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CHAIRE UNESCO DES DROITS DE LA PERSONNE ET DE LA

DEMOCRATIE

REPUBLIQUE DU BENIN
UNIVERSITE D’ABOMEY CALAVI
FACULTE DE DROIT ET DE SCIENCES POLITIQUES

Exposé
Systèmes régionaux de protection
Des droits de l’homme

Analyse comparée des règlements intérieurs de la Cour et


de la commission africaine des droits de l’homme

Présenté par : Sous la Direction de


ABEGA François Pr Dorothé SOSSA
ECLO Habib
ROKO Florence
ZINZINDOHOUE Brice
ZOCLI K. Charles

Année Académique 2010-2011


INTRODUCTION

L’idée d’une Cour Africaine des droits de l’Homme et des Peuples a été mûrie en 1961 à la
rencontre des juristes africains à Lagos, au Nigeria, qui a convenu qu’une charte des droits de
l’Homme dotée d’une cour était nécessaire. C’est à cette rencontre que la proposition
d’institutions continentales de droits de l’Homme a été émise pour la première fois. Après la
création de la commission Africaine des Droits de l’homme en juin 1981 sur la base des
articles 30 et 45 de la Charte africaine des droits de l’homme, la nécessité de la création d’une
cour africaine s’imposa ce qui fut fait le 25 janvier 2004 conformément à l’article 34-3 du
protocole de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples

Il est à noter que la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples est le premier
organe chargé de la promotion, de la protection des droits de l’homme sur le continent. La
Cour africaine des droits de l’homme et des peuples quant à elle est l’institution judiciaire en
dernier ressort de protection des droits de l’homme en Afrique. Dans son action créatrice de
ces différents organes, la charte africaine a consacré la Commission africaine en tant que seul
mécanisme de supervision du respect des obligations des Etats parties vis-à-vis d’elle c’est
pourquoi le mandat de la Commission a été prévu pour couvrir quatre domaines : la
promotion, la protection, l’examen des rapports des Etats parties, l’interprétation de la Charte.

Toutefois, bien que la Commission possède un mandat suffisamment étoffé, elle ne dispose
pas de pouvoir de protection suffisant en ce sens qu’elle n’a qu’un rôle consultatif. C’est sans
doute pour pallier cette lacune que la Cour verra le jour le 25 janvier 2004, avec à la clé des
fonctions de protection, de promotion et de consultation.

Mais il convient de préciser qu’aucun groupe, aucune structure, aucune institution ne


peut efficacement s’épanouir sans un minimum de règles qui président à son organisation en
vue de son fonctionnement. C’est ce qui a donné lieu à l’élaboration du règlement intérieur à
la fois de la Cour Africaine des droits de l’homme et des peuples ainsi que celui de la
commission africaine des Droits de l’homme et des peuples.

Précisons que le règlement intérieur est une résolution déterminant les méthodes et
règles de travail internes qui doivent être observées dans le fonctionnement d’une assemblée,
d’un conseil, d’un organe complexe ou d’un ordre.

Si à la lecture des deux textes de règlements, il apparait que les deux institutions
agissent de façon suffisante dans le domaine des droits de l’homme, il n’en demeure pas
moins que les pouvoirs des deux organes peuvent se neutraliser au point de trahir les
défaillances d’un système à parfaire.

Des lors, quel rapport existe-t-il réellement entre le règlement intérieur de la


Commission et celui de la Cour ? Répondre à cette question permettra de dire si les
dispositions de chacun de ce ces règlements intérieurs sont pertinentes ou pas. Elle permettra
aux victimes de violations des droits allégués de cerner non seulement les contours de la
procédure introduite mais aussi la qualité des personnes en charges de connaitre de leurs
causes afin d’envisager les différentes possibilités de réalisation ou de mise en œuvre de leurs
droits.

Pour ce faire, otre analyse consistera à exposer dans une première partie les deux
résolutions dans leurs structures et fonctionnements respectifs et dans une seconde partie la
convergence dans l’organisation des compétences des procédures des deux systemes.
I- Deux résolutions distinctes régissant l’organisation interne et le
fonctionnement des systèmes de protection et de promotion des droits
de l’homme en Afrique

La commission Africaine des droits de l’homme et des peuples ainsi


que la cour africaine des droits de l’homme, pour leur fonctionnement
efficient, ont mis sur pied une organisation interne sur la base de laquelle
chacune d’elle fonctionnera.

