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PREMIERE PARTIE :

LES SCHEMAS INSTITUTIONNELDES PROCESSUS D’INTEGRATION

1
TITRE I : LE SCHEMA INSTITUTIONNEL DES ORGANISATIONS D’INTEGRATION
L’analyse de l’architecture institutionnelle (Chapitre1) et du processus décisionnel (Chapitre 2) nous permettra
d’appréhender le schéma institutionnel des organisations d’intégration, à savoir l’UEMOA et la CEDEAO.

CHAPITRE I : L’ARCHITECTURE INSTITUTIONNELLE DES ORGANISATIONS D’INTEGRATION


L’étude sera axée sur les organes intégrés et les organes intergouvernementaux. Justement, à cet égard, les
organisations d’intégration comprennent des organes qui rappellent les organisations de coopération et des
organes qui se rapprochent des organisations d’intégration. Les organes intégrés sont ceux dont les membres ne
sont pas des représentants des Etats membres ; ce sont des agents de l’organisation agissant en son nom et
pour son compte. Ils doivent être indépendants des Etats et se dévouer exclusivement à la Communauté ; ils
doivent défendre les intérêts de l’organisation face aux velléités nationalistes des Etats membres. Quant aux
organes intergouvernementaux, ils sont composés des représentants des Etats membres. De ce fait, leurs
membres siègent et agissent au nom et pour le compte de leur Etat respectif. Ces aspects seront appréhendés à
travers l’étude de la configuration organique de l’UEMOA (Section 1) l’OHADA (Section 2) et de la CEDEAO
(Section 3).

SECTION 1 : L’UEMOA
Les organes de l’UEMOA sont prévus par le Traité de Dakar. L’article 16 dudit Traité identifie cinq organes de
l’Union : la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement ; le Conseil des ministres1 ; la Commission ; la Cour
de justice et la Cour des comptes. Il identifie également le Comité interparlementaire, les organes consultatifs et
les institutions spécialisées autonomes qui sont appelés à concourir à la réalisation des objectifs de l’Union. Pour
une meilleure approche de ces organes, nous verrons successivement les organes intégrés (§ 1) et les organes
intergouvernementaux (§ 2).
§ 1 - Les organes intégrés
Dans le cadre de l’UEMOA, les organes intégrés seront étudiés à travers les organes principaux à pouvoir de
décision (A), les organes principaux consultatifs (B) et les institutions spécialisées (B).

A) LES ORGANES INTEGRES PRINCIPAUX A POUVOIR DE DECISION


Les organes intégrés principaux à pouvoir de décision au sein de l’UEMOA sont la Commission (1°) et la Cour
de Justice (2°).

1°) La Commission
Pour ce qui est de la Commission, elle demeure l’organe qui « veille au bon fonctionnement et à l’intérêt général
de l’Union, indépendamment des différents intérêts nationaux »2. La Commission doit rester « assignée à la
représentation autonome de l’intérêt commun »3. C’est dire qu’elle doit constituer le représentant de la légitimité
communautaire dans le pouvoir décisionnel de l’organisation. C’est la raison pour laquelle le Traité de l’Union
accorde un statut significatif aux commissaires. Ainsi, les huit commissaires – nommés pour un mandat de quatre
ans renouvelables par la Conférence – qui composent la Commission bénéficient, en principe, de l’irrévocabilité

1
S’agissant de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement et du Conseil des ministres, l’article 16 renvoie aux
articles 5 et 6 du Traité de l’UMOA.
2
E. CEREXHE et Louis le Hardÿ de BEAULIEU, « Introduction à l’Union économique ouest africaine », op.cit., , p.52.
3
G. ISAAC, Droit communautaire général, 6ème éd., Paris, Armand Colin, 1998, p.58.
2
sauf en cas de faute lourde ou d’incapacité4, ou encore de méconnaissance des devoirs liés à l’exercice de leur
fonction5. Il faut en outre noter que les commissaires sont nommés sur la base de leur compétence et de leur
intégrité morale6. Enfin, ils doivent faire preuve d’une totale indépendance et ne peuvent solliciter, ni accepter
aucune instruction émanant d’un Gouvernement ou de quelque organisme qu’il soit7.
La Commission est dirigée par un Président qui bénéficie d’un statut particulier. En effet, il est nommé séparément
par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement pour un mandat de quatre ans renouvelable8. Avant leur
entrée en fonction, les commissaires s’engagent par serment devant la Cour de Justice, à observer les obligations
d’indépendance et d’honnêteté, et sont tenus de ne plus exercer d’autre activité professionnelle rémunérée ou
non9. La Commission dispose de plusieurs fonctions. Il s’agit essentiellement des fonctions d’exécution10, de
contrôle11, de représentation internationale12, consultative13, d’information14 et d’administration interne15. L’on
peut résumer ces différentes fonctions, en considérant que la Commission a une fonction de gardienne du Traité
et d’exécutif de l’Union. La fonction de gardienne du traité, en fait de garante de la sauvegarde et même du
développement du processus d’intégration mis en marche, regroupe un certain nombre de tâches incombant ou
en tout cas relevant de la compétence de la Commission. Ainsi, certaines dispositions du traité font peser sur
cette dernière le devoir de sauvegarder l’acquis communautaire en veillant au respect du traité et des actes des
institutions de l’Union.
Dans l’optique de faire progresser le processus d’intégration, il est reconnu à la Commission un pouvoir, facultatif
certes, de formuler des avis et recommandations jugés utiles pour la préservation et le développement de l’Union.
Il appartient également à la Commission de veiller à l’application et au respect des règles de concurrence. Cette
attribution bien que généralement évoquée à titre de composante du pouvoir exécutif de la Commission, mérite
d’être reprise à ce stade en ce que ces règles de concurrence ressortent des dispositions du traité et participent
à une meilleure organisation du marché commun en construction. La Commission est habilitée à saisir la Cour de
Justice de l’Union pour faire constater et sanctionner le non-respect des dispositions communautaires par les
Etats membres16. La même compétence lui est reconnue en cas de suspicion du non-respect de la légalité par
un acte communautaire17. A ce niveau, il faut noter que les actes additionnels qui semblaient être exclus de ce
contrôle de légalité, ont été considérés par la Cour de Justice comme susceptibles de recours en annulation 18. Il
faut enfin relever cette compétence de la Commission qui lui permet de saisir la Cour de Justice pour constater
et corriger le cas échéant, le fonctionnement insuffisant de la procédure de recours préjudiciels entraînant des
interprétations erronées du traité et de ses actes subséquents19.
Outre sa fonction de gardienne du Traité, la Commission de l’UEMOA, au regard de ses multiples fonctions dans
le paysage institutionnel, peut être comparée à l’exécutif d’un Etat, en ce qu’elle joue, à peu de choses près, le
même rôle. La Commission dispose, en effet, de la fonction d’exécution des actes normatifs. Dans l’Etat
contemporain, il revient à l’exécutif d’assurer l’exécution effective des règles prises par le pouvoir législatif. Au

