Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Par
INTRODUCTION
1Voir la Déclaration et du Programme d’action de Vienne adoptés le 25 juin 1993 par la Conférence mondiale
sur les droits de l’homme, partie I, point 36, disponible sur www.unhchr.ch, 14/06/2013
2
2
A ce propos, lire KALINDYE BYANJIRA Dieudonné, « Observatoire National des Droits de l’Homme : Une
institution de promotion et de protection des droits de l’homme » in Cahiers Africains des Droits de l’Homme
et de la Démocratie, 8 ème année N°20 Vol. I, Kinshasa, Spécial année académique 2003 -2004, pp 1-6 ;
NGONDANKOY NKOY-ea-LOONGYA Paul-Gaspard, Cours de systèmes de protection des droits de l’homme : le
système africain, Université Catholique de Louvain, Année académique 2005 -2006, pp 58-73 ; WETSH’OKONDA
KOSO SENGA Marcel, Les perspectives des droits de l’homme dans la constitution congolaise du 18 février
2006, éditions « CDHC-Asbl », Kinshasa, 2006, pp.27-28
Selon ces principes, les institutions nationales pour agir avec fruit doivent
présenter les caractéristiques suivantes:7
C’est donc autour de ces points saillants que gravitera notre analyse du degré de
conformité de la législation régissant la CNDH avec les Principes de Paris, ce qui nous
permettra du reste de dégager les forces et les faiblesses de la Commission nouvellement
créée.
I. Mandat et compétence
Les Principes de Paris disposent que « les institutions nationales sont dotées
d’un mandat aussi étendu que possible et clairement énoncé dans un texte constitutionnel
ou législatif, qui détermine leur composition et leur champ de compétence ».8
8 Principes concernant le statut des institutions nationales pour la promotion et la protection des droits de
l’homme dits « Principes de Paris « (Résolution 48/134 de l’Assemblée générale du 20 décembre 1993), point
A,2
9
Sous-Comité d’accréditation du CIC, Observations générales, par. 1.1 repris en annexe par Haut-Commissariat
aux droits de l’homme, Op.Cit., 2010, p.210. Pour informations, le Sous-Comité d’accréditation du Comité
4
La CNDH de notre pays semble satisfaire à cette norme car elle est créée par la
loi organique n°13/011 du 21 mars 2013 et ce, conformément à l’article 222, alinéa 3
de la Constitution du 18 février 2006 qui a laissé la possibilité au Parlement d’instituer
par une loi organique d’autres institutions d’appui à la démocratie en remplacement de
celles prévues par la précédente constitution.10
Nous pensons que compte tenu de la caporalisation du Parlement qui est sous le
dictat du pouvoir exécutif par le biais d’une majorité mécanique et servile, un solide
fondement constitutionnel énonçant l’existence, le mandat et les principaux traits
caractéristiques de la CNDH aurait constitué une meilleure garantie pour une plus
grande stabilité et indépendance de cette institution étant donné que son mandat n’aurait
pas pu être facilement modifié ou suspendu par simple pression de l’exécutif en cas de
désaccord sur la manière d’agir.
international de coordination des institutions nationales pour la promotion et la protection des droits de
l’homme (CIC) est chargé d’accréditer les INDH au sein de cette association internationale sur la base de la
conformité de l’institution requérante aux Principes de Paris, sous les auspices du Haut-Commissariat des
Nations Unies aux droits de l’homme
10 La Constitution de la République Démocratique du Congo, Journal Officiel, numéro spécial,47 ème année,
Kinshasa, 18 février 2006 telle que modifiée et complétée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant
révision de certains articles de la constitution de la RDC du 18 février 2006, Journal Officiel, n°3, 52 ème année,
Kinshasa, 01 février 2011
11 Voir les articles 154 à 160 de la Constitution de la transition, Journal Officiel, numéro spécial, 44ème année,
Kinshasa, 5 avril 2003
5
Dans ce sens, le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme
considère avec pertinence que les institutions nationales des droits de l’homme qui ne
reposent que sur une base législative peuvent néanmoins être conformes aux Principes de
Paris. Mais des processus législatifs peuvent être plus facilement déployés pour affaiblir
l’institution que si celle-ci est de surcroît protégée par la Constitution.12
En vertu des Principes de Paris, une institution nationale doit être « investie de
compétences de promotion et de protection des droits de l’homme ».13
Pour que les droits de l’homme soient pleinement garantis, une action
systématique est nécessaire pour les promouvoir et les protéger. L’institution dont le
mandat est limité à l’une ou à l’autre de ces missions n’est pas conforme aux Principes.
La loi sous examen précise en son article 4 que la CNDH est un organisme
technique et consultatif chargé de la promotion et de la protection des droits de
l’homme. Les deux tandems « promotion-protection » en matière de mise en œuvre des
droits de l’homme sont donc pris en compte dans la mission générale dévolue à la
CNDH par le législateur et ce, en accord avec les principes de Paris.
