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Cours de
Droit commercial général
par :
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Bibliographie sélective
- AKAM AKAM (A.) et VOUDWE BAKRO, Droit des sociétés commerciales
OHADA, Harmattan 2017 ;
- AKUÉTÉ (P. S.) et YADO TOÉ (J.) OHADA Droit commercial général,
Bruylant, Bruxelles, 2002 ;
- AKUÉTÉ (P. S.) et AGBENOTO (K. M.), Acte uniforme du 15 décembre
2010 portant sur le droit commercial général in OHADA Traité et Actes
uniformes commentés et annotés, Juriscope, 2018 ;
- ANOUKAHA (F.) (sous la direction de), Les grands arrêts de la
jurisprudence civile camerounaise, éd. du LERDA, 2008, 643 pp ;
- DEKEUWER-DÉFOSSEZ (F.), Droit commercial, 8e édition,
Montchrestien, Paris, 2004 ;
- MODI KOKO BEBEY (H. D.), Droit communautaire des Affaires, Tome
I, édition TIANOIA P.U.F, 2008
- MOHO FOPA (E. A.), « L’intérêt commun dans le contrat d’agence
commerciale OHADA », Revue de la Recherche Juridique n° 3, Presses
Universitaires d’Aix-Marseille, 2016, pp. 1393-1409 ;
- NGUEBOU TOUKAM (J.), Droit commercial Général dans l’Acte
uniforme OHADA, P.U.A, 1998
- PÉDAMON (M.) et KENFACK (H), Droit commercial, 4e édition, Dalloz,
paris, 2015 ;
- POUGOUE (P.-G.) et FOKO (A.) : Le statut de commerçant dans l’espace
OHADA P.U.A, 2005 ;
- Répertoire civil Dalloz 2019 ;
- Répertoire commercial Dalloz 2019.
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Introduction
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d’imposition des commerçants) et même le droit public économique (statut des
sociétés publiques et parapubliques). Pour des raisons pédagogiques,
l’ensemble des règles qui, au départ, régissent l’activité commerciale
individuelle, demeure regroupée dans cet enseignement appelé droit
commercial général.
Le droit commercial a certainement commencé à apparaître en même
temps que le commerce, c’est-à-dire qu’il est intimement lié à l’apparition et
au développement des civilisations marchandes. Les plus anciens documents
connus sont les tablettes de Warka (vers 2000 avant JC) et, surtout, le célèbre
Code d’Hammourabi (vers 1700 avant JC) issue de la civilisation
mésopotamienne (F. Dekeuwer-Défossez, Droit commercial, 8ème édition,
Montchrestien, Paris, 2004, pp. 1 et suivantes).
Mais, le droit commercial s’est surtout façonné en Europe, au moyen âge.
Plusieurs institutions commerciales de notre droit contemporain comme les
contrats de banque, la lettre de change, la faillite, datent de cette époque. Elles
ont pris naissance dans les républiques d’Italie du nord où le commerce
maritime était très florissant à partir du XIIe siècle. À cette période, les
commerçants ayant réussi à accéder au pouvoir, ont pu rédiger et insérer dans
les statuts municipaux leurs pratiques et usages (M. Pédamon et H. Kenfack,
Droit commercial, 4ème édition, Dalloz, paris, 2015, n° 2).
Mais, ces institutions se sont surtout imposées dans des grandes foires
d’occident, notamment celle de champagne ou des Flandres en France. Dans
ce contexte, une tentative de codification a été opérée par l’ordonnance de
Colbert (Ministre des finances de Louis XIV) de 1673 sur le commerce de terre.
Celle-ci sera suivie par le Décret d’Allarde des 2-17 mars 1791 proclamant la
liberté de du commerce et de l’industrie et la loi Chapelier des 14-15 juin 1791
abolissant le système des corporations. Cependant, il faudra attendre 1807
pour que soit codifié l’ensemble des règles de droit applicables à l’exercice
d’une activité commerciale, à travers le Code de commerce adopté en 1807 et
entré en vigueur en 1808. La révolution industrielle et le libéralisme
triomphant du siècle dernier viendront étendre le domaine d’application de ce
droit, en créant les instruments juridiques sur la base desquels viendra se
développer le capitalisme moderne.
Le droit commercial applicable au Cameroun est le fruit de son double
passé colonial français et anglais.
Dans la partie francophone du pays, appelé à l’époque Cameroun
oriental, le Code de commerce français de 1807 y sera rendu applicable par la
loi du 7 décembre 1850. Il sera par la suite complété avec les principaux textes
suivants :
- La loi du 30 juin 1926 sur les baux commerciaux ;
- Le décret du 17 février 1930 instituant un registre du commerce ;
- Le décret du 26 juillet 1932 relatif à la vente et au nantissement
du fonds de commerce.
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Dans la partie anglophone du pays, appelé Cameroun occidental, le droit
commercial était régi par deux séries de règles :
- Les règles d’origine prétoriennes qui dérivaient des règles de la
Common Law façonnées par les juridictions anglaises ;
- Les règles issues du Sale of Goods act de 1873 applicable en
Angleterre.
Ces dispositions seront rendues applicables dans cette partie du pays en
vertu de l’article 11 de la Southern Cameroons High Court Law de 1955.
Après l’indépendance du Cameroun le 1er janvier 1960 et la réunification
des deux Cameroun, le législateur national, tout en conservant les textes de
l’époque coloniale, va s’engager à les densifier. Dans ce sillage, sera adoptée,
la loi n° 80-25 du 27 novembre 1980 fixant l’orientation de l’activité
commerciale. Cette loi sera abrogée par la loi n° 90/031 du 10 août 1990
régissant l’activité commerciale au Cameroun. Ce dernier texte sera lui-même
abrogé par la loi n° 2015/018 du 21 décembre 2015, régissant l’activité
commerciale au Cameroun. De même, sera adopté la loi n° 2016/004 du 18
avril 2016 régissant le commerce extérieur au Cameroun.
Sur le plan communautaire et international, les traités et accords
internationaux signés ou ratifiés par le Cameroun vont notablement
influencer le droit commercial applicable sur le territoire. L’influence majeure
dans ce sens est sans doute apportée par le Traité de l’OHADA (Organisation
pour l’harmonisation en Afrique du Droit des Affaires), institué par le Traité
de Port-Louis en Île Maurice du 17 octobre 1993. À travers ce traité, 14 États
africains membres de la zone Franc ont choisi d’abandonner leur souveraineté
sur le large domaine du droit des affaires au profit de l’OHADA qui est
désormais la seule institution en charge de légiférer en la matière (Cameroun,
Gabon, Congo, Centrafrique, Tchad, Côte d’Ivoire, Bénin, Mali, Burkina Faso,
Sénégal, Togo, Niger, Comores, Guinée Équatoriale). Trois États ont ensuite
intégré l’OHADA à savoir Les Comores, la Guinée et la République
Démocratique du Congo.
La terminologie utilisée par les auteurs n’est pas du tout neutre. En effet,
les auteurs de la réforme du droit des affaires africains n’ont pas entendu se
limiter uniquement au droit commercial, mais couvrir un domaine plus large
qu’est le droit des affaires, partie du droit privé qui prévoit les règles spéciales
applicables aux personnes physiques et morales qui ont pour profession des
activités commerciales, ce qui englobe toutes les questions juridiques liées à
l’organisation et à l’environnement des entreprises. L’article 2 du Traité
OHADA adopte ainsi une conception large du droit des affaires en dressant
une liste non exhaustive de matières qui devront être régies par les Actes
uniformes OHADA. Il s’agit entre autres du droit commercial général, du droit
des sociétés commerciales, du droit des entreprises en difficultés, des voies
d’exécution, du droit des sûretés, du droit du travail, du droit de l’arbitrage
ou encore du droit des transports. Si certaines de ces matières attendent
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toujours leur premier Acte Uniforme, le droit commercial général a fait l’objet
d’un des premiers Actes uniformes adoptés en 1997 et entrés en vigueur en
1998. L’Acte uniforme relatif au droit commercial général a par la suite subi
une refonte totale le 15 décembre 2010.
Le législateur OHADA fait toutefois une large place aux usages en tant
que source de droit commercial. Ainsi fait-il référence à elles dans la
règlementation des intermédiaires de commerce (article 177, 193 de l’AUDCG)
la vente commerciale (articles238, 239, 244 de l’AUDCG…).
En réalité, de tout temps, les usages ont toujours été une source
privilégiée du droit commercial. Ce sont elles qui lui ont donné naissance et
qui par la suite ont été codifiées, pour certaines d’entre elles. Il faut cependant
distinguer deux catégories d’usages :
- La première est constituée par des usages conventionnels ou
usages de fait. Il s’agit des règles qui tirent leur force de l’autonomie de
la volonté. Les parties à un contrat qui ont connaissance de l’existence
d’un usage susceptible de s’appliquer, ont la faculté de l’accepter ou de
le récuser. Si elles ne l’ont pas écarté, elles sont censées l’avoir adopté
(Akuété Pedro Santos et J. Yado Toé, OHADA Droit commercial général,
Bruylant, Bruxelles, 2002, p. 39).
- La seconde catégorie est constituée des usages impératifs. Ce sont
des usages qui sont imposées par la nécessité du commerce et vont
parfois à l’encontre du droit commun. Il en est ainsi de la solidarité
présumée entre codébiteurs contractuels commerçants, de la mise en
demeure sans acte extrajudiciaire, de la capitalisation des intérêts dans
les comptes bancaires.
Au regard de ces différentes sources, on s’aperçoit que le droit commercial
traite à la fois des personnes et des transactions qu’elles sont appelées à
effectuer. Les personnes dont il s’agit sont des acteurs du commerce (1ere
partie). Ces acteurs disposent d’un certain nombre de biens (2e partie) leur
permettant d’exercer les opérations de commerce parmi lesquelles la vente
commerciale (3ème partie) occupe une place de choix.
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1ère Partie : Les acteurs du droit commercial
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A- La notion d’acte de commerce par nature
L’AUDCG énonce une définition et donne une énumération des actes de
commerce par nature. Cette énumération permet d’en faire une classification.
