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Histoire du droit et des institutions publiques après 1789 :

C'est l’histoire des institutions, des règles qui encadrent le pouvoir (le gouvernement et les
administrations) à partir de la révolution jusqu’à la n du XIXe s.
C'est l’histoire des régimes juridiques que les hommes se xent.

INTRODUCTION : Les institutions françaises à la veille de la révolution de


1789

CHAPITRE 1 : LA SOCIÉTÉ D’ANCIEN RÉGIME

La société avant la révolution française était organisée par des règles juridiques.
L’Ancien Régime est une société traditionnelle =société dans laquelle le passé fait le droit et
ce qui existe a vocation a demeurer, ne doit pas être changé, doit perdurer. Ce qui existe
depuis longtemps devient une règle, plus la règle est ancienne plus elle a de valeur et ne peut
être changée. C'est aussi une société inégalitaire juridiquement : tous les individus qui
forment la société n’ont pas les mêmes droits, cela dépend de leur groupe social, de leur
métier, de leur origine sociale… ex : droit de propriété, droit de mariage, droit pénal…

L’inégalité juridique se traduit par une société de corps : les individus sont intégrés dans
di érents corps et en fonction de ces corps (groupes) les droits sont di érents ex : le droit du
mariage n’est pas le même à Strasbourg qu’à Rouen : le droit territorial n’est pas le même.
ex : les corps de métiers : chaque métier avait ses propres règles —> église = corps
ecclésiastique.
Les individus se dé nissent donc par l’appartenance a un corps, et non pas par leur
personnalité ou autres caractéristiques individuelles.
À ces groupes étaient attachés des privilèges (droit spéci que/droits particuliers attachés à
une catégorie de population, attachés aux di érents corps). Un privilège n’a pas de caractère
négatif ou positif c'est un régime, un droit di érent des autres.
Dans une société traditionnelle personne ne peut toucher aux privilèges, pas même le roi.

Section 1. Une société de corps : l’exemple des ordres

Avant la révolution française, on parle d’ordres (et non pas de classe sociale) pour décrire la
société.
Cette division de la société en 3 remonte au début du Moyen-Age : cela consiste à diviser la
société en fonction de la position que l’on occupe :

1/Le clergé

2/La noblesse

3/Le Tiers-état

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À l’origine les clercs (membres du clergés) sont chargés d’une fonction religieuse, la noblesse
sont les seuls à pouvoir porter des armes, puis il y a les « autres » : le Tiers-état (qui signi e 3e
statut).
Il y a une hiérarchie sociale entre ces 3 ordres : ces groupes ne sont pas égalitaires, les 2
premiers sont les ordres privilégiés (clergé+noblesse), car ils ont des droits spéci ques
rattachés à eux mais le Tiers-état n’a pas de privilèges par rapport aux autres.
L’appartenance aux 2 premiers confère une dignité, ils o rent une valeur particulière
procurant un sentiment de supériorité à ses membres par rapport à ceux du Tiers-état.
Cette hiérarchie sociale est intégrée. ex : les membres du Tiers-état s’écartent quand un
noble arrivent, ils “reconnaissent“ son statut social comme supérieur au leur.

Le clergé désigne les hommes d’église catholique. Ils sont considérés comme le 1er des
ordres privilégiés car ils sont supposés amener la population au paradis.
Toute une série de droits particuliers leur sont rattachés ex : prêtres pas le droit de se marier,
d’avoir des enfants, de commercer, ne paie pas d’impôts…
Mais le clergé ne représente seulement qu’ 1 à 2 % de la population. Il est socialement très
diversi é : haut clergé : riches, très éduqués ou à l’inverse petits curés de campagne :
pauvres, peu éduqués qui vivent dans les mêmes conditions que les paysans….

La noblesse est au départ un ordre de personne qui combattent, ce sont les seuls qui peuvent
porter des armes, mais elle est plus tard devenue essentiellement composée de descendants
d’anciens nobles (la noblesse est héréditaire). La noblesse peut aussi être accordée par le roi,
c'est ce qu’on appelle l’anoblissement.
Les privilèges attachés à la noblesse sont par exemple des privilèges scaux (les nobles ne
paient pas d’impôts ou peuvent percevoir des impôts spéci ques…).
La noblesse ne représente que 2 à 3 % de la population à la veille de la révolution.

La noblesse c'est un ordre, un état (on le nait on le devient) alors que la seigneurie est une
manière de détenir et d’exploiter les terres à la campagne, la seigneurie concerne donc
uniquement la campagne.
Souvent, à la campagne il y a un seigneur par territoire, le seigneur est toujours un noble et
les terres lui appartiennent depuis des générations, il ne les exploite pas mais des paysans la
cultive et l’exploitent.
Le seigneur a concédé l’exploitation de la terre aux paysans depuis des générations mais en
échange les paysans doivent payer des impôts aux seigneur pour pouvoir utiliser leur terre
(une part des récoltes ex : 1/3 de la py de blé annuelle revient au seigneur, ou parfois de
l’argent, ou même il y a une obligation des paysans de participer à des travaux appelés
corvées ex : 1x par an les paysans doivent contribuer à l’entretien de la route du château).

De +, les paysans n’ont pas le droit d’avoir de four, moulin ou autres outils de production
donc pour en utiliser ils doivent payer une taxe.
Il en est de même pour l’utilisation des ponts, la traversée des terres etc… (une sorte de droit
de douane ou de péage pour chaque pont, chaque passage, chaque moulin….)
Tous ces droits que perçoivent les seigneurs paraissent de - en - légitimes à la veille de la
révolution ( néanmoins tous les nobles ne sont pas riches et tous les paysans ne sont pas
pauvres).
Tout ce qui relève de cette exploitation des terres et de ces impôts que payent les paysans
s’appelle la féodalité ou les droits féodaux.
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Le Tiers-état représentait 70 à 80% de la population française. Il est très diversi é incluant


paysans et artisans dans les campagnes ou encore avocats et médecins dans les villes.

Section 2. Une société catholique

1/L’unité religieuse du royaume

Le catholicisme est ce qui reste du christianisme après la séparation avec le protestantisme.


Il n’y a normalement qu’une seule religion pratiquée en France. Les sujets suivent la religion
de leur souverain.
Apres le XVIe s, la France devient une terre catholique jusqu’à la révolution, les autres
religions n’y sont pas tolérées ni même l’athéisme. C'est une société religieuse pour laquelle
la religion a une in uence importante car elle sert à légitimer l’ordre social (inégalitaire) en
disant que c'est ainsi que Dieu l’a crée : il est donc important de pouvoir maintenir l’unité
religieuse du royaume. Pour qu’un système perdure les sujets doivent donc croire en la
même religion que le roi pour pouvoir légitimer l’ordre social.
Le protestantisme et le judaïsme ont tout de même perduré de manière cachée à cette
époque. Il y avait beaucoup d’interdits juridiques pour les non catholiques, c'était un régime
très restrictif et donc pas un régime de droit commun.

2/Le rôle social de l’Église

Le catholicisme s’est structuré comme une institution au cours du Moyen-âge (hiérarchie,


règles juridiques = presque une structure administrative).
Il n’y avait aucune séparation entre l’Eglise et l’Etat : l’organisation de la société, comme
l’organisation des pouvoir était liée à la religion. L’Etat ne se conçoit pas sans l’Eglise et
l’Eglise ne se conçoit pas sans l’Etat. C'est ce qui explique le rôle fondamental de l’Eglise
dans ses missions qui aujourd'hui relèveraient de l’Etat. ex : système éducatif : depuis le
Moyen-Âge c'est l’Eglise qui est chargée de l’éducation et de l’instruction ou de l’assistance
publique (hôpitaux gérés par l’Eglise). L’état civil (naissance, mariage, décès) était tenu par
l’Eglise.
Elle nançait tout le système d’instruction et d’assistance du pays car elle percevait des
impôts (ex : la dîme), et aussi car elle était le premier propriétaire foncier du royaume : elle
possédait entre 25% et 1/3 des terres de tout le royaume grâce aux dons des dèles, se
constituant ainsi un patrimoine considérable.
L’église n’était pas directement en lien avec le pape, car les évêques, curés et autres hommes
d’église considéraient le roi comme leur supérieur direct.

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CHAPITRE 2 : LA MONARCHIE ABSOLUE

Section 1. Les principes du gouvernement monarchique

1/Les fondements du pouvoir royal

La France est une monarchie, une royauté et le pouvoir est entre les mains du roi.
Sur le trône se succèdent les descendants d’Hugues Capet (roi) pendant plus de 800 ans.
Il y a un fort lien entre pouvoir pq et religion en France. Le pouvoir du roi s’appuie, depuis le
Moyen-Age, sur une légitimité religieuse. On dit que Dieu est à l’origine du pouvoir du roi,
c'est lui qui a choisi à quelle famille donner son pouvoir et comment l’exercer.
L’obéissance au pouvoir est aussi lié à la religion : la légitimité religieuse est donc très
importante.
Le sacre du roi est une cérémonie religieuse dirigée par l’archevêque de Reims qui marque le
lien entre pouvoir politique et religion. Cette cérémonie symbolique démontre une légitimité
religieuse (Louis XVI a également été sacré).
Les lois fondamentales (légitimités juridiques qui s’appliquent à la monarchie) donnent un
pouvoir juridique au roi et déterminent qui lui succèdera. Ces règles orales désignent les
prochains rois par l’hérédité, la primogéniture (le 1er né) et la règle de catholicité.

2/L’absolutisme monarchique

La monarchie absolue signi e que le pouvoir du roi ne dépend de personne, il ne connait pas
de limites juridiques. Le roi a le pouvoir de diriger seul.
Ce régime pq apparait au XV e/XVIe s, c'est un régime de concentration des pouvoir entre
les mains du roi, lequel déteint un pouvoir qui n’a pas de limites juridiques (= personne ne
peut s’opposer à l’autorité du droit).

Jean BODIN écrit en 1576 « les six livres de la République ». Il est le grand théoricien de la
souveraineté, il explique que l’Etat est souverain et que la souveraineté est la puissance
absolue et perpétuelle (=aucune limite dans le temps et aucune limite juridique). Aucun
organe n’est susceptible de contester la décision du souverain ce qui signi e que toute justice
se rend en le nom du roi, et que celui-ci peut même remplacer les juges.

Les formulations de l’absolutisme au XVIIe s :

Guy Coquile : « Le Roi n’a point de compagnon dans sa majesté royale » (1607)
Cardin le Bret : « Le Roi est seul souverain dans son Royaume et que la souveraineté n’est
non plus divisible que le point en la Géométrie »(1632)

Au XVIIe s, le roi réussit à supprimer tout ce qui fait obstacle, d’un point de vue
institutionnel, à son pouvoir. C’est à dire qu’il gouverne presque seul, sans beaucoup
d’institutions.

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Les limites au pouvoir du roi :

- des limites matérielles (impossible d’appliquer un pouvoir absolu car les décisions
nécessitent des relais et les moyens de communication étaient peu développés à l’époque,
donc l’information ne parvenait au roi que longtemps après)
- des limites juridiques : les lois fondamentales, les privilèges (dans une société de droit
acquis, le roi ne peut pas décider de modi er le droit existant)
- des limites institutionnelles : l’absence d’une administration e cace
- Surtout une limite éthique : le roi est contraint par un cadre moral (le roi est censé faire le
bien, selon la dé nition qu’en donne la religion catholique, il ne peut pas agir selon une
logique personnelle et doivent avant tout penser au peuple et au bien commun)

Section 2. Les moyens du gouvernement monarchique

1/L’administration du royaume

A/Le statut ordinaire des agents de l’Etat : l’o ce.

Avant la Révolution, un o cier c'est quelqu’un qui a une charge publique.


ex : les juges

2 caractères des o ces:

Depuis la n du Moyen-Age, les o ces sont inamovibles càd que les o ciers occupent une
charge publique et sont ainsi irrenvoyables, ils ne peuvent être bougés.
La patrimonialité (càd vénalité (= une charge vénale peut être achetée et vendue) et hérédité
(= les ls succèdent au pères dans l’o ce)

B/Les conséquences du statut des o ciers

Les avantages du système :

- il est rentable (le roi vend des o ces), c'est source de revenu pour le roi. De plus, quand le
ls succède à son père il doit payer une somme d’argent au roi (sorte d’impôt de
succession).
- il rend les o ciers indépendants du pouvoir royal
- c'est un outil de promotion sociale (beaucoup de familles modestes achètent un o ce qui
permet de s’enrichir par revente et achat d’o ces de + en + prestigieux et ainsi d’acquérir
un haut statut social)

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Les inconvénients du système :

- le roi perd la main sur son administration (agents inamovibles et non choisis par le roi (car
hérédité ou achat d’o ce) ainsi il n’a pas un total contrôle sur eux)
- l’administration fonctionne mal (multiplication des agents et des échelons au lieu d’un
sytème + simple)

—> Pour contourner ce système, le roi a recours, dès le XVIIs, aux commissaires (à la place
des o ciers, c'est des personnes que le roi nomme et révoque comme il l’entend). Mais
l’énorme majorité de l’administration est tout de même composée d’o ciers.

2/ Le gouvernement du royaume

Le gouvernement du royaume est central, composé de conseils (=gens que le roi nomme
autour de lui et qui aident le roi a prendre des décisions).

A/ Les parlements

De nos jours, le Parlement se dé nit comme des chambres élues qui font la loi.
Mais avant la révolution française, les parlements sont dé nis comme le degré suprême de la
justice déléguée, ce sont le + haut degré de juridiction dans leur domaine.

Les parlements sont les tribunaux, des cours de justice. Les parlements constituent, dans
leur ressort (=territoire sur lequel leur juridiction s’exerce), le degré suprême de la justice
déléguée.

Au XVIII s, il n’y a qu’un seul parlement, le parlement de Paris (sur l’ile de la Cité).
Le parlement de Paris restera le parlement le + important de France jusqu’a la n de
l’Ancien Régime.

Il y a plusieurs parlements car à mesure que le royaume de France s’agrandit, de nouveau


parlements sont créées ou rattachés à la couronne (pour aboutir à une quinzaine de
juridictions).

Les parlementaires (=les juges) sont des o ciers (personnes indépendantes du pouvoir).
Ils sont tous nobles, c'est ce qu’on appelle la noblesse de robe (ces fonctions qui rendent
noble, les o ces parlementaires rendent nobles).

En dehors de leur rôle judiciaire, les parlementaires jouent également un rôle politique.
C'est la possibilité de participer à la fonction législative du roi.

2 étapes de participation des parlementaires à la fonction législative du roi:

Au XIVs, le droit d’enregistrement c'est la transcription d’un texte royal dans des registres
(mesure de conservation et de publicité). C'est la transposition des lois dans un registre a n
de les publier.

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Vers 1350 le droit de remontrance c'est le droit de ne pas enregistrer un texte royal et de faire
aux rois des remontrances, càd des reproches sur le texte qu’il veut faire enregistrer.
C'est la possibilité pour le parlement de refuser l’enregistrement que le roi souhaite exécuter,
c'est au départ un rôle de conseiller. Ils disent les raisons techniques de pourquoi
l’enregistrement ne fonctionne pas.

2 possibilités de réponse du roi:

- Le roi accepte de modi er le texte.


- Le roi refuse : il adresse au Parlement des lettres de jussion : le parlement peut alors à
nouveau refuser l’enregistrement (on parle d’itératives remontrances)

Dans ce cas le roi doit tenir un lit de justice : il vient en personne au Parlement de Paris, et sa
présence suspend le pouvoir des parlementaires et il lui su t ainsi de faire lire le texte pour le
faire enregistrer.

Les Parlements ont une tradition ancienne de contestation de pouvoir royal.


L’exemple le plus important, avant le XVIIIs, c'est la Fronde (1648-1653), au début du règne
de Louis XIV.
Dans les années 1670, le Roi arrive à limiter très fortement le droit d’enregistrement et le
droit de remontrance (càd que les textes du roi seront immédiatement mis en oeuvre même
si les parlementaires s’y opposent).

B/Les Etats généraux

Les Etats généraux sont une assemblée de représentants des 3 ordres du Royaume que le roi
convoque pour leur demander aide et conseil.
Cette assemblée n’est pas convoquée de manière régulière, le roi la convoque quand il le
veut, généralement en cas de crises, pour renforcer sa légitimité et son pouvoir.
Une décision des Etats généraux ne s’impose pas au roi, c'est une assemblée consultative.

La 1ère réunion des Etats généraux remonte au con it du roi de France Philippe le Bel avec
le pape (entre 1302 et 1311).
Aux XIV et XV, les réunions sont fréquentes c'est la guerre de 100 ans.
Encore des réunions en 1468 et 1484
Pendant les guerres de religion, de nouvelles convocations des Etats généraux se produisent
(entre 1560 et 1593)
Nouvelle convocation en 1614 au début du règne de Louis XIII, c'est la Régence.
Apres 1614, les Etats généraux ne se réunissent plus pendant près de 200 ans.

Le fonctionnement des Etats généraux :

Les 3 ordres du royaume sont représentés séparément : Clergé, Noblesse et Tiers-Etat.


Le nom d’Etat généraux remonte au XVIs.
Les députés depuis le XV s pour le Tiers-Etat et le XVIs pour le Clergé et la Noblesse sont
élus au sein de chaque ordre.

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Le roi convoque les états généraux librement : c'est lui qui décide le l’ordre du jour et c'est
lui qui renvoie librement les représentants.

Aux Etats généraux on vote par ordre : chaque ordre délibère séparément (sur des
propositions du roi), et compte pour une voix.
Les 2 ordres privilégiés ont donc la majorité alors qu’ils représentent une minorité de la
population.

Les attributions des Etats généraux sont l’aide et le conseil :

Le conseil : cahier de doléances (à partir du XV s), les doléances sont des souhaits, ces
cahiers font remonter les souhaits de la population au roi (concernant la politique et l’Etat).

L’aide c'est le consentement à l’impôt. Quand le roi a voulu imposer des impôts nouveaux, il
a convoqué les Etats généraux pour faire accepter + facilement une décision, la légitimer.

Les Etats généraux ont une longue tradition de contestation du pouvoir royal (comme les
parlementaires) : ils ont prétention à participer au gouvernement du royaume, et à
revendiquer de la périodicité (=événement se répétant) (lors des événements de 1356, 1413,
1484).
L’assemblée est rarement convoquée par le roi car la monarchie se mé e d'elle.

CHAPITRE 3 : LA CHUTE DE LA MONARCHIE ABSOLUE

Au XVIIIs, la société française connait de profondes mutations (dans les campagnes, au sein
de la Noblesse, au sein du Tiers-Etat) :

- des changements démographiques (20 millions d’habitants en 1750, 27 à 28 millions en 1789)


- des changements économiques (changement des rapports de production, famines,
développement du capitalisme et de l’idée de la propriété privée)
- très fortes tensions liées au mode de détention des terres (et à l’impôt) agitent les paysans à
la veille de la Révolution.
- une société plus instruite (une personne sur 2 sait écrire). La di usion des idées et des
nouvelles joue donc un rôle important à la veille de la Révolution.
- une société au sein de laquelle le sentiment religieux décline (alors que la religion sert à
légitimer l’ordre social et politique).

Section 1. La remise en cause du modèle social et politique d’Ancien Régime

A partir des années 1750, se développe dans toutes l’Europe occidentale des courants de
pensées tel que la Pensée des lumières.

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Pensée des lumières ayant comme caractéristique de tout placer sous le signe de la raison : la
vérité c'est ce qui est rationnel, une idée est valable que si elle est démontrée, seules les
choses pouvant être démontrées par la raison sont importantes et vraies.

1/La remise en cause de la Monarchie Absolue

A/ La contestation nobiliaire

Depuis les débuts de la monarchie capétienne, les nobles ont prétendu, à chaque moment de
faiblesse de la monarchie, partager le pouvoir avec le roi.

Des auteurs ont défendu, dès la n du Moyen-Age, le rôle politique de la Noblesse.


Au XVIIIs, Montesquieu écrit « de l’esprit des lois ». Dans cet ouvrage, il défend la
séparation des pouvoirs (le pouvoir doit être séparé entre plusieurs organes), critiquant ainsi
la Monarchie Absolue réunissant tous les pouvoirs entre les mains du roi.

B/Les théories du contrat social

Pour Rousseau, et pour les théoriciens du contrat social, il y a à l’origine des systèmes
politiques un accord des gouvernements. C'est pour eux, les hommes qui se donnent le
pouvoir et critiquent ainsi la légitimité religieuse dans le régime politique.
Pour Rousseau, le peuple est souverain et non le roi : « L’Homme est né libre et partout il est
dans les fers ».

2/La remise en cause de la société d’Ancien Régime

Les di érentes critiques de la société d’Ancien Régime :

-La religion, en particulier les institutions religieuses (l’Eglise catholique) : critiquée au nom
de la raison et de la tolérance : pour ces penseurs tout ce qui relève de l’irrationnel n’a aucune
valeur, on quali e même la religion de superstition.
ex : a aire Calas (1762) et a aire du Chevalier de la Barre (1766)

-Les privilèges : critique au nom de l’égalité et de l’économie (Ecole des physiocrates : début
du libéralisme économique)
ex : « essai sur les privilèges » - Abbé Sieyès

*La di usion des idées contestataires :

(« Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers » - Diderot et
d’Alembert, qui est une contestation radicale de la monarchie absolue).
Les idées se di usent principalement par les ouvrages et font l’objet de peu de répressions.
Cette forte di usion est possible par les faibles coûts de l’impression des brochures.

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La monarchie a peu lutté contre la di usion des idées contestataires (Louis XVI s’intéressait
en e et à la pensée des Lumières, de nombreuses réformes sous son règne sont inspirées par
ce courant de pensée.).
La Révolution est surtout due à une monarchie qui a tenté de lutter contre ces privilèges en
se heurtant au conservatisme de la noblesse.

Les réformes de Turgot (contrôleur général des nances de Louis XVI) :


*Libéralisation du commerce du grain (1774)
*Libéralisation du prix du vin et d’autres boissons (1776)
*Projet de suppression des corporations en 1776
*Abolition de la corvée des routes en 1776

En 1787, l’Edit de tolérance assigne un état-civil aux protestants, ainsi qu’un libre-exercice
professionnel ; pour les juifs, n des péages corporels spéciaux (=chaque personne de
religion juive devait payer une taxe pour rentrer dans les grandes villes).

Section 2 : La contestation institutionnelle de la Monarchie Absolue

1/L’opposition parlementaire (1750-1788)

Les acteurs principaux de cette contestation institutionnelle sont les parlementaires.


Ils ont 2 types de revendications :
- essayer d’empêcher les atteintes aux privilèges (puisqu’ils sont nobles, ils veulent conserver
leurs privilèges)
- partager le pouvoir avec le roi
A la base, aucune loi ne peut être prise sans l’accord du parlement.
Mais le chancelier Maupeou parvient à limiter le droit d’enregistrement, ainsi le parlement
ne peut plus s’opposer à la monarchie.

Louis XV meurt en 1774, son petit- ls Louis XVI, lui succède. C'est une personnalité
sympathique, curieuse, passionnée par la science et les Lumières, mais maladroit
politiquement et mal conseillé.
Le roi persistera tout au long de son règne à défendre la monarchie absolue tout en espérant
une alliance avec le Tiers-Etat pour transformer la société, en particulier contre les ordres
privilégiés.
L’une de ses premières décisions est de rappeler les Parlement dans leur forme antérieure à
la réforme de Maupeou.

A partir de 1750, les Parlements s’opposent à la monarchie sur des questions religieuses et
la scales.
Les parlementaires ne se contentent pas de rédiger des simples remontrances à l’intention de
la monarchie. Une opposition se dure avec les démissions en bloc de parlementaires.

Au cours du règne de Louis XVI, la monarchie va avoir constamment besoin d’argent.

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La France s’est endettée considérablement (aussi car elle a aidé les E-U à obtenir
l’indépendance) et doit recourir à la création ou l’augmentation d’impôts pour trouver des
ressources nancières.
Dès que la monarchie voudra augmenter ou créer un impôt, les Parlements et
particulièrement celui de Paris, s’y opposeront systématiquement et ils bloqueront tout ce
qui en entend transformer la société d’Ancien Régime ainsi que toute décision d’augmenter
ou modi er l’impôt.
Il ne faut pas imaginer pourtant que la France sous le règne de Louis XVI est entrain de
s’e ondrer, ce n’est pas une crise inédite.

