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IMPACT DES PRINCIPES DE BONNE GOUVERNANCE SUR LA QUALITE

DE LA COMMUNICATION FINANCIERE PAR INTERNET : CAS DES


SOCIETES NON FINANCIERES COTEES A LA BOURSE DE CASABLANCA

SAMI HABBOUCH
Doctorant
Université Ibn Tofail, Kénitra, Maroc.
samyhabbouch@hotmail.com

Résumé

En prolongeant les études antérieures sur l’offre volontaire d’information, notre


recherche à pour ambition de démontrer comment les principes de bonne gouvernance
d’entreprise peuvent influencer la communication financière par internet dans le
contexte marocain. Nous avons testé l’impact des caractéristiques liées au conseil
d’administration, à la structure de propriété et à la qualité de l’audit sur un échantillon
de 49 sociétés non financières cotées à la bourse de Casablanca. Contrairement aux
différentes recherches réalisées à travers le monde, les résultats ont montré qu’aucun
mécanisme de gouvernance n’influençait positivement et significativement la qualité de
la communication financière par internet. Par contre, l’actionnariat familial quant à lui
influence négativement et significativement la diffusion d’informations financières sur
internet.

Mots clés :communication financière sur internet, gouvernance des entreprises, indice
de publication.

Abstract

Extending previous studies on the voluntary provision of information, our research aims
to demonstrate how the principles of good corporate governance can influence financial
communication via the Internet in the Moroccan context. We have tested the impact of
characteristics related to the board of directors, ownership structure and the quality of
the audit of a sample of 49 listed non-financial companies at the Casablanca stock
exchange. Unlike the various researches realised around the world, the results showed
no governance mechanism positively and significantly influenced the quality of
financial reporting through the internet. Whereas, the family shareholders negatively
and significantly influenced the dissemination of financial information on the Internet.

Keywords :financial communication on the internet, corporate governance, publication


index.

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Introduction

La manipulation des résultats financiers de grandes entreprises internationales telles que


Worldcom, Enron, ou Vivendi a suscité de nombreuses questions sur la fiabilité et la
qualité de l’information financière. Des codes de bonne gouvernance d’entreprise ont
été adoptés par de nombreux pays afin de restaurer la confiance des investisseurs et de
réglementer les pratiques de publication de l’information financière. Dans un contexte
de mondialisation, le Maroc a été obligé de suivre en adoptant en mars 2008 « le code
marocain de bonnes pratiques de gouvernance d’entreprise » aligné sur les benchmarks
internationaux et largement inspiré des principes de gouvernement d’entreprise de
l’OCDE.
La présente recherche se focalise sur l’information financière diffusée par internet. Le
développement de la technologie internet à engendrer en quelques décennies, de
profondes mutations dans le processus de communication tant financière que non
financière des entreprises. L’outil internet a pris au fil des années une dimension
stratégique puisqu’il permet non seulement une interaction en temps réel, sans frontière,
rapide et peu couteuse, mais également l’intégration de présentations puissantes
d'hypertexte et d'hypermédia (Debreceny et al, 2002).
Une lecture critique de la réglementation marocaine en vigueur permet de constater que
jusqu'à présent le CDVM, organisme de contrôle du marché boursier marocain, s’inscrit
dans le cadre d’une vision traditionnelle de la communication financière et n’envisage
internet que comme un vecteur supplémentaire d’une information déjà diffusée via les
supports classiques de l’information. Le contexte de cette recherche est très intéressant
car le Maroc est un pays en voie de développement et donc les entreprises sont
normalement peu enclines à diffuser par rapport à celles des pays développés.
L’absence de réglementation de ce nouveau support de communication fait que le
comportement des entreprises marocaines peut varier considérablement.
L’étude de l’information financière diffusée par les entreprises marocaines sur leur site
web nous parait particulièrement intéressante car elle permettra de mieux comprendre
comment les entreprises marocaines considèrent et utilisent ce nouveau support de
communication non officiel. Elle sera également utile pour les organismes de
réglementation dont le souci est de faire évoluer les règles qui encadrent la transparence
de l’information financière. Notre travail a pour ambition de mettre en évidence, dans

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un contexte marocain, les principes de gouvernance d’entreprise susceptibles


d’influencer la qualité de communication financière par internet des entreprises cotées à
la bourse de Casablanca.

1. Le cadre théorique : développement des hypothèses.

La revue de la littérature montre clairement que les théories de l’agence et du signal


présentent un cadre pertinent pour analyser les relations entre l’offre d’information
volontaire par internet et les mécanismes de contrôle des dirigeants. Il semblerait que les
résultats des recherches antérieures (Etats-Unis, Europe) restent assez mitigés. Certaines
études confirment l’impact de ces mécanismes sur le niveau de la communication
financière, alors que d’autres l’infirment.

