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COURS DU DROIT
ADMINISTRATIF
INTRODUCTION
Le droit administratif peut se définir comme « l'ensemble des règles, indépendantes et
autonomes par rapport au droit privé, qui déterminent l'organisation et le fonctionnement de
l'administration ». Selon Léon Moureau, le droit administratif est « la branche du droit public
interne qui comprend les règles juridiques spéciales relatives à l’organisation et à l’activité
des autorités, collèges et services chargés de pourvoir à la satisfaction des intérêts publics,
ainsi qu’à la manière de mettre fin aux litiges suscités par cette activité ». C’est le Droit centré
sur l’appareil étatique. C’est la manière de soumettre l’Etat à des limites qui est le droit. Cela
ne signifie pas que le citoyen et même l’administré ne sont pas concernés, bien au contraire.
Par ailleurs, le terme « Administration » a deux sens : l’un est organique et l’autre
matériel. Au sens organique, c’est donc l’ensemble des services et des agents groupés sous
l’autorité des ministres (on parle en ce sens de l’administration d’un pays) ou plus
spécifiquement placés sous une même direction pour l’exécution d’une tâche administrative
déterminée (ainsi, parle-t-on de l’administration de l’éducation ou de l’administration de
l’équipement). Au sens matériel, c’est aussi la fonction de l’Etat qui consiste sous l’autorité
du gouvernement, à assurer l’exécution des lois et le fonctionnement continu des services
publics.
Cette coïncidence entre les définitions organiques et matérielles n’a jamais été
totalement exacte notamment lorsque certaines activités de l’administration relèvent du privé.
I- Caractères spécifiques du droit administratif
Il présente 3 caractères principaux.
C’est un droit autonome : on apprécie cette autonomie par rapport au droit privé. Là
où il s’applique, le droit privé ne peut pas s’y appliquer. Mais ce n’est pas pour autant
un droit de privilège pour l’administration. L’administration peut en effet être soumise
à des droits plus contraignants que le particulier. Cette autonomie est fondée sur les
besoins spécifiques de l’administration, elle n’est pas libre d’agir, elle se base sur les
besoins du service public. Ce droit échappe au droit privé à raison de son objectif et
but.
C’est aussi un droit jurisprudentiel : il s’est construit par le juriste. Le juge est celui
qui a fait évolué le droit, il est le moteur (ou a été) du droit administratif. C’est les
droits du Conseil d’Etat. À partir de 1873, création du Conseil d’Etat. Ce droit a une
certaine mouvance et une difficile systématisation. C’est véritablement un droit vivant
et qui va passer par le travail de deux séries d’acteurs, le juge et la doctrine. L’arrêt
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Blanco est l’arrêt fondateur du droit administratif. Le droit administratif, étant un droit
jurisprudentiel, on fait souvent recours aux arrêts de principe qu’aux articles d’un
quelconque Code ou d’une quelconque loi. Autrement dit, au moment où le juriste
privatiste cite des articles, des dispositions législatives pour étayer son affirmation, le
spécialiste du droit administratif quant à lui cite des arrêts rendus par le juge
administratif. A cet effet, il est un droit prétorien.
C’est un droit de la Puissance Publique, il est justifié par une volonté, celle de
permettre à l’administration de faire primé l’intérêt général. Puissance publique :
« ensemble des prérogatives accordées à l’administration pour lui permettre de faire
prévaloir l’intérêt général lorsqu’il se trouve en conflit avec des intérêts
particuliers ». Cette Puissance Publique s’exprime par des prérogatives, une capacité à
agir. Ce sont les Prérogatives de Puissance Publique (PPQ). Elles sont liées à la notion
de souveraineté, lien avec le pouvoir ultime dans l’ordre politique et juridique.
L’administration peut édicter des actes administratifs unilatéraux.
II- La fonction du droit administratif : l’organisation du pouvoir de
l’administration
Le droit administratif comme le droit constitutionnel permettent de construire et
d’organiser le groupe sans broyer l’individu. Le droit administratif s’est structuré sur l’idée
qu’il n’était pas un droit de liberté, d’abord fondé sur la défense de la puissance publique. Le
droit administratif républicain est le signe de la soumission du pouvoir de l’administration au
droit. L’idée de soumettre de plus en plus l’administration au droit, on retrouve les deux
acteurs, le juge et la doctrine. Pour le juge il va y avoir des arrêts fondateurs notamment
l’arrêt Blanco (Tribunal des Conflits, 8 février 1873).
Agnès Blanco, petite fille, se promène dans une manufacture de tabac. Elle est
renversée par un wagon et son père outré attaque la manufacture pour l’accident causé à sa
fille. La Manufacture des Tabacs est une régie gérée par l’Etat. Il va donc devant un juge
judiciaire. Est-ce opportun ? Action saisie par le garde des sceaux qui élève le conflit au
tribunal des conflits. Celui-ci doit répondre à la question : Peut-on attaquer l’Etat au moyen
du tribunal judiciaire ? Le Tribunal des Conflits répond que la responsabilité de l’Etat pour les
activités qui relèvent du service public ne peuvent pas se rattacher à une juridiction judiciaires
mais d’une juridiction particulière. Le service public apparaissait comme le critère de
compétence du juge administratif.
