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Ramdane LASHEB

CCNA N TILAWIN
n lgirra
1954 - 62
CHANTS FEMININS
DE LA GUERRE
1954 - 62

Asqamu Unnig n Timmuz$a

2008
PREFACE

E tre femme kabyle durant la guerre d'indépendance


(1954-1962), dire les douleurs que l'on ressent, dire les
affres de la guerre, dire les multiples privations… Voilà à quoi ce
sont attelées celles qui ont composé les poèmes que Ramdane
Lasheb a eu la bonne idée de réunir dans cet ouvrage.
Tâche ardue car beaucoup de celles qui ont composé ces vers sont
décédées. Il fallait donc ''reconstituer'' ce qui en reste de leurs œuvres
auprès de celles qui sont encore vivantes et qui les ont mémorisés. Ce
qui n'est pas toujours évident.
Comme dans tout ouvrage relatif à la littérature orale, le chercheur
travaille avec les moyens de bords, c'est-à-dire avec ce qu'on a. C'est
ce qu'a fait Ramdane. Et le résultat est satisfaisant : 72 pièces
d'inégale valeur ont été recueillies.
Le corpus est assez représentatif de la catégorie dite ''poésie de
guerre''. Reste à savoir ce qui en sera fait. L'auteur s'est attelé à
traduire les poèmes en français et à les commenter dans une longue
présentation. Mais d'autres approches et analyses peuvent être
développées par d'autres chercheurs. L'essentiel est que l'auteur de
ce recueil a réussi à les happer des marges de l'oubli et les
transmettre. Car, combien d'œuvres de la littérature orale kabyle ont
été transcrites et combien d'autres sont perdues à jamais.
En Kabylie, il n'y a pas un seul village qui n'ait pas connu les
souffrances de la guerre, de la domination coloniale… Et on
rencontre dans tout village des hommes et des femmes qui vous
diront l'histoire locale, les événements qui ont eu lieu à telle ou à telle
date mais aussi les isefra n lgirra, 'les poèmes de guerre'. Ces
derniers sont essentiellement composés par les femmes. Et
beaucoup d'entres elles refusent d'assumer la propriété, pour ne pas
dire la '' paternité'', de ces œuvres pour maintes raisons autant
objectives que subjectives. Cette poésie existe encore mais elle n'a
pas fait l'objet de recueil exhaustif, ni d'études approfondies.
Exception faite au petit opuscule Chants de guerre I de P. Reesink

5
publié par le Fichier de Documentation Berbère sous le numéro 122
(1974), nous n'en connaissons pas d'ouvrage qui traite de cette
poésie. L'œuvre de Ramdane Lasheb est donc, sur ce plan, très
originale.
En lisant les poèmes recueillis, ce n'est pas seulement la guerre qu'on
y redécouvre mais la société kabyle sous le joug colonial. La
violence véhiculée par le verbe n'a d'égal que la violence subie
depuis près d'un siècle. Les Kabyles n'ont pas écrit l'histoire de la
conquête française au XIXème siècle. Ils étaient vaincus et c'est à
travers les œuvres des militaires ou autres fonctionnaires à l'instar du
colonel Robin, Berbrugger, E. Carrey… qu'ils ont appris ce qui s'est
réellement passé. La poésie orale n'a apporté qu'une infime partie des
récits de la défaite des At Dwala. Au sein de cette fédération
villageoise où les poèmes ont été recueillis, on n'a pas gardé de récits
ou poèmes relatifs à la destruction de leurs villages le 06 octobre
1856. Destruction qui scelle 'la chute' pour un siècle environ. Mais
dès février 1955, Krim Belkacem y installe un poste de
commandement à Tala-Khelil. Tamurt tbeddel wiyiv, le souhait
émis par Si Muhend lors de sa rencontre avec Ccix Muhend u Lhusin
est exhaussé. Une nouvelle génération est là. Elle s'assume et assume
sa destinée : mourir pour que d'autres puissent vivre en paix, en êtres
libres, en citoyens… Ce sont inexorablement les hommes qui font la
guerre, mais ce sont les femmes qui en subissent les conséquences.
C'est donc toute la société qui est prise dans le tourbillon de la guerre.
Les femmes ont alors délaissé les berceuses, les sauteuses, les izlan,
les chants du travail… pour dire la guerre à leur façon, à leur
manière. Et dans ce domaine, comme souvent dans d'autres, elles ont
excellé.
Le résultat est là : de beaux textes où affections, amours,
espérances… se lisent entres les ''lignes''. L'archéologie est le second
domaine d'action de Ramdane. Après les chantiers de fouilles en
France, en Suisse, en Irak… Ramdane revient dans son pays non
pour fouiller la terre et déterrer les squelettes des premiers Berbères
(des IbéroMaurusiens aux Capsiens), mais pour inventer une autre
archéologie, celle de la mémoire. Avec la technique de ceux qui font
le ''terrain'' et non les ''laboratoires feutrés et climatisés'', Ramdane a
réussi son pari : la poésie féminine de guerre, tout comme les At
Dwala et Tala-Khelil sont, désormais, inscrits dans l'histoire.

6
Ce qui peut être l'accomplissement des vœux des imjuhad qui lors de
la mort de la femme chez qui ils étaient réfugiés ont dit :
Ay atma maday i tt-nettu.
Di lka$ev ad tt-naru
Win d-yekkren ad d-yaf isem-is…
Poème que nous avons recueilli au village des At Bougherdan
(actuellement Assi-Youcef). Une variante de ce poème à été recueilli
à Tala-Khelil (c'est la pièce 44 de ce recueil). Coïncidence ? Non,
c'est autre chose ! Les Kabyles partagent tout : l'amour, la guerre,
mais aussi la poésie. C'est-à-dire la littérature.

Dr. Saïd Chemakh,


Tafsut 2007.

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AVERTISSEMENT

C e recueil de chants féminins de la guerre de libération


nationale est conçu à partir d'une série d'entretiens, de
collectes et d'investigations. Ces chants sont collectés
exclusivement dans un espace géographique limité au seul village
Tala-Khelil, de la commune de Beni Douala, dans la wilaya de Tizi-
ouzou. J'ai volontairement limité la collecte à ce village pour mieux
montrer la fonction historique de cette poésie : l'apport à celle-ci
pour l'écriture des évènements. Ainsi, mes informatrices sont toutes
du village Tala-Khelil et ont toutes vécu la guerre de libération
nationale. L'enquête sur le terrain m'a permis d'arriver à la
conclusion suivante : 80% du corpus (72 poèmes) a été recueilli de la
bouche des femmes qui exécutaient ces poèmes pendant la guerre.
Ceci est naturellement très important : l'authenticité de ces poèmes
est un élément indispensable à la fonction historique que ceux ci
remplissent. Les poèmes récités et chantés étaient enregistrés au
magnétophone au cours des années 90. Il a fallu plusieurs entrevues
avec mes informatrices pour arriver à en recueillir le maximum.

9
REMERCIMENTS

U n livre est l'aboutissement de la pensée et du travail de


beaucoup de gens, et je veux exprimer ma gratitude à
ceux qui ont contribué à l'élaboration du présent ouvrage.
Je tiens à remercier particulièrement ces femmes qui m'ont transmis
ces poèmes, sans lesquelles, cet ouvrage ne verra jamais le jour, dont
principalement :
- Lalla Taous, âgée de 83 ans en 1995.
- Ouardia n Cherif (fille de Lalla Taous), âgée de 57 ans. Quelques
années avant sa mort, j'ai recueilli auprès d'elle presque la moitié du
corpus.
- Zaina n Lhadj, femme de chahid (âgée de 64 ans), on lui doit aussi
une bonne partie des chants.
- Liasmin n Yidir, âgée de 71 ans en 1995.
- Lalla Fetta, mère de chahid si Hsen, âgée de 77 ans en 1995.
- Fatima Lhadj Salem âgée de 92 ans, décédée en 1998.
- Fetta Mouhed ou Lhoucine, femme de chahid Landri Mouhed Ou
Amar (commissaire politique au sein de l'A.L.N).
Je remercie aussi tout ceux que j'ai énuméré tout au long de ma
bibliographie, dont les expériences et les recherches m'ont permis
d'écrire ce livre.
Mes remerciement sincères à tous ceux qui m'ont aidé tout
particulièrement à faire d'un manuscrit un livre complet et à tout
ceux qui ont lu le manuscrit et qui ont fait des suggestions utiles tels
que Saïd Chemakh, Hocine Berrefane, Meziane Boulariah, Samir
Arkam, Moh Si Belqasem…
Je remercie aussi les employés du musée du Moudjahid de Tizi-
Ouzou pour leur précieuse aide ainsi que le HCA pour ses
encouragements et la prise en charge de la publication de cet
ouvrage.

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Ramdane Lasheb

PRESENTATION

L a poésie de la guerre de libération (1954-62) est l'une des


formes d'expression populaire de la littérature orale.
Celle ci est l'expression globale du groupe social, d'une
communauté. Elle traduit les préoccupations, les besoins, les rêves et
les valeurs d'un peuple. En quelque sorte elle est son miroir
authentique. Ceux qui ont exploré ce domaine, « sont unanimes pour
dire que là est concentré et que là, s'épanouit l'âme du peuple»1 . Ce
genre de poésie, préserve la mémoire de la communauté, et ce au fil
des années et des générations. Les dépositaires de ce patrimoine,
héritiers spirituels pour reprendre l'expression de Rabia2, constituent
des bibliothèques vivantes3 et un trésor inestimable pour les
chercheurs (ethnologues, anthropologues linguistes et autres)…
Seulement voila que, ces dépositaires qui savent encore la perpétuer,
en la vivant et en la faisant vivre, s'éteignent un par un et emportent
tout avec eux. Depuis le premier enregistrement de ces poèmes de la
de la guerre en 1992, plusieurs de nos informatrices sont mortes, en
emportant avec elles d'autres que nous n'avons pas pu sauver.
Confronté à la modernité, un ensemble de genre de littérature orale
est aujourd'hui en voie d'extinction, toutefois laissant apparaître
d'autres formes nouvelles comme l'écrit Chadli : « Il est certain que la
littérature orale est en train de changer, d'évoluer. Elle abandonne
certaines traditions, certains genres devenus inopérants (….) En
revanche, se développent d'autres genres de la littérature orale, plus
adaptés à l'évolution du mode de société que le monde connaît
aujourd'hui. Par ailleurs on peut considérer que la radio, la
télévision, la publicité et l'ordinateur, le multimédia de demain, sont
en train de construire et véhiculer de nouvelles formes d'oralité qui
vont de l'oralité savante (entretiens, débats, causeries programmes

1- J. Dejeux , La poésie algérienne de 1830 à nos jours, p.13, Publisud.


2- B. Rabia, Florilège de poésies kabyles, l'Odyssée.
3- A. Hampâté Bâ disait à propos des peuples à traditions orales : « En Afrique, lorsqu' un vieux
meurt, c'est une bibliothèque qui brûle''.

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Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

de cultures de haut niveau) à l'oralité populaire (variétés, jeux, shows


à grand public, sport théâtre boulevard, humour... » 4
Les conditions socio-anthropologiques et politiques qui ont permis
l'existence de la poésie de la guerre, sa diffusion et sa conservation,
se trouvent interrompues à l'indépendance du pays en 1962.
Aujourd'hui, seules celles qui ont participé à sa création et à sa
diffusion, peuvent encore les chanter ou les réciter. C'est pourquoi, la
collecte de ces poèmes s'est faite exclusivement auprès des femmes
qui les exécutaient pendant la guerre. L'éducation,
l'instruction obligatoire des enfants et l'accès des femmes
au monde du travail font que, « les mères ne sont plus au
même titre qu'auparavant transmettrices de savoirs. (…)
Ces savoirs féminins se perdent, la littérature orale …»5 . Ainsi,
leur fixation est plus qu'indispensable. Le passage à l'écrit est donc
nécessaire, non seulement, pour la sauvegarde, mais surtout pour le
développement et la promotion de notre culture : «De toute
évidence, la fixation graphique des œuvres a été déterminante dans
l'évolution des grandes littératures : russe, française arabe, anglaise,
espagnol,etc.»6

Approche anthropologique et politique


L'aire géographique de production de ce corpus de poèmes de la
guerre que nous proposons, est celle du village Tala-Khelil.
Il est aussi utile de rappeler la situation géographique du village où
sont créés ces poèmes et le rôle qu'il a joué pendant cette période,
pour mieux comprendre ce qui a engendré le nombre d'événements
qui, à notre sens, ont inspiré les femmes à produire ces poèmes.
Tala-Khelil est situé en contrebas, sur la partie septentrionale des At
Dwala, sur la rive gauche du barrage Taksebt, à une quinzaine de km
du chef lieu de wilaya de Tizi-Ouzou. Le village se trouve dans le
secteur 1 de la région 2, de la zone 3 de la wilaya III historique7, en

4- E. M. Chadli, Conte populaire dans le pourtour de la méditerranée, p. 60, Alif.


5- C. Lacoste-Dujardin, Des mères contre les femmes, p.318, La Découverte.
6- Y. Nacib, Anthologie de la poésie kabyle, p.69, Andalouses.
7- Le découpage territorial, lors du congrès de la Soummam, le 20 août 1956, est le suivant :
W. I : Aurès, W. II : Nord Constantinois, W. III : Kabylie, W. IV : Algérois, W. V : Oranie, W. VI :
Sud. Chaque wilaya est divisée en quatre zones, et chaque zone en quatre régions et enfin chaque
région est divisée en quatre secteurs (voir annexe n°4).

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Ramdane Lasheb

quelque sorte, il fait pont entre les deux régions 1 et 2. Le secteur 1,


celui de Beni Douala, a été baptisé par les maquisards, secteur « llah
irahmou », le secteur de la mort, à cause notamment de la mort qui
règne ou un bon nombre de maquisards ont été tué. Un chanceux qui
a fait le secteur de Beni Douala et qui a survécu à la guerre grâce à sa
blessure qui l'a conduit rapidement à sa démobilisation, disait de ce
secteur : « Nous savons bien que la mort nous guette quelque part
dans le maquis mais là, dans ce secteur, nous y partons pour mourir ;
lorsqu'un maquisard est affecté pour la première fois, avant de partir,
il fait ses adieux à sa famille comme si c'était la dernière fois.
Survivre au déluge de feu interminable est un défi en soi et relève
pratiquement de l'utopie. Il arrive qu'on nomme un chef de secteur le
matin et le soir on en nomme un autre. Parce que le premier est déjà
éliminé dans la journée : la mort est partout... ».
Dans son témoignage sur la bataille de Si Aissa, le maquisard Helli
Med Arezki dit Mouhend Arezki Amesbah, disait à propos de ce
secteur : « Le secteur de Beni Douala était baptisé par les maquisards
(secteur llah irahmou), secteur de la mort parce que la mort est
partout. C'est une région étroite, au relief découvert, à l'exception de
l'étroite partie orientale qui touche à la rivière. Elle est quadrillée par
de nombreux postes militaires, avec un accès facile aux différents
villages par des routes carrossables. Elle ne permet pas un bon
camouflage des maquisards, notamment lors de replis et lors des
accrochages. Le fait que la région soit proche du chef lieu de Tizi-
ouzou, les renforts de l'armée française sont rapides, cela n'arrange
pas les choses…. Le chef de secteur Oucharqi8, disait que « Dieu
l'accueille dans son vaste paradis, j'étais parti voir ma famille, je leur
ai dit, tant que je suis dans le secteur de Beni Douala, vous vous
considériez, comme étant, des orphelins… Ainsi, on affectait les
m a q u i s a r d s i n d i s c i p l i n é s , d a n s c e s e c t e u r.
Tala-Khelil, par sa situation géographique et le dévouement de sa
population, a abrité de grands chefs de la révolution. Ainsi, Krim
Belkacem et Mohammedi Saïd (Si Nasser), successivement chefs de
la wilaya III, ont tous les deux installé leur poste de commandement
( P. C ) , a u d é b u t d e l a r é v o l u t i o n à Ta l a - K h e l i l 9 .

8- Oucharqi : chef du secteur de Beni Douala.


