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CM DROIT ADMINISTRATIF

Introduction : Qu’est-ce que le droit administratif ?

« Le droit administratif est une branche du droit public interne, regroupant les règles spécifiques
relatives à l’accomplissement par les personnes publiques, ou sous leur contrôle, de missions
qu’elles considèrent comme d’intérêt général, et qu’applique le juge administratif » (J.-F. Lachaume,
« La définition du droit administratif », in Traité de droit administratif, (dir.) Melleray, Gonod, Yolka,
Dalloz, 2011, t. 1., p. 115).

Chapitre 1 : la définition du droit administratif

Elle peut être saisie de 3 façons :


- La définition fonctionnelle : une branche du droit public.
- La définition organique : les personnes publiques.
- La définition matérielle : le lien entre droit administratif et activités d’intérêt général

Section 1. La définition fonctionnelle : une branche du droit public


Paragraphe 1. Le lien entre droit administratif et droit constitutionnel
En replaçant le droit administratif au sein du droit public le but est de montrer les liens existants
entre le droit administratif et le droit constitutionnel.
Le droit public peut se définir comme regroupement des règles juridiques applicables aux personnes
publiques ce sont des règles qui sont relatives au fonctionnement de personnes publiques qui sont
relatives à leurs compétences et aux relations avec les administrés.
Au sein du droit public on retrouve 2 matières différentes : le droit constitutionnel et le droit
administratif. On peut même dire que le droit constitutionnel est le fondement du droit
administratif. Dans la Constitution de la Vème République de nombreuses décisions constituent la
base du droit administratif.
Exemple : la Constitution contient toutes les règles fondamentales applicables au pouvoir exécutif
(Président de la République + membres du Gouvernement). Ces entités qui incarnent le pouvoir
exécutif sont également les chefs de l’administration française.
Toutefois, le droit public n’est pas une catégorie dans laquelle le droit administratif et le droit
constitutionnel sont confondus, ces deux matières ont leurs propres autonomies car chacune
dispose de son propre juge : le conseil constitutionnel pour le droit constitutionnel et le conseil
d’état pour le droit administratif.
Paragraphe 2. La fonction administrative

La fonction du droit administratif peut être définie à partir de la théorie de la séparation des
pouvoirs qui a une valeur constitutionnelle.
Art. 16 DDHC : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation
des pouvoirs déterminée, n'a point de constitution ».

Ce principe suppose de distinguer 3 organes à qui sont attribués 3 fonctions distinctes :


- Gouvernement : pouvoir exécutif (pouvoir d’exécution des lois)
- Parlement : pouvoir législatif, sa fonction consiste à adopter les lois
- Juge (ou autorité judiciaire) : le pouvoir judiciaire qui consiste à trancher les litiges
L’Etat est divisé en plusieurs organes pour éviter une concentration des pouvoirs.
Au sein de ce pouvoir exécutif est confondu 2 fonctions : la fonction gouvernementale et la fonction
administrative.

A. La fonction gouvernementale et la fonction administrative

La fonction gouvernementale consiste à déterminer les orientations les + générales de la politique


nationale.
Art. 20 de la Constitution
« Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la nation. Il dispose de l’administration et
de la force armée »
La fonction administrative qui est assuré par un ensemble de fonctionnaires prépare la mise en
œuvre quotidienne des décisions prises par le gouvernement. La fonction gouvernementale et la
fonction administrative sont confondues au sein du pouvoir exécutif mais l’une est conçue pour
subordonner à l’autre → la fonction administrative est soumise à la fonction gouvernementale donc
les fonctionnaires sont soumis au gouvernement. Cette soumission est due à la légitimité politique
du gouvernement que n’ont pas les fonctionnaires il faut que les ministres soient représentatifs de
l’AN alors que les fonctionnaires ne sont issus d’aucun suffrage et sont nommés pour leur qualité.
Le but de cette soumission est d’éviter le développement d’un pouvoir technocratique càd un
pouvoir qui appartient aux fonctionnaires.
L’article 20 signifie que le gouvernement domine l’administration car les ministres sont les autorités
supérieures de l’ensemble des fonctionnaires. L’administration qui vient du latin administra re qui
signifie « servir » et en effet l’administration est au service du gouvernement, elle doit agir dans
l’intérêt général et rester neutre.
Article 100-2 du code des relations entre le public et l’administration (CRPA) : « aqL'administration
agit dans l'intérêt général et respecte le principe de légalité. Elle est tenue à l'obligation de neutralité
et au respect du principe de laïcité. Elle se conforme au principe d'égalité et garantit à chacun un
traitement impartial. »
B. La fonction administrative et la fonction judiciaire

L’histoire du droit constitutionnel est source d’apprentissage pour le droit administratif notamment
sur la distinction très nette entre la fonction administrative et la fonction judiciaire. C’est un principe
connu depuis la Révolution française, cette distinction résulte du fait que les révolutionnaires ont
considéré que le pouvoir judiciaire (à l’époque les tribunaux judiciaires s’appelaient les parlements
d’ancien régime) était une noblesse imbu de ses privilèges et que cette noblesse était responsable
de l’instabilité de la monarchie française car les parlements d’ancien régimes se sont immiscés au
sein de la fonction administrative.

Art. 13 de la loi des 16-24 août 1790


« Les fonctions judiciaires sont distinctes et demeureront toujours séparées des fonctions
administratives. Les juges ne pourront, à peine de forfaiture, troubler, de quelque manière que ce
soit, les opérations des corps administratifs, ni citer devant eux les administrateurs pour raisons de
leurs fonctions ».
Décret du 16 fructidor an III
« Défenses itératives sont faites aux tribunaux de connaître des actes d’administration de quelque
espèce qu’ils soient ».
En 1790 lorsqu’un administré (particulier) a un litige avec l’administration il ne peut pas porter son
affaire devant le juge judiciaire, en cas de conflit avec l’administration la seule solution était de
demander que le litige soit tranché par un ministre. Cette situation où l’administration est à la fois
juge et parti a été considérée comme injuste et l’histoire du droit administratif est avant tout
l’histoire de la naissance d’un juridiction administrative.
Art. 52 de la Constitution du 22 frimaire an VIII crée le conseil d’Etat :
« Sous la direction des consuls, un Conseil d’Etat est chargé de rédiger les projets de lois et les
règlements d’administration publique, et de résoudre les difficultés qui s’élèvent en matière
administrative ». → le conseil d’état est divisé en 2.
A partir de l’an VIII dès qu’un litige est porté devant l’administration, la décision est rédigée par le
conseil d’Etat au nom du ministre, cette situation s’appelle la justice retenue.

Loi du 24 mai 1872


« Le Conseil d’Etat statue souverainement sur les recours en matière contentieuse administrative,
et sur les demandes d’annulation pour excès de pouvoirs formées contre les actes des diverses
autorités administratives ».
A partir de cette loi, le conseil d’Etat s’est vu reconnaitre le pouvoir de statuer souverainement sur
les recours administratifs, on passe de la justice retenue à la justice déléguée.
Le conseil d’Etat n’est pas encore une véritable juridiction, il n’est compétent qu’en appel et les
litiges sont d’abord en premier ressort porté devant les ministres.
CE, 13 décembre 1889, Cadot.
Dans cette décision le CE affirme que les ministres ne peuvent plus statuer en tant que juge sur la
requête d’un administré. → L’administration en 1889 perd sa fonction juridictionnel (sa fonction de
juger), elle n’appartient dorénavant qu’au CE.

Section 2 : la définition organique : les personnes publiques

Paragraphe 1. Administration et personnalité juridique

L’administration est constituée par une collection de personnes publiques.


La personnalité juridique qu’il s’agisse de celle des personnes physiques (particuliers) ou des
personnes morales (entreprises, associations…) est une technique destinée à attribuer des droits et
des obligations à des entités.

L’administration est constituée de personnes morales de droit public ce qui permet de leur attribuer
des compétences, des droits et des obligations. C’est grâce à la personnalité morale de droit public
que les administrations peuvent agir sur la scène juridique mais personnifier les administrations
permet aussi de les soumettre au droit et de limiter leur pouvoir.
Exemple : si une administration outrepasse ses compétences pour lesquelles elle dispose de la
personnalité juridique, sa responsabilité peut être engagée.

Paragraphe 2. Les démembrements de l’administration


Au sommet de l’administration on retrouve le Pdt de la R, les ministres, les cabinets ministériels et
tout un ensemble de cabinets d’administration centrale.
L’administration centrale se situe à Paris et a besoin de relais sur le territoire et il existe 2 techniques
pour effectuer ce relais la déconcentration et la décentralisation.
A. La déconcentration

Art. 1er du décret n°2015-510 du 7 mai 2015 portant charte de la déconcentration


« La déconcentration consiste à confier aux échelons territoriaux des administrations civiles de l’Etat
le pouvoir, les moyens et la capacité d’initiative pour animer, coordonner et mettre en œuvre les
politiques publiques définies au niveau national et européen ».
La déconcentration est un mode d’organisation des compétences au sein de la même personne
publique. La déconcentration est une technique de redistribution du pouvoir du sommet de l’Etat
vers des autorités inférieures dans la hiérarchie administrative.
Les autorités sur le territoire dites déconcentrées sont les préfets de région, les préfets de
département et les maires. Comme la déconcentration joue au sein de la même personne publique,
les autorités supérieures (essentiellement les ministres) exercent un contrôle très fort sur les préfets
et les maires.
La déconcentration est porteuse de 2 avantages :
- Cohérence de la prise de décision (uniformité)
- Egalité entre les administrés, comme c’est uniforme tout le monde est administré de la
même façon.
Il existe 1 inconvénient
- absence de prise en compte des spécificités de chaque territoire

B. la décentralisation

la décentralisation territoriale
Elle est moderne et est développée depuis les années 80 et se définit « la décentralisation est le
transfert de compétence d’une personne publique à une autre personne publique en l’occurrence
de l’état vers les collectivités territoriales.
Les collectivités territoriale sont une autonomie constitutionnelle, elles s’administrent sans
l’intervention de l’état

Art 72 de la Constitution :
La décentralisation emporte 2 avantages :
- les décisions sont adaptées aux réalités locales
- les citoyens se reconnaissent davantage dans ces institutions (avantage démocratique).
Toutefois la décentralisation est aussi porteuse d’un désavantage :
- elle émiette le pouvoir et les intérêts politiciens locaux priment parfois sur l’intérêt général
(Balkany/Levallois)

Section 3 : La définition matérielle : le lien entre droit administratif et


activités d’intérêt général

Le critère organique est insuffisant pour définir le droit administratif, il faut rajouter un critère
matériel qui est lié à la nature de l’activité administrative. L’activité administrative a pour objet
l’intérêt général c’est le but fondamental
Raison pour laquelle le critère organique est insuffisant car une personne publique peut poursuivre
des activités qui ne sont pas d’intérêt générales auxquelles cas elles sont soumises au droit privé et
à l’inverse des personnes privées qui poursuivent des activités d’intérêts générales peuvent été
soumises au droit administratif
Les personnes publiques sont soumises au droit privé lorsqu’elles ne poursuivent pas une activité
d’intérêt général
ex :
- lorsque l’administratif prend en charge une activité purement commerciale (vend un bien
ou un service)
- lorsque l’administration agit comme un propriétaire privé → l’université loue des amphis
pour avoir une rentrée d’argent et agit comme un propriétaire privé puisqu’un contrat de
location relève du droit privé
- lorsque l’administration agit comme une entreprise privée
A l’inverse les personnes privées sont soumises au droit administratif lorsqu’elles assurent la prise
en charge d’une activité d’internet général. C’est depuis la 1ere et 2nd GM que l’Etat a eu besoin des
entreprises privées pour reconstruire le pays et donc toute un ensemble de personnes privées ont
pris en charge des activités d’intérêts générales.
Le CE a reconnu très tôt sa compétence pour juger les actes pris par les personnes privées dans le
cadre de leurs activités d’intérêts générales → CE, ass., 31 juillet 1942, Monpeurt

Ce phénomène de transfert des activités d’intérêts générales vers les personnes privées s’est très
accentué depuis les années 80 et ce principalement à la suite de la mise en place libérales et
néolibérales.

Chapitre 2 : les caractéristiques du droit administratif

Section 1 : des règles spécifiques…


Paragraphe 1 : la consécration de l’autonomie du droit administratif

La spécificité du DA provient de ce que les règles applicables à l’administration sont distinctes de


celles applicables aux personnes privées.
TC, 8 février 1873, Blanco
« L’administration ne peut être régie par les principes qui sont établis par le Code civil, pour les
rapports de particulier à particulier (…) elle a ses règles spéciales qui varient suivant les besoins
du service et la nécessité de concilier les droits de l’État avec les droits privés ».

Par cette décision le TC consacre l’autonomie du DA vis-à-vis du droit civil pour encadrer les relations
entre l’administration et les administrés. C’est la raison pour laquelle les règles fondamentales du
DA sont d’origine jurisprudentielles car le CE ne pouvait pas s’appuyer sur le code civil du fait de
l’autonomie de la matière donc il a inventé ses propres règles.

Paragraphe 2 : la justification de cette autonomie


Pensée de Leon Duguit qui fonde l’école de la puissance publique: l’autonomie du DA est justifiée
par les buts suivis par l’administration, si on applique à l’administration des règles spécifiques c’est
parce qu’elle poursuit une activité d’intérêt général ou de service publique.
Pensée de Maurice Hauriou qui fonde l’école de la puissance publique et justifie l’autonomie du DA
à partir des moyens de l’administration càd à partir des procédés qui sont utilisés par
l’administration pour mener ses actions. Pour cette école peu importe que l’administration assure
ou non une mission de service publique car seul compte les moyens exorbitants de l’administration
càd les prérogatives de puissances publiques.

On pourrait confondre les 2 écoles, les penseurs dans les années 50/60 disent que si l’administration
a des prérogatives de puissances publiques c’est parce qu’elle poursuit une mission de service
publique.

Section 2 : …appliquées par le juge administratif


La France connait un dualisme juridictionnel (2 ordres de juridictions). Il existe une juridiction
judiciaire pour les litiges entre particuliers au sommet de laquelle on retrouve la CDC et une
juridiction administrative pour les litiges entre l’administration et les administrés au sommet de
laquelle on retrouve le CE.

La juridiction administrative est constituée de 3 étages :


Pour les contentieux en premier ressort les litiges sont portés devant les tribunaux administratifs
qui sont les juges de droit commun du contentieux administratif, il en existe une 50aine en France.
En appel : les cours administratives d’appel sont saisies des décisions rendues par les tribunaux
administratifs
Le conseil d’état en cassation est saisi des décisions rendues par les cours administratives d’appel.
L’ensemble est appelé la juridiction administrative.

Leçon les sources du droit administratif :

Chapitre préliminaire : l’inventaire de sources du droit administratif


La hiérarchie des normes permet d’agencer toutes les sources du DA sous la forme d’une pyramide
et toutes les normes inférieures dans la hiérarchie des normes doit être conforme aux normes qui
lui sont supérieures.

Section 1 : le bloc de constitutionnalité


Au sommet de la hiérarchie des normes se trouvent la Constitution Française de la Ve R du 4 octobre
1958
Préambule de la Constitution de 1958 :
« Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l'homme et aux
principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée
et complétée par le préambule de la Constitution de 1946, ainsi qu'aux droits et devoirs définis dans
la Charte de l'environnement de 2004 ».