La France est un pays prospère (même si l’Etat ne l’est pas), l’administration du royaume
fonctionne bien, les institutions et l’autorité du roi son globalement acceptés par la
population. Rien ne pouvait laisser penser qu’une Révolution allait éclater en 1789.

Pour des raisons complexes, au milieu des années 1780, le roi, son gouvernement et son
entourage ne voient pas d’issue à l’opposition des Parlements. Les tensions augmentent en
1788 (émeutes à Paris, à Pau, à Rennes, à Grenoble, climat insurrectionnel lié à la famine et à
la contestation scale).

A l’été 1788, la monarchie annonce la convocation des Etats généraux pour le mois de mai
1789 pour résoudre les problèmes de contestation.
C'est une décision qui peut paraître curieuse, cette assemblée n’a pas été réunie depuis 1614.
L’idée est de faire adopter les mesures scales qui ont été refusées par les Parlements, par les
Etats généraux qui ne sont pas dominés par la Noblesse.

2/La convocation des Etats généraux

La convocation des Etats généraux va provoquer une e ervescence (excitation) dans tout le
pays.
Le roi, dans le souci d’éclairer la monarchie, encourage la publication d’ouvrages dans une
liberté presque totale (presque plus de censure). C'est le moment où commence à s’exprimer
publiquement et à être di usées des opinions très virulentes non seulement contre les
privilèges mais également contre le système politique.
ex : Sieyès (né en 1748), membre du Clergé (mais il n’est pas prêtre ni noble).
Il publie 2 textes :
-« L’essai sur les privilèges » (1788), dans lequel il assimile les privilégiés à des parasites et
réclame l’égalité en droit.
-« Qu'est ce que le tiers état ? » (janvier 1789), qui commence par une formule célèbre :
« Nous avons trois questions à nous faire : 1) qu'est ce que le Tiers-Etat ? Tout. 2) Qu’a-il été
jusqu’à présent ? Rien. 3) Que demande-il ? À devenir quelque chose. »

Sieyès sera élu aux Etats généraux et jouera un rôle déterminant dans le déclenchement de la
Révolution.

Au courant de 1789, il faut procéder à l’élection des députés.


Le mode de scrutin, est complexe, surtout pour le Tiers-Etat, généralement à plusieurs

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degrés (=on désigne un certain nombre de personne qui elles même en désignent d’autres
etc …). Le su rage est très largement ouvert.
Les élections aboutissent à la désignation, au sein du Tiers-Etat, de députés très
contestataires : ils sont non seulement opposés aux privilèges mais souhaitent également
partager le pouvoir avec le monarchie (et non avec la Noblesse).
Au sein du Clergé, les députés sont partagés. Certains sont eux aussi, sensibles aux idées des
Lumières.
Les députés de la Noblesse sont majoritairement opposés à toute réforme de la société mais
souhaitent une évolution du régime pq. Une minorité importante est acquise aux idées des
Lumières.
Néanmoins, même si le peuple souhaite un changement de régime pq, personne ne souhaite
la destitution du roi.

On a également procédé à la rédaction de cahiers de doléance :


Au sein de la Noblesse comme du Clergé, les cahiers critiquent l’absolutisme et parfois
proposent certaines reformes sociales (notamment l’égalité scale).

Les cahiers du Tiers-Etat sont les plus contestataires. Ils réclament généralement la
disparition des privilèges scaux et dans les campagnes, des droits féodaux. Ils réclament
beaucoup plus rarement la n de l’absolutisme et un changement de régime pq.

La grande question dans les mois qui précèdent la convocation des Etats généraux : c'est la
question du Vote.
On vote généralement par ordre : 1 voie pour le Clergé, 1 voie pour le Tiers-Etat etc…
Le Tiers-Etat veut un vote par tête (1 député = 1 voie) puisqu’ils sont beaucoup plus
nombreux dans cet ordre.
La question du vote n’est pas tranchée à l’ouverture des Etats généraux.

Le 27 décembre 1788, le roi a décidé le doublement des députés au Tiers-Etat (600 députés
du Tiers-Etat contre 200 nobles et 300 clercs) ce qui n’a de sens que si l’on vote par tête.
Pour les députés du Tiers-Etat, il est évident que l’on votera par tête mais pas pour les
Nobles ni les Clercs.

Les Etats généraux sont convoqués début mai 1789 à Versailles, un choix imprudent
(rassemblement très près de Paris et près de la demeure du Roi).

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TITRE 1. LA REVOLUTION (1789-1799)

CHAPITRE 1 : LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE (1789-1792)

Section 1. Le déclenchement de la Révolution

La révolution est un événement majeur dans toute l’histoire de l’Europe.

1/La Révolution institutionnelle

A/Les Etats généraux

1) L’ouverture des Etats généraux

Les Etats généraux sont réunis à l’Hotel des menues plaisirs (chargé d’organiser les fêtes) à
Versailles.
Le 5 mai, la réunion commence par un dé lé des députés dans Versailles puis une séance
royale.
Les députés du Tiers-Etat, majoritairement des juristes (150 avocats, 200 o ciers de
justice), vont peu apprécier les députés des autres ordres.
Le discours du roi est très peu apprécié par les députés du Tiers-Etat car il rappelle que c'est
le roi qui les convoque quand il veut, que leur rôle est uniquement consultatif…

Au lieu de rejoindre la salle qui leur est réservée, comme les 2 autres ordres, les députés du
Tiers état restent dans la grande salle de l’Hotel des menus plaisirs et refusent de rejoindre la
leur, car cela reviendrait à accepter la société d’ordre.
Ils entendent délibérer tous ensemble, avec les députés nobles et clercs, a n de former une
seule assemblée qui ne respecterait plus la division en ordres.
Cela se prolonge tout au long du moi de mai. Les députés du Tiers-Etat commencent à
travailler sans les autres députés.

Leur tactique se révèle payante. Le roi ne comprend pas l’enjeu pq de la revendication d’une
délibérative commune.
A partir du 13 juin, des membres du Clergé se joignent aux députés du Tiers-Etat.
Le 17 juin ce sont 17 curés qui siègent avec eux.

2) L’Assemblée nationale constituante


a) Le vote du 17 juin 1789

Le 17 juin 1789 sur proposition de Sieyès, les députés du Tiers-Etat avec qq clercs, se
déclarent « Assemblée nationale ».
C'est le début de la Révolution, càd un brusque changement de régime pq. Cette assemblée
déclare qu’elle est représentative du peuple et que ses députés ont le pouvoir, la souveraineté
qui représente les intérêts du peuple. Les députés disent que le roi n’a pas de droit de véto, il
ne peut s’opposer à leur décision.
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De +, ils disent que cette assemblée est nationale (représente tout le pays) et qu’elle est unie
et indivisible : il n’existe plus d’ordre de classe : disparition de la société d’ordres et de la
société de classe.

3 éléments fondamentaux qui montrent d’un pdv juridique le changement de régime :


-La Nation est unique : pas divisée en ordres
-La Nation est souveraine : non plus le roi
-La Nation exerce son pouvoir par représentation, càd par des députés élus.

La 1ère décision de l’Assemblée nationale est d’autoriser la perception provisoire des impôts
pour ren ouer les caisses de l’Etat.
La déclaration du 17 juin est suivie d’e ets, puisque le 19 juin tous les députés du Clergé se
joignent à l’Assemblée nationale.
Le roi devait réagir à cela…

b) L’échec de la reprise en main royale

Le roi annonce, pour le 23 juin, une séance royale (déclaration). En attendant, il fait fermer la
salle des Menus plaisirs.
Le 20 juin au matin, les députés de l’assemblée trouvent porte close et se rendent dans la
salle du jeu de Paume. Ils y prêtent, tour à tour, un serment solennel de ne pas se séparer
tant que la France n’a pas signé de nouvelle constitution.

Les députés considèrent qu’ils ont le pouvoir et qu’à partir de celui-ci, ils vont pouvoir xer
une constitution (texte expliquant le fonctionnement des pouvoir publics).
Néanmoins il n’y avait pas de réelle constitution à l’époque, ou du moins, celle-ci était
coutumière. Ils désirent une constitution rédigée et votée pour la France.
Le 23 juin a lieu la séance royale.
Le roi prétend annuler la déclaration du 17 juin et le serment du jeu de Paume. Il réa rme la
division de la société et des Etats généraux en ordres.
Il annonce un programme de réformes important, mais trop tardif : égalité scale, liberté de
conscience, de la presse, vote des impôts par les Etats généraux, mais il exige que les ordres
délibèrent séparément.

L’Assemblée nationale refuse de se séparer.


Mirabeau - « Nous sommes ici par la volonté du peuple, nous n’en sortirons que par les
baïonnettes ».
Le 27 juin le roi cède et enjoint aux ordres de délibérer ensemble : c'est la n des Etats
généraux.
Le 9 juillet, l’Assemblée nationale se déclare constituante, on peut en n parler d’Assemblée
Nationale constituante, aussi appelée « La Constituante ».

B/La Révolution populaire

1) L’émeute parisienne

L’émeute parisienne est un aspect très controversé de la Révolution. A Paris, la population


vit dans l’attente, la peur et les rumeurs (notamment d’une attaque des troupes royales).
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Le 12 juillet, une émeute de plusieurs dizaines de milliers de personnes se rend maitresse de


Paris, faisant fuir les qq centaines d’hommes armés qui étaient dans Paris.

Le 13 juillet se crée donc un Comité permanent, il constitue une milice qui prendra le nom de
Garde nationale.
Le 14 juillet 1789, l’émeute s’empare sans résistance des Invalides, on distribue 32 000 fusils
et 12 canons.
L’émeute se dirige vers la Bastille, une grande forteresse, qui sert de garnison, de réserve de
poudre et de prison royale (seuls 7 prisonniers y sont enfermés).
Après des échanges de tirs, des morts, la garnison se rend (il y aura qq têtes promenées au
bout de piques…)

La prise de la Bastille, a un retentissement considérable, en raison de sa portée symbolique.


Elle sera détruite dans les mois qui suivent. On décernera des brevets aux vainqueurs de la
Bastille. La date deviendra sous la IIIe République, la fête nationale.
Le 15 juillet, le roi renvoie ses troupes.
La municipalité s’organise autour d’un maire, Bailly, du comité permanent et de la Garde
nationale, dirigée par La Fayette.
Louis XVI se rend à Paris pour visiter la municipalité.

Bailly remet la cocarde tricolore au roi comme symbole d’union et d’unité nationale.

Au lendemain du 14 juillet commence l’émigration, càd le départ des nobles à l’étranger.

2) La Révolution en province

Dans les villes, les nouvelles de Versailles et de Paris arrivent progressivement.


L’administration royale après le 14 juillet s’e ace discrètement.
Les municipalités s’organisent sur le modèle de Paris : un comité constitué par des électeurs,
une garde nationale locale.
Dans les campagnes se déroule un phénomène qu’on appelle la Grande peur, dans la 2e
quinzaine de juillet 1789 : il s’agit d’une série de rumeurs, de panique collectives. Par
endroits, les paysans vont s’attaquer aux châteaux des seigneurs, en particulier pour brûler
les archives a n d’e acer les traces des impôts.
L’Assemblée nationale devait réagir…

2/Les fondements du Nouveau Régime

A/L’abolition de la société d’Ancien Régime (4-11 aout 1789)

Depuis le 9 juillet, l’Assemblée nationale constituante a commencé ses travaux. La Grande


Peur va la contraindre à accélérer.
Un fameux épisode : la nuit du 4 aout 1789, est connu comme marquant l’abolition des
privilèges.

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Des propriétaires nobles sont à l’origine de l’abolition, ils vont monter à la tribune les uns
après les autres et abandonner leurs droits seigneuriaux. Plus tard, l’Assemblée vote le
principe de l’abolition des privilèges.

Le décret est voté le 11 aout 1789, on parle de décret des 4-11 aout 1789. On appelle décret, à
ce moment là, une décision de l’Assemblée nationale.
Il est traditionnellement présenté comme une abolition du régime féodal et des privilèges.
En réalité, les choses sont + complexes.

Le décret ne se limite pas à l’abolition des privilèges. Il détruit la société d’ordre et du corps
d’Ancien Régime. C'est la n de la vénalité des o ces (bien monnayable), l’égalité civile, la
suppression de la dîme. C'est le prolongement social du 17 juin 1789.

En revanche, ce n’est pas une abolition pure et simple des droits seigneuriaux. Certains
droits sont abolis purement et simplement, et d’autres sont déclarés rachetable (le droit peut
être racheté).
Un décret de 1790 précisera :
Sont abolis sans indemnité tous les droits qui pèsent sur les personnes, issus d’une
usurpation de la puissance publique : par exemple, le droit de justice que certains seigneurs
conservaient encore, le droit de certains seigneurs de faire réaliser les travaux une fois l’an à
des paysans.
Les droits qui pèsent sur les terres, censés trouver leur origine dans un contrat sont
déclarées rachetables.
Un décret de mai 1790 xera les modalités du rachat, qui seront très défavorables aux
paysans. Dans la plupart des cas, ils n’auront pas les moyens de racheter les droits féodaux.

L’assemblée nationale constituante à le pouvoir de décision mais pour que les textes entrent
en vigueur, le roi doit les signer.
Le roi va refuser de signer le décret des 4-11 aout.

B/La déclaration des principes nouveaux (26 aout 1789)

1) Les droits individuels

Depuis l’indépendance des EU en 1776, les di érents Etats américains ont voté leur propres
déclarations et tout cela va in uencer les députés Français.

La déclaration française est composée de 17 articles et est alors censée être provisoire (or elle
est nalement aujourd'hui “gravée dans le marbre“).
Elle est un texte conjoncturel (elle va justi er le changement de régime).

Il y a des droits antérieurs à toute forme pq, des droits naturels. Ces droits valent de tout
temps et si le régime pq viole ces droits, les populations ont le droit de se soulever, de
renverser ce régime.

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La DDHC pose toute sorte de grands principes :


- les droits individuels sont à l’article 2 : « le but de toute association pq est la conservation
des droits naturels et imprescriptibles de l’H. Ces droits sont la liberté, la propriété, la
sûreté et la résistance à l’oppression ».
- la liberté à l’article 1 : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ».
- l’arrêt des arrestation arbitraires à l’article 7.
- le principe de la légalité à l’article 8.
- la présomption d’innocence à l’article 9.
- la liberté de conscience à l’article 10 : liberté principalement d’opinion religieuse : croire ce
que l’on veut, ou même ne pas croire.
- la liberté d’expression à l’article 11.
Ces articles visent tous des principes d’Ancien régime qui ont été contestés pendant la
Révolution.

L’évolution par rapport à la société d’Ancien régime est importante. Notons quand même
que la liberté prônée par la DDHC ne concerne pas les esclaves dans les colonies françaises,
car cela serait une atteinte au droit de la propriété des maitres d’esclaves.

Notons également qu’il n’y a aucune liberté collective (de réunion, d’association) par crainte
d’une reconstitution des corps intermédiaires. Car un groupement risquerait d’in uencer le
pouvoir dans son intérêt à lui, et pas dans son intérêt général.

La propriété a un caractère essentiel pour les révolutionnaires, elle est marquée dans l’article
17 « la propriété est un droit inviolable et sacré ».
Les révolutionnaires sont dèles à la conception libérale (John Locke) qui considère qu’il n’y
a pas de liberté sans propriété. Les gens deviennent autonomes en s’appropriant le monde
qui les entoure.
Cet attachement à la propriété aura des in uences sur le modèle de la société.

La sureté c'est la garantie d’une jouissance paisible de ses biens et droits. D’où l’article 12 qui
confère une force publique pour garantir la sureté.

L’égalité est garantie par l’article 1. On proclame l’égalité en droit : tout homme à les mêmes
droits que les autres. La rupture par rapport à la société d’Ancien régime est radicale.
Notons que l’égalité ne concernera pas immédiatement les protestants (décembre 1789), et
plus tardivement encore les juifs (1790) dans le sud-ouest, 1791 pour l’Alsace et la Lorraine.

L’égalité est avant tout une égalité devant la loi.


C'est aussi une égalité d’accès aux emplois publics. L’article 6 profère l’égalité devant la loi,
l’égalité d’accès aux emplois publics et aussi une égalité scale proclamée par l’article 13 :
l’impôt est répartit justement.
C'est en n une égalité des droits pq : tous les citoyens participent à la création de la loi selon
l’article 6.
Selon l’article 14 tous les citoyens votent l’impôt. On ne peut imposer aux citoyens des
impôts qu’ils n’ont pas eux-même décidé.

Tous ces droits concernent également les femmes mais pas les droits pq.
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Toutefois, ces droits naturels, censés être antérieurs à toute forme pq, sont encadrés par la
loi. Elle permet de restreindre les droits des citoyens au nom de l’intérêt général.
A chaque fois dans ses articles, l’exercice du droit est limité, ou son régime déterminé par la
loi.

C'est le signe de la primauté de la communauté pq sur les droits individuels.


On peut parler à la Révolution du culte de la loi ou de légicentrisme (=la loi est la seule
expression de la souveraineté de la Nation, elle a une autorité suprême).

Quels recours ont les citoyens en cas d’oppression par l’Etat ?


Un droit de résistance à l’oppression est prévu à l’article 2 de la DDHC.

2) Les principes constitutionnels

Les principes constitutionnels sont des indications que le texte fournit sur les orientations de
la future constitution.
D’abord la souveraineté : selon l’article 3, le principe de toute souveraineté réside
essentiellement dans la nation. « Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en
émane expressément ».
Ensuite, la loi exprime la volonté juridique de la Nation selon l’article 6.
Notons que le texte ne tranche pas entre une expression directe de la Nation ou le recours
au système législatif.

Sur l’organisation des pouvoirs, aucune indication si ce n’est la nécessité de séparer les
pouvoirs.

Selon l’article 16 « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la
séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution ».
La formulation négative permet de justi er la Révolution et plus précisément la formation
d’assemblée constituante.

On constate toutefois que la déclaration fournit peu d’indications sur le futur régime. Les
débats vont commencer début septembre 1789.

La déclaration de 1789 est-elle une oeuvre originale, manifestation du génie français ?


Elle aura un retentissement mondial. Toutefois, il su t de la comparer avec des déclarations
antérieures pour nuancer son originalité : comme par exemple avec la déclaration de Virginie
de 1776.

La déclaration du 26 aout 1789 est présentée au roi pour signature.


Une émeute connue comme la « Marche des femmes » se déclenche à Paris le 5 octobre.
Il s’agit au départ d’une émeute de la faim qui se dirige vers Versailles pour demander du
pain.
Le 5 octobre, environ 6000 personnes, majoritairement des femmes, marchent de Paris vers
Versailles.
La Garde nationale est dirigée par La Fayette suit (environ 15000 hommes).
Les premières violences interviennent le soir.
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Le roi accepte dès le 5 octobre de signer les textes qui étaient encore en suspens, en
particulier la DDHC du 26 aout 1789.
Alors que La Fayette dort, des émeutes envahissent les appartements de la Reine.
Le roi est contraint de procéder à un déménagement, totalement improvisé.
L’assemblée nationale allait, elle aussi suivre le roi et rejoindre Paris.
Les conséquences sur la suite de la Révolution sont considérables : le roi, comme l’assemblée
allaient être pour plusieurs années à la merci des émeutes parisiennes (+ ou - spontanées).

Le roi s’installe, avec sa suite, au Palais des tuileries (qui sera détruit par la Commune de
Paris en 1871).
L’assemblée s’installe dans la salle du Manège, un ancien manège à cheval situé à
l’emplacement actuel de la rue de Rivoli.

Le 12 octobre, le roi écrit à son cousin, le roi d’Espagne, pour réfuter par avance tous les
actes accomplis après le 14 juillet, comme exercés sous la contrainte.

Le roi va signer, le 3 novembre, le décret des 4-11 aout ce qu’il avait toujours refusé
jusqu’alors.

C/La nationalisation du Clergé

Avec la suppression des ordres, le clergé a perdu tout son rôle institutionnel.
Le décret des 4-11 aout a supprimé la dîme. Avec la DDHC du 26 aout 1789, le catholicisme
n’est plus la religion d’Etat.

Le 2 novembre 1789, la Constituante vote la con scation de tous les biens du Clergé au
pro t de l’Etat.
C'est avant tout une mesure d’a rmation de l’Etat (il y a d’autres exemples européens dans
les années 1780) qui n’est pas nécessairement mal perçue par l’Eglise.
C'est aussi une mesure nancière : les biens de l’Eglise ont vocation à être vendus pour
résorber la dette de l’Etat.
On parlera de nationalisation des biens du Clergé et des biens nationaux.

Les révolutionnaires vont vendre des titres gagés sur les ventes futures : ils demandent aux
citoyens d’acheter des assignats et l’Etat sera censé les rembourser plus tard quand les biens
du Clergé auront été vendus.
Cela ne marchera pas car l’Etat a vendu trop d’assignats. Et cela a étendu la crise nancière
de l’Etat.

Autre mesure, le 13 février 1790 : la suppression des ordres religieux (ex : monastères…).
A l’époque, quand on est moine c'est pour la vie, on ne peut redevenir citoyen. Ils sont donc
perçus comme des parasites car ils ne produisent rien.

En n, la constitution civile du Clergé du 12 juillet-24 aout 1790.

Ce n’est pas une constitution au sens d’un texte constitutionnel.

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La constitution civile signi e que le clergé est intégré à l’Etat : l’Eglise et le Clergé vont
devenir civile. L’Etat donne les règles de fonctionnement du Clergé.
Les prêtres vont être rémunérés par l’Etat.

La constitution décide de l’intégration de l’Eglise dans l’Etat.


Le problème viendra du mode de désignation des prêtres.
Cela signi e que les prêtres catholiques sont élus par l’ensemble des citoyens. C'est une
rupture unilatérale par la France du Concordat de Bologne (1516) qui prévoyait une
con rmation des désignations par le Pape.
Le problème vient de l’absence d’intervention de l’autorité religieuse dans la désignation ou
la con rmation des prêtres.
On impose aussi un serment de délité à tous les prêtres : on leur demande de jurer délité à
la Révolution.

A l’automne 1790, la Constituante demande à tous les prêtres de prêter serment. La moitié
s’exécute (une in me minorité des évêques).
On distingue alors les prêtres jureurs ou constitutionnels (qui ont accepté la constitution
civile du clergé) des prêtres réfractaires qui l’ont refusé.
En mars 1791, le pape condamne la constitution civile du Clergé.
La constitution civile du clergé allait provoquer une rupture profonde entre une partie des
catholiques et la Révolution.

SECTION 2. La fondation d’un nouvel ordre politique

1/La Constitution des 3-14 septembre 1791

A partir de septembre 1789, la Constituante va considérer qu’elle est le centre du pouvoir en


France.
Elle va s’atteler à la rédaction d’une constitution mais également en pro ter pour réformer
profondément le droit et l’administration du pays.

Trois exemples :

-D’abord la création du département, qui entend simpli er et rationaliser l’organisation


administrative du pays.
Le projet retenu divise la France en 83 départements, eux-mêmes divisés en districts et
cantons.
Toute l’administration départementale est également refondue par la Constituante.

-L’organisation professionnelle est également revue :


Le décret d’Alarme, le 2 mars 1791, supprime dé nitivement les corporations.
Le Décret Le Chapelier, le 14 juin 1791, interdit pour l’avenir les regroupements
professionnels; aucune organisation de personne exerçant la même profession.
Les syndicats sont également interdits en France jusqu’à n du XIXe siècle. Cela est due à la
haine des corps intermédiaires. Il n’y a pas non plus de droit de grève.

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-En n, dernier point, c'est une refonte complète de l’administration, dont les membres sont
désignés par élection.
Le projet Révolutionnaire c'est de mettre l’administration en permanence sous le contrôle
du peuple.
Le principe électif s’applique notamment à la justice, réorganisée par la loi des 16-24 aout
1790 : les juges sont donc tous élus.

Un tribunal de cassation est institué pour contrôler l’application de la loi par les juridictions
inférieures.