A- De l’organisation des deux institutions

La Cour

La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a vocation de compléter et renforcer
les fonctions de protection que la Charte africaine a confiées à la Commission.

Dans son organisation, la Cour se compose de onze juges, d’un greffier résidant
comme le Président au lieu du siège et d’autres fonctionnaires de greffe, tous ressortissants
des Etats membres de l’OUA.

Les juges

Les juges sont élus par la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement « au scrutin secret
et à titre personnel parmi les juristes jouissant d’une très haute autorité morale, d’une
compétence et expérience juridique, judiciaire ou académique reconnue dans le domaine des
droits de l’homme et des peuples », sur une liste dressée par le Président de la Commission de
l’Union. La composition de la Cour, ne doit comprendre plus d’un juge de la même
nationalité,

Le mandat des juges


Selon les dispositions de l’article 15 du protocole, les juges sont élus pour une période le six
ans et sont rééligibles une seule fois. Le mandat du juge prend fin, à son terme, par décès, par
démission ou par révocation, au sens des articles 15,19 et 20 du protocole créant la Cour
Africaine des droits de l’homme et des peuples et les articles 6 et 7 du règlement intérieur de
la cour. Les juges disposent d’un pouvoir de « gestion juridictionnelle » qui pour être
efficient, se veut « collégial, pluraliste et démocratique »

La Cour étant un organe indépendant, elle s’auto-administre en cela, elle établit son
règlement intérieur, détermine sa propre procédure, élit son président et son vice président
dont elle fixe les attributions et désigne son greffier et les autres fonctionnaires de greffe.

Comme on peut le constater à l’article 9 alinéa 1 et suivants, le président et le vice président


sont élus pour une période de 2 ans et sont rééligibles une seule fois. Dans la mesure où ils
demeurent membres de la cour. Le président de la cour, dirige les travaux et contrôle les
services de la cour, fait la promotion des activités de la cour. Il est chargé de représenter la
cour, il préside les séances, élabore les rapports et assigne toutes fonctions qui lui sont
attribuées. Le vice président quant-à lui, assiste le président dans l’exercice de ses fonctions,
et assure son remplacement en cas de vacance de la présidence ou à sa demande.

Le greffe

Selon l’article 20 et suivant du règlement intérieur de la cour, le greffe se compose du greffier,


du greffier adjoint et de tous autres fonctionnaires dont la cour peut avoir besoin pour
s’acquitter de ses fonctions. Tout ce monde est assujetti à un statut et un règlement du
personnel établit par la cour.

Au terme de l’article 21alinéa 3, le greffier est nommé par la cour pour une période de 5 ans
et ce dernier peut être renommé pour un autre mandat. Celui-ci est chargé au terme de l’article
25 du règlement intérieur de la cour, d’assister la cour dans ses fonctions judiciaires,
administre le greffe de la cour et en assure la direction et la coordination. La cour nomme
aussi un greffier adjoint qui assiste le greffier dans ses fonctions. A ceux-ci s’ajoute le
personnel du greffe qui est désigné par la Cour elle-même aux termes de conditions fixées par
la cour ainsi que les autres fonctionnaires du greffe qui sont quant à eux, nommés en
conformité avec les normes de l’Union africaine

1- - LA COMMISSION
Il s'agit d'un organe technique indépendant chargé de la promotion et de la protection
des droits de l'homme. Cette Commission a été créée à défaut de pouvoir instituer à
l'époque une véritable Cour.

Nous déclinerons l’organisation de la Commission à travers ses membres, son bureau,


son secrétariat et ses organes subsidiaires.