Par cette proclamation le préambule de la constitution de 1958 attribue une valeur constitutionnelle
à la DDHC, au préambule de la C de 1946 ainsi qu’à la charte de l’environnement de 2004.
Au sommet de cette pyramide se trouve donc la C de 1958, la DDHC,le préambule de la C de 1946
ainsi que la charte de l’environnement de 2008.
Le CE a reconnu la valeur constitutionnelle du préambule de 1946 → CE, ass., 11 juillet 1956, Amicales
des annamites de Paris
Il a aussi reconnu la valeur constitutionnelle de la DDHC de 1789 → CE, sect., 12 février 1960, Société Eky

Ainsi que celle de la charte de l’environnement → CE, ass., 30 octobre 2008, Commune d’Annecy

C’est la raison pour laquelle au sommet de la hiérarchie des normes se trouve un bloc de
constitutionnalité constitué de l’ensemble de ses textes ainsi que de tous les principes à valeur
constitutionnelle dégagé par la jurisprudence du conseil constitutionnel

Section 2 : le bloc de conventionnalité


Ensemble des traités et accords internationaux concluent par la France avec des états étrangers
Ces accords sont bilatéraux lorsqu’ils sont signés entre 2 états et ils sont multilatéraux lorsqu’ils sont
signés par 3 états au moins, la France a signé des centaines de traités et accords internationaux.

Le droit de l’UE est constitué d’un ensemble de traités dont les 2 principaux sont le traité sur l’UE
(TUE) et le traité sur le fonctionnement de l’UE (TFUE), il y a aussi la charte des droits fondamentaux
de l’UE.
Le droit de l’UE est porteur de 3 spécificités :
- c’est un droit conventionnel mais il est reconnu par la constitution française
- il constitue un ordre juridique autonome et a sa propre juridiction (cour de justice de l’UE)
c’est quasiment un état fédéral en construction
il existe une catégorie particulière de traités et accords regroupés autour de la convention
européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales signé le 4
novembre 1950 par les Etats du conseil de l’Europe → NE PAS CONFONDRE AVEC DROIT DE L’UE
cette convention internationale reconnait aux citoyens de chaque état des droits fondamentaux qui
sont protégés par une juridiction spéciale la CEDH (cour européenne des droits de l’homme).

Section 3 : bloc de légalité


La loi est un acte voté par le Parlement dans les domaines listés à l’article 34 de la Constitution
française
Le parlement ne peut voter des lois seulement dans ces domaines-là, il a une compétence
d’attribution.
Pour ce qui concerne le DA, la loi intervient dans les domaines suivants :
- protection des droits fondamentaux de citoyens
- tout ce qui est en lien avec la défense nationale
- tout le droit électoral
- Tout ce qui touche à l’environnement notamment la préservation de l’environnement

Section 4 : Les principes généraux du droit


Les principes généraux du droit (PGD) sont des principes dégagés par le CE qui s’inspirent de textes
existants ou de conceptions idéologiques (source non-écrite du DA). Ces PGD sont consacrés par le
conseil d’Etat pour deux raisons différentes :
A l’origine le CE utilise cette technique pour combler le manque de texte applicables au DA (consacre
des droits et libertés fondamentales → CE, ass., 26 octobre 1946, Aramu → a reconnu le principe général
du droit de la défense des administrés

- Les PGD ont pour principal effet d’étendre le champ d’application du champ existant du
droit : ex CE, ass., 8 juin 1973, Dame Peynet → PGD d’interdiction de licencier une femme pour être
enceinte

A priori les PGD ont une valeur a la loi et supérieures au décret mais les choses ne sont pas aussi
simples car la valeur d’un PGD dépend du texte qui lui sert de fondement, CE, Ass., 8 décembre 1978,
GISTI par cette décision le CE consacre le droit de mener une vie familiale normale (valeur
constitutionnelle)
CE, ass., 24 mars 2006, KPMG le CE par cette décision consacre le principe de sécurité juridique sur le
fondement d’un traité du droit de l’UE ce PGD a donc une valeur conventionnelle.

Section 5 : les actes règlementaires


Les actes règlementaires sont les actes administratifs pris par l’administration et qui ont une portée
générale et impersonnelle (ce sont des actes qui règlementent un domaine d’activité)
Il existe 2 catégories d’actes règlementaires :
- Les actes réglementaires d’exécution de la loi : actes qui précisent les dispositions d’une loi,
ce sont des décrets d’exécution des lois
- Les actes règlementaires qui relèvent du pouvoir règlementaire autonome : la C française
permet au gouvernement de réglementer certains domaines d’activité à la place du
législateur.

Art 37 de la C qui dit que le Gouvernement pet réglementer toutes les matières qui ne sont pas listés
à l’article 34 de la Constitution.
Les actes règlementaires peuvent être pris pas plusieurs autorités : Pdt de la R, le PM, ministres,
préfets, collectivités territoriales, tous les chefs de service de l’administration pour organiser leur
service CE, sect., 7 février 1936, Jamart).

Chapitre 1 : la hiérarchie des normes : sources internes

Section 1 : le contrôle de constitutionnalité des actes administratifs


Le problème du contrôle de constitutionnalité des actes règlementaires concerne les décrets
d’exécution de la loi
Pendant très longtemps le CE s’est refusé à contrôler la constitutionnalité des décrets d’exécution
de la loi car cela revenait à contrôler la loi elle-même Arrighi 6 nov. 1936
Le juge administratif n’a pas la compétence pour apprécier la constitutionnalité d’une loi, seul le
conseil constitutionnel peut le faire, cette situation est préjudiciable au principe de l’égalité, le CE a
retenu une interprétation restrictive de cette théorie dite la loi écran. Dès lors que la loi laisse une
certaine liberté au pouvoir règlementaire pour exécuter ces dispositions le CE accepte d’en
apprécier la constitutionnalité. Quintin 17 mai 91

Section 2 : le contrôle de constitutionnalité a postériori de la loi (QPC)


Depuis la révision constitutionnelle de 2008 le nouvel article 61-1 de la C introduit la question
prioritaire de constitutionnalité
Lorsqu’est contesté un décret d’exécution d’une loi devant le juge administratif et qu’est en cause
sa constitutionnalité il suffit d’introduire une QPC pour contester directement la loi et si la loi est
abrogée par le conseil constitutionnel le décret d’exécution de la loi est aussi automatiquement
abrogé.
Chapitre 2 : la hiérarchie des normes : sources externes

Paragraphe 1 : la compétence du juge administratif


L’article 55 est très clair concernant la supériorité des traités internationaux par rapport à la loi
Art.55 de la Constitution: «Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur
publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de
son application par l'autre partie».
Toutefois, pendant longtemps aucun juge ne s’est reconnu la compétence pour exercer un tel
contrôle.
Le conseil constitutionnel a décliné sa compétence par une décision IVG de 1975, par cette décision
le conseil constitutionnel refuse d’apprécier la validité des lois par rapport aux traités ou accords
internationaux. Ainsi, le conseil constitutionnel se contente d’exercer un contrôle de
constitutionnalité.
La CDC a très tôt tiré les conséquences du refus du Conseil constitutionnel, Cass. Ch. mixte, 24 mai
1975, Société des cafés Jacques Vabre→ la CDC accepte d’exercer un contrôle de conventionnalité.
En parallèle le conseil d’Etat continue de refuser d’examiner la conformité d’une loi par rapport à
un traité ou accord international en appliquant sa jurisprudence dite des semoules CE, sect.,
1ermars 1968, Syndicat général des fabricants de semoules de France.
Le refus du conseil d’état s’inscrit dans le prolongement de la jurisprudence Arrighi, le CE se refusant
à exercer un contrôle de constitutionnalité de la loi, se refuse également un contrôle de
conventionnalité.
Il faut attendre 1989 pour que le CE accepte pour la 1ère fois d’exercer un contrôle de Nicolo
conventionnalité de la loi. → CE, Ass., 20 octobre 1989, n°108243,

A partir de ce moment-là, le juge administratif devient à partir de 1989 le juge de droit commun du
droit international et européen, comme le juge judiciaire le juge administratif peut contrôler la
conformité d’une loi par rapport à un traité ou un accord international. Il existe une différence
fondamental entre ce contrôle de conventionnalité et le contrôle de constitutionnalité. Le conseil
constitutionnel peut abroger (retire de l’ordonnancement juridique) une loi contraire à la
constitution, c’est impossible à faire dans le cadre du contrôle de conventionnalité. La loi contraire
à un texte européen ou international est simplement écartée du cas d’espèces elle ne peut être
abrogée.
Lorsqu’un juge qualifie une incompatibilité d’une loi par rapport à un texte international la plupart
du temps, le Parlement va abroger la loi ou en modifier le contenu.

Les conditions d’applicabilité des traités et accords internationaux :

Art. 55 de la Constitution «Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés(1) ont, dès
leur publication(2), une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou
traité, de son application par l'autre partie(3) ».
- Le traité ou l’accord doit être ratifié ou approuvé : un traité est ratifié lorsqu’il est signé par
le Président de la République, à l’inverse un traité est approuvé lorsqu’il est repris par une
loi. Pour savoir dans quel cas on se trouve il faut se référer à l’article 53 de la Constitution
qui prévoit les cas où seul le Parlement est compétent pour approuver un traité ou un accord
international.

Article 53 de la Constitution : « Les traités de paix, les traités de commerce, les traités ou accords
relatifs à l'organisation internationale, ceux qui engagent les finances de l'Etat, ceux qui modifient
des dispositions de nature législative, ceux qui sont relatifs à l'état des personnes, ceux qui
comportent cession, échange ou adjonction de territoire, ne peuvent être ratifiés ou approuvés
qu'en vertu d'une loi ».
- Le traité ou l’accord international doit être publié au journal officiel : cette condition de
publication est contrôlée par le juge administratif.
CE, ass, 18 décembre 1998, n°181249, SARL du parc d’activités de Blotzheim« Il appartient au juge
administratif de se prononcer sur le bien-fondé d’un moyen soulevé devant lui et tiré de la
méconnaissance, par l'acte de publication d’un traité ou accord, des dispositions de l'article 53 de
la Constitution »

- Pour qu’un traité soit appliqué en France, il doit être appliqué par les autres Etats
signataires : cette condition de réciprocité est contrôlée par le juge administratif depuis la
décision du 9/07/2010
CE, ass., 9 juillet 2010, n°317747, Cheriet-Benseghir

Il existe une 4ème condition qui n’est pas inscrite à l’article 55 de la Constitution mais qui est imposée
par la jurisprudence du CE : le traité ou accord international doit être d’effet direct, une stipulation
internationale est d’effet direct dès lors « qu’elle n'a pas pour objet exclusif de régir les relations
entre Etats et ne requiert l'intervention d'aucun acte complémentaire pour produire des effets à
l'égard des particuliers » CE, ass., 11 avril 2012, n°322326, GISTI et FAPIL

Section 2. La concurrence entre les sources européennes et


constitutionnelles
Paragraphe 1. Une primauté discutée

A. La primauté de la Constitution dans l’ordre juridique interne

Dans l’ordre juridique interne français c’est la constitution qui prime sur le droit européen, à
l’inverse dans l’ordre juridique européen c’est le droit européen qui prime sur le droit
constitutionnel des Etats.
Lorsque le juge administratif ou le conseil constitutionnel sont confrontés à une opposition entre le
droit constitutionnel et le droit de l’UE, ces juges font primer la constitution française. La
jurisprudence du CE est très clair sur ce point :
CE, ass., 30 octobre 1998, n°200286, Sarran« Considérant que si l'article 55 de la Constitution
dispose que les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication,
une autorité supérieure à celle des lois sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son
application par l'autre partie, la suprématie ainsi conférée aux engagements internationaux ne
s'applique pas, dans l'ordre interne, aux dispositions de nature constitutionnelle»
Le CE consacre ainsi la suprématie de la constitution dans l’ordre interne pourtant il y avait un sujet
d’hésitation car le droit de l’UE dispose d’une place particulière au sein des sources internationales.
Cette source a un statut constitutionnel Art. 88-1 de la Constitution: « La République participe à
l’Union européenne constituée d'Etats qui ont choisi librement d'exercer en commun certaines
de leurs compétences en vertu du traité sur l'Union européenne »
Le conseil constitutionnel comme le CE affirment la primauté de la constitution dans l’ordre
juridique interne plus précisément le CE a donné une interprétation de cet article 88-1.

B. La primauté du droit de l’Union européenne dans l’ordre juridique européen

A l’inverse de la jurisprudence de CE et du conseil constitutionnel la cour de justice de l’union


européenne (CJUE) consacre la primauté du droit de l’union européenne
CJCE, 17 déc. 1970, aff. 11/70, Internationale Handelsgesellschaft : par cette décision la CJCE évoque
interdit aux états membres d’écarter le droit européen sur le fondement de leur constitution
nationale, ici le droit européen est au sommet de la hiérarchie des normes.
CJUE, 8 septembre 2010, aff. C-409/06, Winner Wetten GmbH «Il ne saurait en effet être admis que
des règles de droit national, fussent-elles d’ordre constitutionnel, portent atteinte à l’unité et à
l’efficacité du droit de l’Union»

La position de la CJUE est pragmatique, elle ne peut pas accepter que les constitutions de chaque
Etat priment sur le droit européen sauf au risque que 27 Etats puissent à tout moment écarter le
droit de l’UE en invoquant leur Constitution. Il y aurait alors une forme de dislocation du droit de
l’UE alors même qu’ils visent à instaurer un cadre uniforme entre les Etats.

Paragraphe 2. Un dialogue des juges nécessaire

A. Prolégomènes sur les sources du droit de l’Union européenne Art. 288 du Traité sur le
fonctionnement de l’Union européenne (TFUE)

Le droit de l’UE en tant qu’ordre juridique autonome dispose de sa propre hiérarchie des normes,
au sommet de cette hiérarchie on retrouve le droit primaire de l’UE càd tous les traités
fondamentaux, la charte des droits fondamentaux de l’UE et tous les principes généraux du droit de
l’union européenne essentiellement dégagée par la cour de justice de l’UE
Il y a le droit inférieur qu’on appelle le droit dérivé, dérivé car produit quotidiennement par les
instances européennes

L’article Art. 288 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) liste 4 sources de
droits dérivés :
Pour exercer les compétences de l'Union, les institutions adoptent des règlements, des
directives, des décisions, des recommandations et des avis. Le règlement a une portée générale. Il
est obligatoire dans tous ses éléments et il est directement applicable dans tout État membre.
La directive lie tout État membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux
instances nationales la compétence quant à la forme et aux moyens. La décision est obligatoire dans
tous ses éléments. Lorsqu’elle désigne des destinataires, elle n'est obligatoire que pour ceux-ci. Les
recommandations et les avis ne lient pas

- Le règlement : il a une portée générale et impersonnelle, il est obligatoire et s’applique


directement à tous les Etats
- La décision : source obligatoire du droit mais elle n’est pas générale et impersonnelle, elle
vise nommément (par son nom) une personne
- Les recommandations et les avis : ils ne sont pas obligatoires
- La directive : elle lie tout état membre quant au résultat à atteindre tout en laissant au
instances nationales la compétence quant à la forme et aux moyens. En France, les objectifs
d’une directive européenne sont traduits dans l’ordre juridique interne par une loi ou par un
acte administratif.

Pour garantir une interprétation uniforme du droit de l’UE, seule la Cour de justice de l’UE est
compétente pour apprécier la validité d’un acte du droit de l’UE. Par exemple, si le CE doit se poser
la question de savoir si un acte de droit dérivé est conforme à un acte du droit primaire, il envoie
alors une question préjudicielle à la Cour de justice de l’UE.