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2- La classification des actes de commerce par nature
Après la définition des actes de commerce par nature, l’article 3 de
l’AUDCG procède à leur énumération. Mais, en utilisant l’adverbe
« notamment », ce texte confère à son énumération un caractère purement
indicatif. Au regard de la liste fournie, on peut déduire que les actes de
commerce en nature sont soit l’achat pour revendre, soit les opérations de
service, soit l’exploitation industrielle des ressources naturelles, soit les
contrats entre commerçants pour les besoins de leur commerce.
a- L’achat pour revendre
L’achat des biens, meubles ou immeubles en vue de leur revente est l’exemple
type de l’acte de commerce. Pour que cet acte soit constitué, il faut forcément
un achat destiné à la revente, peu important la nature du bien acheté. La
commercialité de l'acte exige ainsi un achat mû par la volonté de revendre et
portant sur un bien meuble ou immeuble. Autrement dit, l'achat ne suffit pas
à la qualification d'acte de commerce : l'élément matériel doit être coloré d'un
élément psychologique : le marchand doit avoir l'intention de revendre et ne
pas avoir acquis le bien pour son propre usage. Ce critère intentionnel
distingue le commerçant de l'acheteur ordinaire, ou encore du consommateur
qui achète le bien pour retirer lui-même l'utilité.
b- Les opérations de service
Les opérations de service énoncées par l’AUDCG sont nombreuses. Il
s’agit des opérations financières, telles les opérations de banque, de bourse,
d’assurance. Il s’agit également des opérations d’entremise comme les
opérations de change, de courtage et les opérations des intermédiaires de
commerce. Il s’agit enfin des opérations de transport et de télécommunication.
c- L’exploitation industrielle des ressources naturelles
Avant l’adoption de l’AUDCG, il était acquis que les activités extractives
échappaient au droit commercial : exploitation des carrières, marais salants,
eaux minérales… Il en était ainsi parce que le Code du commerce ne les
réputait pas actes de commerce. Avec l’avènement du droit OHADA et plus
précisément de l’AUDCG, s’arrête la dissociation : toute exploitation
industrielle de tout gisement de ressource naturelle est un acte de commerce.
Toutefois, l’exploitation visée est une exploitation industrielle, qui s’oppose à
une exploitation artisanale.
d- Les actes effectués par les sociétés commerciales et les contrats
entre commerçants pour les besoins de leur commerce
L’AUDCG considère également comme actes de commerce, les actes accomplis
par les sociétés commerciales. Il s’agit certainement des actes effectué en vue
de la réalisation de l’objet social. S’agissant des contrats entre commerçants
pour les besoins de leur commerce, il est à noter que certains peuvent en
réalité rentrer plutôt dans la catégorie des actes de commerce par accessoire.
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B- La distinction des actes de commerce par nature
des autres actes de commerce
Les actes de commerce par nature se distinguent des actes de commerce
par la forme et des actes de commerce par accessoire.
1- Les actes de commerce par la forme
D’après l’article 4 de l’AUDCG, les actes de commerce par la forme sont
la lettre de change, le billet à ordre et le warrant.
- La lettre de change, encore appelée traite est un écrit par lequel
une personne appelée tireur, donne l’ordre à une autre personne
appelée tiré, de payer une certaine somme d’argent à une troisième
personne appelée bénéficiaire, à une date déterminée.
- Le billet à ordre est un écrit par lequel une personne appelée
souscripteur s’engage à payer à une époque déterminée une somme
d’argent déterminée à une personne appelée bénéficiaire.
- Le warrant est une variété de billet à ordre souscrit par un
commerçant et garanti par un stock de marchandises disposées dans
un magasin.
Ces actes de commerce par la forme constituent ce qu’on appelle
couramment les effets de commerce. Il s’agit des instruments de mobilisation
de crédit car ils ont tous pour effet de reporter le paiement d’une créance à
une date ultérieure. Le chèque ne figure pas parmi ces actes de commerce par
la forme. Cela se comprend car le chèque est un ordre donné à une banque de
payer à l’instant ou du moins dès présentation une somme d’argent au porteur
tiré. Il est donc un instrument de paiement et non un instrument de crédit
comme les effets de commerce.
2- Les actes de commerce par accessoire
Un acte à caractère civil est parfois qualifié d'acte de commerce parce
qu'il se rattache à un acte de commerce ou qu'il est accompli par un
commerçant. C’est le cas des actes civils effectués par un commerçant pour
son commerce. Il en est ainsi également de toutes les obligations entre
commerçants qui sont considérées comme des actes de commerce.
3- Les actes mixtes
Tout acte conclu entre un commerçant et un non-commerçant est un acte
mixte. Cet acte présente un caractère commercial pour le commerçant et civil
pour l’autre partie.
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L’accomplissement à titre de profession implique une activité régulière
présentant une continuité suffisante pour permettre à celui qui l’exerce d’en
retirer les moyens où une partie substantielle des moyens nécessaires à
l’existence. L’activité professionnelle implique en outre que l’exercice du
commerce revête une réalité concrète et non pas seulement formelle. L’activité
réelle ne signifie cependant pas que le commerçant soit tenu de mettre en
place une organisation particulière ou un cadre spécifique en terme de local,
d’équipements, de marchandises etc. La jurisprudence française a d’ailleurs
considérée que le spéculateur en bourse qui ne dispose d’aucune installation
matérielle ni même de clientèles propres a néanmoins la qualité de
commerçant dès lors qu’il a fait des opérations de bourses sa profession (Cour
de cassation, 30 Juillet 1912, Dalloz périodique 1914, 1ère partie Page 86.).
Dans tous les cas, le commerçant doit exercer cette profession de manière
personnelle et indépendante.
L’accomplissement professionnel des actes de commerce au nom et
pour le compte du commerçant.
Le commerçant est un professionnel qui agit pour son compte personnel ;
à ses risques et périls. La personne qui exerce les actes de commerce ne doit
pas le faire pour une autre personne. Par conséquent, le salarié d’un
commerçant n’a pas la qualité de commerçant puisque ce n’est pas lui qui
supporte les risques de l’activité. Ce qui n’est pas le cas du locataire-gérant
qui effectue les actes de commerce pour son propre compte.
L’accomplissement professionnel des actes de commerce de
manière indépendante.
Celui qui exerce les actes de commerce ne doit pas les exercer sous
l’autorité d’une autre personne. Il doit les accomplir en toute indépendance.
C’est pourquoi le conjoint d’un commerçant qui collabore simplement à
l’activité de celui-ci ne devient pas lui-même commerçant quand bien même
cette collaboration est rémunérée. Cette solution est reprise ou consacrée par
l’article 7, alinéa 2 de l’Acte uniforme selon lequel « le conjoint du commerçant
n’a la qualité de commerçant que s’il accomplit les actes visés aux articles 3 et
4 ci-dessus, à titre de profession et séparément de ceux de l’autre conjoint ».
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sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique (AUSCGIE), le
caractère commercial d’une société est déterminé soit par sa forme, soit par
son objet. Sont ainsi commerciales indépendamment de leur objet social, les
Sociétés en nom collectif, les Sociétés en commandite simple, les sociétés à
responsabilité limitée, les sociétés anonymes et les Sociétés par actions
simplifiées. L’Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives
(AUSCOOP) dispose également dans le même sens à l’article 21. Il en ressort
que l’objet de la société coopérative détermine son caractère civil ou
commercial. C’est dire que l’exercice d’une activité commerciale par une
personne morale dépend de son acte de création. L’exercice de l’activité
commerciale doit avoir été intégré dans l’acte de création. L’existence juridique
de ces sociétés commerciales commence à partir de leur immatriculation au
RCCM, qui est la condition d’acquisition de la personnalité juridique.
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commerce est un commerçant ». Il est soumis à cet effet aux conditions
requises pour l’accès à cette profession. Le régime particulier des contrats
d’intermédiation commerciale est construit autour de la théorie juridique du
mandat. La nature et l’étendu de ce mandat étant clairement définis pour
chacune des trois catégories d’intermédiaires dans les articles 192 et suivant
de l’Acte uniforme. Le texte de l’OHADA réglemente tour à tour le statut du
commissionnaire, du courtier et des agents commerciaux.
P1 : Le courtier
Selon l’article 208 de l’Acte uniforme « le courtier est un professionnel qui
met en rapport des personnes en vue de faciliter ou de faire aboutir la
conclusion de convention entre ces personnes ».
L’Acte uniforme a expressément mentionné les opérations de courtage dans
l’énumération par l’article 3 des actes de commerce par nature. La mission du
courtier en qualité d’intermédiaire consiste donc simplement à rapprocher
deux parties en vue d’un contrat en mettant tout en œuvre pour faire aboutir
les négociations. À la différence du commissionnaire, le courtier qui agit certes
en son nom propre n’a pas le pur de conclure des contrats pour le compte de
son commettant. Il doit se borner à rechercher des clients, à préparer les
documents contractuels et entreprendre toutes les démarches nécessaires,
administrative notamment pour faciliter l’accord. L’article 209, alinéa 2 de
l’Acte uniforme prévoit néanmoins qu’il peut exceptionnellement intervenir
dans l’accord entre les parties d’un commun accord de celles-ci. Le statut de
courtier se caractérise par une stricte indépendance à l’égard des parties qu’il
rapproche ; ce qui lui interdit selon l’article 211 de l’Acte uniforme de réaliser
des activités de commerce autre que le courtage pour son propre compte,
directement ou par personne interposée. A l’instar du commissionnaire, le
courtier tenu à un devoir de loyauté doit fournir aux parties toutes les
informations susceptibles d’éclairer leur consentement. Il répond
personnellement de toute faute préjudiciable à son client notamment lorsqu’il
lui propose sciemment la conclusion d’un contrat avec une personne
notoirement insolvable ou dont l’incapacité est connue.
