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Les procédés de reprise

Un texte ne peut être compris du lecteur que si certains éléments sont repris
d’une phrase à l’autre. Quels sont les différents procédés de reprise permettant d’assurer
la cohérence du texte sans engendrer de répétitions maladroites ?

1. Les reprises pronominales :


Les deux procédés fondamentaux de reprise sont la reprise par un pronom et la
reprise par un nom. Grâce à un pronom, on peut reprendre un mot, un groupe de mots
ou même une proposition entière. Les pronoms de reprise les plus utilisés sont les
pronoms personnels de la troisième personne ainsi que les pronoms démonstratifs.

1.1. La reprise par un pronom personnel :


Ce type de reprise est indispensable pour éviter de surcharger un texte.
Ex. : « Cosette prit la poupée et la posa doucement à terre avec une sorte de vénération
mêlée de désespoir. Alors, sans la quitter des yeux, elle joignit les mains. » (Victor Hugo,
les Misérables)
Le nom Cosette est repris par le pronom personnel sujet elle ; le GN la poupée
est repris (deux fois) par le pronom personnel complément la.

1.2. La reprise par un pronom démonstratif :


Les pronoms celui, celle(s), ceux renforcés en général par les adverbes ci ou là
permettent de reprendre des groupes nominaux. Les pronoms démonstratifs ce, ceci,
cela, ça (contraction familière de cela) représentent le plus souvent une idée
précédemment exprimée.
Ex. : « Il a pris le trousseau de clés sur le bureau de la maîtresse, et il a fermé la porte de
la classe. […] Tout ça, ça s’est passé très vite ! » (Thierry Jonquet, la Bombe humaine)
Le démonstratif ça fait référence aux actions citées dans la phrase précédente.

2. Les reprises nominales :


Les reprises nominales ou substituts lexicaux permettent souvent d’apporter des
informations supplémentaires. Cependant plusieurs procédés sont possibles.

2.1. La reprise simple :


On reprend le nom du groupe nominal, mais en changeant le déterminant (celui-ci
est le plus souvent remplacé par un démonstratif).
Ex. : « Et ce qui augmentait encore la nudité austère de la façade, c’était l’absence
absolue de persiennes et de jalousies […]. Cette façade, avec son air vénérable, sa
sévérité bourgeoise, dormait solennellement dans le recueillement du quartier. » (Émile
Zola, la Curée)
2.2. La reprise par un groupe nominal réduit :
On reprend un groupe nominal étendu (comprenant plusieurs expansions) mais en
le réduisant.

Ex. : « Les enfants escaladaient souvent le vieux mur de l’école qui se trouvait au fond
de la cour. Le mur n’était pas bien haut. »

2.3. La reprise par un synonyme :


Ex. : « J’ouvris ma barrière et je pénétrai dans la longue allée de sycomores, qui
s’en allait vers le logis […] .En approchant de la maison, un trouble bizarre me saisit. »
(Guy de Maupassant, Qui sait ?)
Le nom logis est repris par le synonyme maison.

2.4. La reprise par un terme générique :


Ex. : « Je décidai donc d’étudier [les mantes religieuses], c’est-à-dire que, pour
déclencher une bataille entre les deux plus grosses, je les présentai de fort près l’une à
l’autre, les griffes en avant. Nous pûmes alors continuer nos études par la constatation
du fait que ces bestioles pouvaient vivre sans griffes, puis sans pattes, et même sans une
moitié de tête. » (Marcel Pagnol, la Gloire de mon père)
Le terme spécifique mante religieuse est repris par le terme générique bestiole.

2.5. La reprise par une périphrase :


On reprend un nom unique par un groupe de mots de même sens que le nom
initial. La périphrase peut être :
– neutre et constituer une simple description de l’objet évoqué ;
– appréciative (péjorative ou laudative) et traduire un sentiment du locuteur à l’égard de
cet objet.
Ex. : « Ce que j’écoutais, ce que je guettais, c’était les mots : car j’avais la passion
des mots […]. Or dans les discours de l’oncle, il y en avait de tout nouveaux, et qui
étaient délicieux : damasquiné, florilège, filigrane, ou grandioses : archiépiscopal,
plénipotentiaire. Lorsque sur le fleuve de son discours je voyais passer l’un de ces
vaisseaux à trois ponts, je levais la main et je demandais des explications qu’il ne me
refusait jamais. » (Marcel Pagnol, op. cit.)
La périphrase l’un de ces vaisseaux à trois ponts traduit le plaisir du jeune Marcel
découvrant des mots nouveaux et majestueux dans le discours de son oncle.

2.6. La reprise d’un verbe :


Un verbe peut également être repris par un nom ou un groupe nominal.
Ex. : « On avait volé, volé Madame Lefèvre ! […] Le bruit du vol se répandit. » (Guy de
Maupassant, les Contes de la bécasse)

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