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L'Europe entre restauration et révolution (1814-1848)

Introduction

De 1814 à 1848, un nouvel ordre européen se met en place. Organisé par les
puissances qui ont abattu Napoléon, il vise à effacer l'héritage de la
Révolution française et à lutter contre l'émergence des nationalités. Cet ordre,
mis en place lors du congrès de Vienne en 1815, est essentiellement l'œuvre des
monarchies conservatrices que sont la Prusse, l'Autriche et la Russie. En
France, les Bourbons sont rétablis sur le trône. Pourtant, cet ordre est très vite
contesté lors de flambées révolutionnaires (1830 et 1848) qui ont des
aspirations à la fois nationales et libérales.

L'ordre du congrès de Vienne

En 1815, les grandes puissances victorieuses de la France napoléonienne


préparent le nouvel ordre européen lors d'un congrès réuni à Vienne.

1. Le retour du principe dynastique

-Le principe dynastique est rétabli. La légitimité du pouvoir est liée à la


présence d'un roi héritier du trône.
-L'Italie et l'Allemagne restent divisées en petits États et la Pologne reste
partagée entre Russie, Autriche et Prusse.
-Quelques grands États assurent la stabilité de ce système géopolitique: la
Prusse, l'Autriche et la Russie, qui forment la « Sainte-Alliance » contre les idées
révolutionnaires.
-La Grande-Bretagne conserve ses possessions en Méditerranée et a empêché
une domination française à l’Europe.

2. Une France sous surveillance

La France est considérée comme une puissance à contrôler, responsable des


guerres de la Révolution et de l'Empire.
Elle retrouve ses frontières de 1792.

3. En France: la monarchie restaurée

-En France, le régime adopté en 1814, est celui de la monarchie restaurée.


-Louis XVIII, frère de Louis XVI arrive au pouvoir. Il ne souhaitant pas établir
une monarchie constitutionnelle, il choisit d'octroyer aux Français une charte
constitutionnelle..
-Après la mort de Louis XVIII, en 1824, son frère, Charles X, lui succède. Pour
gouverner, il s'appuie sur les ultras, des aristocrates partisans d'une monarchie
absolue.
Un ordre remis en cause au nom des libertés et des nations

Cet ordre de 1815 ne satisfait pas certaines aspirations des peuples européens.
L'ordre de Vienne est ainsi rapidement remis en cause.

1. L'émergence de l'idée de nation et de l'idée de liberté

-Les libéraux sont mécontents de l'absence de représentativité des peuples et


de l'absence de Constitution dans la plupart des États européens.
-Les idées nationales, souvent liées aux idées libérales, se renforcent
également. Certains Allemands et les Italiens voudraient constituer un État
unifié et se libérer du joug autrichien.
-En Italie, ces revendications sont portées par le mouvement des Carbonari.
-Les Polonais souhaiteraient voir renaître un État.
-Les Grecs vivent alors à l’intérieur de l'Empire ottoman. En 1822, les Grecs
proclament leur indépendance et, en représailles, plusieurs milliers de civils
sont tués dans l'île de Chios par les Turcs, émouvant l'Europe. Les puissances
européennes soutiennent alors la cause de l'indépendance grecque.

2. Les révolutions de 1830 en Europe

-En 1830, des révolutions éclatent dans certains pays européens.

En Italie, dans les États de l'Église, des insurrections exigent l'unité nationale.
Elles se soldent par une répression.

Dans la partie de la Pologne contrôlée par la Russie, l'insurrection menée pour


rétablir l'indépendance échoue également.

En revanche, la partie sud des Pays-Bas, majoritairement catholique et


opposée à la partie nord protestante, accède à l'indépendance sous le nom de
Belgique.

La Grèce devient officiellement indépendante.

En Allemagne, les souverains de certains États d'Allemagne du Nord, adoptent


une Constitution.

-L'ordre de Vienne a été ébranlé, mais n'a pas été profondément remis en
cause.

-En France, la révolution de 1830 marque le triomphe des idées libérales.

-Les 27, 28 et 29 juillet, des Parisiens en armes renversent le pouvoir et Charles


X abdique. Les libéraux ne souhaitent pas voir établir une république, qui
risque de transformer l'ordre social.

Ils soutiennent alors le cousin du roi, Philippe d'Orléans, qui devient roi sous le
titre de Louis-Philippe Ier.
3. 1848: le « Printemps des peuples »

En 1848, une nouvelle vague révolutionnaire a lieu. L'ordre issu du congrès de


Vienne est plus nettement remis en cause.

Un mouvement européen

-Les révolutions de 1848 constituent un mouvement européen, libéral et


national. La plupart des gouvernements doivent y faire face, à l'exception de la
Russie.
-En France, le roi Louis-Philippe Ier est chassé du pouvoir le 24 février 1848.
-En Italie, dans tous les États, des insurrections demandent l'unité nationale.
-Dans les États allemands, des révolutions éclatent.
-En Autriche l'empereur doit accorder une Constitution. Toutefois, l'Empire,
composé de plusieurs nationalités, risque de se décomposer. La Hongrie
proclame son indépendance, sous la direction de Lajos Kossuth. En Bohème,
un mouvement national tchèque émerge qui souhaite voir l'empire d'Autriche
devenir un État fédéral.
-Toutefois, après 1848, la légitimité de l'ordre de 1815 est moins évidente. Rétabli
par la force, il contrarie le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, qui
s'affirme de plus en plus comme un principe pour un nouvel ordre
international.

