1093

Cap sur la paix JOURNAL BIMENSUEL DES ASSOCIATIONS SOKA DU BOUDDHISME DE NICHIREN
20 FÉVRIER au 5 MaRS 2017 • 3,50 €

P.3 LE MOT DE LA JEUNESSE Sidney Arthur P.8 NRH Nouveau chapitre : Îles de la victoire

P.4-5 MESSAGE Message de Kaneko Ikeda P.14 EXPÉRIENCE [FRANCE] Virginio Arcaio

P.6 PROPOSITIONS POUR LA PAIX Inaugurer une nouvelle ère d’espoir. P.16 L’ÉTUDE EN QUESTION La joie : notre élan de vie !

La Nouvelle
Révolution
humaine
Volume 28
Chapitre 4
1

Faire éclore les fleurs

des bienfaits
© PIXABAY
 2 | Cap sur la paix 1093
Abréviations utilisées
Les références aux écrits bouddhiques sont abrégées
selon les exemples suivants :
b Écrits, 25 : Les Écrits de Nichiren, Soka Gakkai,
Herder, 2012, page 25.
b GZ, 432 : Gosho Zenshu, page 432 (Édition japonaise
des Écrits de Nichiren Daishonin).
b WND-I, 543 : The Writings of Nichiren Daishonin,
volume 1, Soka Gakkai, page 543 (version anglaise).
b OTT : The Record of the Orally Transmitted Teachings,
version anglaise du Recueil des enseignements oraux,
en japonais : Ongi Kuden.
b SdL-XX, 255 : Sûtra du Lotus, chapitre XX, Les Indes
savantes, 2007, page 255, traduction française de
The Lotus Sutra, version anglaise de Burton Watson
du texte chinois de Kumarajiva.
b D&E-mai 2016, 7 : Discours et entretiens de Daisaku
Ikeda, mai 2008, ACEP, page 7.
Lexique des termes bouddhiques
b Daimoku : signifie prière bouddhique. Désigne
l’invocation de Nam-myoho-renge-kyo.
b Gohonzon : signifie « objet de respect fondamental ».
Cette synthèse en une page du Sûtra du Lotus
est confiée aux pratiquants et enchâssée à leur
domicile.
b Gongyo : « pratique assidue » (matin et soir).
C’est la lecture, face au Gohonzon, de passages
du Sûtra du Lotus, ainsi que l’invocation de
Nam-myoho-renge-kyo.
b Kosen rufu : expression que l’on trouve dans
le XXIIIe chapitre du Sûtra du Lotus. Assurer un bonheur
et une paix durables à l’humanité, fondés sur les
valeurs humanistes du bouddhisme de Nichiren.
Cap sur la paix est un journal réalisé
par les jeunes du mouvement Soka de France.
Fondateur de la publication : E. YAMAZAKI • Directeur
de la publication : P. MORLAT • Rédacteur en chef :
B. ROSSIGNOL • Conseillers de la rédaction : M. SATO
L. COLLIAS et H. KOBO • Secrétaire général de
rédaction : F. DINH • Coordination de la rédaction :
M. GENAIVRE, L. LEYOUDEC et J. VIENNE • Conception
graphique et illustrations : Y. MOËSS et D. CHÉRY •
Rédacteurs : V. ARCAIO, S. SARADOV • Traducteurs :
I. AUBERT, M. TARDIEU, C. THOMAS et V. T. OKADA •
Maquettiste : R. TARDIEU • Correctrice : P. KINGUÉ
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l
Cap sur la paix, bimensuel édité par l’ACEP, 17 rue de la Citadelle, BP
30 006, 94114 Arcueil Cedex. Imprimé en France par Advence SA,
139 rue Rateau - Parc des damiers 93120 La Courneuve. Dépôt légal :
Février 2017 • Tous droits de reproduction réservés • Les articles signés
n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs • ISSN 1271 - 2981.
Journal de Jeunesse
de Daisaku Ikeda
Lundi 11 janvier 1960
Nuageux, puis clair
« Efforcez-vous de tout votre cœur de vous
libérer de la négligence et de la paresse. »
(SdL-I, 39)
Dans quel état se trouve le moteur de mon
bateau pour m’élancer dans l’important
voyage de ma trentaine ?
Ai discuté du salaire des membres du staff,
au siège. Ai fait précisément attention à
l’harmonie entre tous, ai considéré leurs
conditions familiales, leurs compétences,
etc. Bien qu’ils exercent leur travail dans
le domaine de la croyance, je dois penser
sérieusement à l’ancrage de leur vie dans
la réalité de la société.
Dans la soirée, ai rencontré les associés de
N. et K. Nous avons discuté de plusieurs
sujets, dont le stock de papier pour le
journal. Quelle que soit la réunion à
laquelle je participe, je ressens le cœur de
Sensei, son image se réfléchit dans mon
esprit.
Sur le chemin de retour du siège, ai fini de
lire le livre de Sensei, Commentaire détaillé
sur les chapitres « Moyens opportuns », et
« La durée de la vie de l’Ainsi-Venu ». Me
suis senti infiniment nostalgique. J’ai
récité beaucoup de Daimoku.
Ai inscrit sur du papier à calligraphie
« Aube » et « Joie illimitée de la Loi »
comme pour me souvenir.
N’ai pas pu aller me coucher avant
2 heures.
Mardi 12 janvier 1960
Nuageux
Me suis réveillé fatigué.
Chez moi, c’est sens dessus dessous, à
cause de mes trois petits « valeureux
guerriers » (mes trois fils). Il n’y a pas
d’endroit où se reposer dans ce château
qui est le mien. Ce doit être le signe de
leur vigueur et de leur bonne santé. Plein
d’espoir. Heureux.
Sous la couverture de mon futon, me
suis rappelé mes souvenirs d’enfance et
de jeunesse. Le moment de la naissance,
l’existence depuis la naissance jusqu’à
la mort – la réalité de la vie. Aujourd’hui,
j’existe dans la phase de la vie à la mort,
ma jeunesse imprégnée par la Loi
Une victoire, un défi, un combat, une expérience à partager ? Contactez l’équipe de Cap !
ACEP, Cap sur la paix, 17 rue de la Citadelle, BP 6, 94111 Arcueil cedex • cap.lecteurs@gmail.com
C
N
merveilleuse. Je dois réaliser que c’est
la meilleure vie qu’une personne puisse
mener. En 1947, j’ai commencé à pratiquer
à 19 ans. Ce jour, le 24 août, j’ai récité
Gongyo, j’ai reçu un précepte, et ai entendu
les paroles du patriarche Horigome. Je
me rappelle qu’il était à peu près entre
13 heures et 15 heures.
Ma famille n’était pas riche. Et ce, depuis
que quatre de mes frères ont été enrôlés
et envoyés au front. Mon père et ma mère
sont chaleureux et droits. Les larmes me
montent aux yeux quand je pense à leurs
épreuves.
Plus tard, j’ai profondément réalisé la
grandeur de mes parents. Mon respect
est d’autant plus profond qu’ils sont des
personnes si ordinaires et honnêtes.
À l’automne 1947, ai décidé de participer
à un cours d’étude de Josei Toda à
Kanda. J’étais grave. Puis, ai renforcé ma
détermination, pensant : « Tant que je
suis avec ce maître… » Mes amis étaient
gais, mais mon cœur restait tranquille et
constant.
Le 3 janvier 1949, ai rejoint l’équipe
éditoriale du Nihon Shogakkan, au sein de
l’entreprise de J. Toda. C’était le premier
pas que j’ai fait en tant que son disciple. Je
l’ai épaulé avec tout mon cœur. Peu à peu,
suis devenu conscient du caractère strict
de la vie, de la société et de la Soka Gakkai
et j’ai commencé à étudier sérieusement.
Le 22 août 1950, l’Union de Crédit de
Construction de Tokyo a fait faillite.
Pourrait-il s’agir de sa deuxième
persécution ? Me suis battu avec toute la
vigueur de mes efforts ainsi que je m’en
étais fait le serment quand je l’ai choisi
pour maître.
Maintenant, je me rappelle que j’ai réalisé
ma plus grande révolution humaine à ce
moment-là.
Quand je pense combien cette seule année
de combat à la vie à la mort à ses côtés,
pendant laquelle j’ai forgé avec lui ce lien
fondé sur la causalité, m’a apporté de
bonne fortune et m’a permis de changer
mon karma, je réalise profondément
l’œuvre de la Loi merveilleuse.
À la maison après 23 heures. Ma femme
m’attendait avec son air calme et doux. n
 Cap sur la paix 1093 | 3
CAP SUR LA FRANCE LE MOT DE LA JEUNESSE

