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Les Lumières?

• Réaction contre les “ténèbres” du fanatisme religieux et de l’autorité établie,


notamment en matière de science et de gouvernement
• Remise en question par la raison
• Libertés individuelles
• Progrès humain et bonheur sur Terre

Beau programme… mais il y a un envers à la médaille


• Progrès… inégal?
• Progrès comme justification au colonialisme et à l’esclavage

Quel « siècle » au juste?


• L’historiographie ne s’entend pas toujours sur la définition
• Pour nos besoins: de la mort de Louis XIV (1715)…
• … jusqu’à la Révolution française (1789)…
• … mais ce n’est pas forcément une limite stricte!

Caractéristiques de la période:
• Développement du libéralisme proto-démocratique
• Refonte de la culture scientifique
• Remise en question du pouvoir de l’Église
• Lutte contre l’intolérance
• Valorisation du bonheur temporel

En général…
• Un siècle d’expansion économique et démographique
• Un siècle plus heureux que les précédents
• Moins de guerres meurtrières
• Moins de famines
• Moins d’épidémies

Organisation sociale
• Une société inégalitaire et divisée en trois ordres, ou états:
• Premier état: le clergé(0,5% à 1% de la population)
• Second état: la noblesse (2% en France)
• Tiers état: tous les autres
• Chaque état dispose de certains privilèges et a des obligations envers les autres.

La noblesse en France: entre 125 000 et 300 000 personnes (2% de la population)
• Noblesse d’épée: de longue tradition militaire
• Noblesse de robe (« robins »): juristes, administrateurs et officiers qui ont acheté des
offices ou des fiefs anoblissants
• La noblesse se transmet par l’héritage paternel
• Privilèges: hautes fonctions, peu d’impôts, contrôle de la majorité des terres
• Responsabilité: protéger et administrer

• La noblesse en Grande-Bretagne: à peu près 200 familles


• Seuls privilèges: siéger à la chambre des Lords du Parlement et être jugés par leurs
pairs
• Il y a aussi la gentry, composée de quelque 4 000 familles riches et puissantes mais qui
ne portent pas de titres de noblesse
• Cette aristocratie, contrairement à celle de France, paie des impôts fonciers.
• Le clergé (moins de 1% de la population)
• Hautes charges réservées aux nobles
• Simples curés souvent pauvres et peu éduqués
• Privilège: Exempté d’impôts en France (en Grande- Bretagne: paie l’impôt foncier)
• Obligation: soin des âmes
• Le Tiers état (97% de la population) est très hétérogène
• Bourgeois (artisans, marchands, professions libérales)
• Paysans (75% de la population) souvent locataires des terres qu’ils cultivent et liés à
un seigneur souvent (mais pas toujours) noble
• Privilège: certaines libertés bourgeoises et droit à l’usufruit de la terre
• Obligations: nourrir les deux autres et fournir les impôts qui financent le
gouvernement

Obligations des paysans français envers les seigneurs:


• Cens (« loyer » de la terre)
• Respecter le monopole du moulin, du pressoir, etc.
• Droit de corvée
• Droit de banvin
• Droits de justice
• Lods et ventes
• La paysannerie britannique:
• Yeomen qui possèdent des terres moins vastes que la gentry
• Fermiers qui possèdent eux aussi leurs terres
• « Cottagers » qui louent des terres à la gentry et aux yeomen
• Laboureurs et journaliers

La paysannerie en Europe de l’Est:


• Le servage se perpétue en Pologne, en Russie (aussi en Autriche jusqu’en 1781)
• Les serfs sont une propriété qui peut être vendue
• Les serfs ne disposent pas de leurs propres personnes

Organisation politique
Monarchie « absolue » ; le monarque concentre en sa personne les pouvoirs législatif,
exécutif et judiciaire = France, Autriche, Prusse, etc.
Monarchie limitée le monarque partage les pouvoirs avec des institutions décisionnelles
indépendantes de lui ; Grande-Bretagne
Despotisme le monarque n’est même pas soumis aux lois ; Empire ottoman, Russie?
Républiques ; Pas de monarque (mais souvent des familles dominantes) Venise,
Provinces- Unies

• Mais ces formes de gouvernement ne sont que des modèles; en pratique, c’est plus
compliqué!
• Selon le statisticien George Box: « Tous les modèles sont faux, mais certains sont
utiles. »

La monarchie française
• Sous Louis XIV (mort en 1715), la France a vécu une concentration du pouvoir entre les
mains du monarque
• Nobles « domptés »
• Protestants: contrepouvoir affaibli
• Les limites au pouvoir du roi sont peu nombreuses
• Respecter la loi coutumière
• Ne pas aliéner le domaine royal
• Ne peut pas désigner son successeur
• Respecter les lois naturelles (garantir la paix et la prospérité)
• Gouverner en conseil: le roi peut ecevoir des conseils d’instances traditionnelles
(Parlements, États généraux, Assemblée des notables), mais il n’est pas obligé d’y faire
suite
• Mais le XVIIIe siècle voit un affaiblissement relatif de la monarchie
• Rois timides: Louis XV (1715-1774) et Louis XVI (1774-1791)
• Indépendance des officiers
• Enchevêtrements de pouvoirs qui se contrecarrent les uns les autres
La monarchie britannique
• Monarchie limitée, surtout depuis 1689 (Bill of Rights)
• D’abord en Angleterre, puis en Écosse depuis l’union politique de 1707 (United
Kingdom of Great Britain)
• Dynastie de Hanovre règne pendant tout le siècle: George I (1714-1727), George II
(1727-1760), George III (1760-1820)
• Pouvoir partagé avec le Parlement: chambre des Lords (héréditaires) et Communes
(élus)
• Députés élus par une très petite partie de la population
• Whigs et Tories: deux groupes parlementaires de plus en plus cohérents
• Tories: défendent les intérêts de la monarchie
• Whigs: défendent les pouvoirs du Parlement, la propriété privée, le respect des lois, la
liberté
• Whigs dominent une bonne partie du siècle sous Robert Walpole, le premier
« Premier ministre » (1721-1741) et William Pitt (1757-1768)
• Deviennent des « partis » après 1760

Autres monarchies
• Allemagne (Saint Empire): monarchie élective contrôlée par les Habsbourg
• Les Habsbourg règnent aussi sur la Hongrie, la Bohème et les Pays-Bas Autrichiens
(~Belgique actuelle)
• L’Allemagne est morcelée en petits États semi indépendants
• Et la Prusse, un royaume allemand, ne fait pas partie de l’Empire
• Espagne: sous le contrôle d’une branche des Bourbons depuis 1700
• Russie: une monarchie absolue, quasiment un despotisme
• Dynastie de « tsars » Romanov
• Puissance montante sous Pierre le Grand (1682-1725) et Catherine II la Grande (1762-
1795)

Le problème de la succession monarchique


• Cas d’espèce: la Pragmatique Sanction de 1713 et l’accession de Marie-Thérèse au
trône des Habsbourg (1740-1780)

Les régimes républicains


• Habituellement de petites tailles: Provinces-Unies (Pays- Bas), Venise, quelques villes
États
• Souvent oligarchiques plutôt que démocratiques
• On observe l’expérience des États-Unis avec curiosité…

Le cas de l’Italie
• Morcelée, comme l’Allemagne (la carte représente 1796)
• Sous le contrôle autrichien:
Lombardie, Sicile et Naples, Toscane (après 1748)
• Sous le contrôle espagnol: Deux-Siciles (après 1748), Parme, Plaisance…
• Républiques: Venise, Gênes, Lucques, Saint-Marin
• Plusieurs principautés et duchés indépendants
• États pontificaux
• Royaume de Sardaigne…

Causes des fluctuations


• Augmentation de la natalité en première moitié du siècle encourage la croissance
démographique.
• Espérance de vie passe de 25 ans vers 1750 à 30 ans à la fin du siècle.
• Mortalité infantile reste très élevée: un enfant sur quatre avant l’âge d’un an, un autre
enfant sur quatre avant l’âge de 10 ans.
• Mais la mortalité à l’âge adulte diminue.
• Trois facteurs inter-reliés peuvent ralentir ou renverser la croissance démographique:
• Guerre
• Épidémies
• Famines
• Ces facteurs sont plus rares et/ou moins sévères au XVIIIe siècle qu’auparavant, ce qui
explique la baisse de la mortalité à l’âge adulte.