4
Article 27 du Traité.
5
Article 30, alinéa 1er du Traité.
6
Article 27, alinéa 1er du Traité.
7
Article 28, alinéa 1er du Traité.
8
Article 33 du Traité.
9
Article 28 alinéa 2 du Traité.
10
Voir l’article 26 du Traité.
11
Voir l’article 1er du Règlement de la Commission, les articles 5 et 8 du Protocole additionnel n° I ainsi que les articles
86 et 90 du Traité.
12
Article 12 du Traité.
13
Article 26 et 42 du Traité.
14
Article 26 du Traité.
15
Article 33 et 34 du Traité.
16
Article 5 du Protocole additionnel n° I.
17
Article 8 du Protocole additionnel n° I.
18
Voir CJ/UEMOA, 27 avril 2005, Affaire YAÏ.
19
Article 14 du Protocole additionnel n° I.
3
niveau de l’UEMOA, cette tâche incombe indubitablement à la Commission. Le traité l’en a habilitée en disposant
que cette dernière « exerce (…) le pouvoir d’exécution des actes [que prend le Conseil] »20, et presque tous les
actes de caractère normatif le lui rappellent à l’occasion21. Il est évident que cette mission d’exécution des actes
normatifs s’étendra aux actes émanant des autres organes, notamment de la Commission elle-même, de la
Conférence ainsi que de la Cour de Justice de l’UEMOA. De plus, la Commission est le principal initiateur de la
législation communautaire, tout comme le sont, de façon plus informelle, les différents gouvernements des Etats
modernes. La Commission dispose, aussi de la fonction d’initiatrice de la législation communautaire. Elle
bénéficie, à cet effet d’un quasi-monopole d’initiative de l’activité normatrice de l’Union. Mais, c’est une habilitation
de fait, le principe n’ayant été expressément stipulé nulle part dans le Traité. C’est plutôt en parcourant les
compétences attribuées au Conseil que l’on s’en rend compte ; la quasi-totalité des compétences décisionnelles
de ce dernier se faisant, en effet, sur la base des propositions de la Commission22.
Ce droit reconnu implicitement à la Commission de faire des propositions se distingue néanmoins, de façon
substantielle de l’initiative législative des gouvernements dans l’ordre juridique interne. La fonction d’initiatrice de
l’activité normative de la Commission s’est vue mutée en un véritable pouvoir, si bien qu’il est plus adéquat de
parler de pouvoir d’initiative ; en effet, la reconnaissance à la Commission de faire des propositions se trouve
renforcée devant le Conseil du fait que lorsque la Commission fait une proposition de décision, le Conseil ne peut
amender ladite proposition qu’à l’unanimité23. En disposant de ce monopole d’initiative ou du moins de ce pouvoir
d’initiative, la Commission participe directement, et de façon décisive, à l’activité législative du Conseil. Ce pouvoir
d’initiative lui donne une influence déterminante sur l’orientation du droit communautaire et, en général, de
l’activité de la communauté.
Toutes ces attributions reconnues à la Commission pour le bon fonctionnement et l’intérêt de l’Union font de cet
organe un élément moteur de l’intégration, capable d’insuffler une dynamique à l’ensemble institutionnel de
l’Union. Elles font d’elle une espèce de gouvernement supranational, et partant, les prémisses d’un nouveau pôle
de pouvoir transnational. Dans le schéma institutionnel de l’UEMOA, la création de la Cour de Justice semble
tendre à l’objectif de seconder la Commission dans la perspective d’imprimer au processus d’intégration une
dynamique auto-entretenue.

2°) La Cour de Justice


La Cour de Justice de l’UEMOA a été installée le 27 janvier 1995. Elle est régie par le Traité de l’UEMOA, le
Protocole additionnel n°1, l’Acte additionnel n° 10/96 du 10 mai 1996 et les Règlements n°01 et
02/96/CM/UEMOA du 20 décembre 1996.
La Cour de Justice est composée de huit membres nommés pour un mandat de six ans renouvelable par la
Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UEMOA. Ils sont désignés parmi les personnalités offrant
les garanties d’indépendance et de compétences juridiques nécessaires dans l’exercice des plus hautes fonctions
juridictionnelles. Les membres de la Cour désignent en leur sein pour trois ans le Président, puis répartissent
entre eux les fonctions de juges et d’avocats généraux. La Cour est donc composée d’un Président, de cinq juges
et de deux avocats généraux dont le doyen prend le titre de 1er avocat général. Les membres de la Cour prêtent

20
Il est vrai que l’article 26 qui en parle précise bien que c’est sur délégation expresse du Conseil que la Commission exerce
ce pouvoir d’exécution des actes qu’il prend, ce qui diffère quelque peu de ce qui se passe sur le plan interne où, la plupart
du temps, cette habilitation est inconditionnelle, la répartition des tâches y visant une séparation des pouvoirs (législatif,
exécutif et judiciaire).
21
Le dernier article des actes adoptés par le Conseil dispose toujours que « la Commission est chargée du suivi de
l’exécution de la présente directive (ou recommandation) ”, ou encore que “ le Président de la Commission est chargé de
l’exécution du présent règlement ».
22
Le Traité est truffé de dispositions du genre « Le Conseil adopte, sur proposition de la Commission (…) ». Voir par ex.
article 47, 56, 61, 65, 66, 71, 74,80… du Traité.
23
Voir article 22 du Traité.
4
serment avant d’entrer en fonction. Leur fonction est incompatible avec l’exercice de tâches politiques,
administratives ou juridictionnelles. Ils doivent se consacrer uniquement aux tâches de membres de la Cour.
La Cour est aidée dans sa tâche par un personnel auxiliaire. Il s’agit du Greffier, de son adjoint, des auditeurs et
des agents d’exécution. La fonction de greffier est essentiellement régie par le Règlement n°02/96/CM/UEMOA
du 20 décembre 1996 portant statut du greffier de la Cour de Justice de l’UEMOA. Le greffier est recruté par le
Président de la Commission sur proposition de la Cour. Il est nommé par le Président de la Cour de Justice pour
un mandat de six ans renouvelable une fois, et doit offrir des garanties d’indépendance et de compétences
juridiques. Avant son entrée en fonction, il prête serment devant la Cour. Il est aussi soumis aux incompatibilités
des fonctions politiques, administratives ou juridictionnelles.
Les hommes désignés pour servir la justice communautaire n’ont pas une plénitude de compétences. Leurs
domaines de compétences sont bien précisés par les textes de l’UEMOA. En effet, la Cour de Justice est
gardienne de la légalité dans l’ordre juridique communautaire. A cet effet, elle est chargée de veiller à l’application
et au respect du Traité24. Elle est aussi compétente pour interpréter le Traité. La Cour a des compétences qui,
dans un Etat, relèveraient de tribunaux différents. En effet, elle se veut tribunal international, lorsqu’elle donne un
avis sur la compatibilité entre un accord international et le Traité de Dakar ; elle est aussi un tribunal de nature
constitutionnelle dans la mesure où par l’interprétation du traité, elle garantit une hiérarchie des normes ; elle est
également un tribunal administratif, dans la mesure où elle a compétence pour déclarer nuls des actes
communautaires qui ne respecteraient pas la hiérarchie des normes, ou pour accorder réparation à des
justiciables qui ont subi un préjudice, lorsqu’elle statue en matière de fonction publique communautaire.

B) LES ORGANES PRINCIPAUX CONSULTATIFS


A s’en tenir aux termes du Traité, seule la Chambre consulaire constitue un organe consultatif (2°). Mais, à
l’analyse, le Parlement a un rôle également consultatif (1°). Nonobstant cette fonction consultative, ces deux
organes participent à l’option résolument intégrationniste du schéma de l’UEMOA. En effet, ces deux structures
visent à assurer la participation effective des populations et des opérateurs économiques dans le processus
d’intégration engagé.
1°) Le Comité interparlementaire (futur Parlement de l’Union
Le Comité interparlementaire est une « une ébauche de démocratisation du processus d’intégration », et donc
« un pas dans le sens de la résorption du déficit démocratique qui a toujours caractérisé les arrangements
régionaux en Afrique de l’Ouest »25. Le Traité révisé lui octroie des prérogatives plus importantes que celles
dévolues au Comité interparlementaire qu’il remplace. Il dispose, en effet, d’une triple fonction : initiative, contrôle,
consultative. Le parlement est l’organe de contrôle démocratique des organes de l’Union. A cet effet, le Président
de la Commission lui soumet annuellement pour examen, un rapport général sur le fonctionnement et l’évolution
de l’Union. Il peut également demander à entendre le Président du Conseil des Ministres, le Président de la
Commission ou les membres, le Gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO, le
Président de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD et celui de la Chambre Consulaire Régionale.
Par ailleurs, ces derniers peuvent demander à être entendus par le Parlement. Le Parlement se réunit en session
ordinaire deux fois par an et peut aussi se réunir en session extraordinaire.
Le Parlement, tel que défini par le Traité révisé n’est pas encore effectif et opérationnel. En effet, d’une part, sa
composition, son organisation et son fonctionnement doivent être déterminés par voie d’acte additionnel, et
d’autre part, le Traité révisé n’est pas encore en vigueur – le nombre de ratifications requis n’étant pas encore

24
Article 1er du Protocole additionnel n°1 relatif aux organes de contrôle de l’UEMOA.
25
L.M. IBRIGA, « L’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine : un modèle de transition pour l’intégration
régionale et internationale de l’Afrique de l’Ouest », in Actes du colloque de Ouagadougou des 29 et 30 octobre 1996,
CEEI, p.54.
5
atteint - . Il jouira d’une autonomie financière, mais pourra être dissous par la Conférence, après consultation de
son Bureau et du Conseil des Ministres26.
2°) La Chambre consulaire
La Chambre Consulaire regroupe les chambres consulaires nationales, les associations professionnelles, et les
organisations patronales des Etats membres27. Elle est « chargée de réaliser l’implication effective du secteur
privé dans le processus d’intégration de l’UEMOA »28. C’est dans cette optique qu’elle peut être amenée à donner
son avis, à son initiative ou à celle de la Commission, sous forme de recommandation ou de rapport, sur toute
question relative à la réalisation des objectifs de l’Union, « notamment : les législations commerciale, fiscale,
douanière et sociale ; les négociations commerciales auxquelles participe l’Union ; la création et le fonctionnement
de bourses de valeur ou de commerce, d’observatoires économiques ; la politique économique et
commerciale. »29. Il est vrai, que les buts poursuivis « à travers la création de la Chambre Consulaire Régionale
[…] aurait été encore mieux atteints si ses dimensions avaient été élargies à celle d’un Conseil Economique et
Social »30.

