CM1- Introduction au droit des affaires 2021-2022

Introduction au droit des affaires et Cadre juridique

général de la matière

Dans une première approche, le droit des affaires peut être défini comme la partie du droit
privé relative aux opérations juridiques faites soit par les commerçants entre eux, soit
par les commerçants et des tiers dans le cadre de leur activité professionnelle. C’est le
droit de tous ceux qui se trouvent mêlés à la vie des affaires. Ce droit fait partie du droit
commercial.

A. L’Histoire du droit des affaires

1. Moyen Âge : apparition d’un droit coutumier des marchands

Les origines du droit commercial remontent au Moyen Âge.

Le droit commercial est né dans certaines villes indépendantes d’Italie, telles que Florance et
Venise, dans lesquelles le pouvoir politique reposait entre les mains de marchands et de
banquiers, les « consuls » (d’où le terme de juridiction consulaire). Ces consuls, qui étaient à
la fois des conseillers municipaux et des juges, appliquèrent des usages professionnels
inspirés du droit romain et du droit canonique, tout en étant pas hostiles à l’idée de profit. Les
règles de droit commercial relatives aux sociétés, à la lettre de change, à la faillite et au
transport maritime firent leur apparition.

Le droit commercial fut exporté en Europe,

- soit par les ports, pour le droit commercial maritime,

- soit par les foires, pour le droit commercial terrestre.

Ce droit devient alors la coutume marchande internationale et non écrite.

2. L’ancien droit français : l’apparition d’un droit du commerce écrit

L’avènement des grands États modernes mit fin à l’uniformité du droit des marchands. En
France, le droit commercial est alors essentiellement un droit professionnel présentant un

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caractère subjectif. Il est systématisé par le pouvoir royal qui cherche à protéger le commerce
pour enrichir l’État.

A partir de 1563, le droit commercial a commencé de changer ses caractéristiques : d’essence

internationale, il devient national ; principalement coutumier et oral, il devient un droit écrit.

On va distinguer en ce qui concerne l’apparition d’un droit du commerce écrit plusieurs

étapes :

Tout d’abord, l'ordonnance de 1563.- Il s’agit d’un édit de Charles IX par lequel les
juridictions consulaires sont créées, d’abord à Paris puis dans toute la France.

Ensuite, les ordonnances de 1673 et 1681.- L’œuvre la plus aboutie est celle de Louis XIV,
inspirée par Colbert, elle est manifeste dans deux ordonnances fondatrices du droit
commercial moderne.

La première - connue sous le nom de Code Savary - a permis une codification des pratiques
commerciales relativement au commerce de terre en 1673, la seconde de 1681 a trait au
commerce maritime. Ces textes marquent un véritable tournant dans l'histoire du droit
commercial. Notamment parce qu'elles font échapper les commerçants au droit commun pour
les soumettre à un régime autonome. C'est à partir de cette époque que l'on peut véritablement
parler de « droit commercial » défini comme un ensemble de règles, de normes régissant
l'activité des commerçants.

Enfin, la consolidation.- A partir du XVIIe siècle, le droit commercial a acquis son

autonomie en faisant échapper les commerçants au droit commun. Ce droit prendra
véritablement corps, quelques siècles plus tard, dans le Code de commerce de 1807. Avant
période, de s’arrêter à l’action de Napoléon, il faut rappeler qu’à la fin du XVIIIe siècle est
intervenu un événement politiquement marquant : la Révolution de 1789. Deux grands textes
issus de cette période doivent retenir l'attention :

 le décret d'Allarde des 2 et 17 mars 1791 qui proclame le principe du libre accès aux
professions commerciales et artisanales1.

1
En fait il s’agit de la loi d’Allarde, communément appelée décret d’Allarde. Voir : Matthieu Bertozzo, « Le
décret d’Allarde des 2 et 17 mars 1791 ou la matérialisation des idées libérales de la Révolution française »,
Revue générale du droit on line 2015.

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 la loi Le Chapelier des 14 et 17 juin 1791 qui abolit le système des corporations et la
réglementation élaborée par ces dernières.

