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Droit commercial

Semestre 4
Sciences économiques
& Gestion

Pr Farouk ZERHOUNI
Droit Commercial
Semestre 4
Sciences économiques et gestion
Professeur : Farouk ZERHOUNI

Plan de cours

Introduction générale

I. L’acquisition de la qualité de commerçant

II. Les actes de commerce

III. Les obligations du commerçant

IV. La notion de fonds de commerce

V. Les opérations juridiques portant sur le fonds de commerce

VI. Les baux commerciaux

VII. Les juridictions commerciales

Conclusion générale

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Professeur : Farouk ZERHOUNI

Introduction générale au droit


commercial

Le droit commercial peut être défini comme le droit applicable aux opérations
commerciales effectuées par les commerçants1. Il s’applique notamment aux actes
de commerce, à l’activité économique, aux commerçants et aux entreprises. Le
commerce c’est l’échange, la spéculation, la recherche du gain, la quête des
richesses. Selon Thaller, « le droit commercial traduit un état social où les
hommes visent à conquérir le bien-être et la richesse »2.
Branche du droit privé, il est donc constitué de l’ensemble des règles juridiques
applicables aux transactions commerciales.
Le droit commercial est essentiellement régi par les textes juridiques
(Conventions, internationales, dahirs, décrets, arrêtés) dont la majorité sont
d’ordre national mais il en demeure que c’est droit qui est aussi régi par des un
ordre juridique spontané issu des usages et coutumes chose qui est confirmé par
l’article 2 du code de commerce qui dispose : « II est statué en matière
commerciale conformément aux lois, coutumes et usages du commerce, ou au
droit civil dans la mesure où il ne contredit pas les principes fondamentaux du
droit commercial. »
Ces derniers ne sont pas définis dans le Code de commerce marocain ni français
d’ailleurs. Cependant la doctrine définie les usages commerciaux comme étant
des règles nées de la pratique commerciale répétée des professionnels et
considérées comme normale au sein d’une profession3.
Le droit marocain ayant pour origine le droit Romano germanique, son droit
commercial puise à son tour ses sources et son histoire dans les fondements dans
le droit des marchands qui a vu le jour dans l’antiquité ou furent adoptées les
premières règles qui ont été issues du droit maritime dont notamment le droit du

1
Article 1er de la loi 15-95 formant code de commerce dispose : « La présente loi régit les actes de commerce et
les commerçants ».
2
G.Lyon- Caen : Droit commercial européen, Paris, Dalloz 1983, p.580.
3
Michel PEDAMON, Droit commercial, 2e éd. 2000, Précis, Dalloz, n°14 ;

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commerce international. La mer est-elle la mère du droit tel que le précise le


professeur George DECOCQ4.
Il y a lieu aussi d’ajouter que l'originalité du droit commercial découle de la
combinaison de divers facteurs parmi lesquels les données historiques tiennent
une place prépondérante. On peut même affirmer que le droit commercial est une
construction de l'histoire.
Issu de la pratique, du besoin d'organiser les échanges et plus largement de la
nécessité de donner un cadre juridique à l'activité économique, le droit
commercial s'est forgé des instruments propres à assurer le bon fonctionnement
de la vie des affaires. Il se caractérise par la diversité de ses sources : les usages,
les traités, les accords internationaux y ont une place privilégiée.
Depuis la plus haute antiquité existent des règles relatives au transport et à
l’échange ou à la vente de marchandises. On constate ainsi que le Code
d’Hammourabi (vers 1700 ans av. J.-C.), premier code dans l’histoire de
l’humanité (même si l’on connaît l’existence plus ancienne des tablettes de Warka
– 2000 av. J.-C.), fait référence à des contrats comme le contrat de société, celui
de dépôt ou encore le prêt à intérêt. Plus tard, les Grecs ne connurent pas beaucoup
plus de règles sauf en matière maritime où ils inventèrent le prêt nautique, ancêtre
du prêt à la « grosse aventure » (ou « prêt à la grosse ») existant au Moyen-Âge
et qui tenait du prêt et de l’assurance.
Quant aux Romains, ils inventèrent le terme de commercium qui visait toutes
relations établies entre plusieurs personnes à propos d’un bien et parlaient des
choses in commercio et de celles extra commercium. En revanche, ils ne furent
pas à l’origine d’un premier corpus juridique se rapportant directement aux
relations entre marchands même s’ils élaborèrent des techniques juridiques
pouvant être employées par les marchands tels que les contrats consensuels
comme la vente, ou encore telles que le mandat. Il est vrai qu’à cette époque les
marchands (Mercatans) ne bénéficiaient pas d’un préjugé favorable, le terme
marchand dérivant du nom du dieu Mercure (Mercuria) qui était le patron des «
trafiquants » et... des voleurs.
Ceci étant, on peut considérer le droit commercial comme l’ensemble des règles
qui déterminent le statut des commerçants, le régime applicable à l’activité
commerciale ainsi qu’aux actes de commerce. Comme on peut le voir à travers
cette définition, le droit commercial s’inscrit à la fois dans une conception