- Les membres
Selon les articles 31 de la Charte et 11 du Règlement intérieur de la Commission, cette
dernière se compose de onze membres (appelés commissaires) choisis "parmi les
personnalités africaines jouissant de la plus haute considération". La Commission ne peut,
selon l'article 32, comprendre plus d'un ressortissant du même Etat7.
Conformément à l'article 36 de la Charte, les membres sont élus pour un mandat de six ans
renouvelables.
Les membres de la Commission sont inamovibles. En effet, selon les articles 39.2 de la Charte
et 14.1 du Règlement intérieur, une fois élu, un membre ne peut être démis de ses fonctions
que « si de l'avis unanime des autres membres de la Commission, un membre a cessé de
remplir ses fonctions pour toute autre cause qu'une absence temporaire, ou se trouve dans
l'incapacité de continuer à les remplir » En outre, les membres siègent à titre personnel
.
Le président
Selon l'article 18 du Règlement, le Président exerce ses fonctions sous l'autorité de la
Commission. Il détient la charge de prononcer l'ouverture et la clôture de chaque séance de la
Commission, il dirige les débats, assure l'application du Règlement intérieur, donne la parole,
met les questions aux voix et proclame les décisions (art. 44 du Règlement). En cas
d'empêchement, il est remplacé par le Vice-président (art. 19 du Règlement) qui, agissant en
qualité de Président (art. 20 du Règlement), dispose des même droits et des mêmes devoirs
que le Président.

Le Secrétariat
Le Secrétaire de la Commission est désigné par le Secrétaire général de l'O.U.A. (art. 41 de la
Charte) en consultation avec le Président de la Commission (art. 22.2 du Règlement).
- Les organes subsidiaires
Il en existe deux types selon l'article 28 du Règlement intérieur. Ce peut être soit les
comités, soit les groupes de travail. Selon cet article, au cours d'une session et en
consultation avec le Secrétaire Général de l'O.U.A., la Commission peut créer des
comités ou des groupes de travail et leur envoyer pour étude et rapport, tout point de
l’ordre du jour. Ces organes subsidiaires sont composés de membres de la Commission
désignés par le Président sous réserve de l'approbation de la majorité absolue des
autres membres. Ces Comités et autres groupes de travail peuvent, si le Secrétaire
Général de l'O.U.A. l'autorise, siéger en dehors de toute session de la Commission.

B- FONCTIONNEMENT DE LA COMMISSION
La Commission fonctionne de façon régulière depuis sa création. Elle dispose d’un siège,
tient régulièrement des sessions et essaie de s’acquitter de ses missions malgré des difficultés
inhérentes au continent africain.
a. - Siège
Aussi bien la Charte que le Règlement sont restés muets1 sur la question du siège de la
Commission. Lors de la XXIVème Session tenue du 25 au 28 mai 1988, la Conférence des
Chefs d'Etat et de gouvernement a décidé de doter la Commission d'un siège permanent. Le
Secrétariat qui fait aussi office de siège de la Commission est situé à Banjul en Gambie. C'est
donc seulement en novembre 1989 qu'un secrétariat permanent de la Commission a été
ouvert.
b. - Sessions
Si l'on s'en tient à l'article 2 du Règlement, la Commission tient normalement deux sessions
ordinaires chaque année d'une durée moyenne de deux semaines chacune. La session
ordinaire est convoquée à la date fixée par la Commission sur proposition de son Président et
en consultation avec le Secrétaire Général de l'O.U.A. (art. 2.2 du Règlement). Les sessions se
tiennent normalement au siège de la Commission à Banjul. Cependant, en consultation avec le
Secrétaire général de l’O.U.A., elles peuvent se réunir en un autre lieu (art. 4 du Règlement).
Possibilité est également laissée à la Commission de se réunir en session extraordinaire2 sur
décision de son Président en consultation avec les autres membres, à la demande de la
majorité de tous les membres ou à la demande du Président en exercice de l'O.U.A. (art. 3 du
Règlement).
c. - Travail
Nous aborderons le travail de la Commission à partir des points suivants : l'ordre du jour, les
langues de travail, la publicité des documents, le vote, la participation extérieure et les
rapports d'activités.
1. - L’ordre du jour
Conformément à l'article 6 du Règlement intérieur, l'ordre du jour provisoire de chaque
session ordinaire est établi par le Secrétaire363 de la Commission en consultation avec son
Président. Il ne doit comporter aucune information relative aux communications émanant des
Etats ni les autres communications en dehors des titres y relatifs.
L'ordre du jour provisoire et les documents y relatifs doivent être distribués aux commissaires,
aux Etats parties à la Charte, au Président en exercice de l'O.U.A. et aux observateurs, par le
Secrétaire au moins six semaines avant l'ouverture de la session (art. 7 du Règlement). Il est
également envoyé dans les mêmes délais aux agences spécialisées, aux organisations non
gouvernementales et aux mouvements de libération nationale intéressés. Toutefois, en cas de
1 Le Règlement se contente en son article 4 de disposer que « les sessions se tiennent normalement au siège de la
Commission. La Commission peut toutefois, en consultation avec le Secrétaire Général, décider de tenir une session ailleurs
».
2 Deux sessions extraordinaires se sont tenues respectivement les 13-14 juin 1989 à Banjul en Gambie, et les 18-19
décembre 1995 à Kampala en Ouganda