Sous l’Empire, en 1807, la rédaction d’un premier Code de commerce est entreprise. Ce code
n’a, cependant, jamais eu le prestige du Code civil. Son contenu est étroitement inspiré des
ordonnances de Colbert. Au fil des années ce code a fait l’objet de nombreuses modifications.

3. La période moderne : la construction du droit des affaires

contemporain

Le droit commercial au XIXe siècle. - Les évolutions postérieures à 1807 sont notamment
marquées par l’industrialisation et l’avènement du capitalisme. La loi du 24 juillet 1867
introduit dans notre droit la société anonyme.

Le droit commercial au XXe siècle. - Le XXe siècle est marqué par d’importantes lois :

- introduction du fonds de commerce en droit positif (1909) ;

- instauration de la lettre de change internationale et des billets à ordre internationaux

(1930) ;

- création du statut des baux commerciaux (1953), etc.

Au XXe siècle, le droit commercial se caractérise par sa décodification : la quasi totalité des
réformes du droit commercial fut introduite par des textes non codifiés, de telle sorte que le
code de commerce ne refléta plus le droit positif commercial.

Le droit commercial au XXIe siècle : la recodification du droit commercial.- Le droit

commercial a été recodifié à droit constant, c'est-à-dire sans (presque) aucune modification.
Le « nouveau » code de commerce est issu, pour sa partie législative, d’une ordonnance du 18
septembre 2000 et, pour sa partie réglementaire, d’un décret du 25 mars 2007.

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B. Les caractéristiques du droit des affaires

Le droit commercial se caractérise dans son rapport avec le droit civil (1) et par sa nature
mouvante qui contribue à sa construction moderne (2).

1. Les rapports entre droit civil et droit commercial

Le droit commercial n’est pas un droit autonome par rapport au droit civil.

Le droit commercial s’appuie sur deux piliers du droit civil :

 le premier, c’est le droit des obligations

 le second c’est le droit des biens.

Tous deux s’organisent autour de notions civiles, celles de personne juridique et de

patrimoine. La création d’un patrimoine d’affectation2 pour l’entreprise semble un exemple
pertinent du lien qui existe entre le droit commercial et le droit civil. Les deux droits
s’articulent entre eux. Cette articulation repose sur la présence d’un principe et des
dérogations à ce principe. A ce propos, le droit civil conserve, vis-à-vis de l’activité
commerciale, une compétence de principe. Cela signifie que les règles inscrites dans le code
civil sont des règles générales applicables par principe, sauf si une règle spéciale le prévoit
autrement. Ainsi, dans le domaine où le commerce ne justifie pas de dérogation particulière,
le code civil retrouve sa compétence de principe.

Le Code de commerce n’est ainsi conçu que comme une loi d’exception.

2. La construction actuelle du droit commercial

Le droit commercial est plutôt constitué d’une mosaïque d’institutions spécifiques : droit des
sociétés commerciales, droit des procédures collectives, droit bancaire et autres. Ces droits ne
dépendent pas les uns des autres, le champ d’application de ceux-ci n’est pas toujours
identique et le tout ne forme pas un ensemble, mais plutôt une juxtaposition.

2
Le patrimoine d’affectation se définit comme une partie du patrimoine d’une personne qui est affectée à une
utilité déterminée et répond seule des dettes qui peuvent être engendrées par cette activité. C’est comme le cas de
l’EIRL (entrepreneur individuel à responsabilité limitée).

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La diversité des composants du droit commercial permet de dépasser les approches classiques
de ce droit qui le considèrent comme un « droit des affaires », un « droit de l’entreprise » ou
un « droit économique » en admettant que ce droit régisse les activités professionnelles
indépendantes, dans la mesure où il contient des règles orientées vers la recherche d’une
meilleure efficacité économique.

Le lien qui relie le droit commercial de la vie économique et du monde des affaires nécessite
que le droit commercial soit mouvant pour qu’il reste efficace et adapté.

Dans ce cours dédié à l’introduction au droit des affaires, nous verrons ensemble plusieurs
chapitres :

- Les actes de commerce

- Le fonds de commerce et ses principaux contrats
- Le commerçant et le non commerçant
- L’entreprise
- Les contrats de distribution

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