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Histoire des institutions

 
Introduction :
 
Une institution en droit = étymologie, du latin « instituere » (établir quelque chose de stable,
de durable) = durée et permanence. Au domaine juridique : structures fondamentales de
l’organisation sociale, qui sont établies par la loi et par la coutume d’un groupe humain
donné. Le champ des institutions est immense car droit public et droit privé. Les juristes
distinguent artificiellement les instit organes / instit mécanismes 
Instit organe = renvoie à un organe dont le statut est régi par le droit (ex le parlement, le
président etc…)
Instit mécanisme = règles qui régissent les précédentes (ex le droit de dissolution pour le
parlement, le divorce pour la famille) 
Les institutions ont nécessairement une histoire : apparition, développement, transformations,
disparitions (temporairement ou définitivement). Les institutions évoluent avec la société. 
(1ère année  : institutions politiques de la France= retracer la genèse de nos institutions
politiques contemporaines. Point de départ : révolution française (point fondateur de notre
modernité politique).) 
+ grande difficulté des institutions : s’adapter à une situation sociale qui est vouée aux
changements. 
Si les institutions restent inchangées : vont être décalées à la société > crise 
Crises peuvent être surmontées s’il existe un moyen de gérer la crise politiquement. 
Sinon : révolution. 
 
Révolution : moyen radical, peut être violent, illégal. 
 
Révolution française = double crise à la fois sociale et politique. pas de résolution de cette
crise par voie réformatrice. Cette révolution a prétendu dès le départ faire table rase du passé.
La souveraineté nationale, la séparation des pouvoirs, le droit de suffrage = nouveaux
principes pour rebâtir une org politique. en matière sociale = valeurs individualisme, liberté,
égalité devant la loi. 
Le + difficile n’a pas été de commencer la révolution mais de la terminer. Principes acquis
rapidement mais mise en œuvre a été délicate. après 10 ans de révolution : fr toujours à la
recherrche de régime pol stable, durable, qui fasse a peu près consensus/ ne divise pas trop les
français. Cette quête du régime politique stable= quête de tout le 19è siècle français=> on ne
trouvera se régime qu’avec la 3e rep (1875) 
 
Livre 1 : la tourmente révolutionnaire (1789-1799) 
 
La révolution fr est en partie le fruit du hasard, elle éclate sur un terrain favorable car depuis
1970 le pays traverse une double crise qui est sociale et politique. il y a 26/28 million
d’habitants. Bcp de paysans.
Structure sociale du moyen Age = en ordres (complexe)/ Marquée par des inégalités/ par des
blocages qui empêchent la mobilité/montée des sociales des individus. 
18e : monarchie = pas d’originalité car régime le + répandu en Europe. S’est étendu après
chute empire romain occident (Ve S) lorsque Francs conduits par Clovis se sont emparés de
l’Ancienne Gaulle Romaine  = 13 siècles de monarchie. 
Depuis 800 ans cette monarchie est assurée par une dynastie= les Capétiens, a régné en ligne
directe jusqu’en 1928 (descendants directs du Capet). Et en ligne collatérale (cousins etc) 
Famille des Vallois jusqu’en 1589 et Bourbons (Henry IV)= a créé monarchie absolue. 
Monarchie fr : pluriséculaire= fière de son passé de son histoire. Mais cet attachement au
passé devient un handicap. Quand un régime estime que c’est le temps et la longévité qui fait
l’autorité, il devient contradictoire et risqué de remettre en question droits acquis par les diff
groupes sociaux. = ça ne favorise pas les réformes. 
Lorsque pouv royal essaye de réformer institutions = déclenche des résistances.
Fin 18e s= pouv royal échoue dans l’entreprise de modernisation des institutions.  naissance
de la révolution qui prend le contrepied au nom de la raison/ des lumières = décide de rompre
avec l’attachement à la tradition. Va entreprendre une refonte radicale de toutes les institut
françaises
 
Titre 1 : l’insoluble crise de l’ancien régime

On ne peut pas comprendre cette révolution / les personnes / les idées si on n’a pas
connaissance de l’AR car toute l’action pol des révolutionnaires est construite contre l’AR. 
AR= voit le jour au début de la révolution / Mirabeau = père de cette expression. Désigne 2
choses : ancienne forme gouv monarchique / forme sociale càd société organisée en 3 ordres
hiérarchisés et inégalitaires. Concept d’AR triomphe XIXe par Alexis de Tocqueville. Les
révolutionnaires ont repris cette expression.
Fin AR : 1789. 
Début ? 15e siècle = moment ou pays est sorti de la période féodale / autorité royale
raffermie / Etat monarchique est réalité. Pour d’autres commence avec les bourbons. 
 

CHAPITRE 1 : LE BLOCAGE DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ANCIEN RÉGIME


 
Fin de 18e s = organisat° sociale repose sur une vieille notion qui a été élaborée par l’Eglise au
commencement de la période féodale (9/10e s). Notions d’Ordres/ états : cette notion théorisée
par église a été reconnue juridiquement d’abord par la coutume et ensuite par les lois. Sont au
nb de 3 et sont hiérarchisés. 
-       Le clergé 
-       La noblesse 
-       Le tiers-état (n’a pas de nom propre) 
 
Dès le 15e s : ce découpage est obsolète. Donc au 18e ce n’est plus supporté. Derrière ces
ordres une org est en train de naître au XVIII= celle des classes sociales. Passage société
d’ordres a société de classes. 
Les 2 premiers ordres qui ont poussé la monarchie à choisir la crispation, le maintien de ces
ordres. Ils ont engendré un blocage complet de la société fr et ce blocage a été un détonateur
de la révolution. 
 
Section 1 : une société juridiquement structurée en ordres 
 
Toutes les sociétés humaines sont hiérarchisées. Il n’existe pas de société égalitaire. Pour
comprendre ce qu’est un ordre, il faut comprendre ce que ça n’est pas. = ça n’est pas une
caste. Les sociétés de caste sont fondées sur le degré de pureté et la non-pureté religieuse des
membres des différentes castes. Ca n’est pas non plus une société de classes, dans laquelle on
analyse la place de chacun dans l’économie de marché en fonctions de critères/ fortunes/
revenus etc. 
La soc d’ordre= il existe des fonctions sociales/ roles dans la soc qui sont + ou – grande
importance, qui repose sur les croyances de cette société. Plus la fonction est importante plus
les obligations des membres de l’ordre sont jugés considérables. Ces obligations doivent
trouver des contreparties / des compensations dans des prérogatives particulières que la
société va reconnaitre aux membres de l’ordre. Ces prérogatives particulières = privilèges. 
 
Paragraphe 1er : Ordres et privilèges 
 
Depuis le MA, l’Église explique qu’il y a 3 grandes fonctions sociales. Dans un pays
chrétien :
- 1ere fonction la plus importante est celle sacerdotale (= prier pour la communauté, à
rendre le culte à Dieu, à veiller au statut éternel des âmes) 
L’eglise remplit des missions d’assistance et de charité (vis-à-vis des malades) et
assure éducation.
- 2e fonction : fonction militaire / combattante. Ceux qui combattent, font partie de la
noblesse. 
- 3e fonction : fonction productive et nourricière. Ils travaillent la terre, soit ils font du
commerce, permettent aux deux premiers ordres de vivre (3e état : catégorie fourre-
tout) 
Ce 1/3 état recouvre une diversité de conditions sociales au sens moderne du terme =
manœuvres, journaliers/ paysans laboureurs/ commerçants/ banquiers/ professions libérales/
propriétaires … cet ordre n’a aucune cohésion sociale= représente 97% des fr. 
 
Cette hiérarchie des fonctions est devenue au XIVe siècle une réalité juridique consacrée par
les lois du royaume.= càd à l’issue de ce processus de reconnaissance juridique, chaque ordre
a un régime juridique qui lui est propre. 
- Les membres des deux premiers ordres (plus estimables/ estimés) = ont une loi
particulière : privata lex. Donnent un privilège. 
- 3e ordre : 
o En théorie est dépourvu de privilège. Ses membres sont soumis à la loi
commune (commun= pas privilégié). 
o En pratique : certaines catégories de personnes ont réussi à obtenir des
privilèges. Ils peuvent d’abord être attachés à la province/ ville qui les a
obtenus du roi. Les corps professionnels ont pu obtenir des privilèges. Le
privilège est partout. 
 
Nature des privilèges très diversifiés : 
 
Clergé : 
- Certains sont honorifiques qui rappellent la place dans la société. Exemple= dans les
manifs officielles, le clergé vient directement après le roi. Seule la noblesse peut se
déplacer armée. 
- Privilèges plan matériel : fiscaux= membres des premiers ordres payent peu d’impôts.
Quasi-exemption fiscale. Le clergé peut lever un impôt= la dîme (impôt qui doit
permettre de subvenir au besoin du culte). 
 
Noblesse : 
- La  noblesse ne paye pas tous les impôts : ne paye pas celui pour financer la défense
(la taille) car défend le territoire/ paye de sa personne. 
- La noblesse peut être jugée par des tribunaux particuliers qui ne sont pas les
juridictions du commun. Ex : quand un homme est condamné à mort il ne sera pas
pendu comme homme du 1/3 état mais sera décapité (privilège).  
- Successions : la noblesse connaît des différentes règles. Règle successorale de droit
d’ainesse = avantager ainé des garçons au détriment des autres. Dans le 1/3 état :
partage égalité 
- Emplois réservés : emplois civils, militaires et ceux des plus hauts grandes leur sont
réservés. La noblesse a ses propres écoles réservées.
 