En contrepartie de ses obligations exécutées correctement, le courtier a
droit à une rémunération librement fixée dans le contrat ou déterminée
conformément aux tarifs en vigueur et à défaut par les usages. Seule la
déloyauté à l’égard de son client lui ferait perdre ce droit à la rémunération et
le cas échéant au remboursement de ses dépenses et frais divers. L’article 215
de l’Acte uniforme considère comme un acte déloyal le fait pour un courtier
d’être payé par le tiers contractant à l’insu de son donneur d’ordres.
P2 : Le commissionnaire
Selon l’article 192 de l’Acte uniforme « le commissionnaire est un
professionnel qui, moyennant le versement d’une commission, se charge
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de conclure tout acte juridique en son nom propre mais pour le compte
du commettant qui lui en donne mandat » le contrat de commission peut
porter sur diverses opérations et engendre des droits et des obligations
déterminés pour chacune des parties.
A- L’activité du commissionnaire
De manière générale, le commissionnaire s’engage à acheter ou à vendre des
marchandises en son nom propre mais pour le compte d’un commerçant. Mais
outre la commission d’achat ou de vente, l’Acte uniforme prévoit également en
matière de transport, la commission d’expédition en vertu de laquelle le
commissionnaire intermédiaire se charge d’expédier ou de réexpédier les
marchandises pour le compte de son commettant. De son côté, le
commissionnaire en douane également mentionné dans l’Acte uniforme est
chargé de procéder aux déclarations d’usages en matière de douane et
d’acquitter pour le compte de son client le montant des droits et taxes dus
(article 204 et 206 de l’Acte uniforme). La commission recouvre ainsi des
opérations très diverses auxquels l’acte uniforme ne consacre cependant que
quelque disposition. La préoccupation essentielle du législateur ayant été de
déterminer droits et obligations des parties.
P3 : L’agent commercial
Selon l’article 216 de l’AUDCG, l’agent commercial est « un mandataire
professionnel chargé de façon permanente de négocier et éventuellement, de
conclure des contrats de vente, d’achat, de location ou de prestation de services,
au nom et pour le compte de producteurs, d’industriels, de commerçants, ou
d’autres agents commerciaux, sans être lié envers eux par un contrat de
travail ». L’agent commercial est le seul intermédiaire de commerce qui peut
être considéré comme un mandataire au sens classique. Il agit « au nom » et
« pour le compte » des producteurs, industriels et commerçants. Cette
représentation doit être permanente. La Cour de cassation décide ainsi qu’un
prestataire de service qui ne dispose pas de façon permanente d’un pouvoir
de négocier des contrats au nom et pour le compte de son mandant n’est pas
un agent commercial (Cass. Com., Arrêt n° 384 du 27 avril 2011, pourvoi n°
10-14.851). Il en est de même pour un prestataire de service, distributeurs
d’abonnement, qui s’était engagé à n’apporter aucune modification de quelle
que nature que ce soit aux tarifs et conditions fixés par le mandant (Cass.
Com., 15janvier 2008, RTDCom. 2008, p. 495). L’agent commercial se
distingue ainsi du concessionnaire (celui-ci est un commerçant direct, v. Cass.
Com. 7 oct. 1977, RTDciv., 1998, p. 150, obs. Yves Gautier) qui achète et
revend en son nom et pour son compte. Dans la pratique, l’agent commercial
prospecte la clientèle, provoque les commandes, et transmet les commandes
reçues à son mandant qui conserve la liberté de les accepter ou de les refuser.
Parfois, il peut être le dépositaire des produits du mandant. Dans ce cas, après
la conclusion du contrat, il se charge de la livraison des produits moyennant
une rémunération particulière (on parle dans ce cas d’agent dépositaire).
Le contrat d’agent commercial est un contrat consensuel. Il ne doit pas
nécessairement être conclu par écrit. Selon la jurisprudence, son existence
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peut être établie des documents produits (CA du Centre, Arrêt n° 4/civ. du 6
janv. 2010, ohadata J-12-240). Ce contrat est conclu dans l’intérêt commun
des deux parties. Cet intérêt commun justifie l’imposition d’une obligation
particulière de loyauté aux parties tant au moment de la conclusion du contrat
qu’au moment de son exécution (E. A. Moho Fopa, « L’intérêt commun dans le
contrat d’agence commerciale OHADA, Revue de la Recherche Juridique n° 3,
Presses Universitaires d’Aix-Marseille, 2016, pp. 1393-1409). Pour l’agent
commercial, elle se traduit par une obligation de non concurrence. Par
conséquent, il ne peut représenter des entreprises concurrentes sans l’accord
du mandant, mais peut représenter des mandants non concurrents (toute la
question va être de savoir ce qu’on entend par produit concurrent. En cas de
doute, il revient aux juges de fond d’apprécier s’il s’agit ou non des produits
identiques). De même, il ne peut développer sans rompre la communauté
d’intérêts qui le lie au mandant une activité concurrente pour son propre
compte. Mais dans le silence des textes, une clause contractuelle limitant cette
liberté du mandataire serait souhaitable, à l’instar de la clause de non-
concurrence qui figure régulièrement dans le contrat en cas de rupture des
relations commerciales. Le mandataire est aussi tenu du secret professionnel
pendant et après son mandat (art. 219 AUDCG).
L’obligation de loyauté implique pour le mandant de respecter
l’exclusivité accordée à l’agent commercial. Il doit en outre payer la
commission promise et pour les opérations négociées avant, mais conclues
après la cessation de son contrat, l’article 222 permet à l’agent commercial de
percevoir une commission. Le contrat d’agence commerciale n’est pas
seulement reconnu d’utilité commune en cours d’exécution. À la fin du contrat
d’agence commerciale, le législateur OHADA (art. 229) permet à l’agent
commercial de réclamer dans un délai d’un an une indemnité compensatrice
correspondant à l’augmentation du chiffre d’affaires que son activité a procuré
au mandant (Cass. Com., Arrêt n° 42 du 18 janv. 2011, pourvoi n° 09-72-
510). Le montant de cette indemnité est d’un mois de commission pour la
première année d’exécution du contrat, deux mois de commission pour la
deuxième année, et trois mois à partir de la troisième année avec possibilité
pour les parties de fixer librement le montant de cette indemnité (art.
231).Pour la chambre commerciale de la Cour de cassation française,
l’indemnité de cessation de contrat due à l’agent commercial a pour objet de
réparer le préjudice subi qui comprend la perte de toutes les rémunérations
acquises lors de l’activité dans l’intérêt commun des parties sans qu’il y ait
lieu de distinguer selon leur nature (8 oct. 2013, pourvoi n° 12-26544).L’agent
commercial perd le droit de réclamer l’indemnité compensatrice en cas de
cessation du contrat provoqué par sa faute grave, en cas de cessation du
contrat à son initiative à moins que la rupture ne soit justifiée par des
circonstances imputables au mandant. Il perd également son droit à
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indemnisation lorsqu’il cède à un tiers, en accord avec le mandant, les droits
et obligations qu’il détient en vertu du contrat de mandat.
Les deux parties sont en outre tenues d’une obligation d’information
comme dans tout contrat d’intermédiaire de commerce.
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Sous chapitre 2 : La profession de commerçant
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commercialité peuvent être tirées de l’activité dont l’exploitation est prévue et
qui s’avère relativement impossible.
Plus nombreuses sont cependant les limites à la liberté de commerce
tirées de la situation personnelle du postulant à l’activité commerciale. Il s’agit
notamment des situations d’incapacité (A), des incompatibilités (B), des
déchéances (C) et de l’extranéité du candidat à la profession commerciale (D).
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titre de profession et séparément de ceux de l’autre conjoint ». Il s’agit ici de
l’aboutissement d’une longue histoire de quête du droit d’accès au commerce
par la femme. En effet partant de l’article 223 du Code civil encore en vigueur
au Cameroun, selon lequel le mari avait le droit de s’opposer à l’exercice d’une
profession séparée (Ceci est d’ailleurs la traduction de d’article 213 qui donne
au mari l’autorité parentale et la puissance maritale. Le mari avait autorité sur
la femme et celle-ci n’avait aucune capacité pour faire les actes juridiques sans
autorisation du mari, encore moins pour ester en justice.
18 fév. 1938 : la femme mariée peut faire les actes de commerce isolés et aussi
ester en justice, ce qui n’était pas le cas avant même si elle était commerçante.
22 sept. 1942 : modification de l’article 4 du code de commerce. « La femme
mariée peut être marchande publique à moins que le mari ne s’y oppose ».
13 juill. 1965 : égalité complète entre les conjoints), l’article 4 du Code de
commerce subordonnait l’exercice de la profession commerciale par une
femme mariée à l’autorisation de son mari.
Désormais avec l’article de 7 de l’AUDCG, le conjoint du commerçant,
qu’il s’agisse de l’époux ou de l’épouse, peut exercer au même titre que l’autre,
l’activité commerciale. La seule condition exigée est que ses actes de commerce
soient séparés de ceux du conjoint.
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C- Les déchéances ou interdictions
L’article 10 de l’Acte uniforme est le fondement légal des interdictions
d’exercer le commerce directement ou par personne interposée. L’interdiction
peut alors être générale ou spéciale, définitive ou temporaire.
L’interdiction générale n’autorise l’exercice d’aucune activité commerciale
et peut être prononcée par une juridiction nationale à titre de peines
principales ou complémentaires.
L’interdiction spéciale au contraire qui relève de la compétence des
juridictions professionnelles ne concerne que l’activité commerciale
considérée.
Les interdictions judiciaires se justifient principalement par le souci de mettre
à l’écart des personnes condamnées pour une infraction de droit commun, à
une peine d’au moins trois (03) mois d’emprisonnement non assorti de sursis
pour un délit contre les biens ou de nature économique ou financière. L’article
10 de l’Acte uniforme qui le prévoit n’énumère pas les infractions visées, mais
il est constant tant en doctrine qu’en jurisprudence que l’interdiction fait suite
à une condamnation des infractions de la nature du vol et notamment l’abus
de confiance, l’escroquerie, l’émission de chèques sans provisions ainsi que
pour la banqueroute frauduleuse et les atteintes aux intérêts ou à la sécurité
économique de l’Etat. L’exercice du commerce au mépris d’une interdiction
judiciaire ou professionnelle emporte les mêmes sanctions de celles prévues
en matière d’incompatibilité (article 12 de l’Acte uniforme). Il faut préciser
cependant que le législateur fixe à 5 ans la durée maximale d’une interdiction
temporaire et prévoit après ce délai la possibilité d’une réhabilitation. Cette
dernière étant également admise en cas d’interdiction définitive par une
requête adressée à la juridiction ayant prononcée la sanction.
