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Ode à Psyché
Amour et Psyché, sculptés dans le marbre (Carlo
Albacini, fin du XVIIIe siècle)
Auteur
John Keats
Pays Angleterre
Genre
Ode
Version originale
Langue
Anglais
Titre
Ode to Psyche
Éditeur
Annals of the Fine Arts, no 15
Date de parution
1820
Version française
Traducteur
Albert Laffay, Keats, Selected Poems,
Poèmes choisis
Éditeur
Aubier-Flammarion bilingue
Date de parution
1968
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À cette fin, le poète entend consacrer « une région inviolée » (untrodden region)N 1 de
son esprit pour honorer la déesse négligée et, à lui seul, lui ménager un rituel
d'adoration dont il sera le prêtre, cette intériorisation du mythe ancien conduisant à
un redéploiement de l'écriture poétique. Pour autant, la composition de l'ode ne
répond pas à un schéma régulier : mélange de plusieurs genres, elle fait preuve de
souplesse — ou de fantaisie — dans son organisation rythmique et prosodique.
Le maître mot de l'ode est contenu dans son titre : Psyché et psyché, le mythe et
l'esprit, ce dernier non incarné, autrement dit le cerveau, dont Keats connaît et utilise
l'anatomie pour, en sous-main, fonder son argument sur une base scientifique qu'il
sublime à des fins poétiques.
Assez peu apprécié lors de sa parution en 1820, le poème n'a fait que gagner en
popularité au cours des générations suivantes, mais il a fallu attendre le XX siècle
e
pour qu'il soit reconnu comme l'une des grandes odes composées par Keats au
printemps de 1819.
L'Ode à Psyché est incluse dans le second volume du recueil Lamia, Isabella, The
Eve of St. Agnes, and Other Poems, dont le manuscrit complet parvient à
l'éditeur Taylor and Hessey à la fin d'avril 1820. L'ensemble sort le 1er ou le 3 juillet1.
Keats a déjà écrit à Brown qu'il n'entretient guère d'espoir (very low hopes) à son
propos. De fait, découragé par la critique, il se résigne pratiquement à « tenter son
mieux en tant qu'apothicaireC 2 »1. Cependant, quelques bons comptes rendus lui
apportent du réconfort, en particulier l'un des premiers, écrit par Charles Lamb dans
le New Times du 19 juillet, bientôt suivi d'un autre émanant de Francis JeffreyN 2 dans
la Edinburgh Review d'août et autres semblables éloges publiés en septembre1.
Les ventes stagnent cependant, car l'actualité qui occupe l'opinion et envahit la
presse concerne l'intention qu'a le roi George IV de divorcer. Si bien que lorsque le
recueil commence à éveiller réellement l'attention, ce sursaut, venu trop tard, n'a pas
d'impact sur l'avenir du poète : très malade, envoyé en Italie pour tenter une
rémission, Keats meurt à l'âge de 25 ans de la tuberculose. L'énorme succès que
connaît ensuite son œuvre — et notoirement ses odes du printemps et de septembre
1819 — est donc entièrement posthume1.
À la différence de celles qui suivent, l'Ode à Psyché doit encore quelque chose à
l'ode dite « irrégulière » que pratiquent Wordsworth et Coleridge, comme Intimations
of Immortality from Recollections of Early Childhood (Wordsworth) (Suggestions de
l’immortalité à partir de réminiscences de la tendre enfance) à laquelle répondent
aussitôt Dejection: An Ode (Ode à la mélancolie) et France: An Ode (Ode à la
France) (Coleridge)9 ; les vers y sont de longueur irrégulière et les strophes diffèrent
l'une de l'autre. Au départ, la lettre destinée à George Keats contient un manuscrit
avec deux strophes respectivement de 34 et 32 vers ; dans l'édition de 1820,
chacune est scindée en deux, si bien que le poème comprend à ce stade quatre
strophes de 24, 12, 14 ou 18 versKL 2. La Poetry Foundation le présente en cinq
strophes10, mais Albert Laffay suit Arthur Quiller-Couch qui, dans The Oxford Book of
English Verse, publié en 191911, opte pour trois, des vers 1 à 23, puis de 24 à 35,
enfin de 36 à 67KL 3,N 4