Cette inégalité des statuts juridique reflétait l’inégale estime accordé aux 3 fonctions sociales.
Cette inégalité n’a pas été discutée/ et acceptée pendant 2 siècles. Elle est supportée car
puisqu’un ordre n’est pas une caste, il était possible d’accéder aux ordres privilégiés= on
pouvait naître tiers état et en sortir. Cette organisation a été acceptée tant qu’une mobilité
sociale était possible 
 
§2 : la mobilité sociale dans l’AR
 
Possible de monter et descendre = ascenseur social. La plupart du temps on naît noble mais on
peut perdre cette qualité au cours de sa vie. L’exercice d’un certain métier peut faire perdre le
statut de noble= dérogeance ou déchéance. 
 
On pouvait entrer dans la noblesse et dans le clergé. 
Pour la noblesse : 
- Existait anoblissement par faveur personnelle du Roi, qui par remerciement de
services rendus, anoblit ses serviteurs. 
- Autre moyen : acheter office anoblissant. Dès le règne de François 1 er = monarchie fr a
pbs financiers qui deviennent chroniques. Les caisses de l’Etat sont trop souvent vides.
La monarchie va vendre ses fonctions publiques sous formes d’offices (les 2 plus
vielles adm monarchiques : la justice et finance ont été constituées en office). Plus les
fonctions sont haut placées dans la hiérarchie plus les offices sont chers (million de
livres). Plus ils sont chers plus il y a de privilèges. Certains offices de judicatures
comportent l’anoblissement de l’acquéreur. Donc à partir du XVIe = noblesse
s’achète. 
Noblesse des offices : noblesse de robe qui se construit à côté de la noblesse
traditionnelle qui s’appelle noblesse d’épée. 
Noblesse de robe : a de la fortune. 
Les offices ont constitué pour le 1/3 Etat le plus remarquable des ascenseurs sociaux. 
 
Ces diverses passerelles = ont évité la frustration. Mais elles commencent à disparaître. La
société d’ordre se bloque et se fige
 
Section 2 : Causes et manifestations du blocage de la société tripartite. 
 
Cette org en 3 ordres ne correspondait plus à la réalité sociale. L’idée d’une noblesse dédiée à
la guerre, qui bénéficie de privilèges, est une idée dépassée depuis le XVe. 
Au XVIII : changements économiques, premiers pas de la RI,  souligner ce caractère
archaïque. Les 2 premiers ordres et surtout la noblesse, vont refuser de se mettre en question.
La noblesse= se crispe sur la tradition et va amorcer sa fermeture sur elle-même. 
 
  §1 : Révolution économique du XVIIIe 
 
XVIII= commencements d’une révolution industrielle. 1er pays qui décolle économiquement
c’est l’Angleterre. Ce décollage résulte d’une avancée technique. En 1705= découverte de la
machine à vapeur. En 1765 = application de cette découverte se fait dans 2 secteurs : le textile
et métallurgie. 
Espionnage France envers RU. 
Développement France de son Commerce international (CI) puisqu’elle est déjà une puissance
coloniale. En 1763 France a perdu le Canada (sous tutelle anglaise) mais il lui reste
Guadeloupe, Martinique, Réunion (dénominations modernes). = ces pays fournissent matières
premières précieuses (notamment coton, colorants végétaux). 
 
Constatation en France = nouveaux comportements économiques. 
- Apparition premières grandes sociétés 
- Développement secteur bancaire 
- Libéralisme économique, esprit d’entreprise, capitalisme naissant. 
 
Conséquences sociales de ces mutations économiques : 
En France : le monde urbain profite de l’essor économique (+ précisément : grandes villes
portuaires). Dans ces villes : bourgeoisies d’affaires voient le jour dont la fortune est faite
grâce à l’activité. Naissance bourgeoisie au sens Marxiste.
 
Dans le même temps : petite fraction de la noblesse : métallurgie. C’est une fraction
minoritaire de la noblesse. 
 
Autre pb : croissance économique ne profite pas à tous puisqu’elle s’accompagne de
l’inflation => renchérissement des prix des biens de conso courante=> impact sur ceux qui
vivent de la terre (propriétaires terriens) puisque la rente foncière reste stable et que les prix
augmentent = appauvrissements. parmi ceux qui font partie de la rente foncière : la noblesse
(qui n’a pas compris qu’il ne s’est pas mise dans les affaires, n’a pas été dans la révolution).
Et donc noblesse se paupérise => donc elle va se fermer sur elle-même. 
 
§2 : le repli nobiliaire 

A) Réaction nobiliaire

C’est la réaction de défense instinctive d’un ordre qui sait que sa supériorité
traditionnelle est menacée et qui entend se fermer sur lui-même, empêcher l’ascension
sociale de la bourgeoisie, du tiers état et qui ne veut plus en somme intégrer d’homme
nouveau.
Concrètement, cette réaction nobiliaire va se manifester par la disparition des
passerelles qui permettaient la promotion sociale de l’élite du tiers état. C’est le cas dans
le monde des offices. 
On va, à partir de la moitié du XVIIIe siècle, exiger de tout nouvel acquéreur
d’office qu’il présente quatre quartiers de noblesse. Autrement dit, qu’il soit déjà noble.
C’est totalement illégal mais c’est très pratiqué notamment dans le monde des
juridictions. Dans certains cas, la noblesse s’assure l’aide de la monarchie pour opérer cette
manœuvre de replis. 
Exemple : en 1781 la noblesse obtient du roi un règlement militaire qui réserve la
quasi-totalité des grades de l’armée aux personnes ayant quatre degrés de noblesse paternelle
(qui prouvent une noblesse depuis quatre générations).
Toujours avec l’aide de la monarchie, la noblesse va obtenir de pouvoir caser ses
enfants dans le haut clergé. 
Effectivement, depuis un accord qui a été passé en 1516 : Le concordat de Bologne,
le roi nomme les évêques et les archevêques.
Ces fonctions ecclésiastiques sont généralement très rémunératrices et on constate
qu’à partir des années 1750, ces fonctions sont systématiquement accordées à des familles
nobles désargentées. 
Ce choix de fermer l’accès aux hauts clergés et donc aux roturiers donne lieu à des
conséquences à court termes.
Des trois ordres, le clergé était celui qui avait la plus grande cohésion, il perd cette
unité, le haut clergé désormais et pour l’avenir va faire front commun avec la noblesse dont il
est issu. Le bas clergé dont les conditions de vie se dégradent, va regarder plus du côté du
tiers état et faire cause commune avec le tiers état.
En effet, le curé de base dans sa paroisse rurale vit dans la même misère que ses
paroissiens. Par exemple, un curé urbain, à la veille de la Révolution vivait avec 750 livres par
an. À la même époque, l’archevêque de Strasbourg perçoit 1 millions de livres par an. Celui
de Paris 200 000 livres par an. C'est pourquoi au mois de juin 1789, ce sont les curés qui
feront la Révolution. 
Le clergé s'est donc fracturé, et épousera soit les destinées de la noblesse, soit celles du
tiers état, car tout mouvement interne à l’ordre est désormais impossible.
Cette réaction nobiliaire touche la bourgeoisie. 
Les classes inférieures du tiers état ne seront pas épargnés. Mais elles vont être très
durement touché par la réaction seigneuriale.

B. La réaction seigneuriale

Moyen déployé par la noblesse pour faire face à ses difficultés financières et son
appauvrissement matériel. 
On l’appelle seigneuriale parce qu’elle consiste en une brutale revalorisation de
droits féodaux et seigneuriaux portant sur les terres à une époque où les revenus
viennent surtout de la rente foncière c’est droit sont la première source de revenus.

Au sens strict, seul les droits féodaux portent sur la terre, ce sont les annexes de la
propriété foncière.

Pour comprendre ce système, il faut comprendre que jusqu’à la Révolution française le


système de la propriété privé en France repose quasiment toujours sur une simultanéité de
propriété sur un même bien.
En règle générale, les terres sont des tenures concédées par le seigneur à des paysans
qui prennent le nom de «  tenanciers  ». Le seigneur conserve toujours la propriété éminente.
Le tenancier à la propriété utile qui permet de faire beaucoup de choses : d’exploiter la terre
de la transmettre, de la vendre mais aucun acte n’est fait en totale liberté, pour chacune des
opérations, le tenancier doit acquitter auprès du propriétaire éminent un certain nombre de
droits qui sont des droits féodaux (pour exploiter la terre, il faudra verser le cens ou en
champart, pour vendre, il faudra payer un droit de mutation, etc.

Les droits seigneuriaux au sens strict sont eux différents, ils découlent du pouvoir de
commandement et du pouvoir de contrainte (= pouvoir de ban) que le seigneur détenait
sur les individus vivants à l’intérieur de sa seigneurie. Ils sont très multiples : 
 Cela peut être le droit de rendre la justice au civil et au pénal (= justice
seigneuriales) ; 
 Ça peut être le droit de percevoir des péages sur la circulation des marchandises ; 
 Ça passe aussi par la possession par le seigneur d’un certain nombre de monopole en
échange desquels le seigneur exige une redevance.

D’autres droits seigneuriaux sont des droits particulièrement détestés. Par exemple, le
droit de colombier : le seigneur peut posséder des pigeons par milliers. Idem pour le droit de
chasse qui est traditionnellement un privilège de droit seigneurial (dévastateur surtout quand
on pratique la chasse à courre avec une obligation qui pèse sur les paysans d’entretenir les
chiens...).

