Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Technologie électorale
et imbroglio juridique
© L'HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-03168-5
EAN : 9782296031685
Maître Togba ZOGBELEMOU
ÉLECTIONS EN GUINÉE
Technologie électorale
et imbroglio juridique
L'Harmattan
Etudes Africaines
Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa
Déjà parus
À ma sœur Louise
en souvenir des retrouvailles familiales
de ce jour béni de juin 1999 à Paris.
Que Dieu en soit loué !
9
Avant-propos
INTRODUCTION
____________________
3 : Cf. Camara Kaba 41 : « Dans la Guinée de Sékou Touré, cela a bien
eu lieu », l’Harmattan, Paris, 1998 p.51. Les conseillers territoriaux
étaient les membres des assemblées territoriales, nouvelle appellation
à partir de 1952, des conseils généraux à caractère politique, qui
avaient été créés dans les territoires de l’AOF, après la seconde
guerre mondiale, par un décret du 25 octobre 1946. Ces assemblées
avaient des compétences notamment en matière de budget, d’impôts et
de services locaux. Cf. François Luchaire : « Droit outre-mer et la
coopération ». Coll. Thémis, PUF, Paris 1965 p.173 ; Henri Grimal :
“La décolonisation 1919-1963” Coll U, A. Colin, Paris 1965 pp. 336
et suiv.
13
____________________
____________________
5 : Pour les communes, la tutelle de l’État est assurée par le Gouverneur
de Conakry pour les communes de la ville de Conakry et par le
Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation
pour les communes de l’intérieur (article 16 de l’ordonnance du 21
avril 1990), ce dernier est relayé à l’intérieur par les Préfets (articles
3 et 24 du décret nº 081/PRG/SGG/87 du 19 juin 1987).
16
vous n’est pas venu me voir. Ah ! j’ai tel bateau, j’ai tel
bateau, et j’ordonne l’exonération, ce n’est pas vrai, toi ? »12.
Il s’exprimera dans le même sens à la convention de son
Parti, le 13 septembre 2003, après avoir été désigné candidat
à l’élection présidentielle du 21 décembre 2003 : « Je viens
de demander deux mille mètres cubes de granit de toutes
catégories à la société qui exploite le granit à Manéah,
Coyah. Le bonhomme se permet de me dire qu’il faut que je
paie comptant. Et j’ai dit au Ministre des Mines « Je ne paie
pas, il s’en va ». Si vous entendez que je les ai chassés, sera
pour ça. Le granit c’est moi. Ils ont exploité pendant combien
de temps, ils vendent. Vous ne voyez pas qu’ils se foutent de
moi ? Si je n’ai pas de granit, vous allez entendre que c’est
fermé. Il n’y a pas quelque chose qui est en Guinée qui
n’appartient pas aux Guinéens. Je suis le Président d’ici. Je
demande ce service pour faire des travaux, eux me disent de
payer comptant. C’est son père qui a acheté ici ? » 13. Il n’est
donc pas étonnant que la planche à billets fonctionne pour
faire face aux besoins financiers croissants de l’État, le trésor
public creusant ainsi son endettement auprès de la banque
centrale ; la dette était estimée officiellement à 770 milliards
de francs guinéens en 2004 14.
_________________________________________________
Chapitre I
Du phénomène de la technologie électorale
La fraude électorale, fraude à la loi électorale 23, est organisée
dans l’intention de nuire aux concurrents politiques : elle
prend diverses formes de manœuvre déloyale à l’occasion des
compétitions électorales.
____________________
____________________
____________________
____________________
L109 dispose à cet égard que tout rejet d’une liste doit être
motivé et notifié dans un délai de dix (10) jours à compter de
la date de dépôt ; il peut faire l’objet d’un recours devant le
Tribunal de Première Instance ou la justice de paix de la
localité, dans un délai de dix jours à compter de la date de
notification du Préfet. La décision de la juridiction saisie, qui
n’est susceptible d’aucune voie de recours, doit intervenir
dans un délai de cinq (5) jours ; elle est notifiée
immédiatement aux parties intéressées et au Préfet qui
enregistre la candidature du candidat ou de la liste, si la
juridiction en a décidé ainsi.