Répartition de la population
• L’Europe est rurale à 90%; la France, à 80%.
• La population des villes augmente cependant de 25%.
• Londres passe de 550 000 à 900 000 habitants entre 1700 et 1800.
• Paris, de 510 000 à 660 000.
• Autres grandes villes: Naples, Venise, Rome.
• Population assez mobile en Italie et en Grande-Bretagne; assez sédentaire en France.
• La moitié des Français meurent dans leurs villages natals.

Économie européenne
• En général, l’économie européenne du XVIIIe siècle est agricole, fragmentée et
régionalisée.
• Agricole: dépend de la production du sol, surtout des céréales
• Fragmentée: petites exploitations agricoles et artisanales; peu de grandes «
entreprises »
• Régionalisée: faiblesse des réseaux de transport limite la portée des échanges
(exception: commerce maritime), pas de banques centrales pour l’accès au crédit sauf
en Grande-Bretagne
• Malgré ces faiblesses structurelles, les disettes et les famines sont plus rares et moins
sévères au XVIIIe siècle qu’auparavant:
• Innovations agricoles: rotation des cultures, introduction de nouvelles plantes
• Tentatives d’intégration des marchés
• Expansion et amélioration du réseau routier, des véhicules.
• Proto-industrialisassions ajoute des sources de revenus aux paysans et réduit l’impact
des mauvaises récoltes
• Surtout: un climat plus généreux (sauf en Scandinavie, Irlande et Russie)

Les enclosures
• Phénomène particulier à la Grande-Bretagne: les terres communales sont fermées aux
paysans
• Pertes de sources de revenus/nourriture
• Incite à quitter la campagne pour la ville
• Main-d’œuvre protoindustrielle urbaine; invention du « consommateur »

Les débuts de l’industrie


• Dès le XVe siècle: production sur commande de fils et de tissus en lin, coton et laine
dans les régions céréalières.
• Organisation du travail genrée ou non, selon les régions.
• XVIIIe: Proto-industrialisation dans le domaine des textiles
• « Manufactures » où l’on fait tout à la main (pas de moulins à eau ou de machines à
vapeur, comme dans les usines qui viendront plus tard)
• Conditions malsaines…
• Les artisans ne sont plus propriétaires des moyens de production: un investisseur
fournit les outils et la matière première.
• En Angleterre, on voit aussi le développement de la métallurgie et de l’industrie du
charbon.
• Le coke, distillation du charbon, est moins cher et plus énergétique que le charbon de
bois.
• La technique du puddlage permet de produire du fer forgé beaucoup plus solide
qu’auparavant.
• On peut donc construire des ponts, des outils et des clôtures en fer de meilleure
qualité.
• Les exportations de fer se multiplient par 9 en un siècle.
• Avec les machines à vapeur, perfectionnées par James Watt vers le milieu du siècle, on
voit l’arrivée des usines qui augmentent la production.
• Les machines, coûteuses et lourdes, requièrent le travail en usine dans le textile et la
métallurgie.

L’opinion publique
• Émerge d’abord en Angleterre, puis en France et ailleurs (Jürgen Habermas, Keith
Baker, Arlette Farge, Daniel Gordon)
• Discussion publique basée sur la raison, dans le but d’atteindre un consensus
• Dans des institutions publiques (presse, loges maçonniques, académies)
• Par des individus qui ne font pas (toujours) partie des conseillers traditionnels du roi
• L’opinion publique devient une sorte de contre-pouvoir
• D’abord sur des questions culturelles, puis politiques
• Mécanisme pour critiquer l’action de la monarchie
• En réponse, la monarchie utilise de plus en plus la raison elle aussi (préambules aux
lois pour les expliquer, compte-rendu des finances publiques de laFrance par Jacques
Necker en 1781)
• En France, le principe de l’unité est particulièrement important
• On croit que l’opinion publique qui émerge représente la volonté générale qui existait
avant le débat
• Bon pour la cohésion, mais pas forcément pour la démocratie (opposition = illégitime)
• Ailleurs, c’est différent.

Le Jansénisme
• Autre source d’opposition: le jansénisme
• Mouvement catholique fondé au début du XVIIe
• Condamné par le pape (bulle Unigenitus de 1713)
• Le roi veut intégrer la bulle aux lois du royaume; opposition des parlements qui
résistent à l’intervention du pape dans les affaires de la France
• Expansion du jansénisme: presse, multiples couches sociales

L’opposition parlementaire
• Les Parlements entrent en conflit avec l’administration royale, surtout entre 1730 et
1760.
• Refus des impôts égalitaires, au nom des classes populaires déjà écrasées (prétexte
douteux?)
• Se présentent comme les défenseurs des libertés contre un gouvernement qui
dépasse les bornes
• Défendent les jansénistes
• Louis XV exile le Parlement de Paris (1753) et dissout même tous les Parlements
(1771); rétablis par Louis XVI en 1774.
• Amoindrit l’aspect sacré de la monarchie

Contre-pouvoirs
• Conclusion: au cours du XVIIIe siècle, il se creuse (lentement) un fossé entre la royauté
et le peuple.

Les femmes et le mariage


• Avantages du mariage pour les femmes au XVIIIe siècle
• Acquisition d’un statut social enviable (famille)
• Sécurité économique (peu d’opportunités pour les célibataires, surtout celles issues
des classes populaires)
• En pays catholiques: vie religieuse pour les femmes de milieux relativement aisés
• Gouvernante, domestique
• Employée du textile (« spinster »)
• Inconvénients du mariage pour la femme au XVIIIe siècle:
• Perte d’indépendance juridique: elle ne peut pas signer de contrat, témoigner en
cours ou faire appel à la justice
• La plupart du temps, les revenus de la femme appartiennent au mari.
• Mais la dot reste à elle (même si le mari l’administre)
• Douaire: la veuve hérite d’une partie des biens du mari (30 à 50%) dont elle peut
disposer jusqu’à sa mort.
• Les veuves: une liberté retrouvée?
• Récupération de la dot et (dans certains pays) du douaire
• Indépendance juridique renouvelée
• Parfois possibilité de faire partie d’une guilde et de poursuivre l’activité économique
du mari défunt
• Les veuves à l’aise sont donc moins enclines à se remarier que les veufs…
• … mais les veuves pauvres n’ont pas beaucoup de choix

Rappel: la Renaissance
• Période qui commence en Italie (fin XIVe-début XVe)
• Redécouverte de l’Antiquité
• Transmission des textes par l’imprimé
• Renouveau artistique (Giotto) et littéraire (Pétrarque)
• L’humanisme s’intéresse à la nature humaine et prend ses distances avec l’Église, sans
renier la religion