Ces droits existent depuis le Moyen-Âge, la plupart étaient restés très modérés et
certains mêmes sont tombés en désuétude. 
La réaction seigneuriale, consiste à les remettre en vigueur, les activer et les
augmenter. 
Comme au commencement de l’époque féodale, la paysannerie redevient la source de
revenus du seigneur et cette paysannerie est évidemment exaspérée et elle le fera sentir au
mois de juillet 1789.

Plus globalement, on se rend compte en réalité que pour la première fois depuis des
siècles, le tiers état, cet ordre disparate, sans unité est en train de réaliser sa cohésion contre
la noblesse parce que le paysan exploité à un point commun avec le bourgeois enrichi mais
frustré : la noblesse détestée. 
La crise sociale est donc grave et profonde : le clergé n’est plus uni, la noblesse se
replie sur elle-même et le tiers état enfin unifié accumule les rancœurs et les frustrations. Et
les privilèges longtemps supportés deviennent brutalement intolérables.
Dans cette seconde moitié du XVIIIe siècle, une idée commence à apparaitre : idée
de l’égalité devant la loi. Une loi qui devrait être la même pour tous, qui sera inscrit le 26
août 1789 à l’article 1e de la DDHC. 

🡺 Aurait-on pu sortir de cette situation de cage sociale ? 


 Oui sans doute on aurait pu en sortir s’il y avait eu une impulsion politique venue du
sommet c’est-à-dire du roi, le problème c’est qu’elle n’est pas venue et qu’elle ne
pouvait pas venir dans la mesure où cette autorité royale était une autorité mise en
échec.

 
CHAPITRE 2 : L’ABSOLUTISME ROYAL, MYTHE ET RÉALITÉ.

Au XVIIIe siècle, pour parler de l’autorité royale française on parle de monarchie


absolue de droit divin. Cette forme est relativement récente. Fr gouvernée par monarchie dès
le IIIe Siècle.
En effet, la forme monarchique est très ancienne mais il a fallu attendre la fin du
XVIe /début XVIIe siècle et la dynastie des bourbons qui commence avec Henry IV pour que
cette orientation absolutiste soit réellement prise. 
Cette orientation absolutiste n’est pas le fruit du hasard, elle est somme toute assez
logique, c’est l’aboutissement d’une longue évolution commencée au Moyen- Âge.
On a vu qu’à partir des IXe-Xe siècle, ce pouvoir royal (détenu par les carolingiens)
avait traversé de très grosses difficultés qui avaient conduit à ce que le roi carolingien
perde son autorité, son royaume.
On a vu que dans ce contexte de grande difficulté militaire les prérogatives de
puissances publiques lui avaient échappées et que cela avait conduit à la mise en place de
la féodalité, que très vite le roi était apparu comme un seigneur pas toujours très puissant
mais qu’il avait quelque chose que les autres n’avait pas : il est sacré depuis 751. C’est le
sacre (introduit pas les carolingiens dès 751 qui e permis à la royauté de subsister/ de survivre
durant cette époque féodale. Cela fait du roi un personnage hors du commun car choisi par
Dieu directement)

Depuis l’époque féodale, toute la volonté des monarques a été tendu vers un objectif :
Restaurer l’autorité royale perdue sur l’ensemble du territoire : reconcentrer la
puissance publique entre les mains du roi. Ce processus a été long, il va prendre trois
siècles. Tout d’abord avec l’aide de l’église catho : roi va dire qu’il est un roi supérieur à tous
les autres (Suzerain= seigneur des seigneurs).

Et, à partir des XIIe et XIIIe siècle, le roi a imposé une conception neuve en
affirmant qu’il était Souverain c’est-à-dire qu’il possède un pouvoir de commandement
direct et sans intermédiaire sur tous les hommes. 
La souveraineté a été un concept à la fois politique et juridique. C’est le concept grâce
auquel la monarchie française sort enfin de la féodalité et fait naître l’Etat en France.

Au sortir du Moyen Age c’est-à-dire au XVe siècle, la force d’obstination de stratégies


diverses et variées les rois de France ont réussi à reconstituer un pouvoir central, le roi a
retrouvé un quasi-monopole de la justice. il a le monopole de l’émission monétaire, il lève
des impôts (monopole fiscal), il a mis sur pieds une armée permanente au XV et il développe
des structures administratives pour encadrer et administrer son royaume. Donc cette autorité
parait reconstituée. 

Le XVIe siècle va porter un coup très dur à cette autorité royale (= remise en
question). Elle entre dans la tourmente de troubles religieux et politiques. = guerres de
religion entre catholiques et protestants.
L’affrontement entre catholique et protestant est très grave pour le pouvoir royal
puisqu’il sera contesté intellectuellement et plus grave encore il est attaqué physiquement :
en 1589 le roi Henry III est assassiné. 
L’absolutisme de droit divin, a été la réponse politique et juridique développée par les
rois de France à partir de Henry IV face aux attaques dont l’autorité royale est la cible. 

En théorie, sur le papier, cette conception de la monarchie peut vraiment donner


l’impression d’une autorité royale toute puissante. 
En réalité, les choses sont beaucoup plus nuancées et dans les faits cette monarchie
très impressionnante en théorie, c’est une monarchie beaucoup plus fragile et surtout très
limitée dans ses moyens d’actions. 

Section 1 : La théorie de l’absolutisme de droit divin 

L’absolutisme c’est une construction empirique, c’est-à-dire que les rois créent des
institutions, innovent dans leur comportement, affirment des volontés et les théoriciens qui
sont souvent des juristes passent après, ils développent à posteriori les arguments pour
justifier ces innovations. 
L’un des plus beaux exemples de cette symbiose entre la monarchie et ses juristes,
c’est le cas d’un professeur de droit romain de la faculté de droit de Toulouse, Jean Bodin son
ouvrage maître est paru en 1576, « les six livres de la république » (mais il faut prendre ce
terme république au sens antique du terme : la « res publica », la chose publique : l’état).
Cet ouvrage c’est l’aboutissement de plusieurs siècles de réflexion autour de la
souveraineté et Jean Bodin va en donner une définition très importante qui n’a pas beaucoup
changé jusqu’à aujourd’hui et qui va permettre à l’absolutisme monarchique de s’affirmer
(notre conception moderne de la souveraineté nationale doit énormément à Bodin, et ce que la
révolution peut apporter c’est que le titulaire de la souveraineté ne soit pas le roi mais que ce
soit la Nation). 
La théorie du droit divin est à priori une conception plus ancienne que l’absolutisme
dans la mesure ou le droit divin est implicite depuis 751, depuis le premier sacre. 
Cette théorie qui jusque-là était sous-jacente est explicitée au XVIe siècle parce qu’il
fallait combattre des thèses nées pendant les guerres de religions, des thèses qui cherchaient
déjà à soumettre l’autorité royale au contrôle populaire (thèses quasi-prérévolutionnaires).

§1 : absolutisme ou exaltation de la souveraineté royale

Bodin définit souveraineté comme la puissance de commander et de contraindre sans pouvoir


ni être commandé, ni contraint par qui que ce soit sur la terre. Elle possède 3 grands
caractères :

 Est perpétuelle (existe sans interruption dans le temps. Indépendante des


changements politiques qui peuvent affecter la forme de l’Etat.
 Elle est indivisible : la souveraineté ne se partage pas. Il ne peut y avoir qu’un seul
souverain sur un territoire
 Par nature, par essence, la souveraineté est absolue : absolue vient du latin absol
vere qui veut aussi dire absoudre. Cela veut dire libérer, dégager, délier. Le
gouvernement est libéré de tout contrôle. Il est parfaitement libre.

Gouvernement du roi est l’unique titulaire de la souveraineté qui est par essence absolue.
Le roi gouverne seul sans subir de partage de son autorité et sans être contrôlé par des
institutions humaines. L’absolutisme monarchique dit que le pouvoir royal doit pouvoir
s’exercer en toute liberté.

Sur un terrain pratique, avec des termes contemporains : on va dire que l’absolutisme renvoi
à une confusion des trois pouvoirs au profit du roi.

 Le roi exerce le pouvoir exécutif (il va administrer son royaume comme il l’entend).
 Il détient le pouvoir judiciaire :
o Toute justice émane du Roi. il peut toujours rendre la justice en personne. Il va
déléguer le plus souvent son pouvoir judiciaire. Il va désigner des juges pour
rendre la justice en son nom.
o Il peut dessaisir des juridictions compétentes vers d’autres juridictions qui lui
semblent plus appropriées.
o Il peut remettre sur pied des juridictions d’exception qu’on va envoyer
localement des contentieux.
o Les lettres de cachet sont des mesures administratives. C’est l’ordre
d’enfermement d’une personne délivrée par le Roi dans une prison d’Etat.
C’étaient des mesures sollicitées par des familles pour mettre terme à des
scandales familiaux.
 Il détient le pouvoir législatif : marque de souveraineté par excellence. Le roi fait les
lois et les défait à sa guise/ les impose aux sujets sans avoir de consentement.

Il y a qu’une seule limite : il y a un ensemble de lois auxquelles il ne peut


toucher, c’est l’ensemble intangibles. Ce sont les lois fondamentales du royaume. Ce
ne sont pas des lois de textes écrits. Ce sont des coutumes constitutionnelles qui se
sont dégagées de l’expérience à l’occasion de crises de succession. Ces lois
fondamentales sont donc relatives à la dévolution de la couronne (transmission du
pouvoir royal) et sont également relatives au moyen matériel mis à la disposition de
l’Etat pour pouvoir fonctionner (régissent le domaine royal). Ces coutumes posent un
certain nombre de principes :

o Pouvoir royal héréditaire, par ordre de primogéniture masculine : ainé des


garçons. Les femmes sont exclues
o La couronne est indisponible : le roi ne peut choisir son successeur. Il y a un
ordre de succession défini par les lois fondamentales.
o Règle de catholicité : le roi doit être catholique.

