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RI 113

HISTOIRE POLITIQUE
Cours du 24 novembre 2023

«Les révolutions de 1830 et 1848 en


Europe»-I

02/28/2024
• INTRODUCTION

PLAN I – Les révolutions de 1830


1) Trois Glorieuses (France)
2) Révolutions belge et polonaise
«Les révolutions de 1830
et 1848 en Europe» a) La révolution belge d’août 1830
b) La révolution polonaise de novembre 1830

II – Les révolutions de 1848: Printemps des


peuples
1) France
2) Autriche
3) Allemagne/ États allemands et la Prusse: La
Révolution de mars

CONCLUSION

02/28/2024
Europe révolte
Eugène DelaCroix, «La liberté guidant le peuple», 1830

02/28/2024
« Siège de la Diète fédérale à Francfort », gravure sur bois

Le 3 avril 1833, un groupe de révolutionnaires organise un soulèvement


– qui échoue – contre le Parlement fédéral.
© akg-images.

02/28/2024
INTRODUCTION
• Entre 1814 (à compter de la première abdication de Napoléon) 1848,
un nouvel ordre européen se dessine. La carte européenne est
réorganisée et l’hégémonie est hiérarchiquement partagée
(émergence de ‘grandes puissances’ dans le sens de la
reconnaissance de ladite grandeur en vertu du partage des rôles; voir
le cours du 16 avril 2020). L’ordre européen est rétabli sur le principe
dynastique et il est mis sous la tutelle de la Sainte Alliance. En
revanche, cet ordre est fragile pour deux raisons: la divergence des
intérêts entre les acteurs (vainqueurs) et la réorganisation spatiale à
l’encontre/ au détriment des peuples qui composent les États. Il faut
y ajouter la forte sensibilisation des peuples en Europe à l’égard de la
Révolution française ou encore, à l’égard des valeurs engendrées,
propagées par et/ ou dérivées de la Révolution (liberté, égalité,
fraternité, nation, libéralisme, etc.)
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INTRODUCTION (… suite…)
• La nouvelle Europe sous l’Ancien Régime:
Restauration politique: Le Congres de Vienne
restaure les monarchies en Europe.
- En France, Louis XVIII reprend le trône;
- En Espagne, Ferdinand VII restaure la
monarchie;
- En Italie, le Pape Pie VII retrouve la
souveraineté sur les États pontificaux.

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INTRODUCTION (… suite…)
• La nouvelle Europe sous l’Ancien Régime:
Restauration territoriale/ spatiale: Afin de consolider leur puissance, les
vainqueurs redessinent la carte européenne:
- La Prusse étend ses territoires à l’ouest (en s’emparant de la Saxe et de la
Rhénanie). Pourtant, ce royaume se trouve soumis à la suprématie de
l’Empire d’Autriche qui contrôle la Confédération germanique;
- L’Empire d’Autriche annexe la Lombardie et la Vénétie au nord de l’Italie et
prend la tête de la Confédération germanique;
- La Russie connaît une double expansion: à l’ouest, avec la possession de la
Pologne et la Bessarabie et au nord, avec l’annexion de Finlande;
- La Belgique se trouve englobée par le Royaume des Pays-Bas;
- L’Espagne récupère le Royaume de Deux-Siciles au sud de l’Italie;
- Le Royaume-Uni se voit consolider sa puissance maritime avec notamment
l’annexion de Malte.
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INTRODUCTION (… suite…)
• «La Russie, la Prusse et l’Autriche agrandissent leur territoire, et le Royaume-Uni renforce ses
positions maritimes, tandis que la France, toujours soupçonnée de menées révolutionnaires,
est entourée d'un cordon sanitaire d'États secondaires.
• L’ordre de Vienne: L’ordre créé par le Congrès et l’équilibre des puissances qui en découle est
préservé par un système d’alliance, à savoir, la Sainte-Alliance, qui se transforme en
Quadruple Alliance et en Quintuple Alliance avec l’intégration de la France. Avec la Sainte-
Alliance scellée en 1815, la Russie, la Prusse et l’Autriche s’engagent à «se prêter assistance,
aide et secours en toute occasion» («occasion» désignant toute sorte de menaces aux
monarchies). Avec la Quadruple, scellée la même année entre ces trois puissances et le
Royaume-Uni, les grandes puissances s’engagent à se réunir régulièrement pour empêcher le
développement des mouvements nationaux et libéraux. (Voir Concert européen/ des nations)
L’alliance s’élargit avec la participation de la France en 1818 pour devenir ainsi la Quintuple.
En 1820, l’alliance s’accorde le droit d’ingérence en s’autorisant à intervenir militairement en
dehors de leur zone d’influence (ex: Espagne; Conférence de Troppau). Par la suite, les
puissances européennes créent «une nouvelle forme de gouvernance multilatérale: elles
gèrent l’Europe ensemble [hégémonie partagée], par la concertation et sans entrer en conflit.
Elles préservent un équilibre de puissances qui sert leur principal intérêt: conserver le
pouvoir et empêcher le réveil de la révolution».

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INTRODUCTION (… suite…)
Ces précautions n’empêchent pas, pourtant, le fait
qu’entre 1815 et 1848, l’Europe est marquée par la montée en
puissance des aspirations nationales et libérales. Ces
revendications des peuples du droit à disposer d’eux mêmes
sont très souvent étouffées par les vieilles monarchies en place,
autoritaires. Il n’empêche que les soulèvements se succèdent, se
multiplient, et témoignent de la volonté d’en finir avec les
anciens systèmes en place. En France, le parcours du roi Louis
XVIII illustre les difficultés de la Restauration après la chute de
Napoléon Ier».
• Comment, alors, l’Europe glisse de l’ordre monarchique vers
les souverainetés nationales?
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INTRODUCTION (… suite…)

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INTRODUCTION (… suite…)