3 L'ancien Règlement intérieur attribuait cette compétence au Secrétaire Général de l'O.U.A.


circonstances exceptionnelles, et en exposant les motifs par écrit, le Secrétaire peut s'autoriser
à envoyer l'ordre du jour provisoire à cette dernière catégorie quatre semaines avant
l'ouverture de la session.
Au début de chaque session et après l'élection du bureau, la Commission arrête l'ordre du jour
définitif (art. 8 du Règlement). Il peut cependant être révisé par la modification ou la
suppression de certains points tout comme des questions urgentes et importantes peuvent y
être ajoutées. Au cours de chaque session, le Secrétaire présente un projet d'ordre du jour de la
prochaine afin de permettre à la Commission l'examen des documents.
2. - Les langues de travail
Les langues de travail de la Commission sont celles de l'O.U.A. (art. 34 du Règlement) c'est
-à-dire, l'anglais, l'arabe, le français et si possible les langues africaines. De même, les
comptes rendus analytiques des séances ainsi que toutes les décisions et documents de
caractère officiel sont rédigés dans les langues de travail.
3. - La publicité des travaux
Ace niveau, il faudrait faire distinguer entre la publicité des séances de la Commission et de
ses organes, celle du rapport d’activités et celle des rapports périodiques produits par les Etats
parties. Pour ce qui est des travaux en séance, à moins que la Commission n'en décide
autrement ou lorsque les dispositions de la Charte le prescrivent, les séances de la
Commission et de ses organes subsidiaires sont publiques. Toutefois, à l'issue de chaque
séance, qu'elle soit privée ou publique, la Commission ou son organe subsidiaire peut publier
un communiqué4 (art. 33 du Règlement).
Quant au rapport d’activités, il est publié par le Président de la Commission après examen par
l'organe suprême de l'O.U.A. (art. 54 et 59 de la Charte et 79 du Règlement).

B-Fonctionnement de la Cour
a- Siège
Les sessions se tiennent normalement au siège de la Cour. La Cour peut toutefois,
conformément à l’article 25 (1) du Protocole, décider de siéger sur le territoire de tout autre
Etat membre de l’Union africaine
b-Sessions
La Cour tient quatre sessions ordinaires par année d’une durée d’environ quinze jours,
chacune. Les sessions de la Cour sont convoquées aux dates fixées par cette dernière lors de

4 Voir par exemple. Communiqué final de la 27ème session ordinaire de la Commission Africaine des Droits de l'Homme et
des Peuples. Distribution générale, Doc/Os(XXVII) 177 b.
Communiqué final de la 11ème session ordinaire de la CADHP. ACHPR/COMM./FIN/XVREV.L.
Communiqué final de la 14ème session ordinaire de la CADHP. ACHPR/COMM./FIN/(XIV).
Communiqué final de la 15ème session ordinaire de la CADHP. ACHPR/COMM./FIN/(XV).
sa session précédente. Dans des circonstances exceptionnelles, le Président peut modifier les
dates d'une session en consultation avec les autres membres de la Cour. La lettre d’invitation
doit indiquer les dates, l’ordre du jour, la durée et le lieu des sessions ainsi que toute autre
information pertinente. Cette lettre est envoyée aux membres de la Cour, au moins trente (30)
jours calendrier avant la tenue de la session. Le Président peut également convoquer des
sessions extraordinaires, à sa propre initiative ou à la demande de la majorité des membres de
la Cour. La lettre d’invitation doit indiquer les dates, l’ordre du jour, la durée et le lieu des
sessions ainsi que toute autre information pertinente. Cette lettre est envoyée aux membres de
la Cour, au moins quinze (15) jours calendrier avant la tenue de la session. Le quorum de sept
(7) juges prescrit à l’article 23 du Protocole s’applique à toutes les séances de la Cour. Si, au
début d’une séance, le quorum n’est pas atteint, le Président ajourne cette dernière. Si, au
cours d’une séance, le quorum cesse d’exister, le Président ajourne cette dernière.
c- Les langues de travail
Les langues officielles de la Cour sont les langues officielles de l’Union africaine. Les langues
de travail de la Cour sont les langues de travail de l’Union africaine. La Cour pourra
cependant, en cas de besoin, déterminer, parmi ces langues, une ou plusieurs langues de
travail ;nonobstant les dispositions des alinéas 1 et 2 du présent article, la Cour peut permettre
à toute personne comparaissant devant elle d’utiliser une langue de son choix s’il apparaît que
ladite personne n’a pas une connaissance suffisante de l’une des langues officielles de la Cour.
Les termes et conditions du recours à des interprètes en vue de mettre en application le
paragraphe 3 du présent article seront fixés par la Cour.