4
George DECOCQ & Aurélie BALLOT-LENA, Droit commercial, Dalloz, 8ème Edition, P 12 ;

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subjective et dans une conception objective. La controverse doctrinale jadis


existante sur la question et qui opposait la thèse objective ou réelle (cette thèse
considérait le droit commercial comme étant essentiellement le droit des actes de
commerce) à la thèse subjective (pour cette thèse, le droit commercial est le droit
des commerçants) a perdu de son importance. Le droit commercial est à la fois le
droit des commerçants et celui des actes de commerce. Ces actes de commerce
peuvent être parfois être accomplis par des non-commerçants. Le droit
commercial continuera de les régir, sans tenir compte de la personne de leur
auteur.
Le Maroc par l’adoption de la loi n° 15-95 formant code de commerce de 1996 se
veut admettant à la fois les deux systèmes, et ce, par la disposition de son article
1er qui précise ce qui suit : « la présente loi régit les commerçants et les actes de
commerce ».
Néanmoins, il demeure important de signaler que malgré cette disposition au
niveau dudit code, il ressort des diverses dispositions de ce dernier ont un
caractère objectif celle fondé sur la nature des actes. La définition de base est celle
des actes de commerce, ou plus précisément celle de l'activité commerciale (art 6
code de commerce).
L’article 6 par exemple, définit le commerçant de la manière suivante : la qualité
de commerçant s’acquiert par l’exercice habituel ou professionnel des activités
commerciales qu’il énumère. Donc pour être commerçant, il faut exercer l'une des
activités énumérées par l’article 6 du code de commerce, ce sont donc ces activités
qui donnent la qualité de commerçant à celui qui les exerce.
Néanmoins, quelque soit le système adopté, nous pouvons considérer que la
matière du droit commercial est double : ce sont les activités commerciales et les
actes du commerce qui en constituent l’objet et le commerçant le sujet.
Le droit commercial est un droit distinct et autonome des autres branches du droit
mais il partage certains concepts et techniques avec le droit civil dans la mesure
ou il ne doit pas contredire les principes fondamentaux du droit commercial.
Parmi ces concepts, le droit commercial puise dans les principes généraux du
droit civil dont notamment celles issues du droit des obligations, du droit des
contrats mais aussi ceux de la responsabilité civile.
Les sources de ce droit sont diverses et variées compte tenu du fait que le monde
des affaires évolue sans cesse ; pour cela il n’est pas possible de compter