A/ La lente élaboration du texte constitutionnel

Trois points cruciaux pour la nature du régime, vont être tranché rapidement.
Notons que les règles constitutionnelles provisoires seront mises en vigueur au fur et à
mesure de leur adoption.

1) L’unité du corps législatif

Faut-il une ou deux chambres législatives ?


Le vote a lieu dès le 10 septembre 1789. Le choix se porte massivement sur la chambre
unique, 490 voix sur 701 exprimées.

Les exemples étrangers plaident plutôt en faveur de l’instauration de 2 chambres (RU, EU)
mais aucun des éléments justi ant le bicaméralisme dans ces Etats ne peut être transposé à
la France (Noblesse, Etat fédéral).
Bien au contraire, au moment où on vient de reconnaitre l’unité de la Nation de prononcer la
disparition des corps, il s’agit de manifester cette unité par celle du corps législatif.

Ce choix a des conséquences importantes car une 2e chambre ralentit le Travail législatif et
le modère, voir l’a aiblit. C'est une défaite pour les partisans du roi.

Le vote donne lieu à la première latéralisation de la vie politique (droite ou gauche).

2) Le veto royal

Deuxième grande question : le roi va-il pouvoir s’opposer à une décision de l’assemblée
législative ?
On trouve des partisans d’un veto absolu (parmi les partisans du roi), certains souhaitent un
veto relatif, d’autres en n sont opposés à tout type de veto (Robespierre, Sieyès).

Mirabeau, Discours du 1er septembre 1789 :


« toutes ces objections disparaissent, devant cette grande vérité, que sans un droit de
résistance dans la main du dépositaire de la force publique, cette force pourrait souvent être
réclamée et employée malgré lui à exécuter des volontés contraires à la volonté générale ».

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Le choix opéré le 11 septembre 1789, est celui d’un veto suspensif (par 673 voix contre 325).
Càd que le roi pourra bloquer pendant un certain temps une décision de l’assemblée, mais
pas indé niment.

La balance des pouvoirs penche clairement en faveur du législatif.

3) Le choix d’un su rage censitaire et indirect

C'est un système inventé par Sieyès, il est l’auteur de la proposition adoptée par la
Constituante.
Le débat sur le su rage (Qui peut voter ? Qui peut être élu ? Quel est le mode de scrutin ?)
commence en octobre et s’achève provisoirement par un vote le 22 décembre 1789.
C'est un système complexe.

En 1789, presque personne ne veut du su rage universel (5 députés, dont Robespierre).


Le peuple n’est pas considéré comme capable de concevoir ses propres intérêts (la moitié de
la population est illettrée).
Pourtant selon l’article 6 de la DDHC, tous les citoyens concourent à la formation de la loi.
Néanmoins tout dépend de la dé nition d’un citoyen :
Sieyès va opérer une distinction entre citoyens actifs et citoyens passifs.

Le citoyen passif béné cie des libertés individuelles, de la protection de l’Etat, de tous les
droits possibles sauf celui de voter et d’être élu.

Pour voter, pour être citoyen actif, il faut être éduqué et payer un minimum d’impôt, ce qu’on
appelle le cens. C'est pourquoi on parle de su rage censitaire.
Le su rage censitaire est un critère de richesse : seul ceux qui ont un certain niveau de
fortune peuvent voter : on l’observe en voyant combien d’impôts les gens payent.
Il faut une condition de fortune pour voter, mais il ne faut pas directement payer pour voter.

Pour être citoyen actif, il faut : être un homme, être français, être domicilié dans le même
canton depuis au moins un an, avoir 25 ans au moins, ne pas être domestique, payer au
minimum par an une somme d’impôt équivalente au salaire pour 3 journées de travail.

Comment évaluer le salaire d’une journée de travail ?


Dans chaque département, l’administration xera la valeur de la journée de travail car les
salaires ne sont pas les mêmes partout.
Le su rage est en réalité assez large : il exclut moins du tiers des électeurs potentiels.

Comment le justi e-t-on ?


D’abord par le rôle de la propriété : sans propriété, pas de liberté et donc pas de vertu.
Ensuite, le su rage est censé provoquer une émulation donner envie aux plus pauvres de
travailler pour devenir des citoyens actifs.
En n il y a l’idée selon laquelle seuls ceux qui contribuent au nancement de l’Etat pour
l’impôt peuvent décider de son a ectation.

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Surtout, pour les constituants, la citoyenneté passive est une citoyenneté complète. Le
citoyen actif n’a rien de plus que le citoyen passif. On lui con e simplement une charge
supplémentaire.
Le su rage n’est pas seulement censitaire, mais aussi indirect.
Les citoyens actifs se réunissent au niveau de chaque canton, dans une assemblée primaire :
là, ils élisent des « électeurs ».
Pour être électeur, il y a un cens plus élevé (10 journées de travail par an d’impôt).
Les électeurs se réunissent au niveau du département en assemblées électorales : eux, élisent
les députés.

Qui peut être élu ?


Il y a 2 conditions : être propriétaire et payer un montant annuel d’impôt d’au moins un mare
d’argent, c'est une monnaie qui équivaut selon les départements entre 10 et 50 journées de
travail.
Cette condition est très restrictive 20 % des citoyens actifs peuvent être élus, soit 50 000
personnes en France.

Robespierre, Discours à l’Assemblée, 11 aout 1791 : il intervient à nouveau en faveur du


su rage universel, au moment où l’Assemblée achève de rédiger la Constitution.
Dans ce discours, il tente de montrer la contradiction entre les principes démocratiques
énoncés dans la DDHC, et la discrimination que les députés souhaitent introduire entre les
citoyens.

Si le système de su rage, tel qu’il est mis en place par la Constituante en décembre 1789, est
très majoritairement approuvé par les députés, certains expriment de fortes critiques.

Les discussions sur la teneur de la constitution vont se prolonger pendant 2 ans.

Un événement va conduire les Constituants à modi er en dernière minute un certain


nombre de dispositions : c’est la fuite du roi, et son arrestation à Varennes (entre Reims et
Metz).
Ce qui engage le roi à fuir, c'est qu’il est prisonnier aux Tuileries.
Dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, le roi s’enfuit avec sa famille. Le plan est de rejoindre
l’empire germanique. Puis ensuite avec d’autres corps ralliés, reprendre Paris.
Le roi va attendre pendant des heures à Varennes.

Il est ensuite arrêté à Varennes, doit rentrer à Paris de force et est suspendu (perd son rôle
pq) par l’Assemblée en attendant l’adoption de la constitution.

Est-ce la n de la monarchie ?
On ne peut mettre terme à la monarchie à ce moment là.

L’Assemblée va accepter la ction selon laquelle le roi a été enlevé contre sa volonté, pour se
prémunir à la fois des monarchistes et des révolutionnaires + radicaux.

Toutefois, le texte de la constitution est retouché, à la marge, à l’été 1791.

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B/Les pouvoirs dans la constitution de 1791

La constitution est votée le 3 septembre 1791, acceptée par le roi le 13. Il prête serment le 14.
On parle de la Constitution des 3-14 septembre 1791.

La constitution ne sera pas soumise à rati cation populaire, pour ne pas risquer le rejet de
celle-ci.
La numérotation des articles de cette constitution est très peu pratique.

La Déclaration des droits de l’H et du citoyen est placée en préambule du texte


constitutionnel.
Celui-ci s’ouvre par un bref préambule qui rappelle le Décret des 4-11 aout et l’abolition de la
société d’ordres et de privilèges.

1) L’origine des pouvoirs

La constitution de 1791 con rme les acquis de la Révolution. La souveraineté appartient à la


Nation, qui l’exerce par le biais de ses représentants.

Pourquoi le roi gure-t-il au nombre des représentants de la Nation ?


Uniquement en raison de sa participation à la fonction législative par l’intermédiaire du droit
de veto.

Comment la Nation désigne-t-elle ses représentants ?


Par l’intermédiaire d’élections au su rage censitaire indirect.
Notez que le système est modi é à la dernière minute, le cens pour devenir électeur est
augmenté (10 journées de travail d’impôt annuel), celui pour devenir élu est entièrement
supprimé.
Mais les élections ont déjà eu lieu en aout 1791 suivant le système antérieur.

Sur proposition de Robespierre, le 16 mai 1791, les Constituants ont décidé qu’aucun d’entre
eux ne pourrait être élu dans la future assemblée législative.

2) L’organisation des pouvoirs

Le pouvoir législatif est con é à un Corps législatif, appelé aussi Assemblée législative,
composé de 745 députés.

C'est la 1ère fois en France qu’une assemblée législative est permanente. Il faut relever la
brève durée du mandat législatif (2 ans) pour éviter la corruption des députés, éviter qu’avec
le temps, ils défendent des intérêts spéci ques plutôt que général.

Quels sont les pouvoirs de l’assemblée ?


-rati er les traités internationaux
-voter le budget
-proposer les lois
-décider de la guerre
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Le corps législatif a un pouvoir considérable, ce qui est dans la logique du mouvement


révolutionnaire de 1789. Les pouvoirs sont donc déséquilibrés.
Le pouvoir exécutif ne peut même pas proposer de loi, on ne veut pas qu’il in uence le
législatif.
En matière nancière, le roi n’a rien à dire, l’assemblée est seule à décider de la dépense
publique. De même que pour les relations internationales, le roi ne peut rien faire sans
l’assemblée. Ni même pour la déclaration de guerre, le roi ne peut pas seul décider de la
guerre, il doit la proposer à l’assemblée.
La constitution garantit l’indépendance des représentants.

Qu’en est-il du roi ?


La constitution est mé ante à son égard, c'est logique, d’autant plus après l’épisode de
Varennes.

Le roi devient donc un pouvoir constitué, qui tient son pouvoir du peuple et de la
constitution (et non plus de Dieu). Le pouvoir premier vient du peuple.
Il n’est plus roi de France, mais roi des français : ce sont les français qui ont bien voulu
donner un pouvoir au roi.

Louis XVI reste au pouvoir, on lui impose la prestation d’un serment de délité à la loi, à la
Révolution, à la constitution… Ce serment était très important à l’époque, surtout du coté
religieux.

La constitution prévoit que le roi sera nancé par la Nation et disposera d’une garde armée.

Quels sont les pouvoirs du roi dans cette constitution de 1791 ?


La constitution lui confère le pouvoir exécutif : l’exécution, la mise en oeuvre de la loi.
Il est seul titulaire de l’exécutif, il peut nommer et révoquer librement ses ministres
(personnes aidant le roi dans la prise dé décision, ils n’avaient à l’époque, pas un rôle aussi
important qu’ajrd), il est chef suprême de l’armée.

Ces pouvoirs peuvent sembler importants. En réalité, la balance des pouvoirs penche du
coté du législatif.

Le roi est chef de l’administration mais le contrôle de son administration lui échappe. Tous
les fonctionnaires importants sont élus.

Le Corps législatif contrôle entièrement son action : les chefs militaires ne peuvent être
nommés sans son accord, aucun traité ne peut être signé sans son accord, l’Assemblée
contrôle l’armée, ce qui limite le pouvoir du roi de déclencher la guerre. De plus, le Corps
législatif vote seul, sans droit de veto, tout ce qui concerne les opérations électorales,
l’établissement et la perception des impôts.

Toutefois la constitution réserve un pouvoir considérable au roi, c'est le droit de véto.


Plus précisément, une loi, pour être exécutoire (qu’elle puisse entrer en vigueur), doit être
signée par le roi, ce que la constitution appelle la « sanction » royale.
Le roi peut refuser de signer, bloquant ainsi la mise en oeuvre d’une décision de l’assemblée.

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Le droit de veto est supposé être suspensif (pour une durée limitée).
Une législature est une assemblée élue pendant 2 ans.
Le roi peut bloquer absolument ce qu’il veut pendant une période de 2 à 6 ans. C'est un
pouvoir considérable mais complètement négatif. Or, il ne peut pas s’opposer 3 fois d’a lé, à
3 législature di érentes sur une loi, sinon elle sera adoptée en dépit de son consentement.

De manière générale, la constitution ne prévoit rien pour régler les éventuels con its entre le
législatif et l’exécutif.

La constitution prévoit seulement 3 hypothèses dans lesquelles le roi peut être renversé :
- si le roi refuse de prêter serment
- si le roi prend la tête d’une armée et dirige les forces contre la Nation
- si le roi est en sortie du royaume et ne rentre pas dans le délai xé par l‘Assemblée
Que penser de cette constitution ?
Les constituants imaginent avoir donné à la France sa constitution dé nitive. Elle sera mise
en oeuvre pendant moins d’un an.

Elle reprend les principaux acquis de la Révolution de 1789.


Les pouvoirs sont extrêmement déséquilibrés. Le droit de veto est un pouvoir de bloquage
très important.
La séparation des pouvoirs est très rigide : il n’y a aucun moyen de résoudre une crise pq
entre le législatif et l’exécutif.
De plus, la révision de la constitution est rendue quasiment impossible.
Toutefois, ce qui entrainera l’échec de la constitution, ce n’est pas tant le texte
constitutionnel mais plutôt la mauvaise volonté des acteurs pq de l’appliquer en respectant
son esprit.

Les constituants se séparent le 30 septembre 1791, et cèdent la place à la Législative qui va


siéger à partir du 1 octobre 1791.

2 /La mise en oeuvre de la constitution de 1791

A/ La vie pq sous la Législative

La participation aux élections de l’été 1791 a été très faible.


Les assemblées primaires ne sont pas le lieu d’un débat pq (il n’y a pas de partis, pas de
programme, pas de discours).

De puissants groupes pq, très in uents, se forment en marge de l’Assemblée : les Clubs.
Les clubs sont des lieux où vont se réunir des citoyens qui partagent une certaine vision pq,
ils se forment dès le début des Etats généraux.

Le Club des Jacobins (Club des Amis de la constitution), est formé en 1789. Modéré au
départ, il se radicalise après la fuite du roi à Varennes.
En 1789, on y trouve Sieyès, par exemple.
A partir de la n 1791, il est dominé par Robespierre.
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Le Club des Jacobins se caractérise par l’existence de nombreuses liales en Province (+ de


745 en 1791).

Autre Club in uant : le Club des Cordeliers.


Fondé par Danton en 1790, c'est un club populaire et radical. On y trouve Marat par
exemple.

Les Clubs joueront, en particulier à Paris, un rôle considérable même si ils n’ont pas le droit
de prendre des positions publiques (pas de pétition par exemple), leurs meneurs
in uenceront beaucoup la vie pq, ils joueront un rôle important dans les émeutes et
contribueront à précipiter la chute de la monarchie.

La Législative est une assemblée dominée par des modérés, favorables en majorité à
l’application de la Constitution de 1791.

Que retenir de ses qq mois d’activités ?


On lui doit :
- Le premier Code pénal de l’histoire de France, en 1791, ainsi qu’une refonte complète de la
procédure pénale.
- La création d’état-civil laïc en septembre 1792
- L’instauration du divorce en septembre 1792.

B/La chute de la monarchie

Dès octobre 1791, les députés vont se mé er du roi.


Dès que le roi usera de ses prérogatives constitutionnelles pour bloquer un décret de
l‘Assemblée, on considérera qu’il s’agit d’une opposition à la Révolution même.

Le contexte explique en grande partie la chute de Louis XVI.


Le 20 avril 1792, sur proposition du roi, la France déclare la guerre à la Maison d’Autriche.
Les Etats étrangers n’avaient pas d’intérêt immédiat à la guerre : la Révolution a aiblit le
pays le + puissant d’Europe à l’époque.
En France, la guerre répond à des objectifs de pq intérieure.
Le roi et ses partisans se rallient à la guerre car ils pensent que les armées révolutionnaires,
vont perdre et que, aidé des familles royales étrangères, il pourra rétablir la monarchie
absolue.

Les députés mé ants à l’égard du roi votent la guerre pour forcer le roi à se dévoiler : ils
pensent que Louis XVI montrera rapidement que son attachement à la Révolution est
factice.
La guerre est donc votée par 743 députés sur 750.
La France s’engage dans une période de con its qui durera 23 ans.

La campagne commence mal, les armées révolutionnaires, formées de volontaires, sont mal
entrainées. Les défaites vont, pour partie, expliquer la radicalisation de la Révolution.

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C'est ensuite, l’usage du droit de veto par le roi qui cristallise le con it entre Louis XVI et
l’assemblée.
Dès le début du régime, le roi a mis son veto à des textes visant les émigrés et les prêtres
réfractaires.

Au printemps 1792, l’assemblée vote 3 décrets destinés à forcer le roi à se démasquer :


- Le 27 mai, un décret ordonne l’expulsion des prêtres réfractaires du royaume.
- Le 29 mai un décret prévoit la suppression de la garde constitutionnelle du roi.
- Le 6 juin, l’assemblée demande la concentration de 20 000 hommes autour de Paris.
Le roi accepte la suppression de sa garde, mais met son veto aux 2 autres décrets. C'était ce
que cherchait l’assemblée.
Dès lors, les événements vont se précipiter.
Le roi va être renversé, à l’été 1792, par l’émeute.

Les acteurs de cette émeute sont les sans-culottes.


Il s’agit principalement d’artisans, de boutiquiers, d’ouvriers.
Leur trait commun, est que ce sont des citoyens passifs dans le système de 1791, qui
souhaitent jouer un rôle pq.
Ils partagent une profonde détestation du roi, de la famille royale et de manière générale, de
la noblesse.
Ils seront particulièrement sensibles au discours des meneurs des Jacobins et des Cordeliers.

Les sans-culottes sont particulièrement présents dans les « sections » parisiennes.


Il s’agit d’assemblées de quartier créées en 1790, par la Constituante (il y en a 48).

Au départ simples circonscriptions électorales, les sections se voient dotées d’un comité élu
et d’assemblées qui, à partir de 1792, siègent en permanence.
Les sections disposent également d’une force armée.
Restreintes au départ aux citoyens actifs, elles s’ouvrent rapidement aux sans-culottes avant
d’être dominées par eux.

La chute du roi intervient en 2 temps :

Le 20 juin 1792, pour l’anniversaire du Serment du Jeu de Paume, une émeute envahit le
Palais des Tuileries pour forcer le roi à signer les décrets. C'est un échec.

Les 9 et 10 aout 1792, l’émeute, engagée par les sections et le Club des Cordeliers, réussit.
Elle se déroule en 2 temps :
Le 9 aout, elle se rend maitresse de Paris et renverse la municipalité.
Les sans culottes forment, avec Danton et ses amis, une commune insurrectionnelle qui
durera jusqu’à l’été 1794. Les sections y sont représentées.

Le 10 aout, la commune insurrectionnelle donne l’assaut contre le Palais des Tuileries.


L’épisode fera plus de 1000 morts.
Le roi fuit à l’assemblée qui refuse de lui venir en aide.

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Sous la pression de l’émeute, l’Assemblée qui aurait préféré conserver le roi pour gagner du
temps, prend les décisions suivantes :
- suspension immédiate du roi, livré à la commune.
- instauration du su rage « universel » : tous les hommes français âgés de 21 ans, domiciliés
en France depuis un an et vivant de leur travail, sont appelés au vote.
- élection d’une convention nationale chargée de rédiger une nouvelle constitution pour
« assurer la souveraineté du peuple et le règne de la liberté et de l’égalité ».
- désignation du Conseil exécutif provisoire, chargé de diriger le pays en attendant les
élections.

Le roi et sa famille sont enfermés dans la prison du Temple, sous la garde de la commune.
La Révolution va se radicaliser, sous l’in uence du contexte intérieur et extérieur.

C'est à ce moment que se déroule un événement marquant, connu comme « les massacres de
septembre ».
Entre le 2 et le 6 septembre 1792, les sans-culottes se rendent dans les prisons parisiennes
pour tuer, sans procès, des aristocrates et des prêtres réfractaires.

Les massacres se di usent en Province, mais aussi dans les hôpitaux ou les asiles.
La responsabilité de la Commune de Paris, de Danton et de ses amis est débattue.
On pense aujourd'hui qu’ils ont, au minimum, laissé faire les massacres.

Quoi qu’il en soit, les massacres de septembre donnent le ton de la radicalisation de la


Révolution à compter de la chute du roi.

Les modérés vont fuir Paris, voir la France.

La Révolution sera poursuivie dans un esprit beaucoup + radical que celui de 1789, avec la
volonté de transformer beaucoup + profondément et brutalement la société et le système pq.

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CHAPITRE 2 : LA 1ERE PHASE RÉPUBLICAINE (1792-1799)

SECTION 1. La Convention (1792-1795)

La Convention est le régime qui va diriger la France entre 1792 et 1795.


C’est une assemblée constituante. Normalement, cette assemblée aurait du être élue le
temps du vote d’une constitution, puis céder la place.
Toutefois, en raison du contexte, cette assemblée élue en 1792, dirigera la France pendant
3 ans, jusqu’en 1795.

C’est la phase la plus violente de la Révolution française.

1/La phase girondine de la Convention

A/ La formation de la Convention

1) L’élection de la Convention

Des élections sont prévues immédiatement après le 10 aout (commune insurrectionnelle


donne l’assaut contre le Palais des Tuileries).
Un décret va xer l’organisation de l’élection selon certaines modalités : su rage universel :
tous les hommes français âgés de plus de 21 ans, domiciliés en France depuis un an et vivant
de leur travail, sont appelés au vote. Il n’y a plus aucune condition de fortune (cens).
On exclut du vote les gens que l’on pensait trop in uençables tel que les domestiques, les
femmes…
On double le Corps électoral : il passe de de 4 à 7 millions d’électeurs de 1791 à 1792.
Le su rage reste indirect, et il n’est pas secret : on énonce ses choix à voix haute. Cela laisse
peu de place à l’opposition, ceux qui veulent s’opposer au système en place doivent bien y
ré échir. C'était déjà le cas dans le système de 1791, mais dans le contexte de 1792, cela
conduit à un taux d’abstention massif de l’ordre de 90%.
En e et, tous les opposants (monarchistes et modérés) ne sont pas allé voter : seuls les gens
favorables à la chute de la monarchie ont voté, les partisans du 10 aout, ceux qui s’accordent
avec les sans-culottes.
Par conséquent, la Convention de 1792 sera une assemblée beaucoup plus radicale que la
Législative.

2) La composition de la Convention

Dans cette Convention, formée de 749 députés, on va retrouver 40% des députés déjà
présent dans les assemblées précédentes (Constituante ou Législative); plus de la moitié ont
été élus dans l’administration.
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D’un point de vu politique, on distingue 3 groupes au sein de la Convention :


- Les girondins : c’est un groupe dont la taille varie entre 150/200 députés en 1792. Une
partie des fondateurs venaient de Gironde. Eux même ne s’appelaient pas
« Girondin ». Ce sont des révolutionnaires radicaux. Les girondins sont des
provinciaux qui se mé ent de Paris, de la Commune insurrectionnelle née le 9 aout et
des sans-culottes. Ils sont la gure de la Révolution provinciale.
- Les montagnards : ils siégeaient en haut des gradins de l’Assemblée, d’où leur nom.
Le groupe est au départ composé d’une 100 de députés. Ils sont eux aussi des
révolutionnaires radicaux et représentent la Révolution parisienne. Ils sont au départ,
en lien avec la Commune de Paris, avec les clubs parisiens et avec les sections ainsi
qu’avec les sans-culotte. On va trouver parmi eux Robespierre, Danton, Marat,
Couthon, Camille Desmoulin, Saint Just…
- La Plaine ou le Marais : la grande majorité des députés (400) n’est ni montagnarde ni
girondine : ils forment la Plaine ou le Marais. Ce sont des révolutionnaires modérés,
mais ce groupe n’a pas d’orientation politique précise, si ce n’est la poursuite de la
Révolution. C’est ce groupe qui fera et défera les majorités à la Convention, en
appuyant et en retirant son soutient d’abord aux Girondins, ensuite aux
Montagnards. Il compte Sieyès parmi ses membres.

La Convention entre en fonction le 21 septembre 1792.


Symboliquement, la Convention va s’installer aux Tuileries, à la place du roi déchu.

La 1ère décision de la Convention consiste précisément à abolir la royauté en France.


La veille, le 20 septembre 1792, a lieu une bataille décisive : la bataille de Valmy.
La victoire des armées révolutionnaires contre les armées prussiennes, inespérée et
complète, a un retentissement énorme, elle renforce la Révolution et les autorités issues du
coup de force du 10 aout.