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Ce cours du droit administrative est divisé en trois parties : Aspects institutionnels du
droit administratif (première partie), aspects fonctionnels du droit administratif
(deuxième partie) et aspects contentieux du droit administratif (troisième partie).
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PREMIERE PARTIE : LES ASPECTS INSTITUTIONNELS DU DROIT
ADMINISTRATIF
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administratives par des agents qui sont nommés par le pouvoir central et qui agissent au nom
et pour le compte de l’État.
L’exemple type, c'est celui du préfet représentant du pouvoir central dans le ressort
territorial du département. Ici, le département en tant que circonscription administrative n’a
pas la personnalité juridique. Le département comme circonscription administrative ne se
détache pas de l’État dont il est partie intégrante. Il n’est qu’un démembrement et les actes qui
sont édictés ou accomplis par le représentant local qu’est le préfet l’est au nom de l'État.
Ainsi, ces actes engagent l’État et peuvent éventuellement provoquer la mise en jeu de la
responsabilité de l’État et non pas du département.
Paragraphe 2 : La décentralisation
C’est la technique d'organisation administrative dans laquelle l’État créé des entités,
des institutions auxquelles il confère la personnalité juridique et en conséquence, l’autonomie
administrative et financière. Ainsi définie, la décentralisation s’applique à des collectivités
territoriales, mais aussi à des services publics. Lorsque la décentralisation est appliquée aux
collectivités locales ou territoriales, on parle de décentralisation territoriale.
Exemple : les communes et les municipalités.
En revanche, si la décentralisation est appliquée à des services publics, on parle plutôt
de décentralisation par service ou encore décentralisation fonctionnelle.
C'est le cas en ce qui concerne les établissements publics (université). Dans le cadre de
la décentralisation, les entités décentralisées ont la personnalité juridique. Il suit de là que les
actes accomplis par les organes de ces collectivités sont imputables non pas à l’État, mais à la
collectivité considérée. Ces collectivités territoriales décentralisées ont des organes qui ne
sont pas nommés par le pouvoir central, mais élus par la collectivité. C'est le cas avec les
conseillers municipaux et communaux, les maires etc.
Par contre, dans la déconcentration, les responsables sont nommés par le pouvoir
central à qui ils sont redevables, dépendants et subordonnés. L’on parle de la hiérarchie entre
le pouvoir central et les représentants locaux tandis que dans la décentralisation, les rapports
sont des rapports de tutelle
Sous - section 2 : Le contrôle
Le contrôle est soit un contrôle hiérarchique, soit un contrôle de tutelle.
Paragraphe 1 : Le contrôle hiérarchique
Dans une administration centralisée, les rapports entre l’échelon supérieur et l'échelon
inférieur sont régis par la hiérarchie. Cela signifie que le supérieur peut dicter des ordres à
l’échelon inférieur, il peut également s’agissant des actes pris par l'échelon inférieur les
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réformer, c’est-à-dire les modifier. Il peut même les annuler sous certaines réserves aussi bien
pour des raisons d’illégalités que pour des raisons d'inopportunité. Le supérieur possède ce
pouvoir de plein droit ; ce qui signifie qu'il n’est pas nécessaire que ce pouvoir du supérieur
ait été expressément prévu par un texte, car ce pouvoir se présume ; c’est donc un pouvoir qui
existe même lorsqu’aucun texte ne l’a prévu. Ce qui est dit vaut dans le cadre de la
centralisation et par conséquent dans le cadre de la déconcentration qui découle de la
centralisation : le supérieur hiérarchique jouit de pouvoirs important à l’égard du subordonné
et l’échelon inférieur ne dispose d’aucun moyen de recours contre les interventions du
supérieur hiérarchique.
Paragraphe 2 : Le contrôle de tutelle
Il s'agit d'un contrôle qui se détache du contrôle hiérarchique ; on en étudiera
successivement le fondement, les modalités et le régime juridique.
A. Le fondement du contrôle de tutelle
Ce contrôle a pour objet de garantir le principe de la légalité administrative, car la
décentralisation n'est pas l'indépendance. Il s'agit ici d'un contrôle d'une autre nature, c'est-à-
dire, celui exercé par le pouvoir central sur les organes et sur les actes des entités
décentralisées.
B. Les modalités du contrôle
Les modalités de ce contrôle sont fonction du degré de décentralisation de chaque État
unitaire. En France par exemple, ce contrôle a connu une évolution et l'on parle du contrôle
juridictionnel, beaucoup plus adapté au système de la décentralisation. Au Bénin, ce contrôle
porte à la fois sur les organes et sur les actes des entités décentralisées.
C. Les régimes juridiques du contrôle de tutelle
Contrairement au contrôle hiérarchique qui va de soi, le contrôle de tutelle doit avoir
été prévu par un texte. De plus, L'autorité sous tutelle a des droits que l'on ne retrouve pas
dans le cadre des rapports de hiérarchie entre le supérieur et l'échelon inférieur.
Ainsi, l'autorité sous tutelle peut attaquer les actes pris à son encontre par l'autorité de
tutelle, soit par un recours pour excès de pouvoir (REP), soit pour demander réparation du
préjudice causé par ledit acte.
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aussi être un sujet de droit. Elle peut réaliser des actes juridiques (contrat) ou encore saisir un
juge.
