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Les rapports sociaux à Rome

Termes techniques désignent des métiers, activités professionnelles (divers types de


main d’œuvre libre agricole, artisans, et alii). Termes ne donnent pas d’infos sur fortune.
- Dominus = propriétaire foncier, possédant terre et moyens de production
- Margaritarius = marchand de perles peut être joaillier ou modeste bijoutier
- Mercator / Negotiator : le 1er est plutô t péjoratif, réservé aux petits commerces ;
tout mercator peut cependant se désigner negotiator sans obstacle légal
Rabirius Postumus, chevalier ami de César et Cicéron, vendait du blé, mais ne
peut pas être appelé mercator.

Termes employés par couple exprimant contraste :


- pauvre / riche
- plèbe / petit nombre
Imprécision des termes ; expriment une situation sans rien dire de la cause qui les
produit. Termes souvent employés dans des textes polémiques afin d’exprimer
ampleur des contrastes sociaux qui sapent l’idéal de consensus de la cité antique.

Termes ayant valeur précise de statut qui assignent à individu ou groupe une place
précise :
- sénateur
- chevalier
- patricien
- noble
- prolétaire
- cavalier
- scribe
- publicain
- affranchi
Statut défini par la loi, résulte de l’exercice d’une fonction, souvent héréditaire. Les
détenteurs de ces statuts forment des groupes cohérents à l’intérieur de l’Etat.

Le census précisait les différentes catégories officielles hiérarchisées. Cité romaine


inégalitaire : tous les citoyens étaient égaux en tant que sujets de droit, mais cité
constatait des inégalités physiques, éco, soc ; à partir de ces inégalités, répartition entre
droits et devoirs, charges et avantages. Organiser la solidarité ; faire en sorte que les
plus défavorisés considèrent leur sort comme acceptables.
Le census concernait trois domaines :
- militaire
- fiscal
- politique
3 groupes hiérarchisés :
- equites
- pedites
- capitecensi / proletarii
Les censeurs établissaient aussi :
- album des sénateurs
- officiers de l’administration
- liste des publicains
Ab fin IIème siècle av JC : liste des juges dressée par préteur.

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Les rapports sociaux à Rome

Ces catégories ne sont pas des classes mais des ordines. Reconnu par les autres
magistrats, contrô lé, individu nominalement inséré, vocation à certaines fonctions.
Fin IIème siècle : tendance à l’hérédité. Pour l’ordre équestre, avant c’était les censeurs
qui désignaient les membres : ab 120, inclut aussi les fils de chevaliers.
Pour être sénateur, il fallait avoir exercé les honneurs, mais aussi le cens de chevalier
(400,000 sesterces vers 150 av JC).
 Ordre romain = liste d’aptitudes fondée sur dignité, fortune, hérédité.

I. Les patriciens et les nobles

Patriciens et nobles au sommet de la hiérarchie, sans rapport avec le cens.


Patriciat = origine ancienne datant de l’époque royale ou des débuts de la République.
Descendants des titulaires de la magistrature suprême à imperium du début de la Res. A
origine, monopole des auspices majeurs. Seuls les descendants désignaient l’interroi ou
certaines Flamines majeurs jusque sous l’Empire. Groupe restreint (fin Res : 30
familles). Source de prestige, mais aucune primauté d’ordre économique.

Nobilitas : très réduite. Individu est noble si ancêtre direct a exercé depuis 370 une
magistrature curule, i.e. préteur, édile, questeur.
Vers IIème siècle avant JC : sens se restreint et se réserve aux descendants des consuls.
Plusieurs degrés de noblesse selon :
- ancienneté
- nombre et importance des magistratures dans même lignée
- triomphes
- censures
La famille = dépositaire des vertus. Ce qui importe, c’est d’avoir des ancêtres fameux.
 Rome privilégie la stabilité des conditions et l’aspect héréditaire des qualités.
Lors des funérailles, jus imagini leur donnait droit d’exposer les images des ancêtres
(p.15). Le consulat pratiquement réservé à nobilitas (88,5% des consuls).
Elle se définit dans son rapport aux élites montantes qui lui disputent les magistratures
importantes. Ces nouvelles élites pallient l’absence d’ancêtres par d’autres moyens :
- guerre
- art oratoire
Il ne faut pas opposer systématiquement nobilitas et homines novi. Cicéron homo novus,
se fait quand même le défenseur de l’ordre social traditionnel.
Nobilitas désigne un type de relation à la cité.

