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A/Le Cursus Honorum

Définition : Le Cursus honorum (course ou carrière des honneurs) était l'ordre d'accès aux magistratures publiques
sous la Rome antique. Il a été défini très tôt mais on ignore à quelle date. Il ne fut codifié par la loi qu’en 180 a.C.
avec la lex Villia Annalis, puis révisé par Sylla. Chacun des mandats durait un an, et les mandats successifs devaient
être séparés d’un intervalle minimum de deux ans.

Cet enchaînement obligatoire devait être commencé par la première magistrature. Il permettait de tester les
compétences et d’avoir pour magistrats suprêmes des hommes murs et expérimentés.

ème
I. Le cursus honorum au II s. a.C.
En pré requis, il fallait être éligible, c'estàdire appartenir à la classe équestre des citoyens romains, ce qui signifiait au
ème
II s. a.C. posséder un cens d’au moins 400 000 sesterces. Il est également d’usage d’avoir fait son service
militaire. Les magistratures devaient s’enchaîner dans l’ordre
suivant :

1° La questure (fonction du questeur)


Âge minimum : 28 ans. Le questeur est un magistrat qui assistait
le consul ou le préteur en exercice comme trésorier, ou qui était
gardien du trésor public.

2° L'édilité (fonction de l’édile)


- Âge minimum : 31 ans. Les édiles s'occupaient de
l'administration de Rome : de la police générale, des marchés et
de leur approvisionnement, et de l’organisation des jeux du cirque.
- Les édiles curules étaient élus par les comices tributes et les
édiles plébéiens par les conciles plébéiens.

3° La préture (fonction du préteur)


Âge minimum : 34 ans. Il y avait 2 préteurs en 241 a.C. Le
préteur pérégrin était compétent pour les litiges entre un citoyen
et un étranger tandis que le préteur urbain s'occupait de ceux
entre deux citoyens, de plus il remplaçait temporairement un consul absent. Les préteurs étaient élus par les comices
centuriates. Ils disposaient de l'imperium (pouvoir de contraindre et de punir), ils avaient le droit d'auspices majeurs
et bénéficiaient de 2 licteurs (escorte des magistrats qui possèdent l’imperium).

4° Le consulat (fonction du consul)


- Âge minimum : 37 ans. Les consuls, au nombre de 2, étaient les magistrats supérieurs. Ils convoquent et président
les réunions du Sénat et les comices curiates et centuriates. Ils commandent les armées, et sont éponymes (les
années portent leurs noms). Les consuls sont élus par les comices centuriates, ils ont le droit d'auspices majeurs, le
droit d'imperium et bénéficient de 12 licteurs.
- On peut être réélu consul, mais il est d’usage de ne pas se présenter pour un second mandat lorsque on est consul
en exercice : il faut être redevenu simple citoyen pour postuler de nouveau. Une loi confirma cette coutume en 150.

N.B. : Le tribunat de la plèbe ne fait pas partie du cursus honorum car l’aristocratie romaine refusa toujours de la
considérer comme une magistrature honorable. Les magistratures de censeur et de dictateur n’en font pas non plus
partie : elles sont d’un rang supérieur à celles du cursus honorum et ce ne sont pas des magistratures annuelles. La
dictature n’est pas accessible par voie électorale, elles ne s’intègrent donc pas dans un parcours normal.

III. Evolution du cursus honorum


- Des entorses aux règles furent signalées par les historiens, en cas de crise ou pour des personnalités importantes :
> Scipion l'Africain fut élu consul en 205 avant d’avoir l’âge requis
> Scipion Émilien fut élu consul sans avoir été édile ni préteur auparavant
ème
- A la fin du II siècle a.C., Marius et ses partisans multiplièrent les abus :
> Marius cumula cinq consulats d’affilée de 104 à 100
> Cinna, fut consul quatre fois de suite de 87 à 84 et Carbo trois fois consul en quatre ans de 85 à 82, tandis que son fils Marius
le Jeune fut consul en 82 alors qu’il n’avait pas l’âge pour la préture.