B. La stratégie d’évitement des conflits par les juges nationaux

Le juge administratif est dans une situation embarrassante lorsqu’il doit apprécier la
constitutionnalité d’un acte administratif qui transpose une directive européenne ou fait application
d’un règlement européen. Si le juge administratif considère que l’acte est contraire à la Constitution
cela revient à dire que le droit de l’UE est contraire à la constitutions française. Dans ce cas le CE a
précisé le contrôle que le juge devait effectuer.
CE, ass., 21 avril 2021, n°3933099, French Data Network

Le CE cherche une solution d’évitement du conflit, au lieu de contrôler l’acte administratif par
rapport à une règle de valeur constitutionnelle, le juge cherche un principe équivalent
Si le juge administratif trouve dans le droit de l’UE un principe équivalent à la règle de valeur
constitutionnelle, le conflit de sources devient alors purement européen

Leçon 2 : les finalités de l’action administrative

L’action de l’administration est tournée vers l’accomplissement de sa mission d’intérêt général.


l’administration assure sa mission de service public en fournissant des prestations matérielles aux
administratifs, ces missions ont tendance à s’élargir depuis le début du XXe siècle.
La vie sociale ne peut se concevoir sans cette mission fondamentale qu’est la police administrative et qui
consiste à faire respecter l’ordre public.

Section préliminaire : le service public : un service hétérogène


Le service public peut désigner 3 choses très différentes, d’abord c’est une institution dans le langage courant
lorsque l’on parle de service public on vise la plupart du temps une institution administrative par exemple on
dit que l’université est une institution en charge du service public de l’enseignement supérieur ou les
hôpitaux sont des institutions en charge du service public de la santé.
Dans le langage courant, on fait un lien entre service public et la personne publique, ce lien n’est pas faux
juridiquement mais il n’est pas exclusif.
Dans le deuxième sens, on ne vise plus institution mais on vise une activité (cf section 1 et 2).
Le troisième sens : le service public est un critère fondamental d’application du droit administratif.

Historiquement, le service public est le concept fondateur du droit administratif, la jurisprudence Blanco pose
une équation très simple à comprendre : personne publique = service public = droit administratif = juge
administratif, la jurisprudence Blanco consacre le service public comme le principal critère d’application du
DA. Ce 1er temps de la jurisprudence Blanco constitue l’âge d’or du critère du service public.

A partir de la moitié du XXe siècle, le critère du service publique va s’affaiblir :


- Certains services publiques portent sur des activités commerciales qui sont soumises au droit privé
- A l’inverse, des personnes privées sont chargées de la gestion de certains services publics (cf intro et
fiche de TD 1)
- A partir des années 1970 le critère du service public est revalorisé car il est au fondement de la
définition de grands concepts du droit administratif. Par exemple sont définis par les critères du
service public les notions d’agent public, travaux public, les contrats administratifs, et ensuite le
domaine public.
Section 1 : la notion de service public

Paragraphe 1 : l’identification du service public

René Chapus : « une activité d’intérêt général (A) assurée ou assumée par une personne
publique (B) »

A. Une activité d’intérêt général


L’intérêt général est une notion impossible à définir en droit administratif car les contours idéologiques de la
notion évoluent sans cesse en fonction du contexte politique. Si l’intérêt général est indéfinissable c’est parce
que la notion est éminemment idéologique et politique.
Pour savoir si une activité est ou non d’intérêt général le premier réflexe doit être celui de la recherche d’un
texte qui reconnaitrait cette qualité a une activité.
La constitution française impose que certains services publics soient obligatoirement assurés par l’État sans
possibilité de les supprimer ou de confier ces activités au secteur privé, ce sont les services publics à statut
constitutionnel (ex : les activités de police, l’armée, la justice sont assurés par l’État).
La loi permet au législateur de consacrer une activité d’intérêt général et de le qualifier de service public. Les
parlementaires étant les représentants des citoyens, ils sont le mieux à même de définir l’intérêt général,
toutes sortes d’activités ont été reconnues d’intérêt général par la loi : protection de la santé, sécurité
routière, défense de l’environnement, défense des petites et moyennes entreprises.
Quand il n’est pas possible de déterminer si les pouvoirs publics considèrent une activité comme étant
d’intérêt général, c’est le juge administratif qui en fonction des représentations sociales qualifie ou non une
activité d’intérêt général et donc la notion d’intérêt général fluctue par rapport au contexte politique.
Ex : CE, 7 avril 1916, Astruc → en 1916 le CE refuse de reconnaitre le théâtre comme une activité d’intérêt
général à cause du contexte de guerre.
Dès la fin de la Première Guerre mondiale en 1923 le CE revient sur sa jurisprudence et reconnait le théâtre
comme activité d’intérêt général
« Considérant qu'il ne résulte ni des dispositions législatives précitées ni des caractéristiques générales des
jeux de hasard que la mission dont la société "La Française des Jeux" a été investie en application du décret
du 9 novembre 1978 revête le caractère d'une mission de service public » (CE, Sect., 27 octobre 1999, Rolin).

CE, 19 mars 2012, SA groupe Partouche → le CE reconnait l’activité des casinos comme une activité d’intérêt
général

B. Une activité assurée ou assumée par une personne publique

L’intérêt général ne suffit pas pour qualifier un service public, encore faut-il que cette activité soit rattachable
à une personne publique. Ce lien ne pose aucune difficulté lorsque l’activité est directement assurée par une
personne publique auquel cas l’administration peut gérer directement le service en régie ou l’administration
peut créer un organisme public spécialisé pour prendre en charge cette mission (établissements publics).
Toutefois, le lien est plus difficile à établir lorsqu’une personne privée assure directement la prise en charge
d’une mission d’intérêt général. Dans ce cas, pour qualifier un service public il faut que la personne publique
assume indirectement le service en contrôlant l’activité de la personne privée.
Le CE a synthétisé la méthode pour identifier une personne privée en charge d’une mission de services publics
→ CE, sect., 22 février 2007, APREI.
Il existe 3 temps pour la qualification :
- Tout d’abord le CE regarde en interprétant la loi si le législateur a entendu reconnaître ou à l’inverse
exclure l’existence d’un service public. Si pas de texte on passe à la deuxième étape

- En l’absence de qualification législative, le CE utilise 3 critères pour savoir si un organisme privé a la


charge d’une mission de service public : l’existence d’une mission d’intérêt général, le contrôle de
la personne privée par la personne publique et il regarde si la personne privée est détentrice de
prérogatives de puissances publiques. Ces 3 critères proviennent de la jurisprudence du 28/06/1963,
Narcy mais en 2007 le CE fait face à une jurisprudence hésitante en effet les 3 critères dégagés en
1963 n’ont pas toujours été parfaitement appliqués.

- En 2007 le CE avait eu l’occasion de considérer qu’un organisme de droit privé pouvait être chargé
d’une mission de service public même s’il ne disposait pas de prérogatives de puissances publiques
→ CE, sect., 20 juillet 1990, Ville de Melun. CE, sect., 22 février 2007, APREI : a tranché l’hésitation,
seuls les 2 premiers critères sont indispensables et cumulatifs et en l’absence de prérogatives de
puissances publiques le CE utilise alors la méthode du faisceau d’indices. En l’absence de prérogatives
de puissances publiques le juge administratif regarde si l’organisme privé est soumis à des obligations
particulières par la personne publique.

Paragraphe 2. Les catégories de service public


SPA= services publics administratifs
SPIC = service public industriel et commercial

A. La distinction entre service public administratif et service public industriel et commercial

Les activités d’intérêt général et donc les services publics ont une tendance à s’étendre à des domaines
industriels et commerciaux tout au long du XXe siècle. Ex : la SNCF est un SPIC depuis la révolution
industrielle, avant elle était une personne publique et depuis quelques années c’est une société privée et
anonyme.
Aussi bien des personnes publiques que de personnes privées peuvent avoir la charge d’un SPIC. Face à
l’émergence de ces nouveaux services publics le TC a distingué pour la 1ère fois les SPA et les SPIC avec la
décision BAC d’Eloka 22/01/1921 qui est la première décision ou le TC distingue le SPA des SPIC, cette
distinction est fondamentale car elle conditionne le droit applicable et la juridiction compétente.
La distinction entre les SPA et les SPIC a été dégagée par la jurisprudence du CE, ass., 16 nov. 1956, Union
syndicale des industries aéronautiques (jurisprudence USIA). C’est dans cette décision que le CE donne des
critères mais une fois encore le CE n’utilise pas des critères précis mais utilise 3 indices :
- L’objet du service : le juge se demande si la mission d’intérêt général se rattache plutôt au
fonctionnement normal de l’administration ou au contraire si la mission est proche de celle d’une
entreprise privée.
- Le juge s’intéresse aux ressources financières du service : les SPIC sont pour l’essentiel financés par
les usagers du service, ces derniers payent une redevance pour accéder aux services. Ex : quand on
prend le train on paye un ticket, c’est donc l’usager qui paye le service. Cette redevance n’est rien
d’autre que la contrepartie financière de la prestation fournie (comme un client qui paye un service
auprès d’une entreprise). A l’inverse les SPA ne sont pas financés par les usagers mais par les
impôts (ex : urgences à l’hôpital, on ne paye pas directement en tant qu’usager mais grâce aux
impôts).
- Le juge s’intéresse aux modalités de fonctionnement du service : la personne en charge du service
fonctionne-t-elle comme une administration ou comme une entreprise privée.

B. L’intérêt de la distinction : définir le droit applicable


En principe, le droit administratif s’applique aux SPA et le droit civil s’applique aux SPIC. De plus, le juge
administratif est compétent pour connaître les litiges des SPA et le juge judiciaire est compétent pour
connaitre les litiges des SPIC.

SPA : Les usagers d’un Service Public Administratif ne sont pas dans une relation contractuelle vis-à-vis du
gestionnaire du service. On dit que les usagers sont dans une situation légale et règlementaire (ce sont les
lois et les règlements qui définissent ces relations). Les personnes qui travaillent pour un SPA sont des agents
publics et la plupart du temps des fonctionnaires, ainsi leur relation de travail sont régies par le droit de la
fonction public. Tous les biens utilisés par le SPA appartiennent au domaine public, ces biens ne peuvent pas
être saisis.

SPIC : les usagers sont dans une situation contractuelle de droit privé vis-à-vis du gestionnaire du service. De
plus, les personnes qui travaillent pour ces SPIC sont soumis au droit du travail. Enfin, la plupart des biens
relèvent du régime de la propriété privée.

Section 2. Le régime juridique : les principes de fonctionnement du service


public
L’ensemble des services publics qu’il s’agisse des SPA ou des SPIC sont soumis à des principes de
fonctionnements que l’on qualifie de « grandes lois du service public » qu’on appelle aussi « lois de Rolland »

Paragraphe 1. Le principe de mutabilité

Ce principe implique que le service public puisse en permanence s’adapter aux nécessités changeantes de
l’intérêt général, l’administration peut modifier les règles d’organisations et de fonctionnement du service
public pour tenir compte des besoins évolutifs de l’intérêt général. Ce principe de mutabilité est à l’origine
de la jurisprudence relative au pouvoir de modification unilatéral des contrats par administration. → CE 10
janv. 1902, Compagnie nouvelle du gaz de Deville-Lès-Rouen

Un contrat est la rencontre de deux volontés, l’administration contracte avec des personnes privées.
C’est un pouvoir très étonnant de l’administration et qui n’a pas d’équivalent en droit privé des contrats,
l’administration peut modifier unilatéralement les clauses d’un contrat pour s’adapter aux impératifs de
l’intérêt général.

en l’espèce le 10/01/1902 une commune avait confié à une société l’exploitation de l’éclairage au gaz de sa
commune. L’éclairage électrique se répandant, la commune modifie unilatéralement le contrat afin que
l’entreprise assure son service non plus par le gaz mais par l’électricité. Le principe de mutabilité est avant
tout un pouvoir reconnu à l’administration mais ce n’est pas une obligation pesant sur elle. L’administration
peut imposer des modifications dans l’organisation du service public mais les usagers et les agents de
l’administration ne préfèrent pas invoquer ce principe pour obliger l’administration à effectuer des
changements.

2 conséquences :
- Pour les agents du service, le principe de mutabilité suppose qu’ils n’ont jamais de droits acquis au
maintien de leur statut. Ainsi l’administration peut modifier librement toutes les dispositions
statutaires qui régissent les agents publics et notamment celles qui sont relatives aux conditions de
leur rémunération (CE, 11 octobre 1995, Institut géographique national). L’administration peut
baisser les salaires dans la fonction publique, les agents publics peuvent voir les modalités de leur
contrat de travail être modifiés du jour au lendemain pour un motif d’intérêt général.

- Pour les usagers, ils ne peuvent pas se réclamer d’un droit au maintien des règles d’organisation au
service public. Si on prend l’hypothèse la + radicale l’administration peut même supprimer un service
public sans que les usagers ne puissent lui opposer un droit au maintien. (CE, sect., 27 janv. 1961,
Vannier)

Paragraphe 2. Le principe de continuité

A. Le fonctionnement régulier du service public

L’administration est tenue de prendre toutes les mesures pour assurer un fonctionnement continu du service
sans que des incidents ne provoque son interruption, la continuité ne signifie pas la permanence mais elle
signifie un fonctionnement régulier. Le juge administratif sanctionne toutes les interruptions intempestives
du service public (CE, 13 févr. 1987, Touchebeuf).

Il existe une exception qui permet d’interrompre légalement les services publiques en cas de force majeure.
La force majeure se définit comme un évènement extérieur aux personnes qui l’invoquent, cet évènement
est imprévisible et irrésistible.

B. La conciliation avec le droit de grève des agents publics

Le principe de continuité se heurte au droit de grève des agents publics qui ont tous les deux une valeur
constitutionnelle

1. La consécration du droit de grève

Sous la IIIe République, le CE jugeait la grève incompatible avec la continuité du service public càd les agents
publics n’étaient pas titulaires d’un droit de grève pour garantir la continuité du service (CE, 7 août 1909,
Winkell).
Cette interdiction absolue a dû être abandonnée à la suite de l’entrée en vigueur du préambule de la
Constitution de 1946 qui prévoit « le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois qui le règlementent ». Le
droit de grève dispose ainsi d’une valeur constitutionnelle pour les salariés de droit privé et devenait donc
intenable d’en priver également les agents publics.
C’est la raison pour laquelle le CE a reconnu le droit de grève des agents publics par a décision du 7 juillet
1950, Dehaene. Pour la première fois le CE consacre la valeur constitutionnelle du droit de grève et invite à
concilier ce droit avec le principe de continuité du service public.
2. La règlementation du droit de grève

La jurisprudence du conseil constitutionnel est relativement claire, pour le conseil le principe de continuité
du service public et le droit de grève sont deux principes à valeur constitutionnelle qu’il convient de concilier.
La règlementation du droit de grève ne peut être entreprise que par le législateur → Cons. Const., n° 2007-
556 DC, 16 août 2007.
Malgré la jurisprudence de CC, aucune loi en France n’est venue encadrer l’exercice du droit de grève en
général.
Le Parlement a adopté un cadre juridique parcellaire sur le droit de grève :
- Loi du 20 aout 2008 est venue consacrer un droit d’accueil pour les élèves des écoles maternelles et
élémentaires.
- Loi du 21 aout 2007 est venue consacrer un service minimum dans les transports en commun.

Face aux lacunes du Parlement, le CE a reconnu une compétence supplétive du Gouvernement pour
règlementer le droit de grève (CE, ass., 7 juillet 1950, Dehaene). En l’absence de lois, le Gouvernement peut
règlementer lui-même le droit de grève de ses agents. Pour les services publics qui sont gérés par des
établissements publics c’est le chef de service (généralement le directeur général de l’établissement public)
qui peut règlementer le droit de grève selon la décision CE, ass., 12 avril 2013, Fédération Force Ouvrière
Énergie et Mines.