1.1 Le conseil d’administration

Le conseil d’administration est l’un des mécanismes de contrôle qui a été le plus
examiné dans les recherches sur la gouvernance d’entreprise et la question de son utilité
a fait l’objet de nombreux débats au cours de la dernière décennie (Charreaux, 2000).
Cependant, plusieurs variables peuvent influer sur le degré et l’efficacité du contrôle
exercé par le conseil d’administration.

1.1.1 La taille

La taille est l’un des attributs essentiels du conseil d’administration qui peut affecter son
fonctionnement et éventuellement son efficacité. Il n’existe pas de taille idéale pour
toutes les entreprises, celle-ci dépend du secteur d’activité et surtout de la taille de
l’entreprise (Fama, 1980).
De nombreux chercheurs estiment que les conseils composés d’un grand nombre
d’administrateurs sont moins aptes à discipliner correctement les dirigeants en raison de
la difficulté d’obtenir un consensus sur les décisions importantes et par conséquent la
protection des intérêts des actionnaires s’en trouve alors amoindrie (Godard et Schatt,
2004).
Il semblerait selon Jensen (1993) que la taille optimale d’un conseil serait comprise
entre 7 et 8 membres, car au-delà son efficience serait moindre dans la mesure où il
serait plus aisé pour le dirigeant de le manipuler.

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En se référant aux études théoriques et empiriques nous formulerons l’hypothèse


suivante :
H1 : La qualité de la communication financière par internet diminue avec la taille du
conseil d’administration.

1.1.2 La dualité

Selon la théorie d’agence, la gestion et le contrôle doivent être séparés dans l’intérêt des
actionnaires (Jensen et Meckling, 1976). Le cumul de ces deux fonctions fait du PDG le
seul maître à bord. L’ensemble des pouvoirs sont concentrés entre les mains du
directeur général avec la possibilité d’un accroissement du risque d’opportunisme
contraire aux intérêts des actionnaires. Le cumul des fonctions de décision (direction
générale) et de contrôle (présidence du conseil) est considéré du point de vue de la
théorie d’agence comme étant une source potentielle de conflits d’intérêt. En contrôlant
les réunions du conseil, il cherchera à protéger ses propres intérêts tout en diminuant les
fonctions du conseil d'administration au détriment des actionnaires de l’entreprise. Fama
et Jensen (1983) abondent dans le même sens lorsqu’ils affirment que le conseil
d'administration devient inefficace lorsque la direction et la gestion ne peuvent pas être
contrôlées objectivement.
Les coûts d’agence peuvent être réduits par la séparation de ces fonctions. Celle-ci est
considérée comme étant un moyen qui renforce l’indépendance et l’efficacité du conseil
d’administration, en autorisant à ce dernier une évaluation objective de la performance
du dirigeant(Haniffa et Cooke, 2002). Sur la base de ces arguments, nous formulons
l’hypothèse suivante :
H2 : La qualité de la communication financière par internet augmente avec la
séparation des rôles du président du conseil d’administration et de chef de direction.

1.1.3 L’indépendance des membres du conseil d’administration

Plus la proportion des administrateurs indépendants dans le conseil sera importante,


plus le contrôle sera efficace pour limiter l'opportunisme du dirigeant et pour
l’encourager à diffuser davantage d’informations aux actionnaires (Fama et Jensen,
1983).

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Les administrateurs internes, souvent des cadres de l’entreprise, peuvent difficilement


s’opposer ou contester les décisions prises par leur hiérarchie sans pour autant
compromettre leur carrière au sein de l’entreprise. Par ailleurs, le dirigeant peut exercer
une certaine pression sur les administrateurs internes pour accroitre son pouvoir et
alléger ainsi le contrôle exercé sur lui (Ben Ayed-Kouba, 2011).
Parfois même, les administrateurs internes sont suspectés de collusion ou d’entente avec
le dirigeant qui en profite pour développer une politique d’enracinement. Ce genre de
situation a pour conséquence le développement d’un système de traitement de
l’information interne favorable au dirigeant.
Selon la théorie de l’agence, les administrateurs externes jouent un rôle important dans
la surveillance et le contrôle de la direction en raison essentiellement de leur
indépendance. Forts de leur expérience et d’un jugement objectif, ils peuvent contester
ou s’opposer aux décisions prises par une équipe dirigeante égocentrique et
incompétente (Nekhili et Fakhfakh, 2006).
En se basant sur les études théoriques et empiriques, nous formulerons l’hypothèse
suivante :
H3: La qualité de la communication financière par internet augmente avec la
proportion d’administrateurs indépendants présents dans le conseil d’administration.