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INTRODUCTION (… suite…)
• RAPPEL:
• Concert européen/ Concert des nations: «Expression qui
désigne la volonté pour les grandes puissances monarchiques
européennes, à partir de 1815, afin de promouvoir par la
diplomatie une paix durable sur le continent européen». Cette
diplomatie comprend également l’élimination de toute sorte
de mobilisation révolutionnaire susceptible d’ébranler
l’Europe monarchique; une volonté qui se traduit par les
interventions successives. Le Concert européen est, donc, une
nouvelle modalité de gérer les relations internationales (le
principe dynastique étant celui fondateur de l’Ordre de
Vienne).
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INTRODUCTION (… suite…)
• RAPPEL:
• «Le Congrès de Vienne marque, donc, le triomphe
des princes de l’Ancien Régime dans une Europe des
princes en apparence pacifiée (L’Europe n’a pas
connu une guerre continentale jusqu’à la Première
Guerre mondiale).
• La Sainte Alliance est la suprastructure chargée
d’assurer le maintien de cet ordre dont le principe
fondateur est celui dynastique (la chrétienté servant
d’élément de consolidation).
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INTRODUCTION (… suite…)
• Voir: https://youtu.be/RFgR8_qssGY et
• https://www.youtube.com/watch?v=pn2bYbQ
6a4M
Voir aussi:
https://www.lelivrescolaire.fr/page/6576403

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I – Les révolutions de 1830
Plan de la partie:
1) Trois Glorieuses (France)
2) Révolutions belge et polonaise
a) La révolution belge d’août 1830
b) La révolution polonaise de novembre 1830

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I – Les révolutions de 1830
• Contexte: Les révolutions de 1830 et 1848 constituent une étape
décisive des mobilisations suscitées par les décisions du Congres de
Vienne. Elles s’inscrivent dans un contexte plus large de mutations, de
transformations importantes que connaît l’Europe. Plus précisément,
entre 1800 et 1850, dans la lancée du XVIIIe siècle, l’Europe connaît
une mutation décisive. Elle entre dans un âge au cours duquel se
forgent les bases de sa domination de la planète jusqu’aux premières
décennies du XXe siècle. Cette mue est à la fois économique, sociale
et politique. [Ce vieux] continent, du moins ses pays les plus avancés,
passe à l’ère industrielle et nationale. Mais si le constat est
indiscutable et rend la période essentielle, ses modalités sont objet de
remises en cause historiographiques : dans le reflux actuel des thèses
marxistes, le concept même de révolution pose problème, qu’elle soit
bourgeoise et nationale ou industrielle et urbaine».
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I – Les révolutions de 1830 (… suite…)
Les révolutions de 1830 englobent principalement
trois grands mouvements, à savoir Trois Glorieuses
en France, la Révolution de Belge d’août 1830
(l’indépendance de Belgique) et l’insurrection
polonaise d’octobre 1830 (contre la domination
russe); cette dernière est suivie d’une grande
émigration. Notamment «en France et en Belgique,
une opposition libérale s’exprime par des pétitions,
des banquets, des charivaris et des enterrements
protestataires».
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I – Les révolutions de 1830 (… suite…)
Suivant Emmanuel Fureix, «Efforçons-nous de reconstituer les mécanismes qui ont
rendu possible une telle « contagion » révolutionnaire en Europe, inédite depuis les
années 1790. Dans l’Europe figée par le congrès de Vienne et la Sainte-Alliance des rois,
des ferments de contestation libérale et nationale se manifestent dès les années 1820.
En 1820-1821, des révolutions vite réprimées éclatent en Espagne, au Piémont et à
Naples, et érigent en modèle la Constitution de Cadix de 1812. En France et dans une
moindre mesure en Belgique, une opposition libérale s’exprime dans un espace public
élargi, par des pétitions, mais aussi des banquets, sérénades, charivaris et enterrements
protestataires. Les libertés publiques figurent au cœur des aspirations exprimées. Une
politisation souterraine, croisant élites et classes populaires des villes, commence à se
manifester. Ailleurs, ce sont plutôt des sociétés secrètes (dans les Etats italiens, en
Pologne, en Grèce) ou des fraternités étudiantes (Burschenschaften dans les Etats
allemands) qui rêvent d’émancipation patriotique». Emmanuel Fureix, «1830, L’Europe
en révolution», in Le Monde diplomatique, Manuel d’histoire critique. I. Industrialisation,
colonisation et entrée des masses en politique (1830-1900), 2014, p. 18-19. URL:
https://www.monde-diplomatique.fr/publications/manuel_d_histoire_critique/a53151.

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I – Les révolutions de 1830 (… suite…)
• 1) Les Trois Glorieuses (France):
• Contexte: Dès son arrivée au pouvoir, Louis XVIII a recours aux mesures qui permettraient
de consolider la domination monarchique à l’encontre des idées révolutionnaires. Alors
que la Charte de 1814 (Charte Constitutionnelle du 4 juin 1814) prévoit la séparation des
pouvoirs, c’est au roi que revient le pouvoir de décider tout (voir la Charte, «Formes du
gouvernement du roi» , Articles de 13 à 23. URL:
https://www.conseil-constitutionnel.fr/les-constitutions-dans-l-histoire/charte-constitution
nelle-du-4-juin-1814
). Le suffrage censitaire (à l’instar la Constitution de 1791) emporte sur le suffrage
universel. En outre:

• - Le choix du titre «Roi de France» au lieu de «Roi des Français»;
• - La réduction des effectifs de l’armée considérée comme le foyer de la révolution;
• - L’interdiction de La Marseillaise et du drapeau tricolore (remplacé par le drapeau
monarchique blanc);
• - Les limitations visant la liberté d’expression

…. illustrent la volonté d’éliminer les acquis de la Révolution.


