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FSJES-MEKNES 2019/2020

LE DROIT COMMERCIAL
I. LE DROIT COMMERCIAL DANS LE TEMPS :
Le droit commercial marocain est largement inspiré du droit occidental
et plus précisément du droit français, il convient de retracer l'évolution de ce
droit et les grandes périodes historiques qui l’ont marqué avant de voir
celles qui ont caractérisé notre droit positif.

A. Les grandes étapes de l’evolution du droit commercial


occidental
Les caractéristiques essentielles du droit commercial apparaissent
véritablement avec le Moyen Age.

1. Du Moyen Âge à la codification du droit commercial


L'avènement du droit commercial, coïncide d'abord avec le
développement d’envergure du commerce entrepris à partir du XIème siècle.
A cette époque, le commerce terrestre prend une nouvel dimension avec la
pratique des foires qui eurent lieu en particulier dans les grandes villes
d’Italie et au cours desquelles des usages commerciaux ont vu le jour pour
assurer la sécurité et la rapidités des transactions.
Le développement du droit commercial tient ensuite à l’évolution des
facteurs sociaux et politiques.
facteurs sociaux : l’apparition d'une civilisation urbaine donne naissance a
un commerce sédentaire. Les marchands de plus en plus puissants, vont
prendre la direction des affaires de la cité. Ils s'organisent en corporations,
élaborent des siatuts qui réglementent l'accès et les conditions d’exercice du
commerce.
facteurs politiques : la consolidation de la monarchie et la constitution
d’un Etat moderne, modifient assez profondément le droit commercial qui
devient peu à peu un droit essentiellement national.
La période de la révolution francaise n’apporte pas de bouleversement,
Excepté l’affirmation du principe de la liberté du commerce. Elle confirma
les lois commerciales en vigueur sous la royauté et concéda même le
maintien des tribunaux de commerce.
A la révolution politique succède la révolution industrielle du XIX°
marquée par la création du code de commerce de 1807.

2. Le droit commercial depuis sa codification


L'année 1807 ouvre une ère nouvelle pour le droit commercial. Celle de
la codification de ses règles dans un code de commerce.

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Depuis, le droit commercial a fortement subi les bouleversements


économiques et politiques qu’on peut résumer en trois périodes:
La première période se caractérise par un fort essor du commerce lié au
libéralisme économique. Quelques grandes lois commerciales ont été
promulguées à cette époque comme celle du 5 juillet 1844 sur les brevets
d'invention ou celle du 24 juin 1865 sur les chèques.
La deuxième période : A la fin de la premiere période, l'interventionnisme
étatique devient plus important, notamment pour limiter certains excès du
libéralisme. On peut citer la loi de 1905 sur la répression des fraudes ou
celle de 1893 protégeant l'épargne.
La troisième période : Avec les années 1950, au dirigisme se succède une
planification souple dont la marque dominante est la concertation,
l'incitation, plutôt que l’autoritarisme. Les faits marquants de cette période
sont l'affirmation de la force du droit communautaire, l'influence
grandissante des droits étrangers, notamment anglo-saxons via la
puissance industrielle des États-Unis, enfin et surtout, la mondialisation
inéluctable de l'économie.

B. L’évolution du droit commercial au Maroc


Se caractérise par deux périodes : celle avant 1913 avec l'absence d'une
législation commerciale marocaine et celle postérieure à 1913 avec laquelle
s’ouvre l’ère de la révélation et de la construction du droit commercial.

1. La période antérieure à 1913: l'absence d’une législation


commerciale :
Le Maroc jouait un rôle d'intermédiaire entre l’Europe et l'Afrique. Le
commerce se faisait selon le système de troc, ce qui permettait au Maroc de
livrer aux soudanais des produits européens et de recevoir de l’Or.
A cette époque, le Maroc ne connaissait pas de législation commerciale,
seul le droit musulman était applicable.
C'est à partir du XVllle et XIXe siècle que la philosophie juridique
européenne commença à influencer le Maroc. Le principe de la liberté du
commerce et de l'industrie connait son affirmation solennelle au profit des
étrangers dans les traités bilatéraux d’abord puis dans les conventions
multilatérales et avec le protectorat, c’est le code de commerce français de
1807 qui va influencer le code de commerce marocain du 12 août 1913.