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uniquement sur les sources écrites. Les sources non écrites constituent l’essentiel
de l’origine du droit commercial.
A. Les sources écrites
Il existe les sources nationales (1) et les sources internationales (2) sans oublier
les sources indirectes qui sont à la doctrine et la jurisprudence (3).
1 - Les sources nationales
Les sources nationales sont à la fois
a) Le Code de commerce
Il s’agit du Code de commerce (dahir n° 1-96-83 du 1er août 1996) portant
promulgation de la loi 15/95 formant Code de commerce5.
b) Le D.O.C. :
Le D.O.C. (Dahir formant code des obligations et contrats du 12 août 1913) est
l’équivalent du code civil et constitue ce qu'on appelle le droit commun. Ce sont
ses règles qui s’appliquent quand il y a un vide en matière commerciale et quand
aucune règle commerciale n’est prévue. Même les lois relatives aux sociétés
renvoient à l'application des règles du DOC lorsqu'elles ne sont pas
contradictoires avec elles.
2 - Les sources internationales
Il s’agit des conventions internationales qui constituent une source fondamentale
du droit commercial. Exemple : les traités internationaux ratifiés par le Maroc tels
que ceux sur les transports maritimes, ferroviaire, routier et aérien ; les accords
du GATT ; les conventions internationales, etc...
Ces conventions peuvent être établies entre deux Etats ou entre un Etat et un
groupement de pays ; ce sont les conventions bilatérales (par exemple l’Accord
d’association entre le Maroc et l’UE).
3- Les sources indirectes
a) - La doctrine
C'est l'ensemble des écrits portant les interprétations et les opinions des juristes
(les universitaires, les avocats, les magistrats, etc.) et publiés sous forme
d'ouvrages ou d'articles dans les revues juridiques. La doctrine a pour rôle

5
B.O. n° 4418, du 3 octobre 1996, pp. 568-634.

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d'éclairer le législateur (à l'occasion de l'élaboration des textes) et les tribunaux


(lors de l'application de la loi).
b) - La jurisprudence
La jurisprudence est la solution donnée par l’ensemble de décisions rendues par
les juridictions sur une question de droit.
En matière commerciale, elle joue un rôle considérable puisque c’est aux
tribunaux qu’il revient d’interpréter les lois et les contrats conclus entre
commerçants, de fixer les usages auxquels ils se réfèrent, de déterminer le statut
des institutions nouvelles créées par la pratique.
Le droit commercial provient aussi de sources non écrites. Il s’agit des usages et
de la coutume.
B - Les sources non écrites
1 - Les usages commerciaux
Ils sont la source fondamentale du droit commercial. Ce sont des règles
coutumières, qui ne sont inscrites dans aucun texte mais que la pratique a
inventées et qui sont admises de manière tacite par les commerçants. Ce sont des
pratiques qui créent des règles par la force de l’habitude professionnelle, à côté
du Code du commerce.
A propos de l’usage, il faut qu’il soit :
➢ Largement répandu dans le milieu social, dans une profession, dans une
localité ;
➢ Constant, c'est-à-dire qu’il ait eu une certaine durée ;
➢ Considéré comme ayant une force obligatoire par la population qui
l’adopte.
Les usages constituent une source importante du droit commercial et du droit des
affaires. En droit international, les usages aboutissent à une unification des
pratiques plus rapides que si l’on devait attendre la conclusion et l’entrée en
vigueur d’une convention internationale.
Les relations habituelles entre membres d’une même profession ou entre clients
et fournisseurs donnent naissance à ces usages. On peut donner comme exemple
les usages concernant les modalités et les modes de paiement, les délais de
livraison, la charge des frais de courtage et leur taux, les risques des défauts des
marchandises, etc…
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2 – La coutume
La coutume a un régime juridique bien différent que celui de l’usage. Sa formation
n'est pas tellement différente de celle de l'usage de fait, mais le juge a un rôle actif
dans celle-ci en ce qu'il lui donne une valeur propre, indépendante de la volonté
des parties
En définitif, la coutume est un un usage de fait dont la valeur juridique reflète une
haute importance et doté d’une force juridique particulières.
La coutume résulte dans les différentes branches du droit interne dont notamment
le droit commercial, de la répétition d’une série de faits concordants et de la
conviction des sujets de droits que ces comportements expriment une règle de
droit.
C’est donc un fait pratiqué durant une longue durée. Elle est reconnue par
l’autorité judicaire. (Surtout par la cour cassation).

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I. L’acquisition de la qualité de
commerçant

L’application du droit commercial est en principe réservée aux personnes


physiques ou morales ayant la qualité de commerçant. Cette affirmation
traditionnelle ne peut toutefois pas rendre compte des distinctions de plus en plus
complexes de ce droit qui tend à influencer l’ensemble des activités
économiques6.