Nouvelle publication

14
VOL.

DAISAKU IKEDA
Encourageons les autres
ur de l’esprit de
SGI. En ce qui
COMMENTAIRES
DES ÉCRITS DE
par nos défis !
Daisaku Ikeda

personne que je Volume 14

ntré M. Toda en
d’Ota, à Tokyo,
son disciple. Si
u bouddhisme,
SUR L’ÉTABLiSSEMENT
œuvrer pour la
mes chers amis DE L’ENSEiGNEMENT CORRECT
POUR LA PAiX DANS LE PAYS
QUATRE COMMENTAIRES DES ÉCRITS DE NICHIREN

école normale
an, avec qui j’ai par Sidney Arthur,
ne de ses devises
lamme. » C’est, LA TOUR AUX TRÉSORS vice-responsable de la jeunesse
ants pour qu’ils
ccomplissent ce
me ou mener à SUR LA FLORAiSON
Daisaku Ikeda
ET LA FRUCTiFiCATION

L
n et la fructification)

LE GÉNÉRAL E mois de février est traditionnellement associé

de quatre lettres TiGRE-DE-PiERRE au mois de la transmission, au sein de notre
e 1260 et 1278. Le
corrigée à partir
ichiren. mouvement. Les pages du mouvement Soka ont
été écrites grâce aux efforts sincères et courageux
N : 978-2-915919-74-5

de nombreux anonymes qui, tout en se débattant

avec leur quotidien, se sont efforcés de transmettre
éditions
ACEP éditions
ACEP

27/01/17 16:11
l’enseignement bouddhique et d’encourager leurs
amis.

© D. SCHIPPER
Le deuxième président de la Soka Gakkai, Josei Toda a
dit : « Prier pour le bonheur de vos amis et leur parler

L
E volume 14 des Commentaires des de la Loi merveilleuse est la plus grande manifestation
Écrits de Nichiren de Daisaku Ikeda d’amitié […]. Réfléchir à la façon d’aider vos amis et
vient de paraître aux éditions ACEP. propager le bouddhisme de Nichiren sont comparables
Cet ouvrage contient les commentaires à la lutte intérieure menée par le Bouddha pour
de quatre lettres écrites par Nichiren à conduire les êtres à l’illumination1. »
des disciples entre 1260 et 1278 : Sur
l’établissement de l’enseignement correct Nous-même, nous menons un quotidien fait de défis,
pour la paix dans le pays, La Tour aux de difficultés et de luttes diverses. Aussi, il peut
trésors, Sur la floraison et la fructification, nous sembler difficile, dans le même temps, de nous
Le général Tigre-de-Pierre. préoccuper des autres.
À ce propos, Daisaku Ikeda écrit : « Ce n’est que
Dans son commentaire Sur la floraison et lorsque nous agissons courageusement pour les autres
la fructification, Daisaku Ikeda écrit : « La que notre vie se trouve ressourcée. Lorsque nous nous
reconnaissance est au cœur de l’esprit de préoccupons des autres et prenons soin d’eux, c’est-
maître et disciple au sein de la SGI. En ce qui à-dire quand nous les aidons à faire jaillir leur force
me concerne, je ne serais pas la personne vitale, notre propre force vitale s’accroît. Lorsque
que je suis aujourd’hui si je n’avais pas nous aidons les autres à développer leur état de vie,
rencontré M. Toda en réunion de discussion nous développons aussi notre propre état de vie. C’est
dans le quartier d’Ota, à Tokyo, durant l’été là l’aspect merveilleux de la voie des bodhisattvas ;
1947, et décidé de devenir son disciple. la pratique consistant à apporter des bienfaits aux
Si je n’avais pas appris de lui l’essence du autres est inséparable de la pratique pour obtenir des
bouddhisme, je n’aurais jamais consacré ma bienfaits pour nous-même2. »
vie à œuvrer pour la paix et le bonheur de
l’humanité avec mes chers amis pratiquants Dans la voie du bodhisattva, lutter pour remporter
du monde entier. la victoire dans notre quotidien va de pair avec le
L’historien et ancien directeur de l’école soutien apporté aux autres. En faisant nôtre le cœur
normale chinoise Huazhang, le Dr Zhang du maître et en nous appuyant sur Daimoku et l’étude
Kaiyuan, avec qui j’ai entrepris un dialogue, des enseignements, continuons d’écrire les pages du
m’a rapporté l’une de ses devises préférées : mouvement Soka, afin d’apporter l’espoir d’un mode
"Ne laisse pas s’éteindre la flamme." C’est, de vie victorieux à ceux qui nous entourent ! n
m’a-t-il dit, un appel lancé aux étudiants
pour qu’ils héritent des vertus de leur maître
et accomplissent ce que ce dernier n’a pu
réaliser lui-même ou mener à son terme de
son vivant. »

En vente dans les librairies de l’ACEP et sur 1. D&E-janvier 2017, 41-42.

www.eboutique-acep.fr 2. D. Ikeda, La sagesse pour créer le bonheur et la paix, vol 1, ACEP, p. 141.
Prix de vente : 6 € n
4 | Cap sur la paix 1093
Inaugurer
une nouvelle ère d’espoir
En attendant la parution intégrale de la 35e proposition annuelle pour la paix
écrite par Daisaku Ikeda, dans les Discours et Entretiens du mois d’avril, Cap sur
la paix publie le communiqué paru le 26 janvier 2017.
D
AISAKU IKEDA, président de
l’association bouddhiste Soka
Gakkai internationale (SGI), a
publié sa 35e proposition annuelle de paix
intitulée « La solidarité internationale de
la jeunesse : inaugurer une nouvelle ère
d’espoir », le 26 janvier 2017.
Tout en reconnaissant l’existence des
nombreux défis qui se posent à l’échelle
internationale, des conflits armés à la
crise des réfugiés, D. Ikeda rejette le
pessimisme, en évoquant sa foi en la
jeunesse, laquelle personnifie l’espoir et
peut catalyser des changements positifs
à la chaîne au sein des communautés.
Il déclare ainsi : « Les jeunes, et leur
engagement dynamique, représentent la
solution aux défis internationaux auxquels
nous faisons face. »
Il voit également la jeunesse comme la
clé qui permettra d’atteindre vers 2030
les Objectifs de développement durable
(ODD) adoptés par les Nations unies. Il met
l’accent sur le fait qu’une action commune
à l’échelle internationale, comme on
a pu le constater récemment avec les
efforts entrepris pour lutter
contre le changement
climatique, est
PROPOSITION POUR LA PAIX
essentielle pour promouvoir ces objectifs.
D. Ikeda exprime ses craintes quant à
l’emploi d’une rhétorique clivante et à
la prolifération des discours de haine,
et ajoute qu’une division rigoureuse du
monde entre le bien et le mal alimente la
réflexion xénophobe. Il fait écho en cela
aux propos de l’ancien président allemand
Richard von Weizsäcker, qui décrivait le
mur de Berlin comme « une politique de
déni de l’humanité transformée en pierre »,
et insiste sur le fait que nous ne devons
jamais permettre à nouveau l’occurrence
de ce genre de division.
Le président de la SGI évoque l’esprit de
bodhisattva sur lequel met l’accent le
bouddhisme Mahayana comme un moyen
de poser les bases spirituelles d’une
solidarité, en décrivant le bodhisattva
comme étant une personne motivée par
un esprit d’empathie lors de la gestion
des crises sociales graves, partout où elles
se trouvent et ce, qu’elle soit directement
affectée ou non.
Il évoque en outre l’importance de
l’éducation pour les citoyens du
monde et appelle à prôner une
culture de la paix en développant
des amitiés qui transcendent
les différences ethniques et
religieuses. Il est persuadé que
les liens d’amitié entre jeunes
peuvent être suffisamment forts
pour renverser les « courants
souillés de la discorde » et
donner naissance à une culture
de paix enracinée dans le
respect de la diversité.
Concernant la problémati-
que des armes nucléaires,
D. Ikeda exhorte les lea-
ders des États-Unis et de
la Russie, qui possèdent
à eux deux plus de 90 %
de l’arsenal nucléaire
mondial, à organiser une réunion
au sommet, le plus rapidement possible,
pour amorcer une tendance mondiale
vers le désarmement nucléaire.
Il insiste sur la portée d’un appel à
l’abolition des armes nucléaires émis par
son mentor, le deuxième président de
Soka Gakai, Josei Toda, il y a soixante ans,
en 1957. Toda souhaitait révéler la nature
illusoire de la dissuasion nucléaire et a
déclaré avec force que l’usage d’armes
nucléaires ne pouvait jamais être justifié.
D. Ikeda se réjouit de l’adoption d’une
résolution de l’Assemblée générale
des Nations unies l’année dernière
mandatant l’entame de négociations en
vue de l’adoption d’un traité interdisant le
recours aux armes nucléaires. Conscient
de la difficulté qu’il y a à convaincre
les états nucléarisés de participer à
ces négociations, prévues pour mars
et juin 2017, il insiste sur le fait que le
Japon, seul pays à avoir fait l’expérience
d’un bombardement nucléaire en temps
de guerre, a la responsabilité morale de
s’efforcer d’obtenir la participation du
plus grand nombre possible d’États.
Il suggère que la création d’un tel
instrument légal soit le fruit d’une
entreprise internationale visant à
empêcher qu’aucun pays n’ait à subir
les horreurs d’une guerre nucléaire, et
insiste sur le fait que cette initiative cadre
pleinement avec le Traité sur la non-
prolifération des armes nucléaires (TNP)
et son article VI, selon lequel chacune des
parties au traité s’engage à poursuivre de
bonne foi des négociations en vue d’un
désarmement nucléaire complet.
Il insiste sur le fait que les actions
de la société civile lors du processus
de négociation aideront à créer une
dynamique vers l’adoption d’un traité
qui soit une forme de « loi internationale
animée par les citoyens ».
Concernant les besoins des réfugiés et
les pays, principalement dans le monde
en développement, qui les accueillent, il
 PROPOSITION POUR LA PAIX Cap sur la paix 1093 | 5