1.1.4 Le régime de gouvernance

L’entreprise cotée a le choix entre deux structures de gouvernance, la structure moniste


avec conseil d’administration ou la structure duale avec directoire et conseil de
surveillance (Li 2010).
Le code marocain de bonnes pratiques de gouvernance d’entreprise est fondé sur la
structure moniste. Néanmoins, les recommandations du dit code peuvent également
s’appliquer, aux entreprises ayant adopté la structure duale. D’ailleurs, cette forme duale
grâce à la séparation des pouvoirs entre la gestion (le directoire) et le contrôle (le
conseil de surveillance) peut être considérée comme la forme la plus efficiente pour
contrecarrer l’opportunisme managérial et inciter les dirigeants à mieux communiquer.
En effet, le conseil de surveillance, de par ses pouvoirs, exerce une pression permanente
sur le directoire pour l’obliger à agir dans l’intérêt des actionnaires. Non seulement il

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choisit les membres du directoire mais surtout c’est lui qui nomme le président du
directoire. Sur la base de ces arguments, nous formulons l’hypothèse suivante :
H4 : La qualité de la communication financière par internet augmente avec la
structure duale.

1.1.5 Existence de comités spécialisés.

La mise en place de comités spécialisés a pour objectif d’améliorer le bon


fonctionnement du conseil d’administration. Préconisés par tous les codes de bonne
gouvernance internationaux, ils devraient être composés uniquement d’administrateurs
indépendants possédant certaines compétences spécifiques.
Selon le code marocain de bonnes pratiques de gouvernance d’entreprise l’existence de
comités spécialisés au sein de l’organe de gouvernance constitue un élément central de
la gouvernance d’entreprise. Ces comités doivent rendre compte en réunion de l’organe
de gouvernance de leurs travaux et doivent présenter un bilan de leurs activités dont la
synthèse doit être insérée dans le rapport de gestion.
Ledit code recommande la création d’au moins deux comités différents, à savoir : un
comité d’audit et un comité des rémunérations et nominations.
La mise en place d’un comité d’audit permet d’apporter une assistance au conseil
d’administration et notamment une aide précieuse aux administrateurs dans la prise de
décision grâce à une meilleure appréhension des aspects comptables et financiers de
l’entreprise. Il contribue en outre à délimiter le pouvoir discrétionnaire du dirigeant en
renforçant particulièrement l’indépendance des auditeurs internes et externes (Louizi,
2011).Ceci permet, par conséquent, de formuler l’hypothèse suivante :
H5 : La qualité de la communication financière par internet augmente avec
l’existence de comités spécialisés.

1.2 La structure de la propriété

Selon la revue de la littérature, la structure de l’actionnariat peut influencer


significativement le processus de communication financière en incitant le dirigeant à
diffuser les informations dont il dispose aux différentes parties prenantes.

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1.2.1 La concentration du capital


Selon la théorie d’agence, il existe dans une entreprise deux catégories de conflits
d’intérêt entre les actionnaires et les dirigeants d’une part, et entre les actionnaires
majoritaires et les actionnaires minoritaires d’autre part. La première catégorie de
conflits d’intérêt survient lorsqu’ il y a effectivement séparation des fonctions de
propriété et de gestion que l’on retrouve généralement dans les entreprises avec une
structure de capital fortement dispersée.
La seconde catégorie de conflit d’intérêt concerne surtout les entreprises dont
l’actionnariat est relativement concentré (Jensen et Meckling, 1976). A l’instar des
autres pays dans le monde, les sociétés cotées marocaines ont généralement un
actionnariat concentré.
Labelle et Schatt (2005) remarquent que ces actionnaires ont généralement recours à des
sources d’information internes à l’entreprise, et dépendent moins de la communication
financière diffusée au public. Ces actionnaires majoritaires ayant accès à toutes les
informations dont ils ont besoin, peuvent être enclin à privilégier leurs propres intérêts
aux dépends des autres actionnaires et conserver ainsi leur avantage informationnel avec
une communication minimale. Sur la base de ces arguments nous formuleront
l’hypothèse suivante :
H6 : La qualité de la communication financière par internet diminue avec la
concentration du capital.