I. Les conditions juridiques de l’exercice du commerce

Pour devenir commerçant, il ne suffit pas d’accomplir des actes de


commerce, il faut également que des conditions tenant à la personne exerçant le
commerce soient réunies. Il s’agit d’une part de la capacité commerciale et d’autre
part du comportement et du statut de la personne qui exerce le commerce.

1. Les règles de la capacité commerciale

L’exercice du commerce est libre, cependant pour pouvoir l’exercer faut


être majeur compte tenu de l’importance des risques encourus par ce dernier.
La capacité pour exercer le commerce obéit aux règles du statut personnel7. Est
considéré comme mineur quiconque n’ayant pas atteint l’âge de la majorité. L’âge
de majorité légale est fixé à dix-huit années grégoriennes révolues et ce,
conformément à l’article 209 du code de la famille.

6
George DECOCQ & Aurélie BALLOT-LENA, Droit commercial, Dalloz, 8ème Edition, P 170 ;
7
En application de l’article 12 du code de commerce qui dispose que : « Sous réserve des dispositions ci-après, la
capacité pour exercer le commerce obéit aux règles du statut personnel. »

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Cependant, il en demeure que des personnes se trouvant exclues des professions


commerciales dans des cas bien précis tel qu’évoqué ci-dessous.

A. Les limitations tenant aux personnes

1. Les incapables majeurs


Ce sont les malades mentaux ou les faibles d’esprit qui font l’objet d’une
mesure de tutelle même s’ils sont âgés de 18 ans et plus. Il s’agit donc des
personnes âgées de plus de 18 ans et qui ne peuvent être capables en raison de
maladies mentales, de faiblesse d’esprit ou de prodigalité8.
Le principe est simple, seul un majeur peut être commerçant, cela signifie que le
mineur, ne peut être commerçant, de même que les majeurs incapables. Cette règle
est fondée sur un souci de protection des tiers et de l’incapable lui-même,
l’exercice du commerce créant des risques sérieux tant pour le commerçant que
pour son environnement.

a. Le mineur non émancipé


Un mineur non émancipé ne peut devenir commerçant ni même faire
occasionnellement des activités commerciales.
Il s’agit d’un enfant dépourvu de discernement et qui n’a pas atteint l’âge de douze
ans révolus. Il n’est pas admis à gérer son patrimoine et aucune autorisation ou
aucun procédé détourné ne peut lever cette incapacité. La sanction de l’incapacité
est que le mineur ne peut acquérir la qualité de commerçant et que les actes de
commerce, même isolés, conclus par le mineur sont nuls.

b. Le mineur émancipé :

8
Voir article 217 et 2018 du code de la famille ;

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La loi à savoir l’article 226 du code de la famille9 autorise le mineur à exercer


le commerce sous certaines conditions. Celui-ci doit être émancipé, il doit être
spécialement autorisé à exercer le commerce par son père ou par sa mère ou par
son tuteur. L'acte d'autorisation doit être enregistré et affiché au tribunal de
première instance du domicile commercial du mineur.

A partir de 12 ans révolus : le mineur peut effectuer des actes précis.


L’autorisation d’exercer le commerce doit être inscrite au registre de commerce.
L’autorisation d’exercer le commerce peut être révoquée à tout moment pour
motifs graves. A défaut d’une telle autorisation, le tuteur légal peut exploiter les
biens du mineur dans le commerce (actes de disposition sur les biens = vente,
échange, location, société, nantissement), qu’après autorisation spéciale du juge.

Il peut s’ajouter à cela l’émancipation par déclaration de majorité qui à partir


de l’âge de 16 ans. Le mineur, si son tuteur le juge apte à être affranchi de la
tutelle, peut être « émancipé après l’accomplissement des formalités légales
nécessaires ».

Il résulte de l’émancipation que le mineur prend possession de tous ses biens, qu’il
devient entièrement affranchi de la tutelle, qu’il est relevé de son incapacité, ce
qui revient à dire qu’il acquière la pleine capacité et la disposition de son
patrimoine.

