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Le métier de citoyen dans la Rome républicaine

P. 12-14
Document 2 : confessio et relatio in censum. Présence du scribe et du jurator qui inscrit le
nom dans le codex. Le personnage assis au centre est sû rement un censeur lui-même. Le
fait qu’il touche l’épaule du civis l’inscrit dans une certaine classe – le soldat est
représentation du peuple en armes ; homme avec cuirasse peut être assimilé à Mars – un
des monuments les plus célèbres (conservé au Louvre), sû rement fragment d’une frise.
Document 3 : on peut le rapprocher du document 2, à partir du moment où un homme
est inscrit comme cives, il y a obligation de défendre la patrie au sein de l’armée – VM
établit un livre destiné aux écoles de rhétorique – compilation – 6 ème livre consacré aux
vertus morales.
Document 4 : pas source primaire – inscription de fin I er siècle qui correspond à vague de
transformations des cités d’Espagne lancée par Vespasien ; deviennent municipes qui les
intègrent plus amplement à romanité – texte de ces constitutions inspiré des pratiques
de fin de la République – insistance sur rigueur du contrô le met en valeur place des
fraudes et des pressions lors des élections.
Document 5 : citoyens de l’Urbs et des campagnes n’ont pas mêmes attentes politiques –
faiblesse des Italiens car ne sont pas de Rome donc ne sont pas tjs là pour accomplir
devoir civique.

Tite-Live (64 ou 59 av JC – 17 ap) : né à Padoue considérée comme ville célébrant


vieilles vertus ; issu d’un milieu bourgeois, républicain – se consacre tout entier aux
lettres, Histoire de Rome à partir de 27 av. – en faveur de Pompée mais reçu quand même
à cours impériale d’Auguste.
Histoire romaine : 142 livres des origines à -9 – division par décade (dont première
rendue très célèbre par Machiavel) – première conservée (origines à 293 av JC, veille de
guerre vs Pyrrhus), la quatrième et moitié de cinquième.
Conception : nouveau régime tend à concentration nationale et restauration de
l’ancienne moralité, exalter le passé, peinture des crises enfin résolues – TL se limite à
histoire de Rome ≠ prédécesseurs (Cornélius Nepos e.g.) – répond à volonté de Cicéron
de voir historien avec éloquence et charmes de poésie.
Difficultés : sait qu’au moins jusqu’à l’avènement de la République, histoire de Rome
n’est que fable – problème d’accès aux archives publiques fragmentaires – archives

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Le métier de citoyen dans la Rome républicaine

privées jalousement gardées et suspectes ne peuvent être étudiées que par méthodes
contemporaines.
Méthode et loyauté de TL : il suit un ouvrage historique de second main – à force de les
manier, il en vient à la critique – cherche la vraisemblance de bon sens – n’utilise pas
auteurs non latins, sauf Polybe dont valeur éminente ne s’impose pas à lui directement.
Travail rapide – cpdt TL ≠ savant original, pas de vraisemblance pour premiers temps de
Rome, ne soupçonne pas portée religieuse des légendes qu’il rapporte, ni l’importance
des pbs éco qu’il effleure – mais aide à comprendre tempérament romain, mélange de
raison et superstition – impartialité – recherche l’atmosphère juste – très haute valeur
historique.
Evolution littéraire : admire Démosthène et Cicéron ; l’histoire doit être une « œuvre
oratoire » ≠ prose contemporaine – TL procède par tableaux brefs, contrastés – langue,
familière, poétique, voire emphatique, accroche le lecteur – se cicéronise avec le temps –
intensité dramatique importante égale à Tacite ; intensité fait résulter aspect de
généralité humaine conforme au but moral (avènement de Servius Tullius).
Psychologie : TL intéressé par facteurs psycho de l’histoire – se penche sur hommes
charismatiques, d’où galerie de portraits plus ou moins fidèles – mais préfère dével des
caractères au sein même de l’action (pour Camille ou Scipion l’Africain e.g.) – grand
talent pour évoquer émotions collectives, mvts de foule.
Les discours : plus de 400 ; témoignage de richesse et souplesse de rhétorique livienne ;
équilibrer dével descriptifs et narratifs – se prend au jeu, veut dépasser Cicéron dans la
rhétorique et s’éloigne, par emphase, de la vraisemblance.
Portée didactique : portrait du Romain idéal paraît presque vraisemblable grâ ce à
psychologie nuancée ; par ferveur patriotique, citoyen devient symbole et gage de
persévérance et de éternité de Rome – analyse également les batailles, les luttes
politiques ; lecteur doit pouvoir se servir de cette Histoire romaine – vaste recueil
d’expériences généralisées.
Nationalisme romain : met en place la majestueuse image de l’ancienne Rome qui
nourrit nationalisme romaine pdt Empire entre pression de Orient et menace barbare –
rô le social > Horace, emprise poétique = à Virgile – achève classicisme romain.