1.2.2 Les investisseurs institutionnels

Les investisseurs institutionnels sont des investisseurs qui gèrent des fonds de manière
professionnelle au sein d’une institution ou pour le compte de leurs clients :il s’agit
principalement des banques, des compagnies d’assurances et autres institutions de
dépôt. L’accroissement des actifs détenus par ces derniers les conduit à devenir des
acteurs à part entière au sein des systèmes de gouvernance. Selon Nejjar (2011), ils sont
même considérés comme un mécanisme de contrôle des dirigeants.
Les actionnaires institutionnels sont souvent caractérisés dans la littérature comme des
investisseurs sophistiqués possédant des moyens efficaces pour la collecte et le

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traitement des informations en comparaison avec les autres investisseurs (Shleifer et


Vishny, 1997).
Les nombreux investissements qu’ils réalisent ainsi qu’un accès privilégié à
l’information leur permettent une meilleure connaissance de l’entreprise et par
conséquent une meilleure appréciation de la performance de celle-ci. Ils sont considérés
par Healy et al. (1999) comme les agents les plus sensibles à la communication
financière en termes d’informations financières régulières et de délais de publication.
Ils peuvent donc avoir une influence négative sur la communication financière en
retardant, en limitant voir même en ne diffusant pas certaines informations susceptibles
d’occasionner une perte de leur avantage informationnel (Ben Ali, 2007).Sur la base de
ces arguments, nous formulons l’hypothèse suivante :
H7 :La qualité de la communication financière par internet diminue avec la part des
investisseurs institutionnels.

1.2.3 Les investisseurs étrangers

La présence d’investisseurs étrangers est généralement considérée comme un gage de


crédibilité surtout lorsqu’il s’agit de marchés boursiers émergents.
Selon la théorie du signal, l’entreprise se doit d’assurer une communication financière
de qualité pour pouvoir les attirer et surtout les conserver (Nejjar 2011). Ces
investisseurs ont intérêt à maintenir cette qualité de communication afin d’assurer la
liquidité du titre par l’attrait permanent des petits porteurs afin qu’ils puissent
facilement récupérer leurs liquidités quand ils le souhaitent. Ils doivent donc rester
vigilant et renforcer le contrôle des dirigeants ce qui a pour conséquence une
augmentation des coûts d’agence. Selon Li (2011), pour anticiper ces coûts, les
dirigeants auront tendance à améliorer la qualité de la communication financière en
diffusant plus d’informations financières. Comme il est moins pratique pour les
investisseurs étrangers de recueillir des informations sur l’entreprise que les nationaux,
internet semble être un support particulièrement efficace puisqu’il permet de
communiquer avec le monde entier. Sur la base de ces arguments, nous formulons
l’hypothèse suivante :
H8: La qualité de la communication financière par internet augmente avec la part
des investisseurs étrangers dans le capital.

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1.2.4 Les investisseurs familiaux

Certains chercheurs affirment que lorsqu’une entreprise est contrôlée majoritairement


par une famille, il existe une faible séparation entre ceux qui en sont propriétaires et
ceux qui la dirigent et la contrôlent. Etant donné que ces familles participent
vigoureusement à la gestion de l’entreprise, en plus du conseil d’administration elles
font le plus souvent partie de la direction générale (Ben Ali et Summa, 2006).
Dans la plupart des marchés émergents, y compris le marché marocain, les entreprises
cotées sont pour la plupart contrôlées par des familles.
Très souvent imprégnées par la vision du fondateur, les entreprises contrôlées par des
groupes familiaux communiquent difficilement leurs informations au public. En effet,
ces familles soucieuses de se protéger de la curiosité des concurrents limitent la
diffusion d’informations afin de préserver leur avantage compétitif.
Cette structure de propriété exige peu de publication d’informations car les actionnaires
familiaux ont un accès libre et direct à l’information et peuvent par conséquent
influencer négativement la stratégie de communication financière de l’entreprise
(Rahman, 2002).
Sur la base de ces arguments, nous formulons l’hypothèse suivante :
H9 :La qualité de la communication financière par internet diminue avec la part des
investisseurs familiaux dans le capital.

1.3 La qualité de l’audit

La revue de la littérature indique que la qualité de l’audit dépend de la taille du cabinet


en question. De par leur grande expertise, les plus grands cabinets mondiaux dénommés
les big « four » (Deloitte Touche Tohmatsu, Pricewaterhouse Coopers, Ernst & Young
et KPMG) peuvent réduire l'asymétrie de l'information entre les actionnaires et les
directeurs en encourageant ces derniers à divulguer plus d'informations (Wallace et al,
1994).
En effet, afin de respecter la qualité de leur audit, ces grands cabinets incitent
généralement leurs clients à divulguer plus d'informations car ils ne veulent pas être
associés à des clients qui diffusent peu d’informations pouvant ainsi engendrer une
détérioration de leur réputation (Leung et Horwitz, 2004).