C) LES INSTITUTIONS SPECIALISÉES


L’article 41 du Traité de l’UEMOA déclare que la BCEAO et la BOAD constituent des institutions spécialisées
autonomes de l’UEMOA. Ces structures existaient bien avant la signature du Traité de Dakar et constituent
l’architecture-clé de l’UMOA.
1°) La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO
La BCEAO surtout joue un rôle irremplaçable dans l’UEMOA en ce qu’elle a en charge de conduire la politique
monétaire de l’Union31. Créée en 1962, la BCEAO est l’Institution d’émission commun aux huit Etats membres de
l’UEMOA. Elle a son siège à Dakar. La BCEAO est chargée de l’émission des signes monétaires dans les Etats
membres de l’Union dont elle a le privilège exclusif. Elle est également chargée de : la centralisation des réserves
de devises de l’Union ; la gestion de la politique monétaire des Etats membres de l’Union ; la tenue des comptes
des Trésors des Etats de l’Union ; la définition de la loi bancaire applicable aux banques et aux établissements
financiers. L’autonomie avec laquelle la BCEAO remplit sa mission est spectaculaire. Elle assure en effet une
gestion supranationale de la monnaie commune de la zone UEMOA. Jusqu’aujourd’hui, la BCEAO demeure une
expérience unique en son genre32. Elle a véritablement et définitivement confisqué la souveraineté des Etats
parties à l’UEMOA dans le domaine monétaire et financier.
2°) La Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD
La BOAD est l’institution commune de financement du développement des Etats membres de l’UEMOA. Elle a
été créée le 14 novembre 1973 et selon l’article 2 de ses Statuts, la BOAD a pour objet « de promouvoir le
développement équilibré des Etats membres et de réaliser l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest » en
finançant des projets prioritaires de développement rural, infrastructures de base, infrastructures modernes,
télécommunications, énergie, industries, transport, agro-industries, tourisme et autres services.
§ 2) Les organes intergouvernementaux

26
Article 37 nouveau du Traité.
27
Article 6 de l’Acte additionnel n°02/97.
28
Article 3 de l’Acte additionnel n°02/97.
29
Article 4 de l’Acte additionnel n°02/97.
30
L. M. IBRIGA, op. Cit. p.55.
31
Voir infra.
32
Dans le processus d’intégration économique et monétaire européen, l’expérience d’une banque centrale supranationale
est seulement en voie d’initiation, encore que les débats ne sont pas encore clos quant au degré d’indépendance à conférer
à la BCE.
6
Dans l’UEMOA, les organes intergouvernementaux sont la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement (A)
et le Conseil des ministres (B).

A) LA CONFERENCE DES CHEFS D’ETAT ET DE GOUVERNEMENT


Organe suprême de décision au sein de l’Union, la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, comme
son nom l’indique, se présente comme une structure de concertation où se retrouvent les chefs d’Etat ou de
gouvernement de Etats membres de l’Union. C’est ce que laisse entrevoir l’article 5 du Traité de l’UMOA qui l’a
instituée et auquel renvoie l’article 18 du Traité de l’UEMOA. Cet article – l’article 5 – dispose en effet que « les
Chefs des Etats membres de l’Union réunis en conférence constitue l’autorité suprême de l’Union ». Il ne s’agit
donc pas d’un collège à proprement parler, mais d’une conférence inter-étatique. En outre, les personnalités
conviées à ces « réunions » sont d’une telle importance dans chaque Etat sur le plan politique qu’elles constituent
le plus souvent le symbole de la souveraineté nationale. C’est la raison pour laquelle ils sont commis le plus
souvent – par les textes fondamentaux de chaque Etat - à représenter leur nation dans les négociations
internationales et à les y engager. Il faut toutefois souligner que le Président de la Commission, le Gouverneur de
la BCEAO et le Président de la BOAD peuvent participer à la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement,
aux fins d’exprimer le point de vue de leur institution sur des questions les concernant 33. La Conférence est
l’organe éminemment politique de l’Union. Aussi, fixe-t-elle les grandes orientations des activités34. Elle tranche
également des questions qui n’ont pu être résolues par le Conseil des Ministres35. Elle a en outre une fonction
normative interne qui lui permet notamment d’adopter des actes additionnels36 et de réviser le Traité37. La
Conférence dispose enfin d’une fonction internationale.
B) LE CONSEIL DES MINISTRES
Le Conseil des Ministres regroupe les ministres des Etats membres de l’Union38. La coloration politique de ses
membres est également indiscutable : étant entendu que tout ministre est avant tout partie prenante d’un collège
gouvernemental, et donc commis à la défense du programme de ce gouvernement, il est parfaitement raisonnable
de conclure que chacun est porte-parole de ce dernier à cette tribune internationale que constitue la session du
Conseil des Ministres. Le Conseil est l’organe d’exécution des orientations définies par la Conférence des Chefs
d’Etat et de Gouvernement39. Il a une compétence normative lui permettant d’adopter des règlements, directives
et décisions40. Il a également une compétence budgétaire41 et internationale42.

SECTION 2 : L’OHADA
Organisation d’intégration juridique, l’OHADA a été construite suivant le principe de supranationalité : transfert,
dans le domaine du droit des affaires, de compétences législatives et juridictionnelles des Etats membres vers
l’organisation internationale créée à cet effet. Il a donc fallu mettre en place des organes statutairement
indépendants des Etats, pour l’exercice des compétences transférées. L’infrastructure institutionnelle de l’OHADA
découle du Traité constitutif, qui prévoit les différentes institutions; et de divers Règlements qui instituent des
organes.

33
Article 114 du Traité de l’UEMOA.
34
Article 8 du Traité de l’UEMOA.
35
Article 114 du Traité de l’UEMOA.
36
Article 19, alinéa 2 du Traité de l’UEMOA.
37
Article 27 du Traité de l’UEMOA.
38
La question à l’ordre du jour détermine le ministre compétent. Mais en réalité, les plus sollicités sont les ministres en
charge de l’économie et des finances ainsi que les ministres des affaires étrangères. Voir article 20 à 23 du Traité de l’Union.
39
Article 20 du Traité de l’UEMOA.
40
Article 42 du Traité de l’UEMOA.
41
Article 47 du Traité de l’UEMOA.
42
Article 84 du Traité de l’UEMOA.
7
Paragraphe 1 : Les institutions
Le Traité originaire avait prévu quatre institutions : le Conseil des Ministres, le Secrétariat Permanent, l’Ecole
Régionale Supérieure de la Magistrature, la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage. A ces institutions, le Traité
révisé du 17 octobre 2008 en a ajouté une nouvelle, la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement.
A. La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement
La CCEG est instituée par le Traité OHADA révisé (art. 3 et 27(1)), comme organe suprême et d’impulsion
politique. Elle est composée de Chefs d’Etat et de Gouvernement des Etats membres. Elle se réunit en tant que
de besoin. La présidence est tournante, elle est exercée par le pays qui assure la présidence du Conseil des
Ministres Controverses autour de la CCEG. Certains redoutaient que cette nouvelle institution ne soit source de
lourdeur et de dépenses fastidieuses dans le fonctionnement de l’Organisation; de politisation d’une Organisation
qui se veut essentiellement technique.
La CCEG offre non seulement un cadre indispensable pour toute révision du Traité, mais également un cadre
statutaire des rencontres au sommet pour imprimer les grandes orientations, coordonner l’action de l’OHADA
avec celle des autres organisations sous-régionales d’intégration et régler des questions cruciales (ex:
coexistence de référentiels comptables).
La flexibilité de ses rencontres dissipe tout risque de dérapage dans les dépenses (en pratique, la CCEG n’a tenu
qu’une réunion statutaire depuis sa création)

B : Le Conseil des Ministres (art. 2, 27(2) à 30 du Traité)