La réalité est que, dans la grande majorité des cas, les rejets
relevaient tout simplement de manœuvres administratives
bien orchestrées : quand la liste n’a pas été rejetée purement
et simplement sans motif, suprême expression de la puissance
publique, le mandataire de la liste a été ballotté entre
différents responsables administratifs chargés de l’élection
pour alléguer un dépôt hors délai ; parfois, la liste est rejetée
parce que le parti qui la présente ne figure pas sur la liste des
partis autorisés pour la circonstance dans la circonscription
électorale36 ; il est même arrivé que des listes régulièrement
déposées contre récépissé soient restituées aux responsables
locaux de partis37.
____________________
____________________
___________________________________________________________
____________________
56 : Cf. les réclamations des listes UFR de Kaloum et de Matam, op. cit.
51
____________________
_________________________________________________
____________________
71 : Cf. « L’observateur » n° 281 du 05 septembre 2005 p.2.
61
____________________
79 : En Guinée, un médecin, un professeur de lycée, un ingénieur
d’agriculture peut devenir Gouverneur de région ou Préfet, sans
préparation administrative préalable. Ce qui rappelle l’adage
révolutionnaire de la 1ère République selon lequel le bon militant
peut tout faire. À l’époque, des illettrés politiquement très engagés
ont pu accéder à des postes élevés dans les différentes structures de
l’État et même au Gouvernement.
80 : Cf. Alain-Serge Mescheriakoff : « L’ordre patrimonial : essai
d’interprétation du fonctionnement de l’Administration francophone
subsaharienne » in Revue française d’administration publique 1987
n° 42 pp. 112 et suiv.
81 : Cf. Moïse Nembot : « Le glas de la fonction publique dans les États
d’Afrique francophone » L’Harmattan, Paris, 2000 p.142.
65
____________________
____________________
____________________
____________________
93 : Cf. les déclarations de Jean-Marie Doré, leader de l’UPG :
- « il faut que l’opposition guinéenne minore ses divergences pour
privilégier l’urgence » in « Les échos » n° 67 du 22 au 28 mars
2004 pp. 8 et 9 ;
- « le FRAD est plus que jamais vivant » in « L’enquêteur nº 85 du
04 au 18 août 2005 pp. 3 et 4.
94 : Cf. - la déclaration de Bâ Mamadou, Président l’UFDG, ayant quitté
le FRAD pour le dialogue avec certains partis suite à ce qu’il a
considéré comme des concessions gouvernementales : « Si
Alpha Condé a été accueilli à l’aéroport le 03 juillet dernier,
C’est parce qu’on a négocié » in « L’observateur » nº 277 du 08
août 2005 p.2.
- la déclaration de Jean-Marie Doré : « Il n’y a plus de FRAD, le
74
_________________________________________________
Outre les sept communes acquises (sur 38) selon les résultats
officiels, les listes communes de l’opposition auraient permis,
en fonction du scrutin de liste majoritaire à un tour appliqué,
d’obtenir quatre communes supplémentaires, ainsi qu’il
résulte du tableau ci-dessous :
____________________
96 : Sur l’opposition guinéenne à l’extérieur sous l’ancien régime, cf. Bah
Thierno : « Mon combat pour la Guinée », Karthala, Paris 1996.
97 : Cf. « La lance » nº 470 du 28 décembre 2005 p.11.
76
PUP OPPOSITION
UPR UNPG RPG UFR UFDG
Kissidougou 4442 870 3854 654
Labé 8973 8788 1625
Mamou 9735 5565 6118
Pita 2634 2315 2531
PUP OPPOSITION
UPR RPG UFR ANP UPG
Beyla 3.188 2.097 959
Gueckédou 4.246 2.487 1.441 99
Mali 6.897 861 5.963
____________________
____________________
____________________
113 : Sur la position de l’UPR, lire le discours de Bah Ousmane,
Président du parti à l’ouverture de la session des lois de
l’Assemblée Nationale le 05 avril 2006 in « L’enquêteur » nº 103
du 13 au 27 avril 2006 pp. 5 et 6 ; l’incohérence politique de la
décision et les réactions diverses qu’elle a suscitées, ont obligé
l’UPR à faire, le 17 mai 2006, une mise au point dans lequel le
83
_________________________________________________
parti affirme que « la déliquescence de l’État conduit aujourd’hui
plus qu’hier à la nécessité d’une transition démocratique », une
transition dont le dispositif d’exécution serait convenu entre les
acteurs politiques et la société civile, sous la direction du
Président de l’Assemblée Nationale, chargé de l’intérim de la
Présidence de la République en cas de vacance conformément à
l’article 34 de la constitution. Cf. « L’indépendant » nº 683 du 25
mai 2006 p.5. La proposition se démarque sur ce point des
conclusions politiques de la concertation nationale des forces
vives.