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En outre, tout en militant en faveur d’une information volontaire plus dense et variée,
ces grands cabinets jouent un rôle important dans la limitation du comportement
opportuniste des dirigeants et dans la réduction des coûts d'agence (Jensen et Meckling,
1976).
D’après les différentes recherches, la présence de l’un de ces cabinets est un signal de
qualité et surtout d’une certaine intégrité de l’information financière diffusée par
l’entreprise (Deangelo, 1981). Sur la base de ces arguments, nous formulons
l’hypothèse suivante :
H10 : La qualité de la communication financière par internet augmente avec la
qualité de l’auditeur.

2. Méthodologie de la recherche

2.1 Présentation de l’échantillon

L’échantillon de base retenu dans cette étude est constitué par les entreprises
marocaines cotées à la bourse de Casablanca duquel nous avons écarté les entreprises
cotées appartenant au secteur financier (banques, assurances, sociétés de financement,
sociétés de portefeuille) soumises à des normes spécifiques de présentation de
l’information financière soit 19 entreprises. Au final, notre échantillon se compose de
49 entreprises cotées si l’on exclut3entreprises dont le site est en cours de construction
et 3 qui ne possèdent pas de site internet.
Nous avons étudié les sites sur une courte période de 2 mois, de septembre à octobre
2015. Les informations sur le gouvernement d’entreprise ont été collectées à partir des
sites internet et des rapports annuels.

2.2 Le score de publication

La difficulté de définir de manière claire et unanime le concept de la qualité de


l’information s’est ressentie au niveau des différents travaux empiriques réalisés à ce
jour. A l’instar de nombreux chercheurs, nous avons opté pour la quantité de
l’information diffusée en tant que déterminant fondamental de la qualité de celle-ci
(Cooke 1989, Hossain et al., 1994, Botosan 1997, Zhou 1997, Depoers, 1999).

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Le point commun à l’ensemble des recherches sur l’évaluation de la qualité de


l’information financière a trait à la méthodologie utilisée à travers la construction d’un
indice de divulgation permettant d’attribuer un score de publication à chacune des
sociétés étudiées. Cette méthode s'est rapidement imposée dans la littérature étant donné
que la tâche essentielle pour ce type d’étude consiste à évaluer l’étendue de la
publication d’information.

Il n’existe pas de théorie générale pour l’élaboration d’un indice de publication puisque
le nombre d'items et le choix des items changent selon l’objet et le contexte de l’étude.
La plupart des recherches ont développé des indices pour évaluer la communication
financière à travers le rapport annuel. Toutefois, très peu d’indices ont été conçus pour
évaluer spécialement l’offre d’information par internet. Notre indice qui se compose de
67 items (Tableau n°1), a été adapté au contexte informationnel marocain car ceux
développés antérieurement ont été élaborés en fonction d’un cadre légal et
règlementaire qui diffère largement du notre (Etats-Unis, Europe). C’est pourquoi afin
de respecter la représentativité de notre indice, nous avons sélectionnés les items après
une visite préliminaire d’un certain nombre de sites internet.

Tableau n°1 : Nombre d’items sélectionnés

Catégories d’information Nombre d’item %


1. Informations générales de l’entreprise 10 15
2. Informations financières 19 28
3. Informations non financières 10 15
4. Informations sur la relation investisseur 4 6
5. Informations sur la gouvernance 9 13
Sous total 1 : Items sur le contenu du site web 52 78
Sous total 2 : Items sur la présentation du site 15 22
TOTAL des Items 67 100

Nous analysons non seulement le contenu du site, mais aussi la façon dont les
informations sont présentées. Nous avons pour cela adopté une démarche dichotomique
en accordant un point pour chaque item présent sur le site et aucun dans le cas contraire.
L’évaluation se finalise par l’attribution d’un score additionnel à chaque entreprise et le
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score de diffusion est obtenu par le rapport entre le score réel obtenu et le score
théorique maximum que peut atteindre chaque entreprise (Cooke, 1989) :

SRj
Indice de publication j =
STj

Avec :

SRj = Score Réel de la firme j


(Le SRj est le score réel correspondant au total des points obtenus après visite du site internet).

STj = Score Théorique de la firme j


(Le STj correspond au score maximum qu’une firme pourrait obtenir si toutes les informations
que l’on peut attendre de cette firme étaient disponibles après visite du site internet).

3. Analyses et discussions des résultats

3.1 Statistiques descriptives

3.1.1 Analyse de la variable dépendante

L’analyse des résultats du tableau n° 2 nous indique que le niveau de la variable


dépendante en l’occurrence le niveau de diffusion volontaire est relativement faible,
puisque sur un total de 67 items contenus dans la grille d’analyse, on constate qu’en
moyenne seul 17,65% de ces items se retrouvent sur les sites internet des entreprises
cotées à la bourse de Casablanca.
Ce score de publication varie d’une manière considérable au sein de l’échantillon
d’entreprises avec un minimum de 5 et un maximum de 50 pour un écart type de 9,737.