Paragraphe 3. Le principe d’égalité

A. L’égal accès aux emplois publics

Art. 6 DDHC
« Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois
publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ».
L’article 6 de la DDHC consacre un principe de l’égalité des citoyens pour l’accès aux emplois publics sans
distinction tenant à leurs origines, opinions ou à leurs croyances. Ce qui signifie que le seul critère de sélection
doit être celui du talent d’où l’importance des concours administratifs pour accéder à la fonction publique.

CE, ass., 28 mai 1954, Barel : le CE a consacré ce principe au rang des principes généraux du droit

B.
C. Le principe d’égalité devant la loi : l’égalité entre les usagers du service public

Art. 6 de la DDHC

« La loi est l'expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou
par leurs représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle
punisse ».

Le principe d’égalité devant la loi est consacré à l’article 6 de la DDHC, ce principe suppose une égalité des
usagers du service public. Il est toujours possible légalement pour ‘l’administration de créer des
discriminations, ex : j’ai une obligation de payer des frais d’inscriptions mais c’est différent en fonction de si
on est boursier ou pas. L’égalité ne signifie pas qu’on va être tous traités de la même façon mais si on est
dans une situation, toutes les personnes sont traitées de la même façon.
Le principe d’égalité suppose que les personnes placées dans la même situation doivent être traités
identiques mais, à l’inverse les personnes qui sont placés dans une situation différente peuvent être traités
différemment.
Le CE a résumé la manière dont l’administration peut prévoir des différences tarifaires entre les usagers du
service public : CE, sect., 10 mai 1974, Denoyez et Chorques

« La fixation de tarifs différents applicables, pour un même service rendu, a diverses catégories d'usagers
d'un service ou d'un ouvrage public implique, à moins qu'elle ne soit la conséquence nécessaire d'une loi,
soit qu'il existe entre les usagers des différences de situation appréciables, soit qu'une nécessite d'intérêt
général en rapport avec les conditions d'exploitation du service ou de l'ouvrage commande cette mesure »

D. Le corollaire du principe d’égalité : la neutralité du service public

Le principe d’égalité a pour corollaire càd pour conséquence le principe de neutralité


Cons. const., n° 86-217 DC, 18 septembre 1986, Loi relative à la liberté de communication

La neutralité des agents publics notamment la neutralité religieuse des enseignants, des magistrats, des
policiers ou de tous les employés publics assure que ces personnes s’adressent en toute indépendance aux
usagers sans prendre en compte leurs convictions personnelles.

Il existe un lien entre le principe de neutralité et le principe de laïcité


La laïcité est 2 choses :

- une obligation pour l’Etat : neutralité

- une liberté pour les particuliers : liberté de pouvoir exprimer leurs convictions personnelles
notamment religieuses en société tant que ces personnes ne commettent pas de troubles à l’ordre
public.

Art. L. 121-2 du CGFP 

« Dans l'exercice de ses fonctions, l'agent public est tenu à l'obligation de neutralité. Il exerce ses fonctions
dans le respect du principe de laïcité. A ce titre, il s'abstient notamment de manifester ses opinions
religieuses. Il est formé à ce principe. L'agent public traite de façon égale toutes les personnes et respecte
leur liberté de conscience et leur dignité ».

En principe, la neutralité ne s’impose qu’à la fonction publique et non à l’usager. L’agent ne doit pas exprimer
d’opinions religieuses ou d’opinions politiques.

CE, 8 novembre 1985, n°55594, Rudent → le CE annule la décision d’un proviseur de lycée d’organiser des
meetings politiques dans son établissement.

Toutefois la ligne de démarcation entre des éléments culturels et patrimoniaux d’un côté et des
revendications politiques ou religieuses de l’autre est difficile à établir.

Est-il interdit pour un maire de placer une crèche de Noel dans l’enceinte de sa mairie ?
Réponse du CE, ass., 9 novembre 2016, Fédération départementale des libres penseurs de Seine-et-Marne

« Dans l'enceinte des bâtiments publics, sièges d'une collectivité publique ou d'un service public, le fait pour
une personne publique de procéder à l'installation d'une crèche de Noël ne peut, en l'absence de
circonstances particulières permettant de lui reconnaître un caractère culturel, artistique ou festif, être
regardé comme conforme aux exigences qui découlent du principe de neutralité des personnes publiques ».

Est-ce qu’une commune peut utiliser comme blason une image qui évoque l’Eglise de Saint Nicolas ?

CE, 15 juillet 2020, n° 423702, M. A.B

« Un blason communal, qui a pour objet de présenter sous forme emblématique des éléments
caractéristiques, notamment historiques, géographiques, patrimoniaux, économiques ou sociaux d'une
commune, ne peut légalement comporter d'éléments à caractère cultuel que si ceux-ci sont directement en
rapport avec ces caractéristiques de la commune, sans exprimer la reconnaissance d'un culte ou marquer
une préférence religieuse »

Si la neutralité est une obligation pour l’agent, l’usager du service public est en principe libre d’exprimer ses
croyances politiques et religieuses tant qu’elles ne constituent pas un trouble à l’ordre public, autrement dit
la laïcité française est libérale pour les usagers.

CE, 2 novembre 1992, n°130394, Kherouaa : le CE a considéré que le principe de laïcité ne s’opposait pas au
port du voile dans les écoles primaires et les collèges.

Loi du 15 mars 2004 est venue interdire tous les signes religieux à l’école primaire, au collège et au lycée.
Cela justifie que dans les études supérieures le port du voile est légal car les personnes sont majeures.

Chapitre 2 : la police administrative

Section 1 : les autorités de police générale


La police est une fonction régalienne qui ne peut relever que de la compétence de l’état
Art L.111-1 du CC
Il est interdit pour l’état de déléguer a des personnes privées des compétences de police, cette interdiction
est un principe a valeur constitutionnelle et qu’il est même inhérent à l’identité constitutionnelle de la France
(15 octobre 2021 CE Air France)

Paragraphe 1 : La compétence traditionnelle des autorités locales

Qui au sein de l’état dispose de compétences en matière de police ?

Depuis la loi municipale du 14/12/1789 le maire dans chaque commune est en charge des fonctions de police
cette compétence a ensuite été élargie au profit des préfets d’autres départements aujourd’hui on retrouve
encore ces 2 compétences
article L131-4 code de la SI

D’autre part l’article L132-1 eu CSI consacre la compétence du maire


en principe le préfet exerce une compétence générale de surveillance des mesures de police prises par le
maire
le maire a aggravé les mesures préfectorales de police des lors qu’il justifie d’un intérêt local particulier
CE de 1902 néris les pins
Paragraphe 2 : la compétence jurisprudentielle des autorités centrales

la loi a confié des compétences de police uniquement au maire et au préfet il fut donc question de savoir si
le chef de l’état était également titulaire même en l’absence de texte d’une compétence de police.
Ce Labonne
Le chef de l’état avait pris un décret en matière de sécurité routière, décret qui instituait un certificat de
capacité pour la conduite des automobiles, ce décret prévoyait le retrait de certificat après 2 contraventions
commises la même année

Le CE a reconnu explicitement la compétence du chef de l’état


Comme le prévoit la jurisprudence Labonne le maire et le préfet conserve leurs compétences et peuvent
aggraver les règles de police prises par le chef de l’etat

Cette compétence a été reconnu sous la 3è R

par cette decision de 1978 le CE maintient la compétence des autorités centrales en matière de police
générale en l’attribuant au chef du gouvernement c’est-à-dire au PM

Section 2 : la notion d’ordre public

Paragraphe 1 :

Une fonction qui consiste a assurer la sécurité des personnes, cette fonction de sécurité des personnes se
décompose en deux sous-fonctions : la police administrative et la police judiciaire

la police administrative sert à prévenir les troubles à l’ordre public c’est donc une fonction préventive
dans sa conception matérielle l’ordre public comprend la protection de la sécurité des personnes et de leur
bien, la tranquillité des personnes et la salubrité des espaces publics
dans une cinceptioj finaliste, l’ordre public constitue à encadrer des activités sociales qui autorisent de limiter
els droits et les libertés des personnes afin de garantir la sécruité de tous
+ l’état retient une conception large de l’ordre public plus mathématiquement les libertés des personnes
sont restreintes

la police judiciaire sert a réprimer des infractions pénales déjà commises lorsque la prévention échoue et
qu’une personne commet un délit le rôle de la police judiciaire est de constater l’infraction, rassembler les
preuves et si besoin rechercher les auteurs en vue de leur jugement

distinguer les 2 fonctions peut etre un exercice très difficile car une même personne (un policier) est souvent
en charge et de la prévention et de la répression autrement dit une même eprsonne peut mener des
fonctions de police administrative et de police judiciaire
la différence n’est donc pas organique, elle ne peut etre que fonctionnelle

alors que la police judiciar agit ou non et sous la direction du procureur de la république (qui est un magistrat
de l’autorité judiciaire)

le contentieux de la police administrative relève du juge administratif et le contentieux de la police judiciaire


relève du juge pénal
le CE utilise un critère finaliste pour différencier les deux fonctions de police, al jurisprudence regarde le but
en vue duquel les personnes agissent si la personne agit en relation avec une infraction pénale l’opération
est qualifiée de police judiciaire à l’inverse si la personne agit pour mener une missiond e contrôle de
surveillance l’opération est alors qualifiée de police administrative

a composante matérielle

l’ordre public au sens traditionnel du terme est défini à l’article L 2212-2 du code general des collectvités
territoriales
cette definition est estreitne a la police municipale mais elle peut etre utilsié piur definir toute la police
générale
icicon pourrait donner des milliers d’exemples de police sur le fodnement de cette composante matérielle
de l’ordre public par exla polcie de la circulation routière, la police des animaux, police des baignades, la
police des camping

CM 6 :

Chapitre 2 : La police administrative générale

Section 1 : Les autorités de police générale

La police est une fonction régalienne qui ne peut relever que de la compétence de l’état.
Article L. 111-1 du code de la sécurité intérieure
« La sécurité est un droit fondamental et l'une des conditions de l'exercice des libertés individuelles et
collectives. L'État a le devoir d'assurer la sécurité en veillant, sur l'ensemble du territoire de la République, à
la défense des institutions et des intérêts nationaux, au respect des lois, au maintien de la paix et de l'ordre
publics, à la protection des personnes et des biens ».

Il est interdit pour l’état de déléguer à des personnes privées des compétences de police. Cette interdiction
de délégation est un principe à valeur constitutionnelle et qu’il est même inhérent à l’idée constitutionnelle
de la France (Cons. const., 15 octobre 2021, n°2021-940 QPC, Société Air France).

Qui au sein de l’état dispose de compétence en matière de police ?


Depuis la loi municipale du 14 décembre 1789, le maire dans chaque commune est en charge des fonctions
de police. Traditionnellement donc, la police administrative est une police municipale. Cette compétence a
ensuite été élargie au profit des préfets de département. Aujourd’hui, on retrouve encore ces 2
compétences.

Paragraphe 1 : La compétence traditionnelle des autorités locales


L’article L. 131-4 du code de la sécurité intérieure consacre la compétence du préfet : « Le représentant de
l'État dans le département exerce les pouvoirs de police »
L’article L. 132-1 du code de la sécurité intérieure consacre la compétence du maire : « Le maire concourt
par son pouvoir de police à l'exercice des missions de sécurité publique et de prévention de la délinquance ».
-> En principe, le préfet exerce une compétence générale de surveillance des mesures de police prises par le
maire. Le maire peut aggraver les mesures préfectorales de police dès lors qu’il justifie d’un intérêt local
particulier (ex : CE, 18 avril 1902, Commune de Néris-les-Bains).

Paragraphe 2 : La compétence jurisprudentielle des autorités nationales

La loi a confié des compétences de police uniquement aux maires et aux préfets. Il fut donc question de savoir
si le chef de l’état était également titulaire, même en l’absence de textes, d’une compétence de police. Cette
question a été posée à l’occasion d’un arrêt important du conseil d’état (CE, 8 août 1919, Labonne). Le chef
de l’état avait pris un décret en matière de sécurité routière, décret qui instituait un certificat de capacité
pour la conduite des automobiles. Ce décret prévoyait le retrait du certificat après 2 contraventions
commises la même année. Le conseil d’état a reconnu explicitement la compétence du chef de l’état.
CE, 8 août 1919, Labonne
« Il appartient au chef de l'État, en dehors de toute délégation législative et en vertu de ses pouvoirs propres,
de déterminer celles des mesures de police qui doivent en tout état de cause être appliquées dans l'ensemble
du territoire ».
Comme le prévoit la jurisprudence Labonne, le maire et le préfet conservent leur compétence et peuvent
aggraver les règles de police prises par le chef de l’état.

Cette compétence du chef de l’état a été reconnu sous la 3 ème république. Après l’adoption de la 5ème
république, la difficulté était de savoir si l’article 34 de la constitution (article 34 qui consacre la compétence
du législateur en matière d’exercice des libertés) avait implicitement ou non retiré au chef de l’état sa
compétence en matière de police générale.
Réponse du conseil d’état : CE, sect., 22 décembre 1978, Union des chambres syndicales d’affichage et de
publicité extérieure
« Considérant qu'en donnant compétence au législateur pour fixer "les règles concernant ... les garanties
fondamentales accordées aux citoyens pour l'exercice des libertés publiques", l'article 34 de la Constitution
n'a pas retiré au chef du Gouvernement les pouvoirs de police générale qu'il exerçait antérieurement ».
Par cette décision de 1978, le conseil d’état maintien la compétence des autorités centrales en matière de
police générale, en l’attribuant au chef du gouvernement (le premier ministre).

Section 2 : La notion d’ordre public

En droit, la police est une fonction qui consiste à assurer la sécurité des personnes. Cette fonction de sécurité
des personnes se décompose en 2 sous-fonctions :
- La police administrative : la police administrative sert à prévenir les troubles à l’ordre public. C’est
donc une fonction préventive.
-> 2 conceptions de l’ordre public :
• Dans sa conception matérielle, l’ordre public comprend la protection de la sécurité des
personnes et de leurs biens, la tranquillité des personnes et la salubrité des espaces publics.
• Dans une conception finaliste, l’ordre public constitue à encadre des activités sociales qui
autorisent de limiter les droits et les libertés des personnes afin de garantir la sécurité de
tous.
Plus l’état retient une conception large de l’ordre public, plus mathématiquement les libertés des
personnes sont restreintes.

- La police judiciaire sert à réprimer des infractions pénales déjà commises. Lorsque la prévention
échoue et qu’une personne commet un délit, le rôle de la police judiciaire est de constater
l’infraction, rassembler les preuves et si besoin rechercher les auteurs en vue de leur jugement.

Distinguer les 2 fonctions peut être un exercice très difficile car une même personne (ce que l’on appelle un
policier dans le langage courant) est souvent en charge et de la prévention, et de la répression. Autrement
dit, une même personne peut mener des fonctions de police administrative et de police judiciaire. La
différence n’est donc pas organique, elle ne peut être que fonctionnelle.
Toutefois, la différence entre les 2 fonctions est capitale d’un point de vue juridique. La police administrative
agit pour prévenir les troubles à l’ordre public au nom du pouvoir exécutif alors que la police judiciaire agit
au nom et sous la direction du procureur de la république (qui est un magistrat de l’autorité judiciaire) pour
garantir la liberté individuelle er réprimer les infractions.

Le contentieux de la police administrative relève du juge administratif et le contentieux de la police judiciaire


relève du juge pénal.
Le conseil d’état utilise un critère finaliste pour différencier les 2 fonctions de police. Plus précisément, la
jurisprudence regarde le but en vue duquel les personnes agissent. Si la personne (le policier) agit en relation
avec une infraction pénale, l’opération est qualifiée de police judiciaire. A l’inverse, si la personne agit pour
mener une mission de contrôle et de surveillance, l’opération est alors qualifiée de police administrative.