suggère que les Nations unies prennent

l’initiative de créer une nouvelle
architecture d’aide qui coordonne de
meilleure façon l’aide d’urgence et les
efforts de développement : un partenariat
qui relève les défis humanitaires
et préserve la dignité humaine. Ce
partenariat pourrait inclure une
formation professionnelle qui permette
aux personnes déplacées de force de
travailler dans des secteurs qui aident à
renforcer leur résilience et à atteindre les
ODD dans les communautés hôtes.

le président de la SGI conclut sa

proposition annuelle par un appel à
redoubler d’efforts pour bâtir une culture
des droits de la personne. Il suggère des
activités qui promeuvent l’éducation
aux droits de la personne pour marquer
le 70e anniversaire de la Déclaration
universelle des droits de l’homme, en
2018, et exprime des attentes fortes quant
à l’organisation d’une nouvelle exposition
sur les droits de la personne qui sera
lancée lors de la convention du Conseil
des droits de l’homme qui se tiendra en
février et en mars, et que SGI est en train
de créer avec d’autres groupes.
Il insiste sur la nécessité de promouvoir
l’égalité des sexes pour mettre un terme
à toutes les formes de discrimination, et
affirme que l’égalité des sexes est vitale
pour ouvrir un passage qui permette à
toutes et à tous de faire naître la lumière
de leur dignité intérieure et de leur
humanité d’une façon qui soit conforme à
leur vraie nature.
Enfin, Daisaku Ikeda confirme à nouveau
l’engagement des membres de SGI, centré
sur les jeunes, à travailler en vue de la
création d’une société internationale
qui veille à ce que nul ne soit laissé pour
compte.
Tokyo, le 26 janvier 2017. n
6 | Cap sur la paix 1093
Message aux femmes
et aux jeunes femmes
Message de Kaneko Ikeda, responsable honoraire des femmes de la SGI, de février 2017.
C
’EST avec tout mon respect et
mon admiration sincères que
j’aimerais vous offrir ce message
à vous, chères amies des départements
des femmes et des jeunes femmes de la
SGI, éclatants soleils de la nouvelle ère
du kosen rufu mondial, ainsi qu’à tous nos
chers amis dans le monde qui soutiennent
notre mouvement.
Chaque matin, quand mon mari et
moi ouvrons le journal Seikyo, livré si
sincèrement par des champions sans
couronnes, nous sommes accueillis par
les merveilleux sourires de pratiquants
qui luttent activement pour kosen rufu
au Japon et dans le monde. Nichiren
Daishonin écrit : « Comment peut-on
douter que (…) la grande Loi pure du Sûtra
du Lotus se répandra largement dans
tout le Japon et dans tout le Jambudvipa
[le monde entier] ? » (Choisir en fonction
du moment, Écrits, 555). Rien ne réjouit
davantage mon mari et moi que de voir le
remarquable essor actuel de kosen rufu,
qui s’étend désormais sur tout le globe,
exactement comme Nichiren l’a prédit.
Le premier chapitre du volume 30 intitulé
« Grande montagne » de La Nouvelle
Révolution humaine (la suite du volume
12 du roman La Révolution humaine en
japonais) paraît désormais sous forme
de feuilletons dans le journal Seikyo.
Comme vous le savez peut-être, le thème
sous-jacent à ces deux romans est : « La
révolution humaine d’un seul individu
peut contribuer à changer la destinée
d’un pays ce qui, par extension, permettra
de changer la destinée de l’humanité. »
Dans ces romans, mon mari, en tant que
troisième président de la Soka Gakkai,
relate l’histoire de la profonde révolution
humaine des présidents fondateurs,
MESSAGE DE KANEKO IKEDA
Tsunesaburo Makiguchi et Josei Toda. Il
continue à écrire chaque jour, motivé par
le vœu profond de léguer à la postérité
la grande épopée retraçant l’histoire des
femmes et des hommes ordinaires qui
forment le mouvement de Soka. Il cherche
aussi à mettre en valeur, dans toute
la mesure du possible, les révolutions
humaines des nobles pratiquants dédiés
qui, avec dévouement, partout dans le
monde, ont lutté infatigablement pour
kosen rufu à ses côtés, en partageant leurs
combats et leurs joies. Il souhaite ainsi
prodiguer autant d’encouragements que
possible aux jeunes appelés à relever
à l’avenir le défi de poursuivre leur
révolution humaine et de construire un
monde en paix.
L’année dernière (2016), en réponse
à l’esprit de recherche enthousiaste
des pratiquants du département de la
jeunesse, une première session d’examen
bouddhique dans la nouvelle ère du kosen
rufu mondial s’est déroulée avec succès
dans dix-neuf pays du continent africain,
le continent de l’espoir.
Nichiren écrit : « De même que les fleurs
s’ouvrent et donnent des fruits, que la
lune apparaît et ne manque jamais de
devenir pleine, qu’une lampe brille avec
plus d’éclat quand on y ajoute de l’huile,
et que les plantes et les arbres croissent
avec la pluie, les humains parviendront
immanquablement à la prospérité
s’ils plantent des racines de bien. » (Le
troisième jour de la nouvelle année, Écrits,
1023) Aujourd’hui, les organisations de
la SGI en Afrique abondent en fleurs de
bienfaits et débordent de la joie d’œuvrer
pour kosen rufu et, à l’image de grands
arbres, des individus de valeur apportent
de merveilleuses contributions à leur
société. Cette prospérité est notamment le
fruit des racines de bien que les femmes
de Soka ont plantées, en relevant le défi de
réaliser leur révolution humaine.
Le Dr Ida Gbodossou-Adjevi, présidente
de la SGI-Togo et fière pionnière de kosen
rufu dans son pays, illustre ce point à
merveille. Elle a rejoint la SGI en 1979,
alors qu’elle poursuivait ses études de
médecine en France par désir d’aider
ceux qui souffrent. C’est à peu près à cette
époque que mon mari a quitté sa fonction
de troisième président de la Soka Gakkai et
a engagé de nouveaux combats pour faire
apparaître d’innombrables bodhisattvas
sortis de la terre afin d’accomplir la
mission du kosen rufu mondial.
En adoptant les enseignements axés sur
la vie du bouddhisme de Nichiren, le Dr
Gbodossou-Adjevi a quitté la France pour
retourner au Togo où elle s’est consacrée
à la santé et au bien-être des femmes
en tant que chirurgien, gynécologue et
obstétricienne respectée de tous. Avec
courage et persévérance, elle a ouvert la
voie en tant que pionnière au Togo.
Elle a elle-même connu la tragédie
d’accoucher d’un enfant mort-né. Mais elle
a lu les écrits de Nichiren et, convaincue
que sa récitation de Nam-myoho-renge-
kyo touchait la vie de son enfant par-delà
la mort, elle est parvenue à surmonter
sa peine. En transformant son karma en
mission, elle a ouvert une clinique pour
femmes, où elle est devenue une alliée de
confiance pour tant d’autres mères qu’elle
continue à aider à donner la vie.
En se joignant à d’autres pratiquantes,
elle voyage régulièrement aux quatre
coins du Togo et, comme si elle cherchait à
imprégner la terre du son de ses Daimoku,
elle aide autant de personnes que possible
dans son cher pays à créer un lien avec le
bouddhisme de Nichiren.