Le Conseil des ministres est composé des Ministres des Finances et de la Justice des Etats membres. Il se réunit
au moins une fois par an; 2 fois en pratique. Sa présidence est tournante. 2/3 au moins des Etats doivent être
représentés pour que le CM délibère valablement. Il délibère à la majorité absolue ; exception pour les Actes
uniformes, dont l’adoption requiert l’unanimité des Etats votants.
Le CM a un pouvoir normatif et un pouvoir décisionnel. Dans le cadre de la mise en œuvre de son pouvoir normatif,
le CM adopte / révise les Actes uniformes et les Règlements ; arrête le programme annuel d’harmonisation du
droit des affaires. Le pouvoir décisionnel lui permet de nommer le Secrétaire Permanent, le DG de l’ERSUMA,
d’élire les Juges de la CCJA, d’arrêter le montant des cotisations annuelles des Etats…

C : Le Secrétariat Permanent
Texte de base : art. 3 et 40 Traité; Règlements N° 01/2009/CM/OHADA du 22 mai 2009 portant attributions et
organisation du SPO, modifié par Règlement N° 012/2011 17 juin 2011
Le SPO a son siège à Yaoundé (Cameroun). Dirigé par le SP, il compte 3 directions et 04 services.
Organe exécutif et de coordination des activités des institutions, le SPO est la véritable cheville ouvrière de
l’OHADA. Entre autres, il élabore le programme annuel d’harmonisation du droit des affaires, prépare les projets
d’Actes uniformes, en concertation avec les gouvernements des Etats membres, prépare les réunions du CM,
tient le J.O. de l’OHADA, assure la vulgarisation du droit OHADA, assure la tutelle de l’ERSUMA, assure la liaison
avec les institutions et les gouvernements des Etats membres.

D : La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA)

8
Texte de base : art. 3, 31 – 39 Traité; Règlement de procédure du 18 avril 1996, révisé le 30 janvier 2014;
Règlement d’arbitrage du 11 mars 1999; Règlement N° 01/2014 du 25 juillet 2014 fixant les modalités de sélection
et d’élection des Juges.
Elle a pour mission d’assurer l’interprétation et l’application communes du droit OHADA. Elle a une plusieurs
fonctions :
Fonction consultative : la CCJA émet des avis à la demande du CM, d’un Etat ou d’une juridiction nationale
Fonction contentieuse : La CCJA est la seule juridiction de cassation pour les 17 Etats membres, dans tous les
litiges appelant l’application d’un Acte uniforme ; Originalité de la cassation sans renvoi
Fonction arbitrale : Administration des arbitrages conduits sous son égide ; Juge de recours en cas de
contestation de validité de la sentence arbitrale ; Spécificité des sentences CCJA : l’exequatur communautaire

E : L’Ecole Régionale Supérieure de la Magistrature (ERSUMA)


Texte de base : art. 3 et 41 Traité ; Règlement 004/2009/OHADA du 19 décembre 2009 portant statut de
l’ERSUMA, révisé par Règlement N° 013/2011/CM
Implantée à Porto Novo (Bénin), l’ERSUMA est dirigée par un DG. Elle comporte, outre la Direction générale, un
Conseil d’administration et un Conseil d’établissement. Elle assure la formation continue et perfectionnement des
magistrats et auxiliaires de justice o Recherche et documentation en droit OHADA, droit des affaires et autres
droits communautaires

Paragraphe 2 : Les organes de l’OHADA


En sus des cinq institutions prévues par le Traité, le système de l’OHADA comprend d’autres structures connues
dans l’Organisation sous l’appellation d’organes. Certains de ces organes sont des structures de liaison entre
l’OHADA et les Etats (Comité des Experts, Commissions Nationales OHADA). D’autres constituent des outils
d’appui technique au Secrétariat Permanent de l’OHADA (Commission de Normalisation Comptable, Comité
Technique de Normalisation des procédures électroniques).

A: Les organes d’appui au Secrétariat Permanent


Deux organes, essentiellement techniques, ont été institués auprès du Secrétariat Permanent, pour appuyer la
conduite du processus d’harmonisation dans des matières dont la technicité particulière commandait une telle
approche : la CNC et le CTN.

1 : La Commission de Normalisation Comptable (CNC-OHADA)


Texte de base : Règlement N° 002/2009/CM/OHADA du 22 mai 2009
Attributions : assister l’OHADA dans l’élaboration, l’interprétation, l’harmonisation et l’actualisation des normes
comptables dans les Etats Parties ; coordonner et synthétiser les recherches théoriques et méthodologiques
relatives à la normalisation et à l’application des règles comptables .
Composition : 02 représentants par Etat Partie, dont 01 désigné par l’Ordre et 01 par l’autorité nationale chargée
de la normalisation comptable + des représentants des Commissions bancaires, de la CIMA et de la CIPRES,
siégeant sans voix délibérative.

9
2 : Le Comité Technique de Normalisation des procédures électroniques de l’OHADA (CTN-OHADA)
Texte de base : Règlement N° 02/2010/CM/OHADA du 15 décembre 2010
Attributions : assister l’OHADA dans la planification, la conception, l’élaboration, l’interprétation, l’évaluation,
l’harmonisation et l’actualisation des normes uniformes applicables aux procédures électroniques dans les Etats
Parties
Composition : un représentant du P/CCJA ; le GC/CCJA; le DAJ; le RSI; 03 experts en technologies de
l’information et de la communication; 01 expert en droit et 01 expert en économie des TIC.

B : Les organes de liaison avec les Etats


1 ) Le Comité des Experts de l’OHADA
Texte de base : Règlement N° 001/2003/CM du 22 mars 2003 portant création, organisation et fonctionnement
du Comité des Experts de l’OHADA
Attributions : le CE prépare les travaux du CM, et émet des recommandations sur toute question inscrite à l’ordre
du jour de la réunion du CM
Composition / Prise de décisions : chaque Etat y est représenté par un expert juriste et un expert financier. Chaque
délégation dispose d’une voix pour la prise de décisions, qui en général sont acquises de façon consensuelle
2 ) Les Commissions Nationales OHADA (CNO)
Texte de base : Texte d’orientation du 12 septembre 2002 relatif à la création, aux attributions, à l’organisation et
au fonctionnement des CNO
Attributions : étude et observations sur les avant-projets d’Actes uniformes et de Règlements; organisation, suivi
de l’application du droit OHADA et de la mise en conformité du droit national par rapport au droit commun ;
promotion, vulgarisation et diffusion du droit OHADA; liaison entre les Etats et la CCJA pour les avis consultatifs
sollicités ou émis
Composition : composition paritaire, pluridisciplinaire et multisectorielle, avec représentation du gouvernement,
du secteur privé, de la société civile et des organisations professionnelles. Les membres sont nommés par acte
du GDS, sur proposition des structures de tutelle. Chaque CNO doit comporter une assemblée générale et un
bureau, dont le président est choisi parmi les représentants du ministère de la justice et le vice-président parmi
les représentants du ministère des finances

SECTION 3 : LA CEDEAO
La CEDEAO comprend les organes suivants : la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, le Conseil
des Ministres, le Parlement de la Communauté, le Conseil Economique et Social, la Cour de Justice de la
Communauté, le Tribunal Arbitral, la Commission, le Fonds de Coopération, de Compensation et de
Développement (FCCD) et les Comités Techniques. A ces organes, il faut ajouter l’Agence Monétaire de l’Afrique
de l’Ouest (AMAO créée par le Protocole A/P.1/7/93 signé le même jour que le Traité révisé43. L’étude de ces
organes sera faite en distinguant les organes intégrés (§ 1) des organes intergouvernementaux (§ 2).

§ 1 : Les organes intégrés

43
Protocole A/P.1/7/93 du 24 juillet 1993, J.O. vol.25, p.3.
10
Dans la CEDEAO, les organes suivants peuvent être regardés comme des organes intégrés : la Commission, la
Cour de Justice de la Communauté, le Tribunal d’Arbitrage, le Parlement communautaire et le Conseil
Economique et Social.