- En réaction, Sylla décide la réforme du cursus honorum lors de sa dictature entre 81 et 79 : les conditions d’âge
furent relevées et portées à 30 ans pour la questure, 36 ans pour l’édilité, 40 ans pour la préture, 43 ans pour le
consulat.
- Le nombre de questeurs et de préteurs fut augmenté pour les besoins d’administration d’une Rome et d’un empire
agrandis, passant à 20 questeurs et 8 préteurs.
- L’édilité devint facultative.
- Pour le consulat, un intervalle de 10 ans minimum fut imposé entre 2 mandats.
- Avoir exercé le mandat de tribun de la plèbe excluait d’office du cursus honorum.
- Cette dernière mesure qui transformait le tribunat de la plèbe en impasse politique fut abolie par Pompée après
l’abdication de Sylla en 79. L’ambitieux Pompée dérogea de plus à la règle, en devenant consul à 36 ans.
- Une génération plus tard, Jules César pendant sa dictature, accrut le nombre de questeurs qui passa à 40, d’édiles
qui passa à 10 et de préteurs qui passa à 20.

B/Cicéron

Marcus Tullius Ciceron, que nous appelons Cicéron (106 à 43 avant Jésus Christ.) est né dans le
Latium, au sein d’une famille plébéienne ayant réussi à rejoindre la classe des chevaliers. Recevant
une formation en droit et en philosophie, le jeune homme partit achever ses études en Grèce, après
avoir fait son service militaire.

Cicéron se lança dans la politique en 75 avant Jésus Christ. Suivant le cursus honorum, il fut questeur,
édile, préteur, puis consul. Cicéron laissa une image d'homme intègre, désireux de s’élever au-dessus
du débat opposant nobles et gens du peuple, et soucieux de débarrasser la classe politique de la
corruption, de l’arrivisme, de la démagogie et du népotisme.

Au cours de sa carrière, Cicéron défendit de nombreuses causes. Tout d'abord, en 70 avant Jésus
Christ, il commença à se faire connaître en prenant la défense des Siciliens au cours d’un procès
contre Caius Licinus Verres, ancien gouverneur de Sicile. Ce dernier était accusé de détournement de
fonds et de pillage d’œuvres d’art. Verres s’exila à Massilia (Marseille.), emportant ses trésors avec
lui, mais Cicéron remporta le procès. Il publia les discours qu’il avait préparés, sous le nom de
Verrines.  

En 63 avant Jésus Christ, Cicéron dénonça la conjuration de Catilina, un sénateur qui avait rassemblé
des mécontents autour de lui, désireux de s'en prendre au sénat. Catilina, voyant que sa conspiration
était éventée, décida de fuir, et mourut dans une bataille peu après. Cicéron publia alors les
Catilinaires, un recueil des discours qu’il avait prononcé contre Catilina.

Cicéron, après les évènements de 63 avant Jésus Christ, se retira de la vie politique, se consacrant à
son métier d’avocat. Puis, en 58 avant Jésus Christ, il fut exilé par Clodius Pulcher, un tribun de la
plèbe qui avait été accusé par Cicéron lors d'un procès.

Cicéron put néanmoins rentrer à Rome en 56 avant Jésus Christ. Il y eut néanmoins de nouveaux
heurts contre Clodius Pulcher. Suite à l'assassinat de ce dernier, Cicéron fut désigné proconsul de
Cilicie, en Asie mineure (51 avant Jésus Christ.).

Cicéron rentra à Rome l'année d'après, alors que la ville était partagée entre partisans de César et de
Pompée. Prenant le parti de Pompée, Cicéron dut quitter Rome à nouveau suite à la victoire de César
sur son adversaire (à noter que César ne considérait pas Cicéron comme un ennemi.). Néanmoins, les
deux hommes firent la paix peu de temps après.

Cependant, suite à la mort de César, en 44 avant Jésus Christ, deux prétendants se disputèrent sa
succession. Marc Antoine, bras droit de César, et Octave, petit neveu et fils adoptif de César.