Règles du domaine public :

o Domaine public est inaliénable : le roi ne peut le vendre


o Le domaine est imprescriptible : protège le domaine du particulier. Un
particulier ne peut gagner un bien public

Ce corpus de lois fondamentales, on l’a longtemps considéré comme un embryon de


constitution. Car la seule contrainte des lois fondamentales est la succession de la couronne.

Le roi n’est pas toujours seul, il est invité à prendre des conseils. Il consulte et écoute
mais décide seul in fine. Un conseil très important : c’est le Conseil du roi qui s’est
développé au Moyen-âge. Au quotidien il remplit auprès du roi cette fonction de conseil
d’administration judiciaire, politique.

Au XVIII, ce conseil est à la tête de toute l’administration royale, et c’est conseil qui
s’est spécialisé tout au fil du temps. En son sein, il y a des subdivisions spécialisées. Par
exemple en matière judiciaire il y a un conseil, le conseil d’Etat privé ou alors le conseil des
parties, c’est l’équivalent de la Cour de cassation, du conseil d’Etat d’aujourd’hui. Un autre
conseil politique, se réunissant tous les mercredis, le Conseil d’en haut (aujourd’hui c’est le
conseil des ministres). Tous ces conseils ne contraignent pas le roi. il n’y est pas lié
juridiquement.

Cette solitude royale dans la prise de décision s’est bâtie contre cette puissance que le
roi redoute, car le souvenir de la féodalité est toujours là, c’est-à-dire la noblesse. Le tiers-
Etat et le roi ont les mêmes convictions. La noblesse ne partage plus le pouvoir avec le roi.

Le roi est soumis aux lois divines et naturelles, il doit respecter certains principes
moraux et chrétiens. Il doit tenir parole. Quand il prend des engagements il doit s’y tenir
(notamment quand il est sacré. Par exemple quand il jure de protéger le royaume et l’église
catholique et de faire preuve de justice. Et d’équité à l’égard de ses sujets. Vis-à-vis des
sujets, il doit respecter la propriété, leurs libertés, leurs privilèges acquis.

Si le roi manque à ces obligations on ne peut le sanctionner car aucun mécanisme


constitutionnel. Mais au fil du temps, ils étaient conscient qu’il fallait respecter ces limites car
sinon ils étaient vus comme des tyrans.
La seule personne auquel le roi rendra compte est Dieu.

§2 : Le renfort du droit divin

Le tout premier sacre d’un roi en France : 751. Le fondateur de la dynastie carolingienne
(Pepin le Bref) introduit cette pratique en France et dès 751 tous les monarques jusqu’en 1789
seront sacrés. Tant que le roi n’est pas sacré il n’est pas roi. la cérémonie du sacre fait du roi
un être exceptionnel, hors du commun. La personne sacrée a été choisie par Dieu lui-
même. Dans une société chrétienne, être l’élu de Dieu renforce l’autorité royale. Le roi est le
« lieutenant de Dieu sur terre » c’est-à-dire qu’il n’y a rien au-dessus de lui.

Ce roi sacré est qualifié de roi très chrétien. Il va être le défenseur à la fois de la
croyance catholique et de toute l’Église catholique. Il est considéré en France depuis le XIV
comme le chef temporel de l’Eglise catholique. Le roi peut agir sur l’organisation matérielle
du clergé. Il peut modifier cette organisation, prélever des impôts etc. il ne peut se mêler des
questions de dogme, de foi religieuse qui relèvent de la papoté (chef spirituel de l’Eglise)

Tous ces éléments vont servir au XVI, pour servir la théorie du droit divin. On voit
apparaître des thèses protestantes et qui vont ensuite être catholiques, qui sont très
révolutionnaires. Ces théoriciens protestants sont appelés monarchomaques expliquent au
XVI, qu’à l’origine de toutes les sociétés et de tous les gouvernements, la souveraineté était
entre les mains de Dieu qui la remise au peuple. Et ce sont les peuples qui ont ensuite choisi
de la remettre à un roi en vertu d’un contrat passé entre le peuple et le roi. si le roi ne respecte
pas le contrat avec le peuple, s’il manque à ses obligations etc., là, il devient un tyran et son
peuple est fondé à lui résister ou à l’éliminer s’il est un tyran catastrophique.

Ces théories prérévolutionnaires étaient très dangereuses pour l’autorité royale car
elles cherchent à l’éliminer. Elles ont suscité une contre-offensive intellectuelle, théorisée par
les théologistes qui va déboucher sur la théorie du droit divin. L’auteur le plus abouti :
évêque de Maux, Bossuet, fils de Louis XIV, dit que Dieu gouverne tous les peuples, leur
donne à tous leur roi, ses rois tiennent directement leur pouvoir de Dieu. Le trône du roi n’est
qu’en fait le trône de Dieu. Voilà pourquoi l’obéissance au roi est un devoir aussi sacré que la
soumission à Dieu. Il y arrive qu’il y ait des mauvais rois.

Section 2 : les limites à l’absolutisme au XVIIIe siècle

Il n’est pas rare que dans la structure sociale, ils apparaissent des freins à l’autorité. Ces
résistances qui vont empêcher l’autorité de se déployer. Dans l’AR c’est une société
corporative organisée en groupes, et en groupes privilégiés, attachés à leurs privilèges. Ils
vont résister à l’autorité royale. Pour résister à l’autorité royale il faut être réaliste cad
conscient qu’il faut avoir les moyens de ces a ambitions. Il faut une courroie de transmission
entre le roi et les citoyens, cela s’appelle une administration. Il faut qu’elle soit efficace. Il
faut également de l’argent car pas d’actions politiques sans moyens financiers. La Monarchie
absolue n’a pas fait le nécessaire pour avoir les moyens de ses ambitions.

§1 : les limites inhérentes à la société française d’AR.

L’emprise que le pouvoir royal peut exercer sur le territoire, est limitée pour plusieurs
raisons :
 Le royaume de France est considéré comme immense car les capacités techniques
de communication, de circulation sont encore très limitées. Il n’y a pas de réseau
routier au XVIIIème siècle. On se déplace principalement par voie d’eau/ via les
fleuves. Paris-Strasbourg : 11 jours par exemple. Cela prend du temps
 Pour atteindre la population il faut qu’elle parle la même langue. Pas d’unification
linguistique. Les Français parlent toutes les langues sauf le français (patois local,
dialectes etc.). il faut attendre la fin du XIX pour une unification.
 Le pays n’a pas d’unité juridique. En ce qui concerne le droit privé. Le territoire a
connu l’application du droit romain pendant des siècles. Avec l’effondrement de
l’autorité romaine en occident, le droit romain a reculé et il s’est appauvri. A l’époque
féodale, est apparu une nouvelle forme de droit qui a vu le jour dans les seigneuries
qui est le droit coutumier : droit oral non écrit, et il en existe autant de variantes qu’il
y a de seigneuries.
A partir du XII, le droit romain a été redécouvert, il est désormais enseigné
en France : c’est la naissance des universités. La partie au sud de la Loire va se rallier
au droit romain (on parlera de droit écrit). En revanche, au nord de la Loire, les
Français sont resté fidèles au droit coutumier.
Au XVè, on rédige les coutumes. C’est un long processus. Au XVI, pour la
moitié nord de la France, une 60aine de coutumes régionales et 300 coutumes locales.
La Monarchie est consciente qu’il faudrait uniformiser le plan juridique.
Mais elle ne va pas toucher aux coutumes, car les coutumes font partie des libertés et
des privilèges et des franchises détenus par les individus du droit de France.
L’unification juridique progressera sous la révolution et sera achevée par la
codification napoléonienne (1804 Cciv et 1811 pour les autres codes).
pour renforcer cette emprise il faut se doter d’une administration efficace. Elle
va donc améliorer le système administratif. Mais les prorès réalisés seront loin d’être
suffisants pour que l’autorité contrôle le pays.

§2 : les faiblesses de l’administration monarchique

2 types de faiblesse :

 Absence d’unité et diversité des espaces administratifs


 Personnel administratif, qui a pris son indépendance par rapport au pouvoir. Cela
n’aide pas.

A) La diversité admirative

2 problèmes majeurs  :

 Le principe avant la RF, chaque administration spécialisée possède un découpage


territorial qui lui est propre et qui ne coïncide pas avec le découpage des autres
administrations. Il en résulte un labyrinthe administratif d’une grande complexité
dans lequel tout le monde se perd : administrateur comme administré. Il faudra
attendre la révolution pour opérer à un découpage territorial qui puisse servir à toutes
les activités administratives quelles qu’elles soient. = découpage en départements,
districts, cantons, communes.
 Pas d’unité dans les régimes administratifs. Cela tient à la féodalité, que pendant
plusieurs siècles plusieurs parties du royaume étaient administrées par des seigneurs
locaux avec bcp d’autonomie par rapport au pouvoir royal.
Quand le roi a commencé la reconquête, il a rattaché ces territoires. C’est
comme un puzzle au XVIII. Lorsqu’elles sont rattachées progressivement à l’autorité
du roi, pour faciliter leur intégration dans le royaume, on a pu leur concéder des
privilèges. Et il existe par exemple, des provinces qui ont le statut « pays d’Etat ».
c’est-à-dire qu’elles ont des Etats provinciaux, des assemblées locales ou on va trouver
des représentants des 3 ordres (clergé, noblesse, 1/3 état). (=bretagne, le Languedoc, la
Provence …) quand il y a pays d’Etat, il y a un peu plus d’autonomie. Par exemple les
Etats provinciaux sont associés à l’administration fiscale royale.

o Celles qui ont été rattachées tôt à la couronne = sont les pays d’élections.
o Les dernières provinces qui ont été rattachées, ont un autre régime
administratif : ce sont les pays d’imposition

B) Perte de contrôle sur le personnel

Depuis le XIIIème, quand l’autorité royale se redessine, la monarchie dispose d’un


personnel (les officiers) qui sont nommés sur un office qui est une fonction publique, stable et
permanente et qui correspond au besoin ordinaire d’administration. Cette fonction va être
exercée pour le service du roi et en son nom.
Pendant 3 siècles pas de soucis, le roi nomme mais révoque aussi ses officiers. Mais
au XVI, la monarchie rencontre à partir des guerres d’Italie des difficultés financières de plus
en plus graves. Et pour se procurer de l’argent vite et beaucoup, elle va dès 1520, mettre en
vente ces offices.