Œuvres de la Renaissance
• Majoritairement des thèmes religieux et/ou des œuvres parrainées par l’Église
catholique
• Chapelle Sixtine (Michel-Ange)
• La Fornarina, dans les appartements du pape Jules II (Raphaël)
• La cène, dans un monastère (Léonard de Vinci)

Projet philosophique
• L’être humain et la vie sur Terre passent en premier
• Les critiques envers l’Église et la monarchie deviennent de
plus en plus tranchantes, surtout en France
• Malgré (ou à cause de!) la place prépondérante de l’Église catholique dans la vie
civique
• Aux dogmes, on oppose les concepts de la rationalité et du progrès pour comprendre
la société et atteindre le bonheur
• Utiliser l’observation et le raisonnement, comme dans le domaine des sciences
naturelles
• Trouver les lois naturelles qui gouvernent la vie humaine et s’en servir pour changer le
monde

La nature humaine
• Les philosophes utilisent le terme “nature” de deux façons:
• Pour décrire les conditions de vie aux origines de l’humanité (“état de nature”)
• Pour décrire les fondements des sociétés
• L’un n’implique pas l’autre: le “contrat social” peut fonder une société sur des bases
différentes de l’état de nature

Le contrat social
• Thomas Hobbes (1588-1679): l’état de nature, c’est la guerre perpétuelle de chacun
contre tous
• Pour éviter le massacre, il faut un souverain puissant qui impose l’ordre par la force
(Léviathan)
• Les êtres humains acceptent de se soumettre à ce souverain pour sauver leurs vies et
leurs propriétés
• Ce “contrat social” établit la société sur des bases qui vont à l’encontre d’un état de
nature mauvais.
• Hugo Grotius (1583-1685): l’état de nature, pour l’être humain, c’est d’être sociable.
• Beaucoup de disciples au XVIIIe siècle, dont le baron d’Holbach et Charles Duclos
• Pour ces philosophes, la civilisation perfectionne l’état de nature en établissant des
règles de civilité
• On doit discuter civilement (dans les salons, etc.) pour faire rejaillir la lumière
• Jean-Jacques Rousseau (1712-1778): dans l’état de nature, l’être humain est plutôt
solitaire que sociable; il est aussi libre et heureux.
• La civilisation pervertit et enchaîne l’être humain
• Il faut retrouver le bonheur du “bon sauvage” en renonçant au luxe et en menant une
vie simple et austère
• Dans son ouvrage intitulé Du contrat social (1762), Rousseau argumente que:
• La république est supérieure à la monarchie
• Parce qu’en participant activement à la rédaction des lois, on suit sa propre volonté en
obéissant aux lois (liberté/volonté populaire)
• La république encourage la vertu, i.e., le souci du bien public plutôt que des intérêts
personnels… à condition de recevoir une éducation appropriée
• Mais pour Rousseau, tous les pays ne peuvent pas vivre en République; certains, dont
la France, sont trop gros.

Quelques figures importantes…


Voltaire François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778)
• Le plus influent de tous
• Partisan d’une monarchie éclairée qui protège le peuple de la rapacité des nobles
• Auteur prolifique, l’un des plus populaires du temps
• Œuvres importantes: Lettres philosophiques (1734), Candide (1759), Traité sur la
tolérance (1763)
• Utilise la satire, notamment pour s’attaquer au fanatisme religieux (“l’infâme”) et à
l’arbitraire politique
• Intervient dans plusieurs causes célèbres pour défendre les victimes de la bigoterie
Voltaire et l’Angleterre
• Voltaire admirait la société anglaise, surtout celle de la fin du XVIIe-début du XVIIIe
siècles
• Monarchie constitutionnelle après la Glorieuse Révolution de 1688-1689
• Voltaire admire la philosophie de John Locke sur les libertés individuelles et
l’empirisme

Montesquieu Charles-Louis de Secondat, baron de Montesquieu (1689-1755)


• Issu d’une famille peu conformiste de la noblesse de robe
• Souligne l’importance des nobles dans l’équilibre des pouvoirs
• Utilise la satire lui aussi, mais surtout pour attaquer le système politique
• Comme Voltaire, il admire Locke et certains aspects de la société anglaise
• Oeuvres importantes: Lettres persanes (1721), De l’esprit des lois (1748)
• Dans cette dernière, il définit et analyse quatre types de gouvernements: démocratie,
aristocratie, monarchie, despotisme
• Il tente aussi d’associer les formes de gouvernement à l’environnement (climat)
• Pour comprendre les lois, on peut donc effectuer une analyse du contexte qui leur a
donné naissance

Beccaria Cesare Beccaria (1738-1794)


• Polymathe qui s’intéresse à l’agriculture, au commerce, aux mines et (surtout) aux
questions juridiques
• Membre de l’Accademia dei Pugni (“académie des poings”), qui publie un journal, Il
Caffè, pour diffuser des réflexions sur l’économie et promouvoir des réformes
• Oeuvre principale: Dei delitti e delle pene (“Des délits et des peines”, 1764)
• L’État doit protéger ses citoyens et assurer leur dignité
• La justice doit être la même pour tous
• L’accusé doit être considéré innocent jusqu’à preuve du contraire
• La peine doit être calculée rationnellement, en fonction des dommages causés à la
société
• L’affront à la religion ne doit pas être considérée comme un crime
• La torture doit être abolie et la peine de mort strictement limitée

Autres philosophes majeurs


• Les “Lumières écossaises”
• David Hume (1711-1776): tout savoir provient de l’observation; la méthode empirique
permet d’induire des lois
• Adam Smith (1723-1790): le plus grand théoricien du libéralisme économique
• Giambattista Vico (1668-1744), “l’anti-lumière”
• Critique le rationalisme: on ne peut comprendre que ce que l’on peut créer, donc seul
Dieu peut comprendre le monde physique
• Nouvelle Science: l’être humain peut cependant comprendre les sociétés humaines en
se plongeant dans l’esprit des humains du passé
Émilie du Châtelet (1706-1749), une rare femme parmi les philosophes
• Académie des sciences de Bologne, la seule qui admet des femmes
• Traduit et commente les Principes mathématiques de Newton
• Diffuse la physique de Leibnitz en France
• Longue collaboration avec Voltaire

Le Déisme
• Critiquer l’Église ne signifie pas être athée. Voltaire et Montesquieu sont plutôt
déistes:
• Dieu a établi les lois qui gouvernent le monde physique
(“dieu horloger”)
• On peut donc comprendre le monde (et Dieu!) en
observant son oeuvre
• Dieu n’intervient pas personnellement (pas de miracles)
• Ne croient pas aux religions révélées
• Certains philosophes, dont Diderot, d’Holbach et Helvétius, sont cependant athées

La « querelle des femmes »


• Une sorte de « débat » informel qui a commencé au Moyen Âge, sur la nature, les
capacités, les droits et les rôles des femmes.
• Ex.: Boccace (~1362): Les femmes sont naturellement inférieures aux hommes; celles
qui sont admirables sont chastes, réservées et obéissantes.
• Ex.: Christine de Pisan (1405): Si les femmes accomplissent moins que les hommes,
c’est à cause des conditions que les hommes leur imposent.
• Le débat continue à l’ère moderne: les femmes sont-elles meilleures ou pires que les
hommes? Et cette différence est-elle innée ou acquise?

