la Quadruple Alliance (novembre 1815), qui
allie le Royaume-Uni, l'Autriche, la Prusse et la Russie.

• • Le Congrès de Vienne a ainsi permis de stabiliser la situation européenne : grâce à lui, l'Europe
du 19e siècle ne connaît pas de conflit de dimension continentale. Cette entente des princes porte pourtant
en elle les germes des guerres nationales à venir».

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La carte de l’Europe en 1815 (carte disponible sur:
https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/cartes/carte-de-
leurope-en-1815-apres-le-congres-de-vienne/
)

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La carte de l’Europe en 1815
L’ordre de Vienne: «une hégémonie partagée» (voir supra).

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II – L’Ordre de Vienne
1) L’Ordre de Vienne et le Concert européen
• L’Ordre de Vienne désigne l’ordre instauré par l’Acte final du Congrès de Vienne. Il s’agit d’un
ordre qui est fondé sur le principe de dynastie et qui partage l’hégémonie entre diverses
puissances. Cet ordre privilégie la sécurité du système lui-même, au lieu de celle des acteurs.
En outre, le principe de dynastie est restaurée. Ça désigne le fait que «la légitimité politique
est monarchique et dynastique, le régime défendu est absolutiste et le christianisme est au
premier rang des valeurs défendues (jusqu’en 1918, tous les traités européens commenceront
par la mention’ au nom du Dieu tout puissant’). De plus, la Sainte Alliance (voir supra) est
garante du statu quo à l’échelle européenne : après près de vingt ans de troubles
révolutionnaires, elle rejette a priori toute modification des frontières.

• Le Concert européen désigne «l’équilibre des puissances» issu des congrès et conférences
visant à maintenir la paix et la stabilité en Europe. Dans un sens plus large, il désigne la gestion
des relations internationales par les congrès, les conférences qui réunissent les représentants
des pays européens. Avant 1815 , les États se réunissaient après les guerres, pour négocier les
termes des traités, des partages, etc. A partir du Congrès de Vienne, ces conférences sont
tenues dans les temps de paix aussi, pour assurer la pérennité du système (voir:
https://ehne.fr/article/leurope-les-europeens-et-le-monde/organiser-le-systeme-international
/le-concert-europeen
).
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II – L’Ordre de Vienne
1) L’Ordre de Vienne et le Concert européen
• Le Congrès de Vienne, ensuite l’Acte final redessinent la
carte européenne et redéfinissent les rapports de force.
Dès lors, ce n’est plus le principe de souveraineté égale qui
définit la gestion des relations internationales. Plutôt, il
s’agit d’un partage de l’hégémonie aux divers degrés; c’est
un partage hiérarchisé. Tous les États n’ont pas les mêmes
rôles, ils ont encore moins de poids sur le fonctionnement
du système (ils ont plutôt de devoirs). Pour la contribution
du congrès à la diplomatie internationale, ainsi qu’à
l’émergence des organisations internationales, voir:
https://www.un.org/fr/chronicle/article/les-organisations-i
nternationales-du-congres-de-vienne-nos-jours
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II – L’Ordre de Vienne
1) L’Ordre de Vienne et le Concert européen (… suite…)

• Le partage des rôles: L’ordre de Vienne se compose de cinq


grandes puissances. L’hégémonie n’est pas partagée à pied
égal; l’ordre crée une hégémonie partagée suivant une
hiérarchie. Les puissances majeures de cet ordre, est le
Royaume-Uni et la Russie à l’ouest et à l’est du continent,
respectivement. Ces deux puissances ne dépendent pas des
alliances pour assurer leur sécurité. Alors que le Royaume-
Uni est une puissance hégémonique en termes maritime et
colonial, la Russie est en position d’établir son hégémonie sur
l’Europe de l’est, ainsi que sur toute l’Asie du nord. Ces deux
puissances ont également des intérêts en Afrique du Nord, en
Méditerranée et exercent puissance sur l’Empire ottoman.
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II - L’Ordre de Vienne
1) L’Ordre de Vienne et le Concert européen (… suite)
• Dans le fonctionnement du système, chaque État assume un rôle différent de celui des autres
et ce rôle doit être adéquatement satisfait/ accompli. Si ce rôle n’est pas proprement rempli/
joué, le système est susceptible de faire face à un problème de sécurité; sa sécurité peut être
mise en péril. – c’est ce qui constitue la logique de l’équilibre des puissances.
• C’est au RU que revient le rôle de garant de durabilité du système tout en protégeant les petits
États, d’assurer (et encourager même dans d’autres pays) les libertés constitutionnelles, de
promouvoir le commerce. On peut avancer que le RU s’érige un rôle de puissance souple (soft
power). Quant à la Russie, c’est à elle que revient le rôle de gendarme des monarchies de
l’Europe. L’Autriche joue le rôle d’équilibre entre la France et la Prusse, alors que ces deux
dernières s’engagent à préserver le statut quo face aux mobilisations révolutionnaires à
l’intérieur du continent.
• L’Acte final de Vienne instaure également des zones de tampons entre les puissances
hégémoniques. Leur neutralité est garantie par toutes ces grandes puissances, le but étant de
préserver les liens commerciaux, de poursuivre les intérêts politiques, et d’empêcher toutes
puissances de s’engager dans les actions susceptibles de mettre le système en péril. Provinces
Unis/ Pays-Bas, Luxembourg, Suisse en sont quelques exemples.
• Dans ce cadre-ci, la Sainte-Alliance est conçue en tant que suprastructure, garante du statut
quo européen.