La monarchie va aggraver son cas car au début du XVIIe siècle ; elle instaure en 1604, sous
le règne d’Henri IV, la patrimonialité des offices : moyennant une taxe que l'officier va
payer chaque année et qui est équivalente à un soixantième de l’office, il pourra désormais
disposer juridiquement de son office comme il l’entend. 
 
L'office est donc entièrement intégré dans le patrimoine de l’officier qui pourra le vendre ou
le transmettre à ses descendants. Le succès a été phénoménal, puisque tous les officiers se
sont précipités pour payer cette taxe (surnommée la Paulette, en raison du financier qui avant
conçu ce système). 
 
Avec la patrimonialité, la royauté donne à ses agents, la plus complète indépendance, elle ne
pourra plus les choisir, ces agents vont désormais dépendre des successions familiales, des
ventes, des acquisitions qui se déroulent sur un marché privé. 
 
En somme, la monarchie française a privatisé ça fonction publique, elle perd complètement le
contrôle. Une partie en particulier devient indépendante comme elle ne l’a plus jamais été : ce
sont les juges. Ces derniers acquièrent à la faveur de ce système une indépendance totale par
rapport au pouvoir. 
 
La monarchie va tenter de reprendre le contrôle en créer de nouveaux administrateurs qui
ne sont pas titulaires de leurs offices, et c’est ce qu’on appelle les « commissaires » et qui ont
la caractéristique d’être nommés par le roi et révoqués par lui en toute liberté « ad nutum »
(ou sur un simple geste). 
L'exemple le plus célèbre de commissaire est l’intendant, qui est le dernier né des
administrateurs monarchiques. Administrateur que l’on voit en province. Il représente le roi
au niveau local et au niveau de la circonscription qu’il dirige, qu’on appelle la « généralité  »
(c'est une sorte de région, on en avait 22 ou 23). 
Les pouvoirs de cet intendant sont absolument considérables. Son titre le dit bien : il est
intendant de police (avant= désigne l’administration en général), de justice (= il surveille les
juridiction dans sa juridiction) et finances (agent financier qui va surveiller les administrations
locales et veillé à la levée de l’impôt). 
 
En matière judiciaire, il surveille les juridictions de sa circonscription. Il possède également
l’administration générale (c’est le sens jusqu’au XVIIIe siècle du mot « police  », et cela va
du maintien de l’ordre de la généralité à l’assistance publique, en passant par
l’approvisionnement des villes, la police économique, l’hygiène publique, la lutte contre les
épidémies, etc). Il est encore un agent financier qui surveille les administrations fiscales et qui
doit veiller à la bonne levée des impôts. 
 
Mais sur ce dernier point, l’étendue de ses pouvoir va dépendre de l’endroit où se situe cette
généralité : 
 Si elle vient se superposer à des pays d’État il faudra négocier avec.  
 En pays d’imposition, il a carte blanche.
 En pays d’élection, il devra composer avec les officiers royaux. 
 
Ces intendants incarnent au XVIIIe siècle la volonté centralisatrice de l’État monarchique,
l’État monarchique se veut centralisateur et l’intendant incarne cette volonté en tant qu'agent
déconcentré du pouvoir royal. Ces intendants ont une vie difficile, les populations ne les
aiment pas car elles sont très attachées à leurs libertés locales et perçoivent les intendants
comme une menace pour cette dernière. De même, ces intendants sont détestés par les
officiers qui ont bien compris qu’ils sont également là pour les surveiller.  

§3 : le problème récurrent des finances royales

En matière financière, il n’y a pas de principes car le roi de France est le monarque absolu de
droit divin, il ne doit de comptes à personne sur la gestion des finances du royaume. 
Cette immense liberté qui est la sienne le dispense d’établir un budget dont l’existence
aurait pourtant été bénéfique. Des précautions aussi banales que de faire un compte des
dépenses, des recettes, de connaître l’état des caisses, n’appartiennent pas du tout à la
mentalité de l’Ancien Régime. Ce n’est pas le problème le plus grave. 
 
Le problème le plus profond concernant ces finances royales sous l'Ancien Régime c’est le
faible rendement de l’import. On a des rendements d’impôts permanents mais il y a trop de
privilèges royaux et donc la majorité de la population ne paie pas : 
 Le clergé qui est le plus riches des trois ordres, ne paie pratiquement rien.
 La noblesse est largement exemptée.
 Les membres du tiers-état font tout leur possible pour être eux aussi exemptés, et
comme il n’y parviennent pas ils développent une très forte résistance à l’impôt.  
 
Le résultat de ce système qui est archaïque est que les impôts rentrent mal, ne produisent pas
les revenus espérés, et ne peuvent pas produire le produit espéré car le poids de la fiscalité
repose sur les plus pauvres.
 
Pour compenser ce faible rendement fiscal, la monarchie a cédé à la facilité : elle a par
exemple vendu des officiers, mais surtout elle a emprunté. Et tant que les Français ont eu
confiance en l’État, l'emprunt a produit des ressources importantes, mais il a aussi installé des
déficits des ressources de l’État. 
 
Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, et surtout au commencement du règne de Louis
XVI, cette question financière devient aiguë parce qu’en 1778, (quatre ans après le début de
son règne) le jeune roi a pris une décision aux conséquences financières incalculables. 
Cette décision est de soutenir financièrement la guerre que les colons américains mènent
contre leur côlon. 
Cette guerre d’indépendance américaine, financée par les Français a été un gouffre
financier : la France a financé deux milliards de livres obtenus par l’emprunt. 
 
Le résultat, 10 ans plus tard, à la veille de la Révolution, est que le service de la dette
absorbe chaque année plus de la moitié des ressources de l’État (51% des ressources
annuelles de l’État). 
L’État est donc, dans les années 1780, en permanence au bord de la faillite (de la
banqueroute), et c’est cette question financière qui amènera directement à la Révolution, elle
est le détonateur. 
 
Donc finalement, la principale caractéristique de la monarchie française est d’être très limitée
dans les faits. Bien qu’elle rêve d'absolutisme, elle ne l'a pas réalisé. 
Pour rendre cette monarchie vraiment absolue, il fallait repenser la société, en finir avec cette
organisation en ordre plus ou moins privilégié. Il fallait s’attaquer aux privilèges car, de
quelque nature qu’ils soient, les privilèges étaient à tous égards, des freins à l’action politique
des monarques. 
 
Mais, la monarchie française n’est jamais allée au bout de cette logique, d’autant qu’elle était
paralysée dans les dernières années de son existence par la résistance déployée par les
parlements (= juges et magistrats avant). 

Section 3 : les forces d’opposition à la monarchie absolue

La première force d’opposition extrêmement active dès le XVIIe siècle est incarnée par ces
fameux parlements (qui ne sont pas des institutions politiques au sens actuel du terme mais
sont des institutions judiciaires). 
 
Sous le règne de Louis XVI, ces parlements vont mettre en échec la monarchie en
empêchant le roi de réformer le royaume, surtout de le réformer sur le plan fiscal. 
 
Mieux encore, ces parlements vont réussir à faire renaître une très ancienne forme de
résistance à la monarchie, une institution dont on pensait qu’elle avait disparu : les états
généraux (assemblée des représentant des trois ordres du royaume). Ce sont eux qui en
1789 porteront le coup de grâce à la monarchie absolue. 
 

§1 – La royauté malade de ses parlements 

Les parlements sont des organes de justice délégués qui remplissaient la fonction de nos
actuelles Cour d'appel. Ils sont au nombre de dix-sept à la fin de l'Ancien Régime,
répartis dans toute la France. 
 
Le plus prestigieux de ces parlements, parce que c'est le premier qui a été créé au Moyen-Âge,
c'est le parlement de Paris. Longtemps, il a été tout seul dans son genre, son ressort est très
étendu (il couvre un tiers de la France). 
Le plus petit est le parlement de Dombes.  
 
🡺 Comment ses organes juridictionnels parviennent-ils à paralyser le roi et l’empêcher
d’agir ? 
 La première raison est le statut de ces parlementaires. Ils sont des officiers,
propriétaires de leur charge et donc totalement indépendants du pouvoir royal. 
 
 La deuxième raison qui explique leur puissance et leur capacité d’empêcher, tient à
leurs attributions. En plus de leurs attributions judiciaires, ils disposent d’un pouvoir,
celui d’enregistrement et de remontrance, qui a été entre leurs mains une arme très
efficace pour s’opposer au pouvoir royal. 
 