D- L’extranéité
En principe, l’extranéité n’est pas un obstacle à l’exercice d’une activité
commerciale au Cameroun. Mais, l’article 5, alinéa 2 de la loi de 2015 précitée
prévoit qu’un étranger désirant exercer une activité commerciale au
Cameroun doit obtenir au préalable un agrément délivré par l’autorité
compétente. L’autorité compétente est le Ministre chargé du commerce.
21
Sous-section 1 : Les obligations du commerçant
Les commerçants doivent respecter la règlementation en vigueur. Celle-
ci met à leur charge un certain nombre d’obligations. Les obligations du
commerçant peuvent être regroupées en trois rubriques. La première est
l’immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM) (P1).
La deuxième impose au commerçant de tenir une comptabilité selon des règles
édictées (P2). La troisième est liée au respect de l’éthique (P3).
P1 : L’immatriculation au RCCM
De façon générale, l’immatriculation est l’action d’inscrire sur un registre,
sous un numéro d’ordre, le nom d’une personne ou d’une chose en vue de
l’identifier à des fins précises. Plus spécialement, l’immatriculation au RCCM
vise à la fois l’identification de la personne et le souci d’établir sa qualité de
commerçant. À cet effet, le RCCM apparaît comme l’outil essentiel de
cristallisation de la situation personnelle et patrimoniale du commerçant. Bien
plus, d’après l’article 34 de l’AUDCG, le RCCM est institué aux fins de
satisfaire aux exigences de sécurité, de célérité, de transparence et de loyauté
nécessaires au développement des activités économiques. C’est dire comment
ce registre est important pour le commerçant, mais également pour tous qui
désirent se renseigner sur la profession commerciale d’une personne. C’est
pourquoi l’immatriculation du commerçant est une obligation (A) qui produit
des effets importants (B).
22
de célérité, de transparence et de loyauté nécessaires au développement des
activités économiques, et de recevoir les déclarations relatives aux
hypothèques faites à la diligence de l’autorité en charge de la publicité des
hypothèques.
En ce qui concerne le Fichier Régional, il est tenu au siège de la Cour
Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA) à Abidjan en Côte d’Ivoire. Il est
organisé aux fins de centraliser les renseignements et informations consignés
dans chaque Fichier National, de permettre l’accès des assujettis et des tiers
aux informations conservées par le Fichier Régional et de permettre de
satisfaire aux exigences de sécurité, de célérité, de transparence et de loyauté
nécessaires au développement des activités économiques. Pour faciliter les
diverses procédures tant de consultation que d’inscription ou
d’enregistrement au RCCM, les articles 79 à 100 de l’AUDCG prévoient la
possibilité d’informatiser les divers fichiers. Mais cette informatisation n’est
pas encore obligatoire, certainement parce que tous les pays de l’espace
OHADA n’ont pas encore un niveau de développement qui leur permet
d’informatiser tout leur service public de la justice.
23
mention correspondante au RCCM ; cette exigence s’étend à toute modification
qui intervient dans la vie du commerçant et qui rendrait caduques les
informations données au moment de l’immatriculation. Par contre lorsque le
fonds de commerce est déplacé dans le ressort d’une autre juridiction, il lui
faudra radier la première immatriculation et procéder à une nouvelle
immatriculation. L’article 55 de l’AUDCG impose un délai d’un mois pour
accomplir cette double formalité ; délai qui doit être aussi respecté en cas de
cessation d’activité. Si le commerçant ne le fait pas, le greffier de la juridiction
compétente pourra procéder à cette radiation après une décision de la
juridiction compétente ayant siégé à la demande de tout intéressé. Aux termes
de l’article 57, cette demande doit être faite par l’ayant droit en cas de décès
du commerçant dans le même délai d’un mois à compter du décès.
24
Toutefois, qu’il s’agisse de la personne physique ou de la personne
morale, elle ne peut invoquer son défaut d’immatriculation pour se soustraire
aux responsabilités et obligations inhérentes à la qualité de commerçant.
Par ailleurs, toute personne assujettie à l’immatriculation au RCCM ne peut,
dans l’exercice de ses activités, opposer aux tiers et aux administrations
publiques, qui peuvent toutefois s’en prévaloir, les faits et actes sujets à
transcription ou mention que si ces derniers ont été publiés au RCCM.
Cependant, cette disposition n’est pas applicable si l’assujetti établit qu’au
moment où ils ont traité, les tiers ou administrations en cause avaient
connaissance des faits et actes dont il s’agit.
Selon l’article 69 de l’AUDCG, toute personne tenue d’accomplir une des
formalités prescrites par cet Acte uniforme, et qui s’en est abstenue, ou encore
qui a effectué une formalité par fraude, est punie des peines prévues par la loi
pénale nationale. L’absence d’immatriculation est sanctionnée par
l’interdiction de se prévaloir de la qualité de commerçant, qui peut toutefois
être retenue à son encontre à titre de sanction.
25
législateur autorise cependant le commerçant à récapituler sur une pièce
unique, toutes les opérations de même nature réalisées le même jour en un
même lieu. Il a également le droit de récapituler dans le journal les
mouvements enregistrés sur une période ne pouvant excédée cinq semaines.
Le grand livre regroupe quant à lui l’ensemble des comptes de
l’entreprise. Il constitue une sorte de répertoire des inscriptions portées sur le
livre journal. En réalité, chaque opération sera enregistrée sur deux livres
distincts, une première fois sur l’ordre chronologique dans le livre journal et
la seconde fois à titre de récapitulatif sur le grand livre.
La balance générale des comptes fera ensuite apparaître le solde
débiteur ou créditeur du début de l’exercice, le cumul des mouvements de
débiteur et créditeur de l’exercice et le solde débiteur ou créditeur en fin
d’exercice.
Le livre d’inventaire enfin sur lequel doivent être transcrit le bilan et le
compte de résultat de chaque exercice résume l’opération d’inventaire
physique qui porte sur les stocks, les immobilisations et les titres etc. et qui
constitue le relevé et l’évaluation de tous les éléments actifs et passifs de
l’entreprise. Les livres de commerce doivent être tenus sans blanc ni altération
de toute sorte. De même, toute correction d’erreurs s’effectue exclusivement
par inscription négative des éléments erronées, l’enregistrement exact est
ensuite opéré ». Cette technique est connue en comptabilité sous le nom de la
contre passation d’écritures.
Les documents comptables ont une fonction probatoire, ils bénéficient
d’une présomption de sincérité. Il convient toutefois de préciser la force d’un
tel mode de preuve.
- Il faut rappeler que la comptabilité n’est pas opposable à un non
commerçant.
- La comptabilité fait preuve contre le commerçant qui la tient mais les
documents comptables sont indivisibles, on ne peut se prévaloir de
certains éléments de la comptabilité et en écarter d’autres.
- La comptabilité régulièrement tenue peut faire preuve en faveur de celui
qui la tient mais uniquement entre commerçants.
En cas d’inobservation des règles relatives aux obligations comptables du
commerçant, il peut être sanctionné surtout dans le cadre d’une procédure
collective ouverte à l’encontre du commerçant. Dans ce cas, l’Acte uniforme
OHADA sur les procédures collectives d’apurement du passif retient à son
encontre des infractions de banqueroute simple ou de banqueroute
frauduleuse qui sont punies des peines d’emprisonnement d’un an à deux ans
pour la première et de cinq ans à dix ans pour la seconde.
26
A- La soumission aux règles de concurrence
La concurrence peut se définir comme la compétition qui se joue sur un même
marché pour atteindre une fin économique déterminée : l’offre de produits ou
de services qui satisfont des besoins identiques ou similaires ou, si l’on
préfère, la conquête et la conservation d’une clientèle. Pour que la concurrence
ne soit pas faussée sur le marché, certaines pratiques sont interdites sous
peine de sanctions
1- Les pratiques interdites
Il est interdit au commerçant de s’adonner à la concurrence déloyale et aux
pratiques restrictives de concurrence.
a- La concurrence déloyale
Il n’existe pas de définition proprement juridique de la concurrence déloyale.
La concurrence loyale est celle qui est conforme aux usages commerciaux. Le
caractère déloyal de la concurrence évolue selon les usages commerciaux.
Cependant en pratique, on peut dénombrer quatre comportements qui
relèvent les actes de concurrence déloyale.
- Le dénigrement et la publicité comparative : c’est le fait de jeter un
discrédit sur le concurrent en répandant des informations péjoratives et
malveillantes. Il y a une concurrence déloyale quand bien même les
informations seraient fondées à condition que le concurrent soit
nommément désigné ou soit simplement identifiable. Tel est le cas par
exemple lorsqu’un commerçant fait connaître les difficultés du concurrent
en informant que ce concurrent est à bord de la faillite ou encore présente
les produits du concurrent comme mauvais ou dangereux.
- La désorganisation de l’entreprise concurrente : La désorganisation
de l’entreprise concurrente peut être révélée par exemple par le débauchage
du personnel d’une entreprise concurrente. Ce débauchage peut être
sanctionné s’il vise à s’approprier la clientèle ou le savoir-faire de
l’entreprise.
- La confusion ou l’imitation d’un concurrent : Ce mode de
concurrence déloyale consiste à créer dans l’esprit de la clientèle une
confusion sur le produit vendu afin d’attirer à soi la clientèle du concurrent.
Exemple : le nom commercial, la marque, l’enseigne, les publicités.