Pratique interne en matière judiciaire et instructions de procédure


La pratique interne de la Cour en matière judiciaire ainsi que la procédure sont régies, sous
réserve des dispositions du Protocole et du présent Règlement, par toute résolution ou
instruction de procédure de la Cour.

II- Compétences et procédures des deux institutions

Au terme de la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples, la Commission


était la seule instance régionale chargée de promouvoir et protéger les droits de l’homme en
Afrique. Cependant, la création de la Cour africaine a changé la donne en la matière. Ainsi,
les deux organes partagent désormais ces attributions, chacun avec les spécificités énumérées
dans son règlement intérieur. La dualité des attributions s’observe aussi bien au niveau des
fonctions de promotion et de consultation qu’au niveau de la fonction de protection.

A- Fonctions de promotion et de consultation


Le règlement intérieur de la commission confère une certaine importance à la fonction
de promotion alors que le règlement intérieur intérimaire de la Cour attribue un titre entier à la
procédure consultative.

1- Fonction de promotion

Le chapitre 15 du règlement intérieur de la Commission Africaine des droits de


l’homme est consacre aux activités de promotion et aux rapports communiqués par les Etats
partis en vertu de l’article 62 de la charte. L’examen des rapports étatiques participant de la
fonction de protection des droits garantis par la Charte, les activités de promotion consistent
au terme de l’article 87 à l’adoption et à l’exécution par la commission d’un programme
d’action propre à donner effet à ses obligations en vertu de la charte, notamment en son art
45.1.

Ainsi, la commission organise de nombreuses activités d’information et de recherche


dans le domaine des droits de l’homme. Elle produit également de nombreuses déclarations et
résolutions visant à édicter des principes et règles pour servir de base à l’adoption de textes
législatifs par les Etats parties.

En dehors de ces activités, l’alinéa 2 de l’article 87 du règlement indique les activités


de promotion que mène la commission à travers la coopération à l’intérieur et à l’extérieur des
Etats membres.

Par ailleurs, lors de chaque session, tous les membres de la commission sont tenus de
présenter un rapport écrit, notamment sur les pays visités et les organisations contactées (art
87 alinéa 3).

Quant au règlement intérieur intérimaire de la Cour, elle n’accorde pas une place
particulière à la fonction de promotion étant donné que le protocole relatif à la Charte
africaine des droits de l’homme et des peuples portant création de la Cour africaine des droits
de l’homme et des peuples lui attribue essentiellement, outre la compétence de connaître des
affaires et différends, une fonction consultative.

2- Fonction de consultation

L’article 4 du protocole portant statut de la Cour dispose qu’elle peut donner un avis
sur toute question juridique concernant la Charte ou tout autre instrument pertinent relatif aux
droits de l'homme, à condition que l'objet de l'avis consultatif ne se rapporte pas à une requête
pendante devant la Commission. Cette disposition est reprise à l’alinéa 1.b de l’article 26 du
règlement intérieur intérimaire. Ainsi, le titre 5 du règlement est entièrement consacré à la
procédure consultative.