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I – Les révolutions de 1830
1) Les Trois Glorieuses (… suite…)
• Contexte: Les clivages ne se tardent pas à émerger. La scène politique
française des années 1820 se voit divisée entre trois principaux clivages:
• - Libéraux: Ils prônent la république, le suffrage universel et libertés
individuelles, rejettent monarchie, suffrage censitaire et influence de
l’Église; ils s’expriment à travers les pamphlets et s’organisent autour des
sociétés secrètes, respectivement); drapeau tricolore;
• - Constitutionnels: Ils prônent compromis entre libertés et monarchie et
réclame une application effective de la Charte; rejettent excès de
l’absolutisme et de la Révolution; s’expriment à travers le journal Le
Global; drapeau blanc.
• - Ultra-royalistes: Ils prônent monarchie absolue du droit divin, société
d’ordre et de privilèges; rejettent suffrage universel, libertés et droits
individuels; la République; s’expriment à travers le journal Le
Conservateur; drapeau blanc.

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I – Les révolutions de 1830 (… suite…)
• Après une période de libéralisation (relative et limitée, bien entendu),
sous le gouvernement de Louis Decazes, l’année 1820 marque un point
tournant réactionnaire de la Restauration. En février 1820, le duc de
Berry, neveu et héritier de Louis XVIII est assassiné par l’ouvrier libéral
antimonarchiste Louis Pierre Louvel. Les ultra-royalistes saisissent cette
occasion pour faire imposer des lois encore plus restrictives; ainsi, le
régime devient encore plus réactionnaire, répressif et conservateur. La
suspension des libertés, le rétablissement des censures de la presse et
l’octroi à l’Église du monopole de l’éducation, la promulgation de la Loi
de Double Vote ayant pour but de renforcer la représentativité des
monarchistes et des ultra-royalistes dans la Chambre des députés (18
juin 1820) sont les grandes étapes du retour à l’absolutisme. Avec la
mort de Louis XVIII et la succession de Charles X (le fameux Comte
d’Artois, le frère de Louis XVI) en 1824, ledit retour s’accélère en France.

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Louis-Pierre Louvel

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I – Les révolutions de 1830
1) Les Trois Glorieuses(… suite…)
Vers Trois Glorieuses: le règne de Charles X

Le règne de Charles X, ce dernier des Bourbons, se caractérise par le rejet total de l’héritage
révolutionnaire. Des son arrivée au trône, Charles X modifie la Charte de 1814 et déclare le roi comme
«inviolable et sacré». Le 29 mai 1825, il renoue avec une tradition que la France ne connaît pas depuis
1775: il se fait couronner dans la cathédrale de Reims, une action dont le message est le retour sans
compromis à l’absolutisme. Les mesures réactionnaires s’ensuivent:
- Le durcissement de censure de presse;
- La promulgation de la Loi sur le Sacrilège (20 avril 1825) qui punit toute atteinte portée au culte
chrétien (travaux à perpétuité);
- La promulgation de la Loi du milliard aux émigrés (27 avril 1825), une loi d’indemnisation destinée
à dédommager les nobles émigrés dont les biens étaient confisqués pendant la Révolution et ainsi
rassurer les acquéreurs de biens nationaux;
- La suppression de la Garde Nationale en 1827.
Cette série d’actions absolutistes est symboliquement couronnée par l’inauguration d’un monument
commémoratif sur la place de l’exécution de Louis XVI; Charles X faisant du 21 janvier le jour de deuil
(1826) (Voir: https://histoire-image.org/fr/etudes/charles-x-continuation-ancien-regime).

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Sacré de Charles X (détail), 1825
François Gérard

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I – Les révolutions de 1830
1) Les Trois Glorieuses(… suite…)
Les clivages étant exacerbés, ces mesures réactionnaires ne tardent pas à susciter une
forte contestation. La monarchie coupée de la nation, doit vite faire face à la montée d’un
mouvement de contestation, porté par les bourgeois, libéraux, ouvriers et étudiants. Aux
élections de 1830, les libéraux remportent la majorité à la Chambre des députés. Charles
X réplique en dissolvant la Chambre, mais les nouvelles élections ne font que confirmer la
victoire des libéraux. «Charles X contre-attaque en légiférant (faire, créer des lois) par
ordonnance». Le 25 juillet 1830, «la sûreté de l’État étant menacée», le roi rédige six
ordonnances (Ordonnances de Saint-Cloud). A noter que ces ordonnances sont également
connues comme «Quatre Ordonnances» comme le coup de force constitutionnel est dans
les quatre premières.
La publication des ordonnances (dans le journal Moniteur, le journal officiel du
gouvernement français) le 26 juillet est suivie d’une grande émeute. Plus précisément, «il
s'ensuit trois journées d'émeutes que les auteurs romantiques qualifient de ’Trois
Glorieuses’, au terme desquelles l'héritier des Bourbons devra s'enfuir et laisser le trône à
son cousin, le duc d'Orléans, futur Louis-Philippe 1er, qui sera à son tour chassé par
une Révolution, dix-huit ans plus tard».