Cicéron, opposé à Marc Antoine, écrivit alors les Philippiques, critiquant vivement ce dernier. En 43
avant Jésus Christ, ce dernier riposta en promulguant de nouvelles proscriptions, avec l'accord
d'Octave. Cicéron, nommé sur la liste des condamnés, fut assassiné en décembre ; sa tête et ses mains
furent exposées sur le forum romain.

Nous avons conservé de nombreux écrits de Cicéron : 58 de ses 88 plaidoiries nous sont parvenues,
ainsi que de nombreux traités rhétoriques et oeuvres philosophiques. Nous possédons aussi 800
lettres qu'il écrivit à divers correspondants, ainsi que des fragments de ses poésies. 

C/L’éloquence
L’éloquence est l’art de toucher et de persuader. Voilà pourquoi elle n’est qu’images fortes et naturelles, que
sentiments pathétiques, que raisonnements frappants, qu’expressions vives, que traits enflammés, qu’elle jette
dans l’âme de ses auditeurs. Il semble qu’elle seule connaît les ressorts qui peuvent nous ébranler, nous
émouvoir. Toutes nos passions sont entre ses mains : elle les irrite et les apaise à son gré.

L’homme éloquent n’est ni celui qui produit une longue suite d’idées, qui les classe, qui les enchaîne, qui les
énonce avec clarté, justesse et bienséance, ni celui qui les agrandit en les développant, ni celui encore qui les
pare de grâces de l’élocution, qui les anime par des figures, qui les colore par des images, et qui par le charme
du nombre, flatte l’oreille en même temps qu’il séduit l’imagination ; c’est celui qui possède et met en œuvre
tous ces talents, et qui en même temps du côté de l’âme connaît le fort et le faible, sait toucher à l’endroit
sensible et fait mouvoir à son gré tous les ressorts des passions.

Les buts de l’éloquence seront donc : instruire, toucher et plaire. Elle se répartit en trois genres : le démonstratif,


le délibératif et le judiciaire.

Les trois genres d’éloquence

Les Anciens avaient divisé l’éloquence en trois genres, et la même division subsiste encore dans toutes les
rhétoriques modernes : le genre délibératif, le genre démonstratif et le genre judiciaire.
Le genre délibératif

Il est celui où l’orateur veut faire prendre une résolution et déterminer la volonté, ou de détourner d’un dessein
qu’on a pris. Ce genre convient particulièrement à l’éloquence populaire ; et l’on peut y employer des figures
véhémentes pour émouvoir les auditeurs, à l’exemple de Cicéron. Il convient aussi à l’éloquence de la chaire,
où un prédicateur, dispensé par son caractère de tout ménagement et de tout respect humain, tient comme
enchaîné autour de lui son auditoire, et peut foudroyer ses passions et ses vices.
Le genre démonstratif

Il a pour objet la louange ou le blâme. Les Anciens nous ont laissé de très beaux modèles en ce genre. On peut
voir pour la louange l’éloge que fait Cicéron de la clémence de César dans sa harangue pour Marcellus, et celui
de Pompée dans la harangue intitulée, pro lege Roscia. Les Verrines, les Catalinaires, les Philippiques nous
offrent tout ce qu’on peut dire de plus fort pour blâmer quelqu’un. Ces personnalités étaient non seulement
tolérées, mais même encouragées dans les républiques anciennes. Les gouvernements modernes les ont toujours
réprimées. Nous n’avons conservé que les discours consacrés à la louange, tels que les Panégyriques et les
Oraisons funèbres.
Le genre judiciaire

Il consiste dans la discussion contradictoire d’une chose ou d’un fait, dans son rapport avec les lois, et à l’égard
de centaines personnes. C’est une accusation ou défense, une demande ou dénégation ; et des deux causes
débattues, le résultat est un jugement qui doit être prononcé conformément à la loi. Ce genre convient
particulièrement aux avocats.

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