A) LES ORGANES PRINCIPAUX A POUVOIR DE DECISION


Il s’agit de la Commission qui a remplacé le Secrétariat exécutif (1°), de la Cour de Justice de la Communauté
(2°) et du Tribunal arbitral (3°).
1°) La Commission
La Commission est, en fait l’organe successeur du Secrétariat Exécutif. Elle a été instituée par le Protocole
additionnel A/SP.1/06/06 du 14 juin 2006 portant amendement du Traité révisé de la CEDEAO, et est un organe
permanent chargé de la défense des intérêts de la Communauté. Aux termes de l’article 17 nouveau, la
Commission est composée de neuf membres, à savoir un Président, un Vice-président et sept autres
commissaires, ainsi que d’autres fonctionnaires nécessaires au fonctionnement de la Commission.
Le Président de la Commission est nommé par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement pour un
mandat de quatre ans non renouvelables, et doit obéir aux conditions d’intégrité, de compétence avérée. Il doit
également avoir une vision globale des problèmes politiques et économiques et d’intégration régionale44. Il est
désigné parmi les membres de la Commission, et la nomination doit s’effectuer de sorte à appeler successivement
tous les Etats membres à la présidence de la Commission. Quant au Vice-président et aux autres commissaires,
ils sont nommés par le Conseil des ministres. Leur nomination s’effectue sur proposition du Comité ministériel de
sélection et d’évaluation au terme d’une interview des trois candidats présentés par les Etats membres respectifs
auxquels les postes sont attribués. Le mandat des commissaires est également de quatre ans non renouvelables.
Ils sont irrévocables sauf en cas de faute lourde ou d’incapacité45, et exercent leurs fonctions en toute
indépendance. De plus, ils ne sollicitent ni n’acceptent d’instructions de la part d’aucun gouvernement ni d’aucun
organisme quelconque. Avant leur entrée en fonction, les membres de la Commission s’engagent par serment à
observer les obligations d’indépendance et d’honnêteté inhérentes à l’exercice de leur charge46.
Le Protocole additionnel A/SP.1/O6/06 investit la Commission de fonctions plus concrètes et plus larges que
celles accordées au Secrétariat Exécutif défunt. Tout d’abord, il faut noter l’abandon de l’ignorance du principe
de collégialité. En effet, aux termes de l’ancien article 19 paragraphe 3 du Traité révisé, c’est le Secrétaire Exécutif
- et non pas l’organe collégial qu’est le Secrétariat Exécutif - qui est chargé de toutes les attributions du
Secrétariat. L’article 18 nouveau, en son alinéa 3 paragraphes 4, 5 et 6, confère à la Commission de la CEDEAO
un pouvoir d’initiative, une fonction d’exécution, de contrôle et de défense des intérêts de la Communauté.
Ainsi, la Commission fait au Conseil des ministres et à la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement toutes
les recommandations qu’elle juge utiles à la promotion et au développement de la Communauté. De plus, elle fait
au Conseil et à la Conférence des propositions qui leur permettent de se prononcer sur les grandes orientations
des politiques des Etats membres et de la Communauté. Elle formule à cet effet des avis et des
recommandations47.En outre, la Commission a la faculté de recueillir, en rapport avec les cellules nationales
CEDEAO, tous les renseignements indispensables à l’accomplissement de sa mission. De même, elle peut
adopter des Règlements d’exécution des actes édictés par le Conseil des ministres48. Il convient en outre de
souligner que la Commission exerce une fonction de représentation internationale. En effet, le Président de la
Commission peut conclure des accords de coopération avec d’autres Communautés régionales49, avec des pays

44
Article 18 §1 et §2 nouveau.
45
Article 18 §3 a et b.
46
Article 18 §3. c nouveau du Traité révisé.
47
Article 9 §2. d nouveau.
48
Article 9 §2. a nouveau.
49
Article 79 nouveau.
11
tiers ou tout autre organisme international50. L’on peut enfin noter que le Président de la Commission peut saisir
la Cour de Justice de le Communauté, pour voir constater les manquements des Etats à leurs obligations
communautaires51.
2°) La Cour de Justice
La Cour de Justice a été créée en vertu de l’article 15.1 du Traité révisé de la CEDEAO, et suivant le Protocole
A/P1/7/91 du 06 juillet 1991. Elle a été mise en place par le 24 ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement
de la CEDEAO en 2000. Aux termes de l’article 3 du Protocole d’Abuja, la Cour est composée de sept juges
indépendants, choisis parmi les personnes de haute valeur morale, ressortissants des Etats membres, possédant
les qualifications requises dans leur pays respectif pour occuper les plus hautes fonctions juridictionnelles, ou qui
sont des jurisconsultes de compétence notoire en matière de droit international et dont l’âge varie entre 40 et 60
ans. Ils sont nommés pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois52 par la Conférence, sur proposition
du Conseil des Ministres. Bien que le nombre des juges soit inférieur à celui des Etats membres, l’article 3,
paragraphe 2 précise que deux juges ne peuvent être ressortissants d’un même Etat membre. En d’autres termes,
les sept juges sont de nationalités différentes mais les seize Etats membres ne sont pas tous représentés à la
Cour53.
Les juges élisent en leur sein le Président et le Vice - Président pour un mandat de trois ans. Les dispositions sur
les membres de la Cour sont de nature à leur garantir l’indépendance nécessaire à l’exercice de leurs fonctions.
D’abord les incompatibilités : les fonctions de juges sont incompatibles avec l’exercice d’une fonction politique,
administrative et toute activité professionnelle54. Ensuite l’exigence de la prestation de serment : avant d’entrer
en fonction, les membres de la Cour prêtent serment ou font une déclaration solennelle devant le Président de la
Conférence ; cette prestation de serment se fait en ces termes : « Je jure (ou déclare) solennellement d’exercer
mes fonctions et mes pouvoirs de membre de la Cour de façon honorable et loyale, en toute impartialité et en
toute conscience »55. Enfin les privilèges et immunités : la Cour et ses membres, pendant la durée de leur mandat,
bénéficient des privilèges et immunités identiques à ceux dont jouissent les missions diplomatiques et les
diplomates sur le territoire des Etats membres, ainsi que ceux reconnus aux juridictions internationales et aux
membres de ces juridictions. A ce titre, les membres de la Cour ne peuvent être poursuivis ni recherchés pour les
actes accomplis ou pour les déclarations faites dans et à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions56. Le traité
révisé confirme cette indépendance par les dispositions de son article 15 paragraphe 3 : « Dans l’exercice de ses
fonctions, la Cour de Justice est indépendante des Etats membres et des institutions de la Communauté ».
Le Protocole d’Abuja a été amendé par le Protocole d’Accra, adopté le 19 janvier 2005 par la Conférence des
Chefs d’Etat et de Gouvernement. Le Protocole additionnel, ainsi adopté a permis d’élaguer certaines
insuffisances du Protocole d’Abuja. En effet, il étend les compétences de la Cour de Justice et accorde un droit
de saisine aux citoyens de la Communauté. Il convient, finalement de noter que la Cour peut être saisie pour un
arbitrage, car elle remplit des fonctions d’arbitrage, en attendant que le Tribunal Arbitral soit mis en place.

3°) Le tribunal arbitral

50
Article 83 §1 et §2 du Traité révisé, précisé par l’article 83 §3 nouveau.
51
Voir l’article 10 du Protocole additionnel A/SP.1/01/05 portant amendement du Protocole A//P/17/91 relatif à la Cour
de Justice de la Communauté. L’article, au fait, mentionne le pouvoir de saisine du Secrétaire Exécutif. Donc ce pouvoir
du Président de la Commission est pris en compte par analogie.
52
Sur le mandat des membres de la Cour, Voir. l’article 4 du Protocole qui précise que pour les membres de la Cour nommés
pour la première fois, le mandat de trois membres expire au bout de trois ans et celui des quatre autres membres au bout de
cinq ans.
53
Contrairement à la Cour de justice de l’UEMOA où chaque pays membre est "représenté" par un juge.
54
Article .4 § 11 du protocole d’Abuja de 1991.
55
Sur la prestation de serment, Voir l’article 5 du Protocole de 1991.
56
Article 6 du Protocole d’Abuja 1991.
12
Le Tribunal arbitral est prévu à l’article 16 du Traité révisé : « Il est créé un Tribunal d’arbitrage de la Communauté.
Le statut, la composition, les pouvoirs, les règles de procédure et les autres questions relatives au Tribunal
d’arbitrage sont énoncés dans un protocole y afférent ». Ce Protocole n’étant pas encore signé, la question qu’on
peut se poser est celle de savoir quel rôle ce Tribunal sera appelé à jouer à côté de la Cour de Justice. Dans
l’Union Européenne où il est prévu deux juridictions, le rôle du tribunal de première instance des Communautés
Européennes, mis en place en octobre 1989, est de décongestionner les dossiers devant la Cour de Justice, en
connaissant en première instance de l’ensemble des recours formés par les particuliers et les litiges entre les
Communautés et leurs agents. Tel n’est pas le cas ici puisqu’il ne s’agit pas d’une juridiction de premier degré
mais bien d’une juridiction d’arbitrage. Le corollaire d’un tel statut est que le Tribunal ne pourrait être saisi que sur
la base d’une clause compromissoire ou d’un compromis d’arbitrage. Ces deux mécanismes ayant une nature
contractuelle, cela suppose le consentement des parties au différend : il s’agit d’une justice facultative.

