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Le droit commercial est une branche du droit privé qui, par dérogation au droit civil,
réglemente de manière spécifique les activités commerciales (ex. production, distribution et services)
accomplies par des commerçants. Il s’inscrit dans le domaine de relations professionnelles de la même
manière que le droit du travail. Sa philosophie est toutefois bien différente. Là où le droit du travail
protège la partie faible, le droit commercial est habité par une philosophie favorable aux échanges. Il
n’englobe pas, cependant, toutes les règles relatives à l’exercice d’une activité professionnelle non
subordonnée. Sont ainsi exclues du champ d’étude le statut des artisans, des agriculteurs ou encore des
professionnels libéraux.
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Paragraphe 2 : Droit commercial et disciplines voisines
La rigueur du droit civil se combinait parfois mal avec les relations d’affaires. L’orientation
pragmatique prise par la discipline a par exemple abouti à l’assouplissement des règles de preuve =
côté libéral, ceci afin de répondre à l’exigence de rapidité des échanges commerciaux.
En droit commercial par dérogation à la règle de la preuve littérale des actes juridiques, les
commerçants peuvent utiliser tous moyens afin de prouver les actes commerciaux passés entre
eux même pour les actes supérieur à 15 000 euros = pas de hiérarchie de la preuve.
Pour les mêmes raisons, les règles relatives aux cessions de créances ont été simplifiées. Ont été mis
en place des instruments de crédit spécifiques (ex. lettre de change, bordereau de cession de
créances professionnelles Dailly = céder de façon simple ses créances professionnelle), ou encore la
technique de l’affacturage méthode de financement et de recouvrement de créance utilisé par une
entreprise. La circulation des créances professionnelles est ainsi débarrassée de la lourdeur du
formalisme de droit commun.
Le pragmatisme commercial n’est toutefois pas toujours et partout synonyme d’allègement.
Certains contrats tels que le bail commercial, la cession de fonds de commerce ou sa mise en
location gérance obéissent à une règlementation stricte, extrêmement formaliste (mentions
obligatoires, diffusion sous forme particulière, (société inscrite au registre du commerce et des
sociétés) marque et brevet déposé à l’INPI etc) destinée à garantir la sécurité juridique des opérations.
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Section 2 : Droit ancien
Si les échanges de marchandises se pratiquent depuis l’Antiquité, les règles observées par
les marchands d’alors ne constituaient pas pour autant un corpus structuré. Le droit commercial
s’est en effet lentement construit au travers des siècles. Dans l’étude historique de l’évolution du droit
commercial, une approche chronologique s’avère appropriée. Le droit commercial apparaît différent
tel qu’il était appliqué avant la création du Code de commerce (§1), de celui qui est en vigueur depuis
la rédaction du Code de commerce (§2).
Le droit commercial, dans son contenu primitif, est apparu en même temps que le concept de
commerce. Or, les civilisations marchandes existent depuis l’Antiquité. (Au début du IIe millénaire
avant notre ère, l’ensemble de la société mésopotamienne s’adonnait au commerce. Les
Mésopotamiens développaient en effet des relations commerciales avec les cités de l’Asie Mineure,
exportant de l’étain et des étoffes, et important de l’or et de l’argent. Des milliers de tablettes d’argile
en portent aujourd’hui encore la trace, en écritures cunéiformes : consignation de contrats,
reconnaissances de dettes, procès-verbaux, jugements, etc. Les plus anciens documents qui attestent
de l’existence d'un ensemble de règles régissant le commerce sont les tablettes de Warka (2000 ans
AVJC) et le Code d’Hammourabi (1700 AVJC). On trouve dans ces documents des éléments de droit
bancaire - comme le prêt à intérêt ou le dépôt d’espèces -, ainsi qu’une préfiguration du droit des
sociétés.)
Le droit romain, quant à lui, a beaucoup inspiré le droit commercial. La technique juridique de
la vente, ou encore les procédures collectives d’apurement du passif y puisent leurs racines. D’ailleurs,
certains fondements du droit français se trouvent dans le droit romain (ex. en droit des obligations ou
en droit des biens). Ce n’est qu’au Moyen Âge que le droit commercial commencera à se
structurer.
Plusieurs facteurs contribuent à la construction d’un droit commercial plus élaboré. D’abord, le
développement des villes, associé à une sécurisation des voies de circulation terrestres, fait naître
les institutions et les mécanismes qui constituent aujourd’hui encore les fondements du droit
commercial : la comptabilité en partie double, la société, les lettres de change, la compensation des
comptes en banque, la faillite, etc. Les historiens s’accordent à dater l’apparition du droit
commercial moderne aux XIIe et XIIIe siècles dans les villes italiennes (Gênes, Milan, Venise), en
Flandres (Bruges, Anvers), en Allemagne (Francfort, Brême, Lubeck) et dans les foires de Champagne
(Troyes, Provins). Les règles appliquées se caractérisent souvent par l’absence de formalisme, due
aux besoins de la vie des affaires, laquelle est essentiellement mue par la recherche du profit, la
spéculation, la circulation des richesses, la garantie de rapidité des transactions, grâce notamment au
crédit. Une nouvelle catégorie de professionnels s’est ensuite créée, celle des marchands qui,
regroupés dans des corporations et des jurandes. L’édit de Charles IX de 1563 créa les juridictions
consulaires, qui étaient alors échevinales, c’est-à-dire qu’elles comprenaient un juge et quatre consuls
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élus. Les croisades puis la découverte du Nouveau Monde ont représenté autant d’occasions de
tisser des relations commerciales entre l’Orient et l’Occident. Le « droit des foires », vite assimilé
à un « droit des marchands », est devenu un véritable jus mercatorum commun, avec pour
particularité de se détacher des coutumes ordinaires et des juridictions royales, parfois peu
rompues aux exigences du commerce.
À partir des XVIe et XVIIe siècles, le droit commercial, qui avait jusqu’alors évolué en fonction
des besoins du commerce dans une relative liberté, a été systématisé par le pouvoir royal, avec le
développement progressif d’une première forme d’étatisation de l’économie. Une sorte de secteur
public est en effet apparue avec les manufactures royales, et notamment celle des Gobelins,
entièrement placée sous l’autorité de l’État, qui réglait l’ensemble de ses dépenses. Ce secteur s’est
davantage développé avec les compagnies royales (compagnies du Levant, des Indes orientales, etc.).
De son coté, Colbert fait préparer par Savary, négociant parisien, une Ordonnance, l’Ordonnance de
1673, appelée Édit pour le commerce des marchands en gros et en détail, dite aussi Ordonnance sur le
commerce de terre, ou encore, plus simplement, Code Savary.
Le XVIIIe siècle a été marqué par le bouillonnement des idées économiques, les prémices de
l’industrialisation, l’expansion du commerce colonial et la première expérience de la monnaie papier.
Le Code Savary s’est très vite avéré inadapté. La Révolution française, sans toutefois toucher aux lois
commerciales, aboutit à l’adoption de deux textes : le décret d’Allarde des 2 et 17 mars 1791
proclamant la liberté du commerce et de l’industrie, toujours en vigueur, et la loi Le Chapelier des
14 et 15 juin 1791 abolissant les corporations, maîtrises et jurandes. En raison d’un certain nombre
de facteurs, notamment de plusieurs faillites, Napoléon exigea l’élaboration d’un Code de
commerce. Le corps législatif vota, le 15 septembre 1807, cinq lois distinctes réunies en un seul Code.
Le Code de commerce, dans la forme qu’on lui connaît aujourd’hui, a connu deux périodes
distinctes : la période du libéralisme (A) et la période contemporaine (B).
Le Code de commerce de 1807 comportait 648 articles. Son livre I était consacré au commerce en
général, son livre II au commerce maritime, son livre III à la faillite et à la banqueroute, et son
livre IV à la juridiction commerciale. À ce stade de son développement, le Code de commerce ne
traitait pas encore des banques et des sociétés ; et pour cause : il fut écrit et promulgué à la hâte afin
de réprimer certains scandales financiers et de répondre à des crises économiques. Plus qu’une œuvre
structurelle, il fut davantage une œuvre de circonstance. Les auteurs ont d’ailleurs notamment regretté
qu’il n’ait jamais eu le prestige du Code civil. Dans son contenu lacunaire, il lui a notamment été
reproché d’avoir simplement recopié un « droit du passé » et de ne pas avoir prévu la révolution
industrielle qui grondait.
C’est donc en dehors du Code de commerce de 1807 que s’est construit le droit de l’économie
libérale. De nouveaux instruments juridiques sont apparus afin de satisfaire de nouveaux besoins.
Mais plutôt que de s’attaquer à un travail de recodification, qui représente un travail d’ampleur, le
législateur a multiplié les normes et les lois spéciales couvrant plusieurs secteurs de l’économie :
le droit bancaire, le droit des sociétés, la propriété industrielle, le transport et les assurances. On a ainsi
assisté à la promulgation d’une kyrielle de lois :
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→ Loi du 25 juin 1841 réglementant la vente aux enchères des marchandises
→ Loi du 5 juillet 1844 sur la protection des brevets d’invention
→ Loi du 23 juin 1857 sur les marques de fabrique
→ Loi du 28 mai 1858 sur les warrants
→ Loi du 24 juin 1865 sur le chèque
→ Loi du 13 juin 1866 sur les usages commerciaux
→ Loi du 24 juillet 1867 sur les sociétés
→ Loi du 17 mars 1909 sur la vente et le nantissement du fonds de commerce.
Le pullulement des textes a donc contribué à vider peu à peu le Code de 1807 de sa maigre
substance. Avant sa recodification, il ne subsistait ainsi que 33 articles dans leur rédaction originaire.
B. La recodification (XXe)
Devant l’éparpillement des règles du droit commercial, la question d’une recodification du Code
de commerce s’est de plus en plus imposée, d’autant plus que la fin du XIXe siècle fut marqué par des
pénuries, l’inflation, des crises économiques et le développement des idées socialistes et keynésiennes.
L’interventionnisme étatique a ainsi innervé une bonne partie du XXe siècle. Le législateur a ainsi
restreint, au nom d’un ordre public de protection, la liberté contractuelle pour protéger le contractant le
plus faible dans certains domaines juridiques : en droit du travail, en droit de la consommation, dans
les contrats de transport terrestre, d’assurance, de vente de fonds de commerce, de bail commercial ou
de société. L’interventionnisme étatique s’est également manifesté par un ordre public de direction :
contrôle du crédit, des changes, des prix, des salaires, mise sous tutelle de certaines entreprises (de
banque et d’assurances), planification, nationalisation ... C’est ainsi que se sont développés le droit
public de l’économie, le droit pénal des affaires, le droit fiscal et le droit social.
Grâce, en partie, à la construction européenne par l’instauration du traité de Rome du 25 mars
1957, le droit commercial a d’une certaine manière retrouvé son libéralisme originaire et son
caractère international. L’Etat a désormais garanti le jeu de la concurrence saine en rétablissant la
liberté des prix, des changes et du crédit, en renonçant à certaines tutelles, en privatisant un certain
nombre de secteurs d’activité et en modernisant certaines institutions commerciales.
L’idée d’une recodification du Code de commerce remonte à 1947, avec la constitution d’une
commission de réforme. Mais la refonte indispensable de la matière s’est fait attendre jusqu’à la
codification à droit constant par une ordonnance du 18 septembre 2000. Aucune modification au
fond n’a donc été apportée aux textes préexistants. Les rares améliorations ont consisté à codifier des
arrêts de principe de la Cour de cassation.
Depuis la réforme de 2000, les interventions législatives n’ont cessé de se multiplier :
→ Le Code monétaire et financier régissant la monnaie et les activités bancaires et financières
→ Loi Lagarde du 1er juillet 2010 portant réforme du crédit à la consommation
→ Loi Warsmann II du 22 mars 2012 tendant à simplifier le droit et alléger les démarches
administratives
→ Loi du 26 juillet 2013 séparant et régulant les activités bancaires
→ Loi du 18 juin 2014 réformant l’artisanat, le commerce et les très petites entreprises
→ Loi du 31 juillet 2014 créant la notion d’économie sociale et solidaire
→ Loi Macron du 6 août 2015 sur la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques
→ Loi dite « justice du XXIe siècle » du 18 novembre 2016 étendant la compétence des
tribunaux de commerce aux litiges relatifs aux artisans
→ Loi PACTE (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) du 22 mai
2019.
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Titre 2 : Les Sources du Droit commercial
La diversité des normes en Droit commercial traduit la complexité du monde des affaires. On
distingue les sources nationales du droit commercial (Chapitre 1. Les sources nationales) de ses
fondements supranationaux (Chapitre 2. Les sources supranationales).
Le bloc de constitutionnalité est la plus importante source du droit interne, située au sommet
de la pyramide des normes. Plus exactement, il faudrait parler de bloc de constitutionnalité car la
Constitution de 1958 consacre des principes établis dans d’autres textes, en particulier le Préambule de
la Constitution du 27 octobre 1946 et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août
1789. Le bloc de constitutionalité contient en effet des principes fondamentaux qui intéressent le
droit commercial. La Constitution détermine par ailleurs les domaines de la loi et des règlements.
Dans son préambule, la Constitution du 4 octobre 1958 reprend les dispositions du Préambule
de la Constitution de 1946 et la déclaration des droits de l’homme concernant les libertés publiques au
premier rang desquelles figure la liberté du commerce et de l’industrie.
La liberté du commerce et de l’industrie est un principe qui correspond à l’esprit des lumières. À la
fin de l'Ancien régime, les critiques s'étaient multipliées contre l'encadrement strict des professions par
les corporations, maîtrises, jurandes et autres corps intermédiaires, accusés d'entraver l’initiative
économique. Le contrôleur général des finances Turgot dans un premier temps, la révolution ensuite à
travers le décret d'Allarde et la loi le Chapelier ont œuvré pour la libéralisation de l’économie. La
liberté du commerce et de l’industrie désigne aujourd’hui les conditions d'exercice des activités
économiques dans les États se réclamant du libéralisme. Elle évoque un régime de droit des affaires
caractérisé par la liberté d'accès au marché et la concurrence entre ses acteurs, qui n'exclut pas pour
autant l'intervention régulatrice des autorités publiques.
B. Le droit de propriété
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Le Conseil constitutionnel a affirmé la valeur constitutionnelle du droit de propriété, et
considéré que la liberté d'entreprendre était un principe général du droit. Il a également érigé le
principe de la liberté du commerce et de l'industrie comme principe à valeur constitutionnelle.
A. La loi
En vertu de la Constitution, tout ce qui ne relève pas de la loi relève du domaine du règlement.
Or, l’article 34 de la Constitution énumère de manière limitative les matières relevant de la loi et donc
du Parlement. Ainsi, sont réservés à la loi, en matière commerciale, les principes fondamentaux du
régime de la propriété, des droits réels et des obligations civiles et commerciales.
B. Le règlement
1. Le Décret
Dans les domaines déterminés par l’article 34 de la Constitution, le décret intervient pour
compléter la loi. Des lois ont été adoptées en abondance dans des domaines commerciaux spécifiques
depuis la promulgation du Code de commerce. Les règles en matière commerciale ont souvent un
caractère réglementaire, la loi ne portant que sur les principes fondamentaux des obligations
civiles et commerciales. Tous les éléments qui ne relèvent pas de la loi relèvent du règlement.
La réglementation de la matière commerciale, notamment par la voie des décrets est donc
particulièrement importante. On peut citer par exemple le décret du 30 septembre 1953 régissant les
baux commerciaux ou le décret du 29 mars 1967 complétant la loi du 24 juillet 1966 relative aux
sociétés commerciales.
2. L’Ordonnance
3. Les arrêtés
D’autres textes constituent également des sources réglementaires. Les arrêtés ministériels,
préfectoraux et municipaux réglementent la vie commerciale à un niveau national ou à un niveau local.
Ces textes administratifs ont une portée générale et permanente. Par exemple, l’article L. 410-2 du
Code de commerce prévoit la possibilité de réglementer certains prix par voie d’arrêtés.
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Paragraphe 3 : Les circulaires
La circulaire, quant à elle, constitue une mesure administrative par laquelle un ministre adresse
à ses subordonnés le sens ou la position à adopter s’agissant d’un texte. Elle est donc uniquement
destinée aux fonctionnaires concernés et n’a à ce titre, d’un point de vue juridique, aucune force
obligatoire à l’égard des tribunaux et des tiers. Néanmoins, la circulaire a une certaine autorité en ce
qu’elle représente la doctrine de l’Administration sur une question juridique donnée. Des circulaires
émanant de l’Administration indiquent souvent l’interprétation à retenir d’une disposition en matière
fiscale ou encore en droit de la concurrence.
Paragraphe 1 : La pratique
À l’origine, le droit commercial s’est fondé exclusivement sur les usages, lesquels n’ont pas
été abrogés par le Code de commerce de 1807. L’intérêt des usages se trouve dans leur adaptation
constante à l’évolution des besoins dans la vie des affaires, ce que les autres sources écrites ne
pourraient pas satisfaire. Le rôle des usages est aujourd’hui à relativiser, compte tenu de l’inflation
législative. Les usages conventionnels sont appelés « usages de fait », contrairement aux autres usages
appelés « usages de droit ».