L’étude des institutions administratives c’est l’étude des personnes morales de droit public
mais aussi ce qu’il y a dedans. C’est étudier un certain nombre d’organe qui ne sont pas
nécessairement des sujets de droit mais pouvoir agir au nom de l’intérêt général, au nom de
l’Etat. Pour Hauriou, la personnalité juridique, morale implique qu’un groupement, un
organisme a des relations avec d’autres personnes juridiques. Personnalité = groupement,
sujet de droit qui a un certain nombre de caractéristiques juridiques qui lui permettent d’avoir
un patrimoine propre, d’entretenir des relations avec autrui, etc.
Le terme institutions ne renvoie pas forcément à des personnalités morales. Il renvoie
aussi à des groupements, des organismes qui n’ont pas nécessairement des personnalités
morales. Ainsi, par institutions administratives, il faut entendre l’ensemble des organes, des
autorités qui permettent au gouvernement d’accomplir ses fonctions dans la volonté de
poursuivre l’intérêt général.
Personnes morales de droits publics :
· L’Etat : territoire, moyens financiers qu’il engage juridiquement. Personne morale unique
car renfermant toutes les autres personnes morales qui lui sont soumises. Il représente une
entité abstraite : la Nation. Et il n’est soumis à aucune autre autorité. Il dispose de la plénitude
des pouvoirs. Sa compétence s’exerce sur l’ensemble du territoire. Les collectivités
territoriales sont des personnes morales publiques strictement délimités sur un territoire :
département, région…
· L’établissement public : personne morale secondaire ou spécialisée. Dotée d’une
autonomie financière et juridique et il gère un service public dans une zone géographique
clairement définie sous le contrôle de la collectivité qui l’a créée. Il ne peut se livrer qu’à des
actions, des activités qui lui ont été dévolues.
Ex : Universités, chambres des métiers, hôpitaux…
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CHAPITRE 2 : L’ADMINISTRATION D’ÉTAT
Section 1 : Le président de la République
A. Compétences générales
Le Chef de l’État dispose d’un pouvoir de nomination concernant certains emplois
civils et militaires de l’État, ainsi que de prérogatives en matière règlementaire.
C’est la constitution du 11 décembre 1990 qui règle la question des pouvoirs du
président de la République en matière de nomination aux emplois civils et militaires de l’État.
Ainsi, le chef de l’État est compétent pour les nominations aux emplois pourvus en conseil
des ministres, comme les postes de conseillers d’État, d’ambassadeurs, de préfets ou encore
de directeurs d’administration centrale, ce qui représente environ un millier d’emplois.
D’autres nominations peuvent intervenir par décret simple, non délibéré en conseil des
ministres. On l’aura compris, le rôle du président de la République est primordial en matière
de nominations aux postes clés de l’État.
En matière règlementaire, le chef de l’État est compétent pour signer les ordonnances
et décrets délibérés en conseil des ministres. Si la plupart de ces actes doivent être
contresignés par ministre compétent, certains actes sont, en revanche, dispensés du
contreseing : ainsi, en va-t-il de la nomination des membres du gouvernement, ou encore des
actes pris au titre de l’article 66 de la Constitution. Si cette règle parait simple, la pratique
constitutionnelle a montré que cette dernière pouvait faire l’objet de détournements.
B. Les services de la Présidence
Ces services ne sont prévus par aucun texte et leurs effectifs se sont étoffés
concurremment au renforcement des pouvoirs du président de la République depuis 1990.
L’on distingue trois services placés sous l’autorité d’un directeur général. Ainsi, l’on trouve,
d’abord, un cabinet chargé d’assister le chef de l’Etat dans ses fonctions politiques : c’est ici
que l’on trouve les plus proches collaborateurs du président. Ensuite, le Secrétariat général,
composé de conseillers techniques et de chargés de missions, est chargé du contrôle de
l’action gouvernementale, du suivi de l’action de chaque ministre et plus généralement de la
coordination au sein de l’exécutif. Ce service est présidé par un Secrétaire général qui occupe
une place privilégiée auprès du chef de l’État. Enfin, en tant que chef des armées, le président
de la République dispose d’un état-major particulier composé de représentants des trois
armées et qui conseille le chef de l’État sur les questions de défense nationale. L’on peut noter
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que, très souvent, le poste de chef de ce dernier service est un tremplin pour occuper la
fonction de chef d’état-major des armées.
Paragraphe 1 : Statut
Les règles écrites intéressant les titulaires des portefeuilles ministériels sont rares. Les
principales résultent du texte constitutionnel qui prévoit, ainsi, notamment, que la nomination
et la démission des ministres appartiennent au chef de l’Etat, que les ministres contresignent,
le cas échéant, les actes du président de la République en même temps chef du Gouvernement.
Mais, aucune disposition ne règlemente tant le nombre de ministres que la répartition de leurs
attributions. Ainsi, et s’agissant de leur nombre, qui dépend de la seule volonté du chef de
l’État, l’on relève une nette tendance à l’augmentation corrélativement à l’alourdissement des
taches de l’État.