Cette double mission de protection et de promotion se matérialisent dans les
attributions reconnues à la Commission à l’article 6. Aux termes de cet article, la CNDH
a pour attributions :
13
Principes concernant le statut des institutions nationales pour la promotion et la protection des droits de
l’homme dits « Principes de Paris « (Résolution 48/134 de l’Assemblée générale du 20 décembre 1993), point
A,1
14 Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Op.Cit., 2010, p.35
6
La publicité censée être donnée aux rapports de la CNDH qui constitue le gros
de son travail est donc, de ce fait, sérieusement compromise quand on sait qu’une grande
15
Mission de protéger : points 1 à 6, 9, 10 et 11 ; mission de promouvoir : points 7, 8, 13 et 17 ; mission de
protéger et de promouvoir : points 12, 14, 15, 16, 18, 19 et 20
8
frange de la population congolaise n’a pas accès facile à l’internet ou encore ne l’utilise
carrément pas.
L’exigence qu’une INDH ait «un mandat aussi étendu que possible» reflète la
diversité des modèles institutionnels existants. Les institutions nationales des droits de
l’homme dont le mandat découle directement de la transposition des traités
internationaux et qui ont compétence pour tous les droits de l’homme sont les pl us
conformes au caractère indivisible, interdépendant et universel des droits de l’homme, et
sont considérées comme le «meilleur modèle». 16
gouvernement, les fonctionnaires et autres agents étatiques mais aussi du secteur privé est
de plus en plus un prestataire des services essentiels. Il s’agit de la prise en compte des
violations horizontales des droits de l’homme. 17
En outre, dans le contexte particulier de la RDC qui connait sur son territoire
une multitude de groupes armés qui sèment désolation et terreurs, il était tout à fait
indiqué que la CNDH se penche aussi sur les violations des droits de l’homme commises
par ces groupements qui n’ont pas le statut d’agent étatique.
17Ce sont des actes attentatoires aux droits de l’homme commis par les particuliers non revêtus d’un mandat
public. Tous ceux qui ne sont pas agent public au sein de l’Administration
18Voir la Déclaration d’Édimbourg (Ecosse) - point 16 - adoptée lors de la dixième Conférence internationale du
Comité international de coordination des institutions nationales pour la promotion et la protection des droits
de l'homme (CIC) réunie du 8 au 10 octobre 2010 autour du thème « Entreprises et droits de l'homme, le rôle
des institutions nationales de droits de l'homme (INDH) », disponible sur www.ohchr.org, 14/06/2013
10
Pour satisfaire à cette exigence, l’article 14 de la loi sous examen dispose que la
CNDH est représentative des forces sociales engagées dans la promotion et la protection
des droits de l’homme. Elle est composée de neuf membres, chaque genre étant représenté
par au moins trente pour cent des membres.
Le fait aussi que ces membres sont choisis par l’Assemblée nationale sur une liste
de deux personnalités par groupe, dont une femme, désignées par leurs pairs (article 16)
contribue à donner une certaine crédibilité dans la composition pluraliste de l’institution
et à garantir la représentativité de la femme dans l’instance dirigeante.
19 Pour plus de détails, voir Institut Danois des Droits de l’Homme, La conformité des textes encadrant les
Institutions Nationales des Droits de l’Homme d’Afrique Centrale et Occidentale avec les Principes de Paris :
Une analyse descriptive, Mars 2009, disponible sur www. www.humanrights.dk, 19/07/2013
11
Une institution nationale qui ne peut pas agir en toute indépendance ne peut être
efficace. Peu importe qu’elle satisfasse pleinement à d’autres critères énoncés dans les
Principes de Paris : si elle n’est pas indépendante, ou si elle n’est pas perçue comme
véritablement telle, il est fort peu probable qu’elle puisse accomplir une œuvre quelque
peu durable.21 Cette indépendance peut être assurée par des moyens juridiques,
opérationnels et financiers, des procédures démocratiques, transparentes et publiques de
nomination et de licenciement, la stabilité du mandat des membres, ainsi que des
processus bien définis, approuvés et cohérents de détermination des enveloppes
financières annuelles. 22
20 Discours du 15 avril 2003 du Haut-Commissaire aux droits de l’homme prononcé à l’occasion du dixième
anniversaire des principes de Paris cité par Emmanuel DECAUX, « Le dixième anniversaire des principes
directeurs des institutions nationales des droits de l’homme dits « principes de paris » in Droits fondamentaux,
n° 3, Paris, janvier – décembre 2003, p. 28
21 Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Op.Cit., 2010, p.44
Les principes de Paris considèrent qu’il n'est pas de réelle indépendance sans la
stabilité du mandat des membres de l'institution. L’indépendance des institutions est à la
mesure de l’indépendance de leurs membres. Les procédures de nomination et la stabilité
du mandat des membres sont donc cruciales.