- Le parasitisme : Sous le thème générique de parasitisme se retrouve
l’idée selon laquelle toute appropriation injustifiée du commerce d’autrui
doit être sanctionnée. C’est le fait pour une entreprise de se glisser dans le
domaine économique d’une autre entreprise pour profiter de sa réputation
et gagner des parts de marché à moindre frais, sans rien dépenser de son
effort et son savoir-faire. Le parasite tente de profiter des acquis et renom
d’autrui sans faire un investissement.
27
b- Les pratiques restrictives de concurrence
Les pratiques restrictives de concurrence sont le fait d’une entreprise seule
dénuée de toute position dominante sur le marché en cause qui utilise des
manœuvres maladroites pour s’approprier la clientèle de ses concurrents et
éliminer à terme ceux-ci. Le droit camerounais interdit ainsi un certain
nombre de pratiques depuis la loi de 1990. La loi n°2015/018 du 21 décembre
2015 régissant l’activité commerciale au Cameroun les a reprises. Il s’agit pour
l’essentiel des pratiques discriminatoires et de la revente à perte.
- La revente à perte : Il ressort de l’article 72, alinéa 1 de la loi de 2015
qu’ « Il est interdit de revendre un bien à un prix inférieur à son prix de
revient effectif». Le prix de revient effectif est défini par le même texte
comme le prix d’achat unitaire figurant sur la facture, majoré des droits
et taxes et, le cas échéant, des frais de transport.
- Les pratiques discriminatoires : Aux termes de l’article 78 de la loi de
2015, « Il est interdit à un commerçant de pratiquer, à l’égard d’un autre
commerçant, ou d’obtenir de lui, des prix, des délais de paiement, des
conditions de vente ou d’achat discriminatoires et non justifiées par des
contreparties réelles, conformes aux usages commerciaux loyaux et
honnêtes ». Trois critères permettent d’apprécier les « ventes
discriminatoires ». Il s’agit des prix, des délais de paiement et des
conditions de vente. On peut par exemple parler de pratique des
conditions de vente discriminatoires en cas de différence de traitement
au niveau des modalités de paiement et des délais de livraison ou
d’exécution des commandes.
2- Les sanctions
Plusieurs sanctions peuvent être retenues à l’encontre des commerçants
reconnus coupables de pratique de concurrence déloyale :
- La cessation des agissements déloyaux, peut être ordonnée sous
astreinte.
- La suppression de dénomination illicite.
- Le retrait à la vente des produits imités.
- L’interdiction de poursuivre une campagne publicitaire.
- L’imposition des dommages et intérêts.
- La publication du jugement aux frais du commerçant condamné peut
être ordonnée.
B- La protection des consommateurs
Le législateur assure la protection du consommateur à travers un certain
nombre de prescriptions ou d’interdictions faites au commerçant sous peine
de sanctions.
28
1- L’obligation d’information du consommateur
Le législateur fait reposer sur le commerçant une obligation expresse de
renseignements. Cette obligation réside dans la publicité des conditions de
vente des produits. Elle a trait :
- D’abord au prix : l’article 46, alinéa 1 de la loi n° 2015/018 du 21
décembre 2015, régissant l’activité commerciale au Cameroun prévoit
que « tout vendeur ou tout prestataire de service doit obligatoirement
informer les clients sur les prix, les tarifs » ;
- Ensuite aux conditions de vente et caractéristiques de la marchandise
vendue ;
- Enfin à l’existence des garanties : la notice délivrée doit préciser
l’étendue et la durée de la garantie accordée au client.
2- Les pratiques interdites
Sont interdites, sous peine de sanctions, les pratiques commerciales illicites
les pratiques commerciales trompeuses et les pratiques commerciales
agressives.
a- Les pratiques commerciales illicites
Elles sont régies par les articles 68 et suivants de loi n° 2015/018 précitée.
Ces articles interdisent :
- La vente des produits périmés, impropres à la consommation ou
susceptibles de porter atteinte à l’environnement ;
- La vente des produits ou substances prohibés ;
- Le refus de vente ou de prestation d’un service sans motif légitime
(article 69) ;
- La subordination de la vente à l’achat d’une quantité imposée ou à
l’achat concomitant d’un autre bien ou service ;
- Les prix illicites (article 76).
b- Les pratiques commerciales trompeuses
Les pratiques commerciales trompeuses sont celles qui contiennent des
informations fausses ou qui, d’une manière quelconque induisent ou sont
susceptibles d’induire le consommateur en erreur (article 79, alinéa 2 de la loi
n° 2015/018 précitée). Il s’agit notamment :
- Des publicités trompeuses ;
- Du refus de présenter au consommateur les articles ayant fait l’objet
d’une publicité ;
- De la présentation d’un échantillon défectueux ;
- De déclarer ou de donner l’impression que la vente d’un produit est licite
alors qu’elle ne l’est pas ;
- D’affirmer d’un produit qu’il augmente les chances de gagner à un jeu
de hasard ;
- Les opérations publicitaires présentant les caractéristiques d’une
publicité, sauf si elles n’imposent aux participants aucune obligation
29
d’achat ou aucune contrepartie financière de quelque nature que ce
soit…
30
doit remplir un certain nombre de conditions (A). Toutefois, le bailleur garde
la possibilité de refuser le renouvellement (B).
31
(arrêt du 23 mars 2011, pourvoi n° 10-30.495), d’un simple partage. Le
locataire-gérant n’a pas droit au bail. Il gère le fonds de commerce pour son
propre compte mais n’en est pas le propriétaire. Depuis l’ancien article 4 du
décret n° 53-960 du 30 septembre 1953, le droit au renouvellement du bail
commercial n’est reconnu qu’au « propriétaire du fonds qui est exploité dans
les lieux ». Il va donc de soi qu’il ne peut en principe se prévaloir du droit au
renouvellement du bail des locaux qu’il exploite (ROUQUET (Y.), « De
l’impossibilité, pour le locataire-gérant, de revendiquer une indemnité
d'éviction auprès du bailleur », note sous Cass. civ., 26 sept. 2001, D. 2001,
Actualité jurisp. p. 3352). Seul le preneur à bail peut demander le
renouvellement pour son compte car il n’est pas exigé que celui-ci exploite
personnellement les lieux (Cass. civ. 3e, 28 mars 1973, Bull. civ., III, n° 237 ;
Cass. civ. 3e, 17 juill. 1981, Bull. civ., III, n° 145, Gaz. Pal., 1982, 1, Panor. p.
88, obs. J. D.).
32
2- Les conditions de procédure
Le preneur qui remplit ces conditions ne bénéficie pas de manière automatique
du renouvellement du bail commercial. Il ne s’agit que d’une faculté que lui
offre la loi. Pour en bénéficier, il doit adresser, conformément aux articles 124
et 125 de l’AUDCG, une demande au bailleur par acte extra-judiciaire,
notamment acte d’huissier. Lorsque le contrat est un contrat à durée
déterminée, cette demande doit être faite par le preneur au moins six mois
avant l’échéance du contrat. Faute de le faire, il est déchu de son droit au
renouvellement du bail professionnel (Dans l’espèce Société PONTY SARL c/
Société PONTY IMMOBILIERE SA, une clause du contrat de bail commercial liant les
deux parties prévoyait qu’à la fin de chaque période de six ans, la partie qui entendait
y mettre un terme devait prévenir l’autre par lettre recommandée ou par acte
extrajudiciaire au moins trois mois avant l’expiration de ladite période. Or à la fin de la
première période de six ans, aucune partie ne fit connaître à l’autre son intention de
mettre un terme au contrat. Le bailleur a même accepté le payement par le preneur du
premier mois de la deuxième période de six ans avant de faire machine arrière et
demander à ce dernier de libérer les lieux pour ne pas s’être prévalu de la faculté de
renouvellement que lui reconnaît les articles 91 et suivants de l’AUDCG. Les conditions
d’une reconduction tacite étaient pourtant réunies à partir du moment où les parties
avaient continué l’exécution du contrat après la fin de la durée initiale. Cependant, la
CCJA ne fit pas droit à la demande du preneur motifs pris de ce que les dispositions
de l’article 92 de l’AUDCG relatif à la déchéance du droit au renouvellement du bail
commercial sont d’ordre public et que les parties ne sauraient y déroger par convention.
Plus explicitement, la CCJA écarte en toute hypothèse la possibilité de faire recours à
la reconduction tacite en jugeant qu’ « il ne saurait être déduit d’un quelconque
comportement de la PONTY IMMOBILIERE SA et notamment de l’encaissement d’un
loyer, la volonté de celle-ci de reconduire tacitement ou implicitement le contrat de bail
litigieux en violation desdites dispositions d’ordre public de l’article 92 de l’Acte
uniforme susvisé ». CCJA, arrêt n° OO5/2006 du 30 mars 2006, Juridis Périodique, n°
70, avr., mai, juin 2007, p. 73, comm. F. Anoukaha. Dans le même sens, CCJA, A. n°
030/2007 du 22 novembre 2007, aff. SCI Golf de Guinée c/ Marine Atlantic SARL,). Le
bailleur qui reçoit cette demande est tenu de donner son avis au plus tard un
mois avant la fin du bail, faute de quoi, son silence vaudra acceptation.
Lorsque le contrat est un contrat à durée indéterminée, chaque partie a
le droit d’y mettre fin en respectant un délai de préavis d’au moins six mois.
Lorsque l’initiative de la rupture émane du bailleur, le preneur a le droit de
s’opposer au congé et de faire prévaloir son droit au renouvellement. Il doit
pour ce faire informer le bailleur par acte extra-judiciaire ou par tout moyen
laissant trace écriteau plus tard avant la fin de la période de préavis (six mois).
Selon la CCJA (Arrêt n° 041/2009 du 30 juin 2009), le preneur peut s’opposer
au congé jusqu’à la date de prise d’effet de celui-ci. Par conséquent, toute
contestation élevée en dehors de ce délai est tardive et le bail cesse à la date
fixée.