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I – Les révolutions de 1830
1) Trois Glorieuses(… suite…)
• Citation:
• «Dans les bureaux du ’National’, le journaliste Adolphe Thiers rédige aussitôt une protestation solennelle et dénonce un coup
d'État : ’Le régime légal est donc interrompu ; celui de la force est commencé’.
• Le roi est en fuite, vive le roi !
• Paris, aussitôt, se soulève. Les commerçants ferment boutique cependant que les étudiants se rassemblent en cortège.
• Jules de Polignac (Ministre aux Affaires étrangères, ainsi que président du Conseil des ministres) refuse d'abord avec une
stupide obstination de retirer les ordonnances et le roi confie la répression des émeutes au maréchal Auguste de Marmont, un
soldat impopulaire pour avoir trahi Napoléon Ier, tout juste de retour d'Alger.
• Au prix de 200 tués chez les soldats et près d'un millier chez les insurgés, ces derniers l'emportent malgré tout...
• Charles X, s'étant résolu trop tard à retirer les ordonnances, doit prendre la route de l'exil. Elle le mènera en Autriche, à Gorica
(aujourd'hui en Slovénie) ; c'est là qu'il décédera et sera inhumé.
• Dans la capitale, on revit dans l'exaltation les souvenirs de la grande Révolution, celle de 89 et 93. On reconstitue une garde
nationale et, par acclamations, l'on en confie le commandement à celui qui la commandait déjà en 1789, le toujours populaire
et libéral marquis de La Fayette (73 ans !). Certains le voient déjà Président de la République (comme George Washington).
• Mais à force d'intrigues, une poignée d'hommes dont le vieux Talleyrand, le jeune Thiers et le banquier Laffitte écartent les
républicains. Dans la nuit du 29 au 30 juillet, ils font afficher sur les murs de Paris une proclamation anonyme : ’La République
nous exposerait à d'affreuses divisions : ‘elle nous brouillerait avec l'Europe’.
• C'est ainsi qu'ils en appellent au duc Philippe d'Orléans. Le 31 juillet, du balcon de l'Hôtel de ville, La Fayette présente
l'heureux élu à la foule des Parisiens comme la « meilleure des républiques ».
• Deux jours plus tard, en guise de sacre, le roi prête serment sur la Charte au Palais-Bourbon. De cette trahison familiale va
résulter une solide inimitié entre les royalistes « légitimistes », partisans du duc de Bordeaux, et les « orléanistes ». Ainsi,
Hésitation de 1830 débouche sur une nouvelle monarchie en France: Monarchie de juillet
Voir: https://youtu.be/x0nqgaocVQU; https://www.youtube.com/watch?v=LUyYLL1BfYc

02/28/2024
Charles X et Ordonnances de Saint-Cloud

02/28/2024
« Les Trois Glorieuses », lithographie de Léon Cogniel, vers 1830.
Le soulèvement de la bourgeoisie et de la classe ouvrière contre les Bourbons.

« Les Trois Glorieuses », lithographie de Léon Cogniel, vers 1830.


Le soulèvement de la bourgeoisie et de la classe ouvrière contre les
Bourbons.
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I – Les révolutions de 1830
2) Les révolutions belge et polonaise
• A part la France, « l’Europe continentale [entière] voit se multiplier
les troubles sociaux (notamment contre les machines et la
mécanisation du travail, de l’Angleterre à la Rhénanie et à la Suisse) et
les mouvements insurrectionnels de nature politique,
constitutionnelle et patriotique. Un soulèvement populaire, devenu
révolution, touche la Belgique en août et septembre 1830. En
Pologne, une conjuration militaire débouche sur des émeutes contre
la domination russe en novembre 830. Certains Etats de l’Italie
centrale connaissent d’importants soulèvements libéraux. Des
mouvements constitutionnels touchent une partie des Etats
allemands, ainsi que la Suisse. Une nouvelle ‘Europe des peuples’ est
imaginée par certains, fondée sur l’idée de souveraineté. Mais,
dès 1831-1832, un reflux conservateur ou contre-révolutionnaire ne
tarde pas à geler cette dynamique» (Fureix, op.cit.).
02/28/2024
Louis de Potter embrassant le drapeau belge
Gustave Wappers (1834), musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.

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I - Les révolutions de 1830
2) Les révolutions belge et polonaise (… suite..)
• a) La révolution belge
• La révolution belge peut également être considérée comme une guerre
d’indépendance, ou encore de sécession. Il s’agit d’une révolte contre Guillaume
I, le roi des Pays-Bas de plusieurs provinces du Sud du royaume.
• Rappel: «Après la défaite de Napoléon à Waterloo le 18 juin 1815, au Congrès de
Vienne de 1814-1815, le Royaume-Uni avait imposé l'union de la Belgique aux
Pays-Bas. Londres espérait que cet état-tampon empêcherait la France de se
relancer à la conquête de l'Europe.

Après la première abdication de Napoléon, battu par les forces de la 6e coalition,


les Puissances décident de remanier la carte de l'Europe.

Par le Traité de Paris (30 mai 1814), elles reconnaissent l'indépendance de la


Hollande et projettent de lui donner la Belgique comme ‘accroissement de
territoire’, afin de constituer une barrière contre la France» (Voir infra, cordon
sanitaire contre la France). URL: http://www.arquebusiers.be/1830.htm
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Les révolutions de 1830
2) Les révolutions belge et polonaise
a- La révolution belge (… suite..)

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I - Les révolutions de 1830
2) Les révolutions belge et polonaise
a- La révolution belge (… suite..)
• Contexte: «Cette région de l'Europe, interface entre des grandes puissances, a une longue histoire de morcellement.
Au Moyen-Âge, les territoires de la Belgique et des Pays-Bas actuels étaient des fiefs rattachés de façon assez lâche aux
rois de France ou du Saint-Empire germanique. Ils furent unifiés à partir du XIV ème siècle, d'abord dans les Pays-Bas
bourguignons. Au XVIème siècle, les ‘Pays-Bas’ étaient en voie d'être davantage centralisés par l'absolutisme espagnol,
lorsqu'a éclaté une des révolutions bourgeoises les plus précoces, formant la République des Provinces-Unies au Nord,
tandis que le Sud passe sous domination autrichienne. Cette séparation, due à la lutte des classes et aux rivalités entre
puissances, ne se fit absolument pas sur une base linguistique. La limite wallon-flamand est incluse dans la partie Sud.
Entre 1787 et 1790, la Révolution brabançonne éclate et les Pays-Bas autrichiens obtiennent une indépendance de
courte durée, avant que l'armée autrichienne reconquière le pays. En 1792, les révolutionnaires français, en guerre
notamment contre l'Autriche, envahissent les Pays-Bas autrichiens. Après une défaite de la France en 1793, celle-ci
reprend le contrôle de ce territoire, qui devient sous l'Empire napoléonien un département français. Durant cette
période, une intégration politique et économique commence à se dessiner avec la France, et la bourgeoisie belge, qui
se développe, est francophile. Ce sentiment est en revanche moins partagé dans la population, notamment rurale, du
fait de la guerre, la conscription, les impôts, les troubles religieux...
• Sur le modèle français, les privilèges de la noblesse sont abolis, le territoire est politiquement unifié (fin de la
principauté de Liège, impôts uniques, Code civil, système métrique...). La Belgique connaît vers 1797 une vague
d'anticléricalisme qui reflue avec le Concordat de 1801. La langue française, déjà présente depuis longtemps, devient la
langue des élites de tout le pays, supplantant le néerlandais dans l'administration.
• Auparavant, les multiples barrières douanières des différents fiefs et des puissances voisines (Provinces-Unies,
France...) freinaient le commerce. Si les guerres ruinent d'abord le pays, à partir de 1799 et de la stabilisation politique
sous Napoléon, la Belgique commence à connaître sa révolution industrielle, et la bassin houiller wallon devient une
des régions les plus prospères d'Europe. Par ailleurs, le blocus continental face aux marchandises anglaises profite
grandement au port d'Anvers».