Par cette émancipation, le mineur devient majeur et peut exercer le commerce


sans aucune restriction.

9
L’article 226 du code de la famille dispose que : « le mineur doué de discernement peut être autorisé à prendre
possession d’une partie de ses biens pour en assurer la gestion à titre d’essai une autorisation est accordée, à cet
effet, par le tuteur légal ou par décision du juge chargé des tutelles, sur demande du tuteur testamentaire ou
datif ou du mineur intéressé. Le juge chargé des tutelles peut annuler l'autorisation de remise des biens, sur
demande du tuteur testamentaire ou datif, du ministère public ou d'office, en cas de mauvaise gestion, dûment
établie, des biens autorisés. L'interdit, autorisé à gérer une partie de ses biens, est considéré comme ayant pleine
capacité pour agir dans la limite de l'autorisation qu'il a reçue et pour ester en justice. »

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En dernier, il est important de signaler que cette autorisation doit être inscrite au
registre du commerce du tuteur, qu’il s’agisse de l’autorisation de l’expérience de
la maturité (à 12 ans) ou de la déclaration judiciaire anticipée de la majorité (à 16
ans).

c. La femme mariée :

Les conditions relatives l'exercice du commerce par la femme ont


énormément évolué au Maroc. La législation antérieure (art 6 du DCC) précise
que la femme ne peut faire le commerce sans le consentement de son mari.

Aujourd'hui, la femme mariée est complètement émancipée de ce point de vue,


elle peut donc exercer le commerce sans l'autorisation préalable de son mari et ce
conformément à l’article 17 du code de commerce qui précise que : « La femme
mariée peut exercer le commerce sans autorisation de son mari. Toute disposition
contraire est réputée nulle ».

d. Le mineur étranger
Lorsqu'un étranger n'a pas l’âge de majorité (18 années grégoriennes révolues)
requis par la loi marocaine et qu'il est réputé majeur par sa loi nationale, il ne peut
exercer le commerce qu’après autorisation du président du tribunal du lieu où il
entend exercer et inscription de cette autorisation au registre du commerce. Il est
statué sans délai sur la demande d’autorisation.

Ici on est devant deux hypothèses :

o A l’âge de 18 ans, tout étranger est réputé majeur et peut exercer le


commerce même si sa loi nationale prévoit un âge supérieur à 18 ans et ce,
conformément à l’article 15 du code de commerce marocain.
o A moins de 18 ans, même s’il est réputé majeur par sa loi nationale, un
étranger ne peut exercer le commerce qu’après autorisation du président

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du tribunal du lieu où il entend exercer le commerce. Bien entendu, cette


dernière doit être inscrite au registre du commerce.

2. Conditions liées à l’intérêt général


L’incompatibilité et la déchéance sont prévues dans un but de police et
d’intérêt général afin d’éviter l’exercice du commerce par certaines personnes
dont l’activité n’est pas désirable (b) ou afin de contrôler l’activité, voire de
restreindre l’accès à certaines professions (a).

a. Incompatibilités :
L'exercice du commerce est incompatible avec certaines professions telles que
celles :

➢ Les membres des professions libérales (avocats, médecins,


architectes, commissaires aux comptes, conseils juridiques …) ;
➢ Les officiers ministériels (notaires, huissiers) ;
➢ Les fonctionnaires publics (fonctionnaires de l’administration,
magistrats, militaires).
Il est à noter que la méconnaissance des incompatibilités entraîne des sanctions
pénales et disciplinaires (radiation du bureau). Mais les actes de commerce
demeurent valables et le contrevenant est considéré comme un commerçant de
fait.