« Le plus grand bienfait que j’ai acquis est le
courage », dit-elle. Puis elle ajoute avec un
sourire : « Mes amis pratiquants avancent
eux aussi avec plein d’enthousiasme, en
prenant la responsabilité de kosen rufu
en Afrique avec pour devise, “Je m’en
occupe !” »
Un courant régulier de jeunes successeurs
ne cesse de se développer au Togo et,
l’année dernière, le magnifique centre pour
la paix de la SGI-Togo a vu le jour. Mon mari
et moi applaudissons chaleureusement
toutes les réalisations des pratiquants au
Togo.
Nichiren écrit à une femme disciple :
« Le bonheur provient de notre cœur et
nous rend dignes de respect… [C]eux qui
croient maintenant dans le Sûtra du Lotus
attireront le bonheur depuis plus de dix
mille ri alentour » (Écrit du Nouvel An,
Écrit, 1145). De la foi courageuse d’une
seule femme peut naître un grand réseau
de bonheur et de paix.
Masako Kamiya est la responsable du
département des femmes de la SGI en
Bolivie, où elle lutte pour kosen rufu
avec un invincible esprit depuis cinq
décennies. Elle évoque les changements
qu’elle a vus s’opérer – des persécutions
jusqu’à la naissance d’un esprit de
coopération et de confiance transcendant
les différences religieuses ; les trajets à
pied ou à cheval pour se rendre chez les
pratiquants, qu’elle effectue maintenant
en conduisant sa propre voiture ; elle
fait ainsi ses activités, des huttes de
chaume où habitent certains pratiquants
jusqu’aux salles de réunion modernes
dans des bâtiments en béton qui abritent
les centres de la SGI. Elle est intimement
persuadée que les efforts des pratiquants
pour radicalement transformer leur état
de vie par leur pratique bouddhique sont
MESSAGE DE KANEKO IKEDA Cap sur la paix 1093 | 7
une inépuisable source de bonne fortune
et de bienfaits, qui contribuent aussi
au développement positif de la société
bolivienne. Mme Kayima cite un passage
de La Nouvelle Révolution humaine pour
© PIXABAY
illustrer sa propre expérience : « Chaque
difficulté et chaque épreuve que vous
rencontrez, chaque larme et chaque goutte
de sueur que vous versez dans vos efforts
pour réaliser kosen rufu se transformeront
en une force pour transformer votre karma
et accumuler de la bonne fortune1. »
Je me réjouis que tant de jeunes femmes
dans le monde pratiquent la philosophie de
l’espoir incarnée dans la Loi merveilleuse.
Quand je suis allée en Suède il y a vingt-huit
ans (en juin 1989), j’ai été accueillie par
de charmants pratiquants du groupe de
l’avenir, dans un très beau centre au cœur
d’une forêt paisible. Une des petites filles
que j’ai rencontrée avec mon mari ce jour-
là est devenue danseuse de ballet et, après
avoir surmonté beaucoup d’épreuves et
de défis, danse aujourd’hui dans une des
plus prestigieuses compagnies de ballet
au monde. Elle nous tient régulièrement
informée de sa situation, et mon mari lui
a envoyé récemment un message : « Je
suis ravi de votre réussite… Remportez
la victoire sur vous-même et devenez
heureuse. Prenez soin de votre santé ! »
J’ai senti que ses prières pour son
bonheur étaient contenues dans ces mots,
« Remportez la victoire sur vous-même et
devenez heureuse », qui montrent combien
il était conscient des prodigieux efforts
qu’elle devait certainement déployer pour
maintenir un tel niveau d’excellence.
Comme il est rassurant en effet de
savoir que notre famille Soka – dont les
membres veillent chaleureusement sur
l’essor des jeunes, en les soutenant et les
encourageant sur le long terme – s’étend
 8 | Cap sur la paix 1093 MESSAGE DE KANEKO IKEDA
maintenant au monde entier. Nous sommes
entrés dans une ère où des personnes de
valeur véritablement remarquables, qui
sont toutes des bodhisattvas sortis de la
terre sans exception, apparaissent en un
flot ininterrompu dans notre mouvement
et apportent d’inestimables contributions
dans leurs sphères respectives pour
kosen rufu. Mon époux est profondément
reconnaissant et fier d’assister à un tel
développement, et il est convaincu que les
deux présidents MM. Makiguchi et Toda
se réjouiraient certainement de cette
expansion.
Quand je lis les écrits de Nichiren, je ne
peux m’empêcher d’être bouleversée
par sa compassion pour ses disciples,
qui vivaient à une époque très troublée.
L’année où les épidémies faisaient rage,
il a écrit une lettre du mont Minobu à la
nonne séculière Sennichi qui habitait
sur la lointaine île de Sado, pour lui dire
combien il se préoccupait de sa santé et de
sa sécurité ainsi que de celles d’un autre
disciple, qui habitait là-bas également :
« Je lui ai d’abord demandé [à votre époux,
Abutsu-bo] si vous alliez bien et je lui ai aussi
demandé des nouvelles du moine séculier de
Ko. » (Le Sûtra du véritable acquittement
des dettes de reconnaissance, Écrits,
944) Il décrit ensuite son soulagement
d’apprendre que tous deux sont en bonne
santé et en sécurité.
Dans une autre lettre adressée à Sennichi
quelques mois plus tard, Nichiren écrit :
« Même si nous vivons dans une terre
impure, nos cœurs résident dans la Terre
© PIXABAY
pure du Pic de l’Aigle. Le seul fait de nous voir
en personne ne serait pas en soi significatif.
C’est le cœur qui importe. Rencontrons-
nous un jour au Pic de l’Aigle, là où réside le
bouddha Shakyamuni. » (Le tambour à la
porte du tonnerre, Écrits, 960). Enveloppés
dans la compassion absolue de Nichiren,
nous, pratiquants de la SGI, sommes des
amis dans la foi. Nous formons une famille
éternelle et unie par des liens spirituels
depuis le passé lointain, et nous avançons
ensemble sur la voie de la vie, empreinte
des quatre nobles vertus (éternité, joie,
véritable soi et pureté).
Malheureusement, comme au temps
de Nichiren, notre époque est affligée
de catastrophes naturelles, et les
médias relaient sans cesse de terribles
événements et accidents. Mon mari se
soucie toujours de la sécurité et du bien-
être des pratiquants dans le monde entier,
à qui il envoie infatigablement de sincères
messages d’encouragement et de soutien.
Nichiren écrit : « Le moyen merveilleux
de surmonter les obstacles physiques et
spirituels qui entravent tous les êtres
humains n’est autre que Nam-myoho-
renge-kyo. » (Le moyen merveilleux de
surmonter les obstacles, Écrits, 849)
Faisons vibrer avec encore davantage de
force notre récitation de Nam-myoho-
renge-kyo pour notre bonheur et pour
celui des autres !
Et faisons ensemble le vœu d’élargir dans
la joie et l’harmonie l’invincible réseau
des femmes de Soka, qui rayonnent de
bonheur et d’espoir ! n
I
 Cap sur la paix 1093 | 9
VOLUME 28 CHAPITRE 4

Îles de la victoire

La Nouvelle Révolution humaine
Suite du roman La Révolution humaine, La Nouvelle Révolution humaine paraît sous forme
de feuilleton dans le Seikyo Shimbun (quotidien de la Soka Gakkai au Japon). Daisaku Ikeda,
sous les traits de Shin’ichi Yamamoto, y retrace l’histoire de la Soka Gakkai à partir
du 2 octobre 1960, date où il s’envole pour la première fois à l’étranger en tant que nouveau
président du mouvement. Par ce récit, il désire transmettre l’esprit de son maître, Josei Toda,
en racontant le combat que lui-même a mené en tant que disciple.