9- Voir annexe n°1 : entretien avec le moudjahid Ahcene Marek, agent de liaison de Krim et de
Mohammedi Said, respectivement chef et adjoint de la wilaya III.

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Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

Le village a servi alors de refuge et de transit aux maquisards,


depuis le début de la guerre, jusqu'à son occupation par
l'arméefrançaise, en fin d'année 1959.
Les accrochages avec l'armée française sont nombreux, comme
l'atteste le nombre important de poèmes relatant ces événements.
Leur importance est relative au nombre d'événements qui se sont
déroulés au village et ses environs. Le plus important d'entre eux est
sans doute l'accrochage du 24 juin 1958, de l'officier Si Aissa dit
Lbandaoui qui s'est soldé par la mort de l'officier et onze de ses
compagnons du côté maquisards et deux du côté français :

Si Äisa

Nefreê yusa-d Si Äisa


Tfukkev a lmeêna
Tekfa trewla $ef tullas

Deg usiktur n At Dwala


Yusa-d d ajdid
Ad ten-id-ifizi s ôôûaû

Muê Aâmiruc a yetma


Mi yuli $er Larbâa
Idewweô-a$-d ameqyas

N$an lyuîna Aysa


Amgud n ççina
Ifna-ken leêzen a lerac.

Si Aissa

Heureux de l'arrivée de Si Aissa


Plus jamais
Les filles ne fuiront

Nouvellement affecté
Au secteur des At Dwala
Vaillamment, il le défendra

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Ramdane Lasheb

Oh ! Frères,
Mouh Amirouche monta à Larba
Contre ses frères, il se retourna

Ils ont tué


Si Aissa, l'élégant officier,
Les villages étaient en deuil.

La femme et la guerre
Contrairement à l'homme qui est souvent à l'extérieur, la
femme s'occupe du foyer et de l'éducation de ses enfants. Le
proverbe kabyle Tameîîut d llsas, argaz d ajgu alemmas « la femme
c'est la fondation, l'homme le pilier central », traduit très bien la place
qu'occupe la femme dans le foyer et dans la société kabyle (le foyer
est fondé autour de la femme). Par conséquent, elle est le maillon
principal par lequel se fait la transmission de la langue, des traditions
et de la littérature orale dans toutes ses composantes.
Pour la première fois, la passion pour l'indépendance et la liberté, se
traduit par la lutte armée (1954-62) avec l'implication du peuple tout
entier. L'engagement de la femme dans cette guerre est total. Ainsi, «
la wilaya III émerge avec une participation féminine très élevée :
35% des militantes pour 17,4% de la population »10. La wilaya de
Tizi-ouzou, occupe 73% de la W III11, soit 7119 militantes sur un
9815 que compte la W III. Si elle ne manipule pas ou peu les armes,
on la retrouve par contre impliquée dans d'autres secteurs, assurant la
logistique pour les maquisards. Elle est dans les renseignements,
dans les liaisons, elle soigne, elle s'occupe du ravitaillement et même
des refuges. Elle participe aussi, avec innocence à la propagande du
FLN12 par sa production de poésie de la guerre. Ainsi la femme est à
la fois l'agent principal de production et de transmission de celle-ci.
Les exécutions, le sang qui a coulé et les larmes qui sont versées ont
inspiré plus d'une. Devant cette tragédie, les femmes ont composé un

10- Dj. Amrane, Répartition des militantes de la guerre de libération nationale 1954-1962, in Awal,
pp. 3-4, (voir annexe n°2 ).
11- Source : Musée du Moudjahed de Tizi-Ouzou (voir annexe n°2) .
12- Benyoucef, Ben Khedda : Abane, Mhidi, leur apport à la révolution algérienne, Annexes,
extraits de la plate-forme de la Soummam, mouvement des femmes, pp. 144-145.

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Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

nombre de poèmes relatant la vie dans le village, les différents


accrochages et batailles avec des détails saisissants. Ainsi les
maquisards sont honorés et les ralliés sont blâmés :

Axabit

Win yellan d axabit


Ncallah leqder-is ye$li
Cfant ula d lxallat
Lbaîel ixdem ivelli
Ma yemmut ye$ba yisem-is
Ma yedder leqder ur t-isâi.

Le traître

Celui qui était un traître


Par la volonté de dieu, il serait sans honneur
Les femmes se rappellent
Du mal qu'il avait fait
Mort, son nom serait ignoré
Vivant, il serait sans honneur.

Cette poésie est née dans le contexte de la guerre et pour la


guerre. Elle est l'œuvre collective de femmes analphabètes. La
question : quelles sont les compositrices de ces poèmes ? Les
femmes de cette poésie, sont toutes unanimes pour dire d nekkenti
akk, « toutes telles que nous sommes». Bien qu'elles se reconnaissent
dans la production de quelques pièces (ce sont celles qui ont des
prédispositions à la poésie plus que d'autres qui les ont composées) et
elles affirment volontiers qu'elles ont contribué à sa diffusion, en les
chantant dans des occasions. Elles sont les principales émettrices.
Chaque village à ses poèmes. Leurs cadres d'exécution dépassent
rarement son aire géographique. Les pièces sont chantées ou
déclamées en solo ou en groupe. L'auditoire est en parfaite
communion et les poèmes sont beaucoup appréciés et admis.
Nous constatons que l'auditoire de l'époque n'est sensible qu'à une
fonction, celle du militantisme. Elle, le plus souvent de manière

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Ramdane Lasheb

instantanée offre un rôle politique de résistance : Celui-ci est un


moyen d'action que les femmes font innocemment pour mobiliser,
galvaniser et apporter un soutien moral aux résistants et aux troupes
dans ses luttes contre l'adversaire. Ainsi, « Un moudjahid qui entend
des youyous, des poèmes de la guerre, se prend pour un char d'assaut
capable de foncer bêtement sur l'ennemi ; l'aspirant «Aissa Blindé»
nous a avoué lorsqu'il entend des youyous, il perd la tête pour foncer
droit sur l'ennemi en tirant debout sur les positions ennemies»13.
C'est pourquoi, elles sont parfois utilisées à des fins politiques de
propagande pour développer la prise de conscience nationale : lors
des campagnes de sensibilisations, le responsable politique, fait
appel à ces femmes pour les chanter.
Ces poèmes apportent aussi un soutien moral aux familles des
maquisards, comme le montre ce poème :

Tilawin n yemjuhad

Tilawin n yemjuhad
Beôkemt iciddi n lfuva
Irgazen-nnkent deg wedrar
Lmitôayuz a tesqaqa
Öeppi ad kem-iûebbeô a yemma-s
Ad am-d-yawi lêuriya.

Femmes de maquisards

O ! Femmes de maquisards !
Cessez de vous lamenter
Vos hommes sont aux maquis
La mitrailleuse à la main
Dieu réconforte leurs mères
Ils sont engagés pour la liberté.

13- Djoudi Attoumi, Avoir 20 ans au maquis, p. 286.

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Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

Approche historique
Aujourd'hui, plus que jamais, la fonction historique prédomine. La
poésie de la guerre est importante, non seulement par son nombre,
mais aussi par ce qu'elle représente en tant que produit historique qui
servira l'histoire dans l'écriture des événements. « La poésie orale
kabyle de résistance, est une poésie historique, parce qu'elle prend
son origine, dans une historicité certaine, elle est née d'événements
historiques vécus »14.
La collecte des poèmes s'est faite exclusivement, auprès des femmes
qui les exécutaient pendant la guerre. Aujourd'hui, rare sont les
femmes, qui les ont conservés. C'est pour cela qu'on fait appel à
celles qui les ont vécus et chantés car il n'y a pas eu de transmission
avec la nouvelle génération, née pendant la guerre ou après
l'indépendance. «Ces poèmes conservent un statut privilégié, ils ne
sont récités et chantés que lorsqu'il s'agit d'évoquer une situation
historique marquante» écrivait Ben Brahim. Ils sont restés figés dans
leur temps, loin de toute manipulation. Ils sont restés authentiques,
ce qui fait d'eux un élément incontournable pour l'écriture de cette
histoire. La littérature orale en général et la poésie de la guerre en
particulier, deviennent donc l'auxiliaire de l'histoire : «…non
seulement, elle peut constituer un document historique, mais elle
peut être aussi, comme une production historique, comme une
histoire faite par ses producteurs»15, écrivait Lacoste Dujardin. Il
permet la description de l'évènement tel qu'il est vécu comme le
montre le poème suivant :

Laîak ikkren di ssaâa


Ay teqwa lmuta
Kul yiwen isriddim yeéri-s
Yiwen yuli tazemmurt
Yewwet-d $er tmurt
Di ssaâa idda leâmeô-is
Yelsa abeônus n lubaô

14- M. Ben Brahim , poésie orale kabyle de résistance, 1830-1962, in Actes de la table ronde en
littérature orale, OPU.
15- C. Lacoste-Dujardin, littérature orale et histoire, in Actes de la table ronde en littérature orale,
OPU.

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Ramdane Lasheb

Aqrab yeççuô d lakis


Wwin-t $er Laôebâa a ttqelliben tamurt-is.

Comme un éclair, l'accrochage


Fut meurtrie
Tout le monde fut touché
Sur un olivier, un rescapé
Riposta vainement
Car, il rendit l'âme sur-le-champ
Vêtu, de burnous de poils de chameau
Dissimulant ainsi, l'argent du front
A Larba16, on cherchait à l'identifier.

Structure des poèmes


La poésie de la guerre se présente sous plusieurs formes. La
longueur des poèmes n'a pas un nombre bien défini. Le nombre de
vers dans un poème va de six à une douzaine de vers et ne possède
pas non plus la même structure formelle que la poésie kabyle
classique17. Les règles de la rime et la syllabation ne sont pas toujours
respectées. Ainsi, elle est considérée, comme mineure et secondaire.
Contrairement à la poésie, dite noble (classique), la poésie féminine
de la guerre de libération nationale (villageoise) n'a pas suscité un
intérêt, bien qu'«elle soit aussi représentative de la réalité
socioculturelle vivante Kabyle» 1 8 , écrivait S. Chaker.

Lecture des poèmes


Le corpus de poésie annexé peut être subdivisé en trois
parties:
-La première partie, comporte un ensemble de poèmes relatant la vie
dans le village, dans le maquis et les événements qui s'y sont
déroulés du début de la guerre jusqu'à son occupation par les soldats
français, en fin d'année 1959, pendant l'opération Jumelles.
-La deuxième, est celle qui relate la période d'occupation du village.

16- Le chef-lieu des At-Dwala.


17- S. Chaker, Structures formelles de la poésie kabyle, Actes de la table ronde, OPU, p. 39.
18- Structure formelle de l'asefrou de Si Mouhend ou Mhend.

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Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

-La troisième partie comporte un nombre de poèmes dédiés aux


martyres du village.

1- Période (1954-fin 1959) :

Dés le début de la guerre, en février 1955, le village a abrité le P.C,


successivement de Krim Belkacem et de Mohammedi Said. Les
maquisards passaient et transitaient par le village. Le chef du front
les accueillait et les femmes s'occupaient de toute la logistique qui
suit : elles préparaient, servaient la nourriture, lavaient le linge,
apportaient les médicaments et soignaient … Les refuges dirigés par
Yemma Chabha et Wezna Amar, situés l'un à cote de l'autre, leur sont
réservés. Qui des maquisards de passage à Tala-Khelil ne connaît pas
Yemma Chabha ! Cette dame qui a fait de sa maison un refuge où on
peut se reposer, se soigner et reprendre des forces en mobilisant sa
fille et ses trois belles filles.
Il y'avait aussi, Fathma Rebbi, Sadia Ouaziane, Chabha Lamara19,
toutes responsables de ravitaillement. Elles ont sillonné les villages
au dépend de leurs vies pour les ravitailler, pour les renseigner, pour
leur apporter le courrier et pour leur procurer les médicaments… On
ne peut toutes les nommer ici, elles sont nombreuses ces femmes qui
ont occasionnellement, rempli une mission de logistique.
Ces moments sont consignés dans de nombreux poèmes dont deux
relatent l'arrivée et le départ des maquisards, la joie des femmes
lorsque ceux-ci rentraient et la tristesse lorsqu'ils repartent. Ils
arrivaient le matin et repartaient le soir ou le contraire (2ème poème).
Les femmes préparaient le repas dans la joie :

1- Laslama s yemjuhad
I d-yusan lewhi n ûûbaê
Hat aya izwar-d Si Ësen

19- Chabha n Lamara était responsable de ravitaillement. Elle était arrêtée à Tizi-Ouzou au moment
ou elle faisait les achats.Torturée, elle conduit les soldats au lieu dit Igoudiyen ou se trouvait un
abri. Ce jour-la, deux maquisards s'y réfugiaient. Ils sont enlacés et Ils sont conduits à Larba. Ils
étaient torturés puis tués.

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Ramdane Lasheb

Nekni neqeddec nfeôôeê


Mi d-ye$li yiv ad ôuêen
Yettru wul tasa tejreê.

Bienvenue aux maquisards


Qui arrivent vers l'aurore
Si Hsen20 en tête

Dans la joie, nous travaillions


A la tombée de la nuit, ils partiront
Et malheureuses, nous y sommes.

2- Laslama s yemjuhad
I d-yusan lewhi lâica
(…)

Mi d-yuli wass ad ôuêen


Yettru wul tasa tejreê.

Bienvenue aux maquisards


Qui arrivaient au crépuscule
(…)

Vers l'aurore, ils partiront


Le cœur serré et brisé.

Le chef de front Laribi Salem dit « Sagas » qui accueillait les


maquisards et qui s'occupait de l'action psychologique auprès de la
population avait aussi fait l'objet d'un poème :

D acu d lhejna a taôwiêt


Mi d-ibda Sagas tikli
Muêed Aôeéqi deffir-s
£er lêara n At Äli
Ssawlen -as a Feîîa
Ma ad tejmev legrup-a

20- Le martyr si Hsen Lasheb.

23
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

Maççi d Feîîa i ten- yugin


Ciwôet-d Mêed At Äli.

Ma vie, quel n'était pas ton deuil


Quand Sagas21 apparaît
Derrière lui, Mouhend Arezki
Vers la demeure des At-Ali
Ils appelèrent Fetta
Pour qu'elle héberge le groupe,
Fetta n'y peut rien
Demandez à Mhed de At-Ali

Les différents événements (accrochages) qui se sont déroulés


dans le village où à sa lisière, sont aussi relatés. Le premier
accrochage fut celui de Idemraoun où le chef du secteur de Beni
Douala et Larab Mouloud ont été tués.
Le moudjahid H. Marek dans son entretien racontait : «Suite à une
dénonciation, une section de soldats accompagnée par Revanchard22
est descendue spécialement à Tala-Khelil arrêter Mouh Arouji (le
chef du secteur de Beni Douala). Ce dernier, qui se trouvait avec
Landri Mouhend ou Amar et Larab Mouloud dans la demeure du
cheikh qui servait alors de refuge aux maquisards ont pris la fuite.
Quand les soldats arrivèrent au village, ils les ont aperçus au dernier
tournant et ils les ont suivis. Au cours de route, les soldats ont
rencontré Lhousin Mouhend Ou Saïd qui revenait des champs, ils
l'ont contraint à faire demi-tour. Ainsi, ceux qui ont pris la direction
d'Idemraoun, ont été poursuivis… En ripostant, ils ont pu tuer un
soldat. Défavorisés par leur position en contre bas, ils étaient tous
tués. Mouhend Wamar qui avait choisi un autre itinéraire, a eu la vie
sauve. Quant à Lhousin Mohamed ou Said il a été tué par les
soldats»23. Deux poèmes relatent cet événement, l'un dédié à Mouh
Arouji, l'autre à Larab Mouloud :

1-Ëzen a yiîij war ceôôeq


A yadrar ceqqeq

21- Le martyr, Laribi Salem, chef de front.


22- Revachon : est un rallié à l'armée française.
23- Voir annexe n°1.