Certaines activités commerciales ne peuvent être exercées par des personnes


physiques mais seulement par des sociétés, telles, par exemple les activités
bancaires, les activités de recherche et d'exploitation d'hydrocarbure, etc

b. La déchéance commerciale

La déchéance est une mesure privative de la liberté d’exercer une profession


commerciale. En vertu de l’article 711 du code de commerce marocain, « la
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déchéance commerciale emporte interdiction de diriger, de gérer, d’administrer


ou contrôler, directement ou indirectement, toute entreprise commerciale ou
artisanale, et toute société commerciale ayant une activité économique ». Sont
ainsi concernées d’abord les personnes qui ont été condamnées à une peine de
prison, ou à une condamnation de plus de trois mois, pour escroquerie, abus de
confiance, ou de chèque sans provision, les personnes contre lesquelles est
prononcée une faillite personnelle.

La déchéance a un caractère sanctionnateur dans le but d’évincer les commerçants


qui ne respectent pas leurs obligations de toute activité commerciale.

Cependant, il demeure important de préciser que la déchéance n’est pas


obligatoirement perpétuelle. Les tribunaux qui condamnent le commerçant fixent
la durée de l’interdiction avec un minimum de cinq ans, si le jugement ne
prononce pas l’interdiction elle existe automatiquement sans limitation de durée.
Les personnes frappées d’interdiction peuvent demander à la juridiction qui les a
condamnés de les relever de l’interdiction ou d’en fixer la durée qui peut aller
jusqu’à dix ans.

3. Les limites conventionnelles à l’exercice du commerce

En plus de ce qui a été exposés, il existe des limitations qui sont le résultat
d'une relation contractuelle.

Une des parties peut s'engager, par le biais d'une clause insérée dans le contrat, à
ne pas concurrencer l'autre partie en exerçant une activité déterminée.

Trois clauses peuvent être à l'origine de ces interdictions : non- rétablissement,


non-concurrence et d'exclusivité. La clause trouve son origine dans un contrat
ou elle est insérée.

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II. Conditions liées à l’activité :

a. Les commerces réglementés

Certains commerces sont réglementés, une autorisation administrative, sous


forme d’agrément ou de licence, est nécessaire avant l’ouverture du commerce ou
l’exercice de certaines activités commerciales, tel que le transport public des
personnes qui est soumis à l’obtention d’agréments du ministère du transport.
C’est le cas aussi des pharmaciens, opticiens, laboratoires d’analyses médicales
mais aussi des banquiers, les intermédiaires d’assurance, c’est-à-dire des
commerces dont l’activité peut se révéler dangereuse pour la santé ou pour le
patrimoine du consommateur sans oublier que certaines de ces activités ne
peuvent être exercées que des personnes morales tel le cas des intermédiaires
d’assurances (agents d’assurances ou courtier d’assurances).

b. Les activités interdites


Certaines activités sont interdites pour des impératifs d'ordre public ou en raison
d'un monopole d'Etat ou l’interdiction d’un commerce qui est contraire aux
bonnes mœurs tel que le commerce des stupéfiants ou la vente d’armes.

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II. Les actes de commerce

La loi a défini l’acte de commerce autour des opérations et non des


personnes qui les effectuent. Les articles 6 et 7 se contentent de dresser
une liste d’actes que « la loi répute d’acte de commerce ». Pour pallier
l’imperfection législative on peut définir l’acte de commerce comme étant
un acte juridique ou fait juridique soumis aux règles du droit commercial
en raison de sa nature, de sa forme ou en raison de la qualité de
commerçant de son auteur.

Les actes de commerce sont pour l’essentiel des actes accomplis par les
commerçants dans l’exercice de leur commerce. On tentera en premier de
définir l’acte de commerce pour que par la suite distingue trois catégories
d’actes de commerce à savoir les actes de commerce par nature, ensuite,
les actes de commerce par la forme, et enfin les actes de commerce par
accessoire tout en traitant en fin de ce chapitre les actes dits mixtes.

Section 1 : Définition de l’acte de commerce

La doctrine a tenté de trouver des critères afin de préciser l’acte de commerce.