Nouveau chapitre
Îles de la victoire
En septembre 1978, de retour de son
quatrième voyage en Chine, Shin’ichi
rentre au Japon. Alors que le mouve-
ment de kosen rufu progresse, il se
résout à étendre encore davantage
l’humanisme bouddhique. Il part à la
rencontre des valeureux pratiquants
pionniers sur les îles japonaises recu-
lées.
est comblé de satisfaction.
Shin’ichi était sans cesse en action ; il
courait et luttait sans relâche.
Dans la soirée du 20 septembre
1978, il regagna le Japon au terme de
son quatrième voyage en Chine. Le
lendemain, 21 septembre, il répondit à
des interviews de la presse et passa son
temps à rédiger des textes commandés
par des journaux et magazines. Le
22 septembre, il interrompit ces travaux
afin de rencontrer un supérieur de
l’école bouddhique Nichiren Shoshu qui
avait pris récemment ses fonctions dans
un temple du quartier d’Ikebukuro, à
Tokyo. Il s’efforçait de se comporter
le plus sincèrement possible avec les
moines afin de protéger les pratiquants
du mouvement Soka.
1
nombreux pratiquants qui croisaient
son chemin. Dans la soirée, il assista aux
réunions des responsables représentants
de l’arrondissement de Shinjuku, au
centre culturel de Shinjuku ; de ceux de
l’arrondissement de Setagaya, dans la salle
« Kosen rufu » au sein du Centre culturel
Soka ; de ceux de l’arrondissement de
Shibuya, dans la salle « Sortis de la terre »
dans ce même Centre culturel. Il participa
également à une pratique de Gongyo avec
les représentantes des jeunes femmes
de Shinjuku, dans la deuxième annexe
du siège du mouvement Soka. À chaque
réunion, il encouragea les participants de
toutes ses forces.
Le mouvement de kosen rufu progressait
à pas sûrs, et le soleil créateur de

l Puis, le 23, il assista à une réunion de

responsables au centre culturel de
Tachikawa, à Tokyo, où il encouragea les
participants. Le lendemain, il se rendit
à Shizuoka pour rendre compte de sa
visite en Chine à Nittatsu, patriarche et
valeurs de Soka commençait à illuminer
le monde entier. En conséquence, de
sombres nuages d’obstacles maléfiques
surgissaient, s’épaississant de plus en
plus : les attaques à l’encontre de la Soka
Gakkai se multipliaient. Shin’ichi était
profondément déterminé à protéger les

U
N esprit invincible s’accompagne
toujours d’actions résolues. Tels le
flux et reflux des vagues érodant
les rochers, la répétition d’actions
opiniâtres donne naissance à une histoire
grandiose.
L’écrivain russe Léon Tolstoï (1828-1910)
a écrit que la foi est le mobile des actions.
Dans le cœur de ceux qui sont
conscients de leur mission et agissent
courageusement [pour l’accomplir],
brûle une flamme de joie et de fierté ; ils
débordent d’élan vital et leur quotidien
administrateur de la Nichiren Shoshu,
puis s’entretint avec les représentants
des pratiquants de la ville de Fujinomiya
[où se trouvait le temple principal de
l’école bouddhique].
Il n’était pas rare que Shin’ichi assiste
à quatre ou cinq réunions par jour,
durant lesquelles il dispensait une foule
d’encouragements aux participants. Par
exemple, le 25 septembre, à Shinano-
machi, à Tokyo, il rencontra des visiteurs
du siège du journal Seikyo Shimbun et
dialogua avec eux, mais aussi avec de
pratiquants, coûte que coûte.
Notre durée de vie est limitée. Shin’ichi
était absolument résolu à ne pas perdre
ne serait-ce qu’une minute, une seconde,
pour accomplir sa mission.
Shin’ichi Yamamoto était également
profondément convaincu que sa mission
en cette vie-ci consistait à agir afin
d’établir solidement le courant en
faveur de la paix mondiale. Fort de cette
conviction, il ne cessait de s’entretenir
avec des intellectuels et dirigeants de
différents pays du monde.
 10 | Cap sur la paix 1093
© Kenichiro Uchida
Des pratiquants du monde entier ont fait un long voyage pour se réunir au siège du mouvement Soka.
Ainsi, après la visite en Chine, il rencontra
le 27 septembre la délégation de
l’Institut chinois de la science, conduite
par le recteur de l’université de Pékin,
Zhou Peiyuan ; le 28, Michael Wilford,
ambassadeur du Royaume-Uni au Japon
et son épouse et le 29, Gerhard Orschobie,
professeur honoraire de l’université de
Bonn, en Allemagne de l’Ouest.
En qualité de fondateur des écoles et
université Soka, il s’efforçait d’assister,
autant que possible, aux événements
organisés par celles-ci. Durant la fête
sportive de l’université Soka, le 30
septembre, il encouragea les étudiants,
lors de l’ouverture de la fête, à se forger
un intellect aussi brillant que le soleil
et un corps aussi robuste que le fer. À
la clôture, il les incita à cultiver leur
personnalité tout en polissant leur
sagesse. Il disputa par ailleurs un match
de ping-pong avec des étudiants chinois.
Lors de sa rencontre informelle avec des
étudiants, évoquant en quoi consistait
un mode de vie intègre en tant qu’être
humain, il leur fit cette recommandation :
« La grandeur d’une personne se mesure à
son humilité. »
Le 1er octobre, il assista à la première
fête sportive de l’école primaire Soka
de Tokyo. Chaque jour, son agenda
foisonnait de rendez-vous divers et
variés, mais il se renseignait encore
auprès des responsables centraux : « Il n’y
a pas d’autres réunions aujourd’hui ? S’il y
a des gens que je dois rencontrer pour des
encouragements, faites-le-moi savoir, sans
oublier personne ! »
Les actions de Shin’ichi semblaient ne
jamais devoir s’arrêter. Il demandait
sans cesse à son entourage quelle était
la prochaine activité, afin d’encourager
et d’aider, de toutes ses forces et autant
que faire se pouvait, un maximum de
personnes à se dresser.
Lors de la réunion des responsables
au niveau de la préfecture, tenue le
5 octobre, il affirma : « Quel est le plus
grand bonheur quand on est né en tant
qu’être humain ? C’est de partager la Loi
merveilleuse avec les autres. Ceux qui ont
la chance de faire connaître l’enseignement
bouddhique à de nombreuses personnes
sont des gens véritablement fortunés. Rien
ne procure un sentiment de plénitude plus
intense. C’est pour cette raison qu’avec
cette joie dans mon cœur, pour exprimer
ma plus profonde gratitude, je continuerai
à déployer tous mes efforts [en faveur
de kosen rufu], tant que je serai en vie.
J’espère que vous aussi, vous partagerez
cette fierté et cette conviction. »
Durant cette même réunion, Shin’ichi
aborda également le mode de vie d’une
personne de valeur chargée de réaliser
kosen rufu.
« La scène de nos activités en faveur de
kosen rufu, le monde où nous déployons des
efforts dans ce but, est avant tout la société
dans laquelle nous vivons réellement. Il ne
saurait exister de bouddhisme coupé de
notre société réelle. C’est pourquoi, nous
devons absolument y remporter la victoire.
À cette fin, j’espère que vous deviendrez des
personnes remarquables, dont les qualités
seront admirées de tous. Kosen rufu
progressera régulièrement sur la base des
preuves factuelles de la révolution humaine
de chacun d’entre nous, qui gagneront la
confiance de tous. Rappelez-vous toujours
que nous sommes entrés dans une époque
où les personnalités remarquables seront
essentielles. L’approfondissement de votre