II. Les ordres sénatorial et équestre : les primi ordines

Groupes plus importants. Le Sénat passa de 300 à 1000 membres entre le IIIème et le Ier
siècle av JC. Ordre équestre : 2500 personnes jusqu’au Ier siècle av JC, puis davantage
après guerre sociale.

Pour entrer au Sénat, passer par magistratures qui suppose acte volontaire de
candidature (dans lequel on retrouve tradition familiale, ambition, culture, goû t du
pouvoir // conception antique du citoyen privilégié et oisif).

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Les rapports sociaux à Rome

Césure entre Sénat et ordre équestre se fait autour du IIIème/IIème siècle av JC avec
l’apparition d’interdits :
-218 : Lex Claudia interdit aux nobles le commerce, d’armer des navires
-180 : Lex Villia réglemente le cursus honorum ; professionalisation des magistratures ;
membres de l’ordre sénatorial monopolise le consulat.
Ex. Publius Cornelius Scipion Africanus Maior : ascension due 1st au Sénat car membre
d’une illustre familiale ; proconsul en Hispanie à 25 ans ; premier citoyen à recevoir
l’imperium de proconsul en ayant exercé qu’une magistrature curule.
Titus Quinctius Flamininus, privatus, n’a pas suivi tout le cursus honorum ; 198 : nommé
consul avec soutien de Scipion.
Fin IIème : sénateurs se voient interdire les fonctions de publicain et de juré.

On peut accéder au Sénat directement sans avoir à revêtir les magistratures (César,
Sylla). Pour un chevalier qui veut entamer le cursus honorum, il faut avoir fait son service
militaire comme tribun, préfet, membre d’Etat-major.
Début Ier siècle : Sylla introduisit au Sénat les juges équestres des tribunaux
permanents. 15 chevaliers.

Chevaliers et sénateurs étaient surement les plus riches. Pour sénateurs, fortune
censitaire consistait essentiellement en terres, source de dignité. Cicéron excuse Sextius
Roscius d’Amérie qui surveillait la mise en valeur de ses terres.
Patrimoine équivalent : qqes millions de sesterces ; propriétés de qqes milliers de
jugères.
Fin IIème-début Ier : fortunes les plus importants sont des sénateurs de 1 er rang,
hommes politiques influents.

Période débute sur fermeture du consulat aux chevaliers. Toutefois, identité entre
sénateurs et chevaliers pour les autres activités sources de profits.

III. La plèbe

Petit commerce qualifié de sordidae.


IVème siècle : Rome centre éco avec activités portuaires, commerciales, artisanales.

Sommet de la classe financière : negotiatores engagés dans le prêt d’argent.


≠ argentarii (banquier établi) ; une partie appartient à ordre équestre. Propriétaires
fonciers, mais essentiel des activités est financière, mercantile. Parfois regroupement.
-89 : foeneratores provoquèrent émeutes conte préteur qui par son édit favorisait les
débiteurs.

Marchands, artisans, armateurs


Beaucoup de petits commerces très différents.
Monde de la boutique = élément essentiel de la vie romaine. Important dans les troubles
politiques, ex. propagande de Catilina. Le plus souvent, locataires de leurs boutiques,
obligés d’emprunter pour le roulement de leurs affaires. On les retrouve en arrière-plan
des luttes de -89 et -53.
Certains étaient affranchis et possédaient des esclaves.

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Les rapports sociaux à Rome

Infima plebs, egentes, opifices


désignent des hommes libres qui ne possèdent rien. Vivent de leur travail ou des
largesses publiques ou privées. Salluste les présente comme d’origine rurale.
Travaillent dans BTP, commerce, artisanat.
-80 : ils gagnent 12 as (3/4 de denier) / jour = deux fois la solde du fantassin ; 100-200
deniers / an ≠ sénateur modeste gagne 25,000 deniers / an.
Claude Nicolet calcule que ce salaire journalier permet d’acheter 5-8 litres / semaine.
79 ap. : Pompéi, 225g blé / pers / jour = ¼ salaire ouvrier.
-104 : un tribun prétend qu’il n’y a que 2,000 personnes qui possèdent qqc (même s’il
semble penser seulement aux très riches).

Foule, ramassis de délinquants

***

Plèbe rurale : petits propriétaires, main d’œuvre libre sans terre, salariés permanents ou
saisonniers.
Appien et Salluste évoquent l’état de la pop rurale en -44. La situation matérielle de
beaucoup proche de celle des esclaves, ce qui explique leur participation aux
insurrections.