-Le premier critère est celui de la spéculation, la réalisation d’un profit


pécuniaire. Mais ce critère s’est révélé trop large car nombre d’activités
civiles, agricoles, artisanales, visent également la réalisation de profit. Ce
critère est en même temps étroit en ce sens que les opérations réalisées par
les commerçants au prix d’achat sont considérées comme des actes de
commerce alors qu’il n’y a pas de spéculation, et l’on voit bien que c’est
un critère qui est difficile à mettre en œuvre car il repose sur le mobile
psychologique. Celui-ci ne peut s’analyser que d’après l’activité
professionnelle de l’intéressé.
-Le deuxième critère est celui de l’entremise dans la circulation des

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richesses. L’acte de commerce serait un acte intermédiaire situé entre la


production et la consommation. Ce critère est aussi insuffisant car
certaines activités de production (les activités minières) sont considérées
comme des activités commerciales. En outre, il y a des actes de commerce
qui sont étrangers à la notion de circulation, c’est le cas notamment, en
France, des agences matrimoniales qui ont pour but de mettre en contact
les candidats au mariage, qui sont autorisés par la loi et leurs propriétaires
sont commerçants, alors qu’il n’y a aucune circulation de richesse.
A l’inverse certaines activités d’entremise ne sont pas commerciales, tel
est le cas des actes des agents commerciaux.
-Le troisième critère est celui de l’entreprise. L’acte de commerce serait
celui qui résulte d’une organisation professionnelle structurée, avec une
dénomination commerciale, un local…, etc. Ce dernier critère est trop large
car la notion d’entreprise transcende (transpose) la distinction entre les
activités commerciales et les activités civiles (une entreprise agricole est
une entreprise organisée, mais elle a une activité civile). De ce fait
l’entreprise ne concerne pas seulement les commerçants et les activités
commerciales. Il est aussi très étroit si l’on considère que la signature
d’une lettre de change par un particulier est un acte de commerce.
Aucun de ces trois critères pris isolément ne permet donc de définir l’acte de
commerce.

L’acte de commerce reste la base du droit commercial et c’est en même temps


l’élément qui détermine son domaine d’application.

2) Classification des actes de commerce

Il existe quatre types d’actes de commerce :


• Les actes de commerce par nature ;

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• Les actes de commerce par la forme ;


• Les actes de commerce par accessoire ;
• Les actes de commerce mixtes.

Section 2 : Les actes de commerce par nature


Il s’agit d’actes juridiques qui présentent la particularité d’être
commerciaux quelle que soit la qualité de personne qui les accomplit.
Cependant, ces actes supposent la réunion de deux conditions : la
spéculation et la répétition.

La spéculation se définit comme la recherche d’un bénéfice. Un même


acte accompli sans recherche de bénéfice n’est pas considéré comme acte
de commerce (exemple un transporteur qui effectue un service de transport
à titre gratuit n’est pas considéré comme un acte de commerce. En
revanche peu importe que le but poursuivi ne soit pas atteint (commerçant
qui fait des mauvaises affaires) l’intention spéculative doit être recherchée.
La seconde condition tient à la répétition : la commercialité d’un acte
suppose que l’acte de commerce soit réalisé de façon répétée et
professionnelle.
Au final, les actes de commerce par nature sont ceux qui relèvent de la
sphère commerciale en raison de leur objet. IL s’agit d’actes accomplis
dans le cadre d’une activité de nature commerciale. Le législateur, dans
l’article 6 du Code de commerce, expose une liste d’actes pouvant être
qualifiés d’actes de commerce par nature. Il s’agit essentiellement de :
-L’achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les revendre soit
en nature soit après les avoir travaillés et mis en œuvre ou en vue de les louer.
C’est le principal acte de commerce par nature, il faut que le bien dont la
revente est envisagée ait été acquis à titre onéreux. Celui qui revend un bien

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qu’il a acquis à titre gratuit (testament, donation) n’accomplit pas un acte de


commerce. Seront exclus également et pour les mêmes raisons, les œuvres de
l'esprit, littéraires, artistiques ou scientifiques : un inventeur vendant ou
concédant l'exploitation de son brevet, n'accomplit pas un acte de commerce.
L’activité artisanale demeure civile.
Il faut aussi que l’acheteur ait eu l’intention de revendre le bien acheté au
moment