Les usages conventionnels (ou usages de fait) constituent des pratiques habituellement
suivies et considérées comme normales dans un milieu professionnel. Les cocontractants s’y
réfèrent de manière implicite. C’est par la pratique et la répétition que se forment ces usages. À
l’origine, il s’agissait de clauses habituellement insérées dans les contrats et qui étaient régulièrement
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reproduites. Dans la vie des affaires, il est fréquent d’avoir des relations commerciales suivies entre
professionnels. Les parties s’étant habituées à leur application, leur insertion dans le contrat est
devenue inutile. Ainsi, l’insertion systématique de la clause n’est plus jugée utile et l’application de
cette disposition devient alors tacite pour les parties. Parce que la volonté des parties est
traditionnellement présumée pour l’application de ces pratiques, on qualifie ces usages de
conventionnels. De nombreux usages existent. Ils varient selon les professions et les lieux.
Exemples :
→ Dans le commerce du bois, l’usage veut que l’acheteur supporte le risque de défauts
découverts au sciage pour des billes non découpées ;
→ Dans le secteur de la grande distribution, l’usage veut que le preneur prenne en charge la taxe
foncière.
Pour ce qui est du régime juridique des usages conventionnels ou usages de fait, en raison de leur
nature contractuelle, ces derniers doivent être prouvés par celui qui les invoque. Il s’agit donc là
d’une exception à la règle selon laquelle les parties à un procès n’ont à prouver que les faits et non les
règles de droit. La preuve de l’usage est libre et peut être rapportée par tout mode de preuve,
conformément au principe de la liberté de la preuve en matière commerciale. Parmi les moyens de
preuve, il en est un qui est particulièrement utile : il s’agit du parère, qui est une attestation écrite
délivrée par des autorités, notamment la CCI. L’usage conventionnel est opposable aux
professionnels qui travaillent dans le même secteur d’activité et dans la même localité ou région.
Ces professionnels peuvent choisir de les écarter par convention. En effet, les usages
conventionnels ont un caractère supplétif, et les parties peuvent manifester leur opposition à leur
application. L’usage cesse alors de s’appliquer. En revanche, l’usage conventionnel qui n’a pas été
accepté expressément est inopposable aux professionnels relevant d’un autre secteur d’activité
ou d’une autre localité. Enfin, l’usage conventionnel n’est pas non plus opposable aux
non-commerçants qui ne peuvent pas en avoir pris connaissance. Il est important de souligner qu’un
usage conventionnel ne peut déroger à une loi supplétive, et donc a fortiori à une loi impérative.
Les usages de droit, quant à eux, sont parfois qualifiés de coutumes, et se forment de la même
manière que les usages conventionnels, à savoir qu’ils naissent d’une pratique répétée lors de la
formation ou de l’exécution d’un contrat. La différence par rapport aux usages conventionnels tient
au fait, pour certains auteurs, que l’usage a ici été consacré par une décision de justice. Cette
consécration jurisprudentielle conduit à lui reconnaître la valeur d’une véritable règle de droit.
L’usage de droit devient alors une règle juridique autonome dont la force est détachée de la volonté
des parties. Il en résulte une force contraignante importante : l’usage de droit est obligatoire. En tous
cas, l’usage de droit est une règle de droit.
Exemple :
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Ainsi, l’usage de droit peut être contraire à la loi et édicter une pratique contraire à une
disposition légale (on parle d’usage contra legem). La solidarité passive est en effet contraire à l’article
1310 du Code civil, qui prévoit que la solidarité doit être expressément stipulée.
Par ailleurs, l’usage de droit peut s’appliquer en vertu d’un renvoi exprès de la loi. On parle
alors d’usage secundum legem.
L’usage de droit peut aussi s’appliquer dans le silence de la loi ou de la volonté des parties : on
parle d’usage praeter legem. Ainsi, alors qu’il' n’existe aucun texte, l’exigence d’usages loyaux du
commerce permet de sanctionner une pratique jugée déloyale par application du droit de la
concurrence déloyale fondé sur l’article 1240 du Code civil (Tout fait quelconque de l'homme, qui
cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer).
Pour ce qui est du régime juridique des usages de droit, ces derniers sont des normes
objectives et n’ont donc pas à être prouvés par les parties au cours d’un procès. Le juge est censé
les connaître de la même manière que la loi. Les usages de droit ont un caractère général et abstrait à
l’image de la loi, et leur opposabilité est automatique, même en cas de silence des personnes
intéressées. Si le droit positif considère l’usage de droit comme pouvant déroger à une règle
supplétive, il ne pourrait en revanche déroger à une règle impérative.
Paragraphe 3 : La jurisprudence
Le rôle de la jurisprudence est important, car à l’occasion de l’application des règles de droit
dans les litiges, les tribunaux interprètent les textes juridiques, voire les complètent et les adaptent aux
nécessités de la vie des affaires. La jurisprudence est parfois créatrice de droit, comme ce fut le cas
pour le compte courant, la concurrence déloyale ou encore l’abus de majorité en droit des sociétés.
Elle répond en effet à la nécessité d’une intervention rapide des juridictions dans les relations
commerciales. La spécificité de la jurisprudence tient pour beaucoup aux privilèges particuliers des
tribunaux de commerce : contrairement aux juges civils, les juges consulaires sont habilités à se servir
d’un usage dont ils ont une connaissance personnelle (Cass. req.. 22 déc. 1903 : DP1903, 1, p. 149).
L’œuvre prétorienne est ici, sans doute plus que dans les autres branches du droit privé, très créatrice.
Paragraphe 4 : La doctrine
La doctrine est formée par les opinions des auteurs, en majorité des universitaires qui sont
publiées dans des ouvrages, des thèses ou des articles de revues spécialisées. Le rôle de la doctrine est
très souvent prospectif : les auteurs tentent d’apporter des propositions de solutions à des problèmes de
droit présents et à venir. Leur travail consiste également à analyser les lois et les décisions de justice
afin d’en expliquer les fondements, les enjeux et la portée.
La doctrine commercialiste. En droit commercial, la doctrine spécialisée a commencé à se développer
sous l’Ancien Régime. Les exégètes ont très tôt commenté le Code de commerce de 1807.
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Le rôle des règles internationales est essentiel en droit commercial, car depuis toujours le
monde des affaires s’affranchit des frontières des États. Parmi les sources supranationales, il convient
d’envisager les sources internationales (Section 1), puis les sources européennes (Section 2).
Exemples d’usages internationaux : les Incoterms (International Commercial Terms) sont les plus
connus. Dès 1936, la Chambre de commerce internationale a élaboré des documents sous la forme
d’un dictionnaire. La référence à un terme composé de trois lettres renvoie automatiquement à des
obligations très précises incombant à l’acheteur et au vendeur. Ainsi, dans le cas d’une vente FOB
(free on board), le vendeur remplit son obligation de livraison quand la marchandise arrive sur le
navire du port d’embarquement désigné. De là, les frais et risques de perte courus par la marchandise
sont à la charge de l’acheteur.
La valeur normative des usages internationaux est très discutée en doctrine ; les auteurs
sont divisés sur la question. Certains auteurs admettent que ces usages constituent la lex mercatoria,
c’est-à-dire la loi des marchands, qui s’applique de manière autonome et automatique en cas de silence
des traités internationaux. Pour d’autres auteurs, ces usages ne constituent pas de véritables normes
juridiques et ne s’appliquent qu’en cas de silence des parties.
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Paragraphe 1 : Les textes de droit européen
Les traités fondateurs ont eu pour but de créer une Union européenne, et d’assurer sur le
territoire européen un développement harmonieux de l’activité économique. Le traité de Rome du 25
mars 1957 a créé la Communauté économique européenne (CEE). Il fut complété notamment par le
traité de Maastricht du 7 février 1992 qui a établi l’Union européenne. L’importance considérable du
droit européen résulte à la fois de sa primauté en droit interne, ainsi que de l’application directe
des dispositions des traités en droit interne, ce que l’on qualifie de « droit originaire ». Cette
importance découle également du pouvoir normatif détenu par les autorités européennes qui peuvent
édicter une législation européenne parfois directement applicable en droit interne et qualifiée de droit
dérivé.
Les relations commerciales dans l’Union européenne ont été métamorphosées par
l’établissement du marché intérieur, fondé sur les quatre libertés fondamentales de l’Union, afin de
réaliser le marché commun et de décloisonner les marchés nationaux. Il s’agit des principes de libre
circulation des marchandises, libre circulation des personnes, libre circulation des services et libre
circulation des capitaux. Parmi les textes importants figurent :
→ La Convention de Rome du 19 juin 1980 sur la loi applicable aux obligations contractuelles,
destinée à unifier les règles de conflit au sein des États membres,
→ La Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés
fondamentales, communément appelée Convention européenne des droits de l’homme.
B. Le droit dérivé
1. Le règlement
Le règlement est un texte de portée générale qui s’impose de façon automatique et obligatoire dans
les différents États membres, sans que ceux-ci n’aient besoin de le transposer dans leur droit
interne.
2. La directive
La directive quant à elle est un acte qui fixe des objectifs à atteindre pour les États membres,
mais leur laisse le choix des moyens et de la forme pour les atteindre dans les délais fixés par elle.
Pour que la directive puisse s’appliquer sur leur territoire, les États doivent donc la transposer dans
leur droit national. La transposition consiste, pour le législateur, à rédiger ou à modifier ses lois afin
de permettre la réalisation de l’objectif fixé par la directive et à abroger les textes qui pourraient être
en contradiction avec cet objectif.
Exemple : Ordonnance du 15 juillet 2009 relative aux conditions régissant la fourniture de services et
de paiement a transposé dans notre système juridique la directive n° 2007/64/CE du 13 novembre 2007
concernant les services de paiement dans le marché intérieur.
La non-transposition d’une directive, outre le fait qu’elle peut faire l’objet d’une procédure de
manquement devant la Cour de justice de l’Union européenne, entraîne quand même son application
sur le territoire de l’État défaillant, les juges nationaux étant tenus d’interpréter leur droit interne à la
lumière de la jurisprudence de la CJUE. Une directive (UE) 2015/2436 du 16 décembre 2015 est
venue harmoniser le droit national des marques sur tout le territoire de l’Union européenne, et les États
avaient jusqu’au 14 janvier 2019 pour transposer la directive dans son ensemble. Mais la transposition
française a pris du retard dans l’opération. Le législateur a alors saisi l’occasion de l’adoption de la loi
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PACTE pour habiliter le gouvernement à prendre, dans un délai de 6 mois à compter de sa publication,
les mesures nécessaires à la transposition et à l’adaptation de la directive.
1. Les décisions
Les décisions sont des actes juridiques pris par le Conseil de l’Union européenne ou la
Commission européenne à l’encontre de particuliers, de personnes morales ou d’États membres. Elles
sont obligatoires dans toutes leurs dispositions et applicables directement, sans transposition, à
l’égard de leurs destinataires.
2. Les avis
Les avis expriment une opinion d’une institution ou d’un organe de l’Union européenne ou une
intention politique. Ainsi, par exemple, la Banque centrale européenne peut, dans les domaines
relevant de sa compétence, soumettre des avis aux institutions, organes ou organismes de l’Union
appropriés ou aux autorités nationales.
3. Les recommandations
Les recommandations sont des actes émis par la Commission européenne ou le Conseil de l’Union
européenne. Ils constituent une incitation pour les États membres à adopter un comportement
particulier. Par exemple, dans le domaine de la politique économique et monétaire, la Commission
peut recommander certaines mesures à un État membre qui connaît des difficultés dans sa balance des
paiements.
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Titre 1 : Les Juridictions commerciales consulaire
L’essentiel des litiges relatifs aux activités commerciales relèvent de la compétence d’une
juridiction spécialisée appelée le Tribunal de commerce, juridiction du premier degré. Ces
Tribunaux présentent certains particularismes, des compétences précises et une procédure
spécifique. Justice autonome des deniers publics.
Depuis la loi du 8 décembre 1983, tous les commerçants peuvent être élus juges consulaires, ils
prêtent serment et il leur appartient de trancher les litiges entre commerçants. Les juges sont élus par
d’autres commerçants. Le président du Tribunal de commerce est élu par les autres juges.
L’élection d’un juge du tribunal se fait au scrutin plurinominal à deux tours majoritaire.
A plusieurs reprises, il a été question de modifier la composition des tribunaux de commerce afin
de créer un échevinage. A côté des commerçants élus siègeraient dans les tribunaux de commerce
des magistrats professionnels. Ces projets de réformes de l’échevinage ont suscité l’hostilité des
commerçants et des industriels. Les commerçants sont très attachés à la désignation des juges par
voie d’élection parmi leurs pairs, de sorte que tous les projets de réforme n’ont jamais pu aboutir.
Les juges consulaires se sont vus en revanche proposer des formations afin de garantir leurs
compétences. Leur statut a eu tendance à se rapprocher de celui des magistrats de carrière. Les
juges consulaires sont en principe bénévoles. Décision en général assez peu réformée (faible taux
d’appel et de réforme). Complémentarité entre les membres, chacun à des compétences différentes.
Ce sont tous des chefs d’entreprises mais certains sont juristes, d’autres économistes…
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Paragraphe 3 : Tribunaux de commerce spécialisé
Certains tribunaux de commerces sont encore plus spécialisé et ils sont les destinataire exclusif de
certains contentieux notamment en droit de la concurrence et en matière de difficulté des
entreprises. Afin de garantir une plus grande compétences technique, les juges qui sont appelés à
certaines affaires notamment dans le domaine des pratiques restrictives de concurrence, le code de
commerce désignent un nombre limité de juridiction spécialisé dont il fixe le siège et le ressort. 8 TC
et 8 tribunal judiciaire sont compétents pour statuer sur litiges en droit de la concurrence : Marseille,
Bordeaux, Lille, Fort de France, Lyon, Nancy, Paris et Rennes). La cour d’appel de Paris est la seule
compétente pour connaitre les appels de ces juridictions spécialisées.
En matière d’entreprises en difficulté il y a également des tribunaux spécialisé, pour les sauvegarde,
liquidation ou redressement judiciaire. Il existe simplement des conditions pour qu’elle soit
compétente : ces TC spécialisé sont compétent :
⮚ lorsque le nombre de salarié de l’entreprise est supérieur ou égal à 250 salarié et dont le
montant net du CA supérieur à 20 millions d’euros.
⮚ Lorsque CA de l’entreprises supérieur à 40 millions d’euros (peu importe nombre de
salariés)
⮚ lorsque une société détient une autre société dès lors que l’ensemble des salarié des 2 société
est supérieur à 250 et CA au moins 20 millions.
⮚ Lorsque société qui détient ou contrôle une autre société dès lors que CA de l’ensemble des
sociétés est d’au moins 40 millions d’euros. Besoin de juridiction spécialisée pour accueillir ce
type de contentieux. 18 juridictions pour ces procédure collective.
Section 3 : Le président du TC
Il est lui-même une juridiction notamment en tant que référé commercial. Il peut également prendre
des ordonnances sur requête (on présente une requête afin qu’il nous autorise une action = préserver
l’effet de surprise).
Président du TC compétent en matière d’injonction de payer.
Section 4 : La procédure
Avant représentation devant le tribunal était libre.
Sauf dispositions contraires, les parties sont dispensées d'avocat lorsque la demande porte sur un
montant inférieur ou égal à 10 000 € ou qu’elle a pour l’origine une obligation dont le montant
n’excède pas 10 000 euros. Pas pour les entreprises en difficulté et pour litige concernant la tenue
du registre du commerce et des sociétés. Dans ces cas-là n’importe qui peut représenter mais il
doit témoigner d’un pouvoir spécial, d’un mandat (cela vaut devant toute les juridictions). Dispensé
d’avocat en matière de gages des stocks et gages sans dépossession.
La procédure est dominée par un souci de simplicité et de rapidité. La procédure est orale.
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commerçant (séparation des biens, mise en commun des biens…) ce qui est très important dans le
cadre d’une saisie. D’autres part, la tenue du registre du commerce et des sociétés permet
également de savoir si le commerçant a la qualité ou non d’étranger, de savoir si ce commerçant
est ou non le gérant de la société. Le registre du commerce et des sociétés est une espèce « d’état
civil du commerçant ».
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d’intention, de certificat d’utilité, de certificat complémentaire de protection et de topographie de
produit semi-conducteur = TJ de Paris compétent.
C’est une justice privée qui cherche à rompre le lien entre l’un des litigant et le juge. Très grande
indépendance et impartialité. La jurisprudence arbitrale n’est toutefois pas contraignante. Utilisée en
droit international.
Depuis 2001 et la réforme NRE et les réformes qui ont suivi, la discipline tend toutefois à
être moins commercialiste et à s’élargir au domaine des relations professionnelles
indépendantes. Désormais, la clause compromissoire (clause par laquelle les parties à un contrat vont
confier à un tribunal arbitral la résolution d’un litige à naitre relativement au dit contrat) est opposable
à la partie qui a contracté dans le cadre de son activité professionnelle indépendante (Code civil, art.