Quant aux attributions des ministres, elles sont fixées par décrets délibérés en conseil
des ministres. Ici, si certains ministères bénéficient d’une assez forte stabilité, comme la
justice, l’intérieur, la défense, les affaires étrangères et l’éducation nationale, d’autres voient
leur périmètre varier au gré des gouvernements. L’exemple le plus typique est le ministère de
l’économie et des finances : ainsi, l’économie est, parfois, couplée avec la fonction
budgétaire, cette dernière fonction étant attribuée à un ministre délégué ; mais, il arrive que
les deux départements ministériels soient séparés. La même remarque pourrait être faite pour
les ministères relatifs aux affaires sociales (santé, travail et sécurité sociale). Au final, cette
instabilité qui caractérise l’organisation gouvernementale peut être préjudiciable à l’action du
gouvernementale. Cet état de fait relatif aux effectifs et aux attributions des ministres semble,
cependant, devoir demeurer dans la mesure où les dirigeants politiques souhaitent garder une
totale liberté dans la composition du Gouvernement et la répartition des compétences
ministérielles : en effet, c’est là l’un des outils privilégiés pour, à la fois, symboliser une
orientation politique et la mettre effectivement en œuvre. Ces précisions étant faites, il est
possible de relever quelques considérations sur les prérogatives des ministres et leurs services.
Paragraphe 2 : Les prérogatives des ministres
Précisons d’emblée que les ministres, quel que soit leur titre, agissent au nom de
l’État, ce qui signifie que seul ce dernier est doté de la personnalité morale. Ce sont donc les
ministres qui sont ordonnateurs principaux de l’État, signent en son nom décisions et contrats
et le représentent devant les tribunaux. Si tous les ministres exercent ces différents pouvoirs, il
est possible de dresser une classification des titulaires des portefeuilles gouvernementaux.
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Ainsi, les ministres d’État et les ministres de droit commun sont chargés d’un département
ministériel, les premiers occupant, cependant, un rang plus élevé du point de vue
protocolaire : précisons que cette distinction est donnée soit pour marquer l’importance d’un
département ministériel, soit pour distinguer une personnalité politique. L’on trouve, ensuite,
les ministres délégués qui reçoivent leurs attributions par délégation du chef du
Gouvernement ou d’un autre ministre. Enfin, viennent les secrétaires d’État qui sont soit à la
tête d’un département ministériel, soit rattachés au Président de la République.
Chaque ministre dispose de deux types de prérogatives. Ainsi, un ministre est d’abord
titulaire d’un pouvoir hiérarchique sur l’ensemble des agents de son ministère, qu’il s’agisse
de donner des ordres ou encore d’infliger des sanctions disciplinaires. Si les ministres ne
disposent pas du pouvoir règlementaire général, il est deux hypothèses ou ils peuvent exercer
un pouvoir règlementaire qualifié de spécifique : c’est, ainsi, le cas lorsque la loi leur attribue
un tel pouvoir dans un domaine limité, mais aussi lorsqu’il s’agit de prendre les mesures
nécessaires au bon fonctionnement de l’Administration placée sous leur autorité. Il s’agit,
dans cette dernière hypothèse, du pouvoir règlementaire appartenant à tout chef de service
consacré par la jurisprudence Jamart (CE, 7/02/1936).
Paragraphe 3 : Les services ministériels
L’on trouve d’abord le cabinet ministériel composé des plus proches collaborateurs du
ministre que celui-ci choisi discrétionnairement. Concrètement, le cabinet est dirigé par un
directeur qui bénéficie de la délégation de signature du ministre et qui a en charge les
missions protocolaires, personnelles et politiques. À côté de lui, l’on trouve des conseillers
techniques et des chargés de mission répartis en fonction des différentes questions relevant de
la compétence du ministre. Comme en matière de nombre de ministres, des tentatives ont été
faites pour fixer une limite au nombre de membres des cabinets, mais, dans les faits, le seuil
est fixé à chaque nouveau Gouvernement par une circulaire et celui-ci est relativement élevé.
Différents rapports ont mis en avant le caractère nuisible de cette inflation de collaborateurs
sur la qualité du travail gouvernemental, dans la mesure où ces derniers peuvent faire écran
entre le ministre et son administration, au lieu de jouer leur rôle d’animation. En effet, il peut
arriver, dans certaines hypothèses, que des collaborateurs trop présents éclipsent, en quelque
sorte, le ministre, ce qui a pour conséquence que des décisions sont prises loin du décideur
légitime, en l’occurrence le ministre.
Si le cabinet constitue la composante politique de la structure qui assiste le ministre,
les directions d’administration centrale représentent, elles, l’ossature administrative du
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ministère. Ces structures se distinguent aussi du cabinet par leur permanence. Concrètement,
chaque secteur du ministère est chapeauté par une direction qui peut se décomposer en sous-
directions. Chaque direction est placée sous l’autorité d’un directeur d’administration centrale
nommé par décret du président de la République.
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Paragraphe 2 : la déconcentration
La déconcentration est un système administratif qui confie certains pouvoirs de
décision à des agents du pouvoir central résidant sur le territoire local. Elle répond au souci de
rapprocher l'administration des administrés sans pour autant faire participer les administrés au
processus de prise de décision. On distingue déconcentration et décentralisation.
La décentralisation : La notion « décentralisation » est souvent utilisée dans sa
conception physique, c'est à dire : hors du centre. Sur le plan administratif, la décentralisation
est un système administratif par lequel l'Etat accorde à d'autres entités juridiquement
reconnues l'autonomie financière et de gestion dans des conditions prévues par la loi.