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Le métier de citoyen dans la Rome républicaine

1976 : Le Métier de citoyen dans la Rome républicaine de Claude Nicolet – intérêt pour
citoyenneté romaine et contemporaine – être citoyen = appartenir de plein droit à
communauté unie par langue, pratiques religieuses, politiques, mais aussi s’engager
dans vie de la cité au point de parler de « métier » - ensemble de droits et devoirs
ressentis au quotidien par citoyen – triple aspect du citoyen : militaire, fiscal, politique –
équilibre entre droits et devoirs déjà remis en cause à partir du Ier siècle av JC,
même si aucune tentation démocratique.

I. On naît citoyen ou on le devient

1) Qui sont les citoyens romains ?


Citoyen celui qui naît de parents citoyens unis par au moment du connubium (mariage
reconnu par cité) ; si mariage pas reconnu par cité, enfant acquiert statut social de sa
mère – femmes peuvent être citoyennes, mais éternelles mineures ; exclues du vote et
élection.
Citoyen s’acquiert – esclaves affranchis inscrits au corps des citoyens – pop conquis
également – citoyenneté accordée individuellement parfois – on peut être citoyen à
Rome sans y habiter, mais impossible d’exercer réalité des droits politiques sans y
habiter.

2) Une société refondée tous les cinq ans


Recensement = moment important de la vie de la cité – tous les 5 ans, deux magistrats
élus, les censeurs, voient défiler la totalité des citoyens – rencontre, questions, mise à
jour des listes – première scène du doc 2 = étape administrative qui a lieu sur champ de
Mars, citoyen tient doc dans sa main gauche pour prouver véracité de sa déclaration
(fortune foncière et immobilière en part.) ; également opération morale, surtout pour
élite, car censeurs peuvent sanctionner défaillance citoyenne dans cadre militaire,
mauvaise gestion, etc., censeur peut établir nota ignominia qui peut aller jusqu’à perte
citoyenneté – deuxième scène montre censeur indiquer sa classe au citoyen – processus
dure environ un an et demi ; fin recensement marqué par sacrifice publique à Mars
(p.13) qui donne assentiment à nouvelle organisation.
Inscription induit égalité de droit + hiérarchie dans organisation sociale qui fonde
inégalité politique et des fonctions (ordines établis par censeurs).

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Le métier de citoyen dans la Rome républicaine

3) Un corps de citoyens-soldats hiérarchisé


Doc 1 : organisation de Servius Tullius (fin VIème av JC) – critère essentiel : richesse ; 1ère
classe : +100,000 as, boni cives avec citoyens +1,000,000 (optimi cives), formant 18
centuries et la cavalerie ; classes suivantes forment 20 centuries chacune ; dernière : 30
centuries – division à l’intérieur des classes : juniores (17-45 ans) et seniores (+45 ans) –
en-dessous de 5ème, capite censi (très important).

II. Les droits et les devoirs des citoyens-soldats

Docs 1 et 2 insistent sur fait que système politique de Rome = Res de citoyens-soldats.
Recensement organise vie des citoyens et celles des soldats.

1) Le service militaire, fondement et obligation


Organiser corps de troupes de armée républicaine – citoyen = soldat (jusqu’au temps de
Marius) – tous les hommes peuvent être appelés – juniores = garde active ; seniores =
réserve de vétérans – au moment du dilectus (entrée en campagne), on utilise cadre du
census – les plus pauvres exclus – citoyens des classes inférieures = moins probables
qu’ils soient appelés car plus nombreux.
TL insiste également sur armement requis (modèle hoplitique) – classement social
implique classement dans armement ; chaque citoyen doit pouvoir acheter son
armement.
Pq inégalité ? Seuls ceux qui ont qqe chose à perdre sont prêts à se battre efficacement –
en contrepartie, citoyens les plus aisés monopolisent honneurs – expansion conduit à
deux évol majeures :
1/ milieu IIème siècle : crise de conscription décrite par Polybe ; vers 151, pdt guerres
de pacification d’Espagne, défection touche légats et tribuns (chevaliers, fils de sénateurs
en part.) ; plusieurs facteurs : structurel (paysans acceptent de moins en moins
éloignement de la terre pdt longtemps + tendance à concentration des terres : riches
patriciens forment de vastes latifundia, donc baisse du nombre de propriétaires
censitaires) ; nécessité d’une armée permanente stationnée dans provinces rend
impossible utilisation massive des citoyens ; problème générationnel, génération
où il n’y a plus de vétéran de 2 nde Guerre Punique donc plus d’officiers
expérimentés (cf. travaux d’Adrian Goldsworthy).