Néanmoins, nous pensons que le fait que ce mandat soit renouvelable même une
seule fois risque de compromettre cette indépendance tant recherchée. En effet, bien que
les Principes de Paris prévoient que les mandats puissent être renouvelables, des mandats
d’une longue durée et non-renouvelables, comme le souligne si bien le Conseil
international pour l’étude des droits humains, constituent une meilleure garantie
d’indépendance que des mandats courts et/ou renouvelables et favorisent une conduite
plus courageuse et audacieuse dans le chef des membres leur permettant d’agir de
manière efficace sans se préoccuper outre mesure de leur avenir professionnel ni de
craindre le non-renouvellement de leur mandat lorsque leurs actions contreviennent aux
intérêts de personnes de pouvoir. 23
23
Conseil international pour l’étude des droits humains, Evaluer l’efficacité des institutions nationales des droits
de l’homme, Genève, 2005, p.14, disponible sur www.ichrp.org, 14/06/2013
13
24 Sous-Comité d’accréditation du CIC, Observations générales, par. 2.6. repris en annexe par Haut-
Commissariat aux droits de l’homme, Op.Cit., 2010, p.212
15
25
Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Op.Cit., 2010, p.39
26 Idem, p.40
16
avec les autorités publiques notamment judiciaires avec comme risque de compromettre
la célérité et l’efficacité de tels enquêtes suite entre autres à la lourdeur administrative.
En outre, la loi congolaise en son article 28 habilite la CNDH à être saisie par
toute personne physique, un groupe de personne ou des organisations de défense de
droits de l’homme au sujet des violations des droits de l’homme. A la saisine par les
particuliers s’ajoute l’auto-saisine de la CNDH. Cette compétence à recevoir et examiner
des « plaintes et requêtes concernant des situations individuelles » est dite «compétence à
caractère quasi juridictionnel».
27
Il est important de souligner que de telles compétences des INDH ne sont qu’optionnelles
17
latu) qui pose problème sur le plan des droits de l’homme et ce, sur base des points 13 et
16 de l’article précité.
28
Institut Danois des Droits de l’Homme, La conformité des textes encadrant les Institutions Nationales des
Droits de l’Homme d’Afrique Centrale et Occidentale avec les Principes de Paris : Une analyse descriptive, Mars
2009, p.104, disponible sur www. www.humanrights.dk, 19/07/2013
18
CONCLUSION
Les Principes de Paris sont le cadre normatif international pour les INDH. Ils
donnent les repères au regard desquels la légitimité d’une INDH peut être mesurée. Force
est de constater, après notre analyse minutieuse, que la loi organique n°13/011 du 21
mars 2013 portant institution, organisation et fonctionnement de la Commission
Nationale des Droits de l’Homme en RDC s’est conformée dans son ensemble à ces
principes, excepté quelques aspects contraires comme relevés ci-haut.
Il est tout aussi important que la nouvelle institution créée ait un personnel
déterminé, qualifié, motivé, représentatif et indépendant. Les membres de l’institution et
son personnel doivent être dévoués a la cause des droits de l’homme et avoir une
expérience dans le domaine de la protection et promotion de ces droits. Ils doivent être
des défenseurs crédibles de cette cause aux yeux de la société civile, notamment des
organisations non gouvernementales de défense des droits de l’homme. Ils doivent être
compétents et aptes au travail qu’ils devront effectuer. Il est capital que l’institution soit
dotée d’une direction forte et d’un bon encadrement. La CNDH sera efficace si ces
commissaires sont courageux. Ils devront braver toute peur d’où qu’elle vienne.
Enfin, pour que l’institution nationale soit efficace, il faut que soit généralement
comprise et acceptée la singularité de son mandat par rapport à d’autres mécanismes
démocratiques, dont le gouvernement, le corps législatif, l’autorité judiciaire et les
organisations de la société civile − qui tous font partie d’un système national de
protection et de promotion des droits de l’homme. En conséquence, il est impérieux
qu’elle soit dotée des moyens nécessaires pour mener à bien sa mission.
l’institution et dans la volonté de ses membres de combattre sans relâche les violations
des droits de l’homme sous toutes ses formes. Les actes de la CNDH détermine ront sa
légitimité et sa crédibilité sur le plan national et international.
.
20
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
11. Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Institutions nationales pour les droits
de l’homme : Historique, principes, fonctions et attributions (Série sur la
formation professionnelle n°4), NATIONS UNIES, New York et Genève,
2010
13. Conseil international pour l’étude des droits humains, Evaluer l’efficacité des
institutions nationales des droits de l’homme, Genève, 2005, disponible sur
www.ichrp.org
14. Institut Danois des Droits de l’Homme, La conformité des textes encadrant les
Institutions Nationales des Droits de l’Homme d’Afrique Centrale et Occidentale
avec les Principes de Paris : Une analyse descriptive, Mars 2009, disponible sur
www.humanrights.dk
22