C'est donc dans l’allégresse que la Convention débute ses travaux.

B/L’opposition entre Girondins et Montagnards

1) Les motifs de l’opposition

a) Le fédéralisme

Dès le départ, les Girondins tentent de limiter l’in uence de la Commune de Paris et des
sans-culottes. Ils accusent d’emblée les leaders montagnards d’être à l’origine des massacres
de septembre. Surtout ils ont compris qu’ils fallait protéger la Convention des sans-culottes.

Ils proposent le 23 septembre 1792, la création d’une garde armée militaire de l’assemblée,
composée de 5000 hommes issus de gardes nationales de province, ce qu’on appelle alors les

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gardes fédérées des départements. Cela aurait permis de protéger l’assemblée contre les
sans-culottes.
C'est pourquoi on appellera cette tendance à se mé er de Paris le fédéralisme.

Les Montagnards vont accuser les Girondins de vouloir diviser la Nation en opposant la
Province à Paris. La Convention rejette la création de la garde militaire et vote un décret le
25 septembre qui énonce que la République française est une et indivisible.

b) La condamnation du roi

Il faut rapidement trancher le sort qui sera fait au roi déchu. Après beaucoup d’hésitation, la
Convention décide d’organiser un procès, dont les députés seront les juges. Il aura lieu du 11
au 26 décembre 1792.
La découverte, en novembre 1792, de documents cachés aux Tuileries, notamment une
correspondance entre Louis XVI et l’empereur d’Autriche, scelleront le sort du roi.

Que reproche-t-on au roi ? 33 chefs d’accusations sont retenus allant de la fermeture de


l’Hotel des Menus Plaisirs le 20 juin 1789, aux violences entourant la chute du roi le 10 aout,
en passant par les violences du 14 juillet 1789, le refus de signer le Décret du 4 aout ainsi que
la DDHC, l’usage de son droit de veto, la corruption des députés ou encore la trahison de la
France au pro t des Prussiens et des Autrichiens.

En dépit d’une défense courageuse mais peu vigoureuse, le roi est condamné lors de
plusieurs votes à compter du 14 janvier 1793.

Le procès comme la condamnation sont politiques, dans la mesure l’absolution (=le pardon)
du roi était impossible. Le nouveau régime reposait précisément sur le renversement du roi.

Les questions auxquelles les députés doivent répondre sont les suivantes :
1. Louis Capet est-il coupable de conspiration contre la liberté publique et d’attentats
contre la sureté générale de l’Etat ?
2. Le jugement de la Convention nationale contre Louis Capet sera-t-il soumit à la
rati cation du peuple ?
3. Quelle peine sera in igée à Louis Capet ?
4. Y’aura-t-il un sursis à l’exécution du jugement de Louis Capet ?

Chaque député vote à voix haute à la tribune ce qui laisse peu de doute sur l’issue.

Louis XVI est jugé très largement coupable (90% de oui). L’appel au peuple est rejeté. Il est
condamné à mort par 3 votes successifs obtenu par une majorité de 1 à 26 voix. Le sursis est
également rejeté par + de 20 voix de majorité.
Le vote dé nitif intervient le 19 janvier 1793. Le 21 janvier, Louis XVI est guillotiné.

Si les Montagnards ont tous voté la mort intermédiaire du roi, les Girondins se sont divisés :
certains ont voté en faveur de la prison, d’autres en faveur de la mort avec sursis.

Comme les votes sont publics, ils leur seront reprochés.


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La mort du roi va avoir un retentissement immense dans le pays.


Un certain nombre de mesures révolutionnaires, comme la constitution, avaient déjà divisé
la France.
La mort du roi aura un e et beaucoup plus fort puisqu’elle poussera une partie de la
population à prendre les armes contre la Révolution.

Marie-Antoinette sera elle aussi guillotinée à l’issu d’un procès, le 16 octobre 1793.
Leur ls, Louis, mourra dans la prison du Temple en 1795.

Quelques mots sur la guillotine :


Ce n’est pas à proprement parlé, une invention de la Révolution, pas même du XVIIIe s.
Elle est promue en France par un médecin député à la Constituante, Guillotin, qui lui
donnera son nom.
Il s’agit d’humaniser l’exécution de la peine de mort pour qu’elle ne soit accompagnée
d’aucune sou rance physique pour le condamné.
La première exécution a eu lieu en 1792. La guillotine sera utilisée en France jusqu’à
l’abolition de la peine de mort.

2) La chute des Girondins

L’in uence des Girondins va décroitre après la mort du roi.


Les armées française connaissent des déconvenues importantes, en Belgique notamment
dont les armées françaises sont chassées début 1793. Un général proche des Girondins,
Dumouriez, fait défection et passe à l’ennemi.

Surtout, un soulèvement intérieur débute en mars 1793 dans l’ouest de la France. Ce qu’on
appelle le soulèvement vendéen concerne en réalité, la Vendée, la Bretagne, le Mans,
l’Anjou, la Basse-Normandie.

Cette partie du pays est profondément attachée au catholicisme et à la monarchie. Le cours


de la Révolution, surtout après la mort de Louis XVI, lui est insupportable aussi bien pour
les paysans que pour les nobles. La volonté de la Convention de lever des troupes en masse
pour défendre la Révolution servira d’élément déclencheur du soulèvement, tout comme la
résistance à l’impôt révolutionnaire.

L’insurrection militaire durera jusqu’en 1796, son intensité étant à son maximum du
printemps 1793 à l’été 1794. Elle fera à elle seule, sans doute près de 200 000 morts.

Cette guerre civile contribuera à radicaliser la Révolution parisienne et à a aiblir ceux que
l’on juge trop modérés.

Les Girondins vont s’opposer à certaines mesures proposées par les Montagnards et
s’attaquer aux éléments les + radicaux de la Commune de Paris, qui, pour leur part,
accusent les Girondins de trahisons.

Les Girondins tentent de faire accuser Marat en avril 1793.

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De même, Hébert, l’un des leaders parisiens dont le journal « Le père Duchesne », est un des
organes de presse les + virulents de Paris, est arrêté le 24 mai 1793.

Le 31 mai et surtout le 2 juin 1793, les sans-culottes des sections, à l’appel de la Commune,
envahissent la Convention pour demander l’arrestation des Girondins. On parle d’une foule
de près de 80 000 personnes.

Des Girondins parviennent à fuir, d’autres sont arrêtés. Un procès sera organisé en octobre
1793 et les accusés sont tous condamnés à mort.

A compter de juin 1793, la Convention est dominée par les Montagnards.

Les conséquences de ce coup de force sont importantes en Province. Les Girondins vont se
soulever pour lutter contre la Révolution parisienne.
Lyon, Marseille, Bordeaux par exemple, se soulèvent. On parle d’insurrection fédéraliste.
Par endroits, fédéralistes et monarchistes uniront leurs forces.
Au plus fort de la guerre civile, près de 60 départements sur 83 ne reconnaissent pas
l’autorité de la Convention.

C'est également le 13 juillet 1793 que Marat, l’une des gures des Montagnards et du Club
des Cordeliers est assassiné dans son bain par une sympathisante girondine, Charlotte
Corday.

2/La phase montagnarde de la Convention

Cette phase, qui dure du mois de juin 1793 à la chute de Robespierre et de la Commune de
Paris, à la n du mois de juillet 1794, est l’un des moments les+ controversés de la
Révolution française. Elle fait encore l’objet aujourd'hui d’interprétations contradictoires par
les historiens et d’une instrumentalisation pq.

Ce moment particulièrement critique et violent symbolisera pour certain, une dérive


détestable de la Révolution.
Pour d’autres c'est un mal rendu nécessaire par les circonstances pour sauver la Révolution.

Quoi qu’il en soit, cet épisode, appelé par ses détracteurs « la Terreur » et symbolisé par la
guillotine, marquera durablement les consciences en France et en Europe.

Il faut comprendre comment les Montagnards ont organisé les institutions pour essayer
d’assurer et de conforter leur emprise sur Paris et la Province, alors que la situation
extérieure comme intérieure leur est au départ, très défavorable.

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A/La formation du gouvernement révolutionnaire

On appelle « gouvernement révolutionnaire » l’organisation des institutions par les


Montagnards du printemps 1793 à l’été 1794. Cette organisation s’opère en dehors de tout
cadre constitutionnel.

1) Les principes du gouvernement révolutionnaire

a) La sortie de l’ordre constitutionnel

La Convention, ne l’oublions pas, est avant tout une assemblé constituante.


Dès le départ, les députés travaillent à la rédaction d’une constitution.

Un projet de constitution girondin, présenté par Condorcet est présenté à la Convention en


février 1793. Les événements du printemps conduiront les députés a l’abandonner.

Après le 2 juin, Héraut de Séchelles, un député montagnard est chargé de présenter un autre
projet, dont il est le principal rédacteur.
Ce projet est adopté le 24 juin 1793, par la Convention et fait l’objet d’une rati cation
populaire (abstention de 75% et 99% de votes favorables).
On l’appellera la « constitution de l’an 1 ».

Ce texte est souvent présenté comme une constitution très démocratique.


Il est précédé d’une déclaration des droits de l’H et du Citoyen qui se distingue de celle de
1789.

La Déclaration est marquée par l’insistance sur l’égalité.


La conception de la liberté conduit à refuser l’esclavage.
L’esclavage dans les colonies sera e ectivement aboli le 4 février 1794, mais cette décision
n’est pas suivie d’e ets.
La société a des devoirs positifs envers les citoyens, et pas uniquement la protection des
libertés et de la propriété.
On reconnait des droits collectifs, comme le droit de pétition.
En n, le droit de résistance à l’oppression est a rmé avec force.

La constitution met en place le su rage universel avec une conception très large de la
citoyenneté.

Le pouvoir législatif est con é à une assemblée unique, élue pour un an.
Un mécanisme prévoit que les citoyens réunis en assemblées primaires peuvent refuser une
loi votée par les représentants.

L’exécutif est con é à un conseil de 24 membres placé sous le contrôle du législatif.


En n, les assemblées primaires peuvent exiger une révision de la constitution.

Toutefois, bien que rati ée et promulguée, la constitution de l’an I ne sera jamais mise en
oeuvre.
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Le motif o ciel est que les circonstances (guerre intérieure et extérieure) l’empêchent.
Une autre raison est moins avouable : les Montagnards savent qu’ils sont minoritaires dans
le pays et que des élections risquent de leur être défavorables.

L’application de la constitution est donc repoussée jusqu’à la paix.

b) Un gouvernement de salut public

Selon les conventionnels, la Convention doit exercer directement le pouvoir en dehors de


tout cadre constitutionnel à n d’assurer la victoire de la Révolution contre ses ennemis.

Cette lutte peut entrainer une suspension (censée être provisoire) des droits de l’H, qui est
légitimée par les impératifs de salut public, càd la sauvegarde de l’intérêt public, assimilé à
celui de la Révolution parisienne.

C'est ce qu’exprime très bien Robespierre dans un discours du 25 décembre 1793.

En réalité, les conventionnels, en particulier Robespierre, tenteront dans des circonstances


particulièrement di ciles, de maintenir une forme de légalité en réfrénant les sans-culottes
des sections et la Commune de Paris, qui souhaitent agir de manière beaucoup + radicale et
violente, en dehors de tout cadre légal. Or, les conventionnels insistent pour donner un
cadre juridique à leur action.

La pression des sans-culottes, après le 2 juin, sera permanente. Les sessions de la


Convention sont publiques, les sans-culottes présents n’hésitent pas à interpeller
directement les députés. Des représentants des sections interrompent très souvent les
débats pour essayer d’imposer aux députés le vote d’une mesure qu’ils ont adopté.

2) L’organisation du gouvernement révolutionnaire


a) Le rôle de la Convention

2 grands textes vont organiser les institutions du gouvernement révolutionnaire. Les décrets
du 10 octobre 1793 et du 4 décembre 1793.

L’idée est que la Convention, en tant qu’assemblée élue, concentre tout les pouvoirs en
attendant la paix.

Pour faire appliquer ses décisions et reprendre le contrôle du territoire, la Convention va


envoyer des députés en province en tant que « représentants en mission ».
Ils auront tous pouvoirs, y compris militaires, pour mettre en oeuvre la pq voulue par
l’assemblée. Ils correspondront en permanence avec la Convention.

Ce sont des députés, représentants en mission, qui prendront la tête des armées
révolutionnaires, contre l’insurrection de Vendée ou les fédéralistes. Ils seront chargés du
rétablissement de l’ordre révolutionnaire en Province.
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Certains se comporteront de manière particulièrement violente, comme Carrier à Nantes ou


Fouché à Lyon.

Même si ce point est discuté, la Convention en raison des circonstances, met ainsi en place
une forme de centralisme administratif qui rompt avec la décentralisation des débuts de la
Révolution.

b) L’importance des comités

Au niveau de la Convention, le travail doit être rendu + e cace (on ne peut pas tout décider
à 749) et, en partie, soustrait à l’in uence des sans-culottes.

C'est pourquoi la Convention va con er dès le printemps 1793, un rôle particulier à des
comités, càd des groupes restreints de députés.

2 comités vont jouer un rôle particulièrement important et partiellement concurrent :


le Comité de sureté générale, chargé de la sécurité intérieure du pays, et le Comité de salut
public. Ce dernier est resté particulièrement célèbre.

Le Comité de salut public est créé le 6 avril 1793. Au départ il est constitué de 9 membres,
rapidement de 12; les membres, des députés, sont élus par la Convention, et renouvelés tous
les mois.
Sa mission est au départ de contrôler l’administration et les ministres. Il semble dépendant
de la Convention : en réalité, il jouera un rôle central dans la détermination de la pq de la
Convention jusqu’à l’été 1794.

Dès juillet 1793, le renouvellement des membres du Comité de salut public est automatique,
sa composition sera stable.
Il est d’abord dominé par Danton, puis, à compter du 27 juillet 1793, par Robespierre, qui le
dirigera pendant 1 an.

La personnalité de Robespierre fait l’objet, depuis sa chute, d’analyses contradictoires.


C'est un personnage très mystérieux.
Avocat à Arras avant la Révolution, Robespierre est élu à la Constituante en 1789. Il s’y
signale par des positions moins modérées que celle de la majorité, notamment sur le su rage
ou le rôle du roi.

Il n’exerce, jusqu’au printemps 1793, aucune fonction du 1er plan. Sous la Législative, il
domine progressivement le Club des Jacobins (même si celui-ci est le lieu d’un a rontement
entre Girondins et Montagnards jusqu’en juin 1793).

Elu à la Convention, il ne jouera un rôle pq de 1er plan qu’à partir de son entrée au Comité
de salut public, le 27 juillet 1793. Il semble se dévouer entièrement à sa tache, renonçant à
toute vie privée.

Dès sa chute, on verra en Robespierre un tyran sanguinaire, autocrate responsable des


dérives meurtrières de la Terreur. Il symbolisera à lui seul, les excès de la Révolution.
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La réalité est sans doute beaucoup + nuancée.

Sans renier sa responsabilité, il faut relever que Robespierre n’a jamais décidé seul, la
Convention, le Comité de salut public comme le Comité de sureté générale ont fonctionné
durant tout le gouvernement révolutionnaire.

Par ailleurs, Robespierre, bien que proche de certains meneurs parisiens, voudra toujours
donner un cadre légal à ses actions : pour lui, la violence ne peut être exercée que dans la
légalité.

Il n’en demeure pas moins, que pour sauver la Révolution parisienne, une lutte acharnée et
violente contre tous ses opposants sera menée. On parle de « despotisme de la liberté ».

B/ La pq du gouvernement révolutionnaire

Il s’agit ici d’évoquer les moyens mis en oeuvre par le gouvernement révolutionnaire pour
sauver ce qui dans l’esprit des révolutionnaires, constitue l’essence de la Révolution.

La « Terreur » souvent évoquée dans les discours, au Club des Jacobins ou à la Convention,
vise à prendre des mesures d’exception contre les périls royaliste ou contre-révolutionnaire.
« À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles ».

Il s’agit de suspendre les garanties ordinaires de l’ordre constitutionnel, en particulier les


libertés individuelles, pour assurer le triomphe de la Révolution contre ses ennemis.

1) La lutte contre les ennemis du régime


a) Le tribunal révolutionnaire

L’un des instruments du gouvernement révolutionnaire sera une juridiction destinée à juger
les ennemis de la Révolution, le tribunal révolutionnaire.

Créé par un décret le 10 mars 1793, il est composé de juges nommés directement par la
Convention et de jurés citoyens. Les accusés y sont attraits sur décision du Comité de sureté
générale, qui en contrôle l’activité.
Les jugements y sont prononcés sans appel. Fouquier Tinville est l’accusateur public.

Ce tribunal, basé à Paris, est la juridiction principale, on y envoie de toute la France ceux
qu’on accuse d’être des ennemis de la Révolution : pas d’appel et des droits très limités.

Les grands procès pq de la Terreur se dérouleront devant lui : celui de Marie-Antoinette,


des Girondins, des Hébertistes, de Danton.

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b) La loi des suspects

Votée le 17 septembre 1793, la loi des suspects témoigne également d’une volonté de réprimer
l’opposition pq à la Révolution parisienne.
Elle ordonne l’arrestation immédiate et l’enfermement sans procès des personnes quali ées
de suspectes.
Cette loi permet, par son imprécision, d’arrêter quiconque sans procès et sans aucune
garantie.

c) La loi du 22 prairial an II (10 juin 1794)

La loi du 22 prairial an II votée par la Convention renforce la compétence du Tribunal


révolutionnaire et simpli e à l’extrême la procédure.

Cette loi a longtemps été considérée comme instaurant le degré suprême de la Terreur, la
« Grande Terreur ».
Aujourd’hui, on sait qu’elle n’a pas eu une in uence majeure et qu‘elle n’a pas entrainé un
accroissement de la répression. Elle avait une visée essentiellement pq et symbolique.

Quoi qu’il en soit, il n’en demeure pas moins que le printemps 1794 voit le tribunal
révolutionnaire, sous l’impulsion du Comité de salut public, condamner à mort de nombreux
meneurs parisiens : Hébert et ses partisans à la Commune de Paris; Danton.

Le procès de Danton et des dantonistes (dont Camille Desmoulins), du 3 au 5 avril 1794,


montre bien que la justice est devenue un instrument purement pq.
Alors que Danton réussit à retourner les jurés et le public en sa faveur, la Convention fait
interrompre le procès au bout de 3 jours et Danton et ses partisans sont tous condamnés à
mort et exécutés dans la nuit.

En Province, dans les villes tenues par la Convention, on élimine sans ménagement les
opposants pq.
Des comités révolutionnaires, des administrations, sont chargées d’accorder-ou non- des
certi cats de civisme aux citoyens favorables à la Révolution.

Pour lutter contre les ennemis de la Révolution, les condamnations judiciaires ne su sent
pas.
Il faut extirper le vice au coeur même des individus pour favoriser le règne de la vertu. Tel est
du moins, le projet montagnard.

2) L’instauration d’une société vertueuse


a) La politique de déchristianisation

Pour certains révolutionnaires, la Révolution doit transformer profondément les citoyens


pour supprimer l’attachement de certains à l’Ancien Régime.

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La religion catholique apparait comme un des facteurs qui lient la population à la monarchie
et aux privilèges.

Le soutien d’une grande partie du clergé à la contre-révolution explique également, pour


partie, la pq de déchristianisation conduite par le gouvernement révolutionnaire.

Il ne faut pas généraliser le sentiment anti-chrétien des conventionnels, certains ont voulu
violemment attaquer l’Eglise (comme Fouché), d’autres se sont opposés aux exactions anti-
chrétiennes (comme Robespierre).
Pendant la Terreur, de nombreuses mesures anti-chrétiennes ont été prises : on a vu ainsi
des statues de saints décapitées (parce qu’on y voyait, autant qu’un portrait de saint, celui de
la monarchie). Le culte religieux public est, en de nombreux endroits, interdit. Ainsi que de
nombreuses attaques directes contre les prêtres ou des destructions d’églises.

Un autre exemple est celui de l’instauration d’un nouveau calendrier : le calendrier


révolutionnaire.
Le calendrier que l’on utilise aujourd’hui, le calendrier grégorien, est en e et d’inspiration
chrétienne, qu’il s’agisse du décompte des années (depuis la naissance du Christ), de la
subdivision de la semaine (le dimanche correspond au jour de repos de Dieu après la
création du monde).
La vie paysanne, en particulier, est rythmée par les saints quotidiens.
L’année comprend + de 100 jours fériés, qui correspondent à la célébration d’un saint
particulier.
La Révolution entend lui substituer un calendrier républicain, expurgé de toute référence
religieuse, il a été créé pour changer la manière de concevoir les dates.
Dès septembre 1792, on prend l’habitude de dater les actes o ciels de « l’an I de la
République ».
Toutefois, ce calendrier révolutionnaire, imaginé par le conventionnel Fabre d’Eglantine,
entre en vigueur le 6 octobre 1793 et commence, rétroactivement, au 22 septembre 1792, càd
à l’abolition o cielle de la monarchie.

L’année est divisée en 12 mois, le nom est inspiré du rythme des saisons.
La semaine est divisée en 10 jours dont le seul dernier est férié, ce qui est censé améliorer la
productivité de la nation.

Le calendrier révolutionnaire restera en vigueur jusqu’au 1er janvier 1806.

Il ne sera jamais vraiment adopté par la population qui continuera à se référer au calendrier
grégorien.

b) L’exaltation de la Vertu

Inspiré par Rousseau, Robespierre entend inculquer au peuple la vertu civique càd l’amour
de la République.
Dans ce but, il imagine créer une religion civile qui place la République sous les auspices
d’un dieu bienfaisant, ce sera le culte de l’Etre suprême.

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La Convention vote un décret du 18 oréal an II (7 mai 1794) qui dispose que l’on reconnait
l’existence de dieu et l’immortalité de l’âme. C'est le lien entre Vertu civique et Vertu privée.

Une fête de l’Etre suprême est en e et organisée au mois de juin. Suivant un cérémonial
imaginé par David :
Les députés rejoignent, en procession, le Champ de Mars depuis les Tuileries; sur leur
passage, on agite de grandes palmes tout en chantant des hymnes composées pour
l’occasion.
Au Champ de Mars, une statue représentant l’athéisme est brulée par Robespierre. Apparait
alors, résistant au feu, une statue de la sagesse.

Cet épisode va contribuer au retournement des députés contre Robespierre. Lassés par la
violence du gouvernement révolutionnaire, ils aspirent à un retour à l’ordre.
Il faut dire aussi que les périls diminuent.

Le 26 juin 1794, la victoire de Fleurus met un terme provisoire à tout risque d’invasion du
territoire.
Les insurrections vendéennes et fédéralistes sont également en voie d’être vaincues.

La chute de Robespierre et de la Commune insurrectionnelle de Paris n’allait pas tarder.


Elle allait être le fait des conventionnels.
Robespierre qui perçoit le danger, prononce un discours confus le 26 juillet 1794.
Le 27 juillet, 9 thermidor de l’an II, la Convention vote l’arrestation de Robespierre et de
tout ses proches (Saint-Just, Couthon).
Les sans-culottes interviennent et les conduisent à l’Hotel de Ville.

Dans la nuit, la Garde nationale de l’ouest parisien donne l’assaut contre l’Hotel de Ville.
Robespierre et ses proches sont guillotinés dès le lendemain, sans procès.

Le 29 et 30 juillet, la Convention fait arrêter tous les leaders de la Commune de Paris et des
sans-culottes : on procède à 108 exécutions sommaires ce qui prouve que Robespierre n’était
peut être pas le tyran solitaire que ses détracteurs voudront décrire.

La chute de Robespierre n’entraine pas un apaisement dé nitif de la Révolution comme on


veut parfois le croire. Elle s’inscrit en revanche dans un mouvement de retour à l’ordre.

Que vont faire les conventionnels qui restent ?

3/La phase thermidorienne de la Convention

On nomme cette phase « thermidorienne » car la Convention est dominée par les députés
responsables de la chute de Robespierre, qu’on va appeler les « thermidoriens ».

Les députés devront faire face à un double front : celui des sans-culottes toujours présents à
Paris, qui n’acceptent pas la chute de Robespierre et le retour à l’ordre; celui des royalistes
puisque les conventionnels restants, républicains, ont tous voté la mort du roi.