B) LES ORGANES PRINCIPAUX CONSULTATIFS


Il s’agit du Parlement communautaire (1) et du Conseil économique et social (2).
1°) Le Parlement communautaire
Contrairement au Traité de 1975, le Traité CEDEAO de 1993 prévoit la création d’un parlement de la
Communauté. Le Protocole additionnel portant amendement du Traité révisé prévoit un article 13 nouveau qui
dispose : « Il est créé un Parlement de la Communauté. La Communauté assurera l’implication effective du
Parlement dans la prise des décisions. Le mode d’élection des membres du Parlement de la Communauté, sa
composition, ses attributions, son organisation, ainsi que les modalités de son implication dans la prise des
décisions sont définies dans un Protocole y afférent ». Le Protocole relatif au Parlement de la Communauté a été
signé le 6 août 1994 à Abuja57.
Le parlement de la CEDEAO est conçu pour être une assemblée des populations de la Communauté. Ses
membres, dénommés « Députés », siègent au nom des populations de la Communauté ; ils n’ont donc pas de
mandat impératif. Le parlement de la communauté comprendra cent vingt sièges, chaque Etat disposant d’un
minimum de cinq sièges ; les quarante sièges restants seront répartis proportionnellement à la démographie des
Etats membres ; cette répartition peut être revue par la Conférence sur sa propre initiative ou sur proposition du
Parlement58.
Les dispositions sur le mode d’élection des membres du Parlement de la CEDEAO, si elles venaient à se
concrétiser, constituent une grande avancée dans le processus d’intégration et de création d’un sentiment
communautaire. En effet, les députés et leur suppléant seront élus au suffrage universel direct par les citoyens
des Etats membres. En attendant l’élection au suffrage universel direct des membres du Parlement, les
Assemblées nationales des Etats membres ou les institutions et organes qui en tiennent lieu éliront ces membres
en leur sein. La durée de cette période transitoire sera déterminée par la Conférence 59. Les députés sont élus
pour un mandat de cinq ans renouvelable. Le Président du Parlement est élu par ses pairs à la majorité des deux
tiers au premier tour du scrutin, à la majorité absolue des suffrages exprimés aux tours suivants ; outre le
Président, les autres membres du bureau du Parlement sont : les vice-présidents, les questeurs et des secrétaires
parlementaires (leur nombre sera déterminé par le Règlement du Parlement). A la première réunion, le doyen
d’âge assure la présidence et le plus jeune le secrétariat.
Contrairement aux parlements nationaux, le Parlement communautaire n’est pas un organe législatif comme son
nom pourrait le laisser croire. Aux termes de l’article 6 du protocole d’Abuja, le Parlement de la Communauté a
une fonction essentiellement consultative. Elle exerce cette fonction, soit sur sa propre initiative, soit sur demande

57
Protocole relatif au Parlement de la Communauté, signé le 6 août 1994, J.O. vol. 27 version révisée.
58
Sur le nombre des Députés de la Communauté et leur répartition, Voir. Article .5 du Protocole, op. cit., p.2.
59
Article. 7 du Protocole de 1994.
13
des organes de la Communauté. Mais, l’on peut supposer que cette fonction législative sera effective avec le
Protocole additionnel précité qui prévoit son implication dans les prises de décisions.
Le Parlement de la Communauté peut se saisir, en effet, de toute question intéressant la Communauté en matière
de respect des Droits de l’homme et des Libertés fondamentales et faire des recommandations aux institutions et
organes de la Communauté. Les recommandations n’étant pas obligatoires pour les Etats, on imagine la portée
très limitée de cette initiative. Mais son rôle apparaît comme dissuasif pour les Etats en matière des droits de
l’homme et de libertés fondamentales. C’est en quelque sorte un observatoire des droits de l’homme et de libertés
fondamentales. Le Parlement de la Communauté peut, en outre, être saisi par les institutions de la CEDEAO pour
émettre des avis sur des questions intéressant la Communauté. Les domaines visés concernent notamment les
politiques sectorielles, sociales, les droits de l’homme et la révision du Traité.
En dehors du mode de désignation, d’autres dispositions sur le Parlement visent à lui garantir une certaine
indépendance vis-à-vis des autres organes. C’est ainsi qu’avant d’entrer en fonction, les députés signent la
déclaration sur l’honneur de s’engage à servir fidèlement les intérêts des populations de la Communauté et de ne
céder à aucune pression directe ou indirecte d’un Etat membre ou de tout autre groupe60. Les députés jouissent
également de l’immunité parlementaire dans tous les Etats membres de la Communauté. En conséquence, aucun
député ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou des votes émis par
lui dans l’exercice de ses fonctions ; aucun député ne peut, pendant la durée des sessions, être poursuivi ou
arrêté en matière criminelle ou correctionnelle sauf flagrant délit ou autorisation du Parlement. Même dans ces
cas, la détention ou la poursuite d’un député peut être suspendue si le Parlement le requiert à la majorité des
deux tiers61. Par ailleurs, la fonction de député est incompatible avec celles de membre de Gouvernement, des
cours et tribunaux des Etats membres, l’exercice des fonctions de juge, d’avocat général ou greffier de la Cour
de Justice de la Communauté et du Tribunal arbitral, membre d’un organe créé par le Traité révisé de la
Communauté, fonctionnaire ou agent d’un organisme international et d’agents publics des Etats membres. Le
Parlement jouit de l’autonomie financière.
Le parlement siège au moins deux fois par an en session ordinaire. Les sessions sont convoquées par le bureau
et dure trois mois au maximum. Le Parlement peut également se réunir pour examiner une question spécifique
sur l’initiative du Président de la Conférence des chefs d’Etat ou à la demande de la majorité absolue des députés.
2°) Le Conseil économique et social
L’objectif fondamental de la CEDEAO étant la réalisation d’un espace économique commun, l’article 14 du
nouveau traité prévoit la création d’un Conseil Economique et social. Composé des représentants des différentes
catégories d’activités économiques et sociales, le Conseil Economique et social de la CEDAEO est une
assemblée consultative. Il pourrait ainsi être consulté notamment par les organes de décisions (Conférence des
Chefs d’Etat et de gouvernement et Conseil des ministres) sur des textes ou des problèmes d’ordre économique
et social. La composition, les attributions et l’organisation du Conseil Economique et Social seront définies dans
un protocole62.

§ 2 : Les organes intergouvernementaux


Ils sont regroupés en deux catégories : les organes intergouvernementaux politiques et les organes
intergouvernementaux techniques.

A) LES ORGANES INTERGOUVERNEMENTAUX POLITIQUES

60
Article 8 du Protocole de 1994
61
Article 9 du Protocole de 1994
62
Article 14 § 2 du Traité révisé.
14
La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement et le Conseil des ministres sont les organes
intergouvernementaux politiques de la CEDEAO.

1°) La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement


Aux termes du traité révisé, la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement est l’organe suprême de la
Communauté. La Conférence est composée « des Chefs d’Etat et/ou de Gouvernement des Etats Membres »63.
Les Etats peuvent donc cumulativement ou alternativement se faire représenter par les Chefs d’Etat ou par les
Chefs de Gouvernement. Selon l’article 8 alinéa 3 nouveau du Protocole additionnel portant amendement du
Traité révisé, la présidence de la Conférence est effectuée selon un système de rotation annuel qui tient compte
de l’ordre alphabétique des Etats membres. Elle se réunit en session ordinaire au moins deux fois par an et en
session extraordinaire sur l’initiative de son Président ou à la demande d’un Etat membre, sous réserve de
l’approbation de cette demande par la majorité simple des Etats membres64. Le Protocole A/SP.1/06/06 introduit
une donne importante dans le cadre de la bonne gouvernance. Ainsi, un Etat qui aspire à la présidence de la
Communauté perd automatiquement cette qualité lorsqu’un coup d’Etat y survient, ou que le pouvoir y est pris
par un moyen anticonstitutionnel. De plus, il doit appliquer les textes qui régissent le Prélèvement
communautaire65.
En dehors du pouvoir de nomination du Président de la Commission et des commissaires aux comptes, les
fonctions dévolues à cet organe peuvent être envisagées sous trois aspects : une fonction d’impulsion et
d’orientation : il lui revient en effet de déterminer la politique générale et les principales orientations de la
Communauté et donner des directives66 ; une fonction de contrôle : la Conférence assure le contrôle du
fonctionnement des institutions de la Communauté, ainsi que le suivi de la réalisation des objectifs de celle-ci67 ;
une fonction normative : la Conférence n’est plus dotée de pouvoir exorbitant dans ce domaine avec l’adoption
du Protocole additionnel précité. Ainsi, outre l’édiction du droit primaire de la CEDEAO (Traités et Protocoles
additionnels), elle prend les actes additionnels qui complètent le Traité.