24
Ramdane Lasheb
24
Si Muê Aruji yemmut
D Äli i ten-ibeggâen
Rran-t d laman
Imla ifeôôuoen n tsekkurt

Soleil ne te montre pas


Oh ! Montagne écroule-toi
Si Mouh Arouji est mort
C'est Ali
Leur confiant
Qui les a dénoncés

2-Lâeskar a d-yettiééif
Lâeskar a d-yettiééif
Yekka-d seg Idemrawen
N$an-d Lmulud Gidir
A lxetyaô n yergazen
Xas i$li ur yugad ara
In$a-d yiwen ger-asen
Ur ttrut ara a yatmaten
Ad $elten warraw-nnwen.

Haletant, les soldats


Haletant, les soldats,
Qui revenaient des Idemraoun
Ils ont tué, Mouloud ou Idir25
Valeureux des hommes
En tombant, il riposta
Tuant un parmi eux
Frères, ne le pleurez pas
Libres, seront vos enfants.

24- Mouh Arouji : est le premier chef de secteur, de Beni Douala.


25- Le chahid, Larab Mouloud.

25
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

2- Période, (fin 1959-1962) :

La politique de pacification mise en oeuvre par la section


administrative spécialisée (S.A.S) dont la principale mission était la
destruction des organisations politico administratives (O.P.A),
mises en place par le F.L.N après le congrès de la Soummam a
considérablement gêné le maquis plus que les ratissages habituels.
Les missions humanitaires, les soins et l'éducation ont eu un effet
psychologique et un impact important auprès des populations :

A taya lâeskar
A taya lâeskar
Ikka-d d ubrid n Larebâa
La iferreq lakasyun
Wi ihelken ad as-nerr ddwa
(…)

Voici les soldats


Voici les soldats
Les voila sur la route de Larba
Il distribue les allocations
Les malades seront soignés
(…)

La mission administrative à l'exemple des recensements et la


délivrance des papiers d'identités a fait que l'officier de la S.A.S
contrôlait tout le monde. Avec l'aide des harkis, il est renseigné sur
tout ce qui se passait dans les villages. Il sait qui est rentré, qui est
parti et où il a passé la nuit …
Malgré tout cela, les OPA du FLN ont résisté. Elles ont survécu grâce
notamment au sacrifice de la population. Celle-ci était souvent entre
l'enclume et le marteau, quoi qu'elle fasse avec l'un, ou l'autre, elle
est soumise à des représailles.
Le projet de pacification lancé par Robert Lacoste, mis en exécution
par les SAS, a échoué grâce au patriotisme du peuple. Oudinot,
l'officier de la SAS de Beni Douala, cet ancien capitaine des
parachutistes convertis, défenseur de l'Algérie française qui termina

26
Ramdane Lasheb

dans l'organisation armée et spéciale (L'OAS), s'est distingué surtout


par sa sauvagerie auprès des populations, comme le montre si bien
ce poème :

Ass n ttlata $ef tmenya

Ass n ttlata $ef tmenya


Mi d- ûubben
Yedda-d Udinu ar da
A jemmâen deg tilawin
Tid izeynen
£illen neffer lifellaga
A sse$layen deg yexxamen
Yexnunes leêrir d lfeîîa
Yettru wul, tejreê tasa

Mardi à 8 h

Mardi à 8 h
Descendirent les soldats
A leur tête Le capitaine Oudinot
Ils rassemblèrent les femmes
Trillant les plus belles
Pensent y trouver des fellagas
Ils détruisirent les maisons
Et déshonorèrent les femmes
Le cœur est blessé et serré

Le capitaine n'a jamais pardonné l'humiliation de l'opération


«Oiseau bleu», dite Plan Lacoste26 . Six éléments du village à leur
26- L'opération « Oiseau bleu » visait la création d'un contre maquis à opposer à l'ALN. Au printemps
1956, l'armée avait chargé le capitaine Hentic, un ancien d'Indochine, d'organiser une force K en
recrutant 300 faux moudjahidine kabyles. La DST, pour sa part, était intéressée par une opération
destinée à intoxiquer les moudjahidine.Un des inspecteurs, Ousmeur, chargea une de ses
connaissances, Tahar Achiche, de recruter les faux fellagas. Mais, sursaut patriotique d'Ousmeur, il met
au courant un de ses parents ayant des relations avec le FLN. Krim Belkacem, averti, autorise
l'opération à condition qu'elle soit contrôlée par Mohamed Yazouren, le futur colonel Si Saïd. Ainsi les
faux fellagas dont croyaient disposer les Français étaient en réalité de vrais moudjahidine. Ils reçurent
de l'argent, des équipements et surtout de l'armement : 400 armes de guerre et 400 fusils de chasse (…)
En 1956 dans la nuit anniversaire du 1er Novembre 1954, la force K simula un accrochage et tira sur les
soldats français. M. Keddache, Et L'Algérie se libéra, pp. 124-125.

27
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

tête Lakbal Rabah, faisaient partie de l'autodéfense (un contre


maquis) mise sur pied par le capitaine. Ils ont rejoint le maquis
comme prévu avec armes et munitions la veille du 1er novembre
1956, juste après le congrès de la Soummam.
Lors des descentes d'Oudinot au village, il ne cessait de rappeler à la
population cet événement : « Lakbal Rabah, à qui j'ai fait confiance,
m'a trahi. Personne ne m'a fait un coup pareil… j'aurai sa peau, il me
le payera cher ».
Le plan Challe pour la Kabylie débutera le 23 juillet 1959. Salah
Mekacher, officier de l'ALN et secretaire de wilaya III Historique
disait : Cette opération militaire a mobilisé plus de 380000 hommes
contre 9000 maquisards. Le principal objectif est la destruction des
wilayat par :
1-L'anéantissement de leurs forces de frappe que constituent les
katibats de l'ALN27
2-La mise hors d'état de nuire de la force du FLN qui se traduit par
l'OPA(l'Organisation PoliticoAdministrative).
3-Parfaire la pacification par l'instauration d'une nouvelle force
appelée L'Autodéfense devant préfigurée une troisième force
politique.
L'opération Jumelles fut l'occasion pour Oudinot de se venger.
Ainsi, Tala-Khelil était sa première cible dans le secteur de Beni
Douala. Au début de cette opération, les militaires ont investi le
village, ils occupèrent deux demeures, l'une, en haut à l'entrée du
village et l'autre en bas à l'extrémité. Ils fouillaient les maisons,
détruisaient les biens et les rares denrées alimentaire qui se
trouvaient (huile, semoule). Ils rassemblaient les villageois, les
obligeant à rester debout des heures durant. Ensuite, en trillant la
population, ils faisaient des prisonnières et réquisitionnaient d'autres
pour les différentes corvées dans la maison de Mouh Lamara. Cette
campagne de terreur est poursuivie de tirs d'obus sur les maisons
isolées à partir du poste militaire de Tamazirt (Irdjen). Ensuite, le
capitaine Oudinot entre en scène en réaffirmant son projet de
pacification, rejeté plusieurs fois par les habitants. « Cette fois ci,
vous allez accepter de travailler avec nous, sinon ce village sera rasé

27- Salah Mekacher, officier de L'ALN, secrétaire du PC de la Wilaya III (1961-1962), l'opération
Jumelles, conférence donnée lors de la commémoration du 33ème anniversaire du décès du colonel Si
Mohand Oulhadj 02/12/2005. Archive du musée du moudjahed Tizi-ouzou.

28
Ramdane Lasheb

de la carte…», disait-il lors d'un rassemblement de la population du


village. Sous la menace des représailles, les quelques vieux qui
étaient encore en vie ont décidé d'arrêter cette tragédie et d'adhérer
au projet :

Ass lexmis taûebêit

Nekker-d nufa-d lipara


Yusa-d mmi-s tôumit
Ijmeâ-d akk taddart meôôa
Lmulud iîîef ajenwi
S imawlan lifellaga
A ttcuddun di tmeêbas
S axxam Muê Laâmara
D Feîîa Muêed u Lêusin
Liminuî $er-s i d-tebda
D Zayna Muê Äacur
Aqadum am llamba
D acu d lhejna a taôwiêt
Mi kemmlen lalla Feîîa
Wwin xemsa d akessar
Ad sqecrent lbaîaîa
Ma d Si Muê iffe$-it leâqel
Yugad ad t-rnun netta
Yu$al tnejmaâ taddart
Yyaw ad nekfu-t cedda
Inîeq-d yiwen28
Kkemmlet ur ttagadet ara
Inîeq-d wayev29
Nekk d afrag $ef lâamma
£ef yemjuhad mi slan
Si Ësen, a yettru am lehwa.

28- Le vers original comporte un nom d'une personne (rallié).on l'a volontairement remplacé par
yiwen.
29- Idem.

29
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

Le jeudi matin

Au réveil, nous étions encerclés par les paras


Les soldats ont réunit les villageois
Mouloud, saisit un couteau
Qu'il pointa au visage des familles
Ils faisaient des prisonnières
Dans la demeure de Mouh Lamara30
Au village, Feta Mouhed ou Lhousin31
Fut la première, menottée
Et, Zayna Mouh Achour32
Au visage rayonnant
Le comble,
Quand fut le tour de Lalla Fetta33
Cinq d'entre elles
Furent désignées pour la corvée des patates
Quant à Si Mouh, il a perdu la raison
A peur de faire parti du groupe
Alors, le village s'est réuni
Acceptons la réédition
Un rallié s'adressa aux soldats
Continuez votre besogne, ne cédez pas
Un autre, malgré sa réédition, dit alors
Moi, je servirai de barrière
Lorsque les maquisards apprennent la nouvelle
Si Hsen s'est mis à pleurer

Les paras ont fait place aux soldats de la SAS et un poste


militaire fut installé au village à la fin de l'année 1959. Ainsi, les trois
demeures qui seront utilisés étaient déjà choisies :
- L'une à l'entrée nord du village, appartenait à Mouh Lamara, elle
servira de PC au chef de poste.
- la deuxième, située au milieu du village, appartenait à Mouhend

30- Le nom du propriétaire, de la demeure ou se sont installés les soldats Français


31- Epouse du martyr, Landri Mouhend Wamar, commissaire politique au sein de l'A.L.N.
32- Epouse du martyr, Laribi Mouhend ou Ramdhan.
33- Mère du martyr, Hsen Lasheb.

30
Ramdane Lasheb

Amezyan ; Elle servira à la surveillance des pentes Est du village et


celles des at. Khelfoun. La troisième, située en haut, surplombant le
village, appartenait à Idir n Amar, elle servira à la fois de poste de
garde, de prison et plus tard d'école d'alphabétisation (campagne de
pacification). Deux postes avancés sont aussi installés sur la route
nationale n° 30 respectivement à Lqahoua n Wasif pour surveiller le
pont qui lie lesAt Douala auxAt Iraten et un autre à Bounsisen, à côté
de l'huilerie desAt LhadjAmar.
Les femmes arrêtées sont interrogées et torturées. La torture
était systématique et les interrogatoires furent très poussés. Ainsi,
l'électricité (la gégène), la baignoire et l'humiliation de tout genre
étaient les procédés auxquels les tortionnaires faisaient recours.
Le supplice durait quelques fois jusqu'à la mort. Ainsi, la mère du
chahid Mouhend Wamar Lakrib a été arrêtée, torturée au village dans
la demeure de Mouh Lamara jusqu'a la mort. Pendant plus d'un mois
les tortionnaires d'Oudinot lui ont fait subir l'impensable et elle finit
par succomber aux supplices. Avant de mourir, les soldats en la
dissimulant sous un burnous la transportèrent à dos d'âne de la
demeure de Mouh Lamara à celle d'Idir n Amar pour en finir. A l'insu
de la population, les soldats d'Oudinot la jetèrent à Tigertiche, en
contre bas du village. On la découvrit qu'après quelques mois
lorsque le couvre feu fut levé. Les gens sortirent ramasser les olives
et découvrirent le cadavre de cette femme. On l'identifia grâce à sa
robe. Peu de femmes parmi celles qui ont été torturées acceptent
aujourd'hui de témoigner. Presque un demi-siècle depuis que cette
tragédie a eu lieu, les femmes torturées ont du mal à s'extérioriser, à
parler des souffrances et des supplices qu'elles ont subis pendant
cette période de la guerre. Elles sont encore brisées. Celles que nous
avons approchées et qui ont accepté de parler faisaient recours à la
censure. Par pudeur, certains faits sont passés sous silence.
Ainsi, les supplices auxquels les soldats font recours pour faire
parler les détenus sont relatés dans ce poème :
Aql-iyi di Larba
Cudden-iyi s imi umetraê
Üabun, aman iêman
Trisiti ad tqeddaê
£ef udem-im a loic tiêrar
Nttewwet ur d-nenni ûûaê

31
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

Me voici à Larba,
Attachée à un lit.
Torturée à l'eau savonneuse
Et à l'électricité.
Pour toi ma patrie,
Nous ne t'avons pas trahie.

La tragédie continue, les femmes sont réquisitionnées pour


les travaux d'aménagement des routes avec les gens desAit Bouali :

Melt-iyi
Melt-iyi wi sen-ixedmen ibarden
Baxlaf s at acrin nesna
Melt-iyi, aked i t-xedmen
Aked imôabven ufella
(…)

Dites moi …
Dite moi qui, on a fait travailler
Que des jeunes femmes
Et les gens des At Bouali
(…)

Après les travaux des routes et chemins, les femmes ont été aussi
réquisitionnées pour barricader le village :

£er Tala-Xlil

A yemma i wer neêdiô


R Tala-Xlil i d-ûubben
Yyamt a tilawn ad téarbemt
D Mingu i d-yezwaren
Imjuhad mi akken slan
I lexbaô d-ittawven
A Tala-xlil azizen
Acu $ -iûebôen fell-am

32
Ramdane Lasheb

Vers Tala-Khelil

Heureux ceux qui n'étaient pas présents


Lorsque les soldats assiégèrent Tala-Khelil
Oh femmes ! Venez barricader le village
C'est Mingou34 qui les guidait
Quand la nouvelle arriva au maquis
On entend sur toutes les bouches :
O Tala-Khelil chérie !
Comment peut-on s'en passer de toi ?

Le village est alors barricadé, un groupe d'hommes qu'on a


armé, constitua l'auto défense. Le projet tant cher à Oudinot est en
voie de réalisation.
Pendant toute la période de l'occupation du village, les maquisards
qui étaient traqués par l'ennemi, surtout pendant l'opération
jumelles, ont toujours bénéficié de la complicité des villageois, ils
rentraient même voir leurs familles. Malgré la pacification du
village, les habitants continuaient à apporter un soutien au maquis :
ils leur font la collecte d'argent, les ravitaillaient et surtout ils les
renseignaient... De tous ceux qui se sont ralliés, trois seulement ont
failli. Deux sont tués par les maquisards sous le nez même de ceux
qu'ils servaient, sans toutefois leur venir en aide. Le premier était
garde champêtre avant la guerre. Contacté par les maquisards pour
travailler avec eux, il a refusé sous prétexte qu'il va s'occuper de ses
enfants. Il quitta le village pour Alger. Seulement quelques temps
après, le capitaine Oudinot le contacta pour reprendre sa fonction de
garde champêtre. Il accepta l'offre du capitaine. Les maquisards ne le
lui pardonnèrent pas. Ils l'enlevèrent à son retour de Tizi-Ouzou à
Asif Ougemmoun, à quelques centaines de mètres d'un poste de
garde. Ils le tuèrent le jour même. L'autre, était appréhendé et tué par
les maquisards à quelques dizaines de mètres en bas du village. Le
troisième, réputé par ses activités humiliantes a été arrêté à
l'indépendance et emprisonné. Il moura, quelques mois après sa
sortie.

34- Mingou : est un ancien maquisard du village Taboudrist, qui s'est rallié à l'armée française.Il est
connu surtout par son racketage auprès des populations des At-Douala.

33
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

La situation dans le village est des plus bouleversante, la


population est sous mise à un couvre feu :

£ef wasmi bdan tiyita n tewwura


Terkeb-a$ tawla
Ye$li-d $ef medden yeémi
Si lme$reb ulac tuf$a
Ula $er berra
Ula d lamba texsi

Le jour où on frappait aux portes


Nous tremblions de peur
Les gens sont peinés
Du coucher du soleil, on ne sortait pas
Même au devant de la porte
Et les lumières étaient éteintes.