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I - Les révolutions de 1830
2) Les révolutions belge et polonaise
a- La révolution belge (… suite..)
• Le rattachement de 1815

• Lorsque la France est vaincue, beaucoup pensent que la Belgique a vocation à devenir indépendante. Le baron
de Horst, commissaire prussien chargé de gérer temporairement le pays, pense notamment l'indépendance
imminente. Mais le Royaume-Uni, alors en plein essor et puissance de loin dominante, parvint à convaincre au
Congrès de Vienne (1815) de la réunion de l'ensemble des anciens Pays-Bas. Ce fut le Royaume des Pays-Bas,
décidé par dessus la tête des belges. Il s'agissait pour le Royaume-Uni de créer un Etat-tampon plus solide pour
résister aux ambitions éventuelles de la France.
• Les classes possédantes belges aspiraient à s'insérer de plein droit dans l'Europe bourgeoise en train de naître,
mais elles avaient aussi conscience de la faiblesse de la Belgique seule. C'est sans doute pour cela qu'il n'y a pas
eu de mouvement nationaliste très puissant, et beaucoup d'hésitations. La bourgeoisie belge espère
compenser la perte du marché français avec les colonies néerlandaises, même si elle voit d'un mauvais œil le
fort endettement du nouveau partenaire. Des ressentiments sont néanmoins présents, qui trouvent à se
cristalliser sur le clivage religieux (Belgique catholique, Pays-Bas protestants).

• Crise et éveil des nationalités


• Entre 1829 et 1831, de nombreux soulèvements ont lieu en Europe. Il y avait à la fois une crise économique et
une idéologie bourgeoise mêlant nationalisme et romantisme. En 1829, une mauvaise récolte provoque la
hausse des prix des aliments, et se combine à un fort chômage en 1830, notamment dû à la mécanisation.
Dans le cas de la Belgique, il semble que ce soit surtout ce mécontentement parmi les ouvriers, les artisans et
le ‘petit-peuple’ en général qui ait été le facteur dominant.

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I - Les révolutions de 1830
2) Les révolutions belge et polonaise
a- La révolution belge (… suite..)
• La forte sensibilisation à l’égard de Trois Glorieuses en France, contribue à
l’exacerbation du mécontentement (surtout des ouvriers), ainsi qu’à la
montée des mobilisations. Alors que la sensibilisation révolutionnaire se
concrétise avec l’apparition, dans les rues, des tracts, affiches et graffitis
apparaissent, avec les lectures publiques de journaux français qui
«échauffent les esprits», la mise des rubans tricolores qui «s'affichent en
tant que symbole de ‘liberté’» (comme réaction au drapeau blanc de la
monarchie française). Les représentations de la pièce La Muette de Portici,
deviennent «l'occasion d'une forte agitation plébéienne. Le pouvoir se
raidit et prend des mesures préventives : interdiction de La Muette de
Portici (dont certains passages sont jugés trop patriotiques), renforcement
des garnisons, annulation de l'exercice de la garde communale de
Bruxelles, du feu d'artifice et des illuminations prévus pour l'anniversaire
du roi Guillaume 1er...» ne tardent pas à susciter l’escalade.

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I - Les révolutions de 1830
2) Les révolutions belge et polonaise
a- La révolution belge (… suite..)
• Citation: «Quelques jours plus tard, l’opéra est à nouveau autorisé et joué au Théâtre de la Monnaie le 25 août. Au moment où l’acteur principal
entonne l’air célèbre :
• Amour sacré de la patrie,
Rends-nous l’audace et la fierté !
A mon pays, je dois la vie,
Il me devra sa liberté

• le public manifeste un grand enthousiasme et la salle entière se lève pour acclamer frénétiquement».

• Quelques spectateurs gagnent les sorties et incitent à la révolte la population bruxelloise. C’est l’émeute. Les carreaux du bureau du journal
orangiste « Le National » sont brisés par des manifestants. Les maisons des principaux agents du gouvernement hollandais sont mises à sac. Les
autorités, affolées, ne prennent aucune mesure défensive.
• Au cours de la nuit, la populace remplace les premiers manifestants et va dévaster les magasins d’alimentation et briser les nouvelles machines
dans les usines des faubourgs de la capitale. La garnison demeure toujours passive.
• Le 26 août, le calme est loin d’être revenu à Bruxelles. Face à ce désordre et devant l’inertie des autorités, les notables de la ville, voyant leurs
propriétés menacées, décident d’agir par leurs propres moyens et créent en hâte une garde bourgeoise, milice armée chargée de veiller à la
sécurité publique. Elle est placée sous le commandement du baron Emmanuel Van der Linden d’Hooghvorst et parvient à grouper 10.000
hommes en moins de 2 jours. La garde reprend à son compte le drapeau rouge, jaune et noir de la révolution brabançonne et en confie la
confection à Marie Abts. Il sera hissé au balcon de l’hôtel de ville le soir même.
• Le 27 août, la milice bourgeoise réussit à rétablir le calme à Bruxelles. Mais les événements de la capitale ne tardent pas à se répéter aux quatre
coins du pays et l’effervescence s’empare des masses. Presque partout les autorités officielles cèdent le pouvoir à la bourgeoisie.
• Le 28 août, les notables envoient une adresse au roi, insistant sur les racines profondes de l’émeute et l’urgence d’obtenir de larges concessions.
Guillaume 1er rejette en bloc les revendications.
• A la fin du mois d’août, nombreux sont cependant ceux qui croient encore en une solution pacifique du conflit. Les premières tendances vont vers
une séparation administrative du Nord et du Sud, associés dans une union personnelle sous la dynastie d’Orange».
• .