Paragraphe 1 : Le lien entre police, police administrative et ordre public

CE, sect., 11 mai 1951, Consorts Baud 


« CONSIDERANT que les requérants demandent à l’Etat réparation du préjudice qu’ils ont subi du fait dela
mort du sieur X… (Y); leur fils, époux et père, blessé mortellement au cours d’une opération de police que
des inspecteurs de police accomplissaient à Lyon le 31 octobre 1945, en vue d’appréhender des individus
signalés comme faisant partie d’une bande de malfaiteurs ; que cette opération relevait de la police judiciaire
; que les litiges relatifs aux dommages que peuvent causer les agents du service public dans de telles
circonstances ressortissent aux tribunaux de l’ordre judiciaire ; que, dès lors, les requérants ne sont pas
recevables à contester devant le Conseil d’Etat la décision du ministre de l’Intérieur qui a rejeté leurs
demandes d’indemnité ;… (La requête est rejetée comme portée devant une juridiction incompétente pour
en connaître ; dépens à la charge des consorts X…) ».
Paragraphe 2 : Les composantes de l’ordre public

A. La composante matérielle

L’ordre public, au sens traditionnel du terme, est défini à l’article L. 2212-2 du code général des collectivités
territoriales : « La police municipale a pour objet d'assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité
publiques ».
Cette définition est restreinte à la police municipale mais elle peut être utilisée pour définir toute la police
générale. Ici, on pourrait donner des milliers d’exemples de police sur le fondement de cette composante
matérielle de l’ordre public. Par exemple : la police de la circulation routière, la police des animaux, la police
des baignades, la police des campings, la police des eaux, la police des fêtes et des manifestations publiques,
la police des incendies.

B. La composante immatérielle

La question est de savoir si l’ordre public peut défendre des valeurs morales.

1. La moralité publique

Depuis plusieurs siècles, se pose la question de savoir si la moralité publique peut être une composante de
l’ordre public. Un tel usage de la police administrative suppose que l’administration deviennent le censeur
des bonnes mœurs. Considérer la moralité publique comme une composante de l’ordre public est un risque
pour les libertés publiques car la moralité est une notion vague et surtout contingente, elle dépend du
contexte social. En effet, la moralité dépend d’une conception sociologique et politique retenue par les
pouvoirs publics qui considère qu’une chose est ou n’est pas morale.

Le conseil d’état a reconnu la moralité publique comme une composante de l’ordre public par une
jurisprudence de section du 18 décembre 1959, Société « Les films Lutétia » :
« Un maire, responsable du maintien de l'ordre dans sa commune, peut donc interdire sur le territoire de
celle-ci la représentation d'un film auquel le visa ministériel d'exploitation a été accordé mais dont la
projection est susceptible d'entraîner des troubles sérieux ou d'être, à raison du caractère immoral dudit film
et de circonstances locales, préjudiciable à l'ordre public ».
En l’espèce le maire de la commune de Nice avait interdit la projection du film « Le feu dans la peau », film
au contenu érotique. Cela avait choqué le maire qui a considéré le film comme immoral. Le conseil
constitutionnel a reconnu que le film pouvait constituer un trouble à l’ordre public et que le maire pouvait
l’interdire. Cette conception de la moralité en 1959 est bien différente de celle d’aujourd’hui. En effet, il est
aujourd’hui improbable qu’un film soit censurer sur ce fondement. La moralité est une composante
vieillissante de l’ordre public, qui est très peu utilisée. Toutefois, la protection des valeurs morales par la
police administrative a été réactualisée par le principe de dignité.
2. La dignité de la personne humaine

La dignité de la personne humaine est le principe selon lequel une personne ne doit jamais être traité comme
un objet. Rabaisser un Homme au rang d’objet est contraire à sa dignité.
Le principe de dignité est un principe à valeur constitutionnelle (consacrée par : Cons. const., 27 juillet 1994,
Loi bioéthique). C’est aussi un principe général du droit de l’union européenne (CJCE, 14 octobre 2004,
OMEGA).

La dignité humaine est-elle une composante de l’ordre public ? Autrement dit, la police administrative peut-
elle interdire des activités contraires à la dignité ?
Le conseil d’état a reconnu que la dignité de la personne humaine constituait une composante de l’ordre
public dans un arrêt très célèbre : CE, ass., 27 octobre 1995, Morsang-sur-Orge. Dans cette affaire, le conseil
d’état devait se demander si l’attraction de lancer de nains, consistant à faire lancer un nain comme un
projectile, pouvait être interdite sur le fondement de la dignité. 2 étapes pour cela :
- Le conseil d’état devait se demander si la dignité est ou non une composante de l’ordre public : le
conseil d’état reconnait la dignité comme une composante de l’ordre public.
- L’attraction de lancer de nains est-elle contraire au principe de dignité : le conseil d’état reconnait
également l’atteinte au principe de dignité car lancer comme un projectile une personne affectée
d’un handicap physique revient à le rabaisser au rang d’objet.
Il est intéressant de relever que le conseil d’état oppose à l’artiste, c’est le nain qui se définit comme tel, sa
propre dignité (la conception offensive de la dignité). Le consentement de la personne est juridiquement
indifférent à l’opposition de la dignité de la personne humaine.

La cour européenne s’est aussi posé la question pour des activités sadomasochistes.

Le rapporteur public et les commentateurs de la décision ont considéré que la dignité devait être utilisée de
manière très restrictive car elle peut être très attentatoire à la liberté des personnes. Il y a un risque
d’utilisation abusive de cette jurisprudence. C’est la raison pour laquelle, le conseil d’état n’a quasiment
jamais appliqué le principe de dignité entre 1995 et 2014.
Le conseil d’état a utilisé le fondement de la dignité pour ne pas annuler la décision administrative qui
interdisait le spectacle « Le mur » de Dieudonné en 2014.
CE, ord., 9 janvier 2014, M. Dieudonné M’Bala M’Bala
« Au regard du spectacle prévu, tel qu'il a été annoncé et programmé, les allégations selon lesquelles les
propos pénalement répréhensibles et de nature à mettre en cause la cohésion nationale relevés lors des
séances tenues à Paris ne seraient pas repris à Nantes ne suffisent pas pour écarter le risque sérieux que
soient de nouveau portées de graves atteintes au respect des valeurs et principes, notamment de dignité de
la personne humaine, consacrés par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et par la tradition
républicaine ; qu'il appartient en outre à l'autorité administrative de prendre les mesures de nature à éviter
que des infractions pénales soient commises ; qu'ainsi, en se fondant sur les risques que le spectacle projeté
représentait pour l'ordre public et sur la méconnaissance des principes au respect desquels il incombe aux
autorités de l'Etat de veiller, le préfet de la Loire-Atlantique n'a pas commis, dans l'exercice de ses pouvoirs
de police administrative, d'illégalité grave et manifeste ».
Le conseil d’état a dit que l’artiste tient des propos indignes et qu’il est possible sur ce fondement d’interdire
le spectacle. Ici, le rapport à la dignité peut être discuté car il est question de considérer que des paroles
puissent être indignes. A vrai dire, la dignité apparait ici davantage comme un moyen de défense de la
moralité mais on ne retrouve pas la définition juridique de la dignité dans cette affaire. Le conseil d’état n’a
pas maintenu sa jurisprudence à l’encontre des autres spectacles de Dieudonné (CE, ord., 6 février 2015,
Commune de Cournon d’Auvergne).

CE, ord., 16 avril 2015, Société Grasse Boulange : sur la côte d’azur, un boulanger fait des pâtisseries qui
représentent des personnes de couleurs noires dans des positions obscènes. Une association a amené
l’affaire devant une juridiction qui en a conclu que cela faisait partie de la liberté d’expression.

Section 3 : Le contrôle des mesures de police

Conclusions Corneille sur CE, 10 août 1917, Baldy : « La liberté est la règle, la restriction de police
l’exception ».
Les mesures de polices étant attentatoires à l’exercice des libertés publiques, le conseil d’état exerce un
contrôle approfondit de ces mesures. Ce contrôle approfondit est issu de la jurisprudence : CE, 19 mai 1933,
Benjamin. Le juge administratif vérifie d’abord qu’il existe une menace réelle à l’ordre public. Ensuite, il vérifie
que la mesure est adaptée, nécessaire et surtout proportionnée.

Par une décision du 26 aout 2016, le conseil d’état était saisi d’un arrêté qui interdisait l’accès aux plages
publiques de toute personne « ne disposant pas d’une tenue respectueuse des bonnes mœurs ». L’arrêté
vise en réalité l’interdiction du port du burkini sur le fondement des règles d’hygiène et de sécurité
applicables aux baignades publiques. Le conseil d’état annule la décision du maire en considérant qu’il
n’existe aucune menace à l’ordre public susceptible de justifier cette décision.
CE, 26 août 2016, Ligue des droits de l’homme
« Il ne résulte pas de l'instruction que des risques de trouble à l'ordre public aient résulté, sur les plages de
la commune de Villeneuve-Loubet, de la tenue adoptée en vue de la baignade par certaines personnes ».

Par une ordonnance du 13 juin 2020, le conseil d’état était saisi d’un décret qui exécutait la législation relative
au covid. Ce décret prévoyait l’interdiction de tout rassemblement sur la voie publique mettant en présence
de manière simultanée plus de 10 personnes. Dans un premier temps, le conseil d’état reconnait l’existence
de trouble public à l’ordre sanitaire. Dans un second temps, le conseil d’état annule le décret en considérant
que la mesure était disproportionnée au regard du risque sanitaire.
CE, ord., 13 juin 2020, Ligue des droits de l’Homme
« L’interdiction des manifestations sur la voie publique mettant en présence de manière simultanée plus de
dix personnes ne peut, dès lors, sauf circonstances particulières, être regardée comme strictement
proportionnée aux risques sanitaires désormais encourus et appropriée aux circonstances de temps et de
lieu ».
Ce décret prévoyait l'interdiction de tout rassemblement sur la voie publique, mettant en présence plus de
10 personnes. Le Conseil saisit cette mesure de police, interdiction des manifestations et des réunions de
plus de 10 personnes à cause du COVID. Le Conseil CM droit administratif cours 6 1810 24 d'État dans un
premier temps, reconnu l'existence de troubles à l'ordre public sanitaire (facilité la transmission du virus).
Dans un 2e temps, le Conseil d'État peut regarder si la décision est nécessaire, adaptée, proportionnée. En
considérant que la mesure était disproportionnée au regard du risque sanitaire. Parce que là, on est sorti de
la première vague de COVID, il y a des mesures et des barrières qui permettent de limiter la contamination
et donc on peut envisager plus de 10 personnes.

Leçon 3 : Les moyens de l’action administrative

On s’intéresse aux manières d’agir d’administration. Lorsque l’administration souhaite agir spécifiquement
elle doit produire des actions juridiques :
Art. L. 1100-1 du code civil « les actes juridiques sont des manifestations de volonté (…) Ils peuvent être
conventionnels ou unilatéraux ».
Cette définition issue du droit civil peut parfaitement être transposé en droit administratif, en effet
l’administration produit des actes de 2 manières différentes :
- Soit la manifestation de volonté de l’administration, s’impose par sa seule intervention, on parle
alors d’acte administratif unilatéral (AAU).

- - Soit la manifestation de volonté, est le produit d’une rencontre entre deux volontés, celle de
l’administration est celle d’un tiers. On parle alors de contrat administratif.

Chapitre 1. Les actes administratifs unilatéraux

Section 1. La notion d’acte administratif unilatéral

L’acte administratifs unilatéral permet à l’administration de rendre immédiatement exécutoire une décision
à l’encontre d’une ou plusieurs personnes. Ce pouvoir d’administration s’appelle le privilège du préalable : il
permet à l’adm sans l’ intervention de juge de contraindre juridiquement les administrés. Cette règle de la
décision exécutoire constitue la règle fondamentale du droit public » CE, 2 juillet 1982, Huglo

Paragraphe 1. L’identification des actes administratifs unilatéraux


A. Les autorités compétentes pour édicter des actes administratifs unilatéraux

Le pouvoir réglementaire, générale qui permet d’édicter des actes administratifs unilatéraux relève de la
compétence du premier ministre en application de l’article 21 de constitution. Le président de la république
également est compétant en application de l’article 13 de la constitution. Pour les actes du premier ministre
délibéré en conseil des ministres. Précision : comme le président de la République est libre de fixer l’ordre
du jour du conseil des ministres il peut faire entrer dans le champ de sa compétence tout acte qui souhaite
adopter son premier ministre et le président de la république est peu donc très facilement modifier les actes
de son premier ministre.
CE, ass., 10 septembre 1992, M. Meyet « Aux termes de l'article 13 de la Constitution : "Le Président de la
République signe les ordonnances et les décrets délibérés en conseil des ministres" ; qu'aux termes de
l'article21 : "Le Premier ministre dirige l'action du gouvernement ... Sous réserve des dispositions de l'article
13, il exerce le pouvoir réglementaire" ; que les décrets attaqués ont été délibérés en conseil des ministres ;
que, par suite, et alors même qu'aucun texte n'imposait cette délibération, ils devaient être signés, comme
ils l'ont été, par le Président de la République ».
Les actes administratifs unilatéraux adoptés par le président de la République ou le premier ministre sont
appelés des décrets, il existe un pouvoir réglementaire spécialisé. Des textes législatifs ou règlementaires
peuvent confier à n’importe quelle autorité administrative la compétence pour édicter des AAU. Par exemple
:de nombreux textes reconnaissent une telle compétence pour les ministres, pour les maires, pour les préfets
afin que ces autorités puissent adopter des variétés dans leur champ de compétence. Enfin la jurisprudence
du conseil d’état reconnait, la compétence de tout chef de service d’une administration pour prendre des
actes administrations unilatéraux nécessaire à l’organisation de leur service.
CE, sect., 7 février 1936, Jamart « Même dans le cas où les ministres ne tiennent d'aucune disposition
législative un pouvoir réglementaire, il leur appartient, comme à tout chef de service, de prendre les mesures
nécessaires au bon fonctionnement de l'administration placée sous leur autorité ».

B. L’« administrativité » des actes unilatéraux

1. L’inadaptation du critère organique

TC, 22 novembre 2010, Brasserie du théâtre


Les actes administratifs unilatéraux, ne peuvent pas être définit comme des actes pris par l’administration.
Le critère organique est doublement limité pour qualifier la caractère adm d’un acte. D’un acte certains actes
pris par adm n’ont pas d’objet administrative qualifié donc d’acte de droit privée lorsque adm agit comme
une personnes privée ces actes sont alors des actes unilatéraux de droit prive lorsque adm gère les biens
immobiliers comme un propriétaire privée ces actes de gestion sont de droit privée (TC, 22 novembre 2010,
Brasserie du théâtre)
D’autre part les personnes privées peuvent produire des actes administratifs : CE, ass., 31 juillet 1942,
Monpeurt
2. L’utilisation d’un critère matériel
Pour qualifier le caractère administratif d’un acte unilatérale deux critères sont cumulables :
Sont des actes administratifs unilatéraux, les actes pris par les personnes qui sont chargées d’un service
public administratif et qui utilisent des prérogatives de puissance public ; par exemple : CE, 30 décembre
2013, Société immobilière d’économie mixte de la ville de Paris.
Ce double critère matériel est particulièrement large et permet au CE de qualifier facilement le caractère
administratif d’un acte ce qui lui permet de contrôler le contenu. Peuvent être qualifiés actes administratifs
certains actes relatifs de l’organisation de service public de la justice. → CE, ass., 17 avril 1953, Falco et
Vidaillac Par exemple : les actes qui sont prises par le conseil supérieur de la magistrature peuvent être
déférées devant le CE.
Le CE pris par cette institution sont des actes administratifs d’organisation du service public de la justice.
Contre-exemple : le CE refuse à qualifier un acte administratif des lors qu’une institution juridictionnelle
produit un acte qui se rapproche de près ou de loin a sa fonction de jugement.
Le CE refuse de contrôler la décision du conseil constitutionnelle qui définit le régime d’accès à ses archives
publiques. → CE, ass., 25 octobre 2002, Brouant
Paragraphe 2. La classification des actes administratifs unilatéraux
A. La classification des actes administratifs unilatéraux selon leur portée
Code des relations et public administratifs propose une classification des AAU selon leurs portées.
Art. L. 200-1 du CRPA « Pour l'application du présent livre, on entend par actes les actes administratifs
unilatéraux décisoires et non décisoires (1) Les actes administratifs unilatéraux décisoires comprennent les
actes réglementaires, les actes individuels et les autres actes décisoires non réglementaires. Ils peuvent être
également désignés sous le terme de décisions, ou selon le cas, sous les expressions de décisions
réglementaires, de décisions individuelles et de décisions ni réglementaires ni individuelles (2) ».
1. Les actes décisoires et non décisoires Tous les AAU ne sont pas des décisions administratives les AAU
peuvent être décisoires ou non décisoires. Une AAU est une manifestation de volonté. La différence est
capitale, une décision contient une norme, une obligation, une prescription qui impose à son destinataire
d’agir. Par exemple : tous les actes préparatoires comme les avis, les consultations, les recommandations, les
propositions sont considérées comme des actes administratifs non décisoires car ils ne contiennent aucune
obligation. Ils ne font que préparer une décision qui pourra à la fin de la procédure, être potentiellement
décisoire.