Les habitants (les femmes) sont soumis à une autorisation de


sortie pour faire la cueillette des olives et des figues. Quand ils
l'obtiennent, c'est pour quelques heures et on les fait surveiller par les
soldats et les gardes d'auto défense.

A win iweêden Öebbi35


Iweêed-it deg ôeéq-is
Lizriz ihuz-it wavu
£lin ula d afriwen-is
Azemmur irka di tseîîa-s
Qqesêet zzit-is
Tazart terka di lqaâa
Ur tu$al s iferrugen-is
(…)
Oh, croyants !
Au bien divin
Le cerisier, abandonné
A perdu toutes ses feuilles
Sur les branches, les olives sont pourries

35- Le poème est attribué à Lyasmin n Mhed.

34
Ramdane Lasheb

Amère, fut son huile


Par terre, les figues,
Sont toutes pourries.
(…)

La vie dans le village n'était plus ce qu'elle était avant. La joie


de vivre avec les maquisards est remplacée par la vie humiliante avec
les soldats d'Oudinot :

Tala-Xlil taddart iûren


Yak tura tefvaê
Asmi llan yemjuhad
Nezga nezha nefreê
Tura d lâeskar n Uduni
Di tala a $-iceîîeê.

Tala-Khelil, qui faisait honneur


Maintenant déshonoré.
Quand les maquisards s'y réfugiaient,
Nous étions toutes heureuses.
Maintenant que, Oudinot l'a envahi,
A la fontaine, nous sommes humiliées.

Le maquis est de plus en plus isolé des villages. Les


maquisards sont coupés de la population et la communication avec
les siens est impossible :

La xezzôa$ deg lâemô-iw


Tâus-iyi-d ôajima
Ur éri$ imawlen-iw
Slam-iw i zwao leêlal
I yam -d-ooi$ d arraw-iw.
Me voila au maquis
Je méditais sur ma vie
Encerclé par un régiment
Je n'ai pas pu voir ma famille
Ma femme, je te salue
Prends soin de nos enfants.

35
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

3- Poèmes dédiés aux martyres :

De nombreux poèmes sont dédiés aux martyrs du village qui


sont tombés au champ d'honneur pour l'indépendance de l'Algérie.
Leurs noms, leurs statuts familiaux, les circonstances de leurs morts
sont souvent évoqués :

I$av-iyi Muê n Wakli


Immut ur d-iooi arraw-is
(…)
Mi t-id-fesren di Larebâa
Tafamilt-is di lêank-is

Douloureuse, la mort de Mouh n Ouakli


Qui n'a pas laissé d'enfants
(…)
Quand il fut exposé sur la place à Larba
Sur sa joue, son nom est inscrit

Le poème dédié au martyr36 est aussi destiné à la famille pour


apaiser la douleur et l'aider à faire le deuil :

Laslama s yemjuhad
Anda teooam Si Ësen
Si Ësen, a taya ar deffir
Ad d-iddu d imeqqôanen
Rebbi ad kem-isebbar a yemma-s
Yemmut d a$rib i t- mevlen

Bienvenue aux maquisards


Où est Si Hsen ?
Si Hsen arrive,
En compagnie des chefs
Que Dieu console sa mère
Loin de chez lui, Il fut enterré

36- Le village compte une trentaine de marthyres (voir annexe n°3).Un seul membre de l'ALN a
survécu à la guerre : Lounas Mohammed dit Mhed.

36
Ramdane Lasheb

Répartition des poèmes dédiés aux martyres du village


Tombe aux champs Cité dans le
N° Nom du martyre
d’honneur Poème n°
Mars 1956 a Tala-
1 Larab Mouloud 21
Khelil
1957 Tala-Khelil
2 Lakbal Ahcéne 75
(Tasift)
40-41-42-43-
3 Labdi Mohammed 1957
57-58
4 Lakbal Chabane 1957 à Taqrart 37-38-75
5 Latab Akli 1958 à Tizi Hibel 39
Laribi Mohammed ou
6 1958 à Tala Guilef 44
Ramdane(Hemmou)
7 Lachlili Mohamed Ou Said 1958 à Tamazirt 62
24 /06/1958
8 Laribi Salem (Sagas) 04
accrochage de Si Aissa
9 Landri Ouardia 1959 à Tala-Khelil 45
10 Laceuk Mokrane 1959 àTala-Khelil 46-47-68-76
11 Laoues Hocine 1959 50
12 Larab Mohammed 1959 à Frikat 49
13 Lakbal Rabah 1959 à Bejaia 37-60-75
14 Lakrib Mohamed ou Amar 1960 à Ait Helli 65
2-10-23-25-
15 Lasheb Ahcéne 1961 à Ihesnouen 51-52-53-54-
55

Lorsqu'on annonça le cessez le feu, l'Algérie est


indépendante, les gens sortaient dans les rues exprimer leur joie. Au
village, on improvisa un défilé. Ainsi, les familles de chahids à leur
têteAkli ou Yakoub, père de trois chahids forment la tête du cortége :

Ass aseâdi

A yass aseâdi
Assen mi d-nnan tefra lgirra
Feôêent lmuluk deg yigenni
Rnant tid n lqaâa
Lexbaô iwwev adrar
Lzzayer teffe$-itt Fôansa.

37
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

Le beau jour

O le beau jour !
Quand on annonça le cessez le feu
Au ciel, comme à terre
Les anges étaient en fête
La nouvelle arriva au maquis
L'Algérie est indépendante.

38
POEMES
Ramdane Lasheb

01-A win isan ul ivafen

A win isâan ul ivafen


£ef warrac yeff$en
D imsebblen di kulci

Ooan ixxamen-nnsen
Seg wul zeddigen
Lêan i îîlam, tiziri

£ef uvar i leêfa


Iqubel Fôansa
S ribulbiô d lfuci

Aôumi izwar licaô


Labyu la teîîafaô
Iâuss tamurt d yigenni

Inselmen mi tt-undin
Seddaw tzemrin
Kul aâbaô ad isse$li

A wedris êader s liser


Ad iffe$ lkafar
Si tmurt n Lanjiri.
01- Qui pouvait avoir un cœur sensible ?

Qui pouvait avoir un cœur sensible ?


Pour les jeunes,
Qui ont tout sacrifié.

En volontaires,
Abandonnant la famille
La nuit, ils marchent.

A pieds,
Avec un revolver et un fusil
Ils affrontent les soldats.
41
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

Le France avec ses chars


Et ses avions
Surveilla la terre et les airs.

Derrière les oliviers,


Les maquisards, embusqués
Tirent sur les soldats

O Wedris, saint protecteur


De grâce, que le mécréant
Quitte l'Algérie.

-----

02- Lâeslama s yemjuhad

Lâeslama s yemjuhad
I d-yusan lewhi n ûûbaê
Hat aya yezwar-d si Ësen
Nekkni nqeddec nfeôôeê
Mi d-ye$li yiv ad ôuêen, tamurt ad tt-beddlen
Yettru wul, tasa tejreê.

02- Bienvenue aux maquisards

Bienvenue aux maquisards


Qui sont arrivés à l'aurore
Voici, qu'arrive Si Hsen
Toutes contentes, nous travaillons
Ils partiront à la tombée de la nuit
Et le coeur saigne.

-----

03- Lâeslama s yemjuhad


Lâeslama s yemjuhad
I d-yusan lewhi n lâica

42
Ramdane Lasheb

Deg uzal ôafijin


Nekkni nqeddec i tme$ra
Mi yuli wass ad ôuêen
Yettru wul, tejreê tasa.

03-Bienvenue aux maquisards

Bienvenue aux maquisards


Qui sont arrivés au crépuscule
La journée, ils se réfugient
Toutes contentes, nous travaillons
A l'aurore, ils partiront
Et le coeur saigne.

-----

04- Üagas

Acu d lhejna a taôwiêt


Mi d-ibda Sagas tikli
Muêed Aôeéqi deffir-s
£er lêara n At Äli
Ssawlen-as a Feîîa
Ma ad tjemâev legrup-a
Maççi d Feîîa i ten- yugin
Ciwôet-d Mêed At Äli.

04- Ma vie, quel n'était pas ton deuil

Ma vie, quel n'était pas ton deuil


Quand Sagas apparaît37
Derrière lui, Mouhend Arezki
Vers la demeure des At Ali
Ce n'est pas Fetta qui ne les veut pas
Demandez d'abord, l'avis de Mhed At Ali.

37- Sagas : Laribi Mohemmed, chef du front, tué en 1958.

43
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

05- Tilawin n yemjuhad

Tilawin n yemjuhad
Beôkamt iciddi n lfuva
Irgazen-nnkent deg wedrar
Lmitôayuz a tesqaqa
Öeppi i ad kem-iûebbeô a yemma-s
Ad am-d-yawi lêuriya.

05- O femmes de maquisards !


O femmes de maquisards !
Cessez de se lamenter
Vos hommes sont aux maquis
La mitrailleuse à la main
Dieu console sa maman
Il est parti pour la liberté.

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06-Tilawin n yemjuhad

Tilawin n yemjuhad
Beôkamt ahuzzu n wammas
Irgazen-nnkent deg wedrar
Nn$an xemsa deg yiwen wass.

06- O femmes de maquisards !


O femmes de maquisards !
Cessez d'onduler vos hanches
Vos hommes sont aux maquis
Ils ont tué cinq dans une journée.

44
Ramdane Lasheb

07- Ass n ssebt

Ass n ssebt lewhi laûeô


Mi d-yuli lâeskeô
A ttabbin deg yergazen
Abrid uêeccad yexûeô
Seg yidim yebbeôbeô
Arrac wid izeynen
Wwin-ten deg yikamyunen
Ar Laôbâa fesren
Yyaw a medden ad tâeqlem.

07- Samedi

Le jour du samedi
Quand les soldats furent déployés
Ils transportaient les hommes
Le chemin de l'oliveraie était impraticable
De sang
Des beaux enfants
Transportés dans des camions
A Larbâa, Jonchés par terre
On cherchait qui ils étaient.

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08- Laîak

Laîak ikkren di ssaâa


Ay teqwa lmuta
Kul yiwen isriddim yeéri-s
Yiwen yuli tazemmurt
Yewwet-d $er tmurt
Di ssaâa idda leâmeô-is
Yelsa abeônus n lubaô
Aqôab yeççuô d lakis38

38- Il s'agit de l'argent du front qui était destinée aux familles de maquisards.

45
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

Wwin-t $er Laôbâa, ad ttqelliben tamurt-is.

08- L'accrochage

Comme éclair l'accrochage !


Et meurtrier
Sur un olivier, un rescapé
Riposta vainement
Car, il rendit l'âme sur-le-champ
Vêtu de burnous de poils de chameau
Dissimulant ainsi, l'argent du front
A Larba, on cherchait à l'identifier.

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09- Lâeslama s yemjuhad

Lâeslama s yemjuhad
I d-yu$en abrid n umalu
Fkan âecôa n yiâessasen
Nnan Si Ësen d amezwaru
Si Ësen ijbeô-it Öeppi
Yettafeg deg-sen ur yettru.

09- Bienvenue aux maquisards

Bienvenue aux maquisards


Qui arrivent par Amalou
Une dizaine sont désignés pour la garde
Et si Hsen fut le premier
Agile et courageux
Il sortit indemne.

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46
Ramdane Lasheb

10- A taya taya uôumi

Ataya, ataya uôumi


D aberkan am bururu
Ay tewwi ssêab n tmenîac
Siwa lqedd n usaru
Kellfe$-am Öebbi a Fransa
I yewwin lewêid n yemma-s.

10- Voici les soldats


Voici les soldats
Laids comme un hibou
Enrôlant
De beaux jeunes hommes
Que Dieu les punisse !
Ils ont pris son unique garçon.

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11- Lâeskeô a d-yettiééif

Lâeskeô ad d-yettiééif
Yekka-d seg Idemrawen
N$an-d Lmulud n Yidir
A lxetyaô n yergazen
Xas i$li ur yugad ara
In$a-d yiwen ger-asen
Ur ttrut ara a yatmaten
Ad $ellten warraw-nnwen.

11- Haletant, les soldats

Haletant, les soldats,


Qui revenaient des Idemraoun
Ils ont tué Mouloud ou Idir39
Valeureux des hommes

39- Le chahid, Larab Mouloud.

47
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

En tombant, il riposta vainement


Tua un parmi eux.
Frères, ne le pleurez pas
Libres, seront vos enfants.

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12- A yemma i wer neêdir

A yemma i wer neêdir


I yemjuhad mi êellsen
Llebsa-nnsen d tazegzawt
Lemkaêel ger yifassen-nnsen
Öeppi ad kem-iûebbeô a yemma-s
D ôôeêma i sen-d-issawlen.

12- Heureux, celui qui n'était pas présent

Heureux celui qui n'était pas présent


Lorsque les maquisards partirent
Habillés en vert
Les armes aux poings
Dieu réconforte leurs mères
Au paradis ils sont promis.

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13- A yemjuhad imecîaê

A yemjuhad imecîaê
Fell-awen i yecbeê usefru
Ur teswim lqahwa ûûbaê
Ur teîîisem deg wusu
Ameqqran iooa tarwa-s
Amecîuê iooa yemma-s.

48
Ramdane Lasheb

13- O jeunes maquisards !

O jeunes maquisards !
Ce poème vous est dédié
Sans petit déjeuner,
Et sans avoir dormi sur un lit
Le marié, laissant sa famille
Et le célibataire, sa mère.

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14- Lâeslama s yemjuhad

L aslama s yemjuhad
I d-yusan lewhi n ûûbaê
Yis-wen i yecbaê wedrum
Skud nqeddec nfeôôeê
Mi trefdem ad tenna$em
Ul yettru tasa tejreê.

14- Bienvenue aux maquisards

Bienvenue aux maquisards


Qui sont arrivés à l'aurore
Fières et heureuses,
Lorsque nous vous accueillons
Le cœur saigne et est serré
Lorsque vous alliez aux combats.

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15- A yimjuhad a tarwa

A yimjuhad a tarwa
Widak ignen deg utemmu
Ur teswim lqahwa
Ur teîîisem deg wusu
Win yemmuten $er ôôeêma

49
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

Win yeddren am ass-a ad yezhu.

15- O maquisards mes enfants !

O, maquisards mes enfants !


Ceux qui ont dormi au maquis
Sans petit déjeuner
Et sans avoir dormi sur un lit
Celui qui mourira sera accueilli au paradis
Celui qui survivra, vivra le bonheur.

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16- A yemma i wer neêdiô

A yemma i wer neêdiô


I laîak Iwaviyen
Öôûaû d abruri
Imjuhad ttferfiren
Lexbaô mi yewwev laômi
Mbarek iôunda $ur-sen
Lexbaô tameddit n wass
Wwint-id imeqqôanen
A jeddi lêao Sa di
U$alen-d ur mmuten.

16- Heureux celui qui n'était pas là

Heureux celui qui n'était pas là


A l'attaque des Ouadhias
Les balles tel la grêle
Et les maquisards couraient
Quand l'étrange nouvelle est connue
Mbarek est un collaborateur
L'étrange nouvelle du crépuscule
Est apportée par les chefs
O saint Lhadj Saadi
Ils sont revenus sain et sauf.

50
Ramdane Lasheb

17- £er Tala-Xlil

A yemma i wer neêdiô


£er Tala-Xlil i d-ûubben
Yyamt a tilawin ad téaôbemt
D Mingu i d-yezwaren
Imjuhad mi akken slan
I lexbaô d-ittawven
A Tala-Xlil zizen
Acu a$-iûebbôen fell-am.

17- Heureux ceux qui n'étaient pas présents

Heureux ceux qui n'étaient pas présents


Lorsque les soldats assiégèrent Tala-Khelil
Oh femmes ! Venez barricader le village
Car Mingou est en tête des assaillants
Quand la nouvelle est arrivée au maquis
On entend sur toutes les bouches :
O Tala-Khelil chérie
Comment peuton s'en passer de toi ?

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18- A yemma

A yemma i wer neêdiô


I l eskeô mi d-beggsen
Wwin-d abrid s l$ila
A ttqelliben ixxamen
Lexbeô yewwev adrar
Tilawin n yemjuhad xedment iberdan.