33
B- Le refus de renouvellement du bail à usage professionnel
Aux termes de l’article 126 de l’AUDCG, le bailleur peut s’opposer au
renouvellement du bail commercial en payant au preneur une indemnité
d’éviction dont le montant est fixé, à défaut d’accord entre les parties, par la
juridiction compétente en fonction du montant du chiffre d’affaires, des
investissements réalisés par le preneur, de la situation géographique du local
et des frais de déménagement imposés par le défaut de renouvellement. Selon
la CCJA (A. n° 030/2007 du 22 novembre 2007, aff. SCI Gof de guinée c/
Marina Atlantique SARL, juridata n° J030-11/2007), le preneur ayant acquis
le droit au renouvellement de son bail, toute opposition du bailleur au
renouvellement dudit bail, doit s’accompagner du versement d’une indemnité
d’éviction chaque fois que le bailleur ne justifie as d’un motif grave et légitime.
Les juges de fond jouissent d’un pouvoir d’appréciation souverain en la
matière. La CCJA y garde cependant un contrôle actif. Elle sanctionne par
exemple une Cour d’appel qui octroie une indemnité d’éviction en tenant
compte des investissements réalisés sur le local loué tout en accordant une
seconde fois une somme au titre de remboursement des investissements
réalisés. Car ce dernier remboursement ne pouvait être accordé qu’au preneur
sans droit au renouvellement du bail (CCJA, Arrêt n° 017/2006 du 26 oct.
2006, aff. SONATEL Sénégal c/ Clinique SOKHNA FATMA, Juridata n° J017-
10/2006).
Dans certaines circonstances, le bailleur peut ne pas renouveler le bail
sans avoir à régler une indemnité d’éviction. C’est le cas :
- lorsque le preneur n’a pas exécuté le contrat conformément aux
stipulations et qu’il a continué à violer le contrat malgré une mise en demeure ;
- s’il veut démolir l’immeuble loué et le reconstruire. Dans ce cas, le bailleur
doit justifier de la nature et de la description des travaux. Le preneur a le droit
de rester dans les lieux jusqu’au début des travaux de démolition (CCJA, arrêt
n° 033/2005 du 26 mai 2005, Juridis périodique n° 121, 2020, pp. 50 et 51note
B. Kem Chekem). Il bénéficie d’un droit de priorité pour se voir attribuer un
nouveau bail dans l’immeuble reconstruit.
- s’il veut y habiter en personne ou y loger les membres de sa famille dans les
locaux d’habitation accessoires au local principal. Mais ce droit de reprise peut
lui être refusé si le preneur établit que la privation de jouissance des locaux
d’habitation accessoires apporte un trouble grave à la jouissance du bail dans
les locaux principaux, ou lorsque les locaux principaux et les locaux
d’habitation forment un tout indivisible.
En dehors de ces hypothèses, le bailleur qui refuse de renouveler le
contrat de bail à usage professionnel devra verser au preneur une indemnité
d’éviction. Toutefois, la CCJA précise que l’indemnité d’éviction n’est pas
acquise de manière automatique. Le preneur doit s’en prévaloir dans les délais
prévus par l’Acte uniforme. Lorsque le congé lui est délivré par le bailleur, il
doit s’y opposer au plus tard à la date de prise d’effet, conformément aux
34
dispositions de l’article 125, al. 2 de l’AUDCG. Le non-respect de ce délai
emporte déchéance du droit à l’indemnité d’éviction (CCJA, Arrêt n° 032/2008
du 03 juillet 2008, aff. Sté Métalux SARL c/ Cheick Basse, Juridata N° J032-
07/2008).
A- La liberté de la preuve
Elle est exprimée par l’article 5 de l’AUDCG en ces termes : « les actes de
commerce se prouvent par tous moyens même par voie électronique à l’égard
des commerçants ». Le principe est donc celui de la liberté de preuve en matière
commerciale alors qu’en matière civile le principe reste la preuve par écrit
(CCJA, arrêt n° 053/2005 du 15 décembre 2005, Juridis périodique n° 121,
janvier-mars 2020, p. 51, note B. M. Kem Chekem). Cette solution est ancienne,
car elle permet le dénouement rapide des opérations commerciales qui sont
souvent répétitives, c'est-à-dire conclues entre les mêmes personnes et aux
mêmes conditions. En principe, elle est d'application générale. Par
conséquent, pour l'écarter, une règle spéciale doit le prévoir. Il en est ainsi du
nantissement du fonds de commerce (voir article 163 de l’Acte uniforme
portant organisation des sûretés) ou de la vente du fonds de commerce
(articles 149 et suivants de l’AUDCG).
35
A- La présomption de solidarité
Aux termes de l’article 1202 du Code civil, la solidarité ne se présume pas, elle
doit être expressément stipulée. En revanche, en droit commercial, selon une
règle établie par la jurisprudence, les commerçants sont présumés solidaires
pour l’exécution des obligations commerciales qu’ils contractent ensemble
(Req. 20 octobre 1920 et Civ. 18 juillet 1980, Grands arrêts de la jurisprudence
commerciale, pp. 3 et suivants, observations Pédamon). De manière plus claire,
lorsque plusieurs commerçants contractent une même dette, ou même que
certains se portent caution pour d’autres, ils sont tenus solidairement de la
dette et le créancier peut saisir n’importe quel débiteur pour le paiement de la
totalité de la dette, quitte à ce que celui qui paie se retourne contre les autres.
Cette solidarité est de droit : s'il y a plusieurs débiteurs, ils sont solidaires. Il
s’agit cependant d’une présomption simple dans la mesure où elle peut être
écartée soit par la volonté contraire des parties, soit en considération des
circonstances dans lesquelles l’obligation a été contractée.
B- La mise en demeure
Il s’agit de l’acte par lequel un créancier demande à son débiteur d’exécuter
son obligation et qui a notamment pour effet de faire courir les intérêts de
retard. D’après l’article 1139 du Code civil, le débiteur est en principe mis en
demeure par une sommation. La sommation est un acte d’huissier par lequel
le créancier invite formellement le débiteur à s’exécuter lorsqu’il ne dispose
pas d’un titre privé.
Mais, en matière commerciale, la jurisprudence a admis que même une lettre
ordinaire puisse valoir mise en demeure lorsqu’il en résulte une interpellation
suffisante (Cass. civ. 19 février 1878, Dalloz 1878, II, p. 261.). Prolongeant en
quelque sorte cette conception extensive de la mise en demeure, il est jugé
qu’en matière commerciale, par rapport aux actes accomplis dans son activité
professionnelle, le débiteur commerçant peut valablement être mis en
demeure par tous les moyens (Req. 28 octobre 1903, Dalloz 1904, I, p. 14).
36
Chapitre 2 : L’entreprenant, nouvel acteur
38
uniforme portant organisation et harmonisation des comptabilités des
entreprises pour définir les seuils sus-indiqués. L’article 13 de cet AU parle de
très petites entreprises soumises au « système minimal de trésorerie ». Ces très
petites entreprises, pour rester soumises à ce système minimal doivent avoir
un chiffre d’affaire inférieur ou égal aux seuils suivants : trente (30) millions
de F CFA pour les entreprises de négoce, vingt (20) millions de F CFA pour les
entreprises artisanales et assimilées, dix (10) millions de F CFA pour les
entreprises de services.
Par ailleurs, de l’al. 3 de l’article 30, il ressort que chaque Etat devra fixer
un chiffre d’affaire à ne pas franchir par l’entreprenant sous peine de perdre
sa qualité. C’est dire que pour être entreprenant et le demeurer, l’intéressé
doit éviter de réaliser un chiffre d’affaire supérieur aux seuils définis dans
l’Etat partie, sous peine d’être traité comme un entrepreneur individuel dans
son domaine d’activité. (Lire l’article 30 al. 3 qui dispose « Lorsque, durant deux
années consécutives, le chiffre d’affaires de l’entreprenant excède les limites
fixées pour ses activités par l’État partie sur le territoire duquel il les exerce, il
est tenu, dès le premier jour de l’année suivante et avant la fin du premier
trimestre de cette année de respecter toutes les charges et obligations
applicables à l’entrepreneur individuel. Dès lors, il perd sa qualité
d'entreprenant et ne bénéficie plus de la législation spéciale applicable à
l'entreprenant ».)
39
règlement d’une part, la destination et le montant de ses emplois d’autre part.
Ledit livre doit être conservé pendant cinq ans au moins (art. 31);
- En outre, l’entreprenant qui exerce des activités de vente de
marchandises, d’objets, de fournitures et denrées ou de fourniture de
logement doit tenir un registre, récapitulé par année, présentant le détail des
achats et précisant leur mode de règlement et les références des pièces
justificatives, lesquelles doivent être conservées.
40
2èmee Partie : Les biens du commerçant : le fonds de commerce
41
de commerce dont peut faire l’objet d’un fonds de commerce d’autre part
(section 2).
42
commerçant déterminé en raison de ses qualités personnelles ou
l’implantation de son commerce.
La clientèle est au cœur de la notion de fonds de commerce. Elle est
d’abord un élément constitutif du fonds de commerce. Mais, loin d’être un
simple élément du fonds, la clientèle constitue aussi la valeur que représente
l’espoir de maintenir le chiffre d’affaire réalisé au cours des mois précédents,
en continuant d’utiliser les mêmes structures d’exploitation. C’est pourquoi
l’article 135 de l’AUDCG en fait la finalité du fonds de commerce, ce qui veut
dire que la clientèle est attachée au fonds, et pas à la personnalité du
commerçant. Ce qui n’est pas le cas dans le domaine civil (profession libérale)
où la clientèle d'un médecin ou avocat est plus attachée à la personne de celui
qui exerce l'activité (puisque les contrats conclus entre commerçants ou entre
commerçants et non commerçants ne sont pas des contrats conclus intuitu
personae, contrairement à ceux conclus par les médecins et avocats). La
conséquence en est qu’il n’y a pas de fonds de commerce sans clientèle propre.
D’une part un fonds de commerce n’est créé que lorsqu’une clientèle existe.