➔ Exemple : d'une procédure de sanction à l'université. Un prof veut sanctionner un étudiant qui a fraudé
un examen. Il va, pour se faire, rédiger un rapport de fraude qui va être transmis à un organe consultatif de
l'université qui va ensuite rendre un avis sur la sanction à prendre. Ensuite, le président de l'université va
signer une discision de sanction à l'encontre de l'étudiant. Dans ce cas, le rapport et l'avis du comité
consultatif sont des actes administratifs non décisoires qui préparent la sanction. Seule l'acte du président
de l'université constitue une décision administrative.
Autres exemple les déclarations provisoires faite par les ministres, ne constitue pas des décisions
administratives. : CE, sect., 18 janvier 2013, Association SOS racisme « Considérant que le communiqué de
presse du 1er avril 2009 du ministre de la culture et de la communication se borne à exposer les orientations
de la politique gouvernementale en matière de gratuité dans les musées et monuments nationaux, mises en
œuvre par les établissements placés sous sa tutelle et n'a ainsi pas le caractère d'une décision ».

B. Les décisions réglementaires, individuelles et d’espèces


→ La catégorie des décisions administratifs s’organise autour de 3 sous catégories :
- Décisions individuelles : qui désigne nommément une personne (un permis de construire, le droit une
bourse)
- Décisions réglementaires : ne vise pas une personne elle est générale est impersonnelle comme une loi et
s’adresse à une catégorie de personne de manière abstraite
- Décision ni règlementaire ni individuelle on parle de décisions espèces: ces décisions appliquent une
règlementation a une opération particulière. Ces actes ne visent personne nommément… (pas important ;
ne va pas poser on laisse de côté) -
C. La classification des actes administratifs unilatéraux selon leur justiciabilité

1. Les actes justiciables

➔ Identifier un AAU permet de contester devant un juge administratif par la voie d’un recours « le recours
d’excès de pouvoir ». Toutefois, tous les actes adm ne sont pas justiciables cad ne sont pas tous contrôlables
par le juge adm, le juge opère un tri entre les actes contrôlables et les actes non contrôlables.

➔ Le CE suit une tendance à augmentation de la catégorie des actes justiciables et réciproquement, il


diminue la catégorie des actes non justiciables. A l’origine, la catégorie des actes justiciables ne pose pas de
problème pour être définie. En effet seul ce qui sont soumises au contrôle de juge adm des décisions
administratives.

Après la jurisprudence Fairvesta le CE a élargi sa jurisprudence à l’ensemble des documents de portée


générale à caractère interprétatif

CE, sect., 12 juin 2020, GISTI «Les documents de portée générale émanant d'autorités publiques, matérialisés
ou non, tels que les circulaires, instructions, recommandations, notes, présentations ou interprétations du
droit positif peuvent être déférés au juge de l'excès de pouvoir lorsqu'ils sont susceptibles d'avoir des effets
notables sur les droits ou la situation d'autres personnes que les agents chargés, le cas échéant, de les mettre
en œuvre. Ont notamment de tels effets ceux de ces documents qui ont un caractère impératif ou présentent
le caractère de lignes directrices».

➔ Les documents de portée générale renvoient principalement à deux types d’actes très fréquemment
utilisés par l’administration : les circulaires d’une part et les lignes directrices d’autre part.

La circulaire est un texte produit par un chef de service pour ses subordonnées qui leur explique le droit qu’ils
sont chargés d’appliquer. Certaines circulaires au-delà d’interpréter le droit applicable au service
administratif crée aussi des RDD. On est face à une difficulté car une circulaire peut soit créer du droit soit ne
pas créer du droit et être purement interprétative, donc une circulaire est parfois un acte décisoire parfois
un acte non-décisoire selon qu’elle crée ou non du droit.

Dans un premier temps, le CE ne contrôlait que les circulaires qui créaient une nouvelle RDD, autrement dit
le CE ne contrôlait que les circulaires qui étaient des actes administratifs décisoires il appelait cette catégorie :
les circulaires règlementaires (CE 1954 Notre-Dame de Kraisker)

Problème : il n’y a qu’une faible partie d’entre elles qui créaient une RDD

Dans un second temps le CE considère que peuvent être contrôlées certes les circulaires à caractère
règlementaire mais aussi toutes les circulaires qui ont un caractère impératif càd celles qui bien que non
obligatoires orientent de manière fortes le comportement des agents. → CE, 18 décembre 2002, Duvignères

D’autre part les lignes directrices constituent un acte qui encadrent les modalités de prises de décision
individuelle prise en série par l’administration et qui dépend de son pouvoir discrétionnaire. Dans la plupart
des cas les lignes directrices encadrent les modalités de versement d’une aide ou d’une subvention. Le but
de la ligne directrice consiste à uniformiser les procédures pour garantir le principe d’égalité afin que chaque
administré soit traité de la même façon.

Les lignes directrices jusqu’en 2014 s’appelaient les « directives » →CE, 19 septembre 2014, Jousselin

Les lignes directrices ne sont pas considérées comme des actes décisoires et donc elles ne pouvaient pas faire
l’objet d’un contrôle par le juge administratif → CE, Sect., 11 décembre 1970, Crédit Foncier de France

Le CE simplifie sa jurisprudence applicable à la justiciabilité des actes des documents de portée générale.
Depuis sa jurisprudence GISTI le CE ne se pose qu’une seule question : est-ce que ces documents de portée
générale produisent des effets notables sur les droits ou la situation des administrés.
Comment savoir si un acte est ou non contestable ?

Dans un premier temps : est-ce que l’acte est une décision (porteur d’une obligation) ?
Si oui -> il peut être contesté.
Si l’acte est non décisoire il faut invoquer 2 décisions possibles :

- Soit il s’agit de droit souple (recommandation formulée par une autorité administrative) il faut citer
la jurisprudence Fairvesta et on rappelle le critère des effets notables autrement dit pour que cet
acte non décisoire soit contestable il faut qu’il produise des effets notables sur la situation de la
personne.
- Soit il s’agit d’un document de portée générale pris par l’administration pour orienter ses services
(circulaires ou lignes directrices) il faut invoquer la jurisprudence GISTI de 2020 et appliquer le même
critère des effets notables.

3. Les actes non justiciables

a. Les mesures d’ordre intérieur

Les décisions administratives qui concernent la vie intérieure des services de l’administration et qui tendent
à assurer une certaine discipline au sein des services. Les mesures d’ordre intérieur relèvent de domaines
dans lesquels la discipline est très forte notamment la prison, les enceintes militaires et l’école. Les M.O.I
sont des actes administratifs décisoires mais le juge administratif refuse de les contrôler pour que
l’administration conserve sa liberté de maintien de la discipline dans ces différents domaines. Cette catégorie
a tendance à se restreindre à cause de l’influence de la Convention européenne des droits de l’homme, l’Etat
français est soumis au respect de droits fondamentaux ce qui oblige le juge administratif a contrôler certaines
mesures d’ordre intérieur qui étaient jusqu’ici incontrôlables.

CE, ass., 17 février 1995, Hardouin et Marie «Eu égard à la nature et à la gravité de cette mesure, la punition
de cellule constitue une décision faisant grief susceptible d'être déférée au juge de l'excès de pouvoir ; que
M. X... est, dès lors, fondé à demander l'annulation du jugement attaqué».

A partir de 1995 le CE commence à restreindre la catégorie des mesures d’ordre intérieur, il considère que la
punition de cellules n’est plus une mesure d’ordre intérieur et peut être contrôlée. Le CE utilise le critère de
la gravité de la mesure, si la mesure est grave pour la personne elle est contrôlable.

Le placement en cellule disciplinaire prive le détenu de droit de visite, il ne peut plus entretenir de
correspondance (écrire) et il ne peut plus avoir accès à la cantine (acheter des biens et services à
l’administration).

Le CE s’est posé la question de savoir si une rotation de la sécurité peut être contrôlée →CE, ass, 14 décembre
2007, M. Payet

Le CE considère que la rotation de sécurité est susceptible de faire l’objet d’un recours notamment parce que
cette décision porte atteinte au droit de mener une vie familiale normale (garanti par la C).

CE, ass., 14 décembre 2007, Garde des sceaux c/ M. Boussouar→ dans cette affaire un détenu était transféré
d’une maison centrale vers une maison d’arrêt. Le CE considère qu’il faut apprécier la mesure « au regard de
l’importance de ces effets sur la situation des détenus ». Or en l’espèce le détenu transféré vers une maison
d’arrêt voit ses conditions d’emprisonnement aggravées et donc l’importance de cet effet justifie la
contestation devant le juge. A l’inverse le transfert d’une maison d’arrêt vers une maison centrale n’est pas
contestable et constitue une mesure d’ordre intérieur.

b. Les actes de gouvernement

Les actes de gouvernement sont des actes décisoires mais ne peuvent pas faire l’objet d’un recours

La théorie des actes de gouvernement dérive de la théorie de la séparation des pouvoirs et de la différence
qu’il existe au sein de la fonction exécutive entre la fonction politique et gouvernementale et la fonction
administrative
Pendant très longtemps le CE ne contrôlait pas les actes à caractère politique

A l’origine le CE refuse de contrôler les actes des ministres fondés sur un mobile politique, le CE applique
pour la première fois cette théorie → CE, 18 juin 1852, Famille d’Orléans. Le CE avait été saisi d’un décret de
l’empereur Bonaparte qui avait ordonné que les biens de la famille d’Orléans confisqués par l’Etat pendant
la Révolution prévoyait que les biens confisqués pendant la Révolution leur soit restitué. Le CE considère qu’il
s’agit d’un acte de gouvernement incontrôlable.

CE, 9 mai 1867, Duc D’Aumale et Lévy → Le CE refuse de contrôler un décret pris sous le 2nd Empire qui
prononce la destruction d’un ouvrage rédigé par l’un des fils de la famille royale.

Progressivement le CE commence à restreindre la catégorie des actes de gouvernement car l’institution


gagne en indépendance vis-à-vis du pouvoir politique → CE, 19 février 1875, Prince Napoléon
En l’espèce le CE accepte pour la première fois de contrôler un acte à caractère politique qui prévoyait la
radiation d’un cousin de Napoléon III de la liste des généraux de France. A partir de ce moment le CE refuse
que le mobile politique soit invoqué pour qualifier un acte de gouvernement.

Aujourd’hui les actes de gouvernement sont insusceptibles de recours dans 2 cas particuliers :
- Les actes qui mettent en cause les rapports entre pouvoirs constitutionnels (demander à Luc) →

CE, 26 novembre 2012, Krikorian où le CE refuse de contrôler le refus du PM de déposer un projet de loi
devant l’AN

CE, 20 février 1989, Allain → le CE se refuse de contrôler l’acte par lequel le Pdt de la R dissout l’AN

CE, 2 mars 1962, Rubin de Servens. : le CE refuse de contrôler la décision du Pdt de la R de mettre en œuvre
en place l’article 16 de la Constitution
CE, 5 juillet 2000, Mégret

Les actes du gouvernement qui mettent en cause les relations internationales de la France :

Le CE refuse de contrôler la décision de la France d’engager des forces armées en Yougoslavie →


CE, 30 décembre 2003, Comité contre la guerre en Irak où le CE refuse de contrôler la décision de la France
d’ouvrir son espace aérien aux avions de chasse américains et britanniques pour se rendre en Irak.
Section 2. Le régime des actes administratifs unilatéraux

Paragraphe 1. Les procédures préalables à la prise de décision

La procédure administrative est constituée de l’ensemble des procédures qui s’imposent à l’administration
avant qu’elle puisse édicter un acte
On utilise parfois le terme de procédure administrative non contentieuse pour différencier la procédure
suivie par l’administration pour prendre un acte de la procédure contentieuse applicable devant le JA pour
contester des actes. La procédure administrative non-contentieuse est traversée par un double mouvement,
d’une part la matière est codifiée depuis 2015 les garanties procédurales qui étaient à l’origine dégagées par
la jurisprudence du CE sont dorénavant inscrites dans le code des relations entre le public et l’administration.
D’autre part depuis les années 1970 cette matière a fait l’objet de nombreuses réformes à la fois législatives
et règlementaires, les textes sont venus compléter la jurisprudence puis l’ensemble a été codifié en 2015.
Ces réformes suivent le même objectif : accroître et renforcer les droits des administrés vis-à-vis de
l’administration. Les réformes consacrent des droits procéduraux au bénéfice des administrés pour
contrebalancer le caractère autoritaire des actes administratifs unilatéraux. Comme les règles de procédure
se multiplient il existe un risque accru de contentieux et donc d’annulation des actes pris par l’administration
ce qui créait de l’insécurité juridique. C’est la raison pour laquelle le CE a restreint les vices susceptibles
d’emporter l’annulation des actes administratifs unilatéraux
CE, ass., 23 décembre 2011, Danthony → le CE affirme que seuls les vices susceptibles d’exercer une influence
sur le sens de la décision prise ou qu'il a privé les intéressés d'une garantie emportent l’annulation de l’acte.

A. Les échanges avec l’administration

La législation a octroyé des droits aux administrés pour faciliter leurs échanges avec l’administration et éviter
de faire peser sur les administrés la complexité du système administratif. Dès lors qu’un administré est
soumis à un délai pour présenter une demande à l’administration la date butoir est toujours celle de l’envoi
de la demande et non celle de la réception de la demande par l’administration (art. L. 112-1du CRPA).
Pour faciliter la saisie de l’administration plusieurs dispositifs existent :
- Tous les administrés ont droit de s’adresser à l’administration par voie électronique (courriel ou
téléservice) → art. L. 112-8 du CRPA

- Lorsqu’une demande d’un administré est envoyée auprès de la mauvaise administration, cette
dernière est obligée de transmettre la demande à l’administration compétente pour la traiter → art.
L. 114-2 du CRPA

- Lorsque la demande de l’administré est incomplète, l’administration est obligée d’indiquer au


demandeur les pièces et les informations manquantes et dont elle a besoin pour prendre sa décision
→art. L. 114-5 du CRPA

- Dès lors que l’administration reçoit une demande elle est obligée d’en accuser réception en précisant
la date à laquelle elle a reçu la demande, les informations du service qui traite la demande et l’accusé
de réception doit absolument préciser les voies et les délais de recours à l’encontre de la décision
qui va être prise → art. R. 112-5 du CRPA
L’ensemble de ces garanties ne concernent que les échanges portant sur une prise de décision individuelle,
ces garanties ne concernent pas les actes règlementaires → CE, 8 juin 2016, n° 387547, M. Derenemesnil

B. Le contradictoire
Le contradictoire est une garantie procédurale qui permet aux administrés de donner leur avis sur une
procédure qui les concerne avant la prise de décision de l’administration.