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Le métier de citoyen dans la Rome républicaine

2/ Noubeaux besoins de l’Empire amène à élargir le recrutement - 107 : Marius consul


réforme recrutement ; lors du dilectus de 107, proletarii peuvent accéder à l’armée ;
pratique existait déjà ; à court terme, armée volontaire se forme, hommes acceptent
service long ; à long terme, guerre devient moyen de gagner sa vie ≠ défense de la patrie.

2) Les droits politiques


Participation au processus législatif ; citoyens s’expriment à travers plusieurs
assemblées :
- comices centuriates : principal organe législatif – juge crimes passibles de peine
de mort ; après 2nde GP, rarement convoqué pour voter les lois, mais souvent pour
la guerre car comices centuriates représentent la société en armes – vote par
centuries (195 au total) ; centurie « prérogative » tirée au sort pour voter en
premier, surtout lors des comices consulaires ; centuries « riches » (98)
l’emportent pratiquement toujours – réformes engagées au IIème siècle : Citoyens
de 1ère classe ne disposent plus que de 88 centuries de vote. Nécessaire de
recourir aux votes des centuries de 2 nde classe. Pour autant, citoyens les plus
pauvres n’avait presque pas occasion ; procédure du vote secret
- comices tributes : vote dans cadre de la tribu (35 : 4 urbaines + 31 rurales) –
organisation qui remonte à la première fédération romaine – grâ ce à clientèle
rurale, principales gentes ont poids considérable – lors des guerres sociales,
marianistes promettent citoyenneté ≠ principe d’équilibre.

3) Le rapport à l’impô t
Implication financière de la guerre : campagnes militaires financées par le tributum
qu’on fait remonter au siège de Véiès (406-398) ; supprimé en -67 jusqu’en -43, Rome
exporte sa fiscalité sur peuples vaincus – citoyens pas contribuables par définition, mais
bénéficiaires (souci de contrô le du marché, -223 Lex Sempronia sur distribution de blé à
plèbe jusqu’environ vers -100, l’annone).

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III. Le métier de citoyen

1) Le métier ?
Idée d’une activité normée avec statut légal qui prend du temps et dont on peut tirer
revenus – activité politique à Rome est normée (cf. doc 4) ; une des principales activités :
le vote originairement oral et recueilli par rogator, puis vote tabellaire – 45 : vote pour
consulat a pris cinq heures (vote+dépouillement) ≠ vote de loi qui est beaucoup plus
important et prend plus de temps – Appien (doc. 5) fait différence entre citoyens urbains
et citoyens de la campagne.
Relativiser perception des Romains : pas de démocratie, c’est le groupe qui vote –
problème inhérent à dilatation géographique de la cité romaine – il faut avoir du temps
libre qui instaure sorte de distinction sociale.

2) Professionnels et amateurs
Doc. 5 : tribun de la plèbe élu par comices tributes – même si aucune exclusion des plus
pauvres, réalité économique prend le dessus (vote pendant saison de la moisson) ; ordre
de vote des comices tributes fixé par tradition.
Etre citoyen = métier au sens plein pour l’élite de la pop – réalité de la pratique politique
leur réserve également exercice de magistrature ; carrière politique est véritable choix –
distinction entre différents niveaux de citoyen explique dérive de fin Res ; par épisode
de Tib. Gracchus, radicalisation de la vie politique – électeur devient un enjeu –
clientélisme électoral qui se manifeste par rétribution des électeurs (cf. élection Cicéron
au consulat), organisation de banquets et associations licites (sorte de parti pol).
 Nouveau langage politique :
- funérailles exaltent à la foi l’unité nationale + enjeu politique entre factions
- place des triomphes
- cortèges et manifestations (ex. escorte des magistrats ; lors de l’exil de Cicéron,
20,000 personnes l’auraient accompagné
- jeux
Opinion = puissance redoutable, même si jamais décisive.

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Diversité des situations du citoyen ; aucune unité.


Tous pourtant appartiennent à même communauté, disposent d’un statut envié.
Deux éléments ébranlés au Ier siècle :
1/ cohérence de hiérarchie des fonctions et droits pol remise en cause par
instrumentalisation faite par aristocratie
2/ magistrature spectacle

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