A. La définition de la déconcentration
Déconcentration : l’une de modalité de la centralisation.
En théorie, on pourrait concevoir une centralisation purement concentrée dans laquelle on
dirigerait le pays de la capitale, toutes les décisions administratives, même les plus dérisoires
serait prise dans la capitale.
La centralisation déconcentrée : autorité centrale qui transfère à un ou plusieurs de ses
agents locaux un pouvoir de décision jusque-là exercé par elle.
· Redistribution du pouvoir de décision au sein de l’Etat qui dépouille son centre mais
qui maintient intact l’étendue de ses prérogatives.
· Compétence exercé localement par les représentants du pouvoir central
Barrot, Homme politique du XIXe siècle, député de la monarchie de juillet, vice-président du
conseil d’Etat en 1872, dit en parlant des préfets : « la déconcentration c’est le même marteau
qui frappe mais on en a raccourci la manche »
Le décret du 25 mars 1852 qui s’intitulait (à tort) « relatif à la décentralisation administrative
», prit par Napoléon III est premier acte de déconcentration parce que « on peut gouverner de
loin mais on administre mieux de près »
Raison de la déconcentration :
· Rapprocher l’administration des administrés
· Réaffirmation de l’autorité de l’Etat
· Améliorer la productivité de l’Etat : répondre rapidement à des contraintes locales
1ère idée : la déconcentration, c’est rendre les services administratives plus efficace en
désencombrant les niveaux supérieurs de l’administration afin d’agir plus vite.
Se déploie dans le cadre d’un Etat dans lequel les fonctionnaires sont placés sous le pouvoir
hiérarchique des autorités qui les ont nommés. S’assure que les représentants locaux
appliquent les orientations qui ont été définies dans les bureaux parisiens.
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Ex : préfet/ministre
La déconcentration s’applique dans des cadres territoriaux déterminés : divisions
géographiques dans lequel les services de l’Etat trouvent leur implantation. Ces
circonscriptions n’ont aucune personnalité juridique distincte de celle de l’Etat car la
déconcentration n’est qu’une simple technique de commandement, de gestion administrative
depuis le centre.
Section 4 : Les cadres non territoriaux : les établissements publics nationaux (EPN)
Les EPN participent de la décentralisation, mais au contraire des collectivités
territoriales décentralisées qui ont une assise territoriale, les EPN n’ont pas ou ne reposent pas
sur la considération qu’il y a dans un espace donné des affaires propres à régler : les EPN sont
des services publics érigés par l'État au rang de personnes morales. Ce sont des services
d’intérêt général dont l’État pense qu’ils seront mieux gérés sous la forme d’établissement
public et que par conséquent l’État érige en personne morale de droit public. Exemple : la
SONEB, la SBEE, Bénin Telecom etc.
Les EPN ont la personnalité juridique et une mission bien précise, c’est la consécration
du principe de la spécialité des EPN. Ce qui signifie que les EPN sont créés pour gérer un
service public déterminé et ils ne peuvent aller au-delà de la mission qui leur est confiée.
Il y a deux catégories d’EPN : d’une part, les établissements publics administratifs
(EPA), et d’autre part, les établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC).
Les EPN sont soumis à un contrôle du pouvoir central.
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CHAPITRE 3 : LES COLLECTIVITES TERRITORIALES DE LA REPUBLIQUE
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- Le respect des principes du service public, notamment la neutralité, la continuité, la
mutabilité et l’égalité de tous les citoyens devant le service public ».
De tout ce qui précède, l’on peut retenir clairement que la libre administration ne peut
remettre en cause l’exercice d’une liberté publique ou d’un droit constitutionnellement
garanti, ni le principe de légalité ou le principe de la mise en conformité aux normes ou la
conciliation avec d’autres principes à valeur constitutionnelle.
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Paragraphe 2: L’organe administratif et technique : le secrétariat exécutif (Art.
127 à 133)
Le secrétariat exécutif de la mairie est organisé et fonctionne conformément à
l’organigramme adopté par le conseil de supervision, au règlement intérieur et aux manuels de
procédures de la commune.
Le secrétariat exécutif regroupe sous l’autorité de secrétaire exécutif, tous les services
administratifs et techniques de la mairie.
En effet, après avoir étudié le statut et les modalités de nomination du secrétaire
exécutif (A) nous aborderons ses attributions (B) avant de clarifier sommairement ses rapports
avec le Maire (C).
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Sauf pour les fonctions inscrites au fichier national des principales fonctions
administratives des mairies, le secrétaire exécutif nomme aux emplois communaux de rang de
chef de service au moins, après avis de non objection du conseil de supervision. Il met fin, en
cas de nécessité, à leur fonctions et en rend compte au conseil de supervision.
Dans les communes à statut particulier ou intermédiaire, la personne responsable des
marchés publics est nommée par le secrétaire exécutif, après tirage au sort dans le fichier des
principales fonctions administratives des mairies. Elle peut, en cas de nécessité, être employée
à d’autres tâches cumulativement ave ses fonctions.
Dans les communes autres que celles à statut particuliers ou intermédiaire, le secrétaire
exécutif, nomme en qualité de personne responsable des marchés publics, un cadre ayant un
profil approprié cumulativement avec ses fonctions habituelles, ou à défaut, le responsable
des affaires financières.