Concrètement, l’administré doit pouvoir présenter des observations écrites et s’il en fait la demande il doit
pouvoir présenter des observations orales. Lors de cet entretien entre l’administration et l’administré la
personne peut être assisté par un conseil de son choix (généralement un avocat). Cette procédure est très
lourde pour l’administration et c’est la raison pour laquelle elle est restreinte à une partie seulement des
actes administratifs. Avant d’être reconnu par la loi le contradictoire est une garantie consacrée par la
jurisprudence du CE au profit des décisions prises en considération par la personne càd principalement prises
à l’égard des sanctions administratives → CE, sect., 24 juin 1949, Sieur Nègre

Cette garantie rejoint un principe plus large qui est le principe du respect des droits de la défense de
l’administré vis-à-vis de l’administration, les droits de la défense sont reconnus comme un principe général
du droit (PGD) par le CE → CE, ass., 25 juin 1948, Société du Journal « L’Aurore »

Aujourd’hui l’article L. 121-1 du CRPA dispose que toutes les décisions qui sont soumises à l’obligation de
motivation sont également soumises aux contradictoires.
L. 121-1 du CRPA : « Les décisions mentionnées à l'article L. 211-2 n'interviennent qu'après que la personne
intéressée a été mise à même de présenter des observations écrites et, le cas échéant, sur sa demande, des
observations orales. Cette personne peut se faire assister par un conseil ou représenter par un mandataire
de son choix.
L'administration n'est pas tenue de satisfaire les demandes d'audition abusives, notamment par leur nombre
ou leur caractère répétitif ou systématique »
➔ Cela signifie que l’administration est tenue de soumettre au contradictoire les décisions qu’elle devra
motiver à l’écrit. L’administration n’est pas obligée de soumettre au contradictoire les demandes
abusives à cause de leur caractère répétitif

Paragraphe 2. L’écriture des actes administratifs unilatéraux

A. La motivation
La motivation consiste à ce que l’acte pris par l’administration précise à l’écrit les considérations de droit et
de faits qui constituent le fondement de sa décision, il n’existe aucun principe général de motivation,
l’administration est seulement tenue de préciser le sens des décisions que la loi lui impose de motiver. SI le
CE n’a pas consacré de principe général de motivation ces actes c’est pour ne pas alourdir le travail de
l’administration.
Pour identifier les décisions soumises à la motivation et donc aussi soumises aux contradictoires il faut
adopter un raisonnement en 2 temps :
- Invoquer l’article L. 211-2 du CRPA et écrire que seul les décisions individuelles défavorables sont
concernées par ces obligations. Une décision ne peut être défavorable qu’aux destinataires de l’acte
→ CE, 9 décembre 1983, Vladescu : « L'appréciation du caractère défavorable d'une décision doit se
faire en considération des seules personnes physiques ou morales qui sont directement concernées
par elle ». Les tiers à la décision n’ont donc aucun droit à la motivation, exemple : si quelqu’un
obtient un permis de construire le voisin de ce dernier ne peut pas l’empêcher car c’est un tiers et ce
n’est donc pas le destinataire

- La décision doit rentrer dans l’une des 8 catégories visés à l’article L. 211-2 du CRPA

Art. L. 211-2 du CRPA: « Les personnes physiques ou morales ont le droit d'être informées sans délai des
motifs des décisions administratives individuelles défavorables qui les concernent.
A cet effet, doivent être motivées les décisions qui :
1° Restreignent l'exercice des libertés publiques ou, de manière générale, constituent une mesure de police
2° Infligent une sanction ;
3° Subordonnent l'octroi d'une autorisation à des conditions restrictives ou imposent des sujétions ;
4° Retirent ou abrogent une décision créatrice de droits ;
5° Opposent une prescription, une forclusion ou une déchéance ;
6° Refusent un avantage dont l'attribution constitue un droit pour les personnes qui remplissent les
conditions légales pour l'obtenir ;
7° Refusent une autorisation, sauf lorsque la communication des motifs pourrait être de nature à porter
atteinte à l'un des secrets ou intérêts protégés par les dispositions du a au f du 2° de l'article L. 311-5 ;
8° Rejettent un recours administratif dont la présentation est obligatoire préalablement à tout recours
contentieux en application d'une disposition législative ou réglementaire.

B. La signature

Art. L. 212-1 du CRPA : « Toute décision prise par une administration comporte la signature de son auteur
ainsi que la mention, en caractères lisibles, du prénom, du nom et de la qualité de celui-ci ».
Cette garantie permet à l’administré d’identifier l’auteur de la décision et, si besoin, d’échanger avec lui pour
introduire un recours (différencier/définir recours administratif et recours hiérarchique).
Le CE ne sanctionne pas toutes les décisions qui ne sont pas signées, l’objectif de cette garantie est de
pouvoir identifier l’auteur de la décision et donc parfois même en l’absence de signature la simple mention
du nom, du prénom et de l’adresse administrative de l’autorité compétente suffit à remplir cette obligation.
Autrement dit, l’obligation de signature est surtout une obligation de pouvoir identifier l’auteur de la décision
CE, 8 avril 2009, Commune de Fameck
« La seule circonstance que la signature de l'auteur de l'arrêté du 29 juin 2004 serait illisible est sans incidence
sur la légalité de cette décision, laquelle comporte au demeurant, de manière lisible, le nom, l'initiale du
prénom et la qualité du signataire, et permet donc d'identifier ce dernier sans ambiguïté ».

Paragraphe 3. L’entrée en vigueur des actes administratifs unilatéraux

A. L’entrée en vigueur des actes réglementaires

L’entrée en vigueur d’un acte constitue le moment où il produit l’ensemble de ses effets càd le moment où
l’acte peut être invoqué par les administrés ou opposés par l’administration. Un acte règlementaire entre en
vigueur le lendemain du jour de sa publication dans le journal officiel pour les décrets ou aux bulletins officiels
pour les arrêtés. → Art. L. 221-2 du CRPA 
Comme la loi, un acte administratif ne peut pas être rétroactif càd qu’il ne peut pas s’appliquer à de situations
antérieures à sa publication (principe de non-rétroactivité).
Il existe des cas dans lesquels l’administration doit reporter l’entrée en vigueur des actes règlementaires à
une date ultérieure à celle du lendemain de sa publication au JO.

Dès lors que la sécurité juridique pourrait être bouleversée par la nouvelle règlementation du fait de son
application immédiate aux situations en cours. La sécurité juridique est un PGD depuis la décision CE, ass.,
24 mars 2006, KPMG

Le CE oblige l’administration à prendre des mesures transitoires et donc à reporter l’entrée en vigueur d’un
acte règlementaire dès lors que cette acte porterait une « atteinte excessive aux intérêts publics ou privés
en cause → CE, sect., 13 décembre 2006, Mme Lacroix. Cette jurisprudence est codifiée mot à mot à l’article
L. 221-5 du CRPA

B. L’entrée en vigueur des décisions individuelles

1. L’entrée en vigueur des décisions expresses

Une décision express est une décision individuelle écrite qui est envoyée à son destinataire et cette décision
express entre en vigueur au moment où elle est notifiée à son destinataire. → Art. L. 221-8 du CRPA : « Une
décision individuelle expresse est opposable à la personne qui en fait l'objet au moment où elle est notifiée 

2. L’entrée en vigueur des décisions implicites

Une décision implicite est une décision qui nait du silence de l’administration autrement dit lorsqu’un
administré demande à l’administration de prendre une décision et que l’administration ne répond pas la loi
considère après un certain délai de silence qu’une décision est née de ce silence une décision de rejet ou une
décision d’acceptation.
Depuis 2015 après un délai de 2 mois à la suite d’une demande le silence de l’administration fait naître une
décision implicite d’acceptation de la demande → art. L. 231-1 du CRPA : « Le silence gardé pendant deux
mois par l'administration sur une demande vaut décision d'acceptation ».

Le législateur a prévu de nombreuses exceptions à la règle du silence vaut acceptation en effet l’article L.
231-4 du CRPA prévoit tout un ensemble d’exception dans lesquels le silence est interprété comme une
décision de rejet

art. L. 231-4 CRPA : « Par dérogation à l'article L. 231-1, le silence gardé par l'administration pendant deux
mois vaut décision de rejet :

1° Lorsque la demande ne tend pas à l'adoption d'une décision présentant le caractère d'une décision
individuelle ;

2° Lorsque la demande ne s'inscrit pas dans une procédure prévue par un texte législatif ou réglementaire
ou présente le caractère d'une réclamation ou d'un recours administratif ;

3° Si la demande présente un caractère financier sauf, en matière de sécurité sociale, dans les cas prévus par
décret ;

4° Dans les cas, précisés par décret en Conseil d'Etat, où une acceptation implicite ne serait pas compatible
avec le respect des engagements internationaux et européens de la France, la protection de la sécurité
nationale, la protection des libertés et des principes à valeur constitutionnelle et la sauvegarde de l'ordre
public

5° Dans les relations entre l'administration et ses agents ».

Pour les décisions implicites leurs entrée de vigueur est simplement conditionnée à l’écoulement d’un délai
de 2 mois, elles n’ont pas à être notifiées car elles ne sont pas formalisées

Chapitre 2 : Les contrats administratifs

Cm valentin

Art. 1101 du code civil


« Le contrat est un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes destinées à créer, modifier,
transmettre ou éteindre des obligations ». → Cet art donne une définition général du contrat en tant
qu’acte juridique.Le contrat adm est donc un accord de volonté entre l’administration et un ou
plusieurs cocontractant dont l’objet est administratif.

Important : L’adm est tout autant susceptible d’être partie à un contrat de droit privé qu’a un
contrat adm.
Toutefois, les règles applicables à ces 2 types de contrats ne sont pas du tout les mêmes. En effet,
en raison de l’intérêt général qui s’attache au contrat adm, l’administration dispose de pouvoir
exorbitant qui n’existe pas en droit privé des contrats.
De plus, la juridiction compétente n’est pas la même. Le contentieux des contrats de droit privé est
réglé devant la juridiction judiciaire. Le contentieux des contrats adm est réglé devant la juridiction
adm.
Section 1. L’identification du contrat administratif

Aide cas pratique : pour savoir si un contrat est administratif, il faut procéder en 2 temps :
- D’abord, il faut rechercher si le contrat est susceptible de faire l’objet d’une qualification légal
(paragraphe 1)
- En l’absence de qualification légal, il faut rechercher les critères d’identification
jurisprudentielle (paragraphe 2)

Paragraphe 1. Les qualifications légales

Certains contrats sont administratifs car la loi les qualifie comme tel. Il y a 2 types de contrats qui sont
concernés :
- Les contrats de la commande publique
- Les conventions d’occupation du domaine pub

A. Les contrats de la commande publique

La commande pub : concerne tous les contrats qui sont soumis à des règles de publicités et de mise en
concurrence avant d’être conclu. Lorsqu’un contrat passé par l’adm dépasse une certaine somme d’argent
(entre 50 000 et 100 000 euros), l’adm est obligée d’informer de son intention de contracter dans un journal
d’annonce légal : c’est la publicité.
Ensuite, elle doit obligatoirement mettre en concurrence les différentes entreprises qui répondent à l’offre
publié. L’adm est alors obligée de choisir comme cocontractant l’entreprise qui répond le mieux aux critères
de sélection qu’elle avait préalablement définis lors de la publicité.

La commande pub permet de satisfaire au principe de transparence, de bonne gestion de l’argent pub et
d’égalité entre les sociétés afin d’éviter toute discrimination ou favoritisme.

Toutes les règles de la commande pub, et donc le code de la commande pub, ont une origine européenne
afin de garantir la pleine effectivité du marché concurrentielle européen.
ð Art. L3 du code de la commande publique
« Les acheteurs et les autorités concédantes respectent le principe d'égalité de traitement des candidats à
l'attribution d'un contrat de la commande publique. Ils mettent en œuvre les principes de liberté d'accès et
de transparence des procédures, dans les conditions définies dans le présent code. Ces principes permettent
d'assurer l'efficacité de la commande publique et la bonne utilisation des deniers publics ».

IL existe deux types de contrats de la commande pub :


- Les marchés pub : sont des contrats par laquelle l’adm se procure des moyens d’assurer ses
missions qu’elles gèrent directement. EX/ une université souhaite acheter du matériel, construire un
bâtiment. Pour cela, l’université doit passer une marché pub. Elle verse une somme d’argent à une
entreprise qui lui délivre la contre prestation.
ð Art. L. 1111-1 du code de la commande publique
« Un marché est un contrat conclu par un ou plusieurs acheteurs soumis au présent code avec un ou plusieurs
opérateurs économiques, pour répondre à leurs besoins en matière de travaux, de fournitures ou de services,
en contrepartie d'un prix ou de tout équivalent ».

- Des concessions :
ð Art. L. 1121-1 du code de la commande publique 
« Un contrat de concession est un contrat par lequel une ou plusieurs autorités concédantes soumises au
présent code confient l'exécution de travaux ou la gestion d'un service à un ou plusieurs opérateurs
économiques, à qui est transféré un risque lié à l'exploitation de l'ouvrage ou du service, en contrepartie soit
du droit d'exploiter l'ouvrage ou le service qui fait l'objet du contrat, soit de ce droit assorti d'un prix ».
Ce qui différencie un marché pub d’une concession n’est pas leur objet (ces deux contrats peuvent porté sur
la réalisation de travaux, services ou délivrance de fourniture) mais la différences tient en ce que le titulaire
d’une concession n’est pas rémunérer par le versement d’un prix mais par le droit d’exploiter le service. Ce
qui permet au cocontractant de l’adm de se rémunérer auprès des usagers du service.
La différence entre le marché pub et la concession repose donc sur le modèle financier du contrat. S’il n’y a
pas de risque financier pour le cocontractant, il s’agit d’un marché. S’il y a un risque financier, il s’agit d’une
concession.

EX/ si une administration souhaite donner sa gestion des piscines, soit-elle l’a donné à une entreprise (en lui
donnant de l’argent), il s’agit d’un marché car il n’y a pas de risque pour l’entreprise. Soit l’adm donne un prix
d’accès à la piscine et donc l’entreprise reçoit l’argent des usagers et donc un risque pour l’entreprise car on
ne sait pas s’il y aura suffisamment d’entrée, il s’agit donc d’une concession.

Art. L6 du Code de la commande publique


ð Les contrats de marché pub et les concessions sont des contrats adm des lors qu’ils sont conclus
par une personne morale de droit pub.

Cas pratique : identifier la nature du contrat


- Regarder les qualifications légales
- Regarder si le contrat répond à la définition du marché ou de la concession. Si c’est le cas, il suffit
de dire que ce contrat est passé par l’adm pour qu’il soit qualifié de contrat adm en application de
l’art L6.

C. Les conventions d’occupation du domaine public

Art. L. 2331-1 du code général de la propriété des personnes publiques


ð Cet art qualifie de contrat adm toute les convention d’occupation du domaine pub.

Tout les biens de l’adm peuvent soient relevé de son domaine privé, soit de son domaine pub.
Les biens relevant du domaine privé sont soumis aux règles du code civil de la propriété privé et des contrat
privé.
Les biens du domaine pub sont soumis à des règles protectrices issues du CG3P et les contrats qui concernent
les domaines pub sont toujours adm.

