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La société Française sous l'ancien régime

En 1789, le royaume de France est le pays le plus peuplé d'Europe avec 28 millions d'habitants.
La population est à 80% rurale, malgré la poussée urbaine qui marque tout le XVIIIè siècle.

Le régime démographique se caractérise par des taux de natalité et de mortalité très élevés.

Entre 1740 et 1789, le taux de mortalité est passé de 40 à 35,5/1000. Cette baisse est due pour
l'essentiel à une chute de la mortalité adulte (moins de guerre, moins d'épidémie, moins de
mauvaises récoltes). Mais la surmortalité infantile demeure toujours aussi importante (1 nouveau-
né sur 4 n'atteint pas l'âge de un an), du fait de maladies comme la variole, la rougeole ou la
scarlatine, mais aussi du fait de la pollution des eaux.

UNE SOCIETE D'ORDRES :

Selon le droit traditionnel, la société de l'Ancien Régime se divise en 3 ordres ou "estats" :

- Ceux qui prient.................. Le CLERGE.......... 5% de la population

- Ceux qui se battent........... La NOBLESSE...... 1,5% de la population

- Ceux qui travaillent........... Le TIERS-ETAT.... 98% de la population

Le développement du commerce et l'essor de l'industrie au cours du XVIIIs   ont introduit de


nouveaux facteurs de différenciation sociale, suivant l'activité professionnelle, le talent ou bien
encore la richesse. Dans la seconde moitié du XVIIIs., le roi, pour faire face à ses dépenses de plus
en plus importantes, anoblit certains grands négociants, savants ou artistes.

La noblesse n'est donc plus un principe biologique puisque, désormais, est pris en compte le
mérite personnel mis au service de l'utilité publique.

A / Les ordres privilégiés

1) Le clergé

C'est le premier ordre du royaume du fait que le catholicisme est religion d'Etat et que le clergé
prépare au salut, l'ensemble de la communauté.

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Les protestants et les juifs sont minoritaires mais leur rôle économique est fondamental.

Le clergé est le seul ordre véritablement organisé.

L'Assemblée du Clergé se réunit tous les 5 ans, pour discuter des questions particulières de l'ordre
et de ses rapports avec la monarchie. A cette occasion, est voté le "Don Gratuit" qui est une
contribution volontaire du Clergé pour le souverain, bien que le Clergé soit officiellement exonéré
d'impôts.

Le Clergé possède un important patrimoine foncier dont il tire de colossaux revenus (6% du
territoire), des immeubles (églises, couvents, abbayes, hospices, écoles...) et perçoit la dîme dont
une partie est réservée à des oeuvres de charité, à l'enseignement, aux soins portés aux malades.

Le Clergé se compose d'environ 130 000 membres, repartis de la manière suivante :


- 70 000 séculiers
- 60 000 réguliers (dont 40 000 religieuses).

Dans le Clergé, s'opposent le Haut Clergé et le Bas Clergé.

Le Haut Clergé est un prolongement de la noblesse. En effet, depuis le Concordat de Bologne


(1516), le roi nomme les évêques qu'il choisit bien sur dans sa noblesse (de Rohan, de la
Rochefoucauld, de Talleyrand...).

Le Bas Clergé et issu de la petite bourgeoisie rurale ou citadine, et critique le train de vie des hauts
prélats étant donné que ses revenus sont très modestes.

2) La Noblesse

C'est l'ordre privilégié par excellence et se compose d'environ 25 000 familles soit 300 à 400 000
personnes.

La Noblesse est un ordre très divers. En effet, la noblesse se divise en deux grandes catégories.
Tout d'abord, la Noblesse d'épée, ancienne et d'origine chevaleresque qui est très minoritaire ;
puis, les anoblis (par décision royale, par acquisition d'une charge anoblissante, par achat de
lettres de noblesse) qui représentent la Noblesse de robe et qui se consolide avec l'hérédité.

La diversité de la Noblesse apparaît aussi à travers la hiérarchie qui règne dans l'ordre. L'élite de la
noblesse est représentée par les Grands qui cumulent les titres les plus élevés (prince, duc,
comte...) et des fortunes colossales. Les Grands ne représentent que 250 familles, soit 1% de

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l'ensemble des membres de l'ordre. Vient ensuite la noblesse provinciale d'épée ou de robe qui vit
très aisément dans ses châteaux ou ses salons particuliers en ville.

Vient enfin la petite noblesse (gentilshommes), majoritaire, analphabète, ignorante, qui mène une
vie difficile et besogneuse.

La Noblesse apparaît donc comme un ordre écartelé entre des situations sociales très diverses,
bien qu'au XVIIIs., elle défende haut et fort son unité qui tient à toute une série de privilèges
honorifiques (port de l'épée, droit d'armoiries, droit de chasse, banc réservé à l'église...), à
l'exonération d'impôts, à des emplois réservés (armée, clergé, entourage du roi...).

La plupart des nobles sont des seigneurs possédant des droits leur permettant d'augmenter leurs
revenus (cens, taxes et péages divers, banalités).

A la veille de la Révolution de 1789, la noblesse est un ordre en déclin, d'où le déclenchement


d'une réaction aristocratique pour réaffirmer et accentuer ses privilèges entraînant par là même
une très forte tension sociale générale.

B/ Le Tiers Etat

"C'est un tout qui n'est rien mais qui aspire à être quelque chose" (Abbé Sieyès).

Il représente 98% de la population totale ce qui suppose, bien entendu, une très grande diversité
de conditions sociales.

1) Les ruraux

Ils se caractérisent eux aussi par leur très grande hétérogénéité. L'élite est constituée par les "coqs
de villages", laboureurs très riches. Vient ensuite toute une hiérarchie jusqu'aux manouvriers ou
brassiers qui n'ont que leurs bras à offrir et qui constituent la grande majorité de la population
rurale.

Le monde paysan est constamment aux limites de la misère matérielle, et est accablé d'impôts.

Malgré leur ignorance et leur analphabétisme, les paysans possèdent une culture orale très
vivante.

2) Les citadins

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Dans cette catégorie sociale, l'hétérogénéité est aussi de loi. Les citadins représentent 16% de la
population totale.

L'élite est constituée par la bourgeoisie qui assied sa position sociale sur le talent et l'argent.

Au sommet, une élite intellectuelle ouverte aux idées des philosophes, constituée par de grands
financiers (Necker), de grands négociants qui tirent leur fortune du commerce maritime
(Bordeaux, Nantes, Rouen, Marseille). Cette grande bourgeoisie mène un train de vie très proche
de celui de la noblesse. Il ne lui manque que les privilèges. La grande bourgeoisie, malgré son
poids économique, est exclue des conseils de gouvernement.

Les classes moyennes sont constituées par les artisans et les petits commerçants. Leur travail
s'organise dans le cadre des corporations qui regroupent les gens travaillant dans un même corps
de métier (Maîtres, compagnons, apprentis). Ces classes moyennes aspirent à plus de liberté et
leurs idées rejoignent celles de la bourgeoisie.

Au bas de l'échelle sociale citadine se trouvent le menu peuple (domestiques,


ouvriers,mendiants...) qui vit très misérablement et qui, là aussi, représente le plus grand nombre.
Le menu peuple jouera un très grand rôle durant les grandes journées révolutionnaires. 

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