foi se cristallise dans votre personnalité
et se manifeste à travers des paroles et
des actions concrètes, empreintes de
bienveillance et de considération. Ce
sont des individualités de ce genre qui
détermineront l’avenir de kosen rufu. »
Qu’est-ce qui démontre le formidable
pouvoir du bouddhisme ? Ce sont les
preuves factuelles. Les expériences de
personnes ayant surmonté des maladies,
des difficultés financières ou des relations
humaines qui les faisaient souffrir sont
toutes de superbes preuves factuelles.
Lorsque, parallèlement à ces expériences,
on a réformé sa personnalité, en changeant
et en s’améliorant humainement, on peut
véritablement prouver la validité de la
Loi bouddhique.
Shin’ichi s’employait de tout son cœur à
former de nouvelles personnes de valeur
qui prendraient la responsabilité de
la nouvelle ère. À l’issue de la réunion
des responsables de la préfecture, il
discuta avec des représentants des
hommes et des femmes afin de leur faire
pleinement comprendre ce que devrait
être le comportement de responsables
de kosen rufu dotés d’une personnalité
rayonnante :
« Cela peut paraître des points de détail,
mais il importe que les leaders respectent
scrupuleusement les horaires de rendez-
Dans les lieux éloignés, relever le défi de faire apparaître les personnes de valeur.
vous. Vous ne devez jamais penser que vous
pouvez vous permettre d’arriver avec un
peu de retard en raison de votre emploi du
temps chargé. C’est un signe d’arrogance
et de manque de rigueur. À cause de cela,
les gens perdront toute confiance dans les
responsables de notre mouvement, mais
aussi en vous. Par ailleurs, vous devez aider
les personnes de valeur à se développer,
en servant en toute sincérité les enfants
du Bouddha, trésors de kosen rufu, sans
jamais leur donner d’ordres comme s’ils
étaient vos subordonnés. N’oubliez jamais
cela. Vous développerez ainsi des personnes
capables en suscitant leur motivation
dans les activités, et vous prendrez
finalement l’entière responsabilité ; tel
doit être le comportement d’authentiques
dirigeants. »
Souvent, lors de ses visites au domicile
des pratiquants, Shin’ichi avait l’occasion
de discuter avec des femmes qui étaient
les seules à pratiquer dans leur famille.
Certaines lui confiaient parfois : « Mon
mari était auparavant très assidu dans
la pratique mais il ne fait plus d’activités
bouddhiques. » Lorsque Shin’ichi
demandait pourquoi ils s’étaient éloigné
des activités, elles lui répondaient
que c’était un problème de relations
humaines : « Quand il était jeune homme,
son aîné dans la pratique était autoritaire
Cap sur la paix 1093 | 11
et il en avait assez de son comportement. »
Cet aîné croyait pouvoir traiter ses cadets
comme des inférieurs, considérant à tort
que sa responsabilité lui conférait une
certaine autorité. Le philosophe français
Voltaire (1694-1778) a déclaré qu’il est
impossible de gagner la sympathie des
gens par l’arrogance et la coercition.
Les responsables au sein du mouvement
Soka sont là pour servir les pratiquants,
qui sont en définitive des enfants du
Bouddha, et les soutenir et les aider pour
qu’ils puissent avancer vers le bonheur et
vers l’atteinte de la bouddhéité en cette
vie-ci. Il convient de toujours considérer
toutes les responsabilités bouddhiques
dans cette optique, quelle que soit
l’époque.
C’est parce que les responsables ont une
mission importante dans la réalisation
de kosen rufu que les bienfaits et la bonne
fortune qu’ils peuvent ainsi accumuler
sont immenses.
Lors des rencontres avec les femmes,
une mère de famille qui se souciait de sa
fille qui ne participait plus aux activités,
confia à Shin’ichi : « D’après ma fille, on lui
demandait de faire certaines choses mais
elle ne comprenait pas la finalité de tout
cela, notamment de parler du bouddhisme à
des amis. Elle ne voulait pas qu’on lui impose
toutes ces choses et elle a tout arrêté. »
Si on demande à quelqu’un qui ne
comprend pas encore la raison d’être
© Kenichiro Uchida
© Kenichiro Uchida
12 | Cap sur la paix 1093
La profondeur des liens humains dépasse la distance.
des activités bouddhiques d’accomplir
certaines actions, ce sera source de
souffrances. Dans ce cas, il est nécessaire
de dialoguer jusqu’à ce que la personne en
question soit convaincue, en expliquant
pourquoi on partage l’enseignement
bouddhique avec les autres, les
expériences qu’on a vécues en pratiquant
ces activités… Et si l’autre est convaincu,
il faudra agir ensemble, le soutenir pas à
pas en lui enseignant comment pratiquer
concrètement, en sorte qu’il puisse vivre
lui aussi des expériences de bienfaits
obtenus grâce à la foi. C’est en agissant
concrètement pour approfondir sa
croyance et en ressentant ainsi le pouvoir
bénéfique de l’enseignement que naît le
désir de s’engager pleinement dans les
activités.
Il est crucial que les responsables,
qui ont pour mission de faire avancer
kosen rufu, soient armés de la ferme
détermination que tous les pratiquants
qu’ils encouragent trouvent le bonheur.
Sur cette base, il importe d’échanger
sincèrement avec eux, d’égal à égal en
tant qu’être humain, et de nouer ainsi
de profonds liens de confiance. Lorsque
tout repose sur une telle confiance, les
encouragements et les orientations
dans la foi touchent profondément les
personnes concernées et une sympathie
mutuelle peut s’installer. Cela vaut non
seulement pour les pratiquants, mais
aussi pour tous ceux avec qui nous avons
des relations. C’est en fréquentant ces
personnes au quotidien qu’on peut gagner
leur confiance et nouer des dialogues
de cœur à cœur. Si les responsables
déploient toute leur énergie pour établir
des relations humaines harmonieuses,
le mouvement de kosen rufu se diffusera
de plus en plus largement, de manière
certaine.
Par ailleurs, lorsqu’une personne se
dresse avec une pratique sincère, il y
a toujours derrière elle des aînés et
des camarades de croyance qui l’ont
encouragée très sincèrement, en prenant
bien soin d’elle. « C’est parce que cette
personne m’a toujours encouragée de tout
cœur que je suis là aujourd’hui » ; « J’ai
commencé à pratiquer par sympathie pour
sa personnalité »… De tels témoignages
ne se comptent plus, tellement ils sont
nombreux, partout, dans tous les groupes
du mouvement Soka.
Les liens humains au sein de la Soka
Gakkai sont par nature les plus
respectables et magnifiques qui soient.
Lorsque quelqu’un souffre d’une maladie
ou se trouve dans une impasse sur le
plan professionnel, ses amis pratiquants
lui adressent des mots d’encouragement,
l’écoutent, et prient du fond du cœur pour
que leur ami trouve la solution, mus par
un souci du bonheur de l’autre et un désir
de partager ses épreuves.
De surcroît, les regards bienveillants des
pratiquants se tournent également vers
ceux qui les entourent, non seulement
leurs camarades bouddhiques, mais aussi
leurs voisins et leurs amis. La solidarité
que tissent autour d’eux les bouddhistes
du mouvement Soka devient ainsi un
trésor irremplaçable pour la société.
Par conséquent, à chaque fois qu’il
entendait les récits de ceux qui s’étaient
éloignés des activités bouddhiques en
raison de problèmes relationnels avec
des responsables, Shin’ichi avait le
cœur déchiré. C’est pour cette raison
qu’il ne cessait d’évoquer sous divers
angles l’attitude qui devait être celle de
responsables.
Des rayons de soleil filtraient à travers
une trouée de nuages. Des pratiquants
étaient venus se rassembler au siège du
mouvement Soka, dans le quartier de
Shinanomachi à Tokyo. Nombre d’entre
eux étaient des hommes vigoureux à
la peau tannée par le soleil. La plupart
visitaient le siège du mouvement pour
la première fois. Devant le portail, ils
souriaient, tout en levant les yeux vers le
mur en marbre du Centre culturel Soka
éclairé par le soleil. Leurs dents blanches
étaient tout aussi éclatantes.
Le 7 octobre 1978 à partir de 18 heures,
la première réunion générale de la
section des îles éloignées se tint à la salle