2. La période postérieure à 1913: la construction du droit


commercial
La division du Maroc en trois zones de protectorat : internationale à
Tanger, espagnole au Nord et au Sud et française au centre, au lendemain
de
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1912, s'accompagne de trois législations :


La zone de Tanger obéissait à un code de commerce de 1925, promulgué
par les autorités internationales de l'époque.
• le texte a une finalité cosmopolite
• mieux élaboré que ceux qui régissaient les autres zones.
• Comportant des formules générales et compréhensives
• présentait le détail des prescriptions relatives aux contrats spéciaux
tels que le compte courant et la société.
La zone sous protectorat espagnol observait le dahir khalifien du 1er juin
1914 qui comprenait 03 parties distinctes consacrées aux :
• commerçants et au commerce
• contrats spéciaux
• la procédure de la faillite.
Les activités commercial de cette zone avaient un aspect primitifs à
cause de la pauvreté alors ce code n’était qu’artificiel et étranger au pays. La
zone sous protectorat français observait deux codes :
• Droit commercial maritime de 1919 ;
• Droit commercial terrestre de 1913 : qui reproduisait les grandes
lignes du code français et se distinguait par l’introduction d'un
embryon de réglementation du registre de commerce.

Malgré les transformations profondes de la vie économique et sociale du


maroc, cette législation commerciale est restée pratiquement inchangée,
jusqu'à 1996, date de promulgation du nouveau code de commerce. Ce
dernier met fin à un éparpillement et à une vétusté devenus incompatibles
avec les besoins de la pratique des entreprises.

II. LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL


L’originalité du droit commercial se manifeste très clairement par
l'organisation de ses sources. En marge des sources de droit commun, de
loin les plus importantes et les plus utilisées par le droit commercial, celui-
ci propose, en sus, des sources spécifiques de droit, qualifiées d'originales.
1. Les sources du droit commun
Classiquement, les sources traditionnelles du droit commun sont
composées de la loi (A), la jurisprudence (B) et sont aussi l’œuvre de la
doctrine (C).
A -La loi
Au sens strict formel, la loi désigne tout acte émanant du Parlement,
seul organe autorisé par la constitution à légiférer. Au sens large, le terme
de loi désigne indifféremment une règle de droit prise isolément, un corps de

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règles cohérent, voire l'ensemble des règles d'un pays, etc.. quelle qu'en soit
la qualité : privé, publique ou pénale.

Au sens de son origine, la loi résulte d'une œuvre interne ou externe.


L’œuvre interne puise sa source dans une hiérarchisation entre la
Constitution, le Parlement et l’exécutif. Ces trois pouvoirs marquent de leur
influence le droit commercial :
• la constitution, en affirmant, par exemple le principe de la liberté
d'entreprendre.
• le Parlement en votant les textes dont le commerce a besoin quand il
ne satisfait pas d'une solution du droit civil, ou parce que cette
solution n'existe pas et doit être créée.
• L’exécutif à travers les décrets et les arrêtes.
L'oeuvre externe se résume aux traités internationaux. Ces derniers sont
ratifiés par le Parlement et ont vocation à s'appliquer aux activités
commerciales.
Exemples :
• L’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (CATT) de
1947,
• la commission des nations unies pour le commerce et le
développement (CNUCED) de 1964,
• l’organisation mondiale du commerce (OMC) de 1941.

Sans modifier le contenu des droits nationaux, ils y ajoutent des règles
nouvelles destinées à régir uniquement les opérations internationales. Ainsi,
la convention de Vienne du 11 avril 1980 institue des règles communes
applicables dans ventes internationales de marchandises entre pays
signataires.

B. La jurisprudence
En droit commercial, elle présente une grande importance dans la
formation du droit. Elle répond à la nécessité d’une intervention rapide des
juridictions dans la vie commerciale.
D'abord, les juges assument, en droit commercial, un rôle traditionnel
de transposition du droit aux faits. En effet, les textes de portée générale ont
besoin d’être adaptés aux situations concrètes.
L’exercice du commerce donne naissance à de nouvelles pratiques dont
il faut, en l’absence de texte, apprécier la validité et préciser le régime
juridique.

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C. La doctrine
Elle n’est pas une source directe de droit . La doctrine résulte de travail
de réflexion mené, à propos d’un point de droit remarquable, par les
universitaires, les magistrats et plus généralement les juristes qualifiés. De
la finesse de leurs observations, de la justesse de leurs solutions, en
découlera une application par les tribunaux ou une activation d’une loi par
le législateur. En ce sens, la doctrine est une source indirecte, mais
exceptionnellement riche, de droit.