En France: le retour de la République

-En France, la révolution de 1848 conduit à l'établissement d'une république,


pour la première fois depuis la Révolution.
-Devenu de plus en plus autoritaire, le pouvoir du roi Louis-Philippe Ier déçoit
les aspirations des libéraux. L'opposition organise alors la campagne des
banquets.
-L'interdiction d'un de ces banquets le 22 février 1848 conduit à une
insurrection à Paris, qui se solde par l'abdication du roi Louis-Philippe Ier le 24
février.

Les unifications de l’Italie et de l’Allemagne

1. L’Allemagne et l’Italie, des « expressions géographiques »

-L’unité populaire a été réprimée après 1848. Au début des années 1850, le
Printemps des peuples appartient au passé. Les princes conservateurs ont
restauré leur pouvoir.

-L’unité voulue. Dans la péninsule italienne, le souvenir de la puissance de la


Rome antique demeure. De même, en Allemagne, l’idée d’une unité s’appuie sur
le souvenir du Ier Reich, le Saint‐Empire romain germanique établi en 962 et
détruit par Napoléon Ier suite à la bataille d’Austerlitz (1805).
2. L’unité allemande (1861‐1871)

-Bismarck, artisan de l’unité. Issu du monde des junkers et profondément


conservateur, Otto von Bismarck est chancelier du royaume de Prusse à partir
de 1862. Sa priorité est de reconstruire le Reich perdu de 1806.

-Construire l’Allemagne contre les voisins. La Prusse mène d’abord la guerre


contre le Danemark (guerre des Duchés) puis contre l'Autriche (victoire de
Sadowa en 1866). La victoire de Sedan débouche enfin sur la conquête de
l’Alsace et de la Moselle.

-La Prusse absorbe les États allemands. L’affrontement contre Napoléon III
(1870‐1871) permet de réaliser l’unité des autres États allemands autour de la
Prusse face à un ennemi commun. En 1871, les États du Sud restés
indépendants intègrent le nouvel État‐nation. Guillaume devient kaiser du
Deuxième Reich en 1871.

3. Une unité italienne grâce à la France? (1858‐1870)

-Le rôle du royaume de Piémont‐Sardaigne. Le petit État, dirigé par


Victor‐Emmanuel II, se modernise et se pose comme l’artisan principal de
l’unification italienne. Mais sans une aide étrangère, le Piémont ne peut pas
lutter contre l’Autriche, beaucoup plus puissante militairement.

-La France en appui. Napoléon III décide dès 1858 de soutenir le Risorgimento.
En 1859, la guerre éclate entre l’Autriche et la France alliée au Piémont. Les
alliés l’emportent à Magenta (4 juin 1859) et la France obtient en 1860 la Savoie
et Nice en échange de son aide. Garibaldi pousse les peuples du Centre et du
Sud à se révolter et l’unité italienne se construit peu à peu.

-L’unité sans la France. En 1866, l’Italie soutient la Prusse contre l’Autriche: elle
obtient la Vénétie sans l’aide de la France. Cette dernière décide de soutenir le
pape Pie IX à Rome, qui s’oppose à l’unité italienne. La défaite de Sedan
entraîne le retrait de la France et Rome, envahie, devient la capitale du
royaume italien.

Les limites des processus d’unification

1. Les blessures des processus d’unification

La construction des États-nations engendre l’effacement progressif de vieilles


dynasties.
Les guerres d’unification sont meurtrières et laissent le souvenir des morts et
des destructions.
1867: les Habsbourg accordent son autonomie à la Hongrie ➝ l’Empire
autrichien devient l’Autriche‐Hongrie.
2. Des unités inachevées

Objectif de l'unification: réunir autour d'un même monarque des populations


parlant une même langue. Mais l'Europe reste une mosaïque complexe.

Des frustrations:

-En Allemagne, les pangermanistes veulent se réunir avec l’Autriche ;


-En Italie, des territoires sont encore sous domination extérieure (Dalmatie) ;
-Les peuples qui n'ont pas obtenu leur indépendance ou l'autonomie la
demandent en défendant leur identité culturelle ➝ en réaction, les pouvoirs en
place insistent sur la création d'une culture commune.

3. Un équilibre géopolitique fragile

En France: développement d'un nationalisme de rancœur qui aspire à la


Revanche contre l’Allemagne.

La France républicaine est isolée dans une Europe monarchique.


L’unité par « le haut » (= les dirigeants, les monarques) ne satisfait pas les
aspirations des peuples: les idéaux de 1848 sont ressuscités.

Les nouveaux États s'opposent entre eux ➝ l'équilibre géopolitique européen


reste fragile.

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