Selon les articles de ce titre, les Etats membres, l’Union Africaine, tout organe de
l’Union Africaine ou une organisation reconnue par l’Union Africaine peuvent adresser une
demande d’avis à la Cour. Les demandes doivent porter sur des questions juridiques et
indiquer de façon précise les points spécifiques sur lesquels l’avis est requis. Elles doivent
également préciser les dispositions de la Charte ou de tout autre instrument international
relatif aux droits de l’homme à propos desquels l’avis est demandé, les circonstances à
l’origine de la demande, ainsi que les noms et adresses des représentants des entités ayant
introduit la demande. Il faut également noter, comme le précise le protocole portant création
de la Cour, que les demandes ne doivent pas être relatives à une requête pendante devant la
Commission.

En effet, la Commission, en vertu de l’article 45 alinéa 3 de la Charte Africaine des


droits de l’homme et des peuples, a pour mission entre autres d’interpréter toute disposition
de la Charte à la demande d’un Etat partie, d’une institution de l’Union Africaine ou d’une
Organisation Africaine reconnue par l’Union Africaine. En dehors de cet avis consultatif pour
interpréter la Charte, le règlement intérieur de la Commission en son article 120 stipule que la
Conférence ou son Président peut demander à la Commission de procéder à une étude
approfondie de certaines situations de violations de droits de l’homme en soumettant un
rapport circonstancié, accompagné de conclusions et de recommandations conformément à
l’article 58 alinéa 2 de la charte. Ainsi, la Commission remplit un rôle consultatif comme la
Cour. Cependant, elle est cantonnée selon le règlement intérieur à l’interprétation de la Charte
et à l’étude des situations de violations des droits de l’homme. La pratique s’est néanmoins
avérée différente car la Commission a eu à donner son avis sur d’autres textes extérieurs à la
Charte.

Pour l’avis consultatif de la Cour, la demande d’avis une fois reçue, est transmise par
le greffe aux Etats membres, à la Commission ainsi qu’à toute autre entité intéressée. Selon un
délai fixé par elle, la Cour reçoit les observations écrites des Etats membres ou de toute entité
intéressée. Elle décide alors s’il y aura oui ou non une procédure orale et décide de la date
d’audience éventuelle.

Afin de prononcer son avis, la Cour peut décider d’adopter les dispositions relatives à
la procédure contentieuse. A l’issue, elle prononce son avis en audience publique ou peut en
décider autrement compte tenu des circonstances. Tout juge ayant participé à l’examen de la
demande d’avis peut y joindre son opinion individuelle ou dissidente.

La procédure consultative de la Cour ainsi parcouru suivant les termes du règlement


intérieur intérimaire, il est nécessaire d’observer la fonction consultative qu’exerçait la
Commission avant la création de la Cour.

Par ailleurs, il faut noter que la Cour, sur des questions particulières, peut demander
l’avis de la Commission (Art 29 du règlement intérieur intérimaire). La Commission quant à
elle peut également au terme de l’article 76 de son règlement intérieur, consulter les ONG soit
directement soit par l’intermédiaire d’un ou de plusieurs comités constitués à cette fin. Ces
consultations peuvent se faire à l’initiative de la Commission ou sur la demande de
l’organisation concernée.

B- Fonction de protection

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples et la Cour constituent à


deux, le système régional de protection des droits de l’homme en Afrique. A cet effet, chacune
d’elles s’est dotée à travers leurs règlements intérieurs respectifs des procédures nécessaires à
l’accomplissement de leur fonction de protection.

1- Procedure devant la Commission

En sa qualité d’institution prévue pour veiller au respect de la Charte africaine des


droits de l’homme et des peuples, la Commission a, entre autres, pour rôle d’assurer la
protection des droits de l’homme. Dans ce cadre, elle procède essentiellement à l’examen des
rapports étatiques qui précisent les mesures prises pour donner effet aux dispositions
reconnues par la Charte. Elle reçoit par ailleurs les communications émanant des Etats ou de
tout autre groupe ou individu. Les communications dont la commission peut être saisie sont
principalement les communications-plaintes ayant pour seule condition de recevabilité devant
être honorée par l’Etat demandeur, l’épuisement des voies de recours internes. En effet, en
vertu de l’article 92 du règlement intérieur de la Commission, « A l’expiration du délai de
trois mois visé à l’article 47 de la Charte et dans le cas ou une réponse satisfaisante n’est pas
donnée ou que l’Etat partie destinataire n’a pas donné suite à la demande, chaque Etat partie
peut soumettre la communication à la Commission par voie de notification adressée à son
Président, à l’autre Etat partie intéressée et au Secrétaire General ».