18- Heureux ceux, qui n'étaient pas présents

Heureux ceux, qui n'étaient pas présents


Au siège de Tala-Khelil
Marchant en cadence
51
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

Les soldats fouillaient les maisons


La triste nouvelle arriva au maquis
Leurs femmes sont réquisitionnées.

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19- Mmlet-iyi

Mmlet-iyi wi sen-ixedmen iberdan


Baxlaf s at ecrin n ssna
Mmelt-iyi, akked i t-xedmen
Akked yimôabven ufella
eddan-d, ur d-nîiqen ara
Yaεni ur nttemla ara
Inîeq-d yiwen deg-sen
A xwali ur teççêet ara
Maççi d tem$er i deg-ne$.
Yeggul-d Belεid sufella.

19- Dites moi

Dites moi qui a fait travailler


Les jeunes femmes et les gens des Ait Bouali ?
Ils sont passés sans dire un mot
Comme si on ne se parlait pas.
L'un d'entre eux a dit
Ne nous en voulez pas
Ce n'est pas qu'on soit fier
Belaid a juré en haut.

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20- Ass n ttlata $ef tmenya

Ass n ttlata $ef tmenya


Mi d- ûubben
yedda-d Udinu ar da
A jemmεen deg tilawin

52
Ramdane Lasheb

Tid izeynen
£illen neffer lifellaga
A sse$layen deg yexxamen
Yexnunes leêrir d lfeîîa
Kra sεan ur t-id-ddimen
Yettru wul, tejreê tasa.

20- Mardi à 8 h

Mardi à 8 h
Descendirent les soldats
A leur tête Le capitaine Oudinot
Ils rassemblèrent les femmes
Trillant les plus belles
Pensent, y trouver des fellagas
Ils détruisent les maisons
Et déshonorent les femmes
Le cœur blessé et serré.

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21- Tala-Xlil taddart issôen

Tala-Xlil taddart issôen,


Yak tura tefveê.
Asmi llan yemjuhad,
Nezga nezha nefreê
Tura d l eskeô n Uduni,
Di tala a $-iceîîeê.

21- Tala-Khelil, qui faisait honneur

Tala-Khelil, qui faisait honneur


Est maintenant déshonoré
Quand les maquisards s'y réfugiaient
Nous étions toutes heureuses
Maintenant que Oudinot l'a envahi
A la fontaine, nous sommes humiliées.

53
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

22- Ass lexmis taûebêit

Ass lexmis taûebêit


Nekker-d nufa-d lipaôa
Yusa-d mmi-s n tôumit
Ijme -d akk taddart meôôa
Lmulud iîîef ajenwi
S imawlen n lifellaga
A ttcuddun di tmeêbas
S axxam Muê Lamaôa
D Feîîa Muêed u Lêusin
Liminuî $er-s i d-tebda
D Zayna Muê acuô
Aqadum am llamba
Wwin xemsa d akessar
Ad sqecôent lbaîaîa
Acu i d lhejna a taôwiêt
Mi kemmlen lalla Feîîa

Ma d si Muê yeffe$-it laεqel


Yugad ad t-rnun netta
Yu$al tennejma taddart
Yyaw ad nekfu-t cedda
Inîeq-d Salem n Ësen
Kemmlet ur ttagadet ara
Inîeq-d Muê Lamaôa
Nekk d afrag $ef l amma
£ef yemjuhad mi slan
Si ¨Ësen ad yettru am lehwa.

22- Un jeudi matin

Un jeudi matin
Au réveil, nous étions encerclés par les paras
Le soldat réunit
Les villageois
Mouloud saisit un couteau qu'il pointa

54
Ramdane Lasheb

Au visage des familles de maquisards


Les femmes étaient prisonnières
Dans la demeure de Mouh Lamara
Au village, Feta Mouhed ou Lhousin
Est la première à être menottée
Et Zaina Mouh Achour
Au visage rayonnant
Cinq d'entre elles
Sont désignées pour la corvée des patates
Le comble
Quand c'est le tour de Lalla Fetta

Quant à Si Mouh, il a perdu la raison


Et a peur d'en faire parti du groupe
Alors, le village s'est réuni
Acceptant la réédition
Salem n Hsen, s'adressa aux soldats
Continuez votre besogne, ne cédez pas
Mouh Lamara, malgré sa réédition, dit alors
Moi je servirai de barrière
Lorsque les maquisards apprendront la nouvelle
Si Hsen s'est mis à pleurer.

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23- Ataya, ataya uôumi

Ataya, ataya uôumi


Yewwi-d amger i wefras
A yettextiôi deg yergazen
Baxlaf ixlioen n wammas
Kellfe$-am Öeppi a Fransa
In$an lewêid n yemma-s.

23- Voici les soldats

Voici les soldats,


Les faux à la main

55
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

Triant,
Les beaux jeunes hommes
Que dieu les punisse
Ils ont tué l'enfant unique.

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24- A yemma i wer neêdir

A yemma i wer neêdir


Mi nnan yusa-d l eskeô
Yak nekni néeôôeb afrag
D Mingu i d-yezwaren
Si Ësen mi akken slan
A lexbar d-ittawven
A Tala-Xlil zizen
Acu a$-iûebbôen fell-am.

24- Heureux qui n'étaient pas présent

Heureux qui n'étaient pas présent


Quand les soldats sont venus
Réquisitionnés, pour barricader le village
C'est Mingou qui les guidait.
Quand si Hsen a su,
La triste nouvelle qui parvint
Oh Tala-Khlil ! Chérie
Comment peut-on s'en passer de toi.

-----

25- A taya lâeskeô

Ataya l eskeô
Ikka-d abrid n Lareb a
A iferreq lakasyun
Win ihelken ad as-nerr ddwa
Nn$an Remvan At Lewnis uêdiq ukyis
56
Ramdane Lasheb

D izem ur yuklal l$edra.

25- Voici les soldats

Voici les soldats


Les voila sur la route de Larbâa
Ils distribuent les allocations
Et les malades seront soignés
Ils ont tué Ramdane At Lounis
Le vaillant, il ne méritait pas ce sort.

-----
40
26- Lâaskaô

Ataya, ataya l eskeô


Ataya d ubrid n Taâcac
Tilawin iffe$-itent laεqel
Lhant d u$ebbi n ccac
Kunwi a yirgazen n lweqt-a
Kif tellam kif ulac.

26- Voici, les soldats

Voici, les soldats


Les voici, sur la route de Tachach
Les femmes ont peur
Elles cachaient leurs biens
Vous, les hommes d'aujourd'hui
Votre présence est insignifiante.

-----
41
27- A nesserwal

A nesserwal seg waguns $er waddaynin


40- Ce poéme est attribué à liasmin nYidir.
41- Ce poéme est attribué à Liasmin n Yidir.

57
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

A neqqel tiblavin, a neqqaz itôanciyen


Ad neômel tisebbalin leêrir d lfeîîa
D lεeskeô i nugad ad tent-awin
Mi ara d-ôuêen ad nadin
Ad tent-ddmen s tte$ziza
Öuêemt heggimt timedlin
Uqbel ad akent-inin
Taôwiêt-a atta di lmuta.

27- On déplaçait

On déplaçait les biens vers l'écurie


Sous les dalles
Nous les cachions.
Sous peine qu'ils les découvrent
Lors des fouilles
Sans remords, ils les prendront
Impuissants,
Nous assistions
L'âme meurtrie.
-----

28- Tiyita n tewwura

£ef wasmi bdan tiyita n tewwura


Trekbe$ tawla
Ye$li-d $ef medden yeémi
Si lme$reb ulac tuff$a
Ula $er beôôa
Ula d lemba texsi
Tana ôift a lawliya
Ad tekfu lgirra
Ad nu$al am zikenni.

28- Le jour où on frappait aux portes

Le jour où on frappait aux portes

58
Ramdane Lasheb

Nous tremblions de peur


Et les gens étaient tous peinés.
Dès le coucher du soleil, on ne sortait pas
Même au devant de la porte
Et les lumières étaient toutes éteintes.
Saints, nous vous implorons
Que la guerre finisse
Et que la paix revienne.

29- A win iweêden

A win iweêden Öeppi


Iweêed-it deg ôôeéq-is
Lizriz ihuz-it wavu
£lin ula d afriwen-is
Azemmur yerka di tûeîîa-s
Qqesêet ula d zzit-is
Tazart terka di lqaεa
Ur tu$al s iferrugen-is
Ttxil-k a sidi Öeppi
A ttcafav deg warraw-ik.

29- Croyants

Oh, croyants
Au bien divin
Le cerisier abandonné
A perdu toutes ses feuilles
Sur les branches, les olives sont pourries
Amère, fut son huile
Les figues, par terre sont pourries
Elles ne sont pas ramassées.

30- Lbeôj n Yidir n Amaô42

Lbeôj n Yidir n Amaô


Yefka-ya$ axeûûaô
42- Ce poéme est attribué à Liasmin n Yidir.

59
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

Leskeô dinna i yett$imi


Kra n wass deg ara d-asen
£er dinna i d-ttaran
Ssyina iw a-d i tmu$li
La xezzôen anwa ara d-iff$en
I wakken ad t-wwten
Nwekkel-asen loiha n Öebbpi.

30- La demeure d'Idir n Amar

La demeure d'Idir n Amar


Où on nous faisait du mal
Les soldats séjournaient
A chaque fois qu'ils arrivaient
Ils s'y rendaient
Du haut on pouvait tout voir
Ils surveillaient, qui va sortir
Pour qu'ils lui tirent dessus
Que dieu les punisse.

-----

31- Aql-iyi di laôebâa

Aql-iyi di laôeb a
Rran-yi ar texxamt weêd-i
Üûabun, aman iêman
Öôajima tezzi-yi
£ef udem-im a loic tiêrar
Nettewwet ur d-nenni « wi »

31- Me voici à Larbâa

Me voici à Larbâa
Isolée dans une cellule
Torturée à l'eau bouillante,
Entourée de régiment
Pour toi ma patrie
60
Ramdane Lasheb

Nous ne t'avons pas trahie.

-----

32- Aql-iyi di laôebâa

Aql-iyi di laôeb a
Cudden-iyi s imi umetraê
Aman iêman
Trisiti a tqeddaê
£ef udem-im a loic tiêrar
Nettewwet ur d-nenni ûûeê.

32- Me voici à Larbâa

Me voici à Larbâa
Attachée à un lit
Torturée à l'eau bouillante,
Et à l'électricité
Pour toi ma patrie
Nous ne t'avons pas trahie.

-----

33- Aql-iyi ger yidurar

Aql-iyi ger yidurar


Saâa ad iddu lâemô-iw
Aql-iyi ad jahde$ f tmurt-iw
Neggul ar Lzzayer a tt-êyu

Aql-iyi ger idurar


La xezzôe$ deg leεmeô-iw
Tεuss-iyi-d ôôajima
Ur éri$ imawlen-iw
Sslam-iw i zzwao n leêlal
I am-d-ooi$ d arraw-iw.

61
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

33- Me voila au maquis

Me voila au maquis
Je méditais sur ma vie
Encerclé par un régiment
Je n'ai pas pu voir ma famille
Ma femme, je te salue
Prends soin de nos enfants.

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34- Aql-iyi ger yidurar

Aql-iyi ger yidurar


La xezzre$ deg lmut-iw
Izzi-yi-d lkunbu l eskeô
Lmitrayuz deg ufus-iw
Ttxilem a zzwao n leêlal
I am-d-ooi$ d arraw-iw
A taûebêit n lefjer
Awi ûûbeô i yimawlen-iw
Xas mmute$ $ef tmurt
Di lalam idder yisem-iw.

34- Me voila au maquis

Me voila au maquis
Ma mort est imminente
Encerclé par les soldats
La mitrailleuse à la main
Chérie ! Ceci est un adieu
Prends soin de nos enfants
Oh jour qui se lève !
Apporte patience et résignation à mes parents
Même si je dois mourir
Mon nom sera inscrit dans l'histoire.

-----

62
Ramdane Lasheb

35- Aql-i di Buâaûem


Aql-i di Bu aûem
Iéri-w a inegger lluê
Mi d-tusa loerda tamcumt
Mkul loiha a d-sîaêîuê
Siwev sslam i yemma
Mmi-m atan d amejruê.

35- Malheureux

Malheureux,
Je le suis à Bouasem
Quand fut le déluge
Les balles sifflaient de tous les cotés
Dit à ma mère
Que ton fils est malheureux.

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36- Lâeslama s yemjuhad

L aslama s yemjuhad
Ma yedda-d Rabaê u Ya qub
Yemma-s la tettru am yebrir
£ef Ca ban udem n nnuô
£er Sidi Ëmed at Zeggan i t-id-êuzan
Mi ye$li indeh « a Öôasul ».

36- Bienvenue aux maquisards

Bienvenue aux maquisards


Rabah ou Yakoub est-il parmi vous ?
Sa mère, de chaudes larmes
Pleurait son fils Chabane
Touché, à Sidi Hmed Zeggan
Et en tombant, il implorait le prophète.

63
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

37- Laîak n Tala Zegga$en

Nni$-as i wer neêdiô


I laîak n Tala Zegga$en
Caban ad d-ittazal
Yeréa-s uvar
Iwwi-t Rabaê $er Tewrirt
Yenna-yas dinna ad t-neûûeô
Tewwet-it dderya leêôam
Tessufeg-as leqcaô

37- Heureux celui qui n'a rien vu

Heureux celui qui n'a rien vu


A l'attaque de Tala Zeggaghen
Chabane qui court
Traînant, sa jambe blessée
Rabah, l'a accompagné à Taourirt
Pour le mettre à l'abri
Les bâtards lui ont tiré dessus
Le blessant à mort.

-----

38- Ass waêed si ôemvan

Ass waêed si ôemvan


Mi êeznen yeslan
D laεqel-iw yettferfir
Lexbaô d-yusan d arqaq
A lbaz aôemmaq
Nn$an Muêed Akli At Belεid
Ikker-d lεeskeô di Laôeb a
Yeqqwa ye$leb asigna
D lqubîan la yettûeffiô
Rewlen warrac di tmenya
S i$éer ad ffren
Win ur neêzin, dirr-it laûel-is.

64
Ramdane Lasheb

38- Le premier jour du ramadhan

Le premier jour du ramadhan


Les fiancés chagrinés
Evasif, mon cœur s'évade
L'insupportable nouvelle
O faucon, au regard perçant !
Mouhend Akli est tué
Vu des troupes déployées
Denses, tel un nuage
Et le capitaine sifflait
Un groupe de jeunes courait
Se mettre à l'abri
Indigne, qui ne fut pas touché.

-----

39- Muê Wakli

I$av-iyi Muê Wakli


Immut ur d-yeooi arraw-is
Lemmer d aqcic i d-iooa
A t-ne$rem deg wemkan-is
Imi d taqcict i d-iooa
Imjuhad akk d atmaten-is
Mi t-id-fesren di Laôebεa
Tafamilt-is di lêenk-is.

39- Mouh n Ouakli

Douloureuse la mort de Mouh n Ouakli


Qui n'a pas laissé de fils
Si c'était le cas
Il aurait pris sa place
Puisque c'est une fille qu'il a laissé
Tous les maquisards furent ses frères
Quand il fut exposé sur la place à Larbâa
Sur sa joue, son nom est inscrit.

65
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

40- Üeôoan Akli

Attaya ôôuplan
Waqila d tawôa$t-nni
Ata, tewwi-d lεeskeô
Tuli-d deg Tiî Ali
Lkuôaj a yatmaten
Nn$an ûûeôoan Akli.

40- Sergent Akli

Voici un avion
Sans doute, celui des paras
Bondée de soldats
Surgit de Tit Ali
Courage, mes frères
Le sergent Akli est tué.

-----

41- Lkuôaj

Tteznen medden levyuô


A yuzne$ d ssaεa
Aggav-im Tala-Xlil
Awev s axxam n Wakli
Lkuôaj yelha a Favma
T$av-iyi Favma Muê
Teooel ur tesεi dderya.