Tableau n°2 : Statistiques descriptives du score de publication


N Minimum Maximum Moyenne Ecart type
Score de publication 49 5 50 17,65 9,737
N valide (listwise) 49

Mise à part l’Industrie pharmaceutique représentée par une seule entreprise, l’un des
scores moyens le plus élevé est obtenu par le secteur du « Bâtiment et matériaux de
construction », étonnamment le secteur des matériels logiciels et services informatique
enregistre le score moyen le plus faible (tableau n° 3).

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Non seulement ces deux secteurs comportent le nombre le plus élevés de sociétés mais
le secteur du Bâtiment et matériaux de construction réalise le score maximum le plus
élevé alors que celui du matériels logiciels et services informatique enregistre le score
minimum le plus faible. L’écart type très élevé du secteur du Bâtiment et matériaux de
construction montre une certaine disparité dans la politique de communication
financière des entreprises composant ce secteur. Les écarts-types relativement faibles
pour la plupart des autres secteurs confirment une certaine homogénéité sectorielle dans
les pratiques de communication financières de ces entreprises.

Tableau n° 3 :Score de publication par secteur d’activité


Secteurs N Mini Max Moyenne Ecart-type
Agroalimentaire/production
6 6 35 18,83 10,666
Bâtiment et matériaux de
8 7 50 23,25 13,740
Construction
Boisson 2 11 19 15,00 5,657
Chimie 1 16 16 16,00 .
Distributeurs 7 6 26 13,86 7,381
Immobilier 3 7 27 17,00 10,000
Industrie pharmaceutique 1 28 28 28,00 .
Matériels logiciels et services
7 5 18 9,86 4,741
informatiques
Mines 2 20 25 22,50 3,536
Pétrole et gaz 2 13 23 18,00 7,071
Transport 2 6 27 16,50 14,849
Autres 8 9 38 20,13 9,819
Total 49 5 50 17,65 9,737

Nous constatons à la lecture des résultats du tableau n°4 que les entreprises accordent
plus d’importance à la forme plutôt qu’au contenu de leur site web puisque le score
moyen le plus élevé est obtenu par la catégorie « présentation du site web ».En revanche
le côté relationnel de l’information reste très peu développé étant donné que le score
moyen le plus faible est obtenu par la catégorie « relation investisseur ». La faiblesse
des scores moyens ainsi qu’un écart type majoritairement faible pour l’ensemble des
catégories d’information attestent une tendance homogène des entreprises à ne diffuser
que très peu d’informations sur leur site web. On constate également une différence
importante pour l’ensemble des catégories au niveau du score minimum et du score
maximum confirmant ainsi une certaine disparité des pratiques de communication des

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entreprises de l’échantillon surtout au niveau de la catégorie "Informations financières"


avec un minimum de 0 et un maximum de 15.

Tableau n°4 : Score de publication par catégories d’information


Catégories d’information N Minimum Maximum Moyenne Ecart type
Informations générales de l'entreprise 49 1 9 4,02 1,831
Informations financières 49 0 15 3,45 3,143
Informations non financières 49 0 9 3,06 2,375
Informations sur la relation investisseur 49 0 4 ,76 1,071
Informations sur la gouvernance 49 0 8 1,55 1,894
Présentation du site web 49 1 10 4,82 2,108
N valide (listwise) 49

3.1.2 Analyse des variables indépendantes

3.1.2.1 Les variables quantitatives

L’analyse statistique des variables quantitatives montre que 61 % des entreprises de


notre échantillon sont contrôlées par un actionnaire majoritaire (Tableau n°5). Ce
résultat vient ainsi confirmer les développements théoriques que nous avions avancés
quant à la concentration du capital des entreprises marocaines cotées à la bourse de
Casablanca.

La taille moyenne du conseil d’administration est de 8 membres et le PDG à tendance à


cumuler les deux fonctions, celles de directeur général et de président du conseil
d’administration dans plus de la moitié des entreprises soit près de 51% de l’échantillon.
Ce pourcentage élevé peut s’expliquer par la structure moniste avec conseil
d’administration adopté par la grande majorité des entreprises soit 90% de l’échantillon
Contrairement aux conseils du code de gouvernance, seulement 10% des entreprises de
l’échantillon ont opté pour la structure duale du conseil d’administration, directoire avec
conseil de surveillance.

Soucieux de préserver une certaine transparence, 69% des entreprises sont audités par
des cabinets internationaux issus des « big four ».
En revanche, la présence d’un comité de surveillance au sein du conseil n’est pas
systématique au sein des différentes entreprises, puisqu’en moyenne 31% des
entreprises de notre échantillon ont déjà constitué ce type de comité.