Les communications adressées par les particuliers sont enregistrées par le Secrétariat
de la Commission puis adoptées par vote à la majorité absolue des commissaires décidant
ainsi de la possibilité de leur étude. Outre ce vote, la Commission ne peut être saisie d’une
communication non-étatique que lorsque celle-ci remplit un certain nombre de conditions :

- L’épuisement des voies de recours internes ;

- Le respect d’un délai raisonnable entre l’épuisement des voies de recours internes
et la saisine du Secrétariat de la Commission ;

- La compatibilité de la requête avec les dispositions de la Charte ;

- La requête ne doit pas être un cas déjà réglé par l’instititution ;

- L’impossibilité d’un anonymat complet ;

- La communication ne doit pas contenir des termes outrageants ou insultants ;

- La communication ne doit pas être fondée exclusivement sur des nouvelles


diffusées par les medias.

La question de la recevabilité résolue, le Secrétaire informe sans délai les membres de


la Commission de toute notification et leur tient aussitôt que possible copie, afin que
connaissance soit prise des questions à débattre avant l’ouverture des séances. La
Commission examine les communications en séance tenue à huis-clos ; à l’exception des
séances publiques au cours desquelles des questions d’ordre général sont examinées. Sous
réserve de l’article 96 du règlement, la Commission met ses bons offices à la disposition des
parties intéressées afin de parvenir à une solution amiable fondée sur le respect de droits de
l’homme.

Aux termes de l’article 100 du règlement, la Commission notifie d’abord aux Etats
parties concernés et ce le plus tôt possible la date d’ouverture, la durée et le lieu de la session
à laquelle la question sera examinée, ainsi que la procédure à suivre pour présenter des
observations orales ou écrites. Les parties visées ont aussi le droit de se faire représenter lors
de l’examen de l’affaire. Le déroulement de la procédure, prévu par l’article 119 accorde trois
mois à l’Etat partie intéressé pour soumettre à la Commission des explications ou déclarations
éclaircissant la question à l’examen et en indiquant, le cas échéant, les mesures qu’il a pu
prendre pour remédier au problème. Ces explications sont communiquées à la partie auteur de
la Communication qui peut soumettre par écrit tout renseignement supplémentaire dans un
délai fixé par la Commission. En cas de non respect des délais, la Commission statue suivant
les éléments en sa possession.

L’examen des communications dans l’ordre ou elles ont été reçues par le Secrétariat
sauf décision contraire de la Commission. Apres un délai de 12 mois, la Commission devra
adopter un rapport sur la question examinée relatant les faits et conclusions auxquelles elle a
abouties ; puis elle envoie copie aux Etats parties intéressés et à la Conférence. Toutefois,
Avant de faire connaitre ses vues définitives à la Conférence, la Commission a autorité de
prendre des mesures provisoires au besoin conformément à l’article 111 du règlement
intérieur.

2- Procédure devant la Cour

Au terme de l’article 33 du Règlement intérieur intérimaire de la Cour et


conformément aux dispositions des articles 5 et 34.6 du Protocole, peuvent soumettre des
affaires à la Cour : la Commission, l’Etat partie qui a saisi la Commission, l’Etat partie contre
lequel une plainte a été introduite devant la Commission, l’Etat partie dont le ressortissant est
victime d’une violation des droits de l’homme, un Etat partie qui estime avoir un intérêt dans
une affaire, les organisations intergouvernementales africaines, un individu ou une
Organisation Non Gouvernementale dotée du statut d’observateur auprès de la Commission.

Une fois saisie, la Cour Africaine des droits de l’homme et des peuples analyse les
affaires en audiences publiques sauf si elle en décide autrement en ordonnant le huis-clos
conformément à l’article 43 du règlement intérieur intérimaire. La Cour en décide ainsi soit
sur initiative propre soit à la demande d’une partie. Ces audiences publiques participent à la
transparence et au droit à un procès équitable. Cependant, il faut reconnaitre qu’à elle seule, la
publicité des audiences ne garantit pas un bon procès.