Trois courants de pensée


• Les “essentialistes”: les femmes sont irrémédiablement inférieures
• Les cartésiens réformistes: les femmes ont les mêmes capacités que les hommes mais
les institutions limitent l’expression de ce potentiel; changeons-les!
• Les cartésiens non réformistes: les femmes ont les mêmes capacités que les hommes
mais devraient quand même se concentrer sur le rôle de mère et d’épouse; ne
changeons rien!

Les “essentialistes”
• Selon Jean-Jacques Rousseau: la division du travail a entraîné le développement de
capacités intellectuelles et de vertus différentes pour les hommes et les femmes
• Hommes: vertus civiques et intellect
• Femmes: vertus morales et spontanéité qui soutiennent la vie familiale, mais pas la
mémoire, l’imagination ou la capacité de raison pour la vie publique
• La femme doit donc éduquer des citoyens, mais pas gouverner elle-même…
• Or, selon Rousseau, les femmes occupent trop de place dans la vie publique en France,
au XVIIIe siècle, ce qui corrompt tout (trop de place au luxe, aux amusements…)
Paul Thiry, baron d’Holbach (1715-1789): les femmes doivent se concentrer sur la
famille et la maternité
• Inaptes à la pensée abstraite
• Le rôle maternel doit freiner les passions
• Antonio Conti (1677-1749): la femme est naturellement faible
• Tissus imprégnés de sang et de lait, ce qui les rend moins flexibles et plus faibles
• Aorte agrandie —> pouls plus faible et intellect engourdi
• Patronio Zecchini: l’irritation perpétuelle de l’utérus limite la capacité de raisonner…

Les cartésiens réformistes


• Pour les cartésiens, l’esprit est une “table rase” à la naissance
• L’éducation détermine l’expression du potentiel, plutôt que la physiologie
• Hommes et femmes sont également doués de raison
• Hommes et femmes ont le même droit à la liberté

Nicolas de Condorcet (1743-1794): c’est une longue tradition d’acculturation qui a


rendu les femmes frivoles
• Pendant la Révolution, il propose une réforme de l’éducation: égalitaire,
publique, gratuite et laïque (jamais mise en pratique)
• Propose l’égalité des femmes en droit, y compris le droit de vote
• Justifications pragmatiques: une femme éduquée soutient efficacement son mari et
l’éducation de ses enfants

Mary Wollstonecraft (1759-1797)


• Revendication des droits de la femme
(1792): femmes et hommes sont également doués de raison
• La tyrannie des hommes ne permet pas aux femmes de se développer pleinement et
les dégrade
• Elles doivent se servir des seuls outils qu’on leur laisse: ruse, sexualité, artifices,
prétendue faiblesse
• Les femmes devraient élire leurs propres représentantes, mais jouer des rôles
différents de ceux des hommes dans la société (maternité)

Les cartésiens non réformistes


• Giuseppe Antonio Costantini (1692-1772):
• Les femmes ont des capacités mentales égales…
• … mais ne sont capables de moralité que dans la sphère domestique et doivent être
chastes et soumises
• Giovanni Niccolo Bandiera (1695-1761):
• Les femmes sont capables de tout comprendre mais devraient mettre leur éducation
au service de la famille
Réformes et despotisme éclairé en France
• La réaction du gouvernement français aux écrits philosophiques des Lumières:
• Écrits de Rousseau brûlés par l’Église
• Plusieurs philosophes exilés hors du royaume
• Diderot, d’Holbach, Helvétius, etc., sont emprisonnés et harcelés par la police
• Même des demandes de réformes modestes sont inacceptables aux yeux des
autorités; il faudra attendre la Révolution pour qu’elles exercent une influence
• Mais ailleurs, c’est une autre paire de manches…

“Despotisme éclairé”
• Les philosophes conseillent des monarques, qui introduisent des réformes sans
changer le système politique
• Les écrits philosophiques se répandent partout et influencent des dirigeants qui n’ont
pas de contacts directs avec les auteurs
• Marie-Caroline (“Charlotte”) de Naples

Catherine II de Russie (“Catherine la Grande”), règne de 1762 à 1796


• Correspond avec Voltaire, reçoit Diderot
• Réformes modestes: commission pour codifier les lois en une sorte de Constitution
(suspendue), limites à la torture, un peu plus de tolérance religieuse

Frédéric II de Prusse (“Frédéric le Grand”), règne de 1740 à 1786


• Influencé par Voltaire (qu’il emprisonne!)
• Accueille des réfugiés religieux en Prusse
• Libère les serfs du domaine royal et interdit aux maîtres d’infliger des châtiments
corporels
• Allège la censure
• Mais renforce la distinction entre les ordres, pratique une politique militaire
agressive…

Joseph II, Empereur germanique (règne 1765-1790, seul à partir de 1780)


• Le plus ambitieux
• Tolérance religieuse pour les Protestants et les Juifs (1781)
• Sécularise la moitié des ordres religieux
• Abolit le servage
• Instaure une fiscalité égalitaire
• Mais sa personnalité autoritaire et le rythme des réformes entraînent une forte
réaction

Le mercantilisme
• Système dirigiste implanté par le ministre Jean-Baptiste Colbert
(1619-1683) en France; associé aux Tories en Grande-Bretagne
• Principe: la richesse dépend de la possession de métaux précieux
• Il faut vendre plus qu’on achète (à l’étranger)
• Les ressources sont limitées; il faut conquérir des territoires pour y avoir accès
• Pour éviter la fuite des capitaux, on instaure:
• Des manufactures et industries privilégiées (soie, mobilier, Gobelins)
• Un système de commerce exclusif avec les colonies (colonies fournissent matières
premières exotiques et achètent exclusivement à la métropole des produits finis)
• Saint-Domingue: principal producteur mondial de café, de sucre et d’indigo vers 1780
• Canada: seulement 6% de la valeur du commerce avec les Caraïbes avant la
conquête…

Mercantilisme et contrebande
• L’exclusif est très avantageux pour la métropole mais beaucoup moins pour les
colonies
• Importation forcée de produits chers et de qualité discutable
• Approvisionnement imprévisible, surtout en temps de guerre
• Résultat: contrebande omniprésente
• 97% de tout le commerce en Louisiane, entre 1780 et 1790, est illicite
• Les colons vendent illégalement à l’étranger
• Les marchands attirés par les colonies qui ont des devises étrangères

La physiocratie
• Une école de pensée libérale à peu près exclusivement française, initiée
par François Quesnay (1694-1774)
• Principe: La richesse provient de la terre et de la production agricole
• La terre doit aussi constituer la base de l’impôt
• Pour payer cet impôt, on doit pouvoir exploiter ses terres à sa guise, sans que l’État ne
s’en mêle
• Peu d’intérêt pour le commerce et l’industrialisation
• Le gouvernement français, sous l’influence des physiocrates, libéralise le commerce
des grains en 1763
• Cela entraîne une hausse des prix et une pénurie
• Gouvernement accusé de “complot de famine”
• Contrôles sur la circulation des grains rétablis en 1770, puis abolis à nouveau en
1774… avec les mêmes résultats
• “Guerre des farines” d’avril-mai 1775

Expansion économique?
• La croissance économique ne profite pas également à tout le monde
• Le prix des céréales augmente modérément (1730-1760), puis rapidement (1760-
1775), au profit des propriétaires terriens
• Expansion commerciale et industrielle, au profit des maîtres artisans et des bourgeois
• Salaires ne montent pas au même rythme…
Le libéralisme classique
• Courant initié par les Britanniques David Hume et Adam Smith (1723-1790)
• Principe: la richesse provient de la poursuite de l’intérêt individuel
• L’État doit se contenter de la défense, de la justice et de quelques biens publics (dont
l’éducation)
• La division du travail augmente la productivité
• S’oppose au concept d’une économie morale
• Il n’y a pas de juste prix ou de juste salaire
• Seulement la confluence d’intérêts individuels
• Ces intérêts établissent les prix (“main invisible du marché”)