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Tableau n°5 : Statistiques descriptives des variables quantitatives


Fréquence N
Concentration du capital 61% 49
Régime Dual, Directoire avec Conseil de surveillance 10% 49
Cumul des fonctions de Président et Directeur Général 51% 49
Présence d’un comité de surveillance 31% 49
Audit par l’un des « big four » 69% 49

3.1.2.2 Les variables continues

A la lumière des résultats présentés dans le tableau n°6, on constate que les investisseurs
institutionnels détiennent en moyenne 24,91% du capital des entreprises étudiées avec
toutefois une grande disparité (écart type 26,67%).Ainsi, comme le souligne Benayed-
Koubaa (2011) cette dispersion peut s’expliquer par la présence d’un actionnariat
familial dominant qui se protège, en verrouillant le capital de leur entreprise, pour éviter
justement l’intrusion dans leurs affaires d’actionnaires externes tels que les investisseurs
institutionnels.
D’ailleurs, les chiffres montrent qu’en moyenne la part du capital détenu par les familles
est égale à 23,04% avec également un écart type élevé (27,20%).
Il ressort également de l’analyse statistique que la part des investisseurs étrangers dans
le capital s’élève en moyenne pour notre échantillon à 32,16%.

Tableau n°6 : Statistiques descriptives des variables continues


N Min Max Moyenne Ecart type
Investisseur Institutionnel 49 0% 91% 24,91 26,67
Investisseur étranger 49 0,00% 93,00% 32,16% 32,56%
Taille Cons Adm 49 4 13 8,63 2,85
% des administrateurs externes 18 0,00% 27,00 2,21 6,33
Actionnaires familiaux 49 0,00% 70,00 23,04 27,20

3.2 Analyse bivariée

Les résultats de la corrélation de Pearson nous indiquent que la concentration du capital


n’a pas d’incidence significative sur le score de publication. Notre hypothèse selon
laquelle la qualité de la communication diminue avec la concentration du capital n’est
pas validée. Bien au contraire le coefficient positif de la corrélation montre que les

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dirigeants d’entreprises fortement concentrées sont davantage motivés à diffuser des


informations avec pour objectif de réduire les coûts d’agence.

Nous observons également une relation positive, mais non significative, entre le
pourcentage de capital détenu par les investisseurs institutionnels et la diffusion
d’information financière par internet. Comme l’indique Li (2011) l’influence des
actionnaires institutionnels sur la diffusion d’information dépend de leur horizon
d’investissement et de leur capacité à rassembler les informations. Nejjar (2011)
confirme également que les institutionnels sont plus exigeants par rapport aux autres
actionnaires en matière d’information diffusée par l’entreprise. Haniffa et Cooke (2002)
ont découvert au cours de leurs travaux une relation positive et significative entre la
propriété des investisseurs institutionnels et le niveau de divulgation d’informations
volontaires des entreprises Malaisiennes cotées à la bourse de Kuala Lumpur.

Le score de publication par internet est positivement lié à la part de capital détenue par
les investisseurs étrangers. Ce résultat non significatif peut être dû au fait qu’il est plus
difficile pour les actionnaires étrangers de s’engager dans la gouvernance d’une société
cotée et d’influencer sa stratégie de communication (Li 2011).

Contrairement à nos anticipations, le résultat de la corrélation montre une relation


négative entre le pourcentage d’administrateurs indépendants et l’offre d’informations
financières diffusée sur internet. Si les administrateurs externes n’ont pas d’influence
sur la stratégie de communication, c’est parce qu’au Maroc, comme en France
d’ailleurs, le monde des affaires est un milieu restreint, très fermé, constitué
essentiellement d’amis qui se cooptent entre eux dans les conseils d’administration. Il
est difficile dans ces conditions de contester les décisions d’un dirigeant issu de ce
réseau. Cette connivence peut être à l’origine de ce résultat négatif puisqu’elle réduit
considérablement l’efficacité du conseil.

La relation positive entre la taille du conseil d’administration et l’offre d’information


n’est pas statistiquement confirmée par les résultats de la régression. Certains
chercheurs confirment cette relation positive et trouvent qu’elle est encore plus intense
pour les petites entreprises (Daily et Dalton, 1994). Cependant, les résultats concernant
cette variable restent assez mitigés puisque certains travaux n’ont décelé aucune relation

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entre la taille du conseil d’administration et la diffusion de l’information financière


(Mezghani et Ellouze, 2007). D’autres études en revanche ont révélé l’existence d’une
relation négative entre la taille du conseil et la qualité de l’information financière
(Abbot et al, 2004).