C’est à dire le plus souvent après le début de l’exploitation du fond. La
question a une importance en droit de régimes matrimoniaux. Sous le régime
légal, les biens créés par les époux avant leur mariage restent des biens
personnels à ces époux et ceux créés après leur mariage sont des biens
communs. Pour définir à quel moment a été créé le fonds de commerce, il faut
rechercher à quel moment le commerçant a eu une clientèle. D’autre part pour
définir si un commerçant exploite un ou plusieurs fonds de commerce, il faut
se demander si la clientèle est distincte.
La clientèle doit présenter certaines qualités :
- La clientèle doit être réelle et certaine. Une clientèle simplement
virtuelle ne suffit pas pour considérer qu’un fonds a été créé. Ainsi, la
jurisprudence décide constamment que la location d'un immeuble
comprenant un four et un matériel complet de boulangerie n'est pas une
location de fonds de commerce dès l'instant que le propriétaire n'avait
utilisé le four que pour des besoins familiaux ou l'entraide entre voisins
et n'avait pas créé de clientèle (CA Rennes, 4 janv. 1951, S. 1952.2.145,
note Lagarde). Il en est de même pour la location d'un cinéma,
entièrement équipé mais non encore ouvert au public (T. civ. Marseille,
23 mai 1952, JCP 1953. II. 7777, note Béraud, RTD com. 1954.76, no
5-III, obs. Jauffret). Elle fait cependant exception lorsqu’il s’agit des
stations-service créées, aménagées et aussitôt louées par les sociétés
pétrolières pour lesquelles la Cour de cassation a estimé qu’il existait
tout de même réelle et certaine attachée à la société exploitante (Cass.
com. 27 févr. 1973, D. 1974.283, note J. Derruppé)
- La clientèle doit être personnelle au titulaire du fonds de commerce.
La question se pose principalement pour ce que l’on appelle le commerce
intégré. Ex : Vendeur des journaux qui se situe dans une galerie
43
commerciale. La question peut se poser pour savoir s’il peut bénéficier
du statut de baux commerciaux. Arrêt de la cour de cassation, 3ème
chambre civile, arrêt 19/01/2005. JCP 2005, 2ème partie N° 10.040.
Selon la Cour d’appel de Bobo Dioulasso (Arrêt n° 68 du 68 du 6
décembre 2004, ohadata J-07-209), le commerçant non titulaire du
droit au bail, qui exerce son activité sous le nom commercial et
l’enseigne d’autrui, ne peut prétendre à la propriété de la clientèle même
si la marchandise et les matériels concourant à l’exploitation du fonds
de commerce lui appartiennent.
- La clientèle doit être licite. Une clientèle illicite n’a aucune valeur
juridique. La clientèle d’une maison de tolérance ou d’une salle de jeu
clandestine n’est pas valable.
44
P2 : Les éléments facultatifs du fonds de commerce
Suivant la nature de l’activité commerciale exercée, le fonds de commerce
peut comprendre en plus des éléments obligatoires (l’article 136 de l’Acte
Uniforme) les éléments facultatifs dont l’énumération est donnée de façon non
exhaustive par l’article 137. Il s’agit des installations, aménagement et
agencements du matériel et du mobilier, des marchandises en stock, des
licences d’exploitation, brevet d’invention, marques de fabrique ou de
commerce, dessins et modèles et tout autre droit de propriété intellectuelle
nécessaire à l’exploitation. Cette énumération comprend des éléments
susceptibles d’être classés selon la distinction traditionnelle entre les éléments
incorporels et les éléments corporels. Il faut préciser également dans cette
optique que tous les éléments obligatoires visés à l’article 135 sont des
éléments incorporels du fond commercial.
46
individualisé et qui ne feront pas partis du fonds de commerce au sens de
l’article 137 de l’Acte Uniforme, seuls les stocks composés de marchandises
fongibles dont constamment variable constituent les éléments du fonds de
commerce. La variabilité des stocks permet aussi de les distinguer du matériel
qui constitue l’élément le plus stable du fonds de commerce. La distinction
peut néanmoins être malaisée lorsque le commerçant utilise pour
l’exploitation de son fonds de commerce les objets semblables à ceux qu’il met
en vente. Le critère de distinction dans ce cas sera la destination de l’objet et
non pas leur nature. Ainsi, un micro-ordinateur peut être une marchandise
ou un matériel selon qu’il est destiné à la vente ou à l’usage professionnel du
commerçant.
48
Chapitre 2 : Les contrats portant sur le fonds de commerce
Le fonds de commerce est un bien. En tant que tel, il peut être l’objet de
divers contrats. Il est ainsi un bien productif pouvant faire l’objet d’une
location-gérance (section 1). Il peut également être un objet de garantie des
opérations de crédit à l’instar du nantissement (section 2). Il peut enfin faire
l’objet d’aliénations (section 3).
49
également cette exigence en cas de décès du commerçant ou pendant la
minorité de ses héritiers. Enfin, le bailleur qui concède la location-gérance ne
doit pas être interdit d’exercer la profession commerciale ou avoir été
sanctionné par une déchéance.
50
- Il ne peut ni céder ses droits, ni sous louer, parce que le contrat est
conclu intuitu personae.
- Il est tenu de continuer les contrats de travail en cours car les
travailleurs sont des tiers par rapport au contrat de location-gérance.
- il devient commerçant. Par conséquent, il doit se soumettre à toutes
les obligations qui incombent aux commerçants. Notamment, il doit dans le
mois qui suit le début de l’exploitation s’immatriculer au RCCM.
51
A- L’assiette du nantissement
A l’instar de la cession du fonds de commerce, le nantissement porte
nécessairement sur la clientèle et l’enseigne ou le nom commercial. Les autres
éléments du fonds de commerce ne peuvent être compris dans l’assiette du
nantissement au sens des articles 162 de l’Acte Uniforme qu’en vertu d’une
stipulation expresse de la convention. Une mention particulière devra
également être faite à cet effet au R.C.C.M. L’Acte Uniforme exclu cependant
du nantissement du fonds de commerce les droits réels immobiliers conférés
ou constatés par des baux ou des conventions soumises à la publicité foncière.
53
P1 : La cession de fonds de commerce
Selon l’article 148 de l’AUDCG, la vente ou la cession du fonds de
commerce porte nécessairement sur les éléments obligatoires à savoir, la
clientèle et le nom commercial ou la clientèle et l’enseigne ou alors la clientèle
et les deux. A ces éléments, les parties choisiront certains ou la totalité des
éléments facultatifs qui vont être cédés avec le fonds. Pour que cette vente soit
valide, il faut que certaines conditions soient remplies (A). Ce n’est que lorsque
le contrat est valablement conclu qu’il produit des effets (B).
54
détermination du prix se fait généralement sous trois rubriques différentes
correspondant aux éléments incorporels, aux éléments matériels et aux
marchandises. La dissimulation du prix par les parties est sanctionnée par
l’article 158 de l’AUDCG qui rend nulle et de nul effet toute contre-lettre.
55
leurs mains lorsque la créance est exigible. La procédure de cette opposition
est prévue par l’article 159 de l’AUDCG.
Aucune sanction du défaut de publicité n’est prévue par l’AUDCG. Il
convient de se retourner au droit commun de la publicité légale pour dire que
l’acte de cession sera alors inopposable aux tiers. Le créancier sera ainsi admis
à poursuivre l’acquéreur qui a payé le prix du contrat sans accomplir
l’exigence de publicité pour réparer le préjudice qu’il a subi du fait de la perte
d’un élément important du patrimoine de son débiteur.
56
En ce qui concerne l’éviction, elle peut être le fait du vendeur lui-même
ou des tiers. Le vendeur doit donc se garder de tout acte de nature à gêner
l’acquéreur lors de sa jouissance. De même, il doit s’assurer que les tiers ne
pourront pas le nuire dans la jouissance de la chose, par exemple par une
action en revendication du fonds de commerce justifiée par une action en
résolution ou en nullité d’une vente antérieure. L’acquéreur est autorisé
conformément à l’article 156 AUDCG, lorsqu’il est évincé partiellement, à
demander la résolution de la vente, à condition que la diminution de
jouissance qui en découle soit « d’une importance telle qu’il n’aurait pas acheté
le fonds s’il en avait eu connaissance ». On peut en déduire que la garantie des
vices cachés couvre dans la cession du fonds de commerce les défauts de
nature à diminuer la clientèle.
En ce qui concerne la garantie des vices cachés, le vendeur est obligé de
déclarer toutes les charges qui pèsent sur le fonds de commerce et qui sont
de nature à diminuer la valeur de ce fonds. La garantie des vices cachés est
appréciée objectivement et sanctionne le défaut de la chose à répondre à
l’usage auquel elle est normalement destinée (TERRE (F.), SIMLER (Ph.) et
LEQUETTE (Y.), op. cit., n° 255). La mise en œuvre de la garantie du vendeur
pour vices cachés suppose par conséquent que le vendeur ait effectivement
respecté son engagement en livrant la chose objet du contrat, mais qu’après
l’acheteur se soit rendu compte que l’objet livré est impropre à l’usage auquel
il est normalement destiné à cause d’un défaut qui n’était pas apparent au
moment de la livraison (Ce qui suppose que les vices en question doivent être
antérieurs à la vente). Tel est le cas lorsqu’il découvre l’existence des charges
grevant le fonds. Les vices cachés se rapprochent ainsi de l’obligation de
conformité qui est mise à la charge du vendeur. Le droit de la vente
commerciale OHADA ne fait plus la différence entre l’action en garantie des
vices cachés et l’action pour non-conformité. Dans les deux hypothèses, le
commerçant acheteur est fondé, selon les termes des articles 283 et 284 de
l’AUDCG, à demander soit le remplacement, soit la réparation.