S’agissant de l’UFD, de l’UPG et du PRPAG, se référer à « la
Lance » nº 485 du 12 avril pp. 2 et 9 et à la « nouvelle tribune »
nº 360 du 30 mai 2006 p.5.
114 : Cf. « La nouvelle Tribune » nº 343 du 10 janvier 2006 p.2.
84
____________________
117 : Cf. « La lance » nº 465 du 23 novembre 2005 p.9.
118 : Un exemple récent en donne une illustration : par décret
nº D/2005/037/PRG/SGG du 20 août 2005 portant conditions
d’implantation et d’exploitation de stations de radiodiffusion et de
télévision privées, le gouvernement guinéen a libéralisé l’espace
audio-visuel. Mais l’arrêté d’application nº 2005/4470/MI/CAB du
14 septembre 2005 et les cahiers de charges du 13 octobre 2005
ont imposé des conditions telles que jusqu’à ce jour, aucune radio
libre n’a pu émettre, encore moins une station de télévision privée.
86
Chapitre II
Des scrutins sur fond d’imbroglio juridique
Tirant les leçons des consultations électorales antérieures, le
Président Lansana Conté a, dans son message de nouvel an
2001, déclaré ce qui suit : « J’invite une fois de plus le PUP à
prendre toutes les initiatives requises pour continuer le
dialogue avec les autres partis politiques, et de n’occulter
dans leurs débats, aucun sujet. Si les consultations à ce
niveau aboutissent à un consensus, le Gouvernement
accueillera avec bienveillance leurs recommandations » 121.
____________________
145 : Cf. Jeune Afrique Économie du 30 novembre au 13 décembre 1998
p. 106.
103
146 : Dans le projet de décret créant la CENA (article 17), il était prévu
qu’au niveau national, la CENA comprend les représentants des
partis politiques engagés dans les élections, 5 représentants de la
société civile et 2 représentants de l’Administration.
Suite à une réaction des partis politiques, l’article 18 du décret du
10 octobre 2005 a organisé comme suit la composition de la CENA
au niveau national : 7 représentants des partis politiques de la
majorité, 7 représentants de l’opposition, 5 représentants de
la société civile et 3 représentants de l’Administration. Le
Gouvernement acceptait ainsi une distinction qu’il avait refusé
d’admettre lors des discussions entre partis politiques
ayant conduit aux mémorandums cités plus haut.
105
Article L88 :
Article R46 :
À ce titre elle :
160 : Cf. « Les échos » nº 102 du 20 février au 1er mars 2006 pp. 4 et 5.
161 : Cf. Jean-Philippe Immarigeon : « Autopsie de la fraude
électorale » op. cit. pp. 109 et suiv. L’auteur montre qu’en France,
trois ordres de juridiction s’occupent des listes électorales : les
juges civil, pénal et administratif ; le juge de l’élection est le
Conseil d’État (municipales, régionales, européennes) ou le
Conseil Constitutionnel (législatives, présidentielles).
119
____________________
____________________
168 : Cf. « La nouvelle tribune » nº 341 du 27 décembre 2005 p.5.
169 : Cf. l’arrêt in « La nouvelle tribune » nº 234 du 18 novembre 2003
pp. 6-7.
131
____________________
181 : Cf. Daniel Compagnon : « Pour une analyse multidimensionnelle
du processus électoral africain. Historicité, comparaison et
institutionnalisation » in « Voter en Afrique : comparaisons et
différenciations », op.cit.p.64.
139
Chapitre III
Des enseignements des scrutins
du 18 décembre 2005.
Les élections communale et communautaire sont des
élections de proximité. Inscrites dans le cadre de la
décentralisation territoriale, elles sont appelées à mobiliser le
maximum de citoyens dans la mesure où elles leur offrent
l’occasion de choisir les représentants devant prendre en
charge la gestion de leur vie locale ; le nombre de
circonscriptions électorales (341) en est l’illustration parfaite.
Les scrutins du 18 décembre 2005 n’ont cependant pas
provoqué l’engouement attendu. Les causes de la faible
participation des populations peuvent se rattacher
généralement à la technologie électorale, mais des raisons
plus spécifiques doivent être recherchées et analysées.