Le secrétaire exécutif de la commune est l’autorité approbatrice des marchés publics.
Le secrétaire exécutif est l’ordonnateur du budget communal. Il soumet le budget
primitif, le collectif budgétaire et le compte administratif à l’adoption du conseil de
supervision, à la validation du conseil communal et à l’approbation de l’autorité de tutelle.
Le secrétaire exécutif prend les mesures nécessaires pour un recouvrement optimal des
recettes de la commune.
Les membres du conseil d’arrondissement sont des auxiliaires de la commune pour
l’identification de la matière imposable et pour le recouvrement des recettes fiscales et non
fiscales de la commune. A ce titre, ils bénéficient d’une ristourne sur les sommes
effectivement recouvrées au titre des recettes non fiscales, au-delà des prévisions budgétaire.
Les taux et modalités de répartition de la ristourne sont fixés par décret pris en conseil des
ministres.
Lorsque les intérêts du secrétaire exécutif se trouvent en conflit avec ceux de la
commune, le conseil de supervision désigne un cadre supérieur assumant des fonctions de
direction de la mairie, soit pour représenter la commune en justice soit pour passer un contrat.
Le secrétaire exécutif adresse, aux fins de ses délibérations, le rapport mensuel de ses
activités ainsi que le rapport annuel de performance de la mairie au conseil de supervision.
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Aujourd’hui, la catégorie des AG s’est rétrécie, évidemment l’on ne rencontre ces
actes de gouvernement que dans deux domaines. Ce sont le domaine des rapports
internationaux et le domaine des rapports entre les pouvoirs publics
constitutionnels. Toutefois, tout acte intéressant les rapports internationaux ne constitue pas
nécessairement un acte de gouvernement. On songe par exemple aux traités et accords qui
font partie de la légalité, mais sont des actes de gouvernement.
B. Le régime juridique des actes de gouvernement
Le propre des actes de gouvernement, c’est d’être soustrait à toute « justiciabilité » ou
« attaquabilité » ; cela veut dire que ces actes ne peuvent faire l’objet d’aucun recours ni
devant le juge judiciaire ni devant le juge administratif. On ne peut en effet, poursuivre
l'annulation d’un acte de gouvernement par la voie du recours pour excès de pouvoir, on ne
peut non plus attraire l’État devant le juge pour le voir condamner sur le fondement d’un acte
de gouvernement qui causerait préjudice. Il suit de là que le juge ne peut s’immiscer dans
l'intervention des pouvoirs publics en ce qui concerne les actes de gouvernement.
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Mais ces pouvoirs exorbitants appellent, au profit du cocontractant, des contreparties
qui ne dérogent pas moins au droit commun : sur le terrain financier, sa rémunération doit, au-
delà du prix initialement convenue, tenir compte, non seulement des charges nouvelles que
son cocontractant lui a imposées, mais encore des aléas imprévisibles qui compromettraient
l’équilibre prévu entre ses charges et ses recettes.
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service donné. On distingue en gros trois grands modes de gestion de service public, ce sont :
la gestion en régie directe, la gestion par établissement, la concession de service public.
A. La gestion en régie directe
Les collectivités peuvent elles-mêmes gérer les services publics dont elles ont la
charge. Ce procédé porte traditionnellement le nom de gestion en régie.
B. La gestion par un établissement public
Ici, l'on sort de la gestion directe pour pénétrer la sphère de la gestion indirecte, car la
gestion du service public est ici confiée à un organisme ayant une personnalité distincte de
celle de la collectivité dont relève le service.
C. La concession de service public
C’est un mode de gestion du service public consistant à confier la gestion à un
concessionnaire recruté contractuellement agissant à ses risques et rémunéré par des
perceptions prélevées sur les usagers.
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Paragraphe 5: La condition des mesures de la PA
Il est vrai qu’il pèse sur l’administration l’obligation de prendre les mesures de police,
c'est-à-dire les mesures tendant à préserver l'ordre public. En conséquence, l'administration ne
peut déléguer ce pouvoir aux personnes privées et c'est cela qui marque la spécificité de la PA
par rapport au SP qui peut en ce qui le concerne faire l'objet de concession. Mais, dans la
mesure ou la PA consiste dans des mesures tendant à limiter la liberté des individus ou des
particuliers, l'administration ne peut intervenir qu'en se conforment aux principes de la
légalité. Cela signifie que l’administration ne peut prendre les mesures de police que dans le
respect des libertés de sorte que la validité des mesures de police est conditionnée par la
nécessité de ces mesures.
L'administration ne peut aller au-delà de cette exigence et le juge vérifie cette
nécessité à l’occasion du contrôle qu’il effectue sur les actes de police. Et s’agissant des
libertés qu’on appelle « libertés définies » , c'est-à-dire des libertés consacrées par la
constitution ou la loi et protégées par elle, le principe est le suivant : « La liberté est la règle et
l’interdiction l’exception » de sorte que les mesures portant interdiction générale et absolue,
par exemple les décisions par lesquelles les autorités administratives interdisent les
manifestations sur la voie et lieux publics, sans limitation dans le temps, sont considérées par
le juge comme irrégulières ou illégales.