2. Les sources spécifiques du droit commercial


-Le droit commercial intègre des règles fondées sur la technique de l’usage
et de la coutume, règles encore applicables et parfois transposées dans le
code de commerce.
-Le droit commercial intègre aussi en tant que normes, des règles édictées
par les autorités administratives et les institutions professionnelles.
A –L’usage et la coutume
Sont des sources non écrites jouant un rôle important dans la création
du droit commercial, ne serait-ce qu’en raison des caractères mouvant et
évolutif de la vie des affaires, qui ne peut toujours attendre une réforme.
a. L'usage commercial
L'usage commercial est une pratique habituellement suivie, et
considérée comme normale dans un milieu donné. Il est constitué de deux
éléments :
• l’un matériel : la répétition d’une pratique commerciale,
• l’autre psychologique, la conscience éprouvée du caractère obligatoire
de tel comportement.
- Les usages ont un caractère supplétif. Ils s'appliquent entre les parties au
contrat quand elles n’y renoncent pas expressément par convention.
- Les usages ne peuvent pas déroger aux lois impératives.
- leur violation ou leur méconnaissance ne donnent pas lieu à ouverture à
cassation.
b. La coutume
La coutume est un fait, un usage, dont la valeur juridique reflète une
importance plus grande. Son origine peut remonter à une date éloignée.
L'originalité de la coutume consiste dans sa reconnaissance comme une
véritable source du droit. Sa valeur juridique se fonde sur sa consécration
par l'autorité judiciaire .
En effet, l’évolution naturelle de l'observation d'un usage, amène les
tribunaux, plus précisément la cour de cassation, à la consacrer comme
coutume. La conséquence, la coutume devient une source du droit et perd
sa nature de simple fait. Les tribunaux ne peuvent plus l’ignorer et doivent
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la connaitre et l'appliquer qu'elle soit invoquée ou non à l'occasion d’un


litige. Les plaideurs n’ont nul besoin ni d’en établir l’existence ni d'en
accepter l’application.

B. Les autorités administratives


Le commerce est encadré par des organes publics ou parapublics qui
sont parfois dotés de fonctions juridictionnelles.
a. Les autorités publiques
Les autorités administratives conservent un pouvoir d'intervention
important en matière commerciale.
La première manifestation de l'intervention des autorités étatiques se situe
au plus haut niveau de responsabilité. Le chef du gouvernement est
souvent, si ce n’est à l'origine, au moins l'arbitre des principales réformes en
matière commerciale.
A coté du chef du gouvernement, le ministère de l’économie et des finances
occupe également une place importante dans l'administration du commerce.
o Il contrôle les principales autorités publiques intervenant directement
ou quotidiennement dans la vie commerciale.
o Il dirige notamment plusieurs direction à l’instar de la direction
générale des impôts, la direction du trésor etc.
o Il est l'initiateur de projets de lois en matière commerciale et participe
largement à la conduite et à la régulation de l'économie.
Quant aux autorités locales, dans le cadre de leurs pouvoirs de police,
prennent des mesures administratives destinées à assurer un exercice de
l'activité commerciale conforme aux exigences de l'hygiène, de la salubrité,
de la sécurité...
b. Les institutions administratives spécialisées :
L'une de ces institutions présente la particularité de participer à la justice
commerciale car elle possède des attributions quasi juridictionnelles. En
effet, le conseil de la concurrence est compétent pour infliger des
sanctions et prononcer la nullité de certains actes lorsqu'il constate un abus
de position dominante de la par d’une entreprise.

Une autre institution très connue est l'autorité marocaine des marchés
des capitaux. Son rôle est essentiellement réglementaire puisqu’il édicte
plusieurs circulaires fixant les règles aux marchés des capitaux.

Le conseil économique social et environnemental crée par la révision


constitutionnelle de 1996 possède deux types d’attributions principales :
o Se prononcer sur les projets et propositions de lois, les décrets de
nature économique, sociale et environnementale.

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o Il formule ensuite, de sa propre initiative, des avis et des propositions


et réalise des études et des recherches dans les domaines relevant de
ses attributions.
c. Les institutions professionnelles
Les commerçants ont vite compris l'intérêt qu’ils avaient à se regrouper au
sein d'institutions professionnelles pour organiser l’exercice de leur
profession.
1.Les chambres de commerce, d'industrie et de service
Sont des établissements publics à caractère professionnel dotés de la
personnalité morale et de l’autonomie financière. Leurs fonctions :
• Représenter, défendre et promouvoir les intérêts des professionnels 
Rôle consultatif pour les projets économiques.
• Des missions d’appui et de promotion
• la création des centres d'arbitrage et de médiation,
• la création de services pour encourager l’investissement.
2- Les groupements professionnels
sont des syndicats professionnels. Ils disposent d'un ensemble de
prérogatives leur permettant de participer, dans une large mesure à :
• La réglementation du commerce
• Négocient les conventions collectives,
• fournissent des informations à leurs adhérents et assurent la défense
de leurs intérêts.
• Ils interviennent, également, en qualité de conseil
• établissent des codes de « bonne conduite à caractère non obligatoire.
exemple :
• le groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM)  la
confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).