Plèbe joue rô le indirect dans la cité du fait de l’importance des liens d’homme à homme.
Aux origines de la cité romaine, il y avait des liens contraignants entre patriciens et
plébéiens.
IIIème siècle : atténuation de ces relations, même si entre IIIème et Ier, dével d’autres
liens de clientèle « moderne » (Nicolet). Plusieurs types :
- liens de voisinage
- solidarité de pays : entre consulat de Marius et Cicéron, percée des gens
d’Arpinum liée largement à solidarité géographique et, donc, éthnique
- clientèle volontaire ; on utilise l’expression « in fide mea » ; des amis entrent dans
la clientèle au sens de parti ou faction armées ; promouvoir la carrière du patron
qui se montrent généreux
Ex. Caius Gracchus avec sa cour
- à époque de Pompée et César, clientèle héréditaire ; alliances matrimoniales
peuvent renforcer le champ social de recrutement

IV. Esclaves et affranchis

Nécessité en raison de la mobilisation de la population masculine active.


Pendant première moitié du IIème siècle, 120000 hommes prélevés sur pop italienne.
Augmentation du nombre d’esclaves ; épanouissement de l’esclavage // 1ère phase de
l’expansion romaine. Pour des gens très qualifiés, prix peut être élevé.

Prises de guerre : plus de 50,000 alliés d’Hannibal de 210 à 202 ; 35,000 Carthaginois en
201 ; 1M de Gaulois entre 58 et 52.
Cicéron justifie moralement l’esclavage en le reliant à la mauvaise conduite des peuples
et les mauvais régimes politiques.

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Italie : 1M-3M d’esclaves sur pop de 5-7M. Grand marché d’esclaves à Délos avec 10,000
ventes par jour.
Esclave ne dispose pas de sa liberté. Mais efforts constants du législateur romain pour
améliorer le droit. Dans certains cas, l’esclave pouvait représenter son maître pour
certains actes. En appartenant à son maître, il s’intégrait à sa famille.
Ne peut être recruté que hors de la cité. Ne peut pas appartenir à un peuple lié à Rome
par lien juridique. Certains peuples considérés comme naturellement destinés à
l’esclavage : Juifs, Syriens, etc.
Etat romain s’efforça de préciser les rapports entre esclave et maître.
Jusqu’à la Lex Cornelia sur les sicaires, le maître avait droit de vie et de mort sur
esclaves. Romains lui reconnaissaient une humanité ; possibilité d’amasser un pécule ; se
marier ; avoir des enfants.
Différences de traitements :
Esclaves ruraux enchaînés
Les plus maltraités se trouvent dans les mines
Parfois bonne situation en zone urbaine. Esclaves de luxe comme cuisiniers,
artisans/commerçants.
Textes du Ier siècle av JC évoquent des bandes d’esclaves. Souvent des esclaves
d’hommes politiques, ou esclaves loués à leur maître et utilisés hors de leur contrô le.
 Impression d’une masse servile incontrô lée.

Importance des révoltes :


-196 : Etrurie ; -186 : Apulie
-135 : gdes insurrections de Sicile ; révolte à caractère identitaire, antiromain ; Diodore
l’analyse comme csq des mauvais traitements ; 200,000 esclaves hellénophones révoltés
derrière leur chef Eunous d’Apamée
-104 : révolte rapportée par Florus dans contexte d’une invasion de l’Italie par Cimbres
et Teutons ; Sénat libère les ex-citoyens libres
- révolte italienne menée par Spartacus avec plusieurs dizaines de milliers d’hommes ;
60,000 morts et 6,000 crucifiés selon Orose (Vème siècle après) ; révolte faite par
gladiateurs qui ne travaillent pas mais qui sont destinés à mourir
Toujours un chef charismatique, souvent association d’hommes libres.
Ces révoltes ne veulent pas remettre en cause l’ordre social. Simple recherche de la
liberté, pas de combat contre l’abolition de l’esclavage.
Sources montres affranchissement d’artisans, employés, esclaves domestiques.

