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Histoire de la société française

Cadre chronologique : période contemporaine


L1 : fin de l’Ancien Régime (1750) → 1848 ou 1852

Objet du cours (délimitation thématique)


- Histoire des régimes politiques
- Institutions administratives, juridiques
- Contexte économique, social, religieux

► Chronologie de la période étudiée


 Fin de l’Ancien Régime (milieu XVIIIe siècle – 1789)
 Révolution (1789 – 1799)
 Consulat et Empire (1799-1814)
 Monarchies constitutionnelles (1814-1848)
 Deuxième République (1848-1852) ??

Dispositif pédagogique

► Espace de cours en ligne (Moodle)

- ENT (environnement numérique de travail)

→ identifiant / mot de passe


- Faculté Administration et Communication / L1 AES / Histoire de la société
française / Caroline CABEE
- Étudiants étrangers :
● clef d’inscription : L1AES
● ou inscription manuelle à l’espace de cours par l’enseignant
- Outils pédagogiques : présentation générale, bibliographie, plan, fiches
complémentaires, annales, diaporama Révolution, le support de cours
- Espace travaux dirigés (plaquette TD avec présentation des séances +
textes / consignes pour les TD)
► Travaux dirigés

► Modalités d’examen

Informations pratiques
Scolarité Administration et Communication : Bâtiment Arsenal, 1er étage,
Bureaux AR 121 et AR 115

Bibliothèques
BU arsenal
Bibliothèque Garrigou, Anciennes facultés, 1er étage
Bibliothèque François de Boutaric, Arsenal 1er étage, salle AR 106
Bibliothèque Godechot de l’IEP, Bâtiment IEP, face à l’Arsenal
Bibliothèque de la Manufacture des Tabacs (niveau master, doctorat)

Recherche d’ouvrage (pour trouver la cote et la bibliothèque) : catalogue


archipel (catalogue informatisé des BU de Toulouse)
Mon mail : caroline.cabee@ut-capitole.fr
CHAPITRE PRÉLIMINAIRE
LA CRISE DE L’ANCIEN RÉGIME
Séisme révolutionnaire (1789)
- Destructeur de l’ordre ancien
- Fondateur d’un ordre nouveau

Comprendre les enjeux : étudier en préalable l’Ancien Régime

Société du XVIIIe siècle en crise : sociale, politique, financière

Ferments / causes de la Révolution

SECTION 1
CRISE DE LA SOCIÉTÉ

Société du XVIIIe siècle : tripartite, hiérarchisée, inégalitaire

Dysfonctionnements

Besoin d’égalité, de mobilité sociale

Malaise social

A – Une société tripartite, hiérarchisée, inégalitaire

Place de chacun déterminée par la fonction

- Ceux qui prient (les clercs / le Clergé)


- Ceux qui combattent (les nobles / la noblesse)
- Ceux qui travaillent (le Tiers-État / les roturiers)

Trois ordres pour trois fonctions dans la société

Définition 1

Un ordre = groupe social défini par la fonction de ses membres


Appartenance à un ordre ꞊ droit spécifique / régime juridique particulier / lois
différentes
Pas d’égalité devant la loi / pas d’égalité en droits

Définition 2 (complète)

Un ordre =
Groupe social défini par la fonction de ses membres
et le droit qui leur est applicable

Société inégalitaire

Société corporatiste (ou organique) ≠ individualiste

Le groupe prime sur l’individu

§1 - La société d’ordres

Trois ordres hiérarchisés

1° Le Clergé, premier ordre du royaume

Clercs / ecclésiastiques / serviteurs de l’Église catholique

Sommet de la hiérarchie

Statut particulier de l’Église catholique dans l’État monarchique

1 – Monarchie de droit divin

- légitimité divine du roi

- « élu » de Dieu

- pouvoir légitimé par Dieu


Le sacre

Sacre de Charles VII (1429)

Relations mutuelles de soutien

Alliance du Trône et de l’Autel

2 - Religion catholique, religion d’État

Seul culte officiel, autorisé, reconnu

Pas de liberté des cultes

Donnée démographique : 120 000 sur 26 millions d’habitants

2° La Noblesse, deuxième ordre

Ordre des combattants


Noblesse d’épée
Epoque féodale (Xème-XIIIème siècles)

Noblesse de robe
Administrateurs royaux
Charge anoblissante
Mobilité sociale (l’achat d’une charge anoblissante permettant d’intégrer
l’ordre de la noblesse)
Noblesse de robe méprisée par la noblesse d’épée

Clivages / divisions

!!! Noble ne veut pas dire riche

Transmission de la noblesse (par la naissance ou le mariage)