02/28/2024
I - Les révolutions de 1830
2) Les révolutions belge et polonaise
a- La révolution belge (… suite..)

Le mois de septembre témoigne à l’accélération


du mouvement. Alors que le roi essaye de
contrer le mouvement par l’envoi des troupes
(avec son fils à la tête), à la fois ce coup de force
et les efforts de son fils a remédier à la situation
par négociation échouent. Notamment du 19 au
27 septembre 1830, Bruxelles devient la scène
des luttes acharnées».
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I - Les révolutions de 1830
2) Les révolutions belge et polonaise
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Citation:
• «Le roi donne l’ordre à son second fils, le prince Frédéric, de marcher sur Bruxelles avec 14.000 hommes pour y dicter le
respect des lois. Lorsque, le 23 septembre, la troupe hollandaise fait son entrée à Bruxelles, la plupart des chefs de la
Révolution s’enfuient craignant une répression sanglante. La première résistance est donc l’œuvre du petit peuple et de
quelques volontaires liégeois parmi lesquels un canonnier intrépide, Charlier Jambe de Bois.
• Les Hollandais adoptent une stratégie concentrique consistant à marcher sur 4 colonnes simultanées et à s’attaquer à la ville
par quatre de ses portes (Flandre, Laeken, Schaerbeek, Louvain).
• La capitale est défendue par les volontaires postés sur de nombreuses barricades. Une seule des 4 colonnes parvient à
pénétrer dans la ville par la porte de Schaerbeek et les troupes ennemies s’avancent dans la rue Royale où des projectiles de
tous genres pleuvent des fenêtres et des toits.
• Les Hollandais atteignent péniblement le Parc de Bruxelles et s’y engouffrent. Ils sont tombés dans une souricière car entre-
temps, des villageois brabançons sont venus se joindre aux insurgés de Bruxelles et resserrent l’étau.

• Dès l’aube du 24 septembre et pendant toute la journée du 25 septembre, la lutte reprend avec acharnement.
• Le dimanche 26 septembre se joue la partie finale. Les troupes hollandaises tentent un ultime effort mais sont enveloppés par
des tirs de canon et le feu nourri des hommes derrières les barricades.
• Le 27 septembre, à 5 heures du matin, les Belges s’apprêtent à assaillir le Parc de Bruxelles mais leurs premières salves ne
reçoivent aucune réponse : le parc est vide ! Les Hollandais s’étaient retirés entre minuit et 3 heures du matin profitant d’un
épais brouillard.
• La victoire des insurgés à Bruxelles produit, sur-le-champ, une exaltation intense. Dans les campagnes, le clergé prêche
l’avènement des temps nouveaux. Le gouvernement provisoire envoie immédiatement des émissaires dans les places
fortifiées et les villes de garnison. Avec le concours des patriotes locaux ils réduisent à l’impuissance les militaires hollandais.
• Octobre et novembre 1830».

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Citation:
• «Le roi donne l’ordre à son second fils, le prince Frédéric, de marcher sur Bruxelles avec 14.000 hommes pour y dicter le
respect des lois. Lorsque, le 23 septembre, la troupe hollandaise fait son entrée à Bruxelles, la plupart des chefs de la
Révolution s’enfuient craignant une répression sanglante. La première résistance est donc l’œuvre du petit peuple et de
quelques volontaires liégeois parmi lesquels un canonnier intrépide, Charlier Jambe de Bois.
• Les Hollandais adoptent une stratégie concentrique consistant à marcher sur 4 colonnes simultanées et à s’attaquer à la ville
par quatre de ses portes (Flandre, Laeken, Schaerbeek, Louvain).
• La capitale est défendue par les volontaires postés sur de nombreuses barricades. Une seule des 4 colonnes parvient à
pénétrer dans la ville par la porte de Schaerbeek et les troupes ennemies s’avancent dans la rue Royale où des projectiles de
tous genres pleuvent des fenêtres et des toits.
• Les Hollandais atteignent péniblement le Parc de Bruxelles et s’y engouffrent. Ils sont tombés dans une souricière car entre-
temps, des villageois brabançons sont venus se joindre aux insurgés de Bruxelles et resserrent l’étau .

• Dès l’aube du 24 septembre et pendant toute la journée du 25 septembre, la lutte reprend avec acharnement.
• Le dimanche 26 septembre se joue la partie finale. Les troupes hollandaises tentent un ultime effort mais sont enveloppés par
des tirs de canon et le feu nourri des hommes derrières les barricades. Se forme un gouvernement provisoire.
• Le 27 septembre, à 5 heures du matin, les Belges s’apprêtent à assaillir le Parc de Bruxelles mais leurs premières salves ne
reçoivent aucune réponse : le parc est vide ! Les Hollandais s’étaient retirés entre minuit et 3 heures du matin profitant d’un
épais brouillard.
• La victoire des insurgés à Bruxelles produit, sur-le-champ, une exaltation intense. Dans les campagnes, le clergé prêche
l’avènement des temps nouveaux. Le gouvernement provisoire envoie immédiatement des émissaires dans les places
fortifiées et les villes de garnison. Avec le concours des patriotes locaux ils réduisent à l’impuissance les militaires hollandais.
• Octobre et novembre 1830».