A. Le droit d’enregistrement et de remontrance 

Le principe est que les actes législatifs émanant du roi et de lui seul, mais ils ne sont pas
exécutoires, ils n'entrent en application qu’après avoir été enregistrés par les dix-sept
parlements (et quelques autre cours supérieures (plus d’une vingtaine)). 
Enregistrement signifie littéralement transcription dans les registres du parlement. 
Cette procédure d’enregistrement était pour l’Ancien Régime l’équivalent de de notre
publication au journal officiel. 
À l'occasion de ce qui n’était qu’une formalité, les parlements, avec l’accord du roi,
exerceraient un pouvoir de contrôle sur les textes royaux. 
 
Au XIVe siècle, à l’origine, ce pouvoir était destiné à protéger les intérêts du roi, car,
compte tenu de l’absence d’unité juridique du pays, il pouvait très bien se produire qu’une loi
du roi entre en conflit avec les coutumes. 
Lorsqu'un parlement décelait une difficulté potentielle, il faisait usage de son droit de
remontrances : qui est une faculté donnée au parlement de refuser l’enregistrement en
motivant son refus. 
 
 
À partir de là, le roi avait deux possibilités : 
 Il prenait en compte les remarques de son parlement, et modifiait son texte, puis
l'enregistrement avait généralement lieu sans difficultés.
 
  Le roi ne tenait pas compte de l'avis de son parlement et renvoie le texte au parlement
en lui ordonnant l'enregistrement. Le parlement avait à son tour deux alternatives : 
 La première alternative : il s’incliner et enregistrer pour que l’affaire soit
close.
 La seconde alternative : c’est que le parlement persistait dans ces critiques,
il mettait donc des itératives remontrances. Ce jeu pouvait durer un bon
moment. 
 
Théoriquement, le roi a toujours le dernier mot pour débloquer la situation, il peut sortir
l’arme suprême : le lit de justice. Il relève de la justice retenue du roi. C’est une procédure
assez simple dans son esprit, elle consiste à ce que le roi se rend physiquement dans l'enceinte
du parlement, en se déplaçant en personne. Le fait qu’il soit présent physiquement signifie
qu’il reprend la délégation accordée aux juges, il « retient » la justice et il procède lui-même
à l’enregistrement.
 
Bien que les rois aient tenu des lits de justice mais ils y répugnent car la mesure est violente,
elle est souvent impopulaire, peut déboucher et à déboucher (ce qui fut le cas à plusieurs
reprises, notamment à Paris) sur des émeutes spontanées qui venaient en soutien au
parlement. 
 
À partir du XVIIe siècle, au moment où l’absolutisme s’affirme, les parlements vont
profiter de leur indépendance statutaire, pour étendre leur contrôle. 
 
Et d’un contrôle très technique dans les textes, ils vont passer à un contrôle politique,
d’opportunité sur les textes.  C’est-à-dire que fort de leur indépendance, les parlements vont
refuser l’enregistrement des textes qui leur déplaisent, et en particulier, ils vont bloquer
les réformes de la monarchie qui remettraient en cause les privilèges, et plus
particulièrement, toutes les tentatives de réforme fiscale qui cherchent à mettre un peu plus
d’égalité devant l’impôt, car ils sont des officiers, que leurs offices sont anoblissements. Les
membres du parlement sont eux-mêmes des privilégiés qui n’ont pas envie d’abdiquer
leurs privilèges. 
 
Ils vont développer toute une rhétorique, un argumentaire dans lequel ils vont dire que
l’inégalité sociale fait partie de la constitution du royaume, le roi remet en question les lois
fondamentales. Et puis, pour le bon peuple, on tient le discours qui est qu’on lui évite la
création de nouveaux impôts. 
 
Le peuple va longtemps soutenir le parlement (jusqu’à l’été 1789) car il est convaincu que les
parlementaires (qu’il appelle les « pères de la nation ») travaillent à lui éviter de nouveaux
impôts. Il ne voit pas que les réformes fiscales projetées par la monarchie seraient en réalité
synonymes de plus de justice fiscale. 
 
B. La guerre du greffe et de la couronne : le bras de fer entre la monarchie et ses
parlements 
L'opposition parlementaire est devenue une évidence dès les années 1640 et va durer jusqu’à
la Révolution. C’est une guerre qui connaît de très nombreux épisodes, et l’un des plus
célèbres est la fronde.  
 
La fronde commence en 1648, à un moment où l’autorité royale est affaiblie par une régence
(celle d’Anne d’Autriche). 
Dans ce moment de fragilité du pouvoir royal, le parlement de Paris va en appeler à
l’insubordination contre l’autorité royale, et il va notamment refuser de voter les impôts
dont la régente a besoin pour financer la guerre de trente ans.
L'insurrection des parlementaires a été le point de départ d’un mouvement très profond de
contestation qui a duré de nombreuses années, et qui a traumatisé le petit roi de cinq ans : le
futur Louis XIV. 
 
Devenu roi gouvernant, en 1667, Louis XIV va rendre les parlements inoffensifs en
décidant que le droit de remontrance ne pourrait pas s’exercer à priori, càd avant
l’enregistrement, mais seulement a posteriori (autrement dit, on enregistre, on publie, et on ne
critique qu'après). Et, le parlement a été honnête, en entendant comme il fallait, les critiques
qui ont pu être formulées à posteriori. Un parlement cependant a refusé, c’est celui de Paris.
Le parlement de Paris s’est en effet enfermé dans un mutisme profond, jusqu’en 1715. 
 
En 1715, meurt le vieux Louis XIV, et commence une nouvelle période de régence, puisque
Louis XV n‘est encore qu’un enfant. La régence est exercée par Philippe d’Orléans, qui est
très embêté par certaines dispositions testamentaires que lui impose le roi défunt. Il n’y a
qu’une institution qui puisse casser le testament du roi, et se débarrasser des dispositions qui
gênent, c’est le parlement de Paris.  
Le marché est donc le suivant : en échange de la cassation du testament royal, les parlements
retrouveraient leur droit de remontrance à priori càd avant l’enregistrement. Cependant, tout
au long de la régence et tout au long du règne de Louis XV, les parlements vont s’agiter et
rendre la tâche plus difficile au monarque. 
 
À ce moment-là, pour légitimer leur résistance, ils utilisent une théorie qu’ils avaient déjà été
élaborée pendant la fronde : c’est la théorie de l’union des classes. Ils expliquent qu’il n’y a
pas «  des parlements », mais «  un seul et unique parlement pour toute la France et qui ne
seraient que des parties ». 
Pour cela, ils s’appuient sur l’Histoire, en expliquant que les parlements sont nés par
démembrement du parlement de Paris, ce qui n’est pas totalement faux mais qui n’est vrai que
pour certains d’entre eux, par exemple celui de Toulouse.
 
L'idée derrière tout ça, c’est qu’ils sont tous solidaires. Du fait de cette solidarité, lorsque le
pouvoir royal entre en conflit avec un parlement en particulier, cela autorise tous les autres au
nom de la solidarité, à s’insurger contre l’autorité royale. 
 
À partir du règne de Louis XV, ils commencent à adopter une posture qu’ils vont conserver
jusqu'en 1788 : ils disent que puisque le roi ne réunit plus les états généraux (depuis 1614)
ils sont devenus les représentants de la nation, une nation condamnée au silence par
l’absolutisme monarchique. 
 
À la fin de l'année 1770, après des batailles épuisantes contre certains de ces parlements (en
particulier celui de Bretagne), Louis XV comprend qu’il faut se résoudre à une réforme
radicale pour se débarrasser de cette opposition parlementaire. Cette réforme va être
confiée à ce qu’on appelle sous l’Ancien Régime le « chancelier  » qui s’appelle René
Maupeou. 
Cette réforme Maupeou, ce sont trois édits publiés en février 1771, qui constituent une
réforme à la fois radicale et très moderne de la justice. 
Maupeou commence par supprimer la vénalité des offices pour ce qui est des parlements, et
il instaure des juges des magistrats nommés par le roi qui à partir du moment où ils sont
nommés deviennent inamovibles. Ils sont aussi, puisque nommés par le roi, rétribués par lui. 
 
Autre aspect très moderne et rationnel de cette réforme : Maupeou brise l’immense ressort
du parlement de Paris, le ramenant à des proportions raisonnables, le reste de l’ancien
ressort est fractionné en six circonscriptions nouvelles à la tête desquelles Maupeou met des
conseils supérieurs. 
Dans ce contexte de magistrats dépendants du pouvoir royal puisque nommé par lui, on ne
redoute plus le droit de remontrance, et donc on ne le supprime pas, on le laisse aux
magistrats nommés tout en leur interdisant l’obstruction. 
 
Pendant trois ans, cette réforme fonctionne plutôt bien, elle est acceptée par le public, mais
elle ne s’applique que pendant trois ans, car en 1774, Louis XV meurt, et que le premier acte
décisif du règne de Louis XVI, en septembre 1774 a été de chasser ce pauvre Maupeou et de
se débarrasser de sa réforme. Il restaure les parlements dans leurs attributions
traditionnelles, et il leur rend le droit de remontrance a priori. C'est de l’ordre du suicide
politique. Maupeou dira « j’avais fait gagner au roi un procès qui durait depuis plus de cent
ans, il veut le perdre, il est bien le maître ».
 
Sous le règne de Louis XVI, l’opposition parlementaire repart de plus belle, et sera d’autant
plus vigoureuse que la question financière devient exacerbée et que l’absolutisme
monarchique est de moins en moins supporté par l’opinion éclairée. 
 
Tous les ministres des finances de Louis XVI (on les appelle « contrôleurs généraux des
finances » qui équivaut aux premiers ministres) qui vont se succéder (Turbot, Necker,
Calonne, Loménie de Brienne, un nouveau Necker). Tous, vont être obligés de reconnaître à
un moment ou à un autre que pour sauver l’État de la faillite il faut revoir complètement le
système fiscal, et surtout, il faut instaurer l’égalité devant l’impôt en mettant fins aux
privilèges. 
 