B
Ils étaient partis la veille au soir, avaient
« Lorsqu’une personne se voyagé en ferry et en train express de
nuit, et étaient arrivés à Tokyo dans la
matinée. En attendant le début de la
dresse avec une pratique réunion, ils avaient visité les environs du
siège.
sincère, il y a toujours Les deux participants de l’île Rebun, au
Hokkaido, qui avaient quitté leur île avant
midi le 6 octobre, avaient pris le bateau et
derrière elle des aînés et étaient arrivés dans la ville de Wakkanai
deux heures trente minutes plus tard.
Les premières neiges commençaient
des camarades de croyance à y tomber. Ils avaient rejoint les trois
pratiquants venus de l’île Rishiri et pris
ensemble un train express à 21 heures.
qui l’ont encouragée très Ils étaient arrivés à Sapporo à 6 heures
du matin, le 7 octobre. Ils avaient ensuite
embarqué dans un avion pour Tokyo et
sincèrement, en prenant étaient arrivés à midi dans le quartier de
Shinanomachi.
Cap sur la paix 1093 | 13
à six heures de traversée. Il n’y avait
qu’un bateau tous les quatre jours. Si la
mer était agitée, il ne partait pas. De l’île
Ishigaki à Naha, il fallait voyager en avion
pendant une heure et quinze minutes,
puis, prendre un autre avion pour Tokyo.
C’était l’itinéraire le plus rapide.
Les pratiquants de ces îles traversaient
les mers, brûlants d’esprit de recherche,
pour se réunir joyeusement au siège du
mouvement Soka.
Nichiren Daishonin affirme : « Les grandes
distances que ces personnes ont traversées
montrent la force de leur dévotion 1. »

bien soin d’elle » Venue de l’île Yonakuni, la plus à l’ouest

A participait à la cette réunion générale.
« Kosen rufu » dans le Centre culturel
Soka, au siège. Du Hokkaido, pour le nord,
à Okinawa, pour le sud, les représentants
de 120 îles environ s’étaient réunis pour
cette réunion tant attendue. Les premiers
arrivés étaient les 22 pratiquants de l’île
Nao-shima, dans la mer intérieure Seto.
du territoire japonais, qui faisait partie
de la préfecture d’Okinawa, une femme
Son domicile était à 111 km de Taïwan,
mais pour se rendre à Naha, capitale
de la préfecture, il lui fallait parcourir
514 kM. De chez elle, on apercevait les
montagnes taïwanaises lorsque le temps
était clément. En octobre, la température
atteignait parfois plus de 25 degrés. Pour
se rendre de l’île Yonakuni à Tokyo, il
fallait d’abord regagner l’île Ishigaki, 1. WND-II, 1030

© Kenichiro Uchida

Les pratiquants des îles traversaient les mers, brûlant d’esprit de recherche.
14 | Cap sur la paix 1093
Mon propre changement entraîne
l’expansion de mon environnement
Virginio Arcaio, vient de Palerme (en Sicile). Deux ans après avoir commencé
à pratiquer, il arrive à Paris. De nombreuses difficultés vont lui permettre de
bouleverser ses valeurs et de renforcer son ouverture de cœur. Un changement
qui impacte tous ses proches.
J
E grandis dans un contexte familial
conflictuel. Et j’ai le sentiment de ne
pas être accepté tel que je suis. Mes
parents ont divorcé en 2010. Je me sens
alors coupable car je pense que c’est mon
attitude qui l’a provoqué et a aggravé la
disharmonie de la famille.
Cet événement renforce mon sentiment de
solitude, d’insécurité et de fragilité. Sans
m’en rendre compte, la drogue devient
mon échappatoire.
La relation que j’entretiens avec ma mère a
toujours été fusionnelle et elle se dégrade
au point que je déménage chez ma tante.
Trois mois plus tard, je reviens vivre chez
ma mère. Elle me paraît beaucoup plus
épanouie et me parle du bouddhisme de
Nichiren.
En avril 2012, après une dispute, elle
m’encourage à réciter Nam-myoho-renge-
kyo. Je ressens alors de l’espoir, du courage
et une profonde possibilité de changement,
ce que je n’avais jamais expérimenté.
Je m’engage au sein du mouvement Soka
le 24 juin. J’étudie les écrits de Nichiren,
les encouragements de Daisaku Ikeda et
lis les publications. À travers ces lectures,
je découvre des valeurs humanistes qui
m’étaient inconnues. Ma propre attitude
dans mes relations se transforme : je ne vois
plus mes amis par intérêt mais désormais
je les encourage et leur donne confiance,
tout en leur partageant les valeurs
humanistes du bouddhisme. Cependant, je
comprends que pour décrocher vraiment
de la drogue, il faut que je m’éloigne de ce
milieu. Ce n’est pas une transition facile.
« Je prends conscience
que je ne construis pas
ma vie mais que
je la détruis »
EXPÉRIENCE [FRANCE]
Mais il est important pour moi maintenant
de bâtir les fondations de ma vie.
En septembre 2013, je m’inscris à la faculté
de droit à Agrigento, en Italie. Mais une fois
là-bas, mes addictions reviennent au point
que je ne puisse plus payer mon loyer et
j’échoue deux fois de suite à mes examens.
Je dois rentrer à Palerme. Je prends
conscience alors que je ne construis pas
ma vie mais que je la détruis.
À ce moment, je me détermine à approfondir
ma foi, à comprendre la relation de maître
et disciple. Pour ça, je récite Daimoku
chaque jour.
En août 2014, je participe au cours d’été
européen des étudiants, avec l’intention
de créer des liens sincères avec les autres
participants et d’en profiter pour ressentir
ma mission en tant qu’étudiant au sein du
mouvement Soka et mon engagement à
l’égard de mes études.
Lors de ce séminaire, je comprends
premièrement que la vie est précieuse
et est plus forte que mes tendances
autodestructices, et deuxièmement,
j’arrive à m’accepter tel que je suis et
aussi mon passé. Enfin, je me découvre
profondément heureux face au combat
que je suis en train de mener. À cette
occasion, je prends la décision d’utiliser
ma vie pour créer des valeurs autour de
moi, des valeurs basées sur l’amitié et le
partage des moments de défis et de joie
avec les autres. Je m’imprègne de ces mots
de Nichiren : « Par conséquent, si la Loi à
laquelle on adhère est suprême, alors la
personne qui pratique doit être, elle aussi la
plus grande de toutes. » (Écrits, 62)
De retour à Palerme, je redouble d’efforts
dans mes révisions et je réussis mon
premier examen universitaire en juillet
2014. Cette expérience me permet de
prendre conscience de mon potentiel, et
accroît ma confiance en moi.
Par la suite, je réussis tous mes examens.
Au 1er janvier 2015, j’ai l’opportunité de
déménager à Paris et de poursuivre mes
études à distance. En arrivant en France,
je suis submergé de difficultés et de
nouveaux défis, dont l’apprentissage de la
langue française. Je n’ai plus de repères et
me sens perdu dans tous les domaines de
ma vie.
L’état d’avidité et le manque de confiance en
moi reviennent. Changer d’environnement
ne change pas mes tendances profondes.
Au mois d’avril, la participation à mon
premier séminaire de région me permet
de m’ancrer dans ma réalité parisienne. Je
réalise que j’ai le pouvoir de me transformer
et décider de ma vie.
À l’époque, je suis serveur dans un
restaurant où j’ai décidé de faire de ce lieu
le terrain de ma révolution humaine.
En juillet, je deviens manager.
Débordé de travail, j’arrête mes études
à distance et commence un cursus
universitaire en France. Mais, je n’ai
plus le temps de participer aux activités
bouddhiques. Peu à peu, je ne ressens
plus de détermination sincère à œuvrer
au bonheur des autres. Mon état de vie
décline, je me sens en enfer. Mes tendances
négatives et mes faiblesses ressurgissent.
Malgré tout, ma foi reste inébranlable et
je reste confiant dans l’avenir, même si je
pratique de moins en moins.
En janvier 2016, je dois quitter mon
logement. Je m’installe dans un premier
temps à l’hôtel. Face à mes nombreuses
difficultés, je décide de renouveler ma foi
et je me détermine à trouver un logement
pour installer le Gohonzon .
Le 1er mars, je m’installe dans le 18e
arrondissement de Paris. Des obstacles
se présentent au travail. Mon patron
rencontre des problèmes d’administration
internes à la société, et veut m’en rendre
responsable. Il tente de me déstabiliser et