Le développement économique selon Adam Smith


• Quatre étapes:
• Chasseurs-cueilleurs: pauvres mais égaux
• Pasteurs: un peu plus riches, un peu plus inégaux
• Agriculteurs: encore plus riches et plus inégaux
• Commerçants: l’interdépendance produit la richesse maximale et la liberté (choisir son
métier, chercher son bonheur)
• Pour Smith, la production de biens étant maximale dans une société commerciale,
tout le monde en profite

Les débuts de l’industrialisation


• Les innovations qui vont permettre d’accélérer l’industrialisation au XIXe siècle
apparaissent en Grande- Bretagne:
• Exploitation de la houille (charbon) en métallurgie
• Invention de machines textiles
• Invention de la machine à vapeur
• Profite d’une conjoncture favorable: Banque d’Angleterre, urbanisation, routes et
voies d’eau développées, pas de barrières tarifaires internes

La houille et la “fonte au coke”


• La houille remplace le bois dans la production de la fonte
• Mais elle contient du soufre, qui rend la houille cassante
• Le coke, produit en distillant la houille, en retire le soufre (1709, Abraham Darby)
• Mais le minerai est exposé au coke et la fonte contient trop de carbone
• Vers 1780: four à réverbère sépare le combustible du minerai; la fonte au coke devient
plus solide
• Exportations de fer multipliées par 9

Machinerie textile
• “Spinning Jenny” (1770; photo: Markus schweiss)
• Machine activée manuellement (remplace le rouet)
• Permet à une personne de produire simultanément 8 à 16 fils de coton sur autant de
quenouilles séparées
• “Waterframe” (1768)
• Machine à filer activée par moulins à eau
Machine à vapeur
• Développée par James Watt (1736-1819) dans les années 1760
• Remplace la force humaine ou animale dans l’activation des machines
• Alimentée au charbon de terre
• Découple la production industrielle des cours d’eau

Et en France?
• Les innovations britanniques permettent la naissance d’une économie industrielle, qui
s’appuie sur la mécanisation et la division du travail
• En France, les innovations se cantonnent dans certains secteurs de l’économie:
• Soie, produits chimiques
• Des manufactures qui regroupent des travailleurs, mais pas de mécanisation notable
• Souvent en milieu rural

Une révolution de la consommation?


• Au XVIIIe siècle, les couches aisées de la population urbaine ont les moyens d’acheter
et une offre de produits alléchante
• Les espaces se différencient dans les maisons
• Pièces spécialisées et de plus en plus meublées
• Mobilier spécialisé: coffres, bahuts…
• Objets spécialisés: outils de cuisine (fourchettes!), plats et assiettes en porcelaine et
faïence
• 25% à 40% des maisons de Paris ont une cafetière

La mode
• Comment se rapprocher des classes sociales que l’on admire (ou se distinguer des
autres)?
• Au XVIIIe siècle, les lois somptuaires (qui réservaient certains objets à la noblesse, par
exemple) tombent en désuétude
• Le commerce colonial ajoute des étoffes bon marché aux garde-robes européennes
(“indiennes” en coton)
• Malgré le protectionnisme qui privilégie des industries locales (lin, laine, chanvre, soie)

Le coton en France
• Importations trop populaires, interdites vers 1680
• 1759: on choisit plutôt d’encourager la fabrication locale de vêtements en coton à
partir de tissu importé du Levant
• 1785: importation des toiles de coton interdite à nouveau…
Le coton en Grande-Bretagne
• Importation des toiles de calicot teintes (et de la soie) interdites en 1700 pour
protéger l’industrie locale de la laine
• Deuxième plus importante, après l’agriculture
• Tellement stratégique qu’exporter la laine brute et les moutons est illégal!
(L’émigration des artisans est interdite jusqu’en 1825; l’exportation de machines
textiles, jusqu’en 1849.)
• Protège aussi l’industrie locale de la soie et de la teinture du coton (l’importation de
toiles de coton brutes est permise à la Compagnie du Levant)
• Textiles: 60% des exportations au XVIIIe siècle; la part du coton augmente au
détriment de la laine

Croissance de la consommation de vêtements


• En France, des corporations de métiers contrôlent la vente des vêtements, même
d’occasion.
• Malgré tout, la croissance est rapide: 321% chez les domestiques, 272% chez les
officiers et les professionnels, 163% chez la noblesse, 148% chez les salariés
• Partout (sauf dans la noblesse), la femme achète deux fois plus que son mari.
• “Querelle du luxe”: la consommation est-elle signe de décadence ou de progrès?
Économie morale (voulue par Dieu) ou économie politique (bien-être de tous et toutes)?

La publicité
• Début XVIIIe: les riches britanniques connaissent la mode parisienne par
l’intermédiaire de poupées de mode
• Vers 1780: les poupées sont fabriquées en carton
• Les annonces publicitaires paraissent dans les revues dès le XVIIe siècle
• Mercure Galant (dès 1672)
• Revues spécialisées en mode (vers 1770) dont le Cabinet des Modes, publié aux 15
jours en 1785-86
• The Lady’s Magazine (1770-1854) avec des planches en couleur

Les dépenses de l’État


• En croissance soutenue
• 1600-1609: environ 192 tonnes d’argent fin
• 1788: environ 2800 tonnes d’argent fin
• Dépenses de la Cour, de la famille royale, de l’administration, etc., mais surtout
dépenses militaires
• 23% en 1788 (temps de paix)
• 52% sous Louis XIV en temps de guerre
• Au XVIIIe: l’appui aux révolutionnaires américains constitue le principal problème
Les recettes de l’État
• Quatre sources de revenus:
• Recettes ordinaires du domaine du roi
• Recettes extraordinaires (impôts)
• Ventes de charges
• Emprunts

Recettes ordinaires et extraordinaires


• Le roi est un seigneur qui, depuis le Moyen-Âge, est censé vivre des revenus
seigneuriaux de ses domaines (recettes ordinaires)
• Recettes extraordinaires: ponctions tirées des domaines de ses vassaux
• Supposément temporaires (ex.: temps de guerre)
• Mais de plus en plus permanentes…

Quatre impôts permanents


• Pendant presque toute la période moderne, il y a quatre impôts à peu près
permanents en France:
• La taille, un impôt direct sur les individus ou sur les terres roturières
• La gabelle, une taxe sur le sel
• Les aides, des taxes indirectes sur certains biens dont le vin
• Les traites (droits de douane)

Un système fiscal inefficace


• La perception des taxes est affermée, i.e., sous-traitée à des entités privées qui
avancent l’argent au roi et se paient (à profit) à même les recettes fiscales
• Avantage: encaisse rapide, peu de personnel
• Désavantages: commissions, risque de corruption
• Les revenus fiscaux, grevés d’exceptions et de privilèges, ne suffisent pas à équilibrer
le budget
• Le peuple n’accepte jamais le principe des impôts permanents, mais le poids du fisc
n’est pas assez élevé pour entraîner des révoltes comme au XVIIe siècle.

Des réformes fiscales?