4 types d’affranchissement :
- cens : maître accepte que l’esclave s’inscrive auprès du censeur
- vindicte : une tierce personne revendiquait en liberté l’esclave et le maître
renonçai à le garder
- testament
- manumission : volonté du maître
Statut des affranchis régi par la loi – intégrés dans la cité – lien avec ancien maître = lien
de parenté, affranchi prend nom du maître, filiation fictive (sans héritage du patriciat) –
doit l’obsequium, obligation stricte jusqu’à préture de Rutilius Rufus (-118) , patron peut
exiger operae, argent contre sa protection – affranchi reçoit droits civils des citoyens (en
part. connubium et commercium), parfois mariage avec membre de classe sénatoriale –
forment un ordo – pb pour la classe (fortune, questions disciplinaires et morales) – choix
de la tribu (enjeu important pour les élections ; Publius Sulpicius Rufus proposa de les

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Les rapports sociaux à Rome

inscrire dans toutes les tribus ; 87 : Sylla annule décision ; 84 : Cinna oui ; 81 : Sylla
annule à nouveau) – 66 : lex Manilia autorise affranchis à voter dans tribu du patron,
décision invalidée par Sénat – 63 : Sulpicius Rufus veut rescussiter la loi vs. Cicéron.
Pb : inscrire les affranchis dans tribu de leur patron revient à donner appoint électoral
trop important dans système des clientèles – forte poussée d’affranchissement.
Aucun accès à l’ordre équestre – théoriquement, aucun accès au cursus honorum – fils
peuvent briguer les honneurs, même si attaques contre origines – César autorise
affranchis à être décurion dans colonies et en fit entrer au Sénat.

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Les rapports sociaux à Rome

Tite-Live (64 ou 59 av JC – 17 ap) : né à Padoue considérée comme ville célébrant


vieilles vertus ; issu d’un milieu bourgeois, républicain – se consacre tout entier aux
lettres, Histoire de Rome à partir de 27 av. – en faveur de Pompée mais reçu quand même
à cours impériale d’Auguste.
Histoire romaine : 142 livres des origines à -9 – division par décade (dont première
rendue très célèbre par Machiavel) – première conservée (origines à 293 av JC, veille de
guerre vs Pyrrhus), la quatrième et moitié de cinquième.
Conception : nouveau régime tend à concentration nationale et restauration de
l’ancienne moralité, exalter le passé, peinture des crises enfin résolues – TL se limite à
histoire de Rome ≠ prédécesseurs (Cornélius Nepos e.g.) – répond à volonté de Cicéron
de voir historien avec éloquence et charmes de poésie.
Difficultés : sait qu’au moins jusqu’à l’avènement de la République, histoire de Rome
n’est que fable – problème d’accès aux archives publiques fragmentaires – archives
privées jalousement gardées et suspectes ne peuvent être étudiées que par méthodes
contemporaines.
Méthode et loyauté de TL : il suit un ouvrage historique de second main – à force de les
manier, il en vient à la critique – cherche la vraisemblance de bon sens – n’utilise pas
auteurs non latins, sauf Polybe dont valeur éminente ne s’impose pas à lui directement.
Travail rapide – cpdt TL ≠ savant original, pas de vraisemblance pour premiers temps de
Rome, ne soupçonne pas portée religieuse des légendes qu’il rapporte, ni l’importance
des pbs éco qu’il effleure – mais aide à comprendre tempérament romain, mélange de
raison et superstition – impartialité – recherche l’atmosphère juste – très haute valeur
historique.
Evolution littéraire : admire Démosthène et Cicéron ; l’histoire doit être une « œuvre
oratoire » ≠ prose contemporaine – TL procède par tableaux brefs, contrastés – langue,
familière, poétique, voire emphatique, accroche le lecteur – se cicéronise avec le temps –
intensité dramatique importante égale à Tacite ; intensité fait résulter aspect de
généralité humaine conforme au but moral (avènement de Servius Tullius).
Psychologie : TL intéressé par facteurs psycho de l’histoire – se penche sur hommes
charismatiques, d’où galerie de portraits plus ou moins fidèles – mais préfère dével des
caractères au sein même de l’action (pour Camille ou Scipion l’Africain e.g.) – grand
talent pour évoquer émotions collectives, mvts de foule.
Les discours : plus de 400 ; témoignage de richesse et souplesse de rhétorique livienne ;
équilibrer dével descriptifs et narratifs – se prend au jeu, veut dépasser Cicéron dans la
rhétorique et s’éloigne, par emphase, de la vraisemblance.
Portée didactique : portrait du Romain idéal paraît presque vraisemblable grâ ce à
psychologie nuancée ; par ferveur patriotique, citoyen devient symbole et gage de
persévérance et de éternité de Rome – analyse également les batailles, les luttes
politiques ; lecteur doit pouvoir se servir de cette Histoire romaine – vaste recueil
d’expériences généralisées.
Nationalisme romain : met en place la majestueuse image de l’ancienne Rome qui
nourrit nationalisme romaine pdt Empire entre pression de Orient et menace barbare –
rô le social > Horace, emprise poétique = à Virgile – achève classicisme romain.

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