En ce qui concerne le régime de gouvernance, on constate que les sociétés en régime


dual diffusent en général plus d’informations sur leur site que celles en régime moniste
conformément à nos anticipations. Pour cette hypothèse encore, malgré la positivité de
la relation, celle-ci n’est pas significative statistiquement.

On remarque que les entreprises dotées d’un comité spécialisé offrent curieusement
moins d’information sur leur site web que celles qui n’en n’ont pas. Ce résultat est
contraire à notre hypothèse 5 indiquant une relation positive entre l’existence d’un
comité spécialisé et le niveau de diffusion d’informations volontaires par internet. Or, la
création d’un comité d’audit, vivement recommandé par le code de « bonne
gouvernance » marocain, devrait logiquement participer à l’amélioration de la
transparence financière et non l’inverse.

D’après les résultats de notre régression, les sociétés qui ont choisi de séparer les
fonctions de président et de directeur général, diffusent plus d’information sur leurs
sites conformément à notre hypothèse de départ. Le sens de la relation est positif sans
toutefois être significatif statistiquement.

A l’instar de Labelle et Schatt (2005), Nejjar (2011) affirme que plus grande sera la
séparation entre la propriété et la gestion plus importante sera la demande pour une
communication financière de qualité.

Nous trouvons un coefficient positif mais non statistiquement significatif entre la qualité
de l’audit (big four) et la diffusion d’informations financières par internet. Pour
préserver leur renommé les grands cabinets ont tout intérêt à produire une prestation de
qualité qui se traduit généralement par une communication financière plus transparente.
D’ailleurs, certains chercheurs ont démontré une relation généralement positive et
significative (Raffournier 1995).

Les résultats indiquent une relation négative et significative entre la présence


d’actionnaires familiaux et la qualité de la communication financière par internet. Notre
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neuvième hypothèse est de ce fait validée, et c’est d’ailleurs l’une des seules à l’être
selon la corrélation de Pearson (significative au seuil de 1%). Ce résultat confirme les
arguments théoriques qui avancent que l’actionnariat familial est très peu enclin à
communiquer d’une part parce qu’il a un accès privilégié à l’information et d’autre part
parce qu’il cherche à se protéger de la concurrence en ne révélant que très peu
d’informations.

Tableau n°7 (première partie) : Corrélation de Pearson


Concentration % Investisseurs % Investisseurs Taille du % des
du capital Institutionnels étrangers conseil administrateurs
d’administration indépendants
Score de publication ,067 ,136 ,258 ,156 -,351

Tableau n°8 (seconde partie) : Corrélation de Pearson


Actionnaires Régime dual Séparation des Présence comités Cabinet Audit
familiaux fonctions de surveillance « big four »
Score de publication -,508 ,084 ,155 -,177 ,141

Conclusion :

L’objectif de notre étude empirique était d’une part de mesurer la qualité de la


communication financière par internet des entreprises marocaines cotées à la bourse de
Casablanca et d’autre part d’analyser l’impact des mécanismes de gouvernance sur
celle-ci. Après avoir conçu un indice de publication, nous avons cherché à vérifier si les
caractéristiques liées au conseil d’administration, à la structure de propriété et à la
qualité de l’audit avait ou non un impact sur la qualité de l’information diffusée par
internet.
Les résultats statistiques révèlent qu’aucun des mécanismes de gouvernance n’influe
positivement et de manière significative sur la qualité de la communication financière
par internet. En revanche, l’actionnariat familial a quant à lui un effet négatif et
significatif sur le niveau de divulgation volontaire sur internet.
Néanmoins, en ce qui concerne le sens de la relation avec la qualité de l’information
financière, les variables concernant l’actionnariat institutionnel, l’actionnariat étranger,
les sociétés en régime dual et la qualité de l’audit ont une relation positive avec le score

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de publication des entreprises même s’ils n’ont pas d’impact significatif sur la qualité de
la communication financière.
Enfin, les résultats de nos tests montrent que deux variables ne convergent pas avec le
sens prévu par nos anticipations, la concentration du capital qui a une relation positive
avec le score de publication par internet et le pourcentage d’administrateurs
indépendants qui présente une relation négative avec la qualité de la communication
financière.
L’étude de l’information diffusée par les entreprises marocaines sur leur site web est
intéressante dans la mesure où elle nous permet d’étudier la manière dont celles-ci
considèrent et utilisent ce nouveau support de communication non officiel.
La législation marocaine à l’instar des autres pays doit prendre la mesure des effets et
enjeux qu’implique l’utilisation d’internet dans le dialogue entreprise-actionnaires.
Notre recherche permettra aux législateurs et aux régulateurs, d’avoir des moyens
supplémentaires susceptibles d’améliorer la qualité de l’information financière
divulguée par internet.

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