2061)
La technique est très développé en matière internationale. Le fait que la justice soit
payante dans les contrats internationaux ne fait pas obstacle à l’accès au juge car les contrats
sont eux même énorme et que les déplacements pour les audiences et expertises ne sont pas un
obstacle à ce que la justice soit rendu. En matière interne, l’arbitrage permet de résoudre
efficacement certains litiges. A côté des institutions parisiennes, son extrêmement connu ICC, le
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centre de médiation et d’arbitrage de Paris. On retrouve également en province des chambres
(CMCAO à Toulouse, CRA à Marseille, CEA à Strasbourg).
Les parties rémunèrent la procédure et les arbitres.
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- Les opérations intermédiaires
- Les opérations financières
Ces actes de commerces en raisons de leurs objets ne nécessite pas d’être réalisé dans le cadre
d’une organisation professionnelle, ils sont commerciaux même s’ils sont accomplis de manière
isolé.
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commerce vin, matrimoniale. La nature d’un acte de courtage est commerciale, de droit quel que
soit le secteur d’activité y compris en matière de courage matrimonial. Les agences immobilières
qui mettent en relation des acquéreurs et des vendeurs de biens immobiliers sont commerciales. L’acte
commerciale d’entremise dans l’immobilier consiste pour l’intermédiaire à mettre en relation des
vendeurs et des acheteurs de biens immobiliers.
Il y a trois types de contrats:
- Le courtage
- Le mandat: le mandataire agit au nom ou pour le compte du mandat.
- La commission: le commissionnaire agit à son nom à lui pour le nom du commettant.
Par exception, l’agence immobilière qui fait de la location réalise une activité civile et non
commerciale.
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Section 1 : L’entreprise de commerce
Met en relation des vendeurs et des acheteurs avec les donneurs d’ordres.
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Paragraphe 1 : L’entreprise de commission, l’agence & les bureaux
d’affaires
Les activités visées entrent dans la catégorie de l’article L. 110-1, 6°. Elles consistent à gérer
les affaires d’autrui et faciliter la conclusion de contrats. Il s’agit de l’entreprise de commission
d’une part (§1), et de l’agence et des bureaux d’affaires d’autre part (§2).
1 ) l’entreprise de commission
L’agence et les bureaux d’affaire est une catégorie « fourre-tout » comprenant aussi bien les
agences de publicité ou de voyages que les agences de recouvrement de créances, ainsi que les
agents artistiques, les généalogistes et les gestionnaires de patrimoine.
D’une façon générale, lorsque les activités de conseil impliquent une organisation mettant
en œuvre, sous la direction d’un entrepreneur, des moyens humains et/ou matériels sur lesquels il
est essentiellement spéculé pour la réalisation d’une entreprise de fourniture de services, celles-ci
doivent être qualifiées d’actes de commerce accomplis à titre de profession habituelle.
L’entreprise de vente à l’encan consiste à organiser des ventes volontaires de biens meubles
aux enchères publiques.
Citées à l’article L. 110-1, 6°, elles sont des entreprises de ventes publiques aux enchères. Le
Code de commerce vise spécialement les ventes volontaires de biens meubles neufs ou d’occasion, par
opposition aux ventes réalisées après saisies.
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une personne physique. Dans ce dernier cas, l’activité est de nature civile, à l’exemple de celle,
artisanale, exercée par les chauffeurs de taxi dont l’exercice est limité à un véhicule objet de propriété
du chauffeur (Cass. com., 4 déc. 1968.- Bull. civ. IV, n° 345). Achat, construction et vente de navires.
Un effet de commerce est un titre négociable qui constate l’existence, au profit du porteur,
d’une créance à court terme, et qui sert à son paiement.
Tout instrument qui sert à la fois de moyen de paiement et de crédit entre dans la catégorie des
effets de commerce. Ainsi en est-il de la lettre de change, mais aussi du billet à ordre, du chèque et du
warrant. Caractérisés par leur négociabilité et leur formalisme, les effets de commerce se distinguent
en cela de la cession de créances de droit commun. De plus, ils obéissent à une règle d’inopposabilité
des exceptions. Chaque signataire de l’effet de commerce se reconnaît débiteur du titre à l’échéance,
indépendamment des exceptions qu’il pourrait soulever à l’encontre de l’un des créanciers, tirées de
leurs rapports fondamentaux. C’est comme si la création et la circulation de l’effet de commerce
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faisaient disparaître les rapports préexistants entre le créancier et le débiteur. Cette indépendance des
signatures garantit le paiement du titre à l’échéance, à plus forte raison s’il existe plusieurs signataires.
Paragraphe 1 : la négociabilité
Un titre est dit négociable quand il peut être librement céder entre deux personnes. Les effets
de commerce sont des titres négociable ie librement cessible entre un débiteur et son créancier. Leur
cession ne s’opère pas selon les règle du droit civil. En matière civile, la cession n’est opposable au
débiteur s’il n’y a déjà consenti que s’il lui a été notifié. Au contraire, la circulation de l’effet de
commerce s’effectue par tradition, ou bien par endossement. La tradition consiste dans la remise du
titre de la main à la main, l’endossement quant à lui consiste dans l’apposition au dos du titre, d’une
signature par le porteur qu’il endosse. On l’appelle l’endosseur.
Le mécanisme de l’inopposabilité des exceptions permet au porteur légitime d'une Lettre de change
d’être protégé contre les moyens de défense que pourrait faire valoir la personne poursuivie en vertu
de la Lette de change pour échapper au paiement.
Exemple
Elle déroge au principe du droit commun selon lequel on ne peut transmettre plus de droits que l'on a
soi-même. L’endossataire pourra avoir plus de droits que l'endosseur. Soit une lettre de change créée à
l'occasion d’une vente de marché, le tireur a émis une lettre de change sur son acheteur, le tiré, à son
profit, il va alors l'endosser au profit de sa banque dans le cadre d’un escompte. Le tiré refuse de payer
le banquier qui le poursuit en paiement car il n’a pas été livré de la marchandise. Le principe de
l'inopposabilité interdit au tiré d'opposer ce moyen à la banque pour s’opposer au paiement. Il doit
alors payer. Ce principe a un objectif qui est celui de faciliter la circulation de la Lettre de change.
Chaque endossement purge les vices qui peuvent affecter l’engagement cambiaire. Ainsi, celui qui
détient une lettre de change doit être certain qu'on ne lui opposera pas des exceptions qu'il ne connaît
pas.
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Jouant le rôle d’instrument de paiement, l’effet de commerce représente une monnaie dont la
valeur en argent est libellée sur le titre même. Il importe que tout bénéficiaire d’un effet de commerce
puisse se fier à cette valeur économique du seul fait de la remise ou de l’endossement. Pour cela,
certaines mentions doivent, à peine de nullité, apparaître sur le titre. Or, tous les effets de commerce
n’obéissent pas aux mêmes règles de forme.
Comme pour tout effet de commerce, le formalisme de la lettre de change est source de sécurité
juridique des transactions entre commerçants. La lettre de change est un acte sous seing privé qui peut
néanmoins être tiré par acte authentique. Si, à l’origine, elle était entièrement manuscrite, elle est
fournie de nos jours sur un formulaire préétabli disponible dans des carnets à souches.
L’article L. 511-1 du Code de commerce énumère les différentes mentions obligatoires devant figurer
sur la traite et sans lesquelles le titre ne peut valoir comme lettre de change :
→ La dénomination de lettre de change insérée dans le texte même du titre et exprimée dans la
langue employée pour la rédaction ;
→ Le mandat pur et simple de payer une somme déterminée ;
→ Le nom de celui qui doit payer (le tiré) ;
→ L’indication de l’échéance ;
→ La mention du lieu où le paiement doit s’effectuer ;
→ Le nom de celui auquel ou à l’ordre duquel le paiement doit être fait ;
→ L’indication de la date et du lieu où la lettre est créée (tirée) ;
→ La signature de celui qui émet la lettre (le tireur). Cette signature est apposée à la main ou par
tout procédé non manuscrit.
Selon l’article L. 110-1, 10° du Code de commerce, la lettre de change est réputée
commerciale entre toutes personnes. Tout signataire d’une lettre de change accomplit donc un acte de
commerce par la forme, quelle que soit sa qualité (Cass. civ.. 12mai 1909 : S. 1910, p. 24). Ainsi, tous
les signataires de la lettre de change - tiré accepteur, endosseur, avaliseur - effectuent un acte de
commerce, même s’ils ne sont pas commerçants, et ce quelle que soit la cause de leur engagement.
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collectif, les sociétés en commandite simple, les sociétés à responsabilité limitée et les sociétés par
actions ».
Ces personnes morales sont commerciales en raison de leur forme, quel que soit leur objet social,
même si ce dernier ne comprend aucun acte de commerce (Cass. com., 29 sept. 2009, n°
08-17205). Elles ne sont pas à proprement parler « commerçantes » mais elles sont soumises au droit
commercial de la même manière qu’un commerçant. L’acte qui serait accompli par la société mais
qui sortirait de son objet n’aurait pas, en revanche, ce caractère commercial. Acte de formation et
de dissolution sont commerciaux.
Les statuts déterminent librement la forme sociale de la société : SCS, SNC, SARL, SA, etc.
Analysons chaque forme de société commerciale par la forme.
La société en nom collectif n’est pas définie par le Code de commerce, mais on peut
déduire de son régime juridique qu’elle est une société dans laquelle les associés ont « tous la qualité
de commerçant et répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales » (Cass com., article L.
221-1, al. 1).
Cette obligation indéfinie et solidaire aux dettes sociales est l’unique critère distinctif de la société en
nom collectif. L’associé en nom collectif présente la caractéristique d’avoir la qualité personnelle de
commerçant. Il en résulte que nul ne peut faire partie d’une SNC, s’il n’a pas la capacité spéciale
requise pour faire le commerce.
Corrélativement, l’adhésion à une telle société en qualité d’associé confère de plein droit la
qualité de commerçant. En tant que société de personnes, la société en nom collectif comporte des
associés, en général peu nombreux, qui se connaissent et se font mutuellement confiance, étant donné
la responsabilité qui pèse sur eux.
Elle comporte une forte dose d’intuitu personae (élément psychologique et contractuel déterminant un
choix personnel et mutuel des associés entre eux - "Intuitu personae" est une locution latine qualifiant
un contrat qui est conclu en considération du type ou de la qualité des relations existant entre les
personnes qui le signent).
La personnalité de chaque associé joue un rôle décisif dans la constitution, le fonctionnement et la
dissolution de la société.
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l’associé commanditaire est tenu, solidairement avec les associés commandités, des dettes et
engagements de la société qui résultent des actes prohibés.
Forme sociale la plus répandue en France, en particulier dans les petites et moyennes
entreprises, la SARL compte parmi les sociétés qui peuvent n’avoir qu’un seul associé : elle est alors
dénommée entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL).
La qualité de commerçant n’est pas exigée pour être associé de SARL. Il en résulte qu’un
mineur, même non émancipé, peut valablement s’associer dans une telle société. Faut-il encore pour
cela qu’il soit dûment représenté. En effet, la souscription de parts ne requiert pas de capacité
commerciale mais une capacité civile de s’engager. Si tel n’est pas le cas, la souscription au capital est
nulle. Les associés ne répondent des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports respectifs. Ils
ont donc une responsabilité limitée.
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Ce sont des actes qui ne sont commerciaux ni par nature ni par leur forme. Ils ne sont pas
non plus visés par le Code de commerce. S’ils sont commerciaux, c’est parce qu’ils sont effectués
par un commerçant pour les besoins de son activité commerciale, ou parce qu’ils sont accessoires
à une opération commerciale. Ces actes sont donc commerciaux du fait de la qualité commerciale
de leur auteur, ou en raison de l’objet commercial qu’ils poursuivent. Cette commercialité par
accessoire est tirée de l’adage selon lequel « l’accessoire suit le principal ».
La théorie de l’accessoire permet de distinguer deux catégories d’actes de commerce par
accessoire : les actes de commerce par accessoire subjectif (Chapitre 1) et les actes de commerce par
accessoire objectif (Chapitre 2).
Pour être commercial par accessoire, l’acte doit avoir été accompli par le commerçant pour les
besoins de son activité commerciale, et non pour son usage particulier. L’acte est a la base civile
Exemple : acheter une voiture pour s’en servir est en principe un acte de nature civile ; le
commerçant qui achète une voiture pour se déplacer avec sa famille accomplit toujours acte civil. Si le
même véhicule est acheté par un commerçant et utilisé par ce commerçant pour exercer son activité
commerciale, alors l’acte d’achat deviendra un acte de commerce.
L’élément accessoire, c’est l’acte accompli, et l’élément principal est la qualité et l’activité de la
personne qui l’accomplit.
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Section 2 : Le domaine de la commercialité par accessoire
Par application de la théorie de l’accessoire subjectif, tout contrat peut recevoir la qualification
d’acte de commerce. Par conséquent, lorsqu’il est effectué par un commerçant, du contrat de vente ou
par exemple par l’achat d’un matériel destiné à une activité commerciale, le contrat de dépôt,
d’assurance, de la location de machine, du transport, ou du prêt.
La théorie de l’accessoire subjectif s’applique aux obligations extra contractuel, que se soit des
obligations délictuels, casi délictuel, ou casi contractuel. En outre le délit civil commis par un
commerçant génère une obligation de déclaration qui relève du droit commercial.
Exemple : la concurrence déloyale permet de mettre en œuvre une action en concurrence déloyale.
La commercialité s’applique aussi aux obligations naît de la responsabilité du fait des choses
que le commerçant à sous sa garde. De même qu’aux obligations naît de la responsabilités des
commettants du fait de leur préposé qui ont agi dans le cadre de leur fonction commerciale.
Et enfin commercial, la faute commise contre un commerçant si elle se rattache par un lien
direct et immédiat à l’exercice de son commerce.
L’entreprise est une notion économique bien + que juridique, 2 cas peuvent être envisagés :
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Paragraphe 1 : La cession d’un fonds de commerce
Cette cession ne fait pas partie des actes visés par le Code de commerce, ni au titre des actes
de commerce par nature, ni au titre des actes de commerce par la forme. La catégorie des actes de
commerce par accessoire subjectif ne peut non plus accueillir la cession d’un fonds de commerce, pour
deux raisons :
→ La qualité de commerçant fait défaut à l’acquéreur qui entend procéder à son
exploitation ;
→ Défaut de qualité de commerçant en la personne du vendeur, soit parce qu’il a cessé
d’exploiter le fonds, soit parce qu’il n’a jamais eu cette qualité, ayant par exemple hérité
de la propriété du fonds.
Il s’agit en effet d’un acte passé dans le but d’exercer un commerce et indispensable à
l’exercice de celui-ci. Par extension, tout acte rattaché à la cession du fonds de commerce revêt
également la commercialité : la promesse synallagmatique de vente, la promesse d’achat, le
contrat de location-gérance, le nantissement du fonds de commerce.
En droit des affaires, on entend par « bloc de contrôle » un ensemble de titres de capital
d’une société qui confère à l’acquéreur le contrôle de la société, ce qui suppose en règle générale
que l’acquéreur détienne plus de la moitié des parts sociales ou des actions. Or, une cession de
titres conclue entre des associés qui n’ont en principe pas la qualité de commerçant constitue un
acte de nature civile. C’est donc par exception que la jurisprudence qualifie la cession de contrôle
d’acte de commerce. Elle fait ainsi application de la théorie de l’accessoire objectif et considère que
cette cession de la majorité des parts ou des actions revient en quelque sorte à vendre la société
commerciale elle-même (Cass. com. 28 déc. 1978.- D. 1980, p. 316, note BOUSQUET. Cass. com.,
28 nov. 2006, n° 05-14827).
De même, la convention qui a pour objet l’organisation de la société commerciale, en
transférant son contrôle ou en garantissant le maintien de son titulaire, est un acte commercial (Cass.
com. 26 mars 1996, n° 94-14051 P. ; Cass. 1re civ., 3 juil. 2013 : JCP E 2014, n° 1189, spéc. n° 6. obs.
BUCHBERGER).
Section 2 : Le cautionnement
Le cautionnement est le contrat par lequel une personne, la caution, s’engage envers une autre
personne, le créancier, à payer la dette du débiteur principal en cas de défaillance de ce dernier.
Cette sûreté personnelle a en principe un caractère civil qui devient commercial dans plusieurs
hypothèses :
→ Le cautionnement peut devenir commercial par nature s’il est consenti par un
établissement bancaire (banque se porte caution) au profit d’un client. En effet, ce
cautionnement constitue alors une opération de crédit et donc une opération de banque
telle que visée par l’article L. 110-1, 7° (toute opération de change, banque, courtage, activité
d’émission et de gestion de monnaie électronique et tout service de paiement) ;
→ Le cautionnement peut encore être commercial par accessoire subjectif lorsqu’il est
consenti par un commerçant dans l’exercice de son activité commerciale ;
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→ Le cautionnement peut enfin être commercial par accessoire objectif s’il est donné par une
personne non-commerçante par exemple en garantie des dettes d’une société commerciale. Il
s’agit d’une situation dans laquelle la société souscrit auprès d’un établissement de crédit un
financement qui résulte d’un contrat commercial. La personne, civile, qui consent le
cautionnement auprès de l’établissement de crédit est souvent un dirigeant de la société ou
l’un des principaux associés qui, par cet acte, engage son patrimoine personnel. Ni le dirigeant
social ni l’associé n’ont la qualité de commerçant, mais tous deux ont un intérêt patrimonial
personnel à ce que la société obtienne l’emprunt pour lequel ils donnent leur cautionnement.