• Au cours du XVIIIe siècle, on tente d’instaurer de nouveaux impôts plus égalitaires
• Capitation: taxe par tête au montant déterminé par le rang social et la richesse; clergé
exempté, nobles peuvent s’en sortir par “abonnement”
• Dixième: impôt de 10% sur les revenus; des nobles et des clercs obtiennent des
exemptions
• Vingtième: impôt de 5% (en 1749) sur revenus fonciers, de charges et
d’investissement mais pas sur les salaires; le clergé réussit à s’en faire exempter
• Bonne volonté, mais les privilèges restent… et le poids du fisc diminue de 1715 à 1755
avant d’augmenter par la suite.
La vente des charges
• Autre source de revenus pour l’État: vendre des charges (“vénalité des offices”)
• On achète un poste dans l’administration, la justice, etc., en payant un certain
montant au roi
• Certaines charges anoblissent
• D’autres s’accompagnent de revenus
• Transmissible en héritage
• Résultat: les rentes aux officiers aggravent le problème des finances publiques

Les emprunts
• L’État n’a pas d’autre choix que d’emprunter pour combler son déficit
• Des individus prêtent (indirectement) au roi
• Investissement risqué…
• L’État emprunte aussi sur les marchés internationaux, à un taux d’intérêt relativement
élevé (~6%)
• Pas de Banque de France pour consolider le crédit

Le problème de la dette
• En temps normal, l’intérêt sur la dette représente entre le quart et le tiers du budget,
mais la situation se détériore au cours du XVIIIe siècle
• Emprunt de 597 millions de livres pour financer la guerre d’indépendance américaine:
plus que la totalité des revenus de l’État pendant un an
• 1783: autre emprunt de 653 millions pour éviter la banqueroute
• En 1788: entre 41% et 49% des recettes vont au service de la dette
• Plus moyen d’emprunter… il faut lever des nouveaux impôts, ce que les Parlements
refusent de faire sans convocation des États Généraux en 1789.

Les finances publiques de la Grande-Bretagne


Dépenses publiques
• La Couronne britannique aussi doit composer avec de fortes dépenses militaires et un
certain endettement
• Budget pendant les années de guerre entre 1776 et
1815: 60% militaire, 30% dette, 10% tout le reste
• 1783: dette de 245 millions de livres

Revenus
• La Couronne britannique ne vend plus beaucoup de charges et de terres publiques au
XVIIIe. Le fisc y est trois fois plus lourd qu’en France, mais sans susciter de résistance.
• Finances ouvertes (discutées au Parlement)
• Impôts plus égalitaires, centralisés, équitables
• Trois formes d’impôt:
• Taxe foncière (30% des revenus)
• Taxes d’accise (taxe de vente, 40 à 50% des revenus) qui ne s’appliquent pas aux
produits de première nécessité
• Droits de douanes (20 à 30%)

Le crédit public
• Le gouvernement peut aussi financer ses activités en faisant appel au crédit public
• 30% du budget en 1701-1715
• 40% en 1776-1783
• Faible taux d’intérêt (1,5 à 2%) grâce à l’action de la Banque d’Angleterre
• Énorme avantage par rapport à la France… surtout quand les deux pays sont en
guerre!

Sécularisation
• Un processus incomplet mais significatif
• Objectifs plus pratiques
• Manuels et programmes basés sur l’expérimentation
• Préparer les individus pour leurs rôles sociaux (vs. religieux)
• Expansion au-delà des garçons de classes favorisées
• L’Église conserve cependant un rôle important

Éducation partout?
• Démocratisation de l’accès au savoir
• Depuis le XVIIe siècle, on publie des ouvrages savants et semi-savants en français
plutôt qu’en latin
• Institutions qui s’ouvrent au public (Bibliothèque du roi) ou qui se créent (Jardin du
roi, Observatoire)
• Mouvement encyclopédiste
• Conférenciers scientifiques dans les cafés (en Grande-Bretagne) et les salons (en
France)
• Jeux de société éducatifs

Alphabétisation en France
• En règle générale, le taux d’alphabétisation augmente
• Attention: mesuré par la capacité de signer son nom dans un registre de mariage, de
baptême ou de décès
• Pas également partout: ville > campagne, riches > pauvres, garçons > filles, nord de la
France > sud, Protestants > Catholiques
• Certains métiers plus que d’autres: boutiquiers, etc.

Ailleurs en Europe
• Grande-Bretagne: passe de 45% en 1714 à 60% en 1750 pour les hommes, de 25% à
40% pour les femmes
• Toute la gentry alphabétisée
• 95% des commerçants vers 1775
• Italie: environ 40% dans les villes
Éducation en France
• Pas de système intégré; plusieurs pistes plus ou moins parallèles.
• Première éducation à la maison (apprentissage chez les artisans)
• “Petite école” primaire dans chaque paroisse depuis 1698 (pour combattre le
protestantisme!)
• Instruction axée sur la morale et la catéchèse
• Maîtres et maîtresses payés par la communauté et par des contributions des parents
• Écoles de charité pour les enfants démunis
• Organisées par des congrégations enseignantes: Frères des écoles chrétiennes, Sœurs
du Saint-Enfant-Jésus
• Fréquentation relativement courte
• Les enfants travaillent dès 8-9 ans
• Fréquentation dépend des récoltes, du revenu…
• Filles quittent l’école plus vite, souvent sans savoir écrire
• Programmes rudimentaires
• Lecture, un peu d’écriture et de calcul
• Pour les plus aisés: Maîtres privés (danse, musique, maths,
géographie…)
• La journée à l’école est régimentée par la discipline
• Prière, leçons, messe, catéchisme, repas…
• La position du corps est réglementée
• Alternance entre enseignement de groupe et individuel
• Le Collège (après ou à la place de la petite école)
• Enfants privilégiés y entrent vers 8 ou 10 ans
• Environ 350 collèges en 1760, 562 en 1789
• Plusieurs opérés par des congrégations religieuses: une centaine de collèges jésuites
en 1760
• Population étudiante: pas plus de 75 000
• Forme des “chrétiens éloquents” par la rhétorique latine et française, la mémorisation
des textes anciens, un peu de science vers la fin du cursus (pour ceux qui restent…)
• Le programme des collèges est de plus en plus critiqué car insuffisamment pratique
• Jean le Rond d’Alembert, dans l’Encyclopédie, réclame plus de langues vivantes, de
science, d’histoire…
• Pour les filles: couvents (Ursulines) avec cursus spécifique au travail féminin
traditionnel

Écoles spécialisées
• Certains élèves contournent les collèges pour étudier dans des écoles spécialisées, aux
programmes plus pratiques
• Écoles militaires (une douzaine vers 1780) pour les futurs officiers de la petite noblesse
• Écoles d’ingénierie, dont celle des Ponts et chaussées

L’Université au XVIIIe siècle


• Très peu d’étudiants atteignent l’Université: entre 10 000 et 12 000 en 1789 pour
l’ensemble des 22 universités de France
• Première partie du cursus: trivium (grammaire, logique, rhétorique)
• Deuxième partie: quadrivium (mathématiques, géométrie, musique, astronomie)
• Par la suite: spécialisation en médecine, droit, théologie
• Très axé sur la tradition…