nuit à ma réputation auprès des employés
et clients. Je décide de transformer la
situation en créant un lieu où règnent
harmonie et bienveillance. Je constitue
une nouvelle équipe où les liens de
confiance se développent. Le 16 mars, ma
mère, qui n’a jamais travaillé et dont la
situation financière est difficile, accepte
ma proposition de rejoindre l’équipe. Nous
passons huit mois côte-à-côte, et notre
relation devient enfin saine !
Je prends trois décisions qui révolutionnent
ma vie : de m’engager davantage dans la
réalisation de kosen rufu en participant
à nouveau aux activités du mouvement
Soka, de mettre de côté mes stratégies
personnelles et d’expérimenter le lien de
maître et disciple, chaque jour.
Je prends conscience de ma tendance à être
égoïste dans mes relations. Insouciant de
leur bonheur, les autres étaient un moyen
pour atteindre mes buts. J’ai compris
profondément que je devais respecter la
dignité de chacun, c’est-à-dire respecter et
accepter le choix des autres mais également
respecter ma vie.
Maintenant, je ne veux plus ménager
mes efforts pour le développement et
le bonheur des autres et ce, sans rien
attendre en retour. Je participe activement
aux réunions de discussion et aux activités
de protection malgré mon emploi du temps
chargé.
Mon changement se répercute aussi au
sein de ma famille, dont les liens entre ses
membres sont de plus en plus distendus
depuis le divorce de mes parents.
En vacances à Paris, mon petit frère me
confie qu’à partir du moment où j’ai pris
ma vie en main et agi en ce sens, c’est tout
l’équilibre familial qui a dû changer. À
travers ses mots, je comprends que je suis
devenu comme un pilier pour les uns et les
autres. Sans m’en apercevoir, j’encourage
naturellement mon père et ma mère, et
finalement, le résultat est que chacun a pu
EXPÉRIENCE [FRANCE] Cap sur la paix 1093 | 15
« Maintenant,
je ne veux plus ménager
retrouver sa juste place. C’est pour moi une
révélation : mon changement intérieur a
mes efforts pour
bien entraîné une transformation positive
de mon environnement. Les liens que
le développement
j’entretiens avec ma famille sont désormais
empreints de bienveillance. et le bonheur des autres
Maintenant, nous sommes plus unis que
jamais, même si nous sommes loin les uns et ce, sans rien attendre
des autres.
en retour »
Aujourd’hui, je continue à me développer
en pensant à mon avenir. Je reprends mes
études pour avoir ensuite une stabilité
professionnelle et j’ai décidé avec mes
camarades du département des étudiants
d’arriver en Licence en vue du 18 novembre
2018.
Je sais que mes tendances négatives sont
© DR
toujours là mais aujourd’hui, j’ai les moyens
de les maîtriser : en me fixant des objectifs
clairs et en entraînant mon cœur altruiste
au sein des activités bouddhiques.
J’assiste, à travers une profonde prière
fondée sur le vœu partagé de maître et
disciple, à l’expansion de l’amitié dans ma
vie. Cela se reflète non seulement dans ma
vie sociale qui est désormais de grande
qualité et aussi dans l’épanouissement de
ma réunion de discussion.
Ces paroles de mon maître bouddhique
m’inspirent : « Les bodhisattvas de la terre
choisissent toujours de surgir où et quand
c’est le plus difficile (…). Grâce (…) à la
force de la Loi merveilleuse, nous pouvons
transformer notre karma en mission. Il est
essentiel de faire surgir notre courage, et de
prier pour nous et pour les autres » et plus
loin : « Relever librement d’immense défis
et pratiquer pour trouver le moyens de les
surmonter vous permettra d’élever et élargir
votre état de vie1. » n
1. Daisaku Ikeda, La Jeunesse et les écrits de Nichiren, p. 18.
 L’ÉTUDE EN QUESTIONS

La joie : notre élan de vie !

Pour approfondir notre philosophie de la vie, abordons un thème différent chaque

mois à travers les écrits de Nichiren, ainsi que ceux de Daisaku Ikeda et d’autres
penseurs. Parce qu’il est difficile de garder espoir au cœur des tumultes de la vie
et de la société, Daisaku Ikeda nous encourage à vivre avec joie, quelles que soient
les circonstances, en faisant face à chaque défi et obstacle avec une attitude
positive et joyeuse.

• La souffrance et la joie font arbres, des animaux, des personnes. " (…) bouddhiques nous permettent de développer
partie de la vie Vivre avec joie en dépit de tout est la marque ce type de caractère. Acquérir un tel
Nichiren Daishonin écrit à l’un de ses
disciples : « Prenez les souffrances et les
joies comme elles se présentent. Considérez
la souffrance et la joie comme des réalités
de la vie et continuez à réciter Nam-myoho-
renge-kyo, quoi qu’il arrive. Qu’est-ce que
cela désigne, sinon expérimenter la joie
illimitée de la Loi ? Renforcez plus que jamais
votre foi. » (Écrits, 685).
Daisaku Ikeda commente ce passage en
disant : « Nichiren utilise l’expression
" [expérimenter] la joie illimitée de la Loi "
Expérimenter signifie ici que nous obtenons
et savourons cette joie nous-même. (…) La
joie ne nous est pas octroyée par quelqu’un
d’autre ou par quelque chose d’extérieur à
nous. Créer notre propre bonheur et jouir de
ce bonheur par nous-même ; développer la
force intérieure et la capacité d’aimer la vie
en toute sérénité, quels que soient les hauts
et les bas – tel est le sens de l’expression
" expérimenter la joie illimitée de la Loi ". »
(La sagesse pour créer le bonheur et la paix,
Vol. 1, Le bonheur, ACEP 2015, p. 119)
• Vivre avec joie en dépit de tout
« Léon Tosltoï s’est exclamé : " Réjouissez-
vous ! Réjouissez-vous ! L’art de la vie, sa
raison d’être, est la joie. Réjouissez-vous
du ciel, du soleil, des étoiles, de l’herbe, des
d’un état de vie élevé, fort et heureux. À
l’inverse, une vie qui accueille tout par la
critique et la plainte est misérable, aussi
belle qu’elle puisse paraître de l’extérieur.
(…) La vie de Tolstoï n’a pas été dépourvue
de troubles. Il a lutté par ses écrits. Il a aussi
lutté contre la tristesse de sa vie familiale et
contre la maladie. Mais son esprit cherchait
toujours et partout à créer la joie. (…) Ceux
qui trouvent de la joie en toute chose, qui
peuvent tout transformer en joie, sont de
véritables experts en art de vivre. »
(La sagesse pour créer le bonheur et la paix,
Vol. 1, Le bonheur, ACEP 2015, p. 116-118).
• Considérer les événements
sous un jour positif mène au
bonheur
« Il est important de considérer les
événements ou les situations sous ce jour
positif. La force, la sagesse et la gaîté qui
accompagnent une telle attitude mènent
au bonheur. Considérer toute chose sous un
angle positif, ou avec esprit de bienveillance,
ne veut cependant pas dire être stupidement
crédule ou laisser les gens profiter de
notre bonne nature. Cela veut dire avoir la
sagesse et le discernement de faire vraiment
progresser les événements dans le bon sens,
en les considérant sous leur meilleur jour,
tout en gardant constamment les yeux rivés
sur la réalité. La foi et les enseignements
caractère est un trésor plus inestimable que
n’importe quel autre bien dans la vie. »
(Extraits d’un discours de Daisaku Ikeda
prononcé le 23 juin 1996. La sagesse pour
créer le bonheur et la paix, vol. 1, Le bonheur,
Acep, p. 34.)
• La reconnaissance rend heureux
« Exprimer sa gratitude et son estime à
l’égard des innombrables personnes et
choses qui soutiennent notre vie – cette
prise de conscience, ce sentiment, cette joie
– appelle à connaître un bonheur encore
plus vaste. Au lieu d’être reconnaissant
parce que nous sommes heureux, c’est le
fait d’être reconnaissant en soi qui nous
rendra heureux. De plus, quand nous prions
en exprimant notre reconnaissance, nous
accordons notre vie au rythme de l’univers
et l’orientons dans une direction positive. »
(D&E-février 2016, 7) n

Dans le prochain numéro de Cap sur la paix

LA NOUVELLE RÉVOLUTION HUMAINE AU CŒUR DU MOUVEMENT

À L’ESSENTIEL LA TRIBUNE DES ÉTUDIANTS

À paraître le 6 mars 2017 !