02/28/2024
II – L’Ordre de Vienne
2- De la Sainte-Alliance à la Quintuple Alliance

• La Sainte Alliance est un pacte dirigé contre les


mouvements nationalistes et libéraux, apparus
après la Révolution française. Elle a un double
objectif:
• - faire accomplir et respecter les traités imposés;
• - établir l’obligation d’aller à l’aide d’un souverain
quand un mouvement révolutionnaire aura éclaté
dans son pays (droit d’intervention) – cette
obligation est légalisée par le biais des
conférences.
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II – L’Ordre de Vienne
2- De la Sainte-Alliance à la Quintuple Alliance(… suite…)
Pour le texte de Sainte-Alliance, voir: https://mjp.univ-perp.fr/traites/1815sainte.htm
Garante du statu quo à l’échelle européenne, la Sainte-Alliance est une alliance, instituée afin de mettre en place un
système d’entente et de concertation. C’est un pacte anti-révolutionnaire et prône le «principe de solidarité» entre
les monarchies.
«Le pacte primitif de la Sainte-Alliance, signé à Paris, le 26 septembre 1815, par les souverains d'Autriche,
de Prusse et de Russie. Dû à l'initiative du tsar Alexandre Ier, c'était une déclaration de principes par laquelle les
monarques s'engageaient à s'inspirer désormais, dans leurs relations, des préceptes du christianisme, et à se prêter
assistance mutuelle dans un esprit de fraternité. Une fois préparé, le pacte fut offert ensuite à l'adhésion des autres
chefs d'États.
La Sainte Alliance se transforme en Quadruple-Alliance avec la participation du RU, grâce à l'initiative de Castlereagh.
C'était essentiellement un traité défensif destiné à garantir les vainqueurs de 1815 contre toute velléité de la France
de répudier le traité de Paris ou de renverser la monarchie restaurée. Mais on y trouvait aussi l'ébauche d'une
organisation internationale : l'article 6 prévoyait des réunions périodiques « consacrées aux grands intérêts
communs » et au maintien de la paix. De là sortirent les grands congrès qui jalonnèrent la vie internationale au cours
des années suivantes». A cette alliance s’ajoute la France en 1818 (Quintuple Alliance), et cela, grâce aux efforts du
ministre des affaires étrangères de la France, le duc de Richelieu. Ensuite, les composants de l’alliance se penchent
sur la situation des souverains menacés en Europe, puisqu’une série de révoltes y éclatent successivement. A ce titre,
alors que l’Autriche intervient aux mobilisations en Italie et restaure les pleins pouvoirs du roi à Naples, la France
intervient en Espagne. Ces interventions sont légalisées lors de deux conférences: la Conférence de Troppau (auj.
Opava, République tchèque)(1820) et de Laybach (dans l’actuelle Slovénie) (1821).

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II- L’Ordre de Vienne
• Résumé:
• Le redécoupage de l’Europe:
• au nord, un royaume des Pays-Bas donné au prince Guillaume d’Orange, soutenu par le RU ;
• au nord-est, la Confédération germanique codirigée par l’Autriche et la Prusse ;
• à l’est, une Confédération helvétique à la neutralité garantie par les quatre grands ;
• au sud-est, le royaume de Piémont-Sardaigne rendu aux Savoie, placé sous la protection d’une Autriche
redevenue dominante en Italie ;
• au sud-ouest, enfin, l’Espagne et, en deuxième ligne, le Portugal, respectivement rendus aux Bourbons et
aux Bragance (la dynastie portugaise descendant de la dynastie Bourgogne; voir:
http://hortibus.blogspot.com/2010/05/les-derniers-bragances.html;
https://heritage.bnf.fr/france-bresil/fr/bragance-et-france-article)

• «Une œuvre importante et durable du congrès : un nouveau droit international


• À part ces marchandages territoriaux, le congrès prit d’autres décisions importantes dans plusieurs domaines
: il définit de nouvelles règles concernant la libre circulation sur les rivières et les fleuves européens, devenus
bien commun de leurs riverains et même de tous les États européens ; il toiletta le droit diplomatique avec
de nouvelles règles sur les rangs et préséances ; il parvint à un accord, certes imparfait, mais fondateur sur le
chemin de l’abolition de la traite des Noirs».
• Voir: https://www.napoleon.org/enseignants/documents/le-congres-de-vienne-cours/ et
https://www.assistancescolaire.com/eleve/4e/histoire/reviser-une-notion/1815-le-congres-de-vienne-4hte0
4
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CONCLUSION
• La création des États multinationaux malgré la
volonté des populations qui réclamaient leur
propre identité (cas de la Prusse et de l’Italie,
notamment); la vocation anti-révolutionnaire, la
montée des mouvements libéraux et
nationalistes (un effet irréversible de la
Révolution), mais aussi les divergences d’intérêts
entre les puissances qui le composent, ont
graduellement fragilisé et déstabilisé l’Ordre de
Vienne.
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