C’est pourquoi la jurisprudence reconnaît un caractère commercial à ce cautionnement dès
lors qu’est caractérisé le critère de l’intérêt patrimonial personnel de la caution à l’opération
cautionnée.
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Sans souci d’exhaustivité, notons que sont encore civiles les activités d’enseignement privé ou
d’auto-école.
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Partie 2 : La régime des actes
Le régime des actes de commerce est un régime dérogatoire du droit civil. Mais c’est un
régime qui s’applique uniquement dans les relations entre commerçants, c’est-à-dire aux actes
commerciaux à l’égard des deux parties. Une difficulté surgit lorsque l’acte est commercial à l’égard
d’une partie et civil à l’égard de l’autre. Il s’agit alors d’un acte mixte. Le régime juridique de l’acte
mixte (Titre 2) diffère de celui d’un acte de commerce pur (Titre 1).
L’acte de commerce n’échappe pas aux conditions générales de validité imposées par l’article
1128 du Code civil. C’est en matière de capacité (§1) et de consentement (§2) que le droit
commercial se singularise.
A. Le mineur
Le mineur non émancipé ne peut conclure seul des actes juridiques et il ne peut pas non
plus accéder au statut de commerçant.
Le mineur émancipé peut cependant, sur autorisation du juge des tutelles, au moment de la
décisions d’émancipation ou du président du tribunal judiciaire, s’il formule cette demande après
avoir été émancipé, être commerçant. Sous réserve de l’obtention de cette autorisation, le mineur
émancipé peut accomplir tous les actes nécessaire à l’exercice d’une activité commerciale dans
l’exploitation d’un fonds de commerce.
Le mineur non émancipé ne peut ni effectuer d’AC ni devenir commerçant. Même une
simple lettre de change souscrite par un mineur serait nulle à son égard. L’acte accompli par un
mineur non émancipé est annulable sur le fondement des disposition du Code Civil dans un
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délais de 5 ans à compter du jour de l’émancipation ou de la majorité. Le mineur non émancipé a
en plus droit à des restitutions qui s’élève au montant du profit de l’acte annulé.
Par exception le mineur de 16 ans révolus peut être autorisé par son ou ses
administrateur(s) légaux à accomplir seul les actes adm° nécessaire à la création et à la gestion
d’une entreprise individuelle à responsabilité limité (EIRL) ou d’une société unipersonnelle
(URL).
L’autorisation est donnée sous la forme d’un ASSP ou d’un acte notarié et elle doit
indiquer les actes d’adm pouvant être accompli par le mineur. Les actes de disposition quant à eux,
ne peuvent être effectué QUE par son ou ses administrateur légaux.
Le mineur non émancipé de moins de 16 ans qui ne peut accomplir d’AC ni devenir
commerçant même en étant représenté, il y a l’incapacité commerciale qui est une incapacité de
jouissance.
B. Le majeur protégé
La capacité commerciale des majeurs protégés, n’est pas spécifiquement prévue par le code
de commerce. Il faut donc appliquer par défaut les règle du Code Civil qui encadre les différents
régimes de protections. Les majeurs protégés sont ceux placés sous tutelles, curatelles ou sauvegarde
de justice.
Le majeur placé sous tutelle est frappé d’une incapacité d’exercice, doit être rpz en permanence
pour tous les actes juridique qu’il est amené à conclure. Il ne peut acquérir la qualité de
commerçant même par l’intermédiaire de son tuteur.
Le majeur placé sous curatelles, bénéficie d’une assistance temporaire. Il peut accomplir seul
les actes les moins graves, gestion courante & administration, en revanche il ne peut accomplir
seul aucun acte d’importance sans l’assistance de son curateur qui doit intervenir pour chaque
acte de disposition. Il peut devenir commerçant sur décision du juge des tutelles enregistré au
RCS.
Le majeur placé sous sauvegarde de justice, il conserve tous ses droits mais il peut faire
annuler, résoudre ou rescinder les actes passés sous le coup d’un trouble mental. Comme le
jugement de placement sous sauvegarde de justice ne fait l’objet d’aucune publication obligatoire,
encore moins au registre du commerce et des sociétés, le majeur placé sous cette protection peut
devenir commerçant, mais les actes qu’il conclut peuvent être remis en cause.
Paragraphe 2 : Le consentement
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Section 2 : Les règles de forme
La solidarité commerciale, issue d’une règle d’usage, est une des règles majeures
répondant à l’impérieuse nécessité de sécurité juridique des transactions commerciales. Cette
règle favorise l’exécution des obligations commerciales. Elle consiste en une solidarité passive
permettant à un créancier ayant plusieurs débiteurs de réclamer le paiement de l’intégralité de
la dette à l’un seul d’entre eux, à charge pour celui qui a payé (appelé alors le solvens), d’exercer
une action récursoire contre ses coobligés.
En s’adressant à un seul débiteur pour la totalité de la dette, le créancier n’a pas à diviser
ses poursuites sur le modèle de l’obligation conjointe observée en matière civile. L’insolvabilité
d’un ou de plusieurs codébiteurs solidaires sera donc, le cas échéant, supportée par le solvens. La
solidarité est présumée en matière commerciale, entre codébiteurs commerçants d’une même
dette. Il s’agit toutefois d’une présomption simple : les commerçants peuvent l’écarter par une
stipulation contraire expresse. En revanche, la solidarité active ne se présume pas (Cass. civ. 15
juin 1914.- DP 1916. 1, p.88, confirmé par Cass.com., 26 sept. 2018, n°16-28133). Cela signifie qu’en
cas de pluralité de créanciers envers un seul débiteur, l’action de l’un d’entre eux n’interrompt pas
la prescription de celle des autres.
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Paragraphe 1 : Liberté de la preuve
Contrairement au droit civil, le droit commercial est très peu formaliste. Le principe
applicable est celui de la liberté de la preuve. La recherche de rapidité et de fluidité des échanges
commerciaux et la confiance des partenaires expliquent cette situation. La liberté de la preuve
dispense les parties de préconstituer une preuve écrite, alors même que le montant de
l’opération dépasserait la somme de 1 500 € (C. com., art. L.110-3 « À l’égard des commerçants, les
actes de commerce peuvent se prouver par tous moyens à moins qu’il n’en soit autrement disposé par
la loi »). Seuls les actes accomplis à l’occasion de l'activité professionnelle obéissent à la règle de
preuve par tous moyens (Cass. com.. 19 janv. 1993.- Defrénois 1993, p. 1374, obs. AUBERT J.- L.).
Si, au contraire, l’engagement est étranger au commerce, le retour aux règles de droit civil
s’impose (Cass.1'°civ., 23 mai 1977.- Bull. civ. l, n° 246).
Les moyens de preuve admis en justice sont très variés et il n’existe aucune hiérarchie
entre eux. Encore faut-il que la personne à qui incombe la charge de la preuve puisse convaincre le
juge.
Par dérogation à la règle selon laquelle nul ne peut se créer de preuve à soi-même, le droit
commercial admet dans une certaine mesure que le commerçant puisse se constituer une preuve à son
propre profit (C. com., art. L. 123-23 : « La comptabilité régulièrement tenue peut être admise en
justice pour faire preuve entre commerçants pour faits de commerce » - Les documents concernés sont
les comptes annuels et les livres comptables. Grâce aux garanties conférées par le dispositif très strict
existant en matière de tenue des livres de commerce, les documents comptables tenus par le
commerçant sont revêtus d’une présomption d’exactitude, présomption simple qui cède en cas de
tenue irrégulière de la comptabilité).
Section 3 : L’anatocisme
Par principe en droit civil, l’anatocisme, qui consiste à capitaliser les intérêts d’une dette,
c'est à dire à faire produire des intérêts aux intérêts, est subordonné selon l’article 1343-2 Code
civil, à une convention expresse. La pratique ne concerne uniquement que les intérêts dus pour une
année entière au moins (Art. 1343-2 du C. Civ. : « Les intérêts échus, dus au moins pour une année
entière, produisent intérêt si le contrat l’a prévu ou si une décision de justice le précise »).
Exemple : un prêt de 1000 à intérêt 10% remboursable en 10 fois. A chaque remboursement, il
faut payer 110. Si on ne rembourse que le capital et pas les intérêts, on rembourse 100. Les 10 qu’on
ne rembourse pas au titre des intérêts ne peuvent pas porter intérêt, sauf éventuellement au bout
d’un an. Donc on peut payer 9 fois 100, et le dernier mois, payer le dernier montant de capital
(100) plus tous les intérêts d’un coup (c'est à dire 100), sans être sanctionné par le fait que ces
intérêts ont eux-mêmes produit des intérêts.
En droit commercial en revanche, la capitalisation des intérêts est parfois présumée (ex.
dans le cadre du compte-courant) et peut courir à partir d’un terme beaucoup plus bref
(généralement un semestre, parfois un trimestre). En droit commercial, la règle était pendant
longtemps issue d’une coutume contra legem. Aujourd’hui, seules les singularités sont contra legem.
Exemple en droit commercial : si les intérêts non payés produisent eux-mêmes des intérêts
de 10%, à la dernière échéance, il faut payer : 100 (le reste du capital) + 100 (les intérêts) +
100*x% (les intérêts des intérêts, il faut faire un prorata…)
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Section 4 : Compétence juridictionnelle
Les litiges nés d’un pur acte de commerce échappent, en première instance, à la
compétence des juridictions de droit commun (TJ) pour relever de celle d’une catégorie de
juridictions spécialisées, en l’occurrence les tribunaux de commerce. Cela dit, dans les localités où
il n’existe pas de tribunal de commerce, il appartient au TJ de trancher les contestations
commerciales.
Celle du lieu où réside le défendeurs, si plusieurs l’un d’entre eux. En matière délictuelle,
ressort du lieu où il a été commis. Aux termes de l’article 48 du NCPC, une clause attributive de
compétence juridictionnelle qui déroge aux règles de compétence territoriale est admise
lorsqu’elle est contenue dans un acte de commerce, à condition toutefois que cet acte ait été conclu
entre deux commerçants et qu’elle soit, en outre, spécifiée de façon très apparente dans
l’engagement de la partie à qui elle est opposée..
Le paiement est l’exécution volontaire de l’obligation, quel qu’en soit l’objet. Il ne s’agit pas,
par conséquent, du seul versement d’une somme d’argent. Le paiement est le mode normal
d’exécution.
Chaque commerçant doit pouvoir compter sur des partenaires économiques fiables. En effet,
un retard ou un défaut de paiement peut mettre un autre commerçant en difficulté. C’est pourquoi le
respect de l’échéance est impératif et que le juge n’accorde des délais qu’avec prudence, sauf cas
particulier.
Paragraphe 2 : La prescription
A. Principe
Une prescription est dite extinctive lorsqu’elle met fin à un droit par l’inaction de son titulaire
pendant un certain laps de temps (C. civ., art. 2219). La prescription extinctive en droit
commercial est de 5 ans, à l’instar de celle des obligations civiles (C. com., art. L. 110-4, I). La
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prescription quinquennale s’applique entre commerçants, ainsi qu’entre commerçants et
non-commerçants.
Elle concerne toutes les obligations du commerçant, qu’elles soient légales, contractuelles ou
délictuelles, dès lors que le commerçant a agi à l’occasion de son activité commerciale.
B. Exception
La prescription quinquennale ne s’applique qu’à défaut de prescription spéciale plus courte. En
matière de transport, par exemple, les actions en réparation des avaries, pertes ou retard, se prescrivent
par un an (C. com., art. L. 133-6). En matière de lettre de change, l’action contre le tiré accepteur se
prescrit par 3 ans (C. com., art. L. 511- 78, al. l). En matière de baux commerciaux, l’action en
requalification en bail commercial se prescrit par un délai de 2 ans (art. L. 145-60 du C. com).
Le régime unitaire fait appel à une application unitaire de règles identiques aux deux
parties à l’acte mixte. Le législateur ne crée pas une nouvelle règle ad hoc mais se contente de faire
prévaloir, pour une situation donnée, soit les règles du droit civil, soit celles du droit commercial. )
Parce que son application est quelquefois inadéquate voire impossible, le principe dualiste
est écarté dans certaines hypothèses au profit d’un régime unitaire. Autrement dit, dans ces cas-là,
on appliquera à toutes les parties (à l’acte en toutes hypothèses) soit le droit civil, soit le droit
commercial.
Exemple : Par application du droit civil (art. 48 CPC), la clause attributive de compétence
territoriale (et non d’attribution) contenue dans un acte mixte sera toujours nulle (alors qu’elle est
valable dans un pur acte de commerce).
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Section 2 : L’application du droit de la consommation
Depuis les années 70, est apparu le droit de la consommation, un droit impératif qui supplante
le droit commercial et le droit civil. Il ignore le départ entre commerçants et non-commerçants au
profit d’une autre distinction entre les consommateurs, d’une part, et les professionnels, d’autre part.
Dès lors, lorsque les actes mixtes mettent en présence professionnels et consommateurs, le régime
unitaire du Code de la consommation (né en 1993) leur est applicable, en ce qui concerne, par
exemple, l’interdiction des clauses abusives.
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commerce (Section 1) à titre de profession habituelle (Section 2) et à titre personnel et
indépendant (Section 3). Il s’agit de la première manière de devenir commerçant.
→ D’autre part, par son inscription au registre du commerce et des sociétés (il devient alors
commerçant de droit).
L’esprit de lucre est sous-entendu par cette exigence de profession habituelle. Le but de l’acte
de commerce est de réaliser un bénéfice. La profession se définit comme l’activité habituellement
exercée par une personne pour se procurer les ressources nécessaires à son existence. Il est
nécessaire d’accomplir des actes de commerce par nature en poursuivant un but spéculatif, non
philanthropique.
Exemple : la personne qui tire ses ressources ordinaires de la spéculation en bourse, en vendant et en
achetant habituellement des valeurs mobilières en bourse, pour en tirer un revenu régulier. S’il y
absence d’intention spéculative, on doit écarter la qualité de commerçant.
L’article L. 8221-6 du Code du travail dispose d’ailleurs que les « personnes physiques
immatriculées au registre du commerce et des sociétés » « sont présumés ne pas être liées avec le
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donneur d’ordre par un contrat de travail dans l’exécution de l’activité donnant lieu à immatriculation
ou inscription ».
Certaines personnes agissent aussi pour le compte d’autrui sans pour autant être
salariées, elles ne sont pas non plus commerçantes : ce sont les gérants-mandataires et les agents
commerciaux. Enfin, les dirigeants de sociétés (gérants, présidents, directeurs généraux,
administrateurs...) n’ont pas non plus la qualité de commerçants. En tant que mandataires sociaux, ils
représentent légalement les personnes morales qu’ils dirigent.
Sont en revanche commerçants les distributeurs liés à des entreprises concédantes par des
contrats de concession ou de franchise. Leur dépendance n’est en effet qu’économique : ils
conservent leur indépendance juridique et par conséquent sont commerçants.
La société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes, appelées « associés »,
conviennent d’affecter à une entreprise commune des biens ou leur industrie en vue de partager le
bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter (C. civ., art. 1832, al. 1). La société ne
devient une personne morale qu’au jour de son immatriculation au registre du commerce et des
sociétés. C’est alors la société qui acquiert la qualité commerciale, et non les associés. Les statuts
déterminent librement la forme sociale de la société et ont été évoqué l’existence de sociétés
commerciales par la forme. Elles sont énumérées à l’article L. 210-1 du Code de commerce : ce sont
les sociétés en nom collectif, les sociétés en commandite simple, les sociétés à responsabilité
limitée et les sociétés par actions. Ces personnes morales sont commerciales en raison de leur forme,
quel que soit leur objet social, même si ce dernier ne comprend aucun acte de commerce (Cass.
com. 29 sept. 2009. n° 08-17205).
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Partie 2 : Les professionnels
non-commerçants
Les professionnels - autres que le commerçant - jouent parfois un rôle dans la vie des
affaires. Cependant, n’effectuant pas des actes de commerce à titre de profession habituelle, ces
professionnels non commerçants sont des personnes civiles : l’artisan (Titre 1), l’agriculteur (Titre
2) et le professionnel libéral (Titre 3).
Titre 1 : L’artisan
La qualité d’artisan s’acquiert en remplissant certains critères légaux (Chapitre 1). Un
régime spécial lui est applicable (Chapitre 2).
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machines (Cass. com., 2 mai 1972 : Bull. civ. IV, n° 128). Tel est encore le cas d’une entreprise de
chaudronnerie disposant d'un personnel nombreux et réalisant des achats considérables de
produits ouvrés et bruts (Cass. com., 19 nov. 1975 : JCP1976, IV, 6588, note J.A.)