2°) Le Conseil des ministres


Le Conseil des ministres est le deuxième principal organe de la Communauté après la Conférence. Le Conseil
des ministres de la CEDEAO « est formé par le Ministre chargé des Affaires de la CEDEAO, le Ministre chargé
des Finances et le cas échéant de tout autre ministre »68. Il s’agit, dans la pratique, du ministre des affaires
étrangères, de celui de l’économie et des finances des Etats membres secondés de tout autre ministre dont le
portefeuille dépend des questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil. Le Conseil des ministres est présidé par
le Ministre chargé des affaires étrangères, ou celui chargé des finances du pays assurant la présidence de la
Conférence ; il y a donc coïncidence entre la présidence de la Conférence et celle du Conseil. Le Conseil des
ministres se réunit en sessions ordinaires deux fois par an, une des sessions précédant immédiatement celle de
la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement ; il peut se réunir aussi en session extraordinaire sur
convocation de son président ou à la demande d’un Etat membre.
Aux termes des dispositions de l’article 10 du traité révisé, le Conseil des ministres assume des fonctions qui
peuvent être regroupées en quatre fonctions essentielles : un pouvoir de nomination des fonctionnaires de la
Communauté, (à l’exception, bien entendu, de celle du Président de la Commission) ; un pouvoir d’autorisation :
le Conseil des ministres autorise les programmes de travail, approuve les budgets et l’organigramme de la

63
Article 7 du Traité révisé CEDEAO
64
Article 8, § 1 nouveau.
65
Article 8 §5 et §6 nouveau.
66
Article 7 §3 a) du Traité révisé.
67
Article 7 b) du Traité révisé
68
Article 10 §2 nouveau.
15
Commission et des autres institutions de la Communauté ; un pouvoir d’initiative : le pouvoir normatif revenant à
la Conférence, le Conseil pourra formuler à son intention des recommandations sur toute action visant la
réalisation des objectifs de la Communauté ; un pouvoir normatif : Le Conseil édicte des Règlements, des
Directives, prend des Décisions, ou formule des recommandations et des avis69.

B) LES ORGANES INTERGOUVERNEMENTAUX TECHNIQUES


Il s’agit essentiellement des institutions spécialisées de la CEDEAO chargées des questions économiques et
monétaires liées au processus d’intégration et des Comités techniques.
1°) L’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO)
L’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest a été créée par le Protocole A/P.1/7/93 du 24 juillet 199370. L’AMAO
succède en réalité à la Chambre de Compensation de l’Afrique de l’Ouest (CCAO). Créée par l’accord de Lagos
du 14 mars 1975 et regroupant l’ensemble des pays membres de la Région, la CCAO était un système centralisé
de compensation dans lequel les transactions facturées dans la monnaie locale du pays d’origine sont exprimées
en Unités de compte de l’Afrique de l’Ouest (UCAO) pour les entrées de débit et de crédit de chaque banque
centrale. Il s’agissait donc de faciliter les transactions commerciales aux ressortissants de la communauté. Outre
ces missions traditionnelles de la CCAO, l’AMAO est chargée de la mise en œuvre du programme d’intégration
monétaire qui vise la création d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest à l’horizon 2000. Avant d’envisager en
détail ces missions, nous allons voir sa composition.
Aux termes de l’article 5 du Protocole de 1993, l’AMAO se compose d’un Comité des Gouverneurs, d’une Direction
Générale et de deux Comités consultatifs, à savoir le Comité chargé des questions économiques et monétaires
et le Comité des opérations et de l’administration ; d’autres comités pourront être créés si le Comité des
Gouverneurs le juge nécessaire71.
Le Comité des Gouverneurs est composé des Gouverneurs de toutes les banques centrales des Etats membres
ou de leurs représentants. Le Comité des Gouverneurs élit, selon le principe de rotation et dans un ordre à
déterminer, un de ses membres pour assurer la présidence du Comité ; le mandat du président du Comité est
d’un an. Il se réunit au moins une fois l’an et aussi souvent qu’il le juge nécessaire. Le Comité des Gouverneurs
est chargé de : formuler des avis et faire des recommandations au Conseil des ministres et à la Conférence et
leur présenter des rapports sur les questions liées à l’intégration économique et monétaire (convertibilité des
monnaies nationales, mise en place d’une zone monétaire unique, libéralisation des mouvements de capitaux…) ;
déterminer les modalités et les procédures relatives au fonctionnement du mécanisme des paiements et des
règlements (les taux d’intérêt à appliquer par l’Agence, la parité de l’unité de compte de l’Afrique de l’Ouest, la
méthode de calcul des lignes de crédit et de débit) ; élaborer les règles et le règlement régissant l’accès au
mécanisme du Fonds de crédit et de garantie ; autoriser l’émission de chèques de voyage CEDEAO ; organiser
les consultations périodiques avec les ministres des finances et du plan des Etats membres ; nommer le Directeur
Général et fixer ses attributions et les conditions de sa rémunération ; approuver l’organigramme de l’Agence ;
définir les organes techniques de l’Agence72.
La Direction Générale de l’AMAO comprend le cabinet du Directeur Général et tous autres départements et
divisions que le Comité des Gouverneurs, peut périodiquement, sur recommandation du Directeur Général, juger
nécessaire de créer. Le Directeur Général est nommé par le Comité des Gouverneurs parmi les ressortissants
de la Communauté pour un mandat de quatre ans renouvelable une seule fois ; il n’est révocable que par le même
Comité. Le Directeur Général est le premier responsable de l’Agence : il est chargé de l’organisation et de la
gestion de l’Agence sous la supervision du Comité des Gouverneurs.

69
Article 9 §2.b nouveau.
70
Protocole A/P.1/7/93 signé à Cotonou le 24 juillet 1993, J.O., vol.25, p.3.
71
Article .9 §1 c) du Protocole de 1993.
72
Sur les fonctions dévolues au Comité des Gouverneurs, voir article 6 du Protocole de 1993.
16
Le Comité des opérations et de l’administration est composé des directeurs des opérations extérieures de toutes
les banques centrales des Etats membres ou leurs représentants. Ce Comité est chargé de contrôler les
performances du système de compensation et de paiement ; examiner et soumettre au Comité des Gouverneurs
le budget annuel de l’Agence ; examiner les questions liées au personnel de l’Agence et assumer toute autre
fonction que lui confie le Comité des Gouverneurs.
Le Comité des questions économiques et monétaires est composé des directeurs des études de toutes les
banques centrales des Etats membres et des cadres appropriés des ministères des finances. Il est chargé :
d’examiner et évaluer les études et les rapports élaborés par la Direction générale et faire des recommandations
appropriées au Comité des Gouverneurs ; de suivre et évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre du
programme de coopération monétaire et de faire des recommandations appropriées au Comité des Gouverneurs.
Les comités consultatifs se réunissent en session ordinaire au moins deux fois l’an et en session extraordinaire à
la demande de leur président73.
L’AMAO est chargée, comme sa devancière, des questions de coopération monétaire et de paiements. Mais plus
que la CCAO, l’AMAO doit surtout contribuer à la mise en place de la monnaie unique de la CEDEAO. Pendant
la période transitoire, elle doit promouvoir l’utilisation des monnaies nationales des Etats membres dans le cadre
du commerce régional et d’autres transactions ; réaliser des économies dans l’utilisation des réserves extérieures
des Etats membres ; aider les Etats membres à harmoniser et coordonner leurs politiques monétaires et fiscales
ainsi que leur programme d’ajustement structurel ; encourager l’application par les Etats membres des politiques
macro-économiques, permettant d’avoir des taux de change et des taux d’intérêt déterminés par le marché dans
le cadre du commerce intra-régional74.