Toutes les tentatives se heurteront à un refus parlementaire d’enregistrement. Les parlements
reprennent l’argumentaire traditionnel, et ajoutent une nouveauté. 
Il n’y a, disent-ils, qu’une seule institution représentant les trois ordres de la nation, qui peut
valablement donner son consentement en matière fiscale, de création de nouveaux impôts,
cette institution, ce sont les états généraux. On se retranche donc derrière une forme de
déclaration d’incompétence. 
Sous le règne de Louis XVI, la révolte parlementaire atteint son paroxysme en 1787/1788.
 
Dans le courant de l’été 1787, le contrôleur général des finances (il s’agit à ce moment-là de
l’archevêque de Toulouse : Loménie de Brienne) soumet à l’enregistrement tout une série
d’édits royaux qui sont à la fois administratifs et fiscaux. 
Sur le plan administratifs, ses édits s’appelaient les assemblées provinciales composait de
représentants élus par des trois ordres devait travailler avec l’administration fiscale pour
améliorer la répartition des impôts. Les parlements ont l'intelligence d’enregistrer les premiers
édits administratifs mais n’enregistre pas les édits fiscaux parce qu’elle est plus égalitaire.  
Le roi réplique en tenant un lit de justice, le 6 août 1787. L’enregistrement est donc forcé.
 
Dès le lendemain, le 7 août, le parlement de Paris soutenu par ceux de province, dénonce la
violence qui lui a été infligée par le roi, qui riposte en faisant exiler les parlementaires
(depuis 1715 chaque crise se déroule comme tel). 
 
En coulisse, il y a des tractations entre le pouvoir royal et les monarques, et, au mois de
septembre, le roi rappelle les parlements et les parlementaires parisiens. 
Comme la situation financière est toujours désespérée, on élabore du côté du gouvernement,
un nouveau plan de sauvetage fiscal moins traumatisant pour les privilégiés. 
Ce plan est proposé en novembre 1787 et a lieu un refus d’enregistrement, puis un nouvel
enregistrement forcé le 19 novembre. On est alors, à ce moment-là, à deux doigts de
l’émeute. On peut voir à quel point l’autorité du roi est désacralisée ; il sera obligé d’exiler
son propre cousin. 
 
À l’automne 1787, le roi comprend enfin qu’il faut refaire la réforme Maupeou et
décapiter l’opposition parlementaire. Il va confier cette réforme au chancelier du moment :
Lamoignon. 
 
Le 3 mai 1788, très conscient qu’une grosse réforme va tomber prochainement, les
parlementaires parisiens ont voté un arrêt dans lequel avant même de connaître la réforme, il
exposent que toutes les réformes ministérielles sont destructrices de la constitution de la
royauté, qu’elles sont contraires aux lois fondamentales (où ils ont intégré le droit de consentir
à l’impôt) qu’ils veulent une monarchie limitée et contrôlée -par eux de préférence- qu’il faut
consentir à certaines libertés dont la liberté de la presse. Et ils terminent la rédaction de cet
arrêt de principe en demandant la réunion des états généraux. 
 
Cinq jours plus tard, le 8 mai, la réforme de Lamoignon est enregistrée par lit de justice. Il
a fallu faire venir l’armée qui cerne le parlement de Paris. Ce dernier ne cèdera qu’au bout de
30 heures de résistance. 
 
Cette réforme réorganisait très profondément la justice, et cherchait bien sûr à affaiblir les
parlements. Elle sera donnée à une cour plénière qui est composé de prince de sang et de
hauts dignitaires de l’armée. Mais elle ne sera pas appliquée, car après le coup d’État du mois
de mai 1788, la France entière s’agite, et en particulier dans la ville de Grenoble. 
 
L'agitation y atteindra son point culminant le 7 juin 1788, qui prendra le nom de « journée
des tuiles » car cet ordre avait été donné au gouverneur du Dauphiné d’arrêter les
parlementaires. 
La population -qui n’a toujours pas compris les enjeux- a pris faits et causes pour ces
parlementaires, et a décidé de faire reculer l’armée. 
Comme ils n’ont pas d'armes, les Grenoblois et les paysans des alentours sont montés sur le
toit des maisons et ont balancé des tuiles. Pour que cela ne tourne pas au bain de sang, le duc
de Clermont-Tonnerre et le roi ont fait marche arrière. 
 
En juillet 1788, devant cette agitation qui s’empare de tout le royaume, le roi capitule, il
renvoie Lamoignon ainsi que le contrôleur général des finances, il rappelle aux finances un
personnage très populaire qui a été renvoyé quelques années auparavant : Jacques Necker et
surtout, le roi cède à la volonté des parlementaires : il annonce la réunion pour 1789 des
états généraux. 
 
§2 – Une force d’opposition potentielle : les états généraux  

Les états généraux peuvent être définis comme l’Assemblée Générale des délégués des
trois ordres du royaume, convoqués par le roi pour lui porter conseil et exprimer les
vœux pour la paix et le salut du royaume. 
 
Officiellement, c'est en 1314 que pour la première fois une telle assemblée de ce type s’était
tenue sous le règne du roi Philippe IV le Bel qui avait fait appel aux états généraux
précisément car il avait besoin d’un soutien financier. 
 
Pendant III siècles, après cette première réunion, l'institution va vivre tant bien que mal et à
partir de 1614, quand le tournant absolutiste est pris, cette institution n’est plus réunie. À tel
point que sous le règne de Louis XIV, Colbert avait pu déclarer qu'elle était morte (puisque
plus réunie depuis trop longtemps). Mais après 175 ans d'absence et grâce à l’obstination
parlementaire, cette institution va renaître pour une ultime réunion. 
 
A. Principes traditionnels d’organisation et de fonctionnements 

Le premier principe, c’est l'absence de principe. La monarchie n’a jamais fixé, à quelque
moment que ce soit, le statut des états généraux car un statut pourrait être très contraignant et
encombrant. Donc les règles qui vont être représentées sont beaucoup plus des usages qui sont
nées de la pratique entre 1314 et 1614. 
 
 Les états généraux ne peuvent siéger que sur convocation du roi, autrement dit, ils
ne peuvent pas se réunir de leur propre initiative ; c’est une institution inerte par nature
en droit, elle dépend d’autrui pour être mise en mouvement. 
 
 En dépit de tous les efforts des états généraux passés, ils n’ont jamais obtenu d’être
réunis à intervalle régulier, il n’y a donc pas de périodicité. 

 Il n’y a pas d’avantage de lieux fixes de réunions : c’est le roi qui décide de l’endroit
où on tiendra les états généraux. Ils ont pu dans le passé, se tenir, à Paris, Orléans,
Blois (ceux de 1789 se tiendront à Versailles). 

Organe de consultation dépendant du roi et de lui seul, les états généraux ne décident pas de
l’ordre du jour de la réunion, c’est le roi qui arrête cet ordre du jour seul, et qui fixe donc
les questions dont on va débattre. Les états généraux ne doivent pas sortir du cadre fixé par le
roi. Leur marge de manœuvre est donc inexistante. 
 
Cette assemblée représente les trois ordres de la nation, ça représentation est donc
corporative : trois ordres donc trois groupes. 
 
Les députés aux états généraux ont au départ été nommés par le roi puis à partir du XVe
siècle, les députés aux états généraux ont été élus. Le cadre électoral est une circonscription
judiciaire (qu’on appelle le bailliage plutôt au Nord ou sénéchaussée au Sud). 
 
Le scrutin est très complexe en fonction des ordres, il pouvait être à un, deux, voire trois
degrés mais il n’y avait aucune condition de fortune n’est requise pour voter, le suffrage
n’est donc pas censitaire (même les femmes peuvent voter si elles sont cheffe de famille). 
 
Les électeurs de chaque ordre élisent séparément les députés de leur ordre. Quel que soit
l’ordre d’appartenance le réflexe est généralement le même càd que les électeurs élisent
l'élite de leur ordre, ceux qu’ils considèrent comme les meilleurs d’entre eux. On aura donc
un clergé qui prend ses députés parmi le haut clergé ; la noblesse qui choisira les plus titrés ;
le tiers-état se tournera vers l'élite de sa bourgeoisie. 
 
La dernière réunion de 1789 va marquer à cet égard un léger changement, on voit une rupture,
car on verra des députés issus du bas-clergé, on va voir des députés issus de la petite
bourgeoisie, et un député paysan pour le tiers-état pour la première fois. 
 