D’autres facteurs dans la procédure devant la Cour, favorable à un bon procès sont la
célérité et l’équité. L’article 7 de la Charte africaine des droits de l’homme et peuples dispose
que « toute personne a droit a ce que sa cause soit entendue dans un délai raisonnable… ».
C’est une célérité requise, bien que le délai reste imprécis, du droit processuel international.
Le protocole créant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples évoque par ailleurs
en son article 28.1 que l’arrêt de la Cour doit être rendu dans les 90 jours suivant la clôture de
l’instruction de l’affaire. Dans le même temps, ce protocole prévoit en son article 27.2 la
possibilité pour la Cour de prendre des mesures provisoires pertinentes en cas d’extrême
gravité et d’urgence lorsqu’il s’avère nécessaire d’éviter des dommages irréparables à des
personnes, à l’instar de la Commission.

Le principe d’équité, quant à lui, est relatif à l’égalité des armes, au principe de la
contradiction et à la motivation des avis consultatifs et des arrêts. Le droit à un procès
équitable implique nécessairement l’égalité des moyens entre les parties, une possibilité
raisonnable de présenter les causes et les preuves dans les conditions qui ne place aucune
partie dans une situation de désavantage par rapport à ses adversaires. La Cour offre à cet
effet une assistance judiciaire aux termes de l’article 31 du règlement. L’impartialité des juges
est aussi requise. Aussi, ne peut-il siéger dans une même affaire, un juge qui aurait
antérieurement intervenu comme agent, conseil ou avocat de l’une des parties, ou en qualité
de membre d’un tribunal national ou internationale, d’une commission d’enquête ou à tout
autre titre ainsi qu’il ressort de l’article 17.2. Un juge ne peut pas siéger non plus dans une
affaire opposant une partie à l’Etat dont il a la nationalité (article 22).

Un procès équitable impose aussi un caractère contradictoire à l’instance. Le respect


de ce principe implique pour les parties le droit de prendre connaissance des observations ou
des pièces produites par l’autre ainsi que d’en discuter. De plus, la motivation des avis
consultatifs et des arrêts de la Cour est indispensable à la qualité de la justice. Elle est un
rempart contre l’arbitraire et procure au plaideur une justification de la décision en même
temps qu’elle permet de procéder à une analyse de la jurisprudence.
CONCLUSION
Au terme de notre réflexion, ou il était question de comparer le règlement intérieur de la
commission africaine des droits de l’homme et celui de la cour africaine des droits de
l’homme. Il est apparu que les deux textes fournissent des informations suffisantes sur les
règles d’organisation interne en vue du fonctionnement des systèmes de protection des droits
de l’homme en Afrique.
La commission qui a son siège à Banjul se compose de 11 membres remplissant les exigences
de l’article 31 de la charte et 11 du règlement intérieur. Ils sont élus au scrutin secret pour un
mandat de six ans renouvelable. Elle tient normalement deux sessions ordinaires chaque
année. Elle peut également tenir des sessions extraordinaires en cas de nécessité. En revanche,
la cour a son siège à Arusha en Tanzanie et se compose de 11 juges et d’un greffier. Les juges
sont élus au scrutin secret par la conférence des chefs d’état et de gouvernement pour une
période de six ans renouvelable une seule fois. Elle tient quatre sessions ordinaires par années.
Toutes les réunions ne se tiennent pas obligatoirement au siège de la cour. Les langues de
travail des deux institutions sont les langues officielles de l’Union Africaine.
Par ailleurs s’il est incontestable que les deux règlements intérieurs ont assigné des pouvoirs
de protection et de consultation aux deux institutions pour un meilleur rayonnement du
respect des droits de l’homme dans le continent, il n’en demeure pas moins que le fait pour la
cour de se référer à la commission avant de prendre certaines décisions, ou que le règlement
intérieur de la cour soumette la recevabilité des requêtes individuelles ou des ONG (à
l’article 34.6) à l’accomplissement de certaines formalités par l’état mis en cause, limite
manifestement non seulement le droit qu’a toute personne d’exercer librement des voies de
recours en vue de la satisfaction de son droit, mais aussi la liberté d’accès à la justice.

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