41- Courage

Certains se servent des oiseaux comme messagers


Moi, je me sers d'une pendule
Destination Tala-Khelil
Rentre chez Akli
Courage Fathma
Malheureuse est Fathma

66
Ramdane Lasheb

Veuve sans enfants.

42- Laîak ger i$allen

A yemma i wer neêdiô


I laîak ger yi$allen
Immut ûûeôoan Akli
Kksen-as iûebbaven
A lewjab a taôwiêt
D imjuhad i t-id-yezwaren
Yyaw a leonas yeqqwan
Yemmut d a$rib i t-mevlen.

42- Heureux, qui ne sont pas présent

Heureux, qui ne sont pas présents


A l'accrochage des cols
Le sergent Akli est mort
Abandonné, pieds nus
Le comble,
Quand les maquisards sont de retour
Grandes puissances, réagissez
Il est mort loin de chez lui.

-----

43- Ëemmu

Lεaslama s yemjuhad
Anda teooam Ëemmu
Ëemmu deg wedrar yemmut
Tasumta-s d ifilku
Öeppi ad kem-iûebbeô a yemma-s
Di ôôeêma ad d-iêekku.

43- Bienvenue aux maquisards

Bienvenue aux maquisards

67
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

Où vous avez laissé Hemmou ?


Hemmou est mort
Les fougères, furent son lit
Dieu console sa maman
Au paradis, il est promu.

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44- Taqcict

Taqcict ssedqa n tullas


Mi tettru tejreê tasa-s,
£ef yimjuhad d atmaten-is
Tennev-as l$ula leskeô
D ul-is itêeyyeô
Si sskali i d-tger tiî-is.
Yiwen uôumi d azerqaq
Yewwet-itt-id di lmenîaq
Win ur neêzin dirit laûel-is.
Taqcict ma di tt-nettu
Di lka$ev ad tt-naru
Teooa-d lexla di tmurt-is.

44- Honnête des jeunes filles

Honnête des jeunes filles


Dont le cœur saigne
Pleurant ses frères maquisards
Encerclée par les soldats
Affolée
En les voyant
Un soldat aux yeux bleus
Lui a tiré dessus
Indigne, qui n'est pas touché
Nous ne l'oublierons jamais.
Et, on écrira son histoire
Car elle a laissé un vide.

68
Ramdane Lasheb

45- Muqran ixnunes

A yemma i wer neêdiô


I laîak n Tala Umalu
Fkan εacôa d akessar
Nnan-d Muqran d amezwaru
Muqran ixnunes deg u$ebbaô
A win isεan iéri ad iru.

45- Heureux ceux qui n'ont pas vu,

Heureux ceux qui n'ont pas vu,


L'accrochage de Tala Oumalou.
Une dizaine dévalait la pente,
Et c'est Mokrane qui les guidait.
Mokrane fut le premier à tomber,
Les larmes ne soulagent pas tant.

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46- Ass lexmis taûebêit

Ass lexmis taûebêit


Nekker-d nufa-d lipaôa
Imjuhad yeççuô wexxam
£ilen ad kksen tidi l$aba
Ali Aêesnaw iwwev $er tasift Musa
Yufa taεessast thegga
Muqran imvel di tmurt-is
Ali d a$rib di tmura.

46- Un jeudi matin

Au réveil, nous fûmes encerclés de paras


La maison bondée de maquisards
Ils pensaient se reposer
Ali Ahesnaw arrive à Tasaft Mousa
Les soldats les attendaient

69
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

Chez lui, Mokrane est enterré


Ali est loin de sa famille.

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47- Ittru yiéri-w

Ittru yiéri-w yesreddem


£ef At Hlal, $ur-sen
Taûebêit mi tefrara
D ôôadyu i sen-issawlen
Seg yiêecdan-nnsen
Ff$et-d, ur ttagadet ara
Imjuhad yeççuô wexxam
£ilen ad reyêen,
Ad kksen tidi l$aba
Leskeô i sen-idewôen
Ulamek rewlen
Armi éedmen di îîeôma
S lijimel i ten-id-walen
Degmi ten-id-wwten
Öeppi irad tuzzma tekfa.

47- Mes yeux sont en crue

Mes yeux sont en crue


Sur les At Hlal
Au levé du jour
De l'olivier
On les a appelés par radio
Sortez, ne craignez rien
La maison bondée de maquisards
Ils pensaient se reposer
Et se laver
Encerclés par les soldats
Ne pouvant fuir
Ils se sont jetés dans les ronces
On les a aperçu avec les jummelles

70
Ramdane Lasheb

On leur a tiré dessus


Ainsi, fût leur destin.

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48- Nn$an Muêed u Salem

A yemma i wer neêdiô


I laîak lqaεa n yefri
D Favma tejraê tasa-s, tdub ûûuôa-s
D lqahwa i teb$a ad tawi
Aya nn$an Muêed u Salem
Wi ara am-ibedden a laômi.

48- Heureux qui fût absent

Heureux qui fût absent


A l'accrochage d'Ighil n Ifri
Malheureuse est Fadhma
C'est le café qu'elle apporta
Mouhed ou Salem est tué
Qui guidera les maquisards.

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49- Taêkayt ivran d Tala Xlil

Taêkayt ivran d Tala Xlil


Ur tevri d êed mulana
Öôafij deg yixxamen
Fransa tbedd- d $er lêara
Ser$en akk le$wabi
Amada$ nnig tala
N$an Lêusin aêôuô
Mecîuê ur yuklal ara
Yemma-s d weltma-s ff$ent
A ttbeddilent deg tmura
Sebblen akk laôwaê-nnsen

71
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

£ef wudem-im a lêuriya.

49- Ce qui s'est passé à Tala-Khelil

Ce qui s'est passé à Tala-Khelil


N'a eu nulle part.
Les soldats assiégeaient les maisons,
Pensant abriter des refuges.
Ils ont fait brûler le maquis,
Celui au dessus de la fontaine.
Hocine, fils de noble,
Très jeune, il fut tué.
Sa mère et sa sœur,
Sillonnaient les villages.
Pour le pays,
Ils se sont sacrifiés.

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50- Laîak Iêesnawen

A yemma i wer neêdiô


I laîak Iêesnawen
Öôûaû i$leb abruri
Imjuhad a ttferfiren
A lewjab a taôwiêt
Mi d-nnan idda si Ësen
Öeppi ad kem-iûebbeô a yemma-s
Yemmut d a$rib i t-mevlen.

50- Heureux qui n'a rien vu

Heureux qui n'a rien vu


A l'accrochage des Ihesnaouen
Sous les balles qui sifflaient
Les maquisards couraient
Le comble
Quand Si Hsen fait partie

72
Ramdane Lasheb

Dieu console sa maman


Il fut enterré loin de chez lui.

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51- D a$rib i t-mevlen

Lεaslama s yemjuhad
Anda teooam si Ësen
Si Ësen ataya $er deffir
A d-iddu d imeqqranen
Öeppi ad kem-iûebbeô a yemma-s
Yemmut d a$rib i t-mevlen.

51- Bienvenue aux maquisards

Bienvenue aux maquisards


Où est Si Hsen ?
Si Hsen arrive
Accompagné par les chefs
Dieu console sa maman
Loin de chez lui, il est enterré.

-----

52- Lâeslama s yemjuhad

Lâeslama s yemjuhad
I d-yusan seg Iwaviyen
Anida teooam Si Ësen
Si Ësen atan deg udrar
Taguni-s ger yed$a$en
£ef laεlam isebbel ôôuê-is
Akken ad isuffe$ iôumyen
Öeppi ad kem-iûebbeô a yemma-s
D ôôeêma i yas-d-issawlen.

73
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

52- Bienvenue aux maquisards

Bienvenue aux maquisards


Qui arrivent des Ouadhias.
Où est Si Hsen ?
Si Hsen, est au maquis
Son abri fût les rochers
Pour la patrie
Il s'est sacrifié
Que Dieu console sa maman
Au paradis, il est promu.

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53- Keççini a sidi Ësen

Keççini a sidi Ësen


Laεyun lbaz aweêci
Isbeq-ik-id lεeskeô
Di tmazirt seddaw At Ëelli
Te$liv di temda n waman
T$umm-ik lqudra n Öeppi
Teqqimev alammi d-i$li îîlam
D jeddi-k i d lqawi.

53- Toi Sidi Hsen

Toi Sidi Hsen


Aux yeux de faucon
Poursuivi par les soldats
A Tamazirt, en contre bas des At Helli
Tu t'es dissimulé dans l'eau
Tu es resté jusqu'à la nuit
C'est Sadi, ton saint protecteur.

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74
Ramdane Lasheb

54- A ttaya ruplan

A ttaya ruplan
A teddawar deg umaden
Tewwet-d tlata n yemjuhad
Si Ësen d lbaz ger-asen
Ëeznet A legrup êeznet
Ula Wi ara awen-yezwiren.

54- Voici un avion

Voici un avion
Tournant autour des Oumaden
Trois maquisards sont visés
Si Hsen fait partie
Malheureux fût le groupe
Car il est irremplaçable.

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55- Si U Yidir mmi-s n lêeôô

Si U Yidir mmi-s n lêeôô


Lfuci tεemmeô
In$a-yasen-d lyutna
Si Ësen afus xfifen
Ikka ger-asen
Ierra-ten-id s lxeffa.

55- Si ou Yidir fils de noble

Si ou Yidir fils de noble


Chargeant son fusil
Tua un lieutenant
Si Hsen l'agile
Les désarma
En les contournant.

75
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

56- Ataya, ataya si Ësen

Ataya, ataya si Ësen


Ataya si Ëeggaca
Iwwev-d ar Mecqiôôu
Bedd a xalti Saεdiya
Yenna-yas i baba
Ma ur t-yu$ wara
Tiniv-as ma ula anida yezde$
Ad iôuê $er Feôruoa
Ma d nekkni ôôwaê ad nôuê
Semmêet-a$ ayen neçça.

56- Voici Si Hsen

Voici Si Hsen
Sur la route de Mechkirou
Khalti Sadia !
Comment va mon père !
Dite lui, s'il n'a pas ou habiter
Qu'il parte chez Ferroudja
Quant à nous, nous partirons
Pardonnez nous, notre mort est imminente.

-----

57- Si Ësen illa teççur-as

Si Ësen illa teççur-as


Öeppi issafer-as-tt
Deg At Ali Wali i t-êebsen
Netta si zik yeêôec
Ma d tura ikemmel
Yu$al ar widak êesben
Yenîeq-d yiwen deg-sen
Nekkni deg wudem i t-nessen
Yu$al-d ar taddart-nnsen.

76
Ramdane Lasheb

57- Grâce à Dieu

Si Hsen échappa
Il fut arrêté aux Ait Ali Ouali
Courageux
Et intelligent
Il rejoint les comptabilisés
L'un d'entre eux a dit
Nous le connaissions que de vue
Sain et sauf, il rejoint son village.

-----

58- Ass lexmis azuzwu

Ass n lexmis azuzwu


Mi d-i$li ubeêri
Yusa-d ad iéer axxam-is
Mi yesla i tilifun
D Fransa ad d-leêêu
Si tama i d-iger tiî-is
Yemma-s teffe$-d a tettru
Tbedd a têekku
D ccaf indeh-d s yisem-is
Ma d Rabaê ccbiha n ufalku
I$leq ôôadyu
Icerreg ula d lakis.

58- Le jeudi après midi

Au coucher de soleil,
Il est venu voir sa famille
Lorsqu'on l'appela
Que les soldats arrivent
Prudemment, il regarda
Sa mère en pleurant
Raconte
Et le chef appela son nom

77
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

Rabah tel un faucon


Eteint la radio
Et dissimula l'argent du front.

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59- Ass lexmis taûebêit

Ass n lexmis taûebêit


Nekker-d nufa-d lipaôa
Imjuhad yeççuô wexxam
£ilen ad kksen tidi l$aba
Ali Aêesnaw Iwwev $er tasift Musa
Yufa taessast thegga
Muqran imvel di tmurt-is
Ali d a$rib di tmura.

59- Le jeudi matin

Le jeudi matin,
Nous fûmes encerclés par les paras
Le refuge, bondé de maquisards
Pensant se reposer
Ali Ahesnaou arrive à Tasaft Mousa
Les soldats les attendaient
Chez lui, Mokrane est enterré
Ali est loin de sa famille.

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60- Ives n uzal ittkellix

Ives n uzal ittkellix


Isaki-ken ccix
Acimi ur tukim ara
Iôuê-d Rabaê n Tbarquqt
Ittmuqul si loamaε
Lijumil ger ifassen-is

78
Ramdane Lasheb

A yatma attaya Fransa


Muêend Ssaεid ers lqec-ik
Bnu $ef yiman-ik
Ilaq ad n-tawiv lpost
Aîas n leslaê aya
Ad nerr d ubrid ufella
Ula xas illa leslaê
Tiyita ur nekkat ara
Nôuê d ubrid n Tmari$t
Nufa-t ula din yella
Ad nruê ad nali at Hlal
Illa Öeppi d lawliya
Muêend Ssaεid i$ba yisem-is
Iôuê-d deg wasif
Syin-a i t-id-tewwi Fransa.

60- Vous vous êtes endormi

Vous vous êtes endormis


Malgré l'appel du cheikh
Vous ne vous êtes pas réveillés.
A l'aide des jumelles
Rabah de Taberkoukt
Scrutait les monts :
Mouhend Said, rhabille-toi
Sois prêt
Partons ! Voici les soldats !
Nous prendrons le chemin d'en haut
Prends le poste43
Moi, les armes
Prenons le chemin de Tamaright
Même si nous sommes armés
Nous n'attaquerons pas
Mouhend Saïd traversa la rivière
Les soldats lui ont tiré dessus
Et il fût tué.

43- Il sagit du poste radio qu'on utilise dans le transmissions.

79
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

61- Lâeslama s yemjuhad

L eslama s yimjuhad
I d-ikkan seg Iwaviyen
Si Ësen yezwar-d ar da
Ar deffir atan aya ad d-u$alen
Deg uzal ôôafijin
Ad qedcen medden amzun d tame$ra
Mi yuli wass ad ôuêen
Di taddart ikker rra wa.

61- Bienvenue aux maquisards

Bienvenue aux maquisards


Venus des Ouadhias
Si Hsen les précéda
Derrière, les maquisards arrivent
Pour se réfugier
Dans la joie, les femmes s'activaient pour les accueillir
Et à l'aurore, ils partiront.

-----

62- A yimjuhad a tarwa

A yimjuhad a tarwa
Wid-ak isebblen teméi
A yelêan deg umada$
Ïîlam, tiziri
Ur îîisen deg uxxam
Ur walan igenni
Amek i sen-isemma leskeô
D lewêuc di le$wabi
Nutni iwwi-ten nnif
£ef wudem n Öeppi
Neggul lukan ad d-yegri yiwen
Ma yeêkem-itt uôumi.

80
Ramdane Lasheb

62- Maquisards

Maquisards, mes enfants


Ceux qui ont sacrifié leur jeunesse
Parcourant les maquis
La nuit au clair de lune
Loin de chez eux
Ils dormaient à même le sol
Les soldats les appellent
Les sauvages
Eux, pour la patrie
Se sacrifient
Même s'il n'en reste qu'un d'entre eux
Le pays sera libéré.

-----

63- Si Ësen di Lemâatqa

Si Ësen di Lem atqa


Muêed Wa maô deg Iwaviyen
Yerna idehhim i leêfa
I Muêed Wa maô At Muê
Sani i iôuê
Deg udrar i iqqura

63- Si Hsen à Maâtkas

Si Hsen à Maâtkas
Mouhend Wamar aux Ouadhias
Pieds nus il affronta les soldats
Quant à Mouhend Wamar At Mouh
Au Djurdjura, il monte la garde.

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81
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

64- A yemma

A yemma i wer neêdir


I laîak n Tala Umalu
Fkan acôa iεessasen
Muqran d amezwaru
Mi iwala ccaf-is ye$li, indeh ya Öeppi
Yu$al $ef wudem a yettru.

64- Heureux celui qui n'était pas présent

Heureux celui qui n'était pas présent


A l'accrochage de Tala Oumalou
Dix volontaires montent la garde
Mokrane en est le premier
Lorsque son chef fut tué
Il implora le dieu
Et à plat ventre, il s'est mis à pleurer.