Les métiers de l’artisanat peuvent être classés en quatre grands secteurs d’activité :
L’artisan est une personne civile à qui s’appliquent les règles de droit civil. Il est donc
justiciable des juridictions civiles. L’artisan peut cependant choisir d’exercer son activité sous la
forme sociétaire. D’ailleurs, beaucoup d’activités artisanales sont accomplies par des sociétés à
responsabilité limitée. Or, ces dernières sont des sociétés commerciales par leur forme. Il en résulte
que, bien que la qualité d’artisan soit détenue par la personne physique associée et/ou gérant, la société
est commerciale, à qui s’appliquent les règles du droit commercial. Enfin, l’artisan qui exploite
un fonds artisanal bénéficie du statut des baux commerciaux au même titre que le commerçant
qui exploite un fonds de commerce.
Titre 2 : L’agriculteur
Traditionnellement, l’activité agricole est une activité civile : celui qui vend sa production
agricole n’est pas un commerçant, faute de l’avoir préalablement achetée. Il convient dès lors
d’examiner les critères de la qualité d’agriculteur (Chapitre 1) avant d’étudier le régime juridique
applicable (Chapitre 2).
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Chapitre 1 : La qualité d’agriculteur
Selon l’article L. 311-1, alinéa 1 du Code rural et de la pêche maritime, « sont réputées
agricoles toutes les activités correspondant à la maîtrise et à l’exploitation d’un cycle biologique
de caractère végétal ou animal et constituant une ou plusieurs étapes nécessaires au déroulement
de ce cycle ainsi que les activités exercées par un exploitant agricole qui sont dans le prolongement
de l’acte de production ou qui ont pour support l’exploitation. Les activités de cultures marines
sont réputées agricoles, nonobstant le statut social dont relèvent ceux qui les pratiquent. Il en est de
même des activités de préparation et d’entrainement des équidés domestiques en vue de leur
exploitation, à l’exclusion des activités de spectacle. Il en est de même de la production et, le cas
échéant, de la commercialisation, par un ou plusieurs exploitants agricoles, de biogaz, d’électricité
et de chaleur par la méthanisation, lorsque cette production est issue pour au moins 50/100 de
matières provenant d’exploitations agricoles. Les revenus tirés de la commercialisation sont
considérés comme des revenus agricoles, au prorata de la participation de l’exploitant agricole dans
la structure exploitant et commercialisant l’énergie produite ». Le critère essentiel requis pour acquérir
le statut d’agriculteur est donc la maîtrise d’un cycle biologique de caractère végétal ou animal.
Un agriculteur est une personne qui, à titre de profession habituelle, exerce des activités
correspondant à la maîtrise et à l’exploitation d’un cycle biologique de caractère végétal ou
animal, et constituant une ou plusieurs étapes nécessaires au déroulement de ce cycle.
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applicables aux autres formes de travail indépendant». Les professions libérales peuvent être
réglementées ou non.
Un professionnel libéral est une personne qui exerce une activité indépendante de prestation
de services à caractère intellectuel marqué, caractérisée par l’importance des relations avec la
clientèle, le respect du secret professionnel et des règles déontologiques.
L’exercice de certaines professions libérales est cumulable avec une activité commerciale
sans que le professionnel perde son statut civil, à moins que la réalisation des actes de commerce
se fasse à titre personnel et professionnel. Ainsi, le dentiste dont l’activité principale est de
commercialiser de la pâte dentifrice est disqualifié en commerçant, tout comme le commissaire-priseur
qui se livre régulièrement à des opérations d’achat pour revendre ou l’architecte qualifié de
commerçant en matériaux. Les juges n’ont, par ailleurs, pas hésité à qualifier de commerçant le
notaire qui se livrait habituellement à des opérations bancaires avec les fonds de ses clients (Cass.
com., 2 févr. 1970.- Bull. civ. IV, n°36).
Section 1 : Principe
Paragraphe 1 : Fondements & valeur
La loi des 2 et 17 mars 1791, dite « décret d’Allarde », art. 7 dispose : « Il sera libre à toute
personne de faire tel négoce ou d’exercer telle profession, tel art ou tel métier qu’elle trouvera
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bons. » La loi Le Chapelier des 14 et 17 juin 1791 interdit les groupements et les corporations de
métiers. La loi du 27 déc. 1973, dite « loi Rayer », art. 1 « La liberté et la volonté d’entreprendre
sont le fondement des activités commerciales et artisanales. »
La liberté du commerce est un principe général du droit et une liberté publique au sens de
l’article 34 de la Constitution. Au sein de la liberté du commerce, la liberté d’entreprendre a une
valeur constitutionnelle (Conseil constitutionnel, 88-244 DC, 20 juillet 1988.). Cette valeur
constitutionnelle place la liberté commerciale au sommet de la hiérarchie des normes : aucune
atteinte ne peut lui être portée ni par le législateur ni par le pouvoir réglementaire, sous réserve
cependant des mesures justifiées par l’intérêt général ou la sauvegarde de l’ordre public.
Paragraphe 2 : Manifestations
Les effets qui découlent du principe de la liberté du commerce et de l’industrie sont
multiples. D’abord, les activités commerciales autorisées ne sont pas quantitativement limitées.
Ensuite, aucune condition ne peut être édictée pour empêcher le commerçant de choisir
librement la structure de son entreprise, son type d’activité ou le lieu de son exercice.
Par ailleurs, aucun diplôme n’est requis, contrairement aux autres professions, à l’exception
de quelques rares activités commerciales telles que la pharmacie ou l’entretien et la réparation de
véhicules.
Le commerçant doit être majeur ou mineur émancipé. Il s’agit d’une incapacité de jouissance et
non seulement d’exercice : ni le mineur ni le mineur émancipé non autorisé ne peuvent exercer le
commerce, même par l’intermédiaire d’un représentant.
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Le Code de commerce, art. L. 121-2, dispose : « Le mineur émancipé peut être commerçant sur
autorisation du juge des tutelles au moment de la décision d’émancipation et du président du TJ s’il
formule cette demande après avoir été émancipé. ».
L’incapacité d’exercer le commerce doit cependant être distinguée de l’incapacité de conclure des
actes de commerce. Le mineur non émancipé ne peut être commerçant : il ne peut donc effectuer
d’actes de commerce, même à titre isolé (il ne peut, par exemple, tirer ou accepter une lettre de
change), à peine de nullité de l’acte. Au contraire, le mineur émancipé peut passer des actes de
commerce de manière isolée, sous réserve de ceux qui lui sont expressément interdits par la loi (par
exemple la lettre de change).
Muni de l’autorisation de ses parents ou de son administrateur légal sous contrôle judiciaire,
avec approbation du juge des tutelles, un mineur de 16 ans (révolus) peut accomplir seul les
actes d’administration nécessaires pour les besoins de la création et de la gestion d’une EIRL ou
d’une société unipersonnelle (EURL ou SASU).
Le majeur placé sous tutelle est frappé d’une incapacité d’exercice : il doit être représenté en
permanence pour tous les actes juridiques qu’il est amené à conclure. Il ne peut acquérir la qualité de
commerçant, même par l’intermédiaire de son tuteur.
Le majeur placé sous curatelle est assisté temporairement : s’il peut accomplir seul les actes
d’administration et de gestion courante, il ne peut en revanche effectuer aucun acte important sans
l’assistance de son curateur, qui doit l’autoriser pour chaque acte de disposition. Il peut devenir
commerçant sur décision du juge des tutelles publiée au registre du commerce et des sociétés.
Le majeur placé sous sauvegarde de justice conserve l’exercice de ses droits, mais peut faire
annuler, résoudre ou rescinder des actes passés sous le coup d’un trouble mental.
Lorsqu’un commerçant fait l’objet d’une condamnation, cette dernière peut être assortie d’une
déchéance (1) ou d’une interdiction (2).
La déchéance est spécialement destinée à empêcher une personne condamnée pour crime ou
délit d’exercer des professions déterminées (ex. : la profession de conseiller en investissements
financiers). Les déchéances sont liées à la condamnation pénale dont elles constituent une peine
accessoire et s’appliquent automatiquement.
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L’objectif de l’interdiction est de protéger l’intérêt général, et plus précisément de protéger les
tiers contre la personne condamnée. L’interdiction d’exercer une profession commerciale ou
industrielle, de diriger, d’administrer, de gérer ou de contrôler à un titre quelconque, directement ou
indirectement, pour son propre compte ou pour le compte d’autrui, une entreprise commerciale ou
industrielle ou une société commerciale est soit définitive, soit temporaire. Dans ce dernier cas, elle
ne peut excéder une durée de 15 ans. Désormais, la déchéance du droit d’exercer une profession
commerciale présente la caractéristique d’être une peine complémentaire. Précisément, il s’agit d’une
peine simplement facultative pour le juge, alors qu’auparavant, il s’agissait d’une peine
automatique.
Paragraphe 2 : Les restrictions liées aux activités
Certaines restrictions légales (A) ou conventionnelles (B) peuvent limiter la liberté d’exercice.
Les restrictions légales sont de trois ordres : les interdictions (1), les incompatibilités
professionnelles (2), et les activités soumises à autorisation administrative (3).
Certaines activités sont interdites en tant que telles et cette situation affecte directement la liberté
d’établissement. Le commerce de la drogue ou la création d’une maison close entre dans cette
catégorie.
Enfin, d’autres activités ne pas interdites en tant que telles mais elles doivent être exercées
sous une forme juridique particulière. Ex. l’agent artistique doit exercer soit comme personne
physique soit sous forme de SA ou de SCA. On peut considérer que cette exigence n’est pas une
restriction mais un encadrement.
Le cumul interdit entraine des sanctions disciplinaires telles que la radiation, l’interdiction
temporaire ou la révocation, ainsi que des sanctions pénales. Au civil, aucune nullité n’est
encourue, mais la personne sera traitée comme un commerçant de fait.
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l’objet d’une autorisation préfectorale. L’implantation de grandes surfaces commerciales, en nombre
limité, doit également être autorisée, dans un souci de protection du commerce de détail de proximité.
→ Une clause de non-concurrence ne peut être valable que si elle vise à protéger un intérêt
légitime du créancier. L’intérêt légitime suppose que le créancier et le débiteur de
non-concurrence soient en situation de concurrence. L’intérêt légitime se trouve en la
personne du créancier et s’apprécie en tenant compte de son activité réelle et de la fonction
effectivement exercée par le débiteur. Le créancier peut, par exemple, avoir un intérêt légitime
à protéger son savoir-faire ou des informations confidentielles, à se protéger contre un risque
de détournement de sa clientèle ou, dans le cas particulier de la franchise, à protéger l’identité
commune et la réputation du réseau. La protection d’un savoir-faire ou d’informations
confidentielles justifiera l’obligation post-contractuelle de non-concurrence insérée dans un
contrat de franchise.
→ La clause comporte doit comporter une limitation quant au lieu et au temps et quant à
l’activité prohibée. L’appréciation de la limitation dans l’espace s’opère in concreto, en
tenant compte de l’activité et des intérêts en cause. La clause doit dès lors être limitée au
secteur géographique dans lequel l’exercice d’une activité professionnelle par le débiteur
est de nature à faire concurrence au créancier. Il importe ainsi de tenir compte de
l’implantation du créancier et de son rayon d’activité. Dès lors, une clause s’étendant sur
l’ensemble du territoire de la France métropolitaine peut être jugée valable dans certains cas,
mais illicite dans d’autres. La question de la limitation de la durée temporelle est plus délicate.
Le juge se réfère souvent aux usages de la profession afin d’apprécier la durée de l’inter-
diction de concurrence convenue par les parties.
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de l’engagement du débiteur de non-concurrence. En matière commerciale, aucune règle de ce type
n’est posée.
Au niveau local, le Registre du Commerce et des Sociétés est tenu par les greffes des
tribunaux de commerce ou, à défaut, par les greffes des Tribunaux Judiciaires statuant
commercialement. Ce registre comprend un fichier alphabétique des personnes immatriculées, un
dossier individuel et un dossier annexe ou figurent les actes et les pièces requis.
Au niveau national, le RCS est tenu par l’Institut National de la Propriété Industrielle
(INPI). Il regroupe les doubles de toutes les déclarations faites auprès greffes locaux.
L’article L. 123-1 du Code de commerce donne la liste des personnes tenues de s’inscrire au
registre du commerce et des sociétés.
Une fois l’immatriculation effectuée auprès du greffe, l’intéressé se voit attribuer un numéro
par l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE). Ce numéro, dit
SIREN (Système d’Identification du Répertoire des Entreprises), est composé de neuf chiffres. Il doit
obligatoirement être indiqué sur les factures, notes de commandes, tarifs et documents
publicitaires, ainsi que sur toutes les correspondances.
Toute immatriculation donne lieu à l’insertion d’un avis au Bulletin Officiel Des Annonces
Civiles et Commerciales (BODACC), à la diligence du greffier. Les documents émanant du
commerçant doivent faire figurer la mention du RCS ainsi que la ville dans le greffe de laquelle a
eu lieu l’immatriculation.
Le commerçant qui cesse son activité commerciale doit demander sa radiation du registre
du commerce et des sociétés un mois avant la cessation totale. Sinon, il conserve à l’égard des tiers
sa qualité de commerçant, ce qui n’est pas sans entraîner tous les inconvénients de ce statut.
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Section 2 : Les obligations comptables
Dans un but de protection juridique, le commerçant est amené à enregistrer tout
mouvement de valeurs économiques. La tenue de certains documents comptables est donc
obligatoire. Ces documents doivent être conservés 10 ans par le commerçant. Cependant, plusieurs
différences subsistent au niveau de la date à partir duquel le délai de conservation court. Pour les
livres comptables comme le livre journal et le grand livre, le délai de conservation commence à
courir à la clôture du livre. Pour les documents comptables concernant les comptes annuels comme
le bilan, le compte de résultats et les annexes, le délai commence à courir à compter de la date de
clôture de l’exercice. Ils peuvent lui servir à prouver. Il existe deux catégories de documents
comptables obligatoires : les livres (§1) et les comptes annuels (§2).
B. Le grand livre
Le grand livre est la transcription sur un document unique de la totalité des mouvements de
comptabilité d’une entreprise. Ces mouvements sont classés par compte, dans l'ordre de numéro
prévu par le plan comptable.
C. Le livre d’inventaire
Le livre d’inventaire est une sorte de relevé de tous les éléments d’actif et de passif quantifiés et
valorisés, à la date de clôture de l’exercice.
Toute personne physique ou morale ayant la qualité de commerçant doit établir des comptes
annuels à la clôture de l’exercice au vu des enregistrements comptables et de l’inventaire. Le bilan
décrit séparément les éléments d’actif et de passif du commerçant et fait apparaître de façon
distincte les capitaux propres et, le cas échéant, les autres fonds propres.
B. Le compte de résultat
Le compte de résultat récapitule les charges et les produits de l’exercice, sans qu’il soit tenu
compte de leur date de paiement ou d’encaissement. Selon le régime juridique du commerçant, le
solde des charges et des produits constitue le bénéfice ou la perte de l’exercice, l’excédent ou
l’insuffisance de ressources.
C. L’annexe
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Section 3 : Les obligations financières
Paragraphe 1 : L’obligation d’établir des factures
La facture est un écrit par lequel un commerçant rappelle à son client l’opération qu’il a
effectuée pour lui, détaille le montant des prestations qu’il lui a fournies et lui en demande le
règlement. Elle constitue un moyen de preuve à la disposition du commerçant : son acceptation par
le client, le plus souvent tacite, équivaut à une reconnaissance de dette.
Le commerçant doit détenir un compte bancaire soit dans un établissement de crédit, soit
dans un bureau de chèques postaux. Ceci facilite la circulation de l’argent et permet de
combattre la fraude et le blanchiment.
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LEÇON 4: LE STATUT
PERSONNEL DU COMMERCANT
L’activité commerciale entraîne nécessairement des incidences sur la vie familiale et
patrimoniale du commerçant. Ses choix auront des conséquences qui peuvent se révéler importantes.
Le statut personnel du commerçant est influencé par sa vie conjugale. Ainsi, il faut distinguer le
statut du commerçant exerçant seul son activité commerciale (Partie 1) de celui du conjoint qui
participe à l’activité commerciale du commerçant (Partie 2).
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Section 1 : Analyse du régime
Sous ce régime, les biens des époux sont répartis en trois masses :
→ Une masse de biens communs aux deux époux : ceux acquis depuis la date du mariage,
appelés les acquêts. Les acquêts sont les biens acquis, à titre onéreux, par les époux, l’un ou
l’autre, ensemble, au moyen des revenus provenant de leur industrie personnelle ou des
économies faites des fruits et revenus de leurs biens propres. En principe, les biens,
meubles ou immeubles, que les époux acquièrent pendant le mariage sont communs. L’article
1402 du Code civil énonce une présomption générale de communauté à propos de toutes
sortes de biens que possèdent les époux. Mais il s’agit d’une présomption simple, chaque
époux pouvant rapporter la preuve du caractère propre du bien qu’il revendique. Les
revenus professionnels des deux époux acquis depuis le mariage tombent dans cette
communauté. Aux acquêts proprement dits doivent être ajoutés comme biens communs, les
biens créés par les époux pendant le mariage, en tant que produits par leur industrie
personnelle. L’activité commerciale de l’un d’eux peut être productive de biens nouveaux
qui sont donc communs, par exemple un fonds de commerce constitué par le commerçant.