III. L’ORIGINALITE DU DROIT COMMERCIAL


Ce sont les caractéristiques qui lui sont propres et qui sont le résultat
de la pratique du commerce. Mais, l'originalité du droit commercial tient
surtout à l’impossibilité d’établir un critère unique permettant de saisir le
fondement du droit commercial.

1. La particularité des fondements du droit commercial


Trois critères permettent de saisir l'essence du droit commercial et de la
commercialité.
A-La circulation des richesses
Appréhender le droit commercial comme le droit des intermédiaires
dans le monde de l’activité économique. Le droit commercial est ainsi le

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droit des fournisseurs et des distributeurs (pas les producteurs et les


consommateurs).
B- La recherche du profit
Un acte est qualifié de commercial lorsque le moteur est l’intérêt
financier, mais ce dernier n’est pas seulement l’apanage des commerçants.
C- L’entreprise
Le droit commercial pouvait être confondu avec le droit de l’entreprise
car l’activité commerciale suppose l'existence minimale d'une organisation
qui la rende possible. Le malheur de cette approche c’est de l'impossibilité
de définir strictement la notion d'entreprise (exemple d’un cabinet d’avocat).
Une approche purement positive est à même de guider la
compréhension du droit commercial. La commercialité est , in fine, justifiée
par l'existence de règles définies par le code de commerce.
2. La particularité des techniques du droit commercial
En effet, la plupart des règles mises en oeuvre servent des impératifs
simples, notamment la rapidité et la sécurité qui permettent d’ailleurs de
comprendre les techniques propres au droit commercial.
la rapidité légitime de nombreuses pratiques commerciales à l’instar du
recours à l’arbitrage.
L'impératif de sécurité se traduit de plusieurs manières :
• Mesure de publicité : inscription des commerçants au registre du
commerce,
• obligation aux commerçants de tenir une comptabilité...

IV. LA DETERMINATION DES ACTIVITES COMMERCIALES


1. Liste des activités commerciales (la liste légale) :
Est fournie par le code de commerce dans ses articles 6 (commerce
terrestre) et 7(commerce maritime et aérien).
La qualité de commerçant s'acquiert par l’exercice habituel ou professionnel
des activités suivantes :
 Activité de distribution
 Activités de production
 Activités de service
 Activités commerciales d’origine maritime.

2. Les mécanismes d'extension de la liste légale :


Ensemble de dispositions légales permettant de étendre la liste légale au
maximum pour répondre à l’évolution rapide de la vie des affaires (articles 8,
9 et 10 du code de commerce) :

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A-Les activités commerciales assimilées articles 8 :


Les juges recourent à l'interprétation par analogie en procédant à
l'analyse des éléments précis de chaque espèce et à la confrontation de ces
éléments avec ceux d’autre activité prévue par les articles 6 et 7 du code de
commerce.
B- Les actes de commerce par la forme articles 9 :
• La lettre de change
• Le billet à ordre
• Les sociétés commerciales

C-Les actes de commerce par accessoire articles 10 :


L'adage romain accessorium sequitur principale :
L'accessoire suit le principal.
Lorsqu’un fait ou un acte civil est accompli par un commerçant à
l’occasion de son commerce, il perd par « le jeu de l'accessoire », sa nature
civile pour devenir commercial. Par conséquent, seuls les actes et les faits
étrangers à ladite activité commerciale demeurent de nature civile. Deux 02
conditions sont exigées :
 Avoir la qualité de commerçant.
 La finalité de l’acte (ou du fait), exige que celui-ci soit rattaché à
l’activité commerciale exercée.
Domaine d’application :
Contrats conclus pour les besoins de l’activité commerciale : les
contrats d'achat, de location, de prêts, d’assurance, de
transport…
Réparation de dommage qui a eu lieu à l'occasion d’une activité
commerciale.
Par Contre : par exemple un accident de circulation automobile
survenus lors d'une activité commerciale relèvera toujours de la
compétence des juridictions civiles (l’accident échappe à
l’application de la théorie de l’accessoire malgré la relation étroite
avec l’activité).

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