D'autre part, les mesures d'interdiction frappant certaines manifestations, telles, les
conférences publiques, les marches ou autres rassemblements ne sont valides ou régulières
que dans la mesure où les effectifs de police ou de gendarmerie dont dispose l'administration
ne sont pas suffisants pour faire face à des débordements éventuels. C’est dire que ce pouvoir
redoutable placé entre les mains de l'administration peut donner lieu à des abus justifiant
l'intervention ou le contrôle du juge.
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TOISIEME PARTIE : LES ASPECTS CONTENTIEUX DU DROIT
ADMINISTRATIF.
L’administration est soumise au droit. C'est ce qu’on appelle l’État de droit par rapport
et par opposition à l’État de police dans lequel l’administration ne connaît de limite qu’en
elle-même. L’affirmation selon laquelle l’administration est soumise au droit n’a de sens que
si l'administration est soumise à un contrôle extérieur à elle. Ce contrôle est notamment celui
du juge devant lequel l’administration est justiciable. Mais, le juge de l’administration varie
selon l’organisation juridictionnelle des États.
Dans les États ayant opté pour le dualisme juridictionnel comme le Bénin,
l’administration est, en principe, justiciable devant le juge administratif. En revanche, dans les
États ayant retenu le système d‘unité de juridiction comme dans le système du Common Law,
le même juge, le juge ordinaire est juge de l'administration comme il est juge des personnes
privées.
Au Bénin, le contrôle de l'administration par le juge, comporte deux (2) modalités : ce
sont d'une part, le recours pour excès de pouvoir (REP) et d'autre part, la responsabilité
administrative.
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Paragraphe 2 : Le REP, un recours d'utilité publique
Le deuxième caractère, est qu'il est un recours d'utilité publique, c'est-à-dire un recours
dont le but est de sauvegarder la légalité. C'est pourquoi le REP est un recours de plein droit,
c'est-à-dire un recours qui existe même si aucun texte ne l'a prévu, dès lors qu'il s'agit de
critiquer la régularité juridique d'un acte administratif. Et c'est encore la raison pour laquelle
l'exercice de ce recours est dispensé du ministère d'avocat. Cela, afin de ne pas décourager les
candidats au REP, qui pourraient y renoncer pour des raisons financières.
Paragraphe 3 : Le REP, un recours d'ordre public
Le REP est un recours d'ordre public compte tenu de son objet qui est de sauvegarder
la légalité. Le caractère d'ordre public emporte des conséquences.
La première conséquence est que l'on ne peut renoncer au REP. Cela veut dire que
dans l'hypothèse où un particulier y aurait renoncé, il pourrait rétracter son renoncement et
personne ne pourrait lui opposer ce renoncement. La deuxième conséquence est que si le
requérant s'est désisté de son REP, il peut en tout état de cause revenir sur son désistement. Et
la troisième conséquence est que le moyen tiré de l'annulation d'un acte administratif sur REP
est un moyen dont les parties peuvent se prévaloir en tout état de la procédure dans l'instance
de premier ressort, en appel ou en cassation. Et en cas d'abstention, le juge est tenu de
soulever d'office ce moyen en tout état de la procédure.
Paragraphe 4 : Le REP, un recours non suspensif
Le quatrième caractère du REP, est que celui-ci est un recours non-suspensif. Le
caractère non-suspensif du REP signifie que la saisine du juge d'une demande en annulation
d'un acte administratif, est sans conséquence immédiate ni sur l'acte, ni sur les effets de l'acte.
En d'autres termes, n'a pas et ne pourrait avoir pour effet, de suspendre l'exercice de
l'acte attaqué. Car l'acte administratif bénéficie de ce qu'on appelle le privilège du préalable,
c'est-à-dire qu'il bénéficie d'une présomption de conformité au droit. D'autre part, si l'exercice
du REP devrait avoir pour effet la suspension de l'exécution de l'acte administratif, cette
circonstance serait de nature à perturber ou à troubler le fonctionnement normal de
l'administration. Toutefois, il est possible d'obtenir du juge de REP, le prononcé du sursis de
l'acte administratif poursuivi ou critiqué pour excès de pouvoir. Pour se faire, des conditions
sont exigées.
Il faut d'abord que le requérant, poursuivant qu'il soit, sursis à l'exécution d'un acte
administratif, ait introduit un REP. Le requérant doit ensuite joindre au REP, une demande de
sursis à l'exécution de l'acte attaqué. Et si le REP est irrecevable, parce que tardif ou pour tout
autre raison, la demande de sursis à l'exécution est également irrecevable. Dans l'hypothèse où
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la demande de sursis est recevable, le juge n'accorde le sursis à l'exécution de l'acte
administratif poursuivi qu'à deux (2) conditions :
- La première condition est qu'il faut que la demande de sursis en exécution ou que le REP
soit accompagné de moyens sérieux, c'est-à-dire de moyens susceptibles de faire apparaître
l'acte litigieux comme probablement irrégulier. Ce qui veut dire que les moyens invoqués par
le requérant au soutien de la demande, doivent être tels que le juge soit amené à penser qu'il y
a des chances que l'acte soit illégal.
- La deuxième condition est qu'il faut que l'exécution de l'acte poursuivi, soit de nature à
produire des conséquences irréversibles, irréparables ou difficilement réversibles.