 

Le député aux états généraux qui a été élu, reçoit de ses électeurs un mandat impératif : il
reçoit de ses électeurs des pouvoirs et des instructions de vote très précises, limitativement
énumérées, qu’il doit impérativement respecter. 
Comme on connaît par avance l’ordre du jour, on sait précisément de quoi on va parler
au moment de la réunion. Si jamais le roi abordait d’autres questions non prévues initialement
par l’ordre du jour, les députés devaient revenir devant leurs électeurs pour savoir comment
voter. 
Le mandat impératif est donc un mandat de droit privé dans lequel le mandataire (le
député) est lié par les ordres reçus de son mandant (en l'occurrence ses électeurs). Il ne peut
pas s'en écarter et s’il le fait il prend un risque : il encourt juridiquement le désaveu (c'est-à-
dire la révocation pure et simple). 
Ce système est un système très rigide, que la Révolution va condamner, et elle va
développer à partir de l’été 1789 l’idée du mandat représentatif (non sans difficultés, car il
faudra vaincre les mentalités). 
Ce mandat avait en réalité sa raison d'être sous l’Ancien Régime : c’était les électeurs
qui assuraient les frais de déplacement, d’hébergement de nourriture de leur député. Ils
tenaient donc à avoir le contrôle de ce député. 
Les pouvoirs du député (c'est-à-dire ses instructions de vote) étaient consignés dans un
cahier de doléance rédigé par les électeurs, qui comportait en plus des pouvoirs : les vœux
des électeurs, (c'est-à-dire de façon très générale, très libre, toutes les réformes qui leur
paraissaient souhaitables et qu’ils faisaient, de cette manière, connaitre au monarque). 
Le député va donc comme ses homologues à travers toute la France, se rendre au lieu
fixé pour la convocation par le roi et lorsque s’ouvre la séance solennelle d’ouverture
(appelée « séance royale », ou « séance plénière ») tous les députés sont là, au complet,
représentant les trois ordres, et ils se réunissent par ordres : les députés du clergé plus proches
du roi ; puis la noblesse ; et un peu plus loin dans la salle, le tiers état. 
Regroupés ainsi, les députés vont en silence écouter le discours du roi qui va expliquer
les raisons de la réunion et indiquer les points précis sur lesquels il veut des avis, le Conseil de
ses députés.  
À la fin de cette réunion, les députés doivent se séparer c’est-à-dire que chaque groupe
doit rejoindre une pièce distincte, ils doivent délibérer en chambres séparées. Là, ils vérifient
les pouvoirs, désignent un président et un orateur en vue de la séance royale de clôture. Cet
orateur sera le porte-parole de l’ordre et le seul à prendre la parole lors de la séance.  
Ces préliminaires étant accomplis, les députés vont délibérer. Toujours de manière
séparée, ils vont répondre, arrêter la position de leur ordre sur les questions posées par le roi.
Ils vont aussi opérer la synthèse générale, la fusion des cahiers de doléance de leur ordre, de
telle manière qu’il n’y ait plus qu’un cahier de doléance par ordre. 
Lorsque les délibérations en chambres séparées étaient terminées (lorsqu’on avait
répondu aux questions du roi et fait le cahier unique) avait lieu la séance de clôture : chacun
des trois orateurs donnait au roi les réponses arrêtées par son ordre, et on remettait au roi, le
cahier synthétisé de chacun des ordres. Et la séance était terminée, la session des états
généraux était finie. 
L'impact juridique était en réalité nul, les réponses que chaque ordre donnait au roi
étaient purement indicatives, ce ne sont que des conseils que le roi peut suivre -ou pas- et ce,
quand bien même les trois ordres se seraient prononcés de la même manière, et eu la même
réponse.  
Au XVIe siècle, dans le contexte très troublé des guerres de religion, les états
généraux ont essayé d’imposer au roi la règle selon laquelle le roi serait tenu de légiférer
quand les trois ordres avaient pris une délibération unanime. La monarchie avait combattu
fermement ce type de demande car il était un partage du pouvoir législatif et l’absolutisme ne
le permettait pas.  
- Qu’en est-il en matière fiscale (car les parlements ne cessent de dire qu’ils sont la seule
institution compétente pour adopter des impôts) ? 
 
 En matière fiscale et pour les créations d’impôts, les choses sont un peu plus subtiles
et complexes : au XIVe siècle on avait posé le principe qu’il faudrait un accord des
états généraux pour lever un impôt pensant sur les habitants du royaume. Ce principe a
été pendant un moment (jusqu'au milieu du XVe siècle) respecté. 
Il y a deux raisons à ce respect :  
 
 Première raison : à cette période, il n’y a pas encore d’impôt permanent,
l’impôt est toujours levé de manière exceptionnelle par le roi ; 

 Deuxième raison (très prosaïque) : on est en pleine guerre de cent ans, ce qui
suppose un effort fiscal, et les états généraux comprennent cette nécessité.
 
Donc au cours de cette période, le roi convoque assez souvent les états généraux qui
consentent au prélèvement fiscal, car il est exceptionnel et temporaire. 
Mais tout va changer au XVe siècle, car au sortir de la guerre de cent ans, une fois
celle-ci enfin terminée, le roi Charles VII décide de créer une armée permanente pour la
défense du royaume, ce qui suppose la permanence de l’impôt. 
En 1439, les états généraux d’Orléans votent avec beaucoup de générosité, la
permanence du premier impôt royal : « la taille ». 
La monarchie considérera à partir de là qu’elle est libre de fixer le montant de la taille.
Elle ne re-convoquera pas les états généraux pour en fixer le montant (c’est un impôt de
répartition, c’est-à-dire qu’il n’existe pas de montant initial fixé par la loi). 
Les états généraux suivants ont été bien conscients de leur erreur, et vont tenter de
reprendre l'avantage, et batailleront sans y arriver complètement.  
Au XVIe siècle, deux principes se sont dégagés :  
 
 Premier principe : les états généraux doivent consentir à tout nouvel impôt, outre la
taille ;
 Deuxième principe : pour qu’un nouvel impôt soit créé, il faut obtenir l’unanimité des
trois ordres.  
 
Ces deux règles n’ont pas du tout été contraignantes pour la monarchie. 
Évidemment, à chaque demande du roi de créer un nouvel impôt, les états généraux
n’ont jamais trouvé l’unanimité. Les deux ordres privilégiés ont bien envie de continuer à le
rester. Ils ont donné l’image d’une assemblée stérile, désunie, inutile, onéreuse pour les
électeurs. 
Entre-temps, la monarchie a exploité l'incapacité des états généraux à être constructif,
elle avait inventé une théorie très simple : la théorie de l’urgence. 
En période de guerre, la monarchie a un besoin rapide d'argent, elle n’a pas le temps
d'organiser une réunion (il faut en moyenne un an pour mettre sur pied une pareille réunion).
Donc il était admis qu’au nom de l’urgence, le roi pouvait créer de nouveaux impôts et les
lever d’autorité. Bien sûr, on expliqua toujours, dans la continuité de la rhétorique médiévale,
que ces impôts étaient exceptionnels et provisoires. Ils ont tous été durables. 
Ainsi, à partir du début XVIIe siècle le roi a réussi à faire triompher ce droit d’imposer
autoritairement. À partir de là, il ne convoque plus les états généraux, et il les convoque
d’autant moins que la monarchie qui rêve d’absolutisme ne veut pas prendre le risque qu’une
vieille institution médiévale vienne la critiquer et essaie de la limiter. 
Il a donc fallu une conjonction tout à fait étonnante, c'est-à-dire une crise financière
gravissime, un droit royal bloqué par les parlements, et surtout un roi faible et
traditionaliste, pour que l’institution renaisse en 1788. 

B. Les enjeux des élections de 1789 : quelles modalités de réunion pour une
institution ressuscitée ? 
 
Cette décision de réunir les états généraux après 175 ans d’absence, a tout de suite
ouvert un large débat dans le pays. 
Ce débat a porté sur les modalités des élections, et plus encore sur les modalités de la
réunion. Le débat était de savoir s’il fallait suivre les usages traditionnels ou s’il fallait
innover en apportant de nouvelles modifications et si oui lesquels ?  
Dès le mois de septembre 1788, le parlement de Paris a fait connaître son opinion qui
était majoritairement de respecter les usages traditionnels, autant dire que sa popularité s’est
instantanément évanouie. 
Là, les parlementaires parisiens ont bien dit ce qu’ils pouvaient, les privilégiés
entendaient bien rester. Mais de nombreux auteurs se sont mis en campagne pour moderniser
cette institution, et le plus célèbre d’entre eux est l’abbé Emmanuel Sieyès. 
En réalité Sieyès n’est pas le premier à défendre ces modalités nouvelles, en revanche
il est celui qui va frapper le plus les esprits. Il est l’auteur d’un petit livre percutant, « Qu'est-
ce que le tiers état ? », qui va connaître un succès phénoménal, dû au sens de la synthèse et
de la formule de son auteur.  
Dans ce petit livre, l’abbé Sieyès qui sera élu quelques semaines plus tard députées
aux états généraux pour le tiers-état, se livre à une attaque en règle contre les privilèges de
la noblesse. Mais surtout l'ouvrage réclame trois choses pour les états généraux à venir :  
 
 Première demande : il demande que le tiers-état ait deux fois plus de députés que
les ordres privilégiés, il demande donc le doublement de la représentation du tiers-
état en ce qu’il représente 97% de la nation ; 
 La deuxième demande est le corollaire de la première : il demande que l’on ne vote
plus par ordre mais par tête. À la vieille règle traditionnelle « un ordre égal une
voix » on substituerait une nouvelle règle «  une tête égale une voix » ; 

 Troisième demande : les états généraux ne délibèrent plus en chambre séparée,


mais que les députés soient réunis vraiment tous ensemble dans le même lieu pour
délibérer, que la délibération soit commune et sans distinction d’ordre.  

Lorsqu'elle paraît en janvier 1789, Louis XVI va déjà céder sur un point : le 27
décembre 1788, il a répondu favorablement au principe du doublement du nombre des
députés du tiers-état, mais il s’est arrêté là mais il n’a rien dit sur les modalités de vote. 
Le 24 janvier 1789, lorsqu’est publiée la lettre officielle de convocation des états
généraux, on ne sait toujours pas comment on va voter. La lettre détaille le règlement
électoral, mais sans rien dire sur les modalités de vote et de délibération. 
C’est sur cette question non résolue, que le 5 mai 1789, va s’ouvrir à Versailles la
séance solennelle de la réunion des états généraux, et c’est cette question du vote qui fait
basculer la France dans la Révolution. 

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