→ Deux masses de biens propres à chaque époux : ceux possédés avant le mariage et ceux
reçus par donation et succession pendant le mariage. La communauté ne se constitue qu’à
partir du mariage. Ainsi, les biens, meubles ou immeubles, que les époux ont acquis avant leur
union leur demeurent propres. Constituent des biens propres les instruments de travail
nécessaires à la profession de l’un des époux, sauf s’ils sont l’accessoire d’un fonds de
commerce ou d’une exploitation dépendant de la communauté. Les bénéfices
d’exploitation doivent légalement être considérés comme la rémunération du travail de
l’époux qui procède à la mise en valeur du fonds de commerce, que ce dernier dépende de la
communauté ou appartienne en propre à l’un des époux. Les biens acquis par l’un des
époux à titre gratuit - par succession ou donation - pendant le mariage sont également des
biens propres.
Le fonds de commerce acquis ou créé par l’un des époux pendant le mariage constitue un
bien commun, sauf preuve que l’acquisition a été faite avec ses deniers propres. Lorsque les époux
ont adopté un régime communautaire, les bénéfices de l’exploitation d’un fonds de commerce, qu’il
soit commun ou propre, sont des biens communs. En revanche, le fonds de commerce créé ou
acquis avant le mariage est un bien propre à l’époux qui l’a créé ou acquis.
Les dettes antérieures à la célébration du mariage, résultant de l’exploitation d’un fonds
de commerce propre, demeurent des dettes personnelles (C. civ., art. 1410). Les créanciers ne
peuvent poursuivre, pour le paiement de ces dettes, que les biens propres et les revenus de l’époux
considéré. En revanche, les dettes de l’exploitant, que ce soit d’un fonds propre ou d’un fonds
commun, engagent non seulement les biens propres, mais également la communauté. Les droits
des créanciers du commerçant portent, outre sur ses biens propres, sur les biens communs, à
l’exclusion des biens propres de l’époux du commerçant. Par ailleurs, en application de l’article
1414 du Code civil, les gains et salaires du conjoint non débiteur ne sont pas saisissables par les
créanciers de l’autre, notamment s’il est commerçant. Concernant les emprunts et cautionnements
contractés par un seul époux, celui-ci n’engage que ses biens propres et ses revenus. Cependant, si
le conjoint a expressément consenti à ces opérations, la communauté se retrouve engagée.
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Chapitre 2 : L’incidence du régime de la communauté
universelle
Les époux peuvent établir par contrat de mariage une communauté universelle de leurs biens
tant meubles qu’immeubles, présents et à venir. Ce régime est choisi par les époux devant un notaire,
sous lequel tous les biens sont considérés comme communs, y compris ceux acquis avant la date
du mariage.
Le fonds de commerce est assimilé à un bien meuble, présent ou futur, qui peut entrer en
communauté. La seule limite est la volonté du disposant dans le cas d’une acquisition à titre
gratuit. En effet, celui-ci peut exclure de la communauté de meubles et acquêts le fonds, en
disposant de manière non équivoque que le bien dont il gratifie l’un des époux doit rester un bien
propre (sur l’estimation du patrimoine final le jour de la dissolution du régime matrimonial dans le
cas d’un fonds exploité par l’un des époux).
Tous les biens étant communs, les droits des créanciers du commerçant portent sur tous les
biens appartenant aux deux époux. En cas d’adoption du régime de la communauté universelle, la
communauté supporte les dettes présentes et futures.
Sous ce régime, également choisi par les deux époux devant un notaire, les biens sont répartis
en deux masses correspondant aux biens personnels à chaque époux. Chaque bien appartient soit à
l’un soit à l’autre des deux époux.
Chaque époux conserve son patrimoine qui ne se confond pas avec celui de l’autre (C. civ.,
art. 1536). En principe, le fonds de commerce est donc un bien propre à l’un des époux, que celui-ci
possède le fonds avant la célébration du mariage ou qu’il le crée après leur union. Dans les régimes
séparatistes, étant donné qu’il s’agit de biens propres, les bénéfices sont attribués à l’époux
exploitant le fonds de commerce.
Chaque époux ayant ses propres biens, les créanciers de l’un n’ont aucune action contre
l’autre des deux époux. Les créanciers du commerçant n’ont donc aucune action à faire valoir contre
son époux(se). Ainsi, les dettes contractées par l’époux exploitant un fonds de commerce propre
n’engagent que ses biens propres.
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Titre 2 : Le commerçant pacsé : l’incidence du régime
patrimonial
Le pacte civil de solidarité (PACS) est un contrat conclu entre deux personnes physiques
majeures, de sexe différent ou de même sexe, pour organiser leur vie commune. On parle de régime
patrimonial pour les biens appartenant à des partenaires d’un PACS. Selon l’article 515-4, alinéa 2 du
Code civil, « Les partenaires sont tenus solidairement à l’égard des tiers des dettes contractées
par l’un d’eux pour les besoins de la vie courante ». Ici encore se pose la question du droit des
créanciers du commerçant récalcitrant ou insolvable de poursuivre en paiement son partenaire pacsé.
En principe, le partenaire non-commerçant n’a pas à craindre d’être actionné en paiement par
les créanciers professionnels de son conjoint commerçant sur ses biens personnels, si les
partenaires sont soumis au régime légal de la séparation des patrimoines (Chapitre 1), sauf à
choisir le régime de l’indivision des biens (Chapitre 2).
Les dettes professionnelles échappent à la solidarité. Comme les biens, les dettes sont
personnelles à chacun des partenaires. Il en est ainsi des dettes contractées avant la signature du pacte
et celles qui le sont pendant son cours. Par conséquent, le partenaire commerçant supporte seul les
risques financiers liés à l’exploitation de son fonds de commerce.
Section 1 : Analyse
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Les partenaires du PACS peuvent choisir de soumettre leurs patrimoines au régime de
l’indivision des biens qu’ils acquièrent ensemble ou séparément. Ces biens sont en principe réputés
indivis par moitié, sans possibilité de recours de l’un des partenaires contre l’autre au titre d’une
contribution inégale.
Section 2 : Incidence
Chapitre 1 : Analyse
L’esprit du concubinage reposant sur la liberté des deux concubins, aucun régime juridique
commun régissant leurs biens n’est prévu par la loi. Il s’agit d’une volonté du législateur de
préserver leur liberté. Chacun des concubins conserve la propriété et la gestion de ses propres
biens. Le concubinage ne produit aucun des effets attachés au mariage sur le plan patrimonial. Il
n’existe aucun régime matrimonial entre concubins.
Chapitre 2 : Régime
Les biens acquis ou créés par un concubin seul au cours de la vie commune demeurent sa
propriété exclusive. Il en est de même des biens qu’il possède avant le concubinage et de ceux qu’il
reçoit par donation ou succession au cours de l’union de fait. Le concubinage ne produit donc aucun
effet sur l’exercice de l’activité commerciale de l’un des concubins. Ainsi, les biens du concubin
non commerçant ne peuvent être atteints par les créanciers - professionnels ou non - de l’autre.
Dans le cas où les concubins achètent un bien en commun, celui-ci sera présumé indivis
entre eux pour moitié, à défaut de stipulation contraire dans l’acte d’acquisition. Il est également
possible pour les concubins d’acquérir un bien en concluant une convention d’indivision et prévoir
ainsi une répartition inégalitaire de la propriété.
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Partie 2 : Le statut du conjoint qui
participe à l’activité commerciale
En principe, le conjoint d’un commerçant n’est réputé lui-même commerçant que s’il
exerce une activité commerciale séparée de celle de son époux (C. com., art. L. 121-3). Mais qu’en
est-il du conjoint qui participe à l’activité de son époux commerçant ? Selon les cas, le conjoint
peut apporter son aide au commerçant soit en se contentant d’exécuter ses directives, soit en
co-exploitant avec lui le fonds de commerce.
Le législateur propose ainsi plusieurs statuts pour le conjoint du commerçant - marié ou
pacsé, à l’exclusion du concubin -, en fonction de la situation dans laquelle il se trouve. Selon
l’article L. 121-4, I du Code de commerce, le conjoint du chef d’une entreprise artisanale,
commerciale ou libérale qui y exerce de manière régulière une activité professionnelle opte pour
l’un des statuts suivants : conjoint co-exploitant appelé parfois conjoint associé, conjoint
collaborateur et conjoint salarié. Le Code de commerce prévoit une présomption dans le cas où le
conjoint n’opte pour aucun statut légal.
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Ce statut se situe à mi-chemin entre celui d’associé et celui de salarié. Selon l’article R.
121-1 du Code de commerce, « est considéré comme conjoint collaborateur le conjoint du chef d’une
entreprise commerciale, artisanale ou libérale qui exerce une activité professionnelle régulière
dans l’entreprise sans percevoir de rémunération et sans avoir la qualité d’associé au sens de
l’article 1832 du Code civil ». Le conjoint mentionné comme collaborateur du commerçant au
registre du commerce et des sociétés est censé avoir reçu du commerçant mandat légal
d’accomplir en son nom les actes d’administration - c’est-à-dire les actes de gestion courante -
concernant les besoins de l’entreprise. Le conjoint collaborateur ne s’engage donc jamais
personnellement. Il agit comme un gérant dans l’exploitation du fonds de commerce. À ce titre,
les actes de disposition, non visés par le mandat, sont interdits au conjoint collaborateur.
L’inscription comme conjoint collaborateur ne confère pas la qualité de commerçant. Aucune
rémunération du conjoint collaborateur n’est imposé par la loi, mais rien n’empêche les
conjoints d’en prévoir une. Le conjoint collaborateur bénéficie de l’assurance vieillesse des
travailleurs non-salariés. Le statut de conjoint collaborateur bénéficie non seulement aux conjoints
mariés, mais également aux conjoints pacsés, à l’exclusion des concubins.
LEÇON 5 : LE FONDS DE
COMMERCE
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Le commerçant a besoin de certains biens pour exploiter correctement son commerce. En
fonction de l’activité, ces biens sont plus ou moins différents : des marchandises, du matériel, un
nom commercial, une marque, un droit au bail, une clientèle. L’ensemble de ces biens forme ce qu’on
appelle le fonds de commerce. Le Code de commerce ne définit pas le fonds de commerce. Cette
tâche est donc revenue à la jurisprudence et à la doctrine. Le fonds de commerce désigne
l’ensemble des éléments mobiliers corporels (matériel, outillage, marchandises) et incorporels
(droit au bail, nom commercial, enseigne, droits de propriété industrielle, etc.) qu’un commerçant
constitue et organise en vue de la recherche et de l’exploitation d’une clientèle. Le fonds de
commerce est un bien meuble incorporel constituant une universalité de fait, c’est-à-dire une
entité juridique distincte des éléments qui la composent. Il importe donc de déterminer la nature
juridique du fonds de commerce (Partie 2) après avoir identifié les éléments qui le composent (Partie
1).
Titre 1 : La clientèle
La clientèle n’est pas définie par la loi. Pour le vocabulaire G. Cornu, elle se définit comme
l’ensemble des relations d’affaires habituelles ou occasionnelles qui existent et seront
susceptibles d’exister entre le public et un professionnel dont ils constituent l’élément essentiel et
qui généralement trouvent leurs sources dans des facteurs personnels et matériels conjugués.
Certains auteurs considèrent que la clientèle ne fait pas partie du fonds de commerce mais
qu’elle est le but de celui-ci. Le fonds serait constitué d’éléments ou de facteurs attractifs de
clientèle. Pour d’autres auteurs, la clientèle est l’élément central du fonds de commerce.
Pour qu’un fonds de commerce puisse être identifié, il doit exister une clientèle (Chapitre 1).
La seconde règle est que la clientèle doit être personnelle au commerçant (Chapitre 2).
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La clientèle est l’élément en l’absence duquel il ne peut y avoir de fonds de commerce.
Selon la jurisprudence, le fonds de commerce ne saurait survivre à la disparition de la clientèle.
Cependant, l’existence d’une clientèle suffit à identifier un fonds de commerce, même dénué de ses
autres éléments. Elle est présumée exister depuis le jour ou le commerçant commence à exercer
son activité. Sa disparition entraîne la disparition du fonds de commerce. Ainsi, une cession
d’éléments ne comprenant pas la clientèle ne s’analyse pas en une vente de fonds de commerce.
La question s’est ensuite posée du caractère personnel de la clientèle dans le cadre des
réseaux de franchise. Lorsque l’activité du commerçant s’inscrit dans un réseau de concession ou
de franchise, la clientèle est-elle attachée à la personne du franchisé ou à celle du franchiseur ?
La réponse a été donnée par l’arrêt Trévisan. Le bailleur - les consorts Trévisan - contestait
l’existence d’une clientèle propre rattachable à l’activité du distributeur - les époux Basquet -,
qui avait souscrit un contrat de franchise avec la société Conforama. Comme souvent, le bailleur
cherchait à éviter le versement d’une indemnité d’éviction, consécutive à la notification d’un congé
avec refus de renouvellement. La cour d’appel avait, au contraire, conclu que le franchisé disposait
d’un fonds de commerce autonome, de sorte qu’il était en droit de réclamer paiement de
l’indemnité. La troisième chambre civile de la Cour de cassation rejette le pourvoi formé par le
bailleur : « Mais attendu qu’ayant relevé, à bon droit, d’une part, que si une clientèle est au plan
national attachée à la notoriété de la marque du franchiseur, la clientèle locale n’existe que par le
fait des moyens mis en œuvre par le franchisé, parmi lesquels les éléments corporels de son fonds
de commerce, matériel et stock, et l’élément incorporel que constitue le bail, que cette clientèle
fait elle-même partie du fonds de commerce du franchisé puisque, même si celui-ci n’est pas le
propriétaire de la marque et de l’enseigne mises à sa disposition pendant l’exécution du contrat
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de franchise, elle est créée par son activité, avec des moyens que, contractant à titre personnel
avec ses fournisseurs ou prêteurs de deniers, il met en œuvre à ses risques et périls [...] ».
La solution dégagée par l’arrêt Bayait s’appliquait aux boutiques exploitées à l’intérieur
d’une galerie marchande : si les heures d’ouverture des boutiques sont conditionnées par celles du
centre commercial, la clientèle appartenait en principe à l’exploitant de ce dernier. La règle a
cependant été assouplie par la troisième chambre civile de la Cour de cassation, qui a autorisé le
commerçant preneur à bail à rapporter la preuve qu’il attire personnellement une clientèle
malgré les contraintes imposées par ailleurs. Il n’est désormais plus exigé que le commerçant
apporte la preuve de l’existence d’une clientèle propre, le seul critère étant sa liberté
d’organisation et de gestion. Dans un arrêt phare rendu le 19 mars 2003, la haute juridiction a
abandonné le critère de la prépondérance de la clientèle du commerçant intégré. En l’espèce,
deux dames avaient exploité dans un chalet faisant partie du domaine public d’une commune, un
commerce de vente de « casse-croûtes » et de boissons. À cet effet, elles avaient conclu avec la régie
des remontées mécaniques plusieurs contrats successifs intitulés « location saisonnière », puis «
gérance libre de fonds de commerce », et enfin de « bail précaire à caractère saisonnier » pour une
durée de moins d’un an. Ce contrat stipulait clairement que la « location est faite à titre précaire et à
durée limitée (…) ; en aucun cas, la société locataire ne pourra prétendre à un quelconque droit de
propriété commerciale ». À l’issue du contrat, le bailleur en a refusé le renouvellement et exigé la
remise de clés. Les locataires ont alors invoqué le bénéfice du statut des baux commerciaux. La
Cour de cassation approuve la cour d’appel d’avoir décidé que les exploitantes « possédaient, en
dehors de la clientèle de la régie des remontées mécaniques, une clientèle propre constituée par
les amateurs de ski de fond, les randonneurs, les promeneurs en raquettes et les amateurs
d’équitation ». Elle ajoute que « la cour d’appel, qui n’était pas tenue de rechercher si cette
clientèle personnelle dont elle constatait l’existence était prépondérante par rapport à celle de la
régie, en a exactement déduit, sans inverser la charge de la preuve, que les preneuses bénéficiaient
du statut des baux commerciaux ».
La jurisprudence du 19 mars 2003 est importante en ce qu’elle décide d’abandonner
l’exigence d’une clientèle prépondérante. Désormais, l’existence d’une clientèle propre rend
inutile toute recherche supplémentaire sur la prépondérance de cette clientèle.
Le critère aujourd’hui retenu par les juges pour apprécier le caractère personnel de la
clientèle est, de jurisprudence constante, l’autonomie de gestion du commerçant.