Éducation en Grande- Bretagne


• Grammar School (de 6-8 ans à 14-16 ans)
• Souvent fondées par des bienfaiteurs qui voulaient lutter contre le catholicisme; les
garçons qui fréquentent celles-ci ne paient pas.
• D’autres exigent des frais de scolarité très variables; les écoles bon marché ont
tendance à admettre beaucoup d’élèves
• De plus en plus d’enfants d’artisans fréquentent l’école au cours du XVIIIe siècle
• Écoles primaires, éducation fournie par l’Église ou enseignement privé avant d’entrer à
la Grammar School
• Le programme des Grammar Schools était critiqué, lui aussi
• Très axé sur le latin et le grec (langues et littératures)
• Élèves répètent et mémorisent des textes anciens
• John Locke (XVIIe siècle) et Joseph Priestley (XVIIIe) parmi les réformateurs potentiels
• Locke: Il ne sert à rien de mémoriser, il faut stimuler la curiosité de l’élève; pour
inculquer la vertu, la compassion est plus efficace que la discipline de fer
• Priestley: Il faut préparer l’enfant pour la vie en société, pas pour les besoins de
l’Église
• Inspirées par Locke et Priestley, des écoles privées offrent un programme modernisé
• Mathématiques, français, sciences naturelles, astronomie, chimie, dessin…
• Il y a aussi, comme en France, des écoles de charité
• Qualité de l’éducation très variable
• Lecture, écriture, arithmétique…
• … mais parfois beaucoup plus: navigation, langues, musique, comptabilité, escrime…
• Matières commerciales pour les garçons, “savoir vivre” pour les filles

Émile
• Rousseau publie Émile, ou de l’éducation en 1762
• L’enfant doit décider de son éducation
• Le maître est un guide qui l’aide à satisfaire sa curiosité, sans contraindre
• Transformation radicale!
• Pour Rousseau, l’éducation doit refléter les rôles différents des hommes et des
femmes dans la société
• Rappel: la division du travail a changé les capacités des femmes, selon Rousseau
• Hommes: responsables de la vie publique
• Femmes: tous les atouts pour la vie de famille, le plaisir, la séduction de l’homme
(utile dans la vie privée,nuisible dans la vie publique)
L’éducation des femmes
• Académie de Padoue, 1723: “Les femmes devraient-elles être admises à l’étude des
sciences et des arts libéraux?”
• G. Camposanpiero: oui; donne des exemples de femmes érudites et invoque Platon
• G. A. Volpi: non; leurs corps les privent de la pensée rationnelle
• Les deux camps font une distinction entre “femmes exceptionnelles” et “femmes du
peuple”
• A. Vallisnieri, président de l’Académie: seules les femmes exceptionnelles devraient
être pleinement éduquées
• Réplique de A. S. de Rossi, en 1729, après la publication des débats:
• Réclame l’éducation pour toutes les femmes, ce qui en ferait de meilleures mères et
épouses
• En France, la question de l’accès à l’éducation pour les filles ne sera réglée (en droit)
qu’en 1882; dans les faits, pour l’enseignement supérieur, il faudra attendre beaucoup
plus longtemps.

Enseigner la géographie au Siècle des Lumières


• Les géographes pensent que l’énumération et la juxtaposition des faits fera jaillir la
lumière
• Ouvrages touffus, érudits, mais peu explicatifs
• Science descriptive: toponymie, coordonnées, listes…
• Peu de détails dans les livres pour enfants, mais les livres pour adultes peuvent être
immenses et “optimistes” en matière de précision
• Estimés de populations à l’individu près, de superficie à l’hectare, etc.
• La géographie des Lumières a généralement assez mauvaise presse aujourd’hui
• “Ennuyeux régurgitateurs de faits” selon Roy Porter
• Démarche nécessaire compte tenu de l’état des connaissances, selon Anne Godlewska
• Rares tentatives d’explications basées sur des théories généralement acceptées au
sujet du climat, etc.
• La géographie des Lumières a généralement assez mauvaise presse aujourd’hui
• “Ennuyeux régurgitateurs de faits” selon Roy Porter
• Démarche nécessaire compte tenu de l’état des connaissances, selon Anne Godlewska
• Rares tentatives d’explications basées sur des théories généralement acceptées au
sujet du climat, etc.

Histoire naturelle
• “La connaissance des choses qui sont produites dans l’Univers et que l’être humain
peut découvrir par les sens.” — Hermann Boerhaave (1668-1738)
• Minéraux, animaux et végétaux
• Astronomie, géologie, zoologie, botanique, archéologie, anthropologie
• Remet le récit de la Genèse en question
• XVe au XVIIe: Documents et récits d’Inde et de Chine, qui ont d’autres chronologies
• XVe au XVIIe: Contact avec les peuples de l’Amérique, qui n’y sont pas mentionnés
• F. I. de la Peyrère (1596-1676) propose l’hypothèse préadamite pour réconcilier les
observations et la Bible
• XVIIIe: étude des céraunies et des fossiles
• Les fossiles incitent les naturalistes à envisager que la Terre est beaucoup plus vieille
que les ~6000 ans proposés par la Bible.
• Dans le Telliamed (publié en 1749), Benoit de Maillet (1656-1738) propose que les
montagnes où l’on retrouve des fossiles marins ont été formées il y a des millions
d’années
• Dans les Époques de la nature (1778), le comte de Buffon propose une Terre
primordiale en fusion, ancienne, où l’humanité serait arrivée tardivement
• Remise en question de l’autorité reçue, sur la base de l’observation.

Cabinets de curiosités
• Musées privés ou réservés à un public limité
• Collections assemblées par des naturalistes antiquaires
• Fossiles, vases, sculptures, pièces de monnaie, spécimens empaillés, herbiers, pierres
intéressantes…
• Parfois gigantesques + milliers d’objets
• Sert à la comparaison, à la compréhension des phénomènes (ex.: que les fossiles sont
des os pétrifiés)

Classifier
• La multiplication des observations et le désir de bien comprendre les phénomènes
entraînent le besoin d’établir des systèmes de classification
• Inspirés par deux penseurs du XVIIe:
• Sir Francis Bacon (1561-1626): induire des règles générales à partir d’observations
particulières
• René Descartes (1596-1650): déduire à partir de règles établies, bien comprendre le
développement des êtres pour connaître leurs vraies natures

Linné vs Buffon
• Carl von Linné (1707-1778) classifie les plantes et les animaux à la manière de Bacon:
en établissant des catégories à partir d’observations empiriques
• Inventeur de la nomenclature binomiale (ex.: Homo sapiens)
• Regroupe les êtres dans une hiérarchie à six niveaux: règne, classe, ordre, genre,
espèce, variété
• 1766: divise les animaux en six classes, sur la base de l’anatomie du cœur et de la
physiologie: quadrupèdes, oiseaux, amphibiens, poissons, insectes, vers
• Catégories informelles: les crustacés sont dans la classe des insectes
• Linné classe les êtres humains parmi les mammifères (1735), puis parmi les primates
(1758)
• Nie la différence primordiale entre les humains et les animaux (pas le premier à le
faire, mais très critiqué pour affront à la religion)
• Parmi ses détracteurs: Buffon
• Georges Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788)
• Auteur de L’Histoire naturelle générale et particulière, publiée entre 1749 et 1789
• Intendant du Jardin du roi à partir de 1739
• Buffon rejette le système de classement établi par Linné et ses étudiants
• L’âme est une distinction fondamentale entre les humains et les animaux
• Toute classification basée sur des catégories artificielles reflète non pas la nature, mais
la vision humaine de la nature
• Si l’on classe, il faut être extrêmement précis et utiliser un maximum de critères:
reproduction, coutumes, habitat, etc., plutôt que quelques facteurs arbitraires
• En début de carrière, Buffon ne reconnaît qu’une seule catégorie valable: l’espèce
• Catégorie d’animaux qui peuvent avoir une descendance féconde
• Il doit éventuellement, au fil des expériences, reconnaître que même cette définition
d’espèce n’est pas si simple
• Brebis et bouc, d’espèces différentes, peuvent avoir une descendance féconde
• 1766: Il classe les singes en genres, espèces et variétés
• Mais il insiste sur l’importance de ne pas abuser…