2°) Le Fonds de Coopération, de Compensation et de Développement (FFDC


Le Fonds de Coopération, de Compensation et de Développement (FCCD) est prévu à l’article 21 du Traité
révisé ; cet article renvoie à un protocole en ce qui concerne son statut, ses objectifs et ses attributions.
Commodément appelé Fonds, c’est un organe qui était déjà prévu à l’article 50 du Traité de 1975. Le protocole
sur le Fonds a été signé le 5 novembre 197675.
Aux termes du protocole de 1976, le FCCD est dirigé par un Conseil d’Administration et un Directeur Général. Il
comprend également des fonctionnaires et des employés que le Fonds jugera nécessaire. Composé des Ministres
siégeant au Conseil des ministres et nommés à cet effet par leur Etat respectif, le Conseil d’Administration est
investi de tous les pouvoirs pour la gestion du Fonds76. Le Directeur Général du Fonds est nommé par le Conseil
des ministres parmi les citoyens de l’Etat membre attributaire de ce poste. Responsable de tous les services du
Fonds, il en assure la gestion quotidienne sous la direction du Conseil d’Administration ; il nomme et révoque les
fonctionnaires du Fonds ; ceux-ci doivent être ressortissants des Etats membres77. Il est assisté d’un Directeur
Général Adjoint nommé dans les mêmes conditions. Le FCCD est fonctionnel et a son siège à Lomé.
Les objectifs assignés au Fonds ont été fixés à l’article 2 du Protocole de 1976. Aux termes de cet article, le Fonds
servira à :
« a)- fournir des compensations et d’autres formes d’assistance aux Etats membres qui ont subi des pertes en
raison de l’application des dispositions du Traité sur la libéralisation des échanges à l’intérieur de la Communauté ;
b)- indemniser les Etats membres qui ont subi des pertes par suite de l’implantation d’entreprises communes ;

73
Sur les fonctions dévolues aux Comités consultatifs et leur composition, Voir. Article 9 du Protocole de 1993
74
Sur les objectifs et les fonctions de l’AMAO, Voir. Articles.3 et 4 du Protocole de 1993
75
Rec.PCD, p.76
76
Sur les attributions du Conseil d’administration, Voir. Art 25 du Protocole de 1976 relatif au FCCD.
77
Article 28 du Protocole de 1976 relatif au FCCD.
17
c)- accorder des subventions pour le financement d’études et d’actions de développement d’intérêt national ou
communautaire ;
d)- accorder des prêts pour le financement d’études de faisabilité et pour la réalisation de projets de
développement dans les Etats membres ;
e)- garantir les investissements étrangers effectués dans les Etats membres concernant les entreprises établies
conformément aux dispositions du Traité sur l’harmonisation des politiques industrielles ;
f)- fournir les moyens pour faciliter la mobilisation constante des ressources financières intérieures et extérieures
aux Etats membres de la Communauté ;
g)- aider à la promotion de projets en vue de la mise en valeur des Etats les moins développés ».
1. Pour mener à bien ces différentes missions, le Fonds est doté de ressources financières. Les ressources
financières du Fonds comprennent les ressources ordinaires et des comptes d’affectation spéciale. Aux termes
de l’article 3 du protocole, il faut entendre par « ressources ordinaires de capital » du Fonds :
« a) le capital du Fonds, constitué par les contributions, versées et non versées du Fonds, déterminées en vertu
de l’article 5 ou autorisée conformément à l’article 6 du présent protocole ;
b) les revenus des entreprises dont la Communauté détient tout ou partie du capital ;
c) les ressources provenant de sources bilatérales ainsi que d’autres sources étrangères ;
d) les subventions et contributions de toutes sortes et de toutes origines ;
e) les revenus provenant des prêts octroyés sur les ressources susmentionnées ou des garanties accordées par
le Fonds ;
f) les emprunts contractés par le Fonds ;
g) tous autres ressources ou revenus reçus par le Fonds qui ne sont pas portés aux comptes d’affectation spéciale
visés à l’article 4 du présent ».
Concernant les comptes d’affectation spéciale, l’article 4 alinéa.2 les définit comme toutes ressources spéciales
comprenant notamment :
« a)- les contributions déterminées par le Conseil à verser par les Etats membres pour fournir des compensations
et d’autres formes d’assistance aux Etats membres ;
b)- les ressources acceptées par le Fonds pour être portées sur un compte d’affectation spéciale ;
c)- les remboursements reçus au titre de prêts ou de garantie financés sur les ressources d’un compte
d’affectation spéciale et qui, en vertu des règlements du Fonds relatif audit compte, doivent être reçus par le
compte en question ;
d)- les revenus provenant des opérations du Fonds pour lesquelles les ressources ou les fonds susmentionnés
sont utilisés ou engagés, si en vertu des règlements du Fonds relatifs aux comptes d’affectation spéciale en
question, ces revenus doivent être affectés aux comptes concernés ;
e)- les ressources provenant de toutes ressources jugées appropriées par le Fonds ayant pour objet d’atteindre
les objectifs du Fonds y compris la compensation à verser aux Etats membres ».
Ces ressources sont affectées à la réalisation des objectifs assignés au Fonds. En définitive, les objectifs du
Fonds peuvent être appréhendés sous trois aspects : d’abord financer des projets économiques des Etats
membres de la CEDEAO pour accroître la production de la Communauté notamment par la création d’entreprises
communautaires ; ensuite, fournir des compensations aux Etats ayant subi des pertes de recettes par suite de
l’implantation d’entreprises communes ou de l’application du schéma de libéralisation des échanges à l’intérieur
de la Communauté et enfin garantir les investissements étrangers effectués dans les Etats membres.

18
Les autorités communautaires ont entrepris depuis 1999 la transformation du Fonds de la CEDEAO en une
société holding régionale dénommée Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) avec
deux filiales spécialisées, le Fonds régional de développement de la CEDEAO (FRDC) et la Banque régionale
d’investissement de la CEDEAO (BRIC). La BIDC est une institution financière internationale instituée par l’article
21 nouveau du Traité révisé tel qu’amendé par l’Acte additionnel A/SA.9/01/07 du 19 janvier 2007. Elle comprend
deux guichets dont l’un est destiné à la promotion du secteur privé et l’autre au développement du secteur public.
D’un capital initial d’environ 750 millions de dollars US détenu à 67% par les Etats membres de la CEDEAO et
ouvert à 33% à la souscription des membres non régionaux, la BIDC a pour objectif essentiel de contribuer à
l’essor économique de l’Afrique de l’Ouest à travers le financement des projets et programmes relatifs au
transport, à l’énergie, à la télécommunication, à l’industrie, à la réduction de la pauvreté, à l’environnement et aux
ressources naturelles. Les organes de gestion de cet organe financier de la CEDEAO sont : le conseil des
gouverneurs, le conseil d’administration et le président de la banque qu’assistent deux vices-présidents.

3°) Les commissions techniques


Composées des représentants des Etats membres, les commissions techniques sont au nombre de neuf78 :
Commission Administration et Finances ; Commission Agriculture, Environnement et Ressources en eau ;
Commission Développement Humain et Genre ; Commission Infrastructures ; Commission Politiques Macro-
économiques ; Commission Affaires politiques, Paix et Sécurité ; Commission Commerce, Douanes et Libre
circulation des personnes ; Commission Affaires juridiques et judiciaires ; Commission Communication et
Informatique. La Conférence peut, si elle le juge nécessaire, restructurer ces Commissions ou en créer
davantage ; chacune de ces commissions peut également créer des sous-commissions si l’exécution de ses
fonctions l’exige. Les Commissions se réunissent aussi souvent que nécessaire. Ils élaborent leur règlement
intérieur qu’ils soumettent au Conseil pour approbation.
Aux termes de l’article 23 du Traité révisé, ils ont pour mandat, dans leur domaine respectif :
« a) de préparer des projets de programmes communautaires, et de les soumettre à l’approbation du Conseil par
l’intermédiaire du Secrétariat Exécutif [actuellement la Commission], soit sur sa propre initiative, soit à la demande
du Conseil ou du Secrétariat Exécutif [actuellement la Commission] ;
b) d’assurer l’harmonisation et la coordination des projets et programmes communautaires ;
c) de suivre et de faciliter l’application des dispositions du présent traité et des protocoles relevant de leurs
domaines de compétences respectifs ;
d) d’accomplir toute autre tâche qui pourrait leur être confiée en application des dispositions du présent Traité ».
Au-delà des compétences techniques dans la préparation des différents projets d’actes et études, les
commissions techniques de la CEDEAO sont investies d’un véritable pouvoir d’initiative et d’exécution. Les
propositions de décisions émanent souvent de ces commissions79. Il faut remarquer que ces commissions jouent
un rôle similaire à celui des ministres sectoriels, à la différence que les Commissions techniques sont
permanentes et qu’elles veillent également à l’exécution des actes adoptés dans leur domaine respectif. Cette
dernière fonction fait, quelque part, double emploi avec les missions exécutives de la Commission de la
Communauté.

78
Article 22 §1. a et b nouveau.
79
C’est le cas notamment de la décision C/DEC.3/6/86 du 30 juin 1986 (Rec. PCD, p. 145) C/DEC.3/6/88 du 21 juin 1988
(Rec. PCD, p.120), C/DEC.4/7/92 du 25 juillet 1992 (Rec. PCD p.122) qui ont été signées sur recommandation de la
Commission du commerce, des douanes, de l’immigration, des questions monétaires et des paiements.
19

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