Deux arrêts de 2003 sont très révélateurs de cette évolution jurisprudentielle. Dans la première
affaire, la Cour de cassation approuve la cour d’appel d’avoir considéré que « le statut des baux
commerciaux est applicable, nonobstant la qualification que les parties ont donnée au contrat, à
tout local stable et permanent, disposant d’une clientèle personnelle et régulière et jouissant
d’une autonomie de gestion ». En l’espèce, aucune autonomie n’avait été reconnue à la société
locataire. Certes, cette dernière assurait seule la gestion de ses stocks et de ses ventes, et réglait
directement son abonnement et ses consommations d’électricité. Mais elle était soumise aux horaires
d’ouverture du centre commercial, lequel assurait le paiement des charges. De plus, celui-ci
prenait en charge l’organisation de la publicité et fixait la politique des prix.
Le second arrêt participe de la même idée, à propos d’un stand de crêpes installé sur la
terrasse d’un café. L’exploitant du stand n’avait aucune autonomie dans sa gestion, étant donné
que l’eau, l’électricité, les instruments de cuisine et les ingrédients nécessaires à la confection des
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crêpes étaient fournis par le café, et ceci alors que l’exploitant du stand pouvait vendre les crêpes
à des passants. La clientèle personnelle suppose donc la preuve de circonstances particulières
démontrant une pleine autonomie de gestion.
Conclusion : Quelles que soient les variations jurisprudentielles sur les critères d’appréciation
de l’appartenance de la clientèle, la condition constante, depuis l’arrêt Bayait, demeure : le fonds de
commerce n’existe, et n’appartient au commerçant qui en revendique la propriété, que si la clientèle
lui est propre ou personnelle.
Il ne faut pas confondre le nom commercial avec la dénomination sociale, qui est un signe
verbal désignant une personne morale : la société. Le droit sur la dénomination sociale s’acquiert par
son insertion dans les statuts. Elle ne constitue pas un élément du fonds de commerce. La
dénomination sociale est le nom attribué à une société, tel qu’il figure dans les statuts, et qui permet
d’identifier celle-ci.
Le droit portant sur le nom commercial n’étant pas un droit de propriété, la seule façon de le
protéger est d’agir en concurrence déloyale sur le fondement de l’article 1240 du Code civil. Celui qui,
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même n’étant pas concurrent du commerçant victime, fait usage d’un signe identique ou similaire
créant un risque de confusion avec le nom commercial antérieur, se verra condamner à cesser
l’utilisation du signe litigieux et à indemniser le préjudice causé.
Section 2 : L’enseigne
Le nom de domaine est un signe distinctif désignant un site internet. Le droit portant sur le
nom de domaine n’est pas un droit de propriété. Il s’agit d’un droit d’usage ou d’occupation. Le droit
sur le nom de domaine est protégé par l’action en concurrence déloyale intenté sur le fondement de
l’article 1240 du Code civil.
Le brevet d’invention est un titre de propriété industrielle délivré par l’Institut National de la
Propriété Industrielle, et qui confère à son titulaire un droit exclusif d’exploitation d’une durée
maximale de 20 ans sur une invention industrielle.
Le brevet est un titre de propriété industrielle qui porte sur une invention. L’invention n’est pas
définie par le Code de la propriété intellectuelle, selon la doctrine elle est une solution technique
apportée à un problème technique.
Une invention est brevetable lorsqu’elle apporte une nouvelle solution technique à un
problème technique et qu’elle est susceptible d’application industrielle. Pour être brevetable, une
invention doit remplir les critères cumulatifs suivants :
→ Être nouvelle : l’invention est nouvelle toutes les fois qu’elle n’est pas comprise dans l’état de
la technique. L’invention peut prendre la forme d’un produit, d’un procédé ou de l’application
d’un procédé ;
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→ Résulter d’une activité inventive : l’invention est le résultat d’une activité inventive toutes
les fois qu’elle ne découle pas de manière évidente pour l’homme du métier, c’est-à-dire le
technicien normalement formé et compétent dans le domaine technique concerné ;
→ Être susceptible d’application industrielle : l’invention ne doit pas rester purement abstraite,
elle doit pouvoir être fabriquée ou utilisée dans tout type d’industrie ;
La demande d’un brevet français doit être faite auprès de l’Institut national de la propriété
industrielle (INPI). Elle doit comporter une description détaillée de l’invention, accompagnée le cas
échéant de dessins et/ou de schémas explicatifs, ainsi que les revendications. C’est dans ces dernières
que le déposant revendique les produits, procédés ou applications revêtant le caractère de nouveauté.
L’auteur de la demande de brevet n’est pas nécessairement l’inventeur. Souvent, c’est une personne
morale à l’initiative de projets de recherche et développement menés par un groupe de chercheurs.
Le brevet d’invention est délivré par le directeur de l’INPI. La délivrance est publiée au Bulletin
officiel de la propriété industrielle (BOPI) avec la description de l’invention brevetée.
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Paragraphe 4 : La protection du brevet d’invention
Toute atteinte aux droits exclusifs du breveté constitue un délit de contrefaçon. Les articles L.
613-3 et suivants du Code de la propriété intellectuelle visent notamment la fabrication, l’offre, la mise
dans le commerce, l’utilisation, l’importation, l’exportation, le transbordement ou la détention à de
telles fins, de l’invention brevetée, sans le consentement du titulaire. La contrefaçon engage la
responsabilité civile et pénale du contrefacteur.
Section 2 : La marque
Le droit de marque est un des droits de propriété industrielle qui peut composer le fonds de
commerce. Selon l’article L. 711-1 du Code de la propriété intellectuelle, la marque est un signe
susceptible de représentation graphique et servant à distinguer les produits ou les services d’une
personne, de ceux de ses concurrents.
Mais la directive (UE) 2015/2436 du 16 décembre 2015 modifiant la marque de l’Union
européenne est venue changer la définition française. La référence à la condition de représentation
graphique disparaît, ce qui induit que la marque est désormais un signe devant être présenté d’une
manière qui permette de déterminer précisément et clairement l’objet du droit.
Cette nouvelle définition est destinée à accueillir dans le champ de protection les marques
sonores, les marques multimédias, les marques en mouvement, mais aussi les marques olfactives et
gustatives. La marque a pour fonction essentielle de garantir l’origine industrielle ou commerciale
d’un produit ou d’un service.
La marque est un signe qui permet de distinguer les produits ou les services d’une entreprise,
de ceux d’une autre.
Pour être enregistrée, une marque doit remplir les critères cumulatifs suivants :
→ Être distinctive : le signe doit revêtir un caractère arbitraire. Le Code de la propriété
intellectuelle ne donne aucune définition du critère de distinctivité, mais précise les signes qui
en sont dépourvus. Ce sont ceux qui, dans le langage courant ou professionnel, constituent
exclusivement la désignation nécessaire, générique ou usuelle du produit ou du service
désigné ;
→ Être licite : la marque ne doit pas être contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs. Elle ne
doit pas non plus reproduire des signes officiels tels que les emblèmes, armoiries, poinçons,
etc ;
→ Ne pas être déceptive : la marque ne doit pas être trompeuse sur l’origine ou la qualité ou les
caractéristiques essentielles du produit ou du service ;
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Pour être protégée, la marque doit être enregistrée au registre des marques tenu par l’INPI. La
demande doit énumérer les produits et/ou les services pour lesquels la marque sera exploitée. Elle est
ensuite examinée par le directeur de l’INPI. Elle fait l’objet d’une première publication au BOPI afin
que les tiers puissent, dans un délai de 2 mois, se prévaloir d’un droit antérieur pour faire opposition à
l’enregistrement de la marque.
Le titre de propriété industrielle est délivré par le directeur de l’INPI. Ses décisions sont
susceptibles de recours.
Toute atteinte portée au droit de marque est un délit pénal de contrefaçon. Cela peut être une
usurpation ou d’une imitation du signe enregistré, sans l’autorisation de son titulaire.
Le dessin ou le modèle s’entend de l’apparence d’un produit caractérisée par ses lignes, ses
contours, ses couleurs, sa forme, sa texture ou ses matériaux. Le modèle est une forme, à trois
dimensions, le dessin est une forme bi-dimensionnelle.
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Paragraphe 2 : Les droits et obligations du titulaire du dessin ou du modèle
Les dessins et modèles enregistrés bénéficient d’une protection contre le délit de contrefaçon,
identique à celle des marques. Le délit est donc à la fois civil et pénal. Il consiste dans la fabrication,
l’offre, la mise sur le marché, l’importation, l’exportation ou la détention à ces fins.
Le bail commercial est un contrat de location d’un immeuble ou d’un local dans lequel est
exploité un fonds de commerce ou un fonds artisanal. Ce contrat confère au preneur à bail un droit au
bail opposable au bailleur, et dont les prérogatives sont proches de celles conférées par un droit réel.
Parce que la clientèle est un élément essentiel du fonds de commerce, elle doit pouvoir retrouver
l’emplacement commercial. En effet, l’ensemble des clients de passage, appelé achalandage, entre
dans la composition de la clientèle. C’est ainsi que la pérennité de l’entreprise doit être assurée. Or, le
commerçant n’est pas nécessairement propriétaire des locaux dans lesquels il exploite son fonds de
commerce. Il arrive souvent qu’il loue les « murs ». Ainsi, seul le droit au bail commercial permet de
garantir le maintien du fonds de commerce dans les lieux loués. Les immeubles ou locaux appartenant
au commerçant ne font toutefois pas partie du fonds de commerce. Le local ne pourra pas être cédé en
même temps que les autres éléments du fonds de commerce. Seul le droit au bail constitue un élément
du fonds de commerce. Si le commerçant est propriétaire des murs, il n’a donc pas de droit au bail.
Le droit au bail commercial, encore appelé « propriété commerciale », est le droit au
renouvellement du bail commercial portant sur l’immeuble dans lequel est exploité un fonds de
commerce.
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Section 2 : Les licences et autorisations
Certaines activités commerciales ne peuvent être exercées qu’après obtention d’une licence ou
d’une autorisation. Il convient de distinguer si la licence ou l’autorisation est attachée à l’activité
elle-même ou à la personne du commerçant :
→ Si la licence ou l’autorisation est attachée à l’activité elle-même, elle fait partie du fonds de
commerce
Paragraphe 1 : Le matériel.
Le matériel est composé des objets meubles corporels durablement affectés à l’exploitation du
fonds. Il comprend les outils, les machines et les équipements. Si le commerçant exploite le fonds de
commerce dans un immeuble lui appartenant, les objets qu’il y a placés pour le service et
l’exploitation de ce fonds (machines non démontables, grands réfrigérateurs, etc.) sont immeubles par
destination, donc exclus du fonds de commerce.
Les marchandises constituent le stock de biens à vendre. Elles peuvent faire l’objet d’une
sûreté spéciale séparée de celle portant sur l’ensemble du fonds de commerce : c’est le gage des
stocks, régi par le Code de commerce.
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marchandises) qui a pour objectif de développer une activité commerciale. Or, un ensemble de biens
est un bien lui-même. Il a une nature mobilière. Cette nature mobilière est posée comme un postulat.
Chapitre 2 : Conséquence
Cela signifie que le fonds de commerce ne peut contenir aucun bien immeuble. Si le
commerçant possède par ailleurs un immeuble, ce dernier n’entre jamais dans les éléments du fonds de
commerce. Le fonds de commerce est cédé sans l’immeuble, lequel fait l’objet d’une cession distincte.
Le fonds de commerce ne peut faire pas l’objet d’une hypothèque. En revanche, il peut faire l’objet
d’un nantissement.
Chapitre 2 : Conséquences
Il résulte du caractère incorporel du fonds de commerce :
→ Que la règle énoncée par l’article 2276 du Code civil - « en fait de meubles, la possession vaut
titre » - est inapplicable à un fonds de commerce (Cass. 1” civ., 2 mars 1960: Bull. civ. I,
n°141); en effet, la règle ne s’applique qu’aux meubles corporels (Cass. soc., 3 juill. 1953 :
Bull. civ. IV, n° 536).
→ Que le conflit entre deux acquéreurs d’un même fonds de commerce est réglé d’après la date
de leurs contrats respectifs (Cass. civ., 17 juill. 1930 : S. 1931, 1, p. 297, note Hubert F.) ;
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d’autres s’apparentent davantage à des droits de créance (comme le droit au bail). Les éléments
composant le fonds de commerce répondent chacun à des régimes juridiques différents. La
qualification d’universalité de fait traduit parfaitement cette composition hétéroclite, par opposition à
l’universalité de droit que constitue le patrimoine. La Cour de cassation considère ainsi que le fonds de
commerce constitue une universalité mobilière insusceptible de cession partielle (Cass. com., 12 nov.
1992, n° 90-20845 ; Cass. com. 26 oct. 1993, n° 91-15877).
LEÇON 6 : LE FONDS DE
COMMERCE : CONTRAT
Partie 1 : La location-gérance du
fonds de commerce
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Il arrive que le propriétaire du fonds de commerce, pour de multiples raisons, ne soit pas en
mesure de l’exploiter personnellement. Il doit donc faire appel à un tiers pour gérer ses affaires pour
son compte. La location-gérance est un excellent moyen d’y parvenir. Il s’agit d’un contrat par lequel
le propriétaire d’un fonds de commerce - qu’il est devenu d’usage d’appeler le loueur, pour éviter la
confusion avec le bailleur du bail commercial - met son fonds en location au bénéfice d’un
commerçant qui l’exploite pour son compte et à ses risques et périls moyennant le versement d’un
loyer ou d’une redevance. Comme tout contrat, la location-gérance d’un fonds de commerce obéit à
des conditions de formation (Titre 1), entraîne des effets de droit (Titre 2) et s’éteint (Titre 3).
Autrefois, le loueur devait avoir exploité le fonds de commerce pendant 2 ans avant la location
gérance. La loi n°2019-744 du 19 juillet 2019 a abrogé l’article L.144-3 du Code de commerce
imposant à toute personne physique ou morale d’avoir exploité pendant deux années au moins son
fonds de commerce avant de le mettre en location-gérance.
Aucun texte n’impose la rédaction d’un écrit à peine de nullité du contrat de location-gérance.
Les parties peuvent donc se contenter de rédiger un acte sous seing privé qui servira des fins
probatoires. En pratique, l’écrit s’avère nécessaire afin de satisfaire aux exigences de publicité. Le
contrat de location-gérance est en effet soumis à une double publicité.
Le contrat de location-gérance doit faire l’objet d’une publication sous forme d’extrait ou
d’avis dans un journal habilité à recevoir les annonces légales dans les 15 jours de sa conclusion (C.
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com., art. R. 144-1). La tacite reconduction du contrat ne donne lieu à aucune nouvelle publicité dès
lors qu’aucune modification n’est intervenue dans la nature de l’exploitation ni dans la personne de
l’exploitant depuis la publication initiale.
→ Exploiter le fonds avec diligence, sans en modifier la destination ni détourner la clientèle à son
profit ;
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dans le journal d’annonces légales, faire prononcer la déchéance du terme et faire déclarer l’exigibilité
de leurs créances.
Par ailleurs, jusqu’à la publication du contrat de location-gérance et pendant un délai de 6 mois
à compter de cette publication, le propriétaire-loueur est solidairement responsable avec le
locataire-gérant des dettes contractées par ce dernier à l’occasion de l’exploitation du fonds.
En outre, dans les rapports avec le propriétaire de l’immeuble, le propriétaire-loueur du fonds
de commerce conserve sa qualité de preneur à bail pour l’immeuble. Le renouvellement du bail
commercial doit donc être demandé par le propriétaire-loueur et non par le locataire-gérant.
Enfin, en cas de cession du fonds de commerce mis en location-gérance, le locataire-gérant ne
dispose d’aucun droit opposable à l’acquéreur, ni même à un créancier à qui le fonds serait attribué en
nantissement par le propriétaire. L’acquéreur peut donc décider de mettre immédiatement un terme au
contrat de location-gérance.
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Partie 2 : Le bail commercial
Il arrive le plus souvent que le commerçant ne soit pas propriétaire de l’immeuble dans lequel
il exploite son fonds de commerce. Il loue alors les « murs » à un tiers. Or, le contrat de louage
proposé par le Code civil présente plusieurs inconvénients pour le commerçant. Notamment, il prend
fin par la libre décision des parties. Or, le commerçant a besoin de fidéliser sa clientèle par une
localisation permanente et constante. Les coûts représentés par un déménagement et un
réaménagement, ainsi que la perte de l’achalandage et la création d’une nouvelle clientèle, risquent
d’entraîner des conséquences désastreuses pour l’entreprise. Il est donc vite apparu nécessaire pour le
législateur de créer un statut protecteur du commerçant : le bail commercial, dérogeant au bail de droit
commun. Le statut des baux commerciaux octroie au commerçant un véritable droit au renouvellement
de son bail, élément à part entière du fonds de commerce et appelé pour cette raison « propriété
commerciale ». Le bail commercial est un contrat par lequel le propriétaire d’un immeuble ou d’un
local, appelé le bailleur, loue son bien à un commerçant, appelé le preneur à bail ou preneur, afin que
ce dernier y exploite un fonds de commerce. Le bail commercial est un bail qui déroge aux règles du
Code civil. Les locataires commerçants bénéficient en effet d’une protection accrue consacrée par les
dispositions du Code de commerce. Le domaine d’application du bail commercial est rigoureusement
délimité (Titre 1). Une fois le bail commercial conclu, ses effets sont régis par le Code de commerce
(Titre 2). Les règles applicables à l’expiration du bail commercial sont également fournies par le Code
de commerce (Titre 3).