Donnée démographique : 400 000

3° Le Tiers Etat, troisième ordre

Majorité de la population (98% environ)


Ceux qui travaillent, font vivre l’État

Diversité de population
→ Société urbaine
→ Société rurale (paysans)

Ordre hétérogène (profession / niveau de vie)

Terme générique pour désigner le Tiers Etat : roturiers

!!! Roturier (Tiers Etat) ne veut pas dire pauvre

Facteur d’unité :
- Statutairement : la fonction dans la société
- Politiquement : opposition aux privilèges et revendication de
l’égalité civile

§2 - Distinctions juridiques et privilèges

Statut juridique (lois) spécifique(s) à chaque ordre

Inégalité civile = existence de privilèges

- Etymologie : privatae leges (lois « privées », spécifiques à un


groupe)
- XVIIIe siècle : loi avantageuse → « privilégié » = ordre
bénéficiant de lois spécifiques, souvent avantageuses

→ caractère inégalitaire de la société

1° Privilèges juridiques et judiciaires

Aujourd’hui : égalité devant la justice (les tribunaux) et devant la loi

Ancien Régime : le tribunal compétent et la loi applicable dépendent de la


qualité de la personne (ordre)

Exemples :
Clercs jugés par les tribunaux ecclésiastiques (de l’Eglise)
Nobles jugés par leurs « pairs » (tribunaux composés de nobles)

Droit applicable différent

● en matière pénale
→ peine plus lourde pour les nobles (qui doivent donner l’exemple)

● en matière civile (privilèges civils) : successions, majorité…

2° Privilèges fiscaux

Exemptions fiscales
→ pour le clergé (paye le «don gratuit »)
→ pour les nobles (taille, gabelle…)

Exemption ne veut pas dire immunité fiscale

Régime avantageux

Mécontentement du Tiers Etat = pression fiscale lourde et


inégalités injustifiées
B - Modèle social figé et inadapté

Modèle social archaïque, inadapté, rigide

► Modèle obsolète (dépassé) / inadapté

Différences de statut plus justifiées

Exemple de privilège injustifié : les exemptions fiscales de la noblesse

→ exemption longtemps justifiée par l’« impôt du sang » (pour la


noblesse d’épée)
→ exemption injustifiée pour les nobles de robe (administrateurs,
juges)

► Modèle rigide / figé

Plus de mobilité sociale (par l’achat d’une charge / fonction anoblissante)

L’ordre de la noblesse se ferme

Fermeture du marché des offices (le roi ne crée plus de charges et celles qui
existent sont patrimonialisées)

► Frustration politique

Le pouvoir échappe à la bourgeoisie

Conclusion

Le Tiers Etat :
- Moteur de l’économie
- Assume la charge fiscale
- Pas de promotion sociale
- Exclu de la vie politique
- Privilèges injustifiés
Le Tiers Etat ployant sous le fardeau du Clergé et de la Noblesse

Collection de Vinck. Un siècle d'histoire de France par l'estampe, 1770-1870.


Vol. 17 (pièces 2760-2907), Ancien Régime et Révolution
Caricature sur les trois-ordres : le Tiers-Etat portant sur son dos le clergé et la noblesse
1789
Musée Carnavalet (Paris)

Crise sociale, malaise et frustrations : il faudrait réformer le système mais le


pouvoir est impuissant
SECTION 2
LA CRISE DU POUVOIR

Pouvoir figé dans ses traditions, incapable de se réformer

Confronté à la contestation (contre-pouvoirs)

§1 - Un régime figé dans ses traditions

Monarchie héréditaire, absolue et de droit divin

1° Monarchie héréditaire

Transmission de la Couronne
- En ligne directe (descendants)
- En ligne collatérale (frères, cousins, neveux)

Elle obéit à des règles : les Lois fondamentales

a - Aînesse et masculinité

Femmes exclues de la succession

XIVème siècle : succession des fils de Philippe le Bel (1285-1314)

Les raisons de cette exclusion : politiques

b - Indisponibilité

Couronne indisponible : le roi ne peut pas choisir son successeur

Lié par les lois fondamentales

Problème de l’incompétence ou de la folie du roi

2° Monarchie absolue

Absolutisme

Souveraineté (= somme des pouvoirs)


Concentration des pouvoirs entre les mains du roi

- Exercés sans partage (personne « à côté »)


- Sans dépendance (personne « au-dessus »)

3° Monarchie de droit divin

Légitimité divine

Eviter la confusion : le roi n’est pas Dieu (représentant)

Mission temporelle (et non spirituelle → le Pape)

Conséquences pour le roi :

