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INTRODUCTION
Craignant le risque d’incompatibilité auquel ils sont exposés dès la validation de leur
mandat par l’Assemblée nationale, et le vide institutionnel que créerait leur départ, Jean-
Michel SAMA LUKONDE KYENGE a recouru à la Haute cour.
Selon lui, « ils ne peuvent pas cumuler les fonctions de député et de ministre. Les secrétaires
généraux ou les ministres qui ne sont pas députés peuvent assurer l’intérim de leurs collègues.
C’est comme ça. Pour que les activités reviennent, il faut attendre le nouveau gouvernement.
C’est clair. Je ne vois pas de conséquences vraiment de leur départ. Surtout que beaucoup
d’entre eux étaient de très mauvais gestionnaires ».
Mais cette dernière a jugé la requête non fondée. Ce que salue l’Observatoire de la
dépense publique, l’Odep, dont Florimond MUTEBA est le président.
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ARRÊT CONSTITUTIONNEL
En conséquence, une fois que leurs pouvoirs seront validés, ils devront démissionner
du gouvernement ou d’autres fonctions pour laisser la place à des intérimaires, conformément
à la loi et aux textes réglementaires en vigueur en RDC.
L’article 19 dispose : “ le député qui fait l’objet de l’une des incompatibilités prévues à
l’article 122 du présent Règlement intérieur opte, dans les huit jours suivant la validation des
pouvoirs, entre son mandat de député et les autres fonctions qu’il exerce. S’il opte pour le
mandat de député, il en avise, par lettre, dans le même délai, le Président de l’Assemblée
nationale. À défaut de se prononcer dans le délai fixé, il est présumé avoir renoncé à son
mandat de député ”.
31 des 60 membres du gouvernement, dont le Premier ministre, ont été élus députés
nationaux. Parmi eux figurent notamment Peter KAZADI, vice-premier ministre de
l’Intérieur, Christophe LUTUNDULA, vice-premier ministre, Ministre des Affaires étrangères
et de la Coopération internationale, Jean-Pierre LIHAU, vice-premier ministre chargé de la
Fonction publique, de la modernisation de l’administration et initiation de service public ,
Aimé BOJI, ministre d’État, ministre du Budget , et Nicolas KAZADI, ministre des Finances.
La Haute Cour dit non au cumul. Elle a évoqué l'article 110 de la Constitution du 18
février 2006 qui serait mal interprété. Cet article dispose que lorsqu'un député national ou
sénateur est nommé à une fonction incompatible, il y a suspension de ses fonctions de député
et il va les reprendre après cessation de cette fonction incompatible.
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Pour étayer sa position, la Cour a aussi évoqué la loi électorale telle que modifiée et
complétée à ces jours, en son article 77, qui dispose qu'un élu exerçant une fonction
incompatible doit opter pour l'une des fonctions dans les huit jours, mais aussi l'article 17 du
règlement intérieur de l'assemblée nationale qui est claire sur cette question.
La Cour Constitutionnelle a par ailleurs argué que les membres du gouvernement élus
députés nationaux ne peuvent évoquer la continuité de l'État pour se cramponner au pouvoir et
que seul le président de la République assure la continuité de l'État.
La société civile avait déjà alerté sur le cumul des fonctions, comme l’explique
Dieudonné MUSHAGALUSA, coordonnateur du panel des experts de la société civile.
Il estime que « la loi elle-même prévoit qu’il y a incompatibilité entre la fonction d’un
élu et le mandat public de l’Etat. Mais également, c’est malsain de trouver quelqu’un qui est
ministre, en même temps député national et député provincial, puis il veut être sénateur et puis
gouverneur. La société civile avait déjà dénoncé cela et nous avons toujours recommandé que
ceux qui ont été proclamés élus restent avec un seul mandat. ».
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CONCLUSION
Le Premier Ministre, Jean-Michel SAMA LUKONDE, n’a pas obtenu gain de cause
dans sa requête introduite à la Cour Constitutionnelle concernant le cumul des fonctions.
En effet, dans son verdict du jeudi 8 février 2024, la Haute Cour dans son
interprétation de certaines dispositions de la Constitution, a jugé incompatible le mandat de
député à celui d’un membre du Gouvernement.