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NOTE DE PRESENTATION DE LA THESE, EN VUE DE

L’OBTENTION DU DOCTORAT PHD EN DROIT PUBLIC

Monsieur le président du jury, honorables membres du jury, recevez, nos mots


de bienvenu et de remerciement pour avoir accepté, malgré vos multiples occupations,
de vous consacrer à l’appréciation des résultats de nos travaux de recherches.

Après quatre années de recherche en cycle doctoral à la Faculté de Science


juridiques et politiques de l’Université de Douala, l’opportunité nous est offerte, en ce
jour, de présenter devant vous notre sujet intitulé : « La protection de la population
civile dans les conflits armés non internationaux : cas de la République centrafricaine
(RCA) et de la République démocratique du Congo (RDC) ».

Monsieur le président du jury, honorables membres du jury, la question de la


protection de la population civile contre les conflits armés non internationaux est une
question poignante et toujours d’actualité. Elle concerne de nombreux Etats d’Afrique
en dehors de ces deux Etats retenus dans ce travail, à savoir la République
centrafricaine (RCA) et la République démocratique du Congo (RDC). L’abondante
littérature existante montre que ce sujet de thèse nous plonge au cœur des drames
que vivent certaines populations en Afrique noire et même sous d’autres contrées. Il
s’agit de véritables désastres et tragédies qui brisent les vies, désorganisent les
collectivités humaines, et amène à s’interroger sur la force du Droit face à ces fléaux.

En effet, on assiste de nos jours à la multiplication des conflits armés non


internationaux dans lesquelles une violence inouïe prend des populations civiles
entières en otage. Dans cet océan de violence, la détresse des populations civiles est
grande surtout quand elles sont prises comme cibles ou enjeux de ces conflits armés
non internationaux. Il y a donc lieu de s’interroger sur la réponse du Droit international
humanitaire, des autres sources supranationales ainsi que, des droits nationaux
centrafricains et congolais face à cette détresse. Il s’agit en d’autres termes de voir
comment la population civile, victime des conflits armés non internationaux est
protégée par ces différents champs du droit.

Monsieur le président du jury, honorables membres du jury, à partir de tous les


développements ci-dessus, il se pose dès lors la question de savoir : Quels sont les
mécanismes de protection évalués de la population civile en situation de conflits

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armés internes en RCA et en RDC ? Autrement dit, quels sont les niveaux de
protection desdites populations civiles et leur portée ? Cette question centrale que
nous avons opté dans ce travail, permet de recenser les mécanismes de protection
desdites populations tout en les qualifiant.

Les éléments de réponse à notre problématique passent par la formulation de


l’hypothèse de recherche. Pour Madeleine GRAWITZ, l’hypothèse est une proposition
de réponse à la question posée. Ainsi, la protection de la population civile en RCA et
en RDC est affirmée par une abondante consécration textuelle et institutionnelle.
Mais, au regard des faits, certains éléments nous montrent que cette protection est
d’une efficacité relative, laquelle mérite dès lors d’être affinée parce que, d’une part,
la protection internationale est insuffisante, et d’autre part, la protection nationale est
limitée.

La réponse à la problématique formulée plus haut conduit inévitablement à


articuler le plan en deux parties, et de la manière suivante. En premier lieu, les
mécanismes internationaux insuffisants de protection des populations civiles victimes
des conflits armés dans ces deux Etats précités ; et en second lieu, les mécanismes
nationaux limités de protection desdites populations.

La première partie de cette thèse fait apparaître une recherche sur les
instruments internationaux d’ordre général et catégoriel de protection des populations
civiles victimes des conflits armés en RCA et en RDC. Ce cadre normatif est
globalement établi, et les garanties existantes mitigées. En effet, sur le plan
international, ces deux Etats ont pris des engagements, notamment, en réceptionnant
certaines conventions universelles et régionales, en mettant en pratique plusieurs
règles coutumières, et en approuvant les actes unilatéraux de l’Assemblée générale
et du Conseil de sécurité des Nations unies. Toutefois, ces garanties sont confrontées
à un soutien externe insuffisant et à une action limitée de la Cour pénale internationale
(CPI).

La seconde partie de cette thèse repose sur l’examen de la condition juridique


de la population civile victime des conflits armés en RCA et en RDC, sous l’angle du
droit national. En effet, le système national de protection des populations civiles contre
les conflits armés centrafricains et congolais se matérialise de prime abord sur le plan
formel, à travers l’internalisation de leurs engagements internationaux dans ce sens,

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plus précisément, par l’adoption des législations nationales centrafricaines et
congolaises protectrices des populations civiles victimes de ces conflits armés. Par la
suite, pour ce qui est du plan matériel, ce système national de protection desdites
populations civiles se concrétise au niveau de ses garanties nationales de protection,
qui sont à la fois juridictionnelles et non juridictionnelles, mais celles-ci tardent à
s’affirmer sur le terrain des conflits armés centrafricains et congolais.

Pour mener à bien la présente étude, nous avons eu recours à une démarche
interdisciplinaire qui constituera selon une expression empruntée au professeur
Augustin KONTCHOU KOUOMEGNI le « cocktail méthodologique » de cette étude.
Selon le professeur Olivier C ORTEN, cette approche consiste à faire « appel à deux
ou plusieurs disciplines, mais plutôt que de développer des points de vue successifs
et parallèles, on intègre l’utilisation de ces disciplines dans une perspective unique qui
les relie de manière cohérente ».