57
L’obligation de payer le prix convenu au jour et lieu fixés dans l’acte de
vente et de payer ce prix entre les mains de la personne désignée comme
séquestre. Il peut s’agir du notaire ou de l’établissement bancaire. Le
séquestre ne peut reverser cette somme au vendeur avant le délai de 30 jours,
délai pendant lequel les créanciers du vendeur peuvent faire opposition au
paiement du prix de la vente. Le vendeur est tenu de payer les accessoires du
prix. C’est ce qui ressort des articles 1593 et suivants du Code civil. En
l’absence des stipulations contractuelles contraires, l’acheteur est tenu de
payer les droits de timbres et d’enregistrement de l’acte de vente, des frais
occasionnés par les publications, par la cession du droit au bail, la
transmission des brevets et marques, les honoraires du rédacteur de l’acte de
vente et le cas échéant les frais d’expertise du matériel et des marchandises.
L’acheteur a enfin l’obligation de se faire immatriculer ou enregistrer au
RCCM en respectant les conditions prévues par l’AUDCG lorsqu’il entend
exploiter lui-même le fonds de commerce.
58
vendeur a procédé à l’inscription d’un privilège sur le fonds de commerce, il
doit s’être réservé dans cette inscription la possibilité d’intenter l’action
résolutoire. S’il l’exerce, il doit informer les créanciers inscrits sur le fonds par
acte extrajudiciaire ou par tout autre moyen (article 168 AUDCG). Pour la
conservation de ces droits, le vendeur impayé qui entend exercer l’action
résolutoire doit également procéder à la prénotation au RCCM de celle-ci selon
les termes de l’article168 AUS. Les créanciers inscrits sur le fonds ont alors
un délai d’un mois pour paralyser l’action en payant à la place de leurs
débiteurs. Si la résolution est prononcée, le vendeur va reprendre l’ensemble
des éléments du fonds. En cas de paiement partiel du fonds, le vendeur sera
comptable de ce prix payé.
60
3ème Partie : La vente commerciale
La vente commerciale peut être définie comme la convention par laquelle deux
commerçants, personnes physiques ou morales s’obligent l'un à livrer des
marchandises et l’autre à en payer le prix. Elle est prévue par les articles 234 et
suivants de l’AUDCG et par les règles de droit commun régissant la vente qui ne
sont pas contraires à l’Acte uniforme.
Les éléments caractéristiques de la vente commerciale sont donc les parties
d’une part et l’objet d’autre part. Les parties sont obligatoirement les commerçants.
Sont donc exclus les ventes faites aux consommateurs. L’article 234 de l’AUDCG
précise que l’objet de la vente est d’abord une marchandise, y compris les contrats
de fourniture de marchandises destinées à des activités de fabrication ou de
production. Ce faisant, l’article 235 de l’AUDCG exclu de son champ d’application
la vente de marchandises achetées pour un usage personnel, familial ou
domestique. De même, ne constituent pas des ventes commerciales les ventes sur
saisie, par autorité de justice et les ventes aux enchères. Par ailleurs, les dispositions
relatives à la vente commerciale ne régissent pas certaines ventes soit parce que la
réglementation résulte d’un texte particulier, soit en raison de la particularité de la
marchandise. Ainsi, en est-il des ventes de valeurs mobilières, d'effets de commerce,
de monnaies ou devises, les cessions de créances, les ventes de navires, de bateaux,
d'aéroglisseurs, d'aéronefs…
Le régime juridique de la vente commerciale permet d’envisager sa formation
(chapitre 1) et ses effets (chapitre 2).
61
Chapitre 1 : La formation de la vente commerciale
Section 1 : L’offre
L’offre est la proposition ferme pure et simple de conclure un contrat déterminé
à des conditions déterminées. Pour prendre effet (P2), l’offre de vente doit présenter
un certain nombre de caractéristiques (P2).
62
l’expiration du délai, son attitude pourrait nuire aux destinataires qui se sont
organisés en considération du temps accordé.
Section 2 : L’acceptation
L’acceptation est toute déclaration ou de tout autre comportement du
destinataire de l'offre indiquant qu’il acquiesce à l’offre. Elle doit présenter un certain
nombre de manifestations (P1) pour produire des effets (P2).
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Chapitre 2 : Les effets de la vente commerciale
64
le biais d’autres formes d’aménagement pour autant que ces dernières ne
contreviennent pas aux dispositions légales.
La clause de réserve de propriété a pour effet de retarder le transfert de
propriété au jour du paiement complet du prix. La vente est bien formée, mais seul
le transfert de propriété est retardé jusqu’à complet paiement du prix. Une telle
clause a pour but de protéger le vendeur. Le vendeur demeure propriétaire de la
chose tant que le prix n’aura pas été intégralement payé. Cela lui permet, en cas de
défaillance de l’acquéreur, de revendiquer la chose. Encore faut-il, lorsque l’acheteur
est sous le coup d’une procédure collective, que la clause ait été clairement stipulée,
au plus tard lors de la livraison, que la chose se retrouve en nature et que le vendeur
la revendique dans les délais prévus.
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P1 : Les obligations des parties à la vente commerciale
La vente commerciale étant un contrat synallagmatique, elle met des
obligations aussi bien à la charge du vendeur (A) qu’à la charge de l'acheteur (B).
1-L’obligation de livraison
À défaut de convention particulière, la livraison consiste en la mise à la
disposition de l’acheteur de la marchandise vendue. Elle porte sur la marchandise
elles même ainsi que ses accessoires. Les accessoires peuvent être matériels,
juridiques, administratifs, sanitaires ou fiscaux.
Lorsque le vendeur n’est pas tenu de livrer la marchandise en un lieu
particulier, il doit la tenir à la disposition de l’acheteur soit au lieu de fabrication ou
de stockage, soit au siège de son activité.
Le vendeur doit livrer la marchandise à la date fixée par le contrat ou
déterminée selon ses spéculations. En l’absence de stipulation, la livraison doit être
faite dans un délai raisonnable.
2-L’obligation de conformité
Le vendeur doit livrer les marchandises dans la quantité, la qualité, la
spécification, le conditionnement et l'emballage correspondants à ceux prévus au
contrat (article 255 AUDCG). Autrement dit, pour savoir si le vendeur a rempli à son
obligation de conformité, il faut procéder à une comparaison entre ce qui a été prévu
au contrat et ce qui a effectivement été livré. S’il y a concordance, la livraison est
conforme.
En cas de silence, le législateur recommande de juger la conformité par rapport
à l’usage habituel du type de marchandise concerné. Pour l’emballage et le
conditionnement, soit il existe des usages en la matière et on y recourt, soit il n’y a
pas d’usage et on évalue l’aptitude de l’emballage ou du conditionnement à conserver
et protéger la marchandise.
3-L’obligation de garantie
Le vendeur doit livrer les marchandises libres de tout droit ou prétention d'un
tiers, à moins que l'acheteur n'accepte de prendre les marchandises dans ces
conditions. Il doit également garantir l’acheteur de toute éviction de son fait
personnel.
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Le paiement du prix porte non seulement sur le prix stipulé mais aussi sur les
frais et les accessoires. En effet, d’après l’article 263 de l’AUDCG, le prix exprimé
dans le contrat est présumé convenu hors taxe.
Le lieu du paiement est soit le siège de l’activité du vendeur, soit le lieu de
livraison si le prix est payable au comptant ou si la livraison est effectuée contre
remise des documents. Dès lors, on peut déduire que le paiement est portable, car
c’est à l’acheteur d’aller payer le prix. Mais cette règle est inversée en cas de vente à
crédit.
L’acheteur doit accomplir les actes juridiques et matériels permettant au
vendeur d’effectuer la livraison, puis il doit retirer les marchandises.
A- La rupture du contrat
Prévue par l’article 281 de l’AUDCG, la rupture du contrat peut résulter d’une
décision de justice ou d'une décision unilatérale de l'une ou de l'autre partie au
contrat.
La rupture unilatérale qui est une exception à la rupture judiciaire du contrat,
intervient lorsque l’auteur de la rupture constate un comportement grave de la part
de l’autre partie. Mais, l’auteur de la rupture unilatérale le fait à ses risques et périls.
Ainsi, lorsque le comportement ou le motif invoqué pour la rupture n’a pas un degré
de gravité suffisant, il pourra être amené à réparer le préjudice causé par cette
rupture. L’appréciation de la gravité du motif incombe au juge.
B- L’exception d’inexécution
En principe dans les contrats synallagmatiques, les prestations promises par
les contractants doivent être exécutées comme prévu au contrat. Ainsi, l’acheteur
doit payer le prix en même temps qu'il prend livraison des marchandises. Il en
résulte que si l’un des contractants réclame l’exécution de ce qui lui est dû sans
pourtant payer ce qu'il doit, l’autre contractant peut refuser d’exécuter sa propre
prestation en lui opposant l'exception d’inexécution ou l’exceptio non adimpleti
contractus. Tel est le droit commun applicable. En la matière celui qui invoque
l'exception d'inexécution le fait sans décision préalable du juge. Ainsi, apparaît-elle
comme une voie de justice privée.
Mais, l'acte uniforme a prévu que cette exception d’inexécution puisse être
invoquée par anticipation, sur la seule vraisemblance. En effet, aux termes des
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dispositions de l’article 282 de l’AUDCG, « Si le vendeur ne paraît pas en mesure
d’exécuter dans les délais convenus l’intégralité de son obligation de livraison des
marchandises en raison d'une insuffisance de ses capacités de fabrication ou d’une
inadaptation de ses moyens de production, l'acheteur peut obtenir de la juridiction
compétente, statuant à bref délai, l’autorisation de différer l’exécution de son
obligation de payer... »
Pour éviter les abus toujours possibles, la mise en œuvre de cette exception
d’inexécution est subordonnée à une décision de justice. Les tribunaux peuvent
même assortir leur autorisation de l'obligation de consigner tout ou partie du prix
de vente.
Cette possibilité est aussi offerte au vendeur. Ainsi aux termes des dispositions
de l’article 285 de l’AUDCG, « Si l’acheteur ne paraît pas en mesure de payer
l'intégralité du prix en raison de son insolvabilité ou de la cessation de ses paiements
ou encore de ses retards dans les échéances convenues, le vendeur peut obtenir de la
juridiction compétente, statuant à bref délai, l’autorisation de différer l'exécution de
ses obligations de livraison...».
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