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Les conventionnels vont progressivement revenir sur les principales bases du gouvernement
révolutionnaire. C'est la réaction thermidorienne.

La loi de prairial an II est abandonnée dès l’été 1794, le tribunal révolutionnaire est supprimé
en mai 1795.

La Commune de Paris est supprimée, ses compétences sont attribuées au département de la


Seine.

Le Club des Jacobins est fermé à l’automne 1794. Tout ce qui portait la marque de
Robespierre est supprimé.

Les Girondins reviennent à la Convention.

En janvier 1795, on autorise le retour de certains immigrés.

En n, on instaure une séparation de l’Etat et de l’Eglise le 21 février 1795 : l’Etat garantie une
liberté de culte, mais ne nance pas l’Eglise.

Les sans-culottes, partisans de Robespierre, envahissent à 2 reprises la Convention, le 1er


avril et le 20 mai 1795, en réclamant « du pain et la constitution de l’an I ». Ils ont perçu le
virage conservateur de la Convention.

Dans les 2 cas c'est l’armée càd la garde nationale de l’ouest parisien, qui n’intervient pas
pour protéger l’assemblée.
Les armes encore à la disposition de la population sont con squées.

Dès le lendemain de Thermidor, les conventionnels ne cesseront de quali er Robespierre de


Tyran sanguinaire, de monstre assoi ée de sang ayant sombré progressivement dans la folie.

C'est le mythe de la « Terreur » qui se forme dès l’été 1794, destiné à discréditer les sans-
culottes, à justi er le renversement de Robespierre et le retour à l’ordre, càd la n de la
Révolution telle que l’entendaient les montagnards.

A la chute de Robespierre, les royalistes croient que leur heure est venue.

A l’été 1795, une terreur blanche, càd des violences qui prennent pour cible d’anciens
montagnards, éclate dans le sud-est de la France avec la complicité des autorités locales.

Le frère de Louis XVI le + âgé, le compte de Provence, qui, en raison de la mort de Louis
XVII le 8 juin 1795, est le successeur désigné au trône, annonce alors que, s’il revient au
pouvoir, il rétablira les ordres, les parlements, le catholicisme comme religion d’Etat,
restituera les biens du clergé et punira tous ceux ayant participé à la mort du roi.

Les conventionnels vont devoir s’y opposer.


Un débarquement militaire royaliste de 4000 hommes a même lieu à Quiberon le 23 juin
1795, avec l’aide de l’Angleterre. Un mois + tard, en juillet, il est repoussé par les troupes
révolutionnaires.
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Les députés de la Convention vont alors mettre en place un régime qui sera nécessairement
républicain, mais beaucoup + conservateur que la Constitution de l’an I, qu’ils refusent de
mettre en oeuvre car elle est beaucoup trop progressiste et égalitaire.

Il faut donc rédiger une nouvelle constitution…

SECTION 2. Le Directoire (1795-1799)

1/ La constitution de l’an III

La constitution de l’an III, préparée au cours de l’été 1795, est adoptée par la Convention le
22 aout 1795. Elle est longue de 377 articles. Elle a fait l’objet d’une rati cation populaire au
début du mois de septembre, il y aura + d’un 1,1 millions de oui contre 50 000 non. Cette
constitution témoigne d’une volonté conservatrice de retour à l’ordre, tant pq que social.
Elle fonde le régime du Directoire qui est un régime fondé sur la peur d’un retour à la
Terreur, c'est un régime de réaction, de vengeance légale.

A/La déclaration des Droits et des Devoirs de l’Homme et du Citoyen

La déclaration des Droits et des Devoirs de l’Homme et du Citoyen, placée en préambule


de la Constitution, montre bien son caractère conservateur. Elle présente séparément les
droits des citoyens et leurs devoirs vis à vis de la société et de l’Etat.

La déclaration des droits s’inspire de celle de 1789, tout en restreignant de manière


importante les droits des citoyens.
Ainsi, il n’y a plus de droits naturels que les citoyens peuvent invoquer contre l’Etat, mais
seulement des droits en société, qui relèvent donc uniquement de la loi.

Il est logique, dès lors, que le droit à l’insurrection disparaisse. Comme en 1789, la
Déclaration insiste sur la propriété, fondement de l’ordre social.

La liberté est dé nie de manière négative : art 2.« la liberté consiste à faire ce qui ne nuit pas
au droit d’autrui ».
Les libertés de culte ou de la presse ne sont pas vraiment mentionnées.

L’égalité est limitée à la seule égalité en droit : art 3. « l’égalité concerna à ce que la loi soit la
même pour tous ».
Le recul, par rapport à 1793 est important : aucun droit au travail ou à l’assistance de la
société n’est mentionné.

L’originalité de la déclaration réside dans l’énonciation des devoirs des citoyens qui sont en
contrepartie des droits.
Ils se résument à une vague morale laïque.

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Les devoirs consistent essentiellement à respecter la loi et les propriétés.

Le caractère conservateur de la déclaration est patent (=évident).


C'est un projet pq très conservateur, on veut s’éloigner de la Révolution montagnarde et de
la volonté de transformer la société.

On ne peut pas signi er + clairement le rejet de l’idéologie des sans-culottes.


Ce conservatisme se traduit aussi dans la constitution de l’an III.

B/Les pouvoirs dans la constitution de l’an III

Les thermidoriens ont voulu, par des mécanismes juridiques, garantir la modération et la
stabilité du régime. Ils ont voulu garantir par la règle de droit de ne plus vivre de
bouleversements comme précédemment.

1) Des pouvoirs morcelés

Les pouvoirs sont divisés car l’objectif est d’éviter toute forme de concentration des pouvoirs.
On estime que les problèmes venaient de la concentration des pouvoirs.

a) L’instauration du bicaméralisme

Pour la 1ère fois en France, la constitution prévoit que le pouvoir législatif sera con é à 2
chambres.
Jusqu’à présent, la Révolution avait toujours préféré une chambre unique pour manifester
l’unité de la nation et pour renforcer le pouvoir législatif.

En 1795, il s’agit de diviser le législatif pour modérer : aucune loi ne sera possible sans
l’accord de 2 chambres. Les conditions de recrutement des législateurs témoignent de la
même volonté.

Le corps législatif est composé d’un Conseil des Anciens et d’un Conseil des Cinq Cent.

Le Conseil des Anciens est composé de 250 membres et nul ne peut être élu à ce conseil, si il
n’est pas âgé d’au moins - 40 ans accomplis, qu’il n’est pas marié ou veuf, et si il n’a pas été
domicilié sur le territoire de la République, pendant les 15 années qui auront immédiatement
précédé l’élection; ce qui est une façon d’éloigner les royalistes qui ont quitté le territoire à
cause de la Révolution. En e et, on juge les pères de famille + conservateurs et donc +
raisonnables.

Le Conseil des Cinq Cent est composé de 500 membres.


Pour être élu membre, il faut avoir 30 ans révolu, et avoir résidé sur le territoire depuis les 10
années qui auront précédé l’élection.

La constitution attribue à chaque conseil un rôle di érent dans la procédure législative.

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La proposition de loi appartient au Conseil des Cinq Cent, et il appartient au Conseil des
Anciens d’approuver ou de rejeter les résolutions du Conseil des Cinq Cent.

Les Anciens n’ont aucun pouvoir d’amendement. Les assemblées ne collaborent pas du tout
dans la confection de la loi.
Toute une série de dispositions montrent que les constituants ont voulu s’écarter de
l’expérience du gouvernement révolutionnaire.

Les constituants ont également voulu se prémunir contre la con scation du pouvoir par 1 ou
plusieurs députés et les changements brusques de la majorité.
Ces assemblées sont élues pour 3 ans et sont limitées à 2 mandats, c'est une présidence
tournante. On ne veut pas de changement de majorité brusque, l’on cherche de la stabilité.

En n, on a voulu soustraire les conseils à toute in uence extérieure et garantir leur sécurité.
Une foule nombreuse exerce en permanence une pression sur l’assemblée, ainsi même si
leurs séances sont publiques, le nombre du public ne doit excéder le nombre de la moitié des
députés a n d'éviter les mouvements de foule.

Pour éviter l’in uence de Paris, on va mettre en place une garde armée des conseils d’environ
1500 hommes.

b) Un exécutif collégial

Le pouvoir exécutif est con é a un organe collégial appelé « Directoire ». Ses membres
s’appellent les « directeurs ».

En 1795, les Cinq Cents ont donc proposé 50 noms parmi lesquels les Anciens en ont retenu
5. Les directeurs sont ainsi au nombre de 5.

Comme pour le pouvoir législatif, la constitution essaye de garantir une modération de


l’exécutif et d’éviter l’ascendant d’un individu.

On garantit l’indépendance de l’exécutif et sa collégialité. Chaque membre du directoire est


toujours accompagné d’au moins 2 gardes.

Le Directoire, organe collégial, prend ses décisions à la majorité.

Quels sont ses pouvoirs ?

Le Directoire exécute la loi avec, à sa disposition, la force armée et la charge de la sûreté


extérieure et intérieure du royaume.

Le pouvoir exécutif est donc entendu assez strictement.


Le Directoire ne peut déclarer la guerre seul et ne dispose pas des nances publiques : les
décisions en ces domaines relèvent des conseils.
D’autres mécanismes sont mis en place pour assurer la modération du pouvoir.

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2) Un pouvoir stable et modéré

a) Une séparation stricte des pouvoirs

La constitution de l’an III va au delà d’une simple séparation des fonctions, mais il y a aussi
une séparation radicale des organes, ils ne peuvent s’in uencer les uns les autres.

Il ne doit y avoir, non seulement aucun empiétement d’un pouvoir dans le domaine de l’autre,
mais encore aucun contact entre les organes.
Il n’y a donc aucune possibilité pour l’exécutif de dissoudre les conseils, ni de moyen pour le
pouvoir législatif, de renverser l’exécutif.
L’exécutif ne dispose pas de l’initiative des lois.

Les pouvoirs ne peuvent se rencontrer physiquement, ils ne peuvent communiquer que par
écrit.
Toutes ces dispositions visent à garantir la stabilité du régime. Pour assurer sa modération,
les constituants vont prévoir un mode de su rage qui est censé écarter les + radicaux.

b) Le retour d’un su rage censitaire

La constitution de l’an III n’accorde la citoyenneté et le droit de vote qu’aux français qui
paient les impôts.
Le droit de vote est donc lié à la citoyenneté.
Cette condition est moins restrictive qu’en 1791 puisqu’il y a, en 1795, près de 6 millions de
citoyens.

Les constituants ont entendu mettre en place une citoyenneté capacitaire : les gens ne
sachant ni lire ni écrire ni exercer une profession mécanique ne peuvent être inscrits sur le
registre civique.
Cet article n’aurait du s’appliquer qu’en 1804-1805 a n de laisser le temps à l’instruction
publique de produire ses e ets.
Le su rage est comme en 1791 et 1792, indirect.

Les conditions de fortune pour être électeur sont dé nies au niveau départemental.
Cela signi e que pour être électeur, càd, pour faire partie de ceux qui désignent notamment
les membres des conseils, il faut posséder un certain degré de richesse dé ni au niveau de
chaque département.
Concrètement en 1795, il y a environ 30 000 électeurs (encore moins qu’en 1789, où la
condition de fortune était déjà très restrictive).
Pour la première fois, les scrutins sont secrets.

En 1795, le Corps électoral est donc étroit, composé d’une petite minorité, la+ riche du pays.
C'est pour les constituants, une garantie de la modération du régime, puisque les électeurs
auront tout intérêt à désigner les élus souhaitant préserver l’ordre social.

Par le su rage, on espère éloigner des urnes les partisans des montagnards et les partisans
d’une conception + radicale de la République.
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Comme en 1791, la révision de la constitution est rendue presque impossible (art 336 à 350).
La procédure, jamais mise en oeuvre, s’étale sur 9 ans !

Les thermidoriens pensaient avoir assuré la stabilité de la République, tant de ses


institutions, que de la société.
Pourtant, le régime allait se traduire par une instabilité permanente.

2/L’instabilité chronique du régime

La France reste un pays très divisé entre monarchistes, républicains, conservateurs ou


radicaux. La violence ne s’est pas du tout éteinte avec la chute de Robespierre.

Un des éléments qui va d’emblée fragiliser le régime est le refus des thermidoriens de quitter
le pouvoir. Ils savent que, quel que soit le camp qui prendrait le pouvoir, ils seraient
menacés.

La Convention vote donc 2 décrets, les 22 et 30 aout 1795 qui prévoient que les 2/3 des
conventionnels siégeront automatiquement dans le Conseil des Cinq Cents et celui des
Anciens.
En cas d’insu sance dans les assemblées électorales, sera complété par ceux qui n’on pas été
élu.

Sur les 749 députés de la Convention, il en reste, en 1795, environ 600 sur ceux-là, 500 seront
députés du nouveau régime. On appellera ces députés, de manière ironique, les
« Perpétuels ».

Les 2 décrets sont soumis à rati cation populaire en même temps que la constitution de l’an
III et sont adoptés de justesse.

La volonté des perpétuels de se maintenir au pouvoir entrainera des crises violentes initiées
par leurs opposants.

A/Les crises successives du régime

La 1ère crise intervient avant même les premières élections. La rati cation des décrets des
2/3 entraine un vaste soulèvement royaliste à Paris.
Près de 25 000 hommes a rontent brièvement les troupes de la Convention (des sans-
culottes réarmés en urgence par l’assemblée). Les royalistes sont défaits le 5 octobre 1795, en
particulier devant l’église Saint Roch.

Un jeune général corse, Bonaparte, rappelé pour l’occasion n’a contrairement à la légende,
joué aucun rôle dans cette a aire.

2e crise : le complot organisé par François Noël, dit Gracchus Babeuf.


Babeuf est un journaliste et homme pq qui défend l’héritage de Robespierre et entend abolir
la propriété privée pour mettre en oeuvre une société égalitaire.
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Dans un texte célèbre, le manifeste des Egaux, les partisans de Babeuf, expriment leur
projet pq.

Babeuf et ses partisans organisent un complot : leur prise de pouvoir doit s’appuyer sur le
soulèvement de plusieurs bataillons militaires.
Les babouvistes sont trahis et arrêtés en mai 1796, Babeuf sera guillotiné à l’issue d’un procès
expéditif en 1797.

Ce sont ensuite les élections annuelles de renouvellement des conseils qui provoqueront des
crises violentes.

3e crise : Le 1er renouvellement a lieu en mars 1797. La participation est très faible : entre 20
et 25 %. Les royalistes gagnent très largement, sur les 216 sièges à pourvoir, au moins 170
royalistes sont élus, et seulement 11 perpétuels.

Il s’agit non pas de partisans de l’Ancien Régime mais d’une monarchie constitutionnelle
comme celle de 1791.

Les Conseils élisent des présidents royalistes : un royaliste est nommé lors du
renouvellement d’un directeur. Les Conseils commencent à abroger les lois contre les
prêtres réfractaires, contre les émigrés…

Prétextant un complot royaliste, les perpétuels font occuper militairement Paris au début du
mois de septembre 1797. Une loi est votée le 5 septembre (19 fructidor an V) qui invalide les
élections dans 49 départements, càd 198 députés sur 216.

Des mesures sont prises contre les députés invalidés, les émigrés, les prêtres réfractaires,
allant jusqu’à la déportation en dehors du territoire métropolitain.

4e : le 2e renouvellement partiel a lieu au printemps 1798. Il s’agit d’élire près de la moitié des
députés puisque les députés dont l’élection a été annulée en 1797 n’ont pas été remplacés.
Les royalistes ne se rendent pas aux assemblées primaires. Les élections envoient aux
conseils une majorité « jacobine » de 300 députés. Ce nom désigne alors, non pas
nécessairement des partisans des montagnards mais ceux qui refusent le conservatisme pq et
social du Directoire.

Les perpétuels vont employer la même technique qu’en 1797 : par une loi du 11 mai 1798,
l’élection de 106 députés jacobins est invalidée. Ils sont remplacés par des partisans des
perpétuels.

Le régime n’allait gagner que qq mois de survie.

La reprise d’une pq d’expansion territoriale et la formation d’une coalition européenne


contre la France, en 1799 a longtemps servi à expliquer le coup d’Etat. En réalité, à
l’automne, le péril est contenu.

La n du régime allait être précipitée par un coup d’Etat.

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B/Le coup d’Etat du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799)

1) Les causes du coup d’Etat

Le 3e renouvellement des campagnes a lieu en avril-mai 1799. La participation est


extrêmement faible (environ 11%). Les royalistes ont, semble-t-il, choisi de voter massivement
pour les « jacobins » a n de provoquer une nouvelle crise.
Ceux-ci deviennent majoritaires dans les conseils.
Des mesures sont votées contre les émigrés, un emprunt forcé sur les riches est mis en place.
Allait-on vers un retour de la Terreur ? C'est ce que certains veulent faire croire, en
particulier ce qu’on appelle le « parti des généraux », càd les partisans d’un pouvoir con é aux
militaires pour rétablir l’ordre.

Un complot se prépare à l’automne 1799 pour renverser le Directoire au pro t des militaires.
Il veut mettre en place un régime d’ordres pour pallier les inconvénients du système
représentatif. Le coup d’Etat est organisé, notamment, par Sieyès, Talleyrand, Lucien
Bonaparte, Roederer.

Si la population dans sa majorité aspire assurément à une paix que le Directoire ne parvient
pas du tout à assurer sur le territoire, le projet d’un régime autoritaire n’est surement pas
majoritaire.
Le choix des comploteurs se porte sur le général Napoléon Bonaparte.

Né en 1769, Napoléon Bonaparte s’engage dans la carrière militaire. Il a d’abord plutôt une
réputation de jacobin : il jouera un rôle déterminant dans la prise de Toulon, contre les
royalistes en 1793, ce qui lui vaudra, à la chute de Robespierre, d’être brièvement
emprisonné. C'est pour cela qu’il est rappelé dans l’armée en octobre 1795, lors de
l’insurrection royaliste.

Son prestige ne va cesser de croitre. En 1797, il triomphe en Italie, fait plier l’Autriche (traité
de Campoformio) et va diriger presque seul la péninsule, sans en référer au Directoire
auquel il est normalement soumis. Il pro tera de cette période pour former plusieurs
républiques italiennes (les « républiques soeurs ») auxquelles il donnera des constitutions qui
annonceront celle de l’an VIII.

La campagne d’Italie lui confère une image de marque extraordinaire en France, bien
entretenue par ses partisans.
La campagne d’Egypte contre l’Angleterre, à compter de 1798, n’est pas un grand succès
militaire. Les découvertes scienti ques vont toutefois, marquer les contemporains.

Apprenant ce qui se trame à Paris, Bonaparte réussit à échapper à la surveillance des


Anglais et à rentrer en France au début du mois d’octobre 1799.

2) Le déroulement du coup d’Etat

L’idée est de prétexter un complot imaginaire des jacobins pour déplacer les assemblées hors
de Paris et sous la contrainte de l’armée, con er les pleins pouvoirs à Bonaparte.
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Le frère de Bonaparte, Lucien, est à ce moment-là président du Conseil des Cinq Cents.

Le coup d’Etat a lieu le 18 brumaire an VIII au matin (le 9 novembre 1799).


Au départ, tout se déroule conformément au plan établi. Les Conseils votent le transfert au
château de Saint-Cloud, près de Paris : les directeurs complices- comme Sieyès-
démissionnent, les autres sont arrêtés.

Toutefois, Bonaparte n’est pas préparé à s’exprimer devant les Conseils, les députés refusent
de voter les pleins pouvoirs. Les Cinq Cents commencent même à délibérer pour le mettre
hors-la-loi.
L’assaut est donné par la troupe, les députés en toge fuient dans le parc du château,
poursuivis par des soldats.

C'est précisément ce que les auteurs du coup d’Etat voulaient éviter. Ils entendent donner
au coup de force une apparence de légalité. Dans la nuit, on ramène de force qq députés
dans la salle des conseils et, aux chandelles et sous la menace des armes, les députés votent la
n du régime, le 19 brumaire an VIII (10 novembre 1799).

Quoi qu’il en soit du déroulement du coup d’Etat, celui-ci marque la n des événements
révolutionnaires initiés en 1789.
Un nouveau régime radicalement di érent des précédents allait être mis en place.

TITRE 2. Le consulat et le 1er Empire (1799-1814)

Napoléon Bonaparte arrive au pouvoir à la suite du coup d’Etat du 18 brumaire an VIII (9


novembre 1799).
Le régime s’appelle d’abord Consulat (1799-1804) puis Empire.
C'est un régime qui est apprécié très diversement, aujourd'hui encore. Certains défendent
encore l’héritage napoléonien (en particulier pour sa conception de l’Etat et de
l’administration) tandis que d’autres rejettent son autoritarisme, son impérialisme et les
incessants con its armés.

Nous envisagerons d’abord l’évolution des institutions puis les transformations de


l’administration et de la société.

SECTION 1. L’évolution du régime

En 1799, Bonaparte se présente comme le sauveur de la République. Il prétend préserver les


grands acquis révolutionnaires et empêcher le retour de l’Ancien Régime et des
monarchistes, en même temps, il entend garantir la stabilité de l’ordre social.

Très habilement, il donnera des gages à chaque camp pour se présenter comme un homme
d’ordre et de compromis.
La voie qu’il choisira est tout à fait originale et rompt avec les expériences constitutionnelles
de la Révolution càd que dans le système révolutionnaire l’organe législatif est le +
important ainsi il rejette la primauté du législatif et le système représentatif.
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Dès le départ le régime est clairement un régime autoritaire, il n’entend laisser que peu de
pouvoir au peuple et à ses représentants tout en prétendant s’appuyer sur la volonté du
peuple.
C'est ce qu’on appellera le césarisme (pour dresser un parallèle avec le régime de Jules
César, à la n de la République romaine). C'est un régime autoritaire qui prétend diriger
selon la volonté du peuple.
La tendance du régime à concentrer les pouvoirs entre les mains de Bonaparte, est
perceptible dès le départ et ne cessera de s’accroitre pour culminer sous l’Empire.

1/Un régime autoritaire : le Consulat de l’an VIII

La procédure de rédaction de la constitution de l’an VIII permet de pressentir la nature du


régime. Il est pour lui hors de question de laisser une assemblée législative élue rédiger la
constitution.
Des commissions (25 membres par conseil) préparent en 11 jours un projet de constitution,
largement inspiré par Sieyès.

Toutefois, Bonaparte retouche le projet qui lui est proposé car il ne lui accorde pas assez de
pouvoirs (notamment en divisant les pouvoirs au sein de l’exécutif).
Par ailleurs, Bonaparte écarte Sieyès du coeur du pouvoir, contre sa volonté.

La constitution de l’an VIII est brève (95 articles), Bonaparte ayant voulu selon la légende
qu’elle fut « courte et obscure » a n de lui laisser les mains libres.

Le 13 décembre 1799, le projet est validé par les commissions de rédaction. C'est
généralement la date retenue pour la constitution qui sera mise en oeuvre immédiatement.

Quel est son contenu ?

A/ Le rejet du système représentatif

La constitution tout en prétendant s’appuyer sur la tradition républicaine rejette les


conquêtes pq de la Révolution.

On constate d’emblée qu’elle ne contient aucune déclaration des droits. Ainsi les droits
individuels qui étaient le coeur de la Révolution sont balayés par Bonaparte.
Seuls qq rares droits civiques sont mentionnés à la n de la constitution comme
l’inviolabilité du domicile, la garantie contre les arrestations arbitraires, le droit de pétition…

Seuls qq acquis révolutionnaires sont préservés : l’égalité civile et la vente des biens
nationaux. Cela montre que l’on ne revient pas à l’Ancien Régime avec le Consulat de l’an
VIII.

1) Le système des listes de con ance

C'est surtout l’expression pq des citoyens qui témoigne de la nature du régime.


La constitution de l’an VIII met en place un système de liste de con ance.
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Très habilement, la constitution de l’an VIII accorde la citoyenneté sans condition de


fortune, ce qui permet à Bonaparte de prétendre satisfaire les revendications des
républicains radicaux.
Cela parait être dans les conditions de la radicalité révolutionnaire : on semble rétablir le
su rage universel.
Ce n’est, en réalité, pas le cas car on a voulu préserver la stabilité du régime en empêchant
toute remise en cause du pouvoir par les élections, fort de l’expérience du Directoire.