► limite morale : respecter les préceptes de la foi (justice,


paix, miséricorde)

► obéissance inconditionnelle des sujets

Gouvernement sans limite institutionnelle, sans séparation des pouvoirs


≠ esprit du temps

Contestation

§2 - Les formes de la contestation / Emergence de contre-pouvoirs

Institutionnelle / Idéologique

1° - Contestation institutionnelle : les parlements

Parlements = Cours de justice (tribunaux / juridictions)

Missions :

- Rendre la justice (juridictions supérieures)

- Enregistrer les lois (ordonnances royales)


Refus d’enregistrer + Remontrances (critiques) = Blocage

Lit de justice (enregistrement forcé en présence du roi)

Parlement de Paris, Lit de justice, 22 février 1723

Retard dans l’application de la loi


Paralysie du pouvoir législatif
Blocage du fonctionnement de l’Etat

→ Contre-pouvoir

Politique d’obstruction systématique (vers 1750)

Les raisons :

→ ordonnances « réformatrices » : remise en cause de certains privilèges


(fiscaux notamment)

→ revendication politique : partage du pouvoir législatif


Remise en cause du monopole législatif royal et de l’absolutisme
monarchique

2° - Contestation idéologique : les Lumières

Courant de pensée : philosophes, juristes, scientifiques

Montesquieu / Voltaire / Rousseau / Diderot…

« Substituer aux ténèbres du fanatisme et de l’intolérance les Lumières de la


Raison »
→ critique de l’omnipotence de l’Eglise (fanatisme) / principe de la
religion d’Etat (intolérance)

→ peuple « aveuglé » par la religion / « éclairé » par les Lumières


de la Raison

a - Sur le plan politique

Monarchie limitée
Séparation des pouvoirs
Monarchie parlementaire (modèle anglais)

Idéal politique = monarchie constitutionnelle, parlementaire


(≠ monarchie absolue)

b - Sur le plan économique

Ancien Régime = politique économique dirigiste

→ Règlementation des professions, des modes de productions, des prix

Corporations de métiers sous la tutelle de l’administration royale


Règlements, taxes

Situation de monopole

Interventionnisme étatique, source d’injustices, de privilèges


→ Revendication des philosophes :
- Modèle plus libéral
- liberté d’entreprendre / libéralisme économique
- fin des corporations
- libre jeu de la concurrence

Bilan : société caractérisée par l’absence de libertés


(économique, des cultes, d’opinion / d’expression, d’aller et venir…)

c - Sur le plan social

Philosophie de la liberté / de l’égalité / de l’individualisme

Valoriser, promouvoir l’individu

Rompre avec le corporatisme

Reconnaître :

● la liberté individuelle
● l’égalité civile (devant la loi) : fin des ordres / privilèges

Remise en question de l’organisation sociale d’Ancien Régime

Diffusion des ces idées libérales et égalitaires qui alimentent la contestation

Impuissance de la monarchie

§3 - L’impuissance à se réformer

Tentatives de réformes

Obstruction des parlements (celui de Paris)

Le roi (Louis XV) et son Chancelier (≈ ministre de la justice) Meaupou


entreprennent une grande réforme judiciaire
Louis XV (1715 – 1774)

Brisent le Parlementent de Paris (1771)

- Exil des parlementaires


- Confiscation des charges
→ Parlement affaibli
Plus d’opposition jusqu’en 1774 : mort de Louis XV

Louis XVI (1774-1793)


Renonce à la réforme Maupeou, reconstitue le Parlement

Passe un « marché » avec les parlementaires réintégrés

Grande naïveté : reprise de l’opposition / défense des privilèges

Suicide politique qui va précipiter la France dans la révolution

→ Extrait du manuel Histoire des institutions de l’époque franque à la


Révolution, Paris, PUF, 1993, n° 503, p 535-536
Point faible de la Monarchie : les finances (grave crise) → déficit budgétaire

Système fiscal inégalitaire, corrompu, inefficace

5 ministres des finances entre 1774 et 1788 (aucune réforme décisive)

Faiblesse, indécision, impuissance

Situation financière catastrophique / monarchie impuissante

Solution envisagée : les Etats Généraux

Représentants élus (députés) des 3 ordres


Assemblée réunie en période de crise : marché

- Création d’impôts nouveaux

- Doléances (vœux)

- Ordonnance de réformation

Conditions réunies en 1788

Convocation des Etats Généraux à Versailles pour le mois d’avril 1789

Il enclenche le processus révolutionnaire

« Les privilégiés ont osé résister au Roi. Avant deux mois, il n’y aura plus ni
Parlements, ni Noblesse, ni Clergé ». (Chancelier Lamoignon)

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