____________________
190 : Il fallait s’y attendre avec l’adhésion de Bâ Mamadou, ancien
Président fondateur de l’UNR et ancien Président d’honneur de
l’UPR, à l’UFDG dont il assume à présent la présidence. Aux
communales à Mamou, l’UPR et l’UFDG ont obtenu
respectivement 5.565 et 6.118 voix ; à Pita, les chiffres sont de
2.312 et 2.581 voix.
144
202 : Cf. Philippe Braud : « Sociologie politique » op. cit. pp. 214 et 384.
152
NB. Ces chiffres ne tiennent pas compte de cinq CRD non attribuées à un parti : la
composition du Conseil Communautaire y est marquée par la mise en minorité du PUP par
l’UPR et l’UFR (CRD de Sangaredi), par le RPG et l’UFR (CRD de Kiniéran et
Guendenbou) et par l’UPR et l’UFDG (CRD de Brouwaltapé et Timbo : les pourcentages
sont donc calculés par rapport à 98, 35 % des CRD.
pas nous aider, qu’il n’essaie pas de nous aider, qu’il n’essaie
pas de nous mettre les bâtons dans les roues. Ça ne marchera
pas »217.
____________________
____________________
241 : Cf. « Jeune Afrique » nº 2359 du 26 mars au 1er avril 2006 pp. 48 et
49. Il importe de préciser qu’en application de l’article 34 de la loi
fondamentale, le Président de l’Assemblée Nationale assume, en cas
de vacance, l’intérim de la Présidence de la République : il doit,
dans un délai maximum de 60 jours, organiser une nouvelle
179
_________________________________________________
et par toutes les lois en vigueur. C’est à cela que tendent les
conclusions de la concertation nationale des forces vives de
mars 2006 : définir les nouvelles bases du jeu politique
guinéen. Un tel objectif n’est dirigé contre personne, d’autant
que l’élection présidentielle qui suivrait serait ouverte à tous
les citoyens guinéens.
____________________
____________________
279 : Cf. « La nouvelle tribune » nº 343 du 10 janvier 2006 p. 2 ;
« L’observateur » nº 298 du 16
janvier 2006 p.5.
280 : Cf. interview in « La lance » n° 471 du 04 janvier 2006 p.8.
281 : Cf. « L’enquêteur » nº 95 du 27 décembre 2005 au 05 janvier 2006
p.2.
282 : Cf. « Le lynx » nº 718 du 26 décembre p.3.
199
____________________
301 : Sur le cas de la tournée de Sidya Touré en juillet 2005 (refus des
stades préfectoraux, interdiction de la publicité des meetings,
intimidation des militants par les autorités administratives et les
services de sécurité…), cf. « Les échos » nº 96 du 1er au 14
novembre 2005 p. 5 ; « La lance » nº 400 du 10 août 2005 p.5.
302 : Cf. « Les échos » nº 92 du 29 août 2005 p. 9.
209
Conclusion
La situation politique actuelle de la Guinée relève d’une
question de fond, celle de la démocratie, de la volonté réelle
de conduire le pays sur le chemin du développement ainsi que
le commande l’option libérale prise depuis 1984.
____________________
BIBLIOGRAPHIE
I- Ouvrages
2- Ouvrages généraux
II- Articles
1- Journaux guinéens
2- Journaux étrangers
2 - Décrets
3- Arrêtés
4 - Circulaires
Avant-propos 9
Introduction 11
I- Le droit en Guinée :
un instrument du pouvoir politique 89
II- Les effets des scrutins sur les partis politiques 151
Conclusion 209
Bibliographie 222
L'HARMATTAN HONGRIE
Könyvesbolt ; Kossuth L. u. 14-16
1053 Budapest
L’HARMATTAN GUINÉE
Almamya Rue KA 028
En face du restaurant le cèdre
OKB agency BP 3470 Conakry
(00224) 60 20 85 08
harmattanguinee@yahoo.fr
L’HARMATTAN MAURITANIE
Espace El Kettab du livre francophone
N° 472 avenue Palais des Congrès
BP 316 Nouakchott
(00222) 63 25 980
L’HARMATTAN CAMEROUN
BP 11486
Yaoundé
(00237) 458 67 00
(00237) 976 61 66
harmattancam@yahoo.fr