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Le bailleur n’a pas à avoir la capacité commerciale. Seul le preneur à bail doit remplir cette
condition. Le bailleur doit simplement être le propriétaire de l’immeuble donné à bail. S’il est mineur
ou majeur protégé, le bail est conclu par son représentant légal.
Lorsque l’immeuble fait partie d’une communauté de biens entre époux, les époux ne peuvent,
l’un sans l’autre, conclure de bail commercial. L’un d’entre eux qui n’a pas consenti peut demander la
nullité du bail dans un délai de 2 ans à compter du jour où il a eu connaissance de l’acte, et jusqu’à 2
ans après la dissolution de la communauté. La nullité du bail peut aussi être soulevée par le même
époux qui s’oppose au renouvellement.
Si le local fait l’objet d’un usufruit, l’usufruitier ne peut conclure de bail commercial sans
l’accord du nu-propriétaire, à peine de nullité de l’acte.
Le preneur doit être un commerçant inscrit au RCS ou un artisan inscrit au répertoire des
métiers. Le défaut d’inscription à la date de la demande de renouvellement du bail fait perdre la
propriété commerciale au preneur.
La qualité de preneur à bail peut être reconnue aux personnes morales telles que les sociétés
commerciales, les sociétés coopératives dès lors qu’elles ont une forme ou un objet commercial, les
GIE, les EPIC et les entreprises publiques. Le législateur accepte également de soumettre au statut des
baux commerciaux les locaux des établissements d’enseignement et les ateliers d’artistes et de
graphistes.
Depuis la loi Pinel n° 2014-626 du 18 juin 2014, tout commerçant, quelle que soit sa
nationalité, peut louer un local commercial et bénéficier du statut des baux commerciaux.
Le statut des baux commerciaux s’applique à tout local commercial (§1) à l’exclusion des
terrains nus (§2).
Selon la jurisprudence, le local donné à bail doit être un lieu clos et couvert, donc un endroit
stable et permanent. Il doit par conséquent s’agir d’une construction constituée d’une surface
horizontale et verticale présentant un caractère fixe et solide. Le statut des baux commerciaux ne
s’applique ni aux emplacements concédés sur les parkings de grande surface, ni aux comptoirs de
vente, ni aux vitrines d’exposition, ni aux murs d’affichage publicitaire (Cass. 3°civ... 10 mai 1989, n°
87-16595 ; Cass. 3e civ.. 22 nov. 1991, n° 90-11678 ; Cass. 3e civ., 4 janv. 1995. n° 92-21585).
Un terrain nu ne peut pas être loué sous le statut des baux commerciaux, sauf si sur ce terrain
ont été édifiées - soit avant, soit après le bail - des constructions à usage commercial, industriel ou
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artisanal, à condition que ces constructions aient été élevées ou exploitées avec le consentement exprès
du propriétaire (C. com., art. L. 145-1, I, 2°).
Le statut des baux commerciaux s’applique aux locaux ou immeubles accessoires à
l’exploitation d’un fonds de commerce quand leur privation est de nature à compromettre
l’exploitation du fonds et qu’ils appartiennent au propriétaire du local ou de l’immeuble où est situé
l’établissement principal (C. com., art. L. 145-1, I, 1°).
Le bénéfice du statut des baux commerciaux est réservé aux seuls propriétaires d’un fonds de
commerce ou d’un fonds artisanal. Or, pour qu’il y ait un fonds de commerce, il faut qu’il puisse y
avoir une clientèle qui soit propre au commerçant. Si la clientèle n’appartient pas au preneur, ce
dernier ne peut prétendre ni au statut des baux commerciaux, ni au renouvellement de son bail.
Lorsque l’activité est exercée dans un centre commercial, le preneur doit disposer d’une autonomie de
gestion pour pouvoir se prévaloir d’une clientèle personnelle. En revanche, il n’est pas exigé que le
preneur exploite personnellement le fonds de commerce. Il suffit qu’il' soit exploité, fût-ce par un
locataire-gérant.
L’article L. 145-4 du Code de commerce impose une durée de 9 ans pour les baux commerciaux :
« La durée du contrat de location ne peut être inférieure à 9 ans ». Cette durée ne peut en principe être
interrompue. Il en résulte que les contrats conclus pour une durée plus courte ou plus longue ne sont
pas soumis au statut des baux commerciaux.
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parties renouvellent expressément le contrat. En revanche, elles ne peuvent pas conclure un
nouveau bail dérogatoire pour le même fonds dans les mêmes locaux.
→ Une location « saisonnière » c’est lorsque le loyer n’est pas annuel et que les clés du local sont
remises par le locataire au bailleur à la fin de chaque saison. Ces locations conclues pour
quelques mois échappent au statut des baux commerciaux, même si elles sont renouvelées tous
les ans au profit des mêmes locataires, comme c’est le cas des stations de sports d’hiver ou des
stations balnéaires.
→ La convention d’occupation précaire est un contrat par lequel le propriétaire d’un local
autorise l’occupant à bénéficier d’un droit de jouissance précaire des lieux, quelle qu’en soit la
durée, à raison de circonstances particulières indépendantes de la seule volonté des parties.
Elle est expressément exclue du statut des baux commerciaux par la loi Pinel du 18 juin 2014.
Le caractère précaire du bail doit être indiqué expressément dans l’acte. Les circonstances
exceptionnelles conférant cette précarité peuvent résulter de menaces d’expropriation pour
cause d’utilité publique, d’un litige en cours sur le titre de propriété, de la démolition de
l’immeuble en raison de sa vétusté, etc.
Le bail emphytéotique, ou « emphytéose », est un bail immobilier conclu pour une durée
comprise entre 18 ans et 99 ans et conférant au preneur, appelé « emphytéote », un droit réel sur le
bien loué, à charge pour lui de l’améliorer moyennant un loyer modique. Les améliorations
appartiennent au bailleur à l’expiration du bail, sans que ce dernier ait à indemniser l’emphytéote. Le
bail emphytéotique confère au preneur le droit d’hypothéquer l’immeuble. Ce bail est exclu du champ
d’application des baux commerciaux.
Le bail à construction est un contrat par lequel le preneur s’engage, a‘ titre principal, à édifier
des constructions sur le terrain du bailleur et à les conserver en bon état d’entretien pendant toute la
durée du bail. Comme dans le bail emphytéotique, le bailleur profite des améliorations réalisées par le
preneur au cours du bail. Le bail à construction, conclu également pour une durée comprise entre 18
ans et 99 ans, échappe au statut des baux commerciaux. Ici encore, le preneur peut grever l’immeuble
d’une hypothèque, céder ses droits ou les apporter en société. Le bail à construction se distingue du
bail emphytéotique par l’obligation du preneur de construire un immeuble. Si la construction n’est pas
stipulée comme étant une obligation contractuelle, le bail est qualifié d’emphytéose et non de bail à
construction.
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Section 1 : L’obligation d’exploiter le fonds de commerce
La seconde obligation du preneur est de payer les loyers. Le loyer est librement fixé par les
parties à la conclusion du bail. À cette date, il est fréquent que le bailleur demande en outre le
versement d’un « pas-de-porte », une somme d’argent issue de la pratique et correspondant à un droit
d’entrée dans les locaux. Le pas-de-porte, encore appelé « droit d’entrée », est une somme d’argent
que le propriétaire d’un local à usage industriel, commercial ou artisanal exige du preneur à bail, pour
l’entrée dans les lieux, en sus du prix annuel du loyer. Cette pratique se heurte toutefois à la réticence
des banques qui se révèlent assez réservées pour attribuer un financement à ce titre. La pratique du
pas-de-porte est donc peut-être moins universelle et généralisée qu’elle ne l’a été. La somme versée au
titre du pas de porte ne doit pas être confondue avec le cas échéant le prix de cession ou le loyer du
fonds de commerce (en cas de location-gérance).
Le loyer initial peut être révisé à la demande de l’une des parties. Selon la loi, la demande ne
peut être formulée que 3 ans au moins après la date d’entrée dans les lieux ou après le point de départ
du bail renouvelé. De nouvelles demandes peuvent être formulées tous les 3 ans.
En cas de désaccord entre les parties, le montant du loyer sera ajusté par le juge de façon à le
faire correspondre à la « valeur locative » de l’immeuble loué. La valeur locative est déterminée en
fonction des caractéristiques du local, de la destination des lieux, des obligations respectives des
parties, des facteurs locaux de commercialité et des prix couramment pratiqués dans le voisinage (C.
com., art. L. 145-33).
Pour éviter une trop forte variation du loyer, le montant de la révision est plafonné par la loi.
Selon l’article L. 145-38 du Code de commerce, « par dérogation aux dispositions de l’article L.
145-33, et à moins que ne soit rapportée la preuve d’une modification matérielle des facteurs locaux de
commercialité ayant entraîné par elle-même une variation de plus de 10 % de la valeur locative, la
majoration ou la diminution de loyer consécutive à une révision triennale ne peut excéder la variation
de l’indice trimestriel des loyers commerciaux ou de l’indice trimestriel des loyers des activités
tertiaires intervenue depuis la dernière fixation amiable ou judiciaire du loyer».
Le bail peut contenir une clause d’indexation du loyer, appelée aussi clause d’échelle mobile, à
condition que l’indice choisi soit en relation directe avec l’objet du contrat ou l’activité de l’une des
parties.
Une « clause recettes » est parfois stipulée, fixant le loyer en fonction du chiffre d’affaires
réalisé par le preneur. Dans ce dernier cas, la disposition peut stipuler que le loyer d’un bail
commercial est calculé sur la base du chiffre d’affaires du preneur, sans pouvoir être inférieur à un
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minimum équivalant à la valeur locative des lieux loués. Cette clause recette exclut la révision
triennale. Elle est opportune lorsque le loyer est important et que le chiffre d’affaire du locataire est
susceptible de vérification par le bailleur.
En principe, le preneur ne peut, sans l’accord du bailleur, modifier la destination des lieux
loués telle qu’elle est fixée dans le contrat. La destination concerne la nature de l’activité exercée. Si le
preneur souhaite changer l’affectation des locaux, il doit procéder à une déspécialisation du bail. Il
existe deux types de déspécialisation : la déspécialisation simple ou partielle (§1) et la déspécialisation
totale ou plénière (§2).
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En principe, le preneur est tenu d’exploiter personnellement le fonds de commerce hébergé par
le local objet du bail. L’article L. 145-31 du Code de commerce lui interdit expressément de sous-louer
l’immeuble. Mais le bailleur peut autoriser la sous-location par une clause insérée dans le bail. Le
preneur peut encore informer le bailleur de son projet de sous-location, par acte d’huissier ou par lettre
recommandée avec demande d’accusé de réception. Le bailleur dispose alors d’un délai de 15 jours
pour faire connaître sa décision. Passé ce délai, et en cas de silence du bailleur, le preneur ne peut
sous-louer le local que si la sous-location est autorisée par le contrat initial. Dans le cas contraire, la
sous-location sans le consentement exprès du bailleur est interdite sous peine de résiliation du bail. Un
agrément tacite du bailleur est reconnu par la jurisprudence lorsqu’il résulte d’un acte positif
manifestant un accord non équivoque, comme le renouvellement tacite du bail en ayant connaissance
de la présence d’un sous-locataire.
Sous réserve que la sous-location ait été autorisée par le bailleur, le sous-locataire bénéficie du
statut des baux commerciaux. Selon l’article L. 145-32 du Code de commerce, le sous-locataire doit
alors demander le renouvellement de son bail auprès du locataire principal, mais dans la mesure des
droits que ce dernier tient lui-même du bailleur. Le preneur principal peut ne pas renouveler la
sous-location car aucune disposition légale ne l’y oblige. Toutefois, à l’expiration du bail principal, le
bailleur est tenu de renouveler le bail s’il a autorisé expressément ou tacitement la sous-location. Le
sous-locataire dispose alors d’un droit direct contre le bailleur puisque le preneur principal a perdu son
droit au bail.
Le droit au bail étant un élément du fonds de commerce, le preneur peut tout à fait céder son
bail en même temps que le fonds. Il peut aussi céder son bail à un tiers indépendamment du fonds ou
des autres éléments du fonds. Mais la cession doit être signifiée au bailleur pour lui être opposable, à
moins qu’il n’y ait consenti, expressément ou tacitement. Néanmoins, les clauses interdisant toute
cession du bail sans le fonds de commerce sont valables.
Lorsque le bailleur envisage de vendre son immeuble dans lequel est exploité un fonds de
commerce, il doit en informer le preneur par lettre recommandée avec avis de réception ou remise en
mains propres. Cette notification doit, à peine de nullité, indiquer le prix et les conditions de la vente
envisagée. Elle vaut offre de vente faite au preneur. Celui-ci dispose alors d’un délai d’un mois pour
lever l’option d’achat. Si l’offre n’est pas acceptée dans ce délai, elle devient caduque.
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Chapitre 1 : Le droit au renouvellement du bail
commercial
Pour que le preneur puisse bénéficier du droit au renouvellement de son bail commercial, il
doit remplir certaines conditions (Section 1) et suivre une procédure (Section 2).
L’article L. 145-8 du Code de commerce précise que le droit au renouvellement ne peut être
invoquée que par le propriétaire du fonds qui est exploité dans les lieux. Ainsi, en cas de
locataire-gérant, qui n’a pas la qualité de preneur à bail, ne peut demander le renouvellement à la place
du propriétaire-loueur.
En principe, le bail est renouvelé dans des conditions identiques à celles du précédent.
Cependant, le bailleur propose une augmentation du montant du loyer. L’augmentation est plafonnée à
la valeur locative. Le preneur qui conteste les conditions du nouveau loyer dispose d’un délai de 2 ans
pour saisir un tribunal. À l’issue d’une tentative de conciliation obligatoire demeurée infructueuse, le
TJ fixe le montant du loyer.
Le bail commercial a une durée minimale de 9 ans qui, en principe, ne peut être interrompue.
Cette durée est d’ordre public. Le contrat peut cependant comporter une clause résolutoire stipulant à
l’avance que l’inexécution d’une des obligations emportera résiliation de plein droit. Dans les autres
cas, le preneur qui souhaite résilier le bail doit donner son congé au moins 6 mois à l’avance par lettre
recommandée avec demande d’avis de réception ou par acte extrajudiciaire. Le bailleur, quant à lui, ne
peut donner un congé anticipé que dans des cas limitativement énumérés par la loi :
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→ Motifs graves et légitimes (C. com., art. L. 145-17) : ce cas résulte généralement d’un
manquement contractuel du preneur (non-paiement des loyers, abus de jouissance des lieux,
défaut d’entretien, destruction de la chose louée, déspécialisation sans autorisation, défaut
d’exploitation, cession ou sous-location du local sans le consentement du bailleur)
→ Reprise du local pour y habiter (C. com., art. L. 145-22) : le bailleur a le droit de reprendre le
local pour son habitation personnelle ou celle de ses proches parents (ascendants, descendants
et leurs conjoints) ;
→ Reprise pour reconstruction ou surélévation (C. com., art. L. 145-17) : le bailleur a également
le droit de reconstruire le local déclaré insalubre ou menaçant ruine. Même en l’absence
d’insalubrité ou de ruine, le bailleur a un droit de reprise pour reconstruire ou surélever son
immeuble, mais le preneur a alors un droit de priorité sur le local reconstruit ou surélevé.
Si le bailleur refuse de renouveler le bail, il doit donner congé pour le dernier jour du trimestre
civil et au moins 6 mois à l’avance. Le refus de renouvellement doit être motivé (C. com., art. L.
145-9). Si le motif du refus n’est pas légitime, le preneur a le droit de réclamer, devant le TJ, une
indemnité d’éviction. Le montant de cette indemnité est fixé de façon à réparer le préjudice causé par
le réaménagement forcé du fonds dans d’autres locaux (C. com., art. L. 145-14). Selon la loi, ce
préjudice est égal à la valeur des éléments incorporels du fonds (clientèle, nom commercial, enseigne,
etc.). La jurisprudence y ajoute la valeur du droit au bail lui-même, augmentée des frais de
déménagement et de réinstallation ainsi que des frais et droits de mutation à payer pour l’achat d’un
fonds de même valeur. L’indemnité d’éviction n’est pas due lorsque le bailleur invoque une cause
légitime de refus de renouvellement (motif grave et légitime, reprise du local pour y habiter, pour
reconstruction ou surélévation). L’indemnité d’éviction est une somme d’argent due par le bailleur à
un preneur à bail, et destinée à compenser le préjudice subi par le preneur du fait de la perte de son
droit au renouvellement. Cette indemnité comprend notamment la valeur marchande du fonds de
commerce, déterminée suivant les usages de la profession, augmentée éventuellement des frais
normaux de déménagement et de réinstallation, ainsi que des frais et droits de mutation à payer pour
un fonds de même valeur, sauf dans le cas où le propriétaire fait la preuve que le préjudice est moindre
(C. com., art. L. 145-14).
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