Mais, pour que le juge accorde le sursis, il faut conformément à la loi, que l'acte dont
le sursis à l'exécution a été demandé ne concerne par l'ordre public. Il doit être précisé que le
sursis à l'exécution de l'acte ne vaut pas annulation de l'acte. L'acte demeure dans
l'ordonnancement juridique, mais ne s'applique plus jusqu'à ce que le juge de l'excès de
pouvoir ait statué sur le REP.
Le Juge décide alors que l'acte est légal et dans ce cas, le sursis disparaissant, l'acte
retrouve sa vigueur. Ou bien l'acte est reconnu l'illégal et dans cette hypothèse, le sursis à
l'exécution perd toute sa raison d'être, dans la mesure où l'illégalité constatée par le juge du
REP comporte annulation de l'acte et par conséquent sa disparition rétroactive.
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Le RAP est une condition exigée par la loi pour la recevabilité du REP. Seuls les actes
décisoires individuels peuvent faire l'objet de RAP (article 821 al.3 de la loi 2008-07), à
l'exclusion des actes non-décisoires qui du fait de leur nature ne font pas grief.
Le RAP présente deux (2) aspects : le recours gracieux et le recours hiérarchique qui
ne peuvent être utilisés cumulativement par le requérant. Quant au moment, il est clair que le
RAP ne peut logiquement intervenir avant l'édiction de l'acte, sous peine d'irrecevabilité. Il
doit se faire après la notification de l'acte individuel ou la publication de l'acte réglementaire.
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administrative, sont certes matériellement exacts, mais que l'administration en a fourni pour
donner une qualification erronée.
NB : Le recours pour excès de pouvoir est une forme de recours contentieux. Il y a un autre
recours contentieux appelé recours de plein contentieux ou de pleine juridiction. On parle
de recours de plein contentieux lorsqu’il est demandé à une juridiction administrative de
connaître l’entièreté du litige, dans tous ses éléments de fait et de droit et de statuer au fond,
en dehors du champ du REP.
1) C’est le REP que l’administré doit utiliser lorsqu’il entend demander :
de confronter une décision de l’administration avec les règles de droit
auxquelles elle est assujettie ;
de constater la non-conformité de la décision à ces règles ;
d’annuler la décision reconnue illégale.
2) C’est le recours de plein contentieux que l’administré doit utiliser lorsqu’il entend
demander au juge :
de reconnaître à son profit l’existence d’un droit
de constater qu’il a été porté irrégulièrement atteinte à ce droit ;
d’ordonner les mesures nécessaires au rétablissement de la situation sur la base
de ce droit.
3) Il en résulte, touchant le régime des deux recours, des différences appréciables :
Le recours de plein contentieux n’est ouvert qu’au titulaire du droit violé ; le
REP est beaucoup plus large : tous ceux qui ont intérêt à l’annulation de la
décision illégale peuvent le former.
Le recours de pleine juridiction tend à la condamnation d’une personne
automatiquement défenderesse ; le REP ne tend pas à la condamnation de
quelqu’un mais à l’annulation de quelque chose ; il n’a donc pas en principe,
de défendeur ; procès entre partie, dit-on de l’un, procès fait à l’acte dit-on de
l’autre.
Le demandeur peut joindre, à un recours de plein contentieux, des conclusions
en annulation. Par exemple, s’il demande réparation du préjudice que lui a
causé une décision illégale, il peut en demander aussi l’annulation. Par contre,
un REP ne peut comporter que des conclusions en annulation.
La décision rendue à l’issue des deux recours n’a pas la même autorité : celle
de la décision d’annulation rendue sur REP est absolue. C’est à l’égard de tous
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que l’acte est détruit. Au contraire, la décision rendue sur recours de pleine
juridiction n’a que l’autorité relative de la chose jugée, selon le droit commun.
En matière de recours de plein contentieux, il ne peut être opposé au
demandeur, d’autres forclusions que celles tirées de la prescription trentenaire
ou de dispositions édictant des règles particulières de délai (article 823 du
Code de procédure civile, commerciale, sociale et administrative).
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Chapitre 2 : LA RESPONSABILITE ADMINISTRATIVE
La question a connu une évolution, qui donne de constater que l'on est passé du régime
de l'irresponsabilité de la Puissance Publique, au régime de droit commun de la responsabilité
administrative. Par le passé, l'on considérait que le propre de la Puissance Publique, incarnée
par l'administration est de s'imposer sans compensation. Aujourd'hui, il apparaît normal que
l'administration répare les conséquences dommageables de ses actes. L'administration n'étant
pas une personne ordinaire, sa responsabilité ne peut être appréciée sur la base des règles du
code civil, faite pour régir les rapports de particulier à particulier. Compte tenu de sa nature
d'une part, et de ses fins (but d'intérêt général) qu'elle poursuit d'autre part, l'administration ne
peut voir sa responsabilité engagée que sur la base d'un droit spécial, fait de règles
dérogatoires au droit commun : le droit administratif.
C'est ce qu'affirment solennellement l'arrêt du tribunal des conflits de 1868, l'arrêt
Blanco. En effet, avant d’étudier l’imputabilité de la responsabilité, il serait intéressant
d’aborder les différentes modalités de la responsabilité.
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