Deux écoles méthodologiques, à savoir, le positivisme juridique et le positivisme


sociologique seront principalement utilisées dans ce travail. Les méthodes historique
et comparative serviront de complément à ces deux courants de pensée.

Reprenant une formule de Charles EISENMANN, Roger Gabriel NLEP écrit que
le positivisme juridique est constitué de « deux variantes, la dogmatique et la
casuistique : alors que la première s’intéresse au droit légiféré, la seconde s’intéresse
au droit en vigueur appliqué par les tribunaux ». La dogmatique juridique est le
domaine de la science du droit consacré à l’interprétation et à la systématisation des
normes juridiques. Elle consistera à une approche analytique des dispositions
juridiques qui fonde la protection de la population civile dans les conflits armés non
internationaux en République centrafricaine (RCA) et en République démocratique du
Congo (RDC), et d’en déterminer le contenu. Elle procèdera à l’exégèse desdits textes.
En outre, la casuistique permettra d’examiner la jurisprudence relative à cette étude.

Toutefois, il serait illusoire de réduire le droit positif à l’ensemble des solutions


logiquement déduites des textes. A ce propos, le professeur Maurice KAMTO relève
que « l’approche strictement analytique des phénomènes juridiques est trop
descriptive et statique, non dynamique et souvent coupée de la réalité sociale ». Dans
cette perspective, son application nécessite la prise en compte de son environnement
social. Aussi, Charles DE VISSCHER souligne-t-il que, « ce n’est pas en ignorant les

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réalités qui déterminent l’action du pouvoir que l’on fortifie le droit international ; au
contraire, c’est en prenant conscience de la place qu’elles y tiennent, des nécessités
qui les scrutent comme les valeurs qu’elles mettent en jeu ». La démarche positiviste
sociologique sera donc logiquement associée à l’approche normativiste, en ce sens
qu’elle permet de rendre compte du vécu de la règle de droit, de l ’effectivité de son
application. Sur ce point, elle consistera à confronter les mécanismes humanitaires,
des droits de l’homme et onusiens… de protection de la population civile aux réalités
sociales existantes afin d’en dégager les conclusions nécessaires ou appropriées.

La méthode historique est également importante à toute recherche en relations


internationales ou en droit international car, elle est intimement liée à des évènements
d’histoire contemporaine. Souvenons-nous de cette pensée de Cheikh ANTA DIOP
selon laquelle : « Les intellectuels doivent étudier le passé, non pour s’y complaire,
mais pour y puiser des leçons ou s’en écarter en connaissance de cause, si cela est
nécessaire ». Cette méthode permet de remonter le cours du temps ou d’effectuer un
retour dans le passé, afin de mieux comprendre, de reconstituer les faits, les analyser,
les classer, et les expliquer pour mieux comprendre l’origine des conflits armés en
RCA et en RDC, et aborder les divers mécanismes de protection de la population civile
en situation de conflit armés dans ces deux Etats.

Pour ce qui est de la méthode comparative, elle a permis de présenter les points
de convergence et de divergence des mécanismes de protection de la population civile
en RCA et en RDC, afin de faire une systématisation logique et cohérente de ces
mécanismes de protection.

Relativement à cette démarche méthodologique retenue, nous avons rencontré


plusieurs difficultés parmi lesquelles : la confidentialité des informations du Haut-
Commissariat des nations unies pour les Réfugiés (HCR) et au Comité international
de la croix rouge (CICR), ainsi que le difficile accès à la bibliothèque du Comité
international de la croix rouge (CICR).

Grâce à notre directeur, nous avons pu surmonter ces multiples difficultés. Nous
profitons de cette occasion qui nous est offerte, pour adresser nos remerciements à
notre Directeur de thèse, le professeur Jérôme Francis WANDJI. K, qui, en dépit de
ses multiples obligations professionnelles, a accepté d’assurer la direction
scientifique de ce travail. Nous avons eu le privilège de trouver non seulement un
support inestimable de connaissances, une rigueur scientifique inégalée, mais aussi
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de précieux conseils, une compréhension, une disponibilité et un intérêt jamais
démentis. Merci encore cher maître pour tout le temps consacré à notre encadrement,
pour l’aboutissement de ce travail de recherche, et pour la patience dont vous avez
fait preuve à notre égard.

Monsieur le président du jury, honorables membres du jury, de façon globale,


ce travail fait apparaître sur le plan formel, que la protection des populations civiles
centrafricaines et congolaises contre les conflits armés internes ne fait l’ombre d’aucun
doute. En revanche, sa difficulté se situe au niveau de la mise en œuvre des outils
réceptionnés.

Monsieur le président du jury, honorables membres du jury, nous vous


remercions encore une fois pour votre participation à cette soutenance. Nous sommes
conscients que nous n’avons pas fait le tour de la question, et que ce travail n’est pas
à l’abri de critique. C’est la raison pour laquelle, nous nous tenons volontiers à votre
disposition pour recevoir avec plaisir et humilité, les différentes critiques et suggestions
contribuant à améliorer ce travail de recherche, dont nous en tiendrons compte.

Nous vous remercions pour votre bienveillante attention.

Dr Ronel Rostand TEGUE TCHAKOUNTE

PhD en Droit public

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