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Les hostilités ne prennent fin qu’en fin octobre (avec le point tournant du jour du 27 octobre, quand les troupes
hollandaises bombardent Anvers. Cette attaque met en exergue qu’une administration sous le règne hollandais seul
ne peut guère être envisageable.
• Début novembre: Le Congrès National se réunit pour la première fois le 10 novembre 1830 et reprend la mission
législative entamée par le gouvernement provisoire. Ses tâches principales seront :
• La rédaction définitive de la nouvelle Constitution du pays
• L’élection du Chef de l’Etat.
• Le Congrès National restera en fonction jusqu’à la prestation de serment du premier roi des Belges.
• Le 18 novembre, il proclame à son tour l’indépendance du peuple belge
• Le 22 novembre, il se prononce pour un régime de monarchie constitutionnelle représentative sous un chef
héréditaire car celle-ci est la seule susceptible d’être acceptée par les grandes puissances européennes.
• Le 24 novembre, le Congrès exclut à perpétuité les membres de la Maison d’Orange-Nassau du trône de
Belgique». (URL:
http://www.histoire-des-belges.be/au-fil-du-temps/epoque-contemporaine/revolution-belge/le-congres-nationa
l
) (Voir notamment la Constitution)
Voir aussi le rôle des grandes puissances:
http://www.histoire-des-belges.be/au-fil-du-temps/epoque-contemporaine/revolution-belge/le-role-des-grandes-puis
sances
Vidéo de synthèse: https://www.youtube.com/watch?v=MdQgLMz539M
• Fin de la révolution qui se débouche sur l’indépendance.
• Pour une étude détaillée sur la Révolution belge voir:
https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/la-revolution-belge-de-1830-en
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• Un autre regard: «La révolution belge ne plonge pas uniquement ses racines dans les revendications politiques
d'une bourgeoisie, prospère, qui apprécie en fait la politique économique de Guillaume Ier. La situation des
classes inférieures est moins favorable. Beaucoup de travailleurs sont sans emploi. La révolution belge a donc,
aussi, une origine sociale. L'explosion de la révolte est néanmoins canalisée par la bourgeoisie, pour servir ses
intérêts.
• En 1830, la récolte est mauvaise et le ravitaillement menacé. Lorsqu'en juillet 1830, la révolution éclate à Paris,
l'agitation gagne les couches populaires en Belgique. Au terme d'une représentation de l'opéra 'La Muette de
Portici', le 25 août 1830, des désordres ouvriers se produisent à Bruxelles. La bourgeoisie bruxelloise veut s'en
protéger et crée une garde armée. Le 1er septembre, les responsables de cette milice demandent au prince
Guillaume d'Orange, fils et successeur de Guillaume Ier, cantonné à Vilvorde, d'intercéder auprès de son père en
faveur d'une séparation administrative entre le Nord et le Sud. Guillaume Ier se sent victime d'un chantage et
refuse de céder.
• Les désordres prennent alors de l'ampleur. Les volontaires affluent de toute la Belgique pour soutenir
l'insurrection. La garde bourgeoise perd le contrôle des événements. Le 23 septembre, l'armée hollandaise entre
dans Bruxelles, sous le commandement de Frédéric, le deuxième fils de Guillaume Ier. Cette situation provoque
la réconciliation des différentes tendances parmi les volontaires et tous s'unissent contre les troupes
hollandaises. Les meneurs de la garde bourgeoise et quelques révolutionnaires forment un comité, qui
coordonne avec succès les actions des volontaires. Dans la nuit du 26 au 27 septembre, l'armée hollandaise bat
en retraite. Le comité provisoire devient gouvernement provisoire et proclame l'indépendance, le 4 octobre
1830».
• Source:
https://www.belgium.be/fr/la_belgique/connaitre_le_pays/histoire/la_belgique_a_partir_de_1830/origine_et_
essor/revolution_belge
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2) Les révolutions belge et polonaise
b- La révolution polonaise
• Même si elle s’inscrit dans le contexte des révolutions de 1830, la révolution
polonaise reste une insurrection contre la domination russe. Elle est une guerre
d’indépendance ratée. Il faut chercher les origines de cette insurrection, dans
l’histoire polonaise marquée par les partages. Plus précisément, «les partages
successifs de 1772, 1792 et 1795 niaient l’existence d’une nation polonaise en
lui enlevant toute base territoriale mais c’était perdre de vue qu’à la différence
d’un pays comme l’Italie – dont Metternich dira qu’elle ‘n’est qu’une simple
expression géographique’ – les Polonais avaient constitué pendant plusieurs
siècles un État régi par des institutions spécifiquement polonaises, agissant et
légiférant en tant qu’État indépendant, expression politique d’un peuple
possédant son histoire, sa langue, sa tradition religieuse et son génie national
particulier. Il était impossible aux trois puissances qui venaient de se la partager
de faire comme si la Pologne n’avait jamais existé face à un peuple qui n’avait,
pour assurer sa survie, d’autre choix que la remise en cause radicale de l’ordre
ainsi établi».

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b- La révolution polonaise
• Même si elle s’inscrit dans le contexte des révolutions de 1830, la révolution
polonaise reste une insurrection contre la domination russe. Elle est une guerre
d’indépendance ratée. Il faut chercher les origines de cette insurrection, dans
l’histoire polonaise marquée par les partages. Plus précisément, «les partages
successifs de 1772, 1792 et 1795 niaient l’existence d’une nation polonaise en
lui enlevant toute base territoriale mais c’était perdre de vue qu’à la différence
d’un pays comme l’Italie – dont Metternich dira qu’elle ‘n’est qu’une simple
expression géographique’ – les Polonais avaient constitué pendant plusieurs
siècles un État régi par des institutions spécifiquement polonaises, agissant et
légiférant en tant qu’État indépendant, expression politique d’un peuple
possédant son histoire, sa langue, sa tradition religieuse et son génie national
particulier. Il était impossible aux trois puissances qui venaient de se la partager
de faire comme si la Pologne n’avait jamais existé face à un peuple qui n’avait,
pour assurer sa survie, d’autre choix que la remise en cause radicale de l’ordre
ainsi établi».