Les élections ne permettent donc pas du tout de désigner les représentants mais
uniquement de dresser des listes, qu’on appelle « listes de con ance » ou « de notabilité »
dans lesquelles les fonctionnaires et titulaires des fonctions pq seront choisis.
Les citoyens ne choisissent donc pas les titulaires du pouvoir pq. Ce qui s’apparente à un
su rage indirect revient, en réalité, à accorder un simple droit de présentation.

Concrètement il y a environ 600 000 personnes sur les listes communales 60 000 sur les
listes départementales et 6000 sur la liste nationale.
Cela signi e que les citoyens perdent tout droit de désigner les titulaires de fonctions pq. Le
système représentatif tel qu’on l’a mis en place à la Révolution est supprimé, tout en
préservant les apparences.

Bien plus, la constitution prévoit un délai pour l’établissement des listes :

L’an IX, cela correspond à l’année 1801-1802.


Comment a-t-on procédé pour faire fonctionner le régime dès 1799 ?
Par voie de nomination directe, sans aucune consultation du peuple.

Le système des listes de con ance sera mis en place en l’an IX (1801) et mis en oeuvre une fois
en l’an X (1802) pour le renouvellement d’une des assemblées législatives. Il sera supprimé la
même année.

Comment Bonaparte peut-il alors prétendre que son régime est légitimé par la volonté
populaire ?
En faisant approuver la constitution par le peuple.

2) Le rôle du plébiscite

La constitution prévoit qu’elle soit soumise à rati cation populaire.


L’organisation du vote est annoncée par une proclamation des consuls du 24 frimaire an
VIII (15 décembre 1799).

La constitution est mise en oeuvre dès le 24 décembre 1799, sans attendre les résultats du
vote…

Ce type de consultation populaire prendra à partir du milieu du siècle le nom de plébiscite.


Le mot fait référence à un mécanisme de la République romaine par lequel la plèbe pouvait
voter des lois.

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On parlera de plébiscite lorsque des votes sous la forme de question auxquelles on répond
par oui ou par non ont pour objet véritable l’adhésion au pouvoir en place et non une réelle
demande de l’opinion du peuple.

Si on soutient le pouvoir on votera « oui » quelle que soit la question.


On considère traditionnellement que le premier plébiscite est en France précisément celui
de janvier 1800.
Le vote a lieu sur des registres ouverts à voix haute en présence de représentants du pouvoir.
Le résultat est nuancé : 3 millions de su rages exprimés (sur 7 millions d’électeurs), 1562
« non »).

Il semble cependant que les résultats publiés en février 1800 aient été embellis par le
pouvoir : il n’y aurait eu qu’environ 1 600 000 « oui »). Même si la majorité des votes étaient
favorables, les chi res ont été embellis car Napoléon souhaitait démontrer une adhésion
totale du peuple au nouveau régime.

C’est là le coeur de la logique plébiscitaire, la large victoire du « oui » vaut l’adhésion à sa


personne et son régime et à la validation du coup d’Etat, ce d’autant plus que son nom gure
en toutes lettres dans la constitution.

Nul besoin de représentants si le peuple a montré sa con ance envers son chef à l’occasion
d’un vote.

L’organisation des pouvoirs démontre une rupture tout aussi importante avec la tradition
constitutionnelle révolutionnaire.

B/ L’organisation des pouvoirs

Les constitutions de la Révolution, fondées sur la représentation du peuple, prévoyaient une


prépondérance du pouvoir législatif élu.
En l’an VIII, il s’agit bien au contraire de limiter l’in uence du pouvoir législatif qui n’est
même pas élu, a n d’accorder à l’exécutif les pouvoirs les + étendus.

1) Un pouvoir législatif a aibli

Le législatif est con é à titre principal à 2 assemblées le « Tribunat » et le « Corps législatif »


selon un modèle qui peut sembler se rapprocher de celui de la constitution de l’an III.

Le Tribunat débat des projets de lois et émet un voeux d’adoption ou de rejet des projets.
Il est composé de 100 membres de + de 25 ans. Ils sont renouvelés par cinquième tous les
ans.

Le Corps législatif, aussi appelé le Corps des Muets est composé de 300 membres de + de
30 ans. Il fait la loi en choisissant d’adopter ou non la loi provenant du Tribunat en ne
délibérant pas.

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Pour la 1ère fois depuis la Révolution, le pouvoir législatif n’a pas l’initiative des lois, ici seul
l’exécutif a entièrement la main sur la procédure législative.

2 autres organes jouent un rôle dans la procédure législative (on parle de législatif
pluricaméral) :

Tout d’abord, le Conseil d’Etat, dont les membres sont nommés par l’exécutif, a été créé en
1799.
Le Conseil d’Etat est chargé de conseiller le gouvernement, c’est lui qui rédige les projets de
loi.

Ensuite, le Sénat, dit conservateur :


Le Sénat conservateur est composé de 80 membres inamovibles et à vie. Ils sont nommés
par un système de cooptation (=les membres actuels choisissent les nouveaux membres).
Le rôle du Sénat est double.
Son premier rôle est de nommer tous les membres du Tribunat et du Corps législatif.

Concrètement en l’an VIII, c'est Bonaparte qui, en l’absence de liste nationale, a désigné,
avec l’aide des sénateurs, les membres des assemblées législatives.

Ensuite le Sénat a un rôle de gardien de la constitution : il maintient ou annule tous les actes
qui lui sont déférés comme inconstitutionnels.
Pour la 1ère fois, une forme de contrôle de constitutionnalité des lois est instauré en France.
Toutefois, il ne sera jamais mis en oeuvre. Par ailleurs, il n’a rien à voir avec le contrôle de
constitutionnalité tel qu’on le conçoit aujourd'hui : il s’agissait à l’époque de préserver les
institutions et non de protéger les droits des citoyens.

Le pouvoir législatif semble donc très a aibli par rapport à la période révolutionnaire qu’il
s’agisse de sa légitimité ou de ses pouvoirs.
C'est bien l’exécutif qu’il s’agit de renforcer en l’an VIII.

2) Un pouvoir exécutif prépondérant

La constitution de l’an VIII ne parle pas de pouvoir exécutif mais de « gouvernement » ce qui
parait + large.
L’exécutif est con é à 3 personnes : un 1er consul, un 2e consul et un 3e consul. Cela donne
l’impression d’un exécutif collégial.

Les choix de Bonaparte sont habiles. Il s’entoure de :


Cambacérès, ancien conventionnel régicide rallié au Directoire puis au Consulat.
Lebrun, ancien secrétaire du chancelier Maupeou élu à la Constituante, emprisonné en 1792,
élu au Conseil des Anciens en 1795.
Remarquons la terminologie employée dans la constitution (Sénat, Consuls) qui font tous
référence à la République romaine.

Même si l’exécutif semble collégial, en réalité, le 1er consul dispose seul de la totalité du
pouvoir.
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Il a des attributions spéci ques :


- la promulgation des lois
- un pouvoir de nomination considérable dans l’administration
On note la n d’un autre aspect du projet pq révolutionnaire, celui d’une administration
locale et d’une justice indépendante et élue.

Pour les autres attributions du gouvernement, les 2e et 3e consuls n’ont qu’une voix
consultative.

Quelles sont ces attributions générales du gouvernement ?


- l’initiative législative
- fait les règlements nécessaires pour leur exécution
- gère le budget
- assure la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat
La pq nancière de l’Etat est du ressort de l’exécutif , de même que la sécurité intérieure.

Le gouvernement est politiquement irresponsable.


Tous les éléments d’un pouvoir personnel sont en place. Bonaparte s’installera aux Palais des
Tuileries à la place du roi.
Il s’entourera d’un personnel pq dévoué puisé à la fois dans l’ancien Régime et dans la
Révolution. Les 2 exemples les + connus sont Talleyrand et Fouché.

Aucune procédure de révision n’est prévue. Le régime inventera ses propres instruments
juridiques pour évoluer conformément aux souhaits de Bonaparte.

2/L’a rmation d’un pouvoir personnel : le Consulat viager à l’Empire

Rapidement, le régime du Consulat va évoluer.


Le pouvoir de Bonaparte ira croissant au point de transformer le régime en une monarchie,
l’Empire, dans laquelle un empereur concentrera tous les pouvoirs.

Pour transformer le régime, Bonaparte utilisera un organe docile, le Sénat, en recourant à


des actes qu’on appelle des sénatus-consultes.

A/Le rôle des sénatus-consultes

Ce terme est lui aussi directement emprunté à la tradition de la République romaine. C'est
ainsi qu’on désigne à l’époque les décisions du Sénat.

Sous le Consulat, on appellera sénatus-consultes des décisions du Sénat prises sur l’initiative
du Premier Consul (puis de l’Empereur), sans le concours d’aucun autre organe.

Ce mécanisme n’est pas prévu par la constitution de l’an VIII.

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Le 1er sénatus-consulte date de 1801.

Pq avoir recours à ce mécanisme ?


D’abord pour modi er la constitution, ce que rien ne permettait a priori.
Ensuite, pour contourner les chambres législatives qui s’opposeront pourtant rarement à la
volonté de Bonaparte.

Le régime des sénatus-consultes est précisé en 1802.

A la lecture du texte il semble que les sénatus-consultes en particulier les sénatus-consultes


ordinaires aient un domaine très limité. Cette limitation ne sera pas respectée.
De nombreuses décisions seront prises soit par les sénatus-consultes soit par la voie
réglementaire.

Les sénatus-consultes seront l’instrument qui permettra l’évolution du régime.

B/La marche vers l’Empire

La constitution de l’an VIII ne sera pas abrogée. Elle sera modi ée progressivement par des
sénatus-consultes successifs.

1) Le Consulat viager

Bonaparte désigné pour 10 ans par la constitution de l’an VIII va devenir consul à vie.
En 1801-1802, le régime est très populaire : la France est en paix avec ses ennemis, les
troubles intérieurs sont provisoirement apaisés et les nances de l’Etat rétablies.

Après un complot militaire visant Bonaparte, le Tribunat propose de récompenser le 1er


Consul. Le Sénat, le 18 oréal an X (8 mai 1802) prolonge le mandat de Bonaparte de 10 ans.
Ce dernier est en réalité très fâché de ce qui s’apparente à une dé ance à son égard.

Il feint d’accepter à condition que le peuple con rme cette décision. La consultation portera
en réalité sur une autre question : Bonaparte sera-t-il Consul à vie ?

Le vote est organisé à registres ouverts. C'est un immense succès 3,5 millions de oui, à peine
8000 non.
Les résultats sont sans doute véridiques.
Ils montrent une adhésion massive du peuple au régime, Bonaparte apparait comme le
sauveur de la Révolution et le restaurateur de la paix.

Les résultats sont proclamés le 2 aout 1802, à compter de cette date on parle de Consulat
viager.

Les résultats lui seront favorables mais Bonaparte ne s’en contentera pas.
2 jours + tard, il fait voter par le Sénat un sénatus-consulte organique qui modi e la
constitution de l’an VIII et réorganise les pouvoirs publics sur de nombreux points. On parle
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par facilité de la constitution du 16 thermidor an X (4 aout 1802) mais ce n’est qu’une


modi cation de la constitution de l’an VIII.

Là encore, l’appel au peuple sert à légitimer des changements profonds sur lesquels les
électeurs ne se sont pas du tout prononcés. C'est la logique des systèmes plébiscitaires.

Sur quels points les institutions évoluent-elles ?

On y trouve une réforme du système électoral qui introduit une dimension censitaire.
Ce système ne sera utilisé que ponctuellement pour remplacer qq membres des chambres
mais il témoigne bien de l’évolution conservatrice du régime.

Un renforcement du rôle du Sénat, par la dé nition du mécanisme du sénatus-consulte.


L’emprise du 1er Consul sur le Sénat s’accroit puisqu’il obtient un droit de présentation des
nouveaux sénateurs.

Une diminution de l’in uence des chambres législatives. Elles peuvent être dissoutes par le
Sénat sur proposition du 1er Consul.

Par ailleurs, le Tribunat passe de 100 à 50 membres.


Le Tribunat est la seule chambre à s’être un peu opposé à Bonaparte. Pour la période
1799-1801 sur 94 projets de lois passés devant le Tribunat, 7 voeux défavorables ont été
formulés. C'est le cas notamment pour la pq religieuse ou pour le projet de code civil.

La constitution de l’an X est l’occasion de renvoyer les rebelles et de ne conserver que les
tribuns favorables au régime.
Bonaparte fera évoluer le régime rapidement.

2) L’Empire républicain

En 1804, le contexte a évolué. La guerre a repris contre l’Angleterre, il y a une opposition


intérieure en particulier royaliste. La menace se précise à l’occasion d’un complot royaliste
organisé notamment par le 2e frère de Louis XVI, le futur Charles X.

Pour éviter un retour de la Monarchie Absolue, on décide d’instaurer une monarchie.


Bonaparte a conservé un certain nombre d’acquis de la Révolution (en particulier l’égalité
civile et la vente des biens nationaux), renforcer son pouvoir parait la meilleure solution pour
les préserver.

La restauration d’une monarchie héréditaire va être di cile à accepter pour de nombreux


anciens révolutionnaires. L’évolution se fera donc d’une manière + douce que pour le
Consulat viager.

Le Tribunat émet un voeu favorable le 4 mai 1804, par 47 voix contre une seule. Le texte est
transmis au Sénat, qui vote un sénatus-consulte organique le 28 oréal an XII (18 mai 1804),
qu’on appelle la constitution de l’an XII.

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Celui-ci pose que le gouvernement de la République est con é à un Empereur : Napoléon


Bonaparte.

A compter de cette date, on parle de Napoléon 1er.


La constitution de l’an XII xe qq nouvelles règles sans changer fondamentalement le
régime. La succession héréditaire de l’Empire est réglée.

Pour le Sénat, on prévoit que les membres sont nommés à la discrétion de l’Empereur.

La constitution de l’an XII va faire revivre les institutions d’Ancien Régime : instauration de
grands o ciers, comme il y’en avait autour du roi, de grands dignitaires d’Empire.

On accorde un statut à la famille impériale, on rétablit la liste civile, une cour autour de
l’Empereur.

La constitution de l’an XII prévoit l’organisation d’une consultation populaire, uniquement


toutefois sur la question du caractère héréditaire de l’Empire.
Les résultats sont truqués, semble-t-il car le régime est déjà largement impopulaire donne 3,5
millions de oui, 2579 non.

Le pape, Pie VII, acceptera de venir sacrer le nouvel Empereur d’Europe. Il se rend à Paris,
le 2 décembre 1804 : à la cathédrale Notre-Dame, l’Empereur reçoit une onction, comme les
rois d’Ancien Régime, et se couronne lui même.

Toute une série de signes vont alors montrer qu’on s’éloigne de l’esprit de la Révolution.
Le calendrier révolutionnaire est supprimé le 31 décembre 1805.
On établit à compter de 1806, une noblesse d’Empire, héréditaire, avec droit d’aînesse
(priorité d’âge).

Napoléon va s’entourer d’anciens émigrés revenus en France.

Du pdv des pouvoirs, la constitution de l’an XII ne semble pas changer fondamentalement
les choses.
En réalité, l’Empire devient une sorte de monarchie de droit divin dans laquelle l’Empereur
concentre tous les pouvoirs. Il n’y a plus à proprement parler, de distinction entre pouvoir
exécutif et législatif. Par exemple : l’Empereur impose un catéchisme impérial destiné à
montrer les obligations des Chrétiens envers l’Empereur : le 15 aout devient la Saint-
Napoléon.

Dernière évolution remarquable des institutions : le Tribunat est purement et simplement


supprimé en 1807.

La n du régime sera marquée par une tendance toujours + autoritaire : surveillance de la


population, ouverture du courrier, détentions arbitraires et une limitation croissante de la
liberté d’expression et de la liberté de la presse.

Voyons à présent de quelle manière Bonaparte a réorganisé les institutions et la société


française.
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SECTION 2. Les réalisations du régime

Pour Bonaparte, la Révolution a supprimé toute l’organisation sociale de l’Ancien Régime,


sans parvenir à la remplacer.
Il se propose de poser les fondements d’une société nouvelle, de lier les individus au moyen
d’institutions juridiques.

1/Les grandes réformes napoléoniennes

A/ La réforme de l’Etat

Bonaparte va profondément transformer le fonctionnement de l’Etat. L’in uence des


réformes napoléoniennes s’étendra jusqu’au XXe s. Elles ont pour trait commun de vouloir
assurer l’ordre et l’obéissance au pouvoir.

- l’administration locale : la Révolution avait mis en place une administration élue et


décentralisée, Bonaparte va rétablir pour des questions d’e cacité du gouvernement, une
administration centralisée et bureaucratique.

Il n’y a plus d’administration locale. Tout est aux ordres de l’administration centrale par le
biais des préfets. Le Préfet prend ses ordres du ministre de l’intérieur. Il est également
chargé du contrôle de l’opinion publique.

- une administration particulière : la justice. Bonaparte veut à tout prix, mettre un terme à
l’indépendance de la justice. Dès l’an VIII, il n’y a presque plus de juges élus, ils sont
nommés par le gouvernement. Seuls demeurent les jurés d’assises.

Le gouvernement est maitre des carrières et des rémunérations.


Le ministère public est directement soumis à l’exécutif. Au sommet de l’édi ce judiciaire
trône le Tribunal de cassation (appelé « Cour » dès la constitution de l’an XII), dont tous les
membres sont nommés par l’Empereur.

- L’éducation : il s’agit de former des citoyens dociles. D’ou la création des lycées (1802) :
l’Etat a le monopole de l’enseignement secondaire.

D’ou également la création de l’université impériale (1806) qui n’accorde aucune autonomie
pédagogique aux universitaires : les cours sont visés par les recteurs (nommés par le
gouvernement) avant le début de l’année universitaire.

- La création d’un franc germinal (en germinal an IX). Le Franc vaut 5 grammes d’argent.
La parité métallique sera maintenue telle quelle jusqu’en 1928. Il permet une stabilité
monétaire, évite l’in ation.

- La création de la Légion d’honneur (1802). C'est au départ un corps d’action militaire, qui
deviendra une distinction honori que.

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B/ L’uni cation du droit privé

Avant la Révolution, le droit privé est éclaté entre di érentes sources et est di érent en
fonction des lieux et des personnes.
La loi des 16-24 aout 1790 annonce déjà le projet d’un code civil. 3 projets verront le jour sous
la Convention et le Directoire, mais ne seront pas adoptés.
Pour Bonaparte, l’enjeu est crucial. Il s’agit, par le droit privé, de donner un cadre à la société
pour rétablir l’ordre et assurer la stabilité de la société.

Sous le Consulat, une commission de 4 membres rédige un projet présenté en 1801. Elle est
formée de : Portalis, Tronchet, Bigot de Préameneu, Maleville. Il y aura une discussion
importante du projet devant le Conseil d’Etat, souvent présidé par Bonaparte lui-même.

Le Tribunat et le Corps législatif s’opposeront au projet, qu’ils jugent trop conservateur,


notamment pour le droit de la famille où toute la famille est fondée sur l’autorité du père et
du mari. C'est ce qui explique qu’il ne soit voté qu’entre 1803 et 1804 par les chambres et
promulgué le 21 mars 1804 (30 ventôse an XII).

C'est un compromis entre Ancien droit et Révolution. Par exemple, en droit de la famille on
maintient l’égalité (entre héritiers) en restaurant l’autorité (du père de famille).

Le code civil sera appliqué sur tous les territoires conquis par l’Empire parfois bien après sa
chute (en Allemagne, Italie, Belgique). Celui-ci ayant été imposé de force par les français.

Il y a eut d’autres codes.


En 1806, le code de procédure civile, en vigueur jusqu’en 1976.
En 1807, le code de commerce.
En 1808, le code d’instruction criminelle, en vigueur jusqu’en 1959.
En 1810, le code pénal, en vigueur jusqu’en 1994.

2/La politique religieuse

Bonaparte veut établir des rapports apaisés entre l’Eglise catholique et la France a n de
renforcer son régime :
- en faisant des catholiques des partisans et non des opposants, puisque l’Etat se sera
montré favorable au catholicisme.
- en enseignant l’obéissance : la foi permet de consolider le régime si l’on croit qu’il est le
fruit de la volonté divine.
- en contrôlant un domaine qui lui échappait depuis la Convention thermidorienne :
l’organisation des cultes.

A/ Le Concordat du 16 juillet 1801

Le Concordat est un accord entre l’Etat et la Papauté. Il est le fruit de longues négociations,
commencées dès 1800 et achevées le 16 juillet 1801 ( la rati cation intervient un peu + tard,
en aout et en septembre).
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L’Etat comme le Vatican y retrouvent des avantages. Pour Rome, il permet la n d’un
schisme et l’exercice d’une in uence sur le clergé français.

Le Concordat de 1801 est un texte bref de 17 articles.


Il résous d’abord les con its passés : le pape accepte la vente des biens du clergé. En
échange, l’Etat rémunère les prêtres catholiques comme au début de la Révolution.

Ensuite, le concordat organise l’avenir : le Pape reconnait la République (une autre forme de
gouvernement que la monarchie), les prêtres prêtent un serment de délité à la République
et on récite une prière pour la République à chaque occasion solennelle.

En échange, le catholicisme n’est certes pas reconnu comme la religion d’Etat, mais comme
celle de la + grande partie des français. Les consuls, qui dirigent l’Etat, font profession de foi
catholique.

Pour ce qui est de la nomination des prêtres, c'est un retour à la situation antérieure à la
Révolution. Le 1er Consul nomme les évêques, nomination qui doit être con rmée par le
pape, c'est ce qu’on appelle l’institution canonique.

La liberté de culte est garantie. Le culte est libre et public, s’il se conforme aux règlements
de police nécessaire pour la tranquillité publique.

Le Concordat sera appliqué en France jusqu’à la séparation des Eglises et de l’Etat, en 1905.
Il est encore en vigueur en Alsace-Moselle.

Le pouvoir bonapartiste allait rapidement trahir l’esprit du concordat.

B/ Les articles organiques

Ces articles organiques du culte catholique sont publiés le 8 avril 1802.


Il s’agit d’un texte que l’on va ajouter au concordat lors de son passage devant les assemblées
et qui complète ses dispositions dans un sens très favorable à l’Etat.

Pourquoi ? Avant tout parce que le personnel pq et militaire est majoritairement hostile au
renforcement d’un lien entre l’Eglise et l’Etat.

Ces articles organiques sont au nombre de 77 et vont permettre d’augmenter, à la grande


fureur du pape, la mainmise de l’Etat sur l’Eglise.
Ils interdisent par exemple toute communication directe entre le Clergé et Rome : aucun
acte de Rome ne peut être publié et entrer en vigueur sans l’autorisation de l’Etat.

Les préfets pourront régler tous les détails du culte.

A compter de ce moment là, les relations entre le Vatican et l’Empire ne cesseront de se


détériorer. En 1804, le pape se rend au sacre de Napoléon dans une volonté de
réconciliation.

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A partir de 1805, la France occupe les états ponti caux (états sous l’autorité du pape) ce qui
aboutira à l’arrestation et l’enfermement du pape de 1811 à la chute de l’Empire.

La pq napoléonienne sera un échec : elle renforcera la délité du clergé au pape et l’adhésion


des catholiques à la monarchie traditionnelle.

2 autres religions se voient également reconnaitre un statut o ciel.


Les articles organiques des cultes protestants sont adoptés le même jour que ceux du culte
catholique : c'est un système similaire qui est mis en place : par exemple, le choix des
ministres du culte doit être approuvé par l’Etat.

La religion juive est également organisée par 3 décrets du 17 mars 1808.


L’attitude de Napoléon à l’égard des Juifs est ambivalente.
Il souhaite leur assimilation complète tout en témoignant de préjugés importants.
Un des décrets de 1808 impose des discriminations par rapport aux autres citoyens (service
militaire, impôt spéci que pour les commerçants juifs, possibilités spéci ques de faire
annuler certaines dettes envers des juifs…).

La n du régime est la conséquence d’une longue suite de défaites militaires, depuis la


désastreuse campagne de Russie, à compter de la n 1812, jusqu’à l’entrée en France des
armées de la coalition, en janvier 1814.