Académies
• Sociétés savantes en quête de connaissances pour le bien public
• Membres: hommes (et quelques femmes) de lettres, avocats, administrateurs,
médecins, professeurs…; 20% de clercs, 37% de nobles, 43% du Tiers État (sécularisation
en cours de XVIIIe)
• Produisent des rapports, lancent des concours, correspondent entre elles
• En France: Académie française (1634), Académie des sciences (1666), une quarantaine
en tout au XVIIIe.
• Il y en a partout en Europe:
• Royal Society de Londres (1662)
• Saint-Pétersbourg, Édimbourg, Berlin, Madrid, Rome, Florence…
• Vienne est la seule grande ville qui n’en a pas
• Souvent organisées sur des bases thématiques, parfois accompagnées d’institutions
connexes (observatoires, bibliothèques, jardins botaniques, journaux)
• Recrutement croisé de membres étrangers pour augmenter la communication et le
prestige
• Pierre Louis Moreau de Maupertuis (1698-1759(: Berlin, Paris, Saint- Pétersbourg et
Londres
• Voltaire et d’Alembert invités à joindre l’académie de Berlin par Frédéric le Grand

La contribution des Académies


• Composition de certains textes-clés des Lumières en réponse à des concours
• Académies italiennes étudient des questions d’utilité sociale, telles que le rendement
agricole
• Accademia dei Pugni s’intéresse à l’éducation, à l’égalité sociale, à une justice
rationnelle (Beccaria en faisait partie), à l’abolition de la torture et des privilèges
• Mais rarement radicales car leur financement provient souvent de l’État…
Médecine au XVIIIe
• “Adolescence de la médecine moderne” ?
• Des avancées dont nous allons parler, mais…
• Pas de connaissance des microbes, de l’anesthésie, de l’antiseptique
• Compréhension incomplète des mécanismes de transmission des maladies
• Méthode anatomoclinique pas encore développée
• Médicaments efficaces rares
• Plusieurs médecines
• Médecine “officielle” chère et à la disponibilité limitée
• Mais praticiens alternatifs plus accessibles et parfois aussi efficaces
• On tente surtout de prévenir la maladie et de gérer la douleur
• Et l’effet placebo apporte un certain réconfort

Antécédents
• La médecine du XVIIIe siècle est encore fortement influencée par la pensée
d’Hippocrate (460-377 AEC) et de Claude Galien (129-201)
• Théorie des humeurs: sang, phlegme, bile jaune, bile noire
• Maladie causée par un débalancement des humeurs; il faut drainer les excès ou
stimuler les manques
• Depuis le XVIIe, on connaît cependant un peu mieux l’anatomie:
• William Harvey (1578-1657) décrit le fonctionnement de la circulation sanguine
globale
• Marcello Malpighi (1628-1694) observe les tissus vivants au microscope
• Dès le XVIe siècle, Ambroise Paré (1510-1590) avait transformé la chirurgie militaire:
• Nouveaux instruments
• Ligature des artères
• Pansements à froid
• Pas toujours répandu chez les civils
• Thomas Sydenham (1624-1689) rejette les systèmes de classification trop théoriques
et revient à la source: parler aux patients
• L’éducation médicale au chevet des patients
• Identifier les maladies d’après les symptômes
• Pour guérir, plutôt que pour comprendre après la mort

Avancées du XVIIIe
• Développement des connaissances en anatomie pathologique (lésions) et en
physiologie (fonctionnement) des organes
• Introduction de la variolisation, puis de la vaccination
• Théorie des miasmes pour expliquer la transmission des maladies
• Identification de remèdes alimentaires pour prévenir le scorbut
• Étude des maladies septiques

Nouvelle conception de la vie


• Nous ne sommes plus sur Terre pour préparer la vie éternelle…
• … alors la souffrance n’est plus une manière d’expier les péchés, mais un mal
catégorique
• La médecine a donc pour nouvelle mission de guérir à tout prix, pas d’accompagner
dans la souffrance

Nerfs, Muscles, Fibres


• Albrecht von Haller (1708-1777): fait la distinction entre les fibres musculaires et
nerveuses
• Muscles: irritables, réagissent aux stimuli, ne provoquent pas la douleur
• Nerfs: sensibles, transmettent la douleur

Les dangers de la sédentarité


• Samuel Auguste Tissot (1728-1797)
• De la santé des gens de lettres (1775): le mode de vie sédentaire est dangereux
• Étudier trop longtemps use les nerfs et les rend hypersensibles… comme ceux des
femmes, selon Tissot

Qui sont les médecins?


• Majoritairement issus du Tiers État (bourgeoisie aisée)
• Peu nombreux: environ 2500 pour 25 millions d’habitants en 1786 (aussi 25 000
chirurgiens)
• Coûteux
• 50% pratiquent en ville (pour 15% de la population)
• La campagne se débrouille avec des chirurgiens inexpérimentés et des pratiques
alternatives

Médecins et charlatans
• De nombreux praticiens “empiriques” en marge de la médecine officielle: herboristes,
rabouteurs…
• Certains avec une formation partielle; tous avec une connaissance acquise par essai et
erreur de ce qui fonctionne en pratique
• Distinctions parfois justifiées davantage par le corporatisme que par l’efficacité
(limitée dans les deux camps
• Vaccination et autres innovations introduites par des non-médecins

Médicaments
• Officiellement, seuls les apothicaires ont le droit de les préparer, mais des aventuriers
ne se privent pas pour introduire des plantes originaires d’Amérique du sud:
• Quinine pour la malaria et les fièvres
• Ipecac comme émétique en cas d’empoisonnement
• La “machine coloniale” s’intéresse au savoir des Africains et des Américains
(autochtones)
• La deuxième moitié du XVIIIe voit l’expansion du phénomène des marchands de
remèdes secrets itinérants
• Population rurale plus nombreuse et moins pauvre
• Clientèle rejointe par les foires et les annonces publicitaires
• Médicaments qui promettent mer et monde…
• Le plus célèbre: la thériaque (anti-poison hérité de l’Antiquité, qui soulage au moins la
douleur et permet de dormir parce qu’elle contient de l’opium)

Gynécologie?
• Anne Carol: examen gynécologique rare et pratiqué par des non-médecins (sages
femmes, chirurgiens) au XVIIIe
• En marge de la médecine car c’est un acte manuel et médico-légal
• On le considère impudique et souvent inutile

Organes féminins et inégalité


• Certains philosophes blâment l’utérus, les ovaires et les autres organes féminins pour
expliquer des différences de caractères entre hommes et femmes
• Utérus: source d’instabilité
• Fibres moins robustes et moins élastiques rendent les femmes ultra-sensibles à la
moindre stimulation (bon pour juger des goûts, mauvais pour le travail intellectuel)

Homoncules
• Reinier de Graaf (1641-1673) publie le Nouveau traité sur les organes génitaux
féminins en 1672
• Démontre l’existence des follicules des ovaires
• Il croit que l’ovule contient un être humain miniature complet, l’homoncule, qui
grandit quand il est arrosé par le sperme
• Ce qui renforce le rôle primordial de la femme dans la reproduction
• Justification du rôle social (mère et épouse) des femmes, selon plusieurs philosophes.

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