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• Contexte et l’éclatement de l’insurrection: En vertu des dispositions de l’Acte du
Congrès de Vienne, le duché de Varsovie est dissout au profit du royaume de Pologne,
soumis sous la tutelle russe (le royaume était autonome jusqu’a son annexion, en
1868, par la Russie. Il s’appelait également comme «Le Royaume du Congrès). A noter
que la majorité des institutions de la période napoléonienne, ainsi que le Code sont
maintenus. Plus précisément, «La Constitution et la charte constitutionnelle de 1815
ont en effet accordé au gouvernement une certaine autonomie en matière politique
et économique. En fait, même si la Russie a absorbé certains des territoires ayant
appartenu à la Pologne, un royaume distinct (le Congrès de Pologne) continue
d’exister jusqu’en 1830-31, allié à la Russie par une union personnelle. De ce fait,
l’Etat est en mesure de jouer un rôle actif dans le développement économique du
pays, en particulier dans les années 1820». (Thomas David, «Chapitre 4. Pologne : Une
politique industrielle ambitieuse et conservatrice (1815-1843)», dans Nationalisme
économique et industrialisation, L'expérience des pays de l'Est (1789-1939), Librairie
Droz, 2008, p. 57. URL:
https://www.cairn.info/nationalisme-economique-et-industrialisation--978260001272
0.htm
).
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• A l’instar des Belges, Trois Glorieuses sont perçues comme «un signe
encourageant» par les Polonais. En outre, la proclamation de l’indépendance
belge joue un rôle stimulant. Force est de souligner que l’insurrection est un peu
précipitée pour deux raisons: la crainte d’une intervention russe à la Belgique et
celle d’une mobilisation contre révolutionnaire en Europe. «Après que les
rebelles aient déposé le souverain du royaume de Pologne, le tsar Nicolas 1er,
en janvier 1831, l’affrontement avec la Russie s’avère inévitable». Les insurgés
comptaient sur le soutien de la France (ou encore, des Français) mais la
sympathie des Français pour la cause polonaise reste insuffisante en raison de la
réticence du nouveau roi, à savoir, Louis-Philippe (d’Orléans) – en raison de sa
fragile position dans le Concert européen. 1831, le fameux Lafayette, alors le
Chef de la Garde nationale, crée un Comité français pour les Polonais, destinés à
collecter d’argent afin de leur fournir le financement. De surcroit, «la question
polonaise est omniprésente non seulement dans la presse catholique (Avenir) et
libérale (National), mais aussi dans la poésie et chanson (La Varsovienne:
https://www.youtube.com/watch?v=T5BllldNrf4).

02/28/2024
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b- La révolution polonaise (… suite…)
• L’insurrection dure presque un an pour être écrasée trop sévèrement: les
insurgés polonais se tiennent «jusqu’en octobre 1831, date à laquelle les
troupes russes reprennent le contrôle de tout le territoire. La répression est
féroce. Un grand nombre d’intellectuels et d’hommes politiques sont obligés
d’émigrer. La Constitution de 1815 est remplacée par les Statuts Organiques qui
sont beaucoup plus restrictifs. L’armée polonaise est démantelée, les institutions
élues sont abolies, et les libertés individuelles, ainsi que la liberté de presse,
sont restreintes. Enfin, les positions dominantes au sein du gouvernement et des
universités sont désormais occupées par des Russes». (David, op.cit., p. 61)
• «L’ordre règne en Varsovie»: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b54001268m
• L’écrasement de l’insurrection suscite ce qu’on appelle la Grande émigration; un
mouvement qui va influencer les configurations sociétales en Europe en général
et en France en particulier. Voir:
https://heritage.bnf.fr/france-pologne/fr/la-grande-emigration-art

02/28/2024
« Conférence de Londres », caricature de Honoré Daumier, 1832
«A partir de novembre 1830, le Royaume-Uni, l’Autriche, la France, la Prusse et la Russie se réunissent
lors de la conférence de Londres, où ils décident notamment de la séparation des Pays-Bas (en chien, à
gauche) et de la Belgique (en dindon, à droite). L’ours russe piétine la Pologne dont il a écrasé la
révolution».
© Coll. Grob/Kharbine-Tapabor.

02/28/2024
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• Conclusion de la partie:

Citation: « La période de 1830 à 1848 n’échappe pas à l’agitation, notamment en Italie, au Royaume-Uni
(mouvement chartiste) et en France. Par exemple, le carnaval de février 1831 est l’occasion d’une
émeute antireligieuse à Paris qui saccage l’église Saint-Germain l’Auxerrois et l’archevêché ; les canuts
lyonnais s’insurgent contre les négociants en novembre 1831 ; les funérailles du général Lamarque en
juin 1832 déclenchent une insurrection des quartiers républicains de Paris ; les canuts se soulèvent de
nouveau en avril 1834, entraînant avec eux les républicains à Paris ; un attentat manque à tuer Louis-
Philippe en juillet 1835 ; la tentative de Louis Napoléon Bonaparte pour soulever la garnison de
Strasbourg avorte en octobre 1836 ; un coup d’État républicain échoue en mai 1839 à Paris ; la seconde
tentative de Louis-Napoléon à Boulogne-sur-Mer en août 1840 rate de nouveau. À chaque fois sont mis
en cause des associations politiques plus ou moins secrètes, tel qu’en Italie et en France les carbonari,
puis en Italie le mouvement Giovine Italia (« Jeune-Italie ») lancé en 1831 par Guiseppe Mazzini , en
Allemagne les mouvements Vormärz (« avant-mars ») et Junges Deutschland (« Jeune-Allemagne »), ou
en France la société des Droits de l’homme, puis la société des Familles et la société des Saisons
(fondées par Auguste Blanqui, emprisonné en 1831-1832, 1836-1837, 1839-1847, 1848- 1859, 1861-
1865 et 1871-1879). Presque à chaque fois, il faut que la troupe intervienne pour reprendre le contrôle
des rues, avec des civils pris entre les deux (tel que le massacre de la rue Transnonain à Paris en 1834)».

02/28/2024

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