Paris capitule le 30 mars 1814. Pour la population et pour l’Europe entière la chute de
Napoléon est un soulagement.

La période napoléonienne allait durablement marquer non seulement l’histoire de France,


mais aussi celle de l’Europe car les guerres napoléoniennes ont entrainé une recon guration
complète de l’Europe et des relations internationales.

Par quoi allait-on remplacer l’Empire ?

Les nations coalisées contre la France, la plupart des hommes pq français sans doute, une
majorité de la population sont favorables au rétablissement de la monarchie.

On va donc appeler sur le trône le frère le + âgé de Louis XVI, le comte de Provence, qui
régnera sous le nom de Louis XVIII.

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TITRE 3. Les monarchies limitées (1814-1848)

CHAPITRE 1 : La restauration (1814-1830)

SECTION 1. L’établissement du régime

Après le départ de Napoléon, le Sénat propose à Louis XVIII de monter sur le trône et
rédige un projet de constitution. Le Comte de Provence ignore le projet sénatorial car il
considère être roi depuis 1795.
Avant d’entrer dans Paris, il fait di user le 2 mai 1814, un texte connu comme la Déclaration
de Saint-Ouen.

Ce texte démontre que Louis XVIII a changé : il n’est plus question de rétablir tel quel
l’Ancien Régime, les ordres, les parlements…
Des acquis de la Révolution (système représentatif, libertés publiques) seront préservés et
les révolutionnaires responsables de la mort du roi ne seront pas poursuivis.

Après la signature du traité de Paris, le 30 mai 1814, qui permet à la France d’échapper à une
occupation militaire, Louis XVIII promulgue, le 4 juin 1814, un document de nature
constitutionnelle intitulée « charte ».

1/ La Charte du 4 juin 1814

A/ La nature du régime

Le régime de la Restauration présente un caractère mixte. On dit souvent qu’il forme un


compromis entre l’Ancien Régime et la Révolution.

Le terme de « charte » renvoie au Moyen Age, aux droits concédés par les rois ou les
seigneurs à leurs sujets.

La charte de 1814 place le règne de Louis XVIII dans la continuité de celui de ses
prédécesseurs, comme si la Révolution n’avait pas eu lieu :
- on rétablit la monarchie des Bourbons. Le roi semble retrouver sa souveraineté (même si
le mot est absent dans la charte) : la charte est octroyée à ses sujets. Elle ne fera pas l’objet
de rati cation populaire.

- Le texte présente, dans un très long préambule, comme un simple aménagement des lois
du royaume, dans lequel le catholicisme redevient la religion d’Etat (avec le maintien du
concordat).

La charte est d’ailleurs datée de la 19e année du règne de Louis XVIII pour faire comme si
rien ne s’était passé, qu’il était roi à partir de la mort de Louis XVI.

De plus, tout le vocabulaire de la Charte rappelle l’Ancien Régime.

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Toutefois, comme le prévoyait la déclaration de Saint-Ouen, des acquis de la Révolution


sont préservés a n de maintenir la paix sociale et de tenter de paci er le pays :

Les libertés individuelles issues de 1789 sont globalement conservées dans une partie de la
charte intitulée « Droit public des français ».

Il n’y aura pas de remise en cause des décisions révolutionnaires et pour partie, impériales a
posteriori : on ne remettra pas en cause la vente des biens du clergé et des nobles…

Louis XVIII fait donc le choix d’une amnistie générale même pour les conventionnels
régicides. La con scation des biens de l’Eglise et des nobles émigrés est maintenue.

La noblesse est rétablie dans ses honneurs, mais pas dans ses privilèges : il n’y aura pas de
remise en cause de l’égalité civile. La noblesse d’Empire n’est pas abolie.

En n, le roi maintient un système représentatif : des élections auront lieu a n de désigner


des représentants.

Le choix du su rage n’est pas surprenant : la charte met en place un su rage censitaire très
restreint.

En 1820, cela représente 100 000 électeurs pour une population globale de 30 millions
d’individus, dont 9 millions d’hommes adultes.

Les conditions pour être élu sont encore + strictes.


Il y aura environ 15 000 personnes en mesure d’être élues sous la Restauration.

L’idée est de con er une partie du pouvoir à ceux qui en sont les + capables en éloignant le
peuple, qu’on imagine violent et radical.

B/ L’organisation des pouvoirs

La charte de 1814 s’inspire fortement du modèle anglais, dans lequel un roi ou une reine
partage le pouvoir avec 2 chambres.

1) Le rôle prépondérant du roi

Le roi se réserve une place centrale au sein des institutions.


Il considère qu’il est titulaire de tous les pouvoirs et qu’il a accepté d’en partager une partie.
En principe, les pouvoirs sont concentrés entre les mains du roi. La charte prévoit,
cependant, des pouvoirs limités quoique importants.

Le roi détient seul la « puissance exécutive ». Il a un gouvernement qui exécute sa volonté.

Le roi se réserve ensuite le pouvoir judiciaire. Toutefois à la di érence de l’Ancien Régime,


le roi se contentera de nommer les juges sans intervenir dans le cours de la justice.
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En n, le roi joue un rôle important dans la procédure législative : il est le seul à avoir
l’initiative législative, et à pouvoir promulguer la loi.

Le terme de « sanction » laisse entendre qu’il disposerait d’un droit de veto, comme Louis
XVI en 1791.
Rien de tel ne sera jamais mis en oeuvre sous la Restauration.

La spéci cité du régime monarchique de 1814 est que le roi partage le pouvoir législatif avec
les 2 chambres.

2) Le choix du bicaméralisme

Le bicaméralisme de la charte n’est pas celui de l’an III.


Le modèle est anglais. Il s’agira de mettre en place 2 chambres au recrutement di érent mais
au rôle similaire dans la procédure législative.

- la chambre des députés :


La chambre des députés est celle qui est élue.
C'est la première fois que les règles encadrant le su rage sont renvoyées à une loi.
On connait simplement les conditions de cens, pour être électeur et élu.
La charte prévoit également un renouvellement par 1/5 tous les ans.

La chambre des députés n’a pas l’initiative législative mais dispose d’un droit d’amendement,
très encadré : possibilité de modi er le texte qui leur est soumis. Il n’y a pas d’amendement si
le roi ne le veut pas.

Le roi maitrise la convocation des chambres et peut dissoudre la chambre des députés. Il
sera fait un usage important de ce droit. Le roi prime et non la chambre élue.

- La chambre des pairs


Le modèle est celui de la House of Lords anglaise. Il y a des pairs de droit et des pairs
nommés. C'est une chambre non élue, une chambre de noblesse. Les grandes familles
aristocratiques y sont membres de droit.

Pour ce qui est de leur compétence, les 2 chambres votent la loi, quel que soit l’ordre de leur
vote. En matière scale, cependant, la chambre des députés doit toujours voter en premier.

On constate que la charte donne peu de détails sur le fonctionnement des institutions, qui
sera en grande partie déterminé par la pratique. Toutefois, le régime connaitra des débuts
tourmentés.

2/ La parenthèse des Cents-Jours

Les premiers mois de la Restauration se passent très mal, il y a un retour massif des nobles
en France, ainsi on retrouve beaucoup de tensions sociales, les gens ont une volonté de
vengeance : ils veulent récupérer leurs avantages.
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Le régime est au départ très impopulaire, et apparait comme un recours contre l’Ancien
Régime.
Le 20 mars, Napoléon arrive aux Tuileries et chasse le roi. Ainsi il reprend le pouvoir : c'est
la parenthèse des Cents-Jours.
Napoléon fera rati er par le peuple une nouvelle constitution qui se rapproche beaucoup de
la charte de 1814.

Le 18 avril 1815, se produit la bataille de Waterloo qui induit la défaite de l’armée française.
Ainsi Napoléon est envoyé en exil dans l’ile de Saint-Hélène.
Les alliés imposeront de lourdes indemnités à la France, et c'est à ce moment là que Nice et
la Savoie sont enlevés au territoire français.

A la n des cents-jours, Louis XVIII revient et le régime reprend son cours.

SECTION 2. L’évolution du régime

C'est un régime peu populaire, qui se traduit par un assez fort conservatisme social.
A partir de 1815 et jusqu’à la n de la Monarchie de Juillet, la France sera en paix avec ses
voisins.

1/ L’évolution pq du régime

A/ Le libéralisme modéré sous Louis XVIII

Les premières élections du régime envoient des ultra-royalistes au pouvoir et donc cette
chambre des députés, la « chambre introuvable », connait une phase pas du tout libérale et
tout a fait autoritaire. C'est une phase réactionnaire.

Cette tension très forte entre le roi et la chambre va se résoudre par une dissolution de cette
chambre en 1816. A partir de cela et jusqu’en 1820, il y a une phase libérale correspondant
mieux à la volonté du roi.

L’esprit du gouvernement va totalement changer après 1820, car le petit frère de Louis
XVIII, le futur Charles X, prend beaucoup d’importance et exerce une in uence sur la pq du
royaume après l’assassinat de son 2e ls. Cet assassinat a radicalisé les royalistes.

A partir de 1820, le régime sera gouverné par les ultra-royalistes qui vont trahir l’esprit de la
charte en imposant un pouvoir autoritaire.

B/ La trahison de la charte sous Charles X

En 1824, Louis XVIII décède et donc Charles X lui succède entre 1824 et 1830 : le régime ne
change pas, on continue d’appliquer la charte.

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1 ) La restriction du su rage

En 1820, une loi électorale va modi er le système de vote et mettre en place un système de
double collège contraire à la charte.
Càd qu’il y a 2 groupes d’électeurs, la loi décide qu’au niveau du département le quart des
électeurs les + riches élit 160 députés. Les riches votent 2 fois et son donc + représentés que
les autres.

Cela a été mis en place car les + riches sont encore + conservateurs, on aura ainsi un pouvoir
très conservateur. C'est une chambre ultra-conservatrice qui est élue en 1824.

On décide de supprimer le renouvellement partiel des députés, on les élit en bloc pour 7 ans,
ce qui est contraire aux dispositions de la charte, que la loi ne peut, en principe, pas modi er.

Charles X est bien + attaché à l’Ancien Régime que son frère.

2 ) Les mesures réactionnaires

Le régime opère un recul des libertés et notamment celle de la presse. La presse est ce qui
permet à l’époque de di user des opinions critiques du régime.
On rétablit la censure préalable : tous les journaux sont lus par les autorités avant d’avoir le
droit de paraitre.

La défense du catholicisme : une loi de 1825 condamne les profanateurs d’hostie.

En 1825, Charles X se fait sacrer comme à l’ancienne.


Il a tenté de mettre n à l’égalité successorale.

Ce régime accueilli très favorablement en 1815, est perçu de façon très négative à la n de
1830.

2/Les prémisses du parlementarisme

A/Les mécanismes du parlementarisme

1) Le contrôle des ministres par la chambre

Le parlementarisme est un régime dans lequel le législatif et l’exécutif ont des moyens
d’action réciproque extrêmement fort. Ce qui fait que l’exécutif est toujours du même bord
pq que la chambre.

A l’époque aucun régime parlementaire n’existe, pas même en Angleterre.


Une évolution progressive vers le parlementarisme aura lieu d’abord de la Restauration puis
de la Monarchie de Juillet.

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Néanmoins au XIXe s, il n’y aura jamais de régime parlementaire mais seulement une
tendance des chambres à vouloir contrôler l’action gouvernementale.
C'est notamment l’absence de partis pq qui empêche le parlementarisme : il est di cile
d’identi er une majorité.

La chambre des députés va contrôler l’exécutif, l’activité des ministres, sachant que la charte
ne prévoit rien. Elle va mettre en place le droit d’adresse : formule des critiques des ministres
et des actions gouvernementales.

- droit de pétition : les citoyens peuvent faire des pétitions et les envoyer aux chambre pour
rendre publique les critiques du gouvernement.

- Le vote du budget : les députés pro teront du budget pour critiquer l’action des
ministres.

2 ) Le droit de dissolution

Le droit de dissolution est utilisé dans un régime parlementaire, pour trancher un con it
entre l’exécutif et le législatif. Entre 1816 et 1830, il sera utilisé 6 fois.
C'est ainsi que nait cette idée d’un contrôle de l’exécutif par la chambre et c'est précisément
parce que Charles X refuse de se plier à la Chambre que le régime s’e ondrera.

B/ La Révolution de 1830

Les règles électorales permettent à Charles X, surtout à partir de 1824, de disposer d'une
majorité de députés en accord avec lui. Ce n'est plus le cas en 1829 et 1830.

1) Les ordonnances de 1830

En 1829, Charles X nomme un ultra la t te du gouvernement alors que la chambre est plus
mod r e ; un con it clate logiquement, en 1830, au moment de l’adresse (en r ponse au
discours du Tr ne) : l’opposition au gouvernement demande une vraie responsabilit
politique des ministres, le droit de renverser le gouvernement.

Charles X, et dans le respect des r gles du parlementarisme naissant, dissout alors la


chambre.
Les lections, qui ont lieu en juillet 1830, lui donnent tort, et envoient la chambre une
majorit hostile au gouvernement ultra.
Le roi ne respectera pas le r sultat des urnes : le 25 juillet 1830, il prend 4 ordonnances sur le
fondement de l’art. 14 de la charte. C’est l’article qui d limite le pouvoir ex cutif du roi et
dispose que le roi peut prendre des « r glements et ordonnances n cessaires pour l’ex cution
des lois et la s ret de l’ tat ».

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Que pr voient les quatre ordonnances du 25 juillet 1830 ?

- La premi re concerne la presse : on remet en vigueur la loi restrictive de 1814, avec


autorisation pr alable syst matique.

- La deuxi me ordonnance dissout la chambre des d put s avant m me sa premi re


r union.

Il faut donc organiser une nouvelle lection. Pour tre s r de gagner, Charles X va changer
les r gles lectorales :

- La troisi me ordonnance durcit encore le syst me du double coll ge de 1820 et 1824. Le


coll ge lectoral d’arrondissement n’a plus qu’un droit de pr sentation de candidats au
coll ge lectoral, compos du quart des lecteurs les plus riches. Seuls ceux-ci lisent les
d put s. Le quart des lecteurs les plus riches exerce donc seul le droit de vote.

- La quatri me ordonnance organise simplement des lections, pr vues pour septembre


1830.

Les ordonnances sont contraires l’esprit de la charte et la pratique qui du pouvoir depuis
1814 : le roi n’est pas cens dissoudre la chambre parce que la majorit ne lui convient pas,
surtout apr s avoir t d savou par les lecteurs. Rien ne s’oppose cependant,
juridiquement, la dissolution de la chambre.

En revanche, d’apr s la charte, les r gles lectorales rel vent normalement de la loi, pas du
roi. Politiquement, les ordonnances de Charles X sont extr mement maladroites.

2) Les Trois Glorieuses

Les journ es de juillet 1830 s’expliquent avant tout par le climat social et politique, mais les
quatre ordonnances vont tre l’ l ment d clencheur de la r volution. Elles sont attisées, dans
un premier temps, par des meneurs r publicains.

Les meutes commencent le 27 juillet et durent jusqu’au 29, trois jours qui sont rest s dans
l’histoire sous le nom des « Trois Glorieuses ».

Le 27 au soir, Paris est couvert de barricades, le lendemain, les troupes royales sont battues
par 50 000 hommes, surtout des ouvriers, des artisans, des tudiants. En tout il y aura quand
m me 1000 morts ; le 29, l’ meute est ma tresse de Paris.

Qu’allait-on faire ? La R publique ? Les lites politiques parisiennes ne le veulent surtout


pas, puisque ce serait encore, pense-t-on, un facteur de bouleversement social, d’instabilit ,
alors que la population aspire la tranquillit .

Ce sont les d put s qui vont, avec quelques anciens, Lafayette, Talleyrand, ou encore le
jeune Adolphe Thiers, pousser au pouvoir le duc d’Orl ans. Il s’agit de maintenir une

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monarchie, d’emp cher une r volution populaire qui bouleverserait l’ordre social et de
revenir un gouvernement plus lib ral.

Qui est le duc d’Orl ans ? Sa famille est issue de la descendance d’un fr re de Louis XIV,
c’est une branche cadette de la famille royale qui d’apr s les r gles de succession n’aurait
jamais t appel e r gner.
Le p re du duc d’Orl ans est le c l bre Philippe- galit , d put la Convention qui a vot
la mort de son cousin, Louis XVI. Lui-m me, Louis- Philippe, a combattu dans les arm es
r volutionnaires, notamment Valmy, avant de partir au moment du Gouvernement
r volutionnaire.

On va appeler sur le tr ne un roi qu’on pense mod r et lib ral. Louis-Philippe, bien que
duc, vit Paris en bourgeois, n’est pour rien dans la chute de Charles X, et ne pensait pas
r gner un jour.
Charles X nit par abdiquer le 2 ao t, part en Angleterre, et le 3 ao t, les d put s et pairs
pr sents d clarent le tr ne vacant, avant d’appeler, le 7 ao t, Louis-Philippe sur le tr ne de
France.

CHAPITRE 2 : La Monarchie de Juillet

SECTION 1. Les fondements nouveaux du r gime

Pour changer le r gime, on ne va pas adopter de nouvelle constitution ; on pr f re la charte


de 1814, dont la nouvelle version est adopt e par la Chambre des d put s et con rm e par la
Chambre des pairs le 14 ao t 1830.

On transforme la nature du r gime sans modi er profond ment les institutions. Certaines
nouveaut s montrent d’embl e certaines concessions aux r volutionnaires de 1830 :
Art. 6 : le catholicisme n’est plus religion d’ tat ;
Art 67 : on remet en avant la cocarde tricolore et non plus de la cocarde blanche ;
Art. 7 : interdiction d nitive de la censure en mati re de presse.

1/L’ volution du statut du roi

A/La double l gitimit du roi

En 1830, Louis-Philippe est, selon la charte r vis e, roi des Fran ais.
En 1814, la charte tait octroy e par un roi souverain, qui limitait volontairement sa
souverainet . En 1830, ce n’est plus le cas, la charte est un pacte entre le roi et la nation, on
parle de monarchie contractuelle.

On a supprim compl tement le long pr ambule de la charte de 1814, qui rappelait toute
l’histoire des rois de France et on restaure, en principe, la souverainet nationale. L’esprit de
la charte de 1830 est donc tr s di rent de celui de 1814.

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D’o le roi tire-t-il sa l gitimit ? La charte ne tranche pas. Il y aurait la fois une l gitimit
dynastique et une l gitim populaire, comme en t moigne le serment pr t par Louis-
Philippe.

Or cette double l gitimit est douteuse :


D’abord la l gitimit tir e de la Nation : en r alit , on a con squ la R volution de 1830, qui
tait conduite par des r publicains.

Qui a appel Louis-Philippe sur le tr ne ? Au d part 60 d put s, nalement la moiti d’une


chambre qui avait t dissoute par Charles X, sans rati cation populaire.
Ensuite, la l gitimit dynastique. Louis-Philippe est issu d’une branche de la famille qui tait
cens e ne jamais r gner.
D’o une contestation, d’abord par les royalistes, partisans des droits des descendants de
Charles X, qu’on appellera les l gitimistes. Ensuite des r publicains, oppos s la
monarchie.

B/La limitation des pouvoirs du roi

La charte de 1830 restreint les pouvoirs du roi.


L’art. 14, l’origine directe de la R volution de 1830, est supprim .
L’art. 13 maintient un pouvoir r glementaire, mais uniquement pour interpr ter la loi.

Le roi conserve le droit de sanction, la promulgation des lois.


Le roi conserve galement l’initiative des lois mais cette initiative est d sormais partag e
avec les chambres (art. 15).
En n, le droit d’amendement des chambres, comme cela avait t la pratique jusqu’en 1830,
est libre.

2/L’ volution du statut des chambres

A/Les r gles lectorales

Cela concerne la Chambre des d put s, seule tre lue.


Le recrutement de la Chambre des d put s est largi : on pr voit un renouvellement
int gral, tous les 5 ans ; les limites d’ ges sont abaiss es : 25 ans pour tre lecteur, 30 pour
tre ligible.

La charte ne dit rien du maintien ou non du su rage censitaire.


C’est une loi du 19 avril 1831 qui r glera les d tails du nouveau syst me lectoral.
Il n’y a plus de double coll ge.

Le cens est maintenu et seulement abaiss , de 300 200 F d’imp ts annuels pour tre
lecteurs, de 1000 500 F pour tre ligibles.
Cela reste un su rage tr s restreint, on passe de 90 000 plus de 160 000 lecteurs en 1814,
pr s de 240 000 la n du r gime.

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B/Le statut des Pairs

Dans la charte, on impose que les d bats soient publics.

Une loi de 1831 r forme la Chambre des Pairs :


- L’h r dit est supprim e, les pairs sont nomm s titre viager ;
- On largit les cat gories de recrutement, tout en interdisant celui des aristocrates qui
n’ont pas d’autre m rite faire valoir. Ce seront surtout des fonctionnaires qui seront
nomm s par le roi sous la Monarchie de Juillet. La chambre elle-m me verra son r le
d cliner. Victor Hugo y si gera.

SECTION 2. L’ volution politique du r gime

Pas plus qu’en 1814, la charte r vis e en 1830 ne met en place de m canisme parlementariste.
L’ volution de la pratique des institutions ira toutefois dans ce sens.

1/L’a ermissement de pratiques parlementaristes

Tout d’abord, on va continuer utiliser les m canismes du r gime pr c dent dans un sens
parlementariste : droit de dissolution (employ 6 fois par Louis-Philippe, aucune l gislature
n’est all e son terme), adresse, budget.

Ensuite, on va mettre en place de nouveaux m canismes :


1°. La question de con ance : le gouvernement peut d cider de lui- m me de demander la
chambre de lui accorder sa con ance lors d’un vote.

2°. L’interpellation, c’est- -dire le droit pour la chambre de poser directement des questions
un ministre. Cette interpellation peut, compter de 1831, tre accompagn e d’un bl me.
C’est un nouveau m canisme de contr le direct.

Cette volution conna t elle trois limites :


1°. Il n’y a pas de responsabilit politique des ministres, c’est- -dire de possibilit pour la
chambre de les renverser.
2°. Le roi joue encore un r le pr pond rant dans la conduite du pays.
2°. Il n’y a pas de partis politiques organis s. Il est donc toujours impossible d’identi er
clairement les majorit s dans les chambres.

2/Le conservatisme social et politique

1°. La politique men e sera conservatrice d’un point de vue social.

La France est alors transform e par la r volution industrielle : c’est l’apparition de la classe
ouvri re, dont les conditions de vie et de travail, la mine ou l’usine sont d plorables, sans
protection sociale ou m dicale.
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Cela entra nera les premi res r voltes ouvri res, dont l’exemple le plus c l bre est celui des
Canuts, les ouvriers de la soie Lyon en 1831 et 1834, qui se rendent par deux fois ma tres de
la ville. La r pression men e par l’arm e sera extr mement violente.

cette poque na t la pens e socialiste, dont le trait commun est de condamner la soci t
bourgeoise et capitaliste fond e sur l’accumulation des richesses entre les mains d’un petit
nombre et de promouvoir l’ mancipation du prol tariat.

Le socialisme n’est ni n cessairement collectiviste, ni syst matiquement r volutionnaire.


On peut citer, parmi les grands auteurs du d but du XIXe si cle, Charles Fourier ou Pierre-
Joseph Proudhon.
Au nom des principes issus de la R volution fran aise, selon lesquels l’ tat ne doit pas
intervenir dans les relations, suppos es galitaires, entre patrons et salari s tout en assurant
l’ordre dans la soci t , le gouvernement prend syst matique le parti du patronat et r prime
violemment l’agitation ouvri re.

Depuis 1791, la loi interdit en outre tout regroupement professionnel, et donc toute
organisation syndicale, ce qui contribue emp cher l’expression de revendications
collectives des ouvriers. Les gouvernements successifs veilleront l’application de cette
r gle.

2°. Le r gime fait aussi preuve d’un grand conservatisme politique, alors que l’agitation
r publicaine ne cesse pas tout au long du r gime.

C’est ce qui entra ne une d rive autoritaire du r gime, avec de nouvelles restrictions de la
libert de la presse. Les principaux dirigeants r publicains, l’image de Blanqui, sont
oblig s de fuir.