-----

65- Lâeslama s yemjuhad

L eslama s yemjuhad
Anida teooam Ali
Ali deg udrar yemmut
Tasumta-s d ilili
Öeppi ad kem-iûebbeô a yemma-s
Di ôôeêma ad d-ittwali.

65- Bienvenue aux maquisards

Bienvenue aux maquisards


Où est ce que vous avez laissé Ali ?
Ali est tué au maquis
Le laurier est son oreiller
Dieu réconforte sa maman
Au paradis, il est promu.
82
Ramdane Lasheb

66- Anida teooam aqcic

L eslama s yemjuhad
Anida teooam aqcic
Aqcic deg udrar yemmut
Tasumta-s d leêcic
Öeppi ad kem-iûebbeô a yemma-s
Di ôôeêma a yettêewis.

66- Bienvenue aux maquisards

Bienvenue aux maquisards


Où est ce que vous avez laissé mon fils ?
Ton fils est tué au maquis
L'herbe est son oreiller
Dieu console sa maman
Au paradis, il est promu.

-----

67- A yemma wer neêdir

A yemma i wer neêdir


I laîak ger iseqfan
Immut umjahed d amecîuê
Ur iban wi t-illan
A Fransa ôuê di cc$el-im
Tiyita terza imawlan.

67- Heureux celui qui n'est pas présent

Heureux celui qui n'est pas présent


A l'attaque des Iseqfan
Un jeune maquisard est tué
Inconnu, il était
Soldats, allez vous-en
Laissez nous, c'est notre affaire.

83
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

68- Iûubb-d lêeskeô seg wat Yidir

Iûubb-d leskeô seg At Yidir


Nnan-a$ zwir
A$emt abrid-a
Wwin xemsa warb in
Yerna d tilawin
Yerna, ur xdimet ara
Issawel i ûûeôoan-nnsen
Inna-yas amek ara asent -txedmem
Lmulud irbaê-d lemziya
Yenna-yasen :
Awi-tent ad qaεdent amraê
S ugelzim d lbara.
Nekkenti nezwi tifarûuday
Xas a$ebbar, Nerka
Ma d Dehbuca n Amar
Tesared iceîîiven
Te$li terreé di lqaεa
Ad as-narev i Wedris
Têekmev ifassen-nnsen
D lbaîel ur nexdim ara.

68- Les soldats descendent

Les soldats descendent des At Yidir


Allez-y devant,
Dans cette direction.
Quarante cinq femmes
Innocentes
Sont arrêtées.
Pour se mettre en valeur,
Mouloud appela leur sergent
Qu'est ce qu'on fait d'elles ?
Il leur dit :
Donnez-leur des pelles et des pioches
Travaillez la plate-forme.
Nous autres,

84
Ramdane Lasheb

Nous secouons
Les couvertures poussiéreuses
Dehboucha n Amar avait la jambe cassée
Elle tomba
En lavant le linge.
De grâce Wedris
Protége nous
Innocentes, nous en sommes.

-----

69- Iûub-d lâeskeô

Iûubb-d lâeskeô
Ar baba zizen fell-i
£zan-as aéekka
Ss$imen-t s i$imi
Nnan-as ad d-tiniv acu yellan
Nekkni ad k-ndawi
Inna-yas : ur iyi-ttdawit ara
Ff$e$ d amjahed $ef Öeppi
Wwten-t s ôeba lewoah
Isu$ a tarwa zizen fell-i.

69- Les soldats descendent

Les soldats descendent


Arrêter mon cher papa.
Mis à genoux,
Ils lui creusèrent une tombe.
Dites-nous ce que tu sais,
Et on te soignera.
Ne me soignez pas
Je suis un combattant
Ils lui tirèrent quatre balles
En tombant, il dit : oh ! Mes chers enfants !

85
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

70- Keçç a Si Muêed u Yidir

Keçç a Si Muêed u Yidir


Layun n lbaz n tninna
Wwin-k-id leskeô
Di lajip ôwan tavsa
Wwin-k-id a Lêedd loama
D lbarud ter$a lqaεa
Yendah a yemma tazizt
A tin ooi$ di tmura

70- Toi, si Mouhend Ou Yidir

Toi, si Mouhend Ou Yidir


Au regard de faucon
Escorté par les soldats
Jusqu'au Lhed Ldjama
Tirant à bout portant
En tombant
Il prononça le nom de sa mère
Le chef des maquisards est tué
Et le deuil est terrible.

-----

71- Rabaê yerna di tmura

Ttaznen medden ledyuô


A yuzne$ d itbiren
Ani$er i ken-uzne$
£er lêara Iya quben
Ini-as i lalla Favma,
Lkuraj yelha
Ca ban d Ësen mmuten
Rabaê yerna di tmura.

86
Ramdane Lasheb

71- Rabah les a rejoint

Les gens se servent des oiseaux comme messagers


Moi je me sers d'un pigeon
Là où je t'envoie, tu y vas
Et c'est vers la demeure des Iyakouben
Dites à Lalla Fathma
Soit courageuse
Chabane et Ahcéne sont tués
Loin, Rabah les a rejoint.

-----

72- Ass aseâdi

A yass aseâdi
Assen mi d-nnan tefra lgirra
Feôêent lmuluk deg yigenni
Rnant tid lqaεa
Lexbaô iwwev adrar
Lzzayer teffe$-itt Fôansa.

72- Le beau jour

O le beau jour !
Quand on annonça le cessez le feu
Au ciel, comme sur terre
Les anges étaient en fête
La nouvelle arriva au maquis
L'Algérie est libre et indépendante.

87
ANNEXES
Ramdane Lasheb

Annexe 1

Témoignage oral du moudjahid


Ahcéne MAREK

Le témoignage suivant est un entretien enregistré


que m'a accordé le moudjahid Ahcéne Marek en
mai 1995.

Le moudjahid Marek Ahcene est né à Tala-Khelil. Il immigre en


France à l'age de 17 ans, en 1948. Dans la même année il adhère au
PPA/MTLD. En 1954, quelques jours après le déclenchement de la
guerre, il rentre au pays et intègre le FLN/ALN. En Février 1955, il
devient l'agent de liaison de Krim qui vient d'installer son poste de
commandement (P.C) à Tala-Khelil. Il occupe la même fonction avec
le colonel Ouamrane jusqu'à son départ au début de l'année 1957.
Ensuite sous le conseil du colonel, il regagne Tunis et l'armée des
frontières jusqu'à l'indépendance.

Quels sont les premiers militants du village ?


Les premiers qui ont milité dans le mouvement national, dans
l'Etoile Nord Africaine sont au nombre de cinq ou six. Il y'avait
Laribi Mouhemed dit Titouh, Lakbal, Marek Mouhend, LabdiAli. . .

Racontez-nous comment vous êtes entré dans le mouvement ?


Au début, j'ai immigré en France à l'âge de 17 ans. Là-bas, j'ai
rencontré beaucoup de compatriotes qui sont déjà structurés dans le
parti du PPA/MTLD, dont Landri Hsen. C'est ce dernier qui m'a fait
entrer dans le parti du PPAen 1948. Ensuite, je suis revenu au pays en
1952. Alors, Krim Belkacem, Dehiles dit Si Sadek, Mohammedi
Saïd, Mouh Touil et d'autres ont organisé une réunion pour les
militants de Beni Douala. Moi, j'ai été avec Makeb Mouhed ou
Sliman. A la fin, Krim a demandé à l'assistance des volontaires pour
vendre le journal du parti MTLD 'Libre Algérie' sur le marché, le
mercredi d'après. Nous nous sommes portés volontaires moi avec
Mouhed ou Sliman. Ce mercredi, un militant de Taguemout Azouz

91
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

nous a remis 200 exemplaires et nous avons commencé à les vendre.


Nous avons commencé à les vendre (il y'avait ceux qui ont achète et
d'autres qui avaient peur). Nous avons à peine vendu la moitié que le
garde champêtre nous a dénoncé à la gendarmerie de Larbâa.
Interpellés, ils nous ont saisi les journaux et ils nous ont arrêtés.
Seulement, quelques heures après la fin du marché, ils nous ont
relâchés. Ensuite, je suis retourné en France et je suis resté jusqu'au
déclenchement de la guerre .Je suis rentré quatre jours après le 1er
novembre et j'ai vite pris contact avec le maquis…
On était parti avec quelques militants à Bouhinoun pour rencontrer le
chef du secteur, Mouh Arouji. Un militant qu'on connaissait
auparavant devait nous emmener et nous mettre en contact avec lui.
Nous avons attendu ce militant presque toute la nuit au bord d'un
ravin. Il était venu en retard et il nous a accompagne jusque At
Ouaneche ou se trouvait Mouh Arouji. Nous l'avons rencontre, il
nous a promis de passer à Tala-Khelil au cours de la semaine d'après.
Nous sommes revenus aussitôt. Moi qui cherchais des contacts avec
le maquis, je serais servi en rentrant : j'ai trouvé dans ma maison, le
chef de la wilaya, Krim Belkacem et ses adjoints.

Combien est-il resté au village ?


Environ six mois, malheureusement… Il faisait des tournées dans
les villages et organisait le maquis. Quand il est nommé membre du
CEE après le congrès de la Soumam, il a laissé à sa place son adjoint
Mohammedi Saïd (Si Nasser), et moi qui était son agent de
renseignement et de liaison (RL), j'y suis resté. Je me rappelle, une
fois, il y avait un ratissage à Amalou, en face du village. Moi et si
Nasser étions réfugiés dans la demeure de Makeb Mouhed ou Sliman
(chef du front). Toute la journée, les avions bombardaient au dessus
de notre cache, nous avons de la baraka. C'était ce jour là qu'ils ont
tué sept maquisards dont Mouh Bakli et Laradji.

Quels ont été les différents chefs de front du village ?


D'abord, Mouhend ou Amar, Landri, celui qui deviendra plus tard
commissaire politique, ensuite Mouhend ou Salem, Makeb et enfin
Laribi dit (Sagas).

92
Ramdane Lasheb

L'armée Française est-elle au courant de tout cela ?


Evidemment ! C'est pourquoi les soldats patrouillaient de temps en
temps bien qu'ils aient peur eux aussi. D'ailleurs, le nouveau
capitaine descendait au village une fois, il y trouva Laribi
Mohammed. Ce capitaine rassembla le village et Laribi Mohammed,
de peur d'être arrêté, tenta de s'enfuir. Malheureusement, les soldats
qui l'avaient aperçu l'ont abattu. Il était le premier martyr du village.
Une autre fois… Mouh Arouji, qui se trouvait avec Landri et
Mouhend ou Amar, dans la demeure du cheikh qui servait alors de
refuge aux maquisards, ont pris la fuite. Quand les soldats arrivèrent
au village, ils les aperçurent au dernier tournant et ils les ont suivi…
Au cours de route, les soldats ont rencontré Lhousin Mouhend Ou
Saïd qui revenait des champs, ils l'ont contraint à faire demi-tour…
Ainsi, ceux qui ont pris la direction d'Idemraoun, ont été
poursuivis… En ripostant, ils ont pu tuer un soldat. Défavorisés par
leur position en contre bas de la position des soldats, ils étaient tous
tués. Mouhend Wamar qui avait choisi un autre itinéraire a eu la vie
sauve.

D'autres personnes du village, comment ont-ils rejoint le


maquis ?
Oh oui ! La majorité qui ont rejoint le maquis, le furent lors du plan
Lacoste, de l'opération Oiseau bleu ; ce sont, ceux qui ne sont pas
connus des services des renseignements, c'est-à-dire ceux qui ne sont
pas recherchés, sont recrutés par l'armée française pour constituer un
contre-maquis contre les maquisards. Parmi eux, il y'avait Lakbal
Rabah (chef), Lakbal Chaban, Lafan Said, Landri Mouhend Ou
Remdhan, Labdi Mohemmed, Landri Arezki, Landri Mouhed Said,
LatabAkli et LaradjiAhmed.
Alors tout ce monde, reçoit sa solde, des armes et des tenues. Ils les
ont recruté pour défendre 'soit disant' la population contre les
maquisards. Cependant, ceux-ci travaillaient pour le maquis : Ils
supprimaient les traîtres, renseignaient le maquis, cotisaient et
procuraient des munitions. Ce rôle d'agent double a duré jusqu'au
mois de septembre (juste après les congres de la Soummam). Ils
reçurent l'ordre d'attaquer leurs postes respectifs et rejoindre le
maquis. Laoues Housin et Larab Mouhend Amezyan sont
convoqués pour le service national, ils ont préféré rejoindre le

93
Chants féminins de la guère (1954 - 1962)

maquis. Si Hsen Lasheb était jeune quand il était devenu mousebbel,


ensuite il a intégré l'ALN. Quant aux autres, ils ont intégré l'ALN
comme tout le monde.

Où étiez-vous le 20 août 56, lors du congrès de la Soummam ?


Ici, à Tala-Khelil, à cette époque, deux jours avant le congrès de la
Soummam, j'ai accompagné d'Alger à Tala-Khelil Raymonde
Pichard et une autre femme… L'agent de liaison Laliam Mouhend
Ou Lhousin quant à lui accompagna Abane Ramdane en personne !
On a pris des cafés au café oufella. Par la suite, Laliam l'a
accompagné jusqu'au village Taqrart où d'autres l'attendaient.
Après le 20 août, Si Nasser, est promu chef de wilaya. Quelques
temps après, il est parti d'ici. Il m'a envoyé à Tunis. Pour s'y rendre, je
suis passé par l'Allemagne. J'ai rejoint l'armée des frontières et j'y
suis resté jusqu'à l'indépendance. (J'étais secrétaire de Chadli, le
futur président de la république).

94
Annexe 2

Tableau comparatif de la répartition des militantes et


de la population musulmane par wilaya44.
wilayas militantes Population
musulmane
nombre pourcentage
I 948 10,8 11,5
II 1526 17,4 17,2
III 3077 35 17,5
IV 1185 13,3 18
V 1359 15,5 21
VI 285 3,2 10,8
Zone autonome 405 4,6 4
d’Alger
total 8785 100 100

Tableau récapitulatif des militantes de la wilaya III


45
en 1995 .
wilayas A.L.N détenues
O.C.F.L.N Chouhadas Total

vivants Fidais Permanente moussebilas S.M.M A.L.N O.C.F.L.N


s
Tizi-ouzou 181 751 00 3303 885 1599 34 366 7119

Bejaia 49 127 03 205 111 265 14 68 852

Bouira 12 38 01 77 41 141 7 19 338

Sétif 49 68 06 277 93 301 15 43 852

Msila 05 15 03 315 26 49 03 17 433

B.B.Areridj 00 02 00 22 31 24 01 15 95

Boumerdes 00 06 00 95 11 06 00 06 126

Total 296 1007 13 4294 1198 2385 74 544 9815

44- Dj. Amrane, Repartition geographique des militantes de la guerre de libération nationale, revue
Awal n°8 1991.
45- Source : Musée du moudjahid, Tizi-ouzou.

95
Comparaison des pourcentages des militantes des wilayates
de la W III46.

wilayates militantes
Nombre Pourcentage
Tizi-ouzou 7119 72,7 %
Bejaia 852 8,6%
Bouira 338 3,5%
Sétif 852 8,6%
Msila 433 4,4%
B.B.Areridj 95 0,9%
Boumerdes 126 1,4%

Total 9815 100%

46- Dj. Amrane, Repartition geographique des militantes de la guerre de libération nationale, revue
Awal n°8 1991.