Le contrat d’occupation du domaine pub est un contrat conclu par l’adm qui autorise son cocontractant à
occupé temporairement le domaine pub moyennant le versement d’un loyer à l’adm.

Art. L. 2111-1 du CG3P


« Le domaine public d’une personne publique est constitué des biens lui appartenant qui sont soit affectés à
l'usage direct du public, soit affectés à un service public pourvu qu'en ce cas ils fassent l'objet d'un
aménagement indispensable à l'exécution des missions de ce service public ».
Cas pratique : en cas d’absence de qualification légale, il faut regarder dans les critères
jurisprudentiels.

Paragraphe 2. Les critères jurisprudentiels

Cas pratique : toujours commencer par le critère organique puis le critère matériel/

A. Le critère organique

Pour qu’un contrat soit administratif, en principe, il faut que l’adm soit partie au contrat.
Il existe 2 autres cas :
Un contrat conclu entre 2 personnes privées peut–il être adm ?

Cas pratique : il existe une présomption. Le contrat conclu entre 2 personnes de droit privée est présumé
être un contrat de droit privé. → TC, 3 mars 1969, Société́ Interlait

Mais, dans des cas très rare, la présomption peut être renversée et le contrat est qualifié d’administratif.
D’une part, il s’agit du cas où l’une des personnes privée agit au nom et pour le compte de l’adm par le biais
d’un mandat.

D’autre part, il s’agit des cas où l’adm agit par l’intermédiaire d’une association transparente. Dans ce cas,
l’adm crée une asso pour gérer un service dans le seul but d’être soumis au droit privé en évitant notamment
les règles de la commande pub, du droit de la fonction pub et de la comptabilité pub. → CE, 21 mars 2007,
Commune de Boulogne-Billancourt

Le juge adm va utiliser un faisceau d’indice pour qualifier l’existence de l’adm à travers l’association. Le juge
regarde 4 indices :
- Les conditions de création de l’association (est-elle crée par l’adm ?)
- Les conditions de contrôle et du fonctionnement de l’asso.
- La provenance des ressources de l’asso. (Financement provient-il de l’adm ?)
- La nature de la mission de l’asso. (Est-ce une mission d’intérêt général ?).

Un contrat qui est conclu entre 2 personne publiques est -il un contrat administratif ?

le contrat conclu entre 2 personnes pub est présumé un contrat administratif


➔ TC, 21 mars 1983, Union des assurances de Paris
« Un contrat conclu entre deux personnes publiques revêt un caractère administratif, sauf dans le cas où, eu
égard à son objet, il ne fait naître entre les parties que des rapports de droit privé ».

B. Le critère matériel

Cas pratique : le critère organique n’est pas suffisant à lui seul, il dit être complété par un critère matériel et
le critère matériel se subdivise en 2 branches :
- Le critère du service pub
- Le critère de la clause exorbitante.
Il faut prendre soit l’un soit l’autre.

1. Le service public

Il existe 3 possibilités pour qualifier le critère du service pub :

- Le cocontractant de l’administration est chargé de l’exécution du service pub dans sa totalité.


→ CE, sect., 20 avril 1956, Époux Bertin
Autrement dit, le contrat a pour objet de confier le gestion d’un service pub à son cocontractant.

- Le cocontractant de l’administration participe à l’exécution d’un service pub de manière partielle. Il


donne une partie de la gestion a son cocontractant.
→ CE, 4 juin 1954, Affortit et Vingtain

- Le cocontractant de l’administration est destinataire du service pub. Par ex : il s’agit du cas où un


contrat est conclu entre l’adm en charge d’un service pub administratif et ses usagers.
→ CE, sect., 20 avril 1956, Grimouard
2. La clause exorbitante

Un contrat conclu par une personne pub des lors qu’il contient une clause exorbitante de droit commun est
un contrat adm. Même si le critère du service pub n’est pas rempli.
→ CE, 31 juillet 1912, Société des granits porphyroïdes des Vosges

La clause exorbitante a été pendant longtemps, difficile à définir. Il peut s’agir soit des clauses impossible ou
illicites, soit des clauses non usuelles (pas bcp utilisé) en droit privé.

EX de clause exorbitante : il existe une clause exorbitante très fréquente dans les contrat adm qui prévoit
que l’adm peut résilier sans justification le contrat.

Le problème de la jurisprudence est qu’elle était casuistique (pas de bonne définition). Donc la jurisprudence
était hésitante. De plus, le critère de la clause exorbitante était qualifié de subjectif ou de volontariste car
l’adm pouvait choisir la nature de son contrat en y insérant volontairement une clause exorbitante.

En 2015, le TC a mis fin à ces hésitations en définissant la clause exorbitante comme « la clause qui,
notamment, par les prérogatives à la personne pub contractante dans l’exécution du contrat, implique, dans
l’intérêt général, qu’il relève d’un régime exorbitant des contrats adm ».
Pour cas pratique : commencer par la définition de 2015.
Deux conditions cumulative sont dorénavant nécessaire pour qualifier une clause exorbitante :

- La clause doit révéler la soumission du contrat au régime exorbitant des contrats adm. La clause doit
conférer à la personne pub des prérogatives exorbitantes ou imposer à son cocontractant des
obligations exorbitantes, cad, inconnu des droits privés

- La clause doit répondre à un but d’intérêt général. Autrement dit, une clause qui institue un rapport
inégalitaire entre les cocontractants, sans but d’intérêt général, ne peut pas être qualifier
d’exorbitante.

15 octobre 2014, Axa Iard


cm valentin

Section 2 : le régime du contrat administratif

Paragraphe 1 : l’exécution du contrat administratif

Il existe un déséquilibre structurel dans l’exécution du contrat au profit de l’administration afin qu’elle
préserve l’intérêt général rattaché au contrat. Elle dispose d’un pouvoir de contrôle, de sanction et
d’adaptation.

A. Le pouvoir de contrôle

L’administration dispose d’un pouvoir général de contrôle de son cocontractant. Il faut différencier entre 2
pouvoirs de contrôle, d’abord un pouvoir de « contrôle surveillance », l’administration vérifie que son
cocontractant exécute correctement le contrat. L’administration dispose aussi d’un « pouvoir de contrôle
direction » elle peut ainsi orienter l’action de son cocontractant concernant la manière dont il exécute ses
obligations. Ce pouvoir de contrôle est pour la plupart du temps prévu et délimité par les textes et par les
clauses du contrat.
CE, 31 mai 1907, Deplanque → même sans texte ou sans que le contrat ne le prévoit une personne publique
peut toujours sanctionner son cocontractant lorsqu’il commet une faute, en contrepartie le cocontractant
dispose de toutes les garanties qui s’attachent aux sanctions (la sanction doit être motivée, rendue de
manière contradictoire, doit respecter tous les droits de la défense et enfin doit avoir un caractère
proportionnée) le plus souvent ce pouvoir sa manifeste par des sanctions pécuniaires (dont l’objet est le
versement d’une somme d’argent). Très concrètement, si le cocontractant n’exécute pas ou exécute
tardivement le contrat l’administration lui demandera de payer des pénalités de retard. En cas de montant
excessif des pénalités le cocontractant peut saisir le juge administratif qui peut moduler les sanctions
pécuniaires.

Il y a des élément extérieurs au contrat qui viennent modifier la situation économique

B. L’adaptation du contrat

2. L’adaptation par la personne publique


L’administration peut unilatéralement modifier le contenu d’un contrat → CE, 11 mars 1910, Cie des
tramways. Le préfet des bouches du Rhône impose à la société des tramways qui est une entreprise privée
une augmentation du nombre de rames par train en service pour répondre aux besoins de la population.
Face a l’augmentation du nombre de voyageurs le préfet demande à l’entreprise d’augmenter le nombre de
places dans les trains. Le CE considère que l’administration peut modifier unilatéralement un contrat sur le
fondement du principe de mutabilité du service public. En contrepartie l’aggravation des charges par le
pouvoir de modification unilatéral de l’administration ouvre droit à une indemnité pour le cocontractant.

Le CE a jugé plus tardivement que le pouvoir de modification unilatéral était un pouvoir général qui s’applique
même si aucun texte ne le prévoit et même si aucune clause dans le contrat ne le prévoit. CE, 2 février 1983,
Union des transports publics régionaux et urbains
Limite : pour les contrats de la commande publique l’utilisation du pouvoir de modification unilatéral est plus
limitée, si la modification bouleverse le contrat l’administration est tenue de suivre une nouvelle procédure
de mise en concurrence et de publicité.

3. L’adaptation aux aléas

Deux théories permettent de modifier le contenu d’un contrat pour répondre à des aléas qui ne permettent
plus aux cocontractants de l’administration d’exécuter le contrat :
- Théorie de l’imprévision : CE, 30 mars 1916, Compagnie générale d’éclairage de Bordeaux. En
l’espèce il s’agissait d’un contrat entre la ville de Bordeaux et une société qui gérait l’’éclairage de la
ville, l’éclairage au gaz était devenu très onéreux, l’économie du contrat est bouleversée en effet la
société agit à perte au profit de l’administration. Le juge s’appuie alors sur la théorie de l’imprévision
il dit qu’en cas d’imprévision le cocontractant de l’administration est obligé de poursuivre l’exécution
du contrat mais en contrepartie l’administration devra verser à ce cocontractant une indemnité
d’imprévision qui est fixée à l’amiable entre les parties et en cas de contestation elle est déterminée
par le juge.

- Théorie de la force majeure : CE, ass., 9 décembre 1932, Compagnie des tramways de Cherbourg.
Dans les faits une compagnie en 1932 gère les transports en commun de la ville de Cherbourg,
problème : après la première guerre mondiale l’exploitation devient très déficitaire pour l’entreprise
notamment à cause de la crise économique. Pour faire face à cet évènement la ville autorise la
société à augmenter les prix des transports en commun. L’augmentation des tarifs a pour effet de
diminuer la fréquentation des transports et l’équilibre financier du contrat en ressort totalement
bouleversé. Le cocontractant agit à perte, ici le contrat est bouleversé de manière définitive. Face à
cette impasse le juge sur le fondement de la théorie de la force majeure autorise le cocontractant de
l’administration à demander la résiliation du contrat.

Pour le cas pratique :

Pour une imprévision il faut :


- Un aléas extérieur aux parties (l’une des parties n’en est pas la cause)
- Il faut que ce soit imprévisible au moment de la signature du contrat
- Il faut que cet aléas bouleverse l’économie du contrat, il ne faut pas un petit manque à gagner mas
un vrai bouleversement
- Il faut que cet aléas soit temporaire càd limité dans le temps
Une fois que ces 4 conditions sont remplies :
- en cas d’imprévision le cocontractant doit continuer à exécuter le contrat, en contrepartie il reçoit
l’indemnité d’imprévision. Si le cocontractant de l’administration n’exécute plus le contrat il commet
une faute qui peut justifier une sanction et il se prive du bénéfice de l’indemnité d’imprévision
Pour la force majeure :
- Un aléas extérieur aux parties (l’une des parties n’en est pas la cause)
- Il faut que ce soit imprévisible au moment de la signature du contrat
- Il faut que cet aléas bouleverse l’économie du contrat, il ne faut pas un petit manque à gagner mas
un vrai bouleversement
Ce qui change c’est la dernière condition :
- l’aléas n’est pas temporaire, il est définitif. C’est la raison pour laquelle dans ce cas le juge peut
résilier le contrat à la suite d’une demande du cocontractant de l’administration.

CE, avis, ass. g., section de l’administration, 15 septembre 2022.


➔ Le 15 septembre 2022 le CE a rendu un avis concernant l’imprévision en réponse à l’inflation. Le CE
rappelle que le cocontractant de l’administration peut toujours demander à la personne publique de
modifier les clauses financières du contrat mais que l’administration n’est jamais obligée d’accepter.
Le seul droit du cocontractant est de saisir le juge pour obtenir une indemnité d’imprévision.

CE 14 juin 2000, Commune de Staffelfeden → en l’espèce on a un contrat entre une commune et une
entreprise qui fournissait de l’eau aux habitants (contrat prévu pour une durée de 20 ans). Le préfet du Bas-
Rhin en raison d’une pollution chimique accidentelle ordonne l’arrêt des captages de l‘eau dans la source
utilisée par l’entreprise. Le préfet estime à 200 ans la durée pour décontaminer la source. Dans l’urgence
pour exécuter ses obligations contractuelles la société s’est fournie auprès de la commune de Mulhouse qui
avait de l’eau à disposition. Ensuite la société met en service une autre source d’eau qui est beaucoup plus
éloignée que la première et le coût d’approvisionnement est très supérieur à celui de la source initiale et
polluée. La société demande à la commune d’augmenter les tarifs ce que la commune refuse, la société saisit
le tribunal administratif et demande le versement d’une indemnité d’imprévision d’un montant d’1M
d’euros.
Voir si les 4 conditions sont remplies :
- En l’espèce il s’agit d’un aléas imprévisible : la pollution est accidentelle et n’était pas prévisible par
les partie.

- Il s’agit d’un aléas extérieur aux parties : ni l’administration ni son cocontractant ne sont
responsables de la pollution

- L’économie du contrat est bouleversée puisque l’entreprise est déficitaire d’1M d’euros.

- Lorsque la société s’est fournie auprès de la ville de Mulhouse cet événement reste temporaire ce
qui justifie pour le CE de qualifier une imprévision et finalement il fixe l’indemnité d’imprévision à
hauteur de 25M d’euros pour le cocontractant de l’administration. A l’inverse la période qui suit
l’ouverture de la nouvelle source crée un approvisionnement qui est définitivement déficitaire pour
l’entreprise ce qui permet au CE de qualifier la force majeure et de prévoir la résiliation du contrat.

Paragraphe 2. L’extinction du contrat administratif

La plupart du temps le contrat prend fin lorsque sa durée est expirée ou lorsque la prestation est exécutée
mais il existe une particularité du droit administratif : l’administration peut mettre fin au contrat de par sa
seule volonté on appelle cela la résiliation unilatérale.

A. La résiliation pour motif d’intérêt général

CE, ass, 2 mai 1958, Distillerie de Magnac-Laval → lorsque l’administration considère que le contrat ne
correspond plus à ses besoins elle peut y mettre fin unilatéralement c’est un pouvoir qu’elle tient « des règles
générales applicables aux contrats administratifs » autrement dit ce pouvoir existe même si aucun texte ne
le consacre et même si le contrat ne le prévoit pas.
Le pouvoir de résiliation unilatéral existe même si l’administration l’écarte expressément dans une clause du
contrat → CE, 6 mai 1985, Association Eurolat

Pour le cas pratique :


Il existe 2 conditions essentielles pour la résiliation unilatérale :
- Il faut que l’administration invoque un motif d’intérêt général, la plupart du temps ce motif concerne
les besoins du SP

- En contrepartie l’administration doit indemniser son cocontractant compte tenu de la résiliation


unilatérale.
Lorsque l’administration résilie le contrat, le cocontractant bénéficie d’une voie de recours particulière
devant le juge administratif, c’est le recours en reprise des relations contractuelles qu’o appelle aussi le
recours Béziers. → CE, 27 février 2015, Commune de Béziers
B. La résiliation pour faute
L’administration dispose d’un pouvoir général de résiliation du contrat en cas de faute de son cocontractant
en application de la jurisprudence CE, 30 septembre 1983, Société Comexp.

Les conditions à remplir :


- La faute doit être d’une gravité suffisante, il faut une grave défaillance ou un refus d’exécution du
contrat
- Avant la résiliation, l’administration doit respecter les droits de la défense de son cocontractant
En cas de résiliation pour faute le cocontractant n’a le droit à aucune indemnisation

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