La chute du r gime est li e son absence de base sociale.


Pourtant, le r gime semble solide. Entre 1840 et 1848, les gouvernements sont
remarquablement stables, comme en t moigne la pr sence continue de Fran ois Guizot, qui
tient lieu de principal ministre pendant pr s de 8 ans.

La Monarchie de Juillet tombera n anmoins l’issue d’une nouvelle r volution.


D s 1847, les opposants au r gime mettent au point une tactique pour contourner
l’interdiction des r unions publiques : ils organisent des banquets payants o l’on prononce
des discours demandant, par exemple, l’abaissement du cens lectoral 100 F ; en 1847, les
banquets r unissent plus de 17000 personnes, ce qui reste assez limit .

Les banquets continuent l’hiver 1848. Le 22 f vrier 1848 est pr vu un nouveau banquet,
cens tre pr c d d’un cort ge populaire. En d pit de l’interdiction par le gouvernement, il
a lieu quand m me, presque sous les fen tres du roi, on chante la Marseillaise, « bas Guizot
! ». Le 23, le roi, devant l’agitation populaire, renvoie Guizot et le mouvement semble se
calmer.

Tout bascule le soir, quand la foule va Boulevard des Capucines, l o Guizot r side, pour le
huer. Il y a des troupes pour le prot ger ; des changes de tirs font 16 morts.

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Les meneurs r publicains prom nent les corps dans tout Paris, et, le lendemain matin, Paris
est recouvert de barricades.

Le r gime s’e ondre sans violence, abandonn de toutes parts.


Le roi abdique, les meutiers envahissent le Palais des Tuileries et la famille royale s’enfuit.
Lamartine entra ne alors la foule l’H tel de Ville pour proclamer la R publique.

Titre 4. La Deuxi me R publique et le Second Empire

CHAPITRE 1 : La Deuxi me R publique

SECTION 1. La gen se troubl e du r gime

La r volution de 1848 est la derni re r volution populaire en France qui r ussit renverser
un r gime.
Comme chaque fois depuis 1789, c’est une r volution conduite au d part par une minorit ,
Paris. Or, la majorit du pays n’est pas r publicaine, elle est plut t hostiles tout
bouleversement social.

En 1848, les r volutionnaires ont accompagn leurs revendications politiques, la r publique,


de revendications sociales. La r publique allait-elle s’accompagner du socialisme ?

1/L’ tablissement de la R publique

En attendant une nouvelle constitution, le pouvoir va tre exerc par deux organes
successivement, d’abord :

A/Le gouvernement provisoire

Le gouvernement est proclam l’H tel de Ville le 24 f vrier 1848.


Les socialistes n’y sont pas majoritaires : il n’y a que deux socialistes, Louis Blanc et Albert.
En grande majorit , le gouvernement est compos de r publicains mod r s, hostiles aux
bouleversements sociaux et surtout soucieux d’ viter les exc s qui avaient accompagn la
formation de la premi re r publique.

1) Les mesures du gouvernement provisoire

Le gouvernement va conserver le pouvoir jusqu’au 4 mai 1848, jour auquel une nouvelle
assembl e constituante se r unit.
En attendant, le gouvernement provisoire va consid rer qu’il dispose du pouvoir l gislatif et
que, en attendant la r daction d’une nouvelle constitution, il est en droit de mettre en place
toute une s rie de r formes politiques et sociales.

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D s le 24 f vrier, on proclame :
La r publique, mais c’est une proclamation conditionnelle, «sauf rati cation du peuple qui
sera imm diatement consult ». La R volution de 1848 entend tre con rm e par un vote
populaire.

Le 24 f vrier, le gouvernement provisoire proclame aussi la « libert , l’ galit , la fraternit »,


c’est la premi re fois qu’appara t le triptyque r publicain.

Au nom de la libert :
- le gouvernement provisoire supprime, le 6 mars, les lois de 1835 sur la presse ;
- on r tablit la libert de r union des groupes politiques, qui tait entrav e sous la
Monarchie de Juillet (c’est pour cela qu’il y avait eu la campagne des banquets), le 19 avril :
« La R publique vit de libert et de discussion » ;

- le 27 avril, c’est l’abolition d nitive de l’esclavage dans les colonies;


- le 26 f vrier 1848, c’est l’abolition de la peine de mort en mati re politique (c’est une
mani re de rassurer et d’indiquer que la r publique de 1848 ne sera pas celle de l’an I).

Au nom de l’ galit , le gouvernement provisoire supprime les titres de noblesse, et tout ce


qui demeurait des distinctions sociales issues de la Monarchie ou de l’Empire.

Les mesures prises au nom de la fraternit qui sont les plus originales. Elles sont inspir es
par l’id e d’une intervention forte de l’ tat dans le domaine conomique : d s le 25 f vrier, le
gouvernement provisoire proclame le droit au travail ; le 26 f vrier, c’est la cr ation des
Ateliers nationaux, inspir s par Louis Blanc : l’ tat fournit du travail aux ch meurs pour des
travaux d’int r t g n ral, pay s au minimum vital.
Les Ateliers nationaux seront pourtant un chec cuisant, parce qu’il n’y aura aucune volont
politique de les faire r ussir.

2) L’instauration du su rage universel

L’instauration du su rage universel tait la revendication principale de la campagne des


banquets en 1847 et 1848.
Pour les r publicains, il s’agissait de mettre un terme un r gime o la minorit des plus
riches d tenait seule le pouvoir.
D s le 2 mars 1848, le su rage universel est proclam par le gouvernement provisoire. Les
modalit s de vote sont pr cis es par un d cret du 5, compl t le 8 mars 1848.

En 1848, le peuple va lire directement ses repr sentants. Pour voter, il su t d’avoir 21 ans,
25 pour tre lu. La condition de r sidence est souple, six mois de r sidence au m me
endroit, ce qui aboutira former un corps lectoral de 9 millions d’individus.
l’ poque, c’est le plus grand corps lectoral du monde.

Les modalit s de vote voluent galement. D’abord, la di rence de 1792 et du r gime


napol onien, le vote est secret.

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Ensuite, le su rage est direct, c’est- -dire qu’on va compter, au niveau du d partement, le
nombre de voix individuelles ; il n’y a plus de coll ges lectoraux, comme sous l’Empire et les
monarchies censitaires.
L’ lection est un seul tour, au chef-lieu de d partement. Notez en n qu’on r tablit des
indemnit s journali res, quotidiennes pour les repr sentants.

Il s’agit d’ lire une assembl e constituante, charg e de r diger une nouvelle constitution
r publicaine.
Toutefois, en 1848, la France n’est pas r publicaine. Les r publicains mod r s le savent,
mais pr f rent donner la parole au peuple au risque de la R publique.
Les r publicains radicaux veulent pr server la R publique et donc ne pas voter tant que le
peuple n’avait pas t duqu et sensibilis aux vertus r publicaines.

Les radicaux vont donc organiser une grande manifestation le 17 mars pour demander le
report du scrutin, pr vu le 9 avril 1848, mais n’obtiennent qu’un report de 15 jours, au 23 avril.

Il y aura une nouvelle manifestation le 16 avril, dispers e par la force.


C’est donc un premier divorce entre le peuple parisien, radical, et le gouvernement
provisoire. Tout cela annonce que la suite ne se fera pas sur les bases de la R volution de
f vrier.
Quoi qu’il en soit, le vote a lieu, le 23 avril, et conduit l’ lection d’une Assembl e nationale
constituante.

B/L’assembl e nationale constituante

1) L’ lection de la constituante

L’ lection de la Constituante est un succ s, pr s de 8 millions d’ lecteurs sur 9 vont voter


(84% de participation), aucun scrutin depuis 1789 n’a donn lieu une telle participation.

Le r sultat est bien celui que craignait les radicaux : le peuple paysan a vot contre Paris,
contre le socialisme, contre les exc s.
Sur 900 d put s, une poign e de socialistes sont lus (Louis Blanc ou Proudhon) ; une
centaine de R publicains radicaux ; l’oppos , entre 200 et 300 monarchistes, cach s (parce
qu’on ne peut pas dire qu’on est royaliste en 1848), comme Tocqueville, eux-m mes divis s
entre l gitimistes et orl anistes.
En n, au centre, 500 r publicains mod r s (tels Lamartine ou Victor Hugo).

Le scrutin est une condamnation de la r volution de f vrier, de la radicalit r publicaine : sur


900 d put s, il y a seulement 26 ouvriers, c’est une chambre majoritairement bourgeoise.

La r publique de mai 1848 sera donc bien di rente de celle que l’ meute avait esp r e en
f vrier, elle sera conservatrice.
La Constituante se r unit pour la premi re fois le 4 mai 1848.

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2) Une r publique conservatrice

Le gouvernement provisoire d missionne le 4 mai, jour de la premi re r union de la


Constituante, c’est donc elle qui va d tenir le pouvoir en attendant la mise en œuvre de la
nouvelle constitution. Ce sont de nouvelles meutes qui vont conduire le r gime devenir de
plus en plus conservateur.

D’abord le 15 mai 1848 : les r publicains radicaux tente de renverser le r gime, en pro tant
d’une manifestation qui avait, en apparence, un tout autre objet ; le Palais Bourbon, o si ge
la Constituante, est envahi, les leaders socialistes d clarent l’Assembl e dissoute, et se
rendent l’H tel de Ville pour proclamer un nouveau gouvernement provisoire.
L’ meute est r prim e tr s durement par la Garde nationale : Louis Blanc s’enfuit, Blanqui,
Albert, mais aussi Barb s et Raspail sont emprisonn s.

La fermeture des ateliers nationaux, le 21 juin 1848, va lancer le signal d’une nouvelle meute.
Les socialistes et les ouvriers ont la m me impression que les r publicains en 1830, celle
qu’on leur a vol leur r volution.

Le 22 juin, l’est de Paris se couvre de barricades. Du 23 au 26 juin, un g n ral, auquel la


Constituante a con les plein pouvoirs, Cavaignac, regagne les rues de Paris une par une.
La r pression fera entre 3000 et 6000 morts.

Les journ es de juin marquent la rupture d nitive entre socialistes et radicaux d’un c t ,
r publicains mod r s et conservateurs de l’autre. Le chemin vers un retour l’ordre est
ouvert.

Apr s juin, on assiste un durcissement du r gime, notamment une restriction des


libert s, libert de la presse, libert de r union.
Les monarchistes, orl anistes et l gitimistes, vont s’unir avec les r publicains conservateurs
contre la r volte sociale, c’est ce qu’on appelle le « parti de l’ordre », m me s’il ne s’agit pas du
tout d’un parti politique au sens contemporain.

En octobre 1848, on retrouvera deux anciens ministres de Louis-Philippe au gouvernement.


La Constituante, l’issue de riches d bats, parvient r diger une nouvelle constitution.

2/La constitution du 4 novembre 1848

La constitution n’est pas soumise rati cation populaire, car les r publicains craignaient
qu’elle soit rejet e. Elle est form e de 116 articles et est adopt e une crasante majorit (30
voix contre).

A/Le pr ambule de la Constitution

Il n’y a pas de d claration de droits au d but de la constitution mais un pr ambule. Il se situe


dans la tradition de la d claration de 1789, voire de 1795, et traduit un recul net par rapport
aux revendications de f vrier 1848.

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On y trouve d’abord une proclamation de la R publique, «forme d nitive du gouvernement


», (alors que le r gime ne durera que trois ans...) imm diatement associ e un refus de toute
r volution violente : la R publique se propose de « faire parvenir tous les citoyens, sans
nouvelle commotion », c’est- -dire sans violence, « un degr toujours plus lev de moralit ,
de lumi res et de bien- tre.

Le projet de soci t est assez conservateur.


Certes, l’art. 2 annonce que la R publique a pour principe libert , galit , fraternit , mais
tout de suite apr s qu’elle repose sur la famille, le travail, l’ordre public, la propri t . On est
loin du socialisme...
Le pr ambule voque ensuite l’existence de devoirs pour les citoyens et pour l’ tat. Les
citoyens doivent respecter la loi, la famille, la propri t , travailler, payer des imp ts, et
s’entraider fraternellement ; l’ tat, lui, s’engage prot ger et respecter les citoyens, leurs
propri t s, leur famille, leur religion ; la R publique s’engage aussi aider les n cessiteux en
leur procurant du travail mais uniquement dans les limites de ses ressources : on est loin du
droit au travail de f vrier 1848.

B/Les pouvoirs dans la Constitution

En 1848, on a voulu tablir des pouvoirs forts et s par , avec une pr minence du l gislatif.

Le mod le est exactement inverse la Monarchie de Juillet, qui mettait en place une
pr minence de l’ex cutif et une collaboration entre les pouvoirs. Les pr misses du
parlementarisme vont tre remis en cause.

1) L’organisation des pouvoirs

1°. Le pouvoir l gislatif : la Constituante va faire le choix d’une chambre unique, pour la
premi re fois depuis la Convention.
Il s’agit, comme en 1791, de mettre en place un pouvoir l gislatif fort et uni. Ce point n’est
presque pas discut lors de la r daction de la constitution. L’assembl e l gislative aura 750
d put s, lus pour 3 ans par renouvellement int gral (art. 31).

L’assembl e est lue au su rage universel, selon le syst me de mars 1848. Pour viter toute
forme de corruption, on interdit le cumul des fonctions publiques r mun r es et de celles de
d put . On pr voit galement le versement d’indemnit s aux parlementaires.
Du point de vue de ses pouvoirs, l’assembl e dispose de l’initiative des lois.

2°. Le pouvoir ex cutif est con un Pr sident de la R publique (art.43).


Jusque-l , dans les constitutions r publicaines, l’ex cutif avait toujours t coll gial pour
viter l’exercice d’un pouvoir personnel. En outre, le pr sident sera lu au su rage universel,
comme l’assembl e (art. 45).

L’id e tait de renforcer le pouvoir ex cutif, en lui donnant une l gitimit forte et en le
rendant ind pendant du l gislatif.

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Les attributions du pouvoir ex cutif semble assez classiques : il nomme et r voque les
ministres, promulgue les lois, dispose de la force arm e, n gocie les trait s.

Le risque de con it entre ex cutif et l gislatif, voire de d rive vers un pouvoir personnel
semble grand. C’est ce que d nonce pr cis ment Jules Gr vy dans un discours fameux.

La constitution prend donc une s rie de pr caution pour viter que le pr sident de la
R publique ne puisse prendre l’ascendant sur l’assembl e. C’est le cas, notamment, pour ce
qui est du statut du pr sident : son mandat est de 4 ans, pour que les lections l gislatives et
pr sidentielles ne co ncident pas ; il n’est pas r ligible (art. 45).
La constitution va bien plus loin, puisqu’elle organise une pr minence du l gislatif.

2) La pr minence du pouvoir l gislatif

1°. Le l gislatif contr le le Pr sident de la R publique, en empi tant sur les pr rogatives
traditionnelles de l’ex cutif : le nombre et les attributions des ministres sont x s par
l’assembl e (art. 66) ; le pr sident n gocie les trait s, mais il faut l’accord de l’assembl e pour
les rendre ex cutoires (art. 53), il en va de m me pour la d claration de guerre (art. 54).

La promulgation des lois doit tre automatique, sans que le pr sident puisse s’y opposer.
Le pr sident peut demander une nouvelle d lib ration de la loi mais ne peut refuser de la
promulguer sinon, dans un d lai d’un mois apr s le vote, c’est le Pr sident de l’Assembl e qui
la promulgue (art. 57 59).
En outre, il y a un contr le de la personne m me du pr sident par l’assembl e : le pr sident
doit r sider l o se trouve l’assembl e et ne peut quitter le territoire sans son autorisation
(art. 63).

2°. Ensuite, il y a une s paration organique tr s stricte des pouvoirs, qui montre qu’on rompt
avec la tradition parlementariste des monarchies limit es.

L’assembl e ne peut renverser ni le pr sident, lu au su rage universel, ni les ministres (art.


68) ; le pr sident ne peut ni dissoudre, ni proroger l’assembl e, sinon son pouvoir est
transmis de ce seul fait l’assembl e.
Notons que le pr sident peut prendre une part limit e la fonction l gislative puisqu’il
partage avec l’assembl e l’initiative des lois (art. 49).

Le r gime mis en place en 1848 pr sente un s rieux inconv nient, comme la plupart des
constitutions r volutionnaires : aucun m canisme n’est pr vu pour r soudre un blocage des
institutions en cas de con it entre l’ex cutif et le l gislatif. Par ailleurs, la r vision de la
constitution est rendue presque impossible.
Quoi qu’il en soit, la constitution est promulgu e le 12 novembre Paris, le 19 en Province.

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SECTION 2. L’ volution antir publicaine du r gime

1/Le su rage contre la R publique

A/L’ lection pr sidentielle du 10 d cembre 1848

La Constituante a pr vu qu’on lirait d’abord le pr sident de la R publique, et qu’elle-m me


exercerait les pouvoirs de l’Assembl e l gislative en attendant les lections l gislatives.
L’ lection pr sidentielle un tour a lieu le 10 d cembre 1848.

Parmi les candidats, Louis-Napol on Bonaparte : c’est le neveu de Napol on 1er, le ls du


fr re de l’Empereur (Louis Bonaparte), n en 1808, lev dans le culte de son oncle, et
comme lui, il pensera toujours avoir un destin particulier.
Louis-Napol on Bonaparte a d j tent par deux fois, en 1836 et en 1840, de prendre le
pouvoir par la force. Il s’est montr sensible la mis re ouvri re, notamment dans un
ouvrage de 1844, Extinction du paup risme.
Sa carri re politique, commence la Constituante en septembre 1848. C’est une personne
sensible la mis re ouvri re, socialement proche de la gauche mais voulant exercer un
pouvoir autoritaire. En 1848, la classe politique le sous-estime.

Il triomphera gr ce son nom. Comment est-ce possible alors que son oncle tait
extr mement impopulaire la n de son r gne ? Gr ce la construction de ce qu’on appelle
la « l gende napol onienne ».

partir de la mort de l’Empereur, en 1823, Napol on 1er va devenir un personnage


mythique, h ros de la R volution, lib rateur des peuples, l’aspect autoritaire et meurtrier de
son pouvoir sera oubli . Louis-Napol on Bonaparte pro tera de cette aura pour devenir, en
1848, extr mement populaire.
Le programme de Louis-Napol on Bonaparte, en 1848, est clairement du c t de l’ordre.

Quels sont les autres candidats ? Les R publicains sont divis s, ils pr sentent 4 candidats
(Cavaignac, Ledru-Rollin, Raspail, Lamartine).

Les monarchistes et les r publicains conservateurs ne parviennent pas s’entendre sur un


candidat et se rallient la candidature de Louis-Napol on Bonaparte, pensant qu’on pourra
sans probl me le manipuler, Thiers parle d’un « cr tin qu’on m nera ».

Les lections montrent un rejet massif de tous ceux qui ont gouvern depuis f vrier : les
socialistes repr sentent moins de 5% des voix, les r publicains mod r s emportent peu de
su rages, Bonaparte est lu avec 5,6 millions de voix sur 7,5 ! Lamartine, qui tait s r d’ tre
lu, recueille 20 000 voix…

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B/L’ lection de l’Assembl e l gislative du 13 mai 1849

La campagne lectorale est vive. Elle conduit une d faite des r publicains mod r s : de
500 sous la Constituante, ils passent moins de 100...
C’est une victoire du parti de l’ordre, entre 450 et 500 d put s lus, divis s entre orl anistes
et l gitimistes ; pour le reste, environ 200 d put s r publicains radicaux.

Le pays est aux mains d’ennemis de la R publique et d’anciens de la Monarchie de Juillet.


Le pr sident de l’Assembl e sera l’ancien pr sident de la chambre des d put s entre 1832 et
1837 (Dupin) et le chef du gouvernement un ancien de la Monarchie de Juillet (Odilon
Barrot).
Tout tait en place pour un con it entre l’assembl e et le pr sident.

2/Le con it entre le pr sident et l’Assembl e

A/La politique r actionnaire de l’Assembl e

En 1849 et 1850, l’assembl e va prendre une s rie de lois r actionnaires et antir publicaines.
L’objectif des monarchistes est, dans un premier temps, de revenir sur les conqu tes
r publicaines de 1848, dans un second temps, de r tablir terme la monarchie.
Citons :
- une loi sur la libert de r union, du 19 juin 1849, qui donne la possibilit au gouvernement
d’interdire, pour un an, tous les clubs et toutes les r unions politiques ;

- une loi sur l’enseignement, la loi Falloux, en 1850, qui favorise l’enseignement priv
catholique, le but tant d’arr ter la propagation des id es r publicaines l’ cole publique.

- une loi sur la presse, le 16 juillet 1850, qui entrave la libert de la presse en ajoutant des
frais consid rables la publication : le tirage de la presse va baisser d’un tiers entre 1849 et
1851.

C’est surtout une loi lectorale du 31 mai 1850 qui t moigne de la politique r actionnaire de
l’Assembl e : comme il tait impossible de supprimer le su rage universel, pr vu par la
constitution, la loi y met toute une s rie d’entraves, la principale tant qu’elle exige un
domicile de trois ans cons cutifs dans le canton pour pouvoir voter.
En plus, pour prouver son domicile, c’est le registre des imp ts qui fait foi. On carte ainsi
tous les travailleurs itin rants, les ouvriers saisonniers, les plus pauvres, suppos s sensibles
aux id es r volutionnaires, ce qu’Adolphe Thiers appelle « la vile multitude ».

L’e et de la loi, est de faire passer le corps lectoral de 9 6 millions d’ lecteurs.

Cette loi va contribuer discr diter l’assembl e et renforcer Louis- Napol on Bonaparte.
L’obsession de Louis-Napol on Bonaparte, c’est 1852, moment de la deuxi me lection
pr sidentielle laquelle, selon la lettre de la constitution, il ne peut pas se pr senter.
Or, il veut tout faire pour garder le pouvoir, et tentera d’abord de faire r viser la constitution
avant de conserver le pouvoir par la force.

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B/L’impossible r vision de la Constitution

1) L’ chec de la tentative de r vision

D s le printemps 1851, il y a une p tition d’un million de signatures pour la r lection de


Bonaparte et la modi cation de la constitution.
La constitution de 1848, comme ses devanci res, a pr vu une proc dure de r vision tr s
complexe, n cessitant trois votes un mois d’intervalle, aux 3/4 des su rages exprim s, avec
au moins 500 votants chaque fois.
Il y a bien un vote, le 19 juillet 1851, favorable la r vision mais pas aux 3 /4 : la proposition
est donc rejet e.

2) Le coup d’ tat du 2 d cembre 1851

Bonaparte, en octobre 1851, a propos une loi abrogeant la loi lectorale de mai 1850.
La proposition est logiquement rejet e en novembre 1851. Ce rejet lui servira de pr texte.
Tout est en place pour le coup d’ tat, qui a lieu le 2 d cembre 1851, date anniversaire du
couronnement imp rial de 1804 et de la bataille d’Austerlitz de 1805. Louis-Napol on veut
imiter le 18 brumaire.
Le 2 d cembre, le pr sident prend 4 d crets pr voyant : la dissolution de l’assembl e,
pourtant inconstitutionnelle, justi e par un appel au peuple ; le r tablissement du su rage
universel int gral ; l’organisation d’un pl biscite (c’est le 1re fois que le mot apparait), dont la
question serait : « le peuple veut le maintien de l’autorit de Louis-Napol on Bonaparte et
lui d l gue les pouvoirs n cessaires pour tablir une constitution ».

Les d crets jettent aussi les bases de la future constitution : c’est un retour la Constitution
de l’An X, sans le Tribunat. La Restauration de l’Empire, avec Napol on III sa t te, n’allait
pas tarder.
la di rence du 18 brumaire, le coup d’ tat du 2 d cembre suscitera de vives r sistances,
Paris et en Province, qui conduiront une r pression massive et sanglante, 26 000
arrestations, 10 000 d portations en Alg rie, 5000 assignations r sidence, 3000
internements. Fin d cembre, les 20 et 21, c’est le pl biscite, qui est un triomphe : 7,5 millions
de oui, 650000 non.

Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République française, devient Napoléon III,


empereur des Français en fondant le Second Empire.

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