96
Annexe 3
Tableau récapulatif des chahids de Tala-Khelil47
Année Nom/Prénom / Né le: Fils/fille de Endroit ou est tué

1956 1-Laribi Mohammed / Né le 4/4/1908 Ahmed de Aoudi et de Sadia Tala-Khelil/ Asammar

Mars1956 2-Larab Moulud / Né en1921 Mouhend/ Sadia Tala-Khelil /Idemraoun

1956 3-Lakrib Housin / Né en 1915 Mohammed/ Chellah Sadia Tala-Khelil /Idemraoun

1957 4-Landri Mohammed / Né le 1/12/31 Said/Smina Laker Tala-Khelil/tasift

1957 5-Lakbal Ahcene / Né le 4/3/28 Akli/ Fathma Tala-Khelil/tasift

1957 6-Labdi Mohammed / Né le 9/3/1920 Akli/Sadiya Lasheb Tala-Khelil /tasift

1957 7-Laradji Ahmed / Né le 1/3/1933 Akli/ Fatima Tala-Khelil

1957 8-Lakbal Chaban / Né le 2/10/1929 Akli/ Fadhma Taqrart

1958 9-Latab Akli / Né en 1929 Mouhend Said/ Fatima Tizi-Hibel

1958 10-Laribi Mouhend ou Remdhan Arezki/ Feddak Sadia Tala Guilef (le Djurdjura)
(Hemmou) / Né en1920
1958 11-Landri Akli / Né le 15/2/1922 Ahcéne ou Lamara/ Chabha Paris

1958 12-Landri Arezki / Né en 1931 Amar/ Fadhma Labdi Ait Abdelmoumen

47- Tableau réalisé à base de la liste nominative des chahids du village Tala-Khlil, délivrée par le
ministère des anciens moudjahiddines et de notre enquête sur le terrain.

97
Annexe 3
-Suite-
7/11/58 13-Lafan Said / Né le 4/10/31 Mouhend Achour /Fadhma Lachlili Ait Hag (Tamazirt)

1958 14-Lachlili Mouhend ou Said Said /Yasin Fadhma Tamazirt


Né le 11/7/1939
1958 15-Lahouali Mohammed / Né le 6/12/1919 Rabah ou said/ Kemmad Smina Ouadhias

1958 16-Laribi Salem (Sagas) / Né en 1915 Ahmed /Sadia At Hlal

22/4/59 17- Landri ouardia / Né le 22/3/1920 Moqrane/ Fetta Tala-Khelil

19/5/59 18-Laceuk Mokrane / Né le 22/4/42 Mohammed /Ouezna Yebedri Tala-Khelil

30/7/59 19-Laoues Hocine / Né en 15/9/34 Mohammed / Aldjiya Tala-Khelil

// 20-Landri Qasi / Né le 27/9/23 Mokrane /Fetta //

1959 21-Lemdani Hocine / Né en 1941 Mohammed/ Chabha Tala-Khelil


(Takenna)

1959 22-Landri Mouhend Wamar Amar/Fetta Labdi At Hlal


Né le 20/3/24
// 23-Larab Muhend Ameziane Salem /Ouezna Lachlili Frikat
Né le 23/7/35
/// 24-Laliam Hocine / Né le 16/2/27 Ali/ Fatima Mehious Alger

// 25-Lakbal Rabah / Né le 18/7/31 Ali /Fadhma Guenfoud Bejaia

1959 26-Madame Lakrib Amar né Chemeur Amar/ Djouher Tala-Khelil (Tigertic)


Chabha / Née en 1911

1960 27-Laribi Meziane Fils de salem Tala-Khelil

11 /1/ 60 27-Lakrib Muhed Wamar / Né en 1936 Amar/ Cabha Chemeur AT Helli

1960 28-Lasheb Tahar / Né le 10/11/40 Mohammed /Chabha Lamara At Bouyehya

1960 29-Lasaq Dehmane / Né le 1/11/27 Mouhend Wamar At Hague


/Hemmama Mubarek
1961 30-Lasheb Ahcene / Né le 26/12/38 Mohammed /Smina Arkam Ihasnaouen (Baba
Mbarek)

98
Annexe 4

Carte de la wilaya III historique48

R3
R3 R4
Z.IV Z.III
R4 R2
R2 R1
R2 R1 R3 W II
W IV
R3 Z. I
R2 R5 R1

R4

Z.II
R1

Limite géographique de la wilaya III historique.


---- Limite géographique des zones.
Z Zone
W VI
R Région

48- Source : Musée du moudjahid, Tizi-Ouzou.

99
BIBLIOGRAPHIE

1)AMRANE DJAMILA ; 1991 « Répartition géographique des


militantes de la guerre de libération nationale (1954-1962) » in
Revue Awal N° 8, Awal, Paris.
2) AMROUCHE JEAN ; 1988 Chants Berbère de Kabylie,
L'Harmattan, Paris.
3) ATTOUMI DJOUDI ; 2004 Le colonel Amirouche, entre
légendes et histoire, Edité à compte d'auteur, Tizi Ouzou.
4) ATTOUMI DJOUDI ; 2005 Avoir 20 ans au maquis, Edité à
compte d'auteur, Tizi Ouzou.
5) BEN KHEDA B ; 1989 Aux origines du 1er novembre 1954,
Dahlab, Alger.
6) BEN KHEDA B ; 2000 Abane, Mhid, leur apport à la
révolution, Dahlab, Alger.
7) BENBRAHIM MELHA. ; 1979 « Poésie orale Kabyle de
résistance, 1830-1962 », in Actes de la table ronde, Littérature
orale, CRAPE.
8) BENJAMIN STORA, 1993 Histoire de la guerre d'Algérie,
repères, La Découverte, Paris.
9) BOUAMARA KAMAL ; 2004 Si Lbachir Amellah (1861-
1930), Poète Chanteur de Kabylie, Tatlantikit, Bejaia.
10) CHADLI EM ; 1977 Le conte populaire dans le pourtour de
la méditerranée, EDISUD, Paris.
11) CHAKER SALEM ; 1982 « Structures formelles de la poésie
Kabyle », in Actes de la table ronde, Littérature Orale, OPU,
Alger.
12) COURRIERRE YVES ; 1992 La guerre d'Algérie, le temps
des colonels, Rahma, Alger.
13) DEJEUX JEAN ; 1983 La poésie algérienne de 1830 à nos
jours, Paris, Publisud, Alger.
14) EVENO P et PLANCHAIS J ; 1990 La guerre d'Algérie,
dossiers et témoignages, Laphomic Paris.
15) FERAOUN MOULOUD ; 1989 Les isefra de Si Mouhend ou
Mhend, Bouchéne Alger.
16) GUENOUN ALI ; 1999 Chronologie du mouvement national,
Casba, Alger.
17) KEDDACHE MAHFOUD ; 2003 Et l'Algérie se libéra, 1954-

101
1962, EDIF 2000 Méditerranée, Paris.
18) Lacoste Dujardin CAMILLE ; 1992 Des mères contre les
femmes, La découverte, Paris.
19) LACOSTE DUJARDIN C ; 1982 « Littérature orale et
histoire », in Actes de la table ronde, littérature orale, OPU,
Alger.
20) LACOSTE DUJARDIN CAMILLE, 1970 Le conte Kabyle,
étude ethnologique, La Découverte, Paris.
21) MAMMERI MOULOUD ; 1969 Les Isefra de Si Mouhend ou
Mhend, François Maspero, Paris.
22) MAMMERI MOULOUD ; 1988 Poèmes Kabyles Anciens,
Laphomic Alger.
23) MAMMERI MOULOUD ; 1990 Yenna-yas Ccix Muhend,
Edité à compe d'auteur.
24) MEKACHER SALAH., 2006 Aux P.C de la wilaya III de
1957à 1962, Edité à compte d'auteur.
25) NACIB YOUSSEF ; 1982 Elements sur la tradition orale,
SNED Alger.
26) NACIB YOUSSEF., 1993 Anthologie de la Poésie Kabyle,
Andalouses Alger.
27) RABIA BOUALEM ; 2004 Florilèges de poésies Kabyles, le
viatique du barde, L'odyssée, Tizi Ouzou.
28) YACINE TASADIT ; 1990 Relire Boulifa, recueil de poésie
Kabyle, Awal, Paris.
29) ZAMOUM ALI ; 1993 Tamurt Imazighen, Mémoires d'un
survivant 1940-1962, Rahma, Alger.

Archives, musée du moudjahid de Tizi-ouzou.

102
TABLE DES MATIERES

AVERTISSEMENT 9
PRESENTATION 13
Approche anthropologique et politique 14
La femme et la guerre 17
Structure des poèmes 21
Lecture des poèmes 21
01- Période (1954-fin 1959) 22
02- Période (fin 1959-1962) 26
03- Poèmes dédiés aux martyres 36
POEMES
01- A win isâan ul ivafen 41
02- Lâeslama s yemjuhad 42
03- Lâeslama s yemjuhad 42
04- Üagas 43
05- Tulawin n yemjuhad 44
06- Tulawin n yemjuhad 44
07- Ass n ssebt 45
08- Laîak 45
09- Lâeslama s yemjuhad 46
10- Ataya ataya uôumi 47
11- Lâesker a d-yettiééif 47
12- A yemma wer neêdir 48
13- A yimjuhad imecîaê 48
14- Lâeslama s yemjuhad 49
15- A yimjuhad a tarwa 49
16- A yemma i wer neêdir 50
17- £er Tala-Xlil 51
18- A yemma 51
19- Mlet-iyi 52
20- Ass n ttlata $ef tmenya 52
21- Tala-Xlil taddart iûren 53
22- Ass n lexmis taûebêit 54
23- Ataya ataya uôumi 55
24- A yemma wer neêdir 56
25- Ataya lâesker 56
26- Lâesker 57

103
27- A nesserwal 57
28- Tiyita n tebbura 58
29- A win iweêden 59
30- Lberj n yidir n Amar 59
31- Aql-iyi di Larbâa 60
32- Aql-iyi di Larbâa 61
33- Aql-iyi ger idurar 61
34- Aql-iyi ger idurar 62
35- Aql-i di Buâaûem 63
36- Lâeslama s yemjuhad 63
37- Laîak n tala zegga$en 64
38- Ass waêed si Remvan 64
39- Muê Wakli 65
40- Üeôoan Akli 66
41- Lkuôaj 66
42- Laîak ger i$allen 67
43- Ëemmu 67
44- Taqcict 68
45- Muqôan ixnunes 69
46- Ass n lexmis taûebêit 69
47- Ittru yiéri-w 70
48- Nn$an Muêed U Salem 71
49- Taêkayt ivran Ttala-Xlil 71
50- Laîak Iêesnawen 72
51- D a$rib i t-mevlen 73
52- Lâeslama s yemjuhad 73
53- Keççini Sidi Ësen 74
54- Attaya 75
55- Si U Yidir mmi-s n lêerr 75
56- Ataya ataya Si Ësen 76
57- Si Ësen illa teççur-as 76
58- Ass n lexmis azuzwu 77
59- Ass n lexmis taûebêit 78
60- Ives n uzal ittkellix 78
61- Lâeslama s yemjuhad 80
62- Ay imjuhad a tarwa 80
63- Si Ësen di lmatqa 81
64- A yemma i wer neêdir 82

104
65- Lâeslama s yemjuhad 82
66- Anida teooam aqcic 83
67- A yemma wer neêdir 83
68- Iûubb-d lâesker seg At Yidir 84
69- Iûubb-d lâesker 85
70- Keçç a Si Muêed U Yidir 86
71- Rabeê yerna di tmura 86
72- Ass aseâdi 87
ANNEXES 91
BIBLIOGRAPHIE 101

105
Tiérigin n A.U.T - Editions du H.C.A

Tiérigin n Usqamu Unnig n Timmuz$a


Editions du Haut Commissariat à l'Amazighité
-o-O-o-

Collection “Idlisen-nne$ ”
01- Khalfa MAMRI, Abane Ramdane, ar taggara d netta i d bab n timmunent
(Tasuqilt n Äebdennur ËAO SAÄID d Yusef MERRAËI), 2003.
02- Slimane ZAMOUCHE, Uvan n tegrest, 2003.
03- Omar DAHMOUNE, Bu tqulhatin, 2003.
04- Mohand Akli HADDADOU, Lexique du corps humain, 2003.
05- Hocine ARBAOUI, Idurar ireqmanen (Sophonisbe), 2004.
06- Slimane ZAMOUCHE, Inigan : ammud isefra, 2004.
07- S. HACID et K. FARHOUH, Laûel ittabaâ laûel akk d :Tafunast igujilen, 2004.
08- Y. AHMED ZAYED et R. KAHLOUCHE, Lexique des sciences de la terre et
lexique animal, 2004.
09- Lhadi BELLA, Lunoa : Recueil de contes amazighs, 2004.
10- Habib Allah MANSOURI, Ageldun amecîuê (Traduction du “Petit Prince”
de St. Exupéry ), 2004.
11- Djamel HAMRI, Agerruj n teqbaylit, 2004.
12- Ramdane OUSLIMANI, Akli ungif, 2004.
13- Habib Allah MANSOURI, Amawal n tmazi$t tatrart, édition revue
et augmentée, 2004.
14- Ali KHALFA, Angal n webrid, 2004.
15- Halima AIT ALI TOUDERT, Ayen i $-d-nnan gar yetran, 2004.
16- Moussa OULD TALEB, Mmi-s n igellil, (Tazwart s$ur Yusef MERRAËI), 2004.
17- Mohand Akli HADDADOU, Recueil des prénoms amazighs, 2004.
18- Nadia BENMOUHOUB, Tamacahut n Bas$ar, 2004.
19- Youcef MERAHI, Taqbaylit ass s wass, 2004.
20- Abdelhafidh KERROUCHE, Te$zi n yiles, 2004.
21- Ahmed HAMADOUCHE, Ti$ri n umsedrar, 2004.
22- Slimane BELHARET, Awal $ef wawal, 2005.
23- Madjid SI MOHAMEDI, Afus seg-m, 2005.
24- Abdellah HAMANE, Merwas di lberj n yiîij - aêric I, 2005.
25- Collectif, Tibêirt n yimedyazen, 2005.
26- Mourad ZIMU, Tikli, tullizin nniven, 2005.
27- Tayeb DJELLAL, Si tinfusin n umaval, 2005.
28- Yahia AIT YAHIATÈNE, Favma n Summer, 2006.
29- Abdellah HAMANE, Merwas di lberj n yiîij - aêric II, 2006.
30- Lounes BENREJDAL, Tamacahut n bu yedmim, 2006.
31- Mezyan OU MOH, Tamacahut n umeksa, 2006.
32- Abdellah ARKOUB, Nnig wurfan, 2006.
33- Ali MAKOUR, Ëmed n ugellid, 2006.
34- Y. BOULMA & S. ABDENBI, Am tmeqqunt n tjeooigin, 2006.
35- Mohand Akli SALHI, Amawal n tsekla, 2006.
36- O. KERDJA & A. MEGHNEM, Amawal amecîuê n ugama, 2006.
37- Ali EL-HADJEN, Tudert d usirem, 2006.
Tiérigin n A.U.T - Editions du H.C.A

Actes de colloques
- Actes des journées d'étude sur « La connaissance de l'histoire de l'Algérie »,
mars 1998.
- Actes des journées d'étude sur « L'enseignement de tamazight », mai 1998.
- Actes des journées d'étude sur « Tamazight dans le système de la
communication », juin 1998.
- Actes des journées d'étude sur « Approche et étude sur l'amazighité », 2001.
- Actes du colloque sur «Le mouvement national et la revendication amazighe»,
2002.
- Actes du colloque international sur « Tamazight face aux défis de la
modernité », 2002.
- Actes des stages de perfectionnement pour les enseignants de tamazight,
mars 2004.
- Actes du colloque sur « Le patrimoine culturel immatériel amazigh », 2006.

Revue « Timmuzgha »
Revue d'études amazighes du Haut Commissariat à l'Amazighité :
N° 01, avril 1999, ----- N° 13, octobre 2006.

Autres publications
- Annuaire des associations culturelles amazighes, 2000.
- Idir El-Watani, « L'Algérie libre vivra », décembre 2001.
- Etude sur « L'enseignement de la langue amazighe : bilan et perspectives »,
2004.

Consulting
- Iddir AMARA, Les inscriptions alphabétiques amazighes d'Algérie,
HCA/ANEP, 2006.
- Kemal STITI, Fascicule des inscriptions libyques gravées et peintes de la
grande Kabylie, HCA/ANEP, 2006
Cet ouvrage est publié dans le cadre de la Collection
« »
Initiée par la Direction de la Promotion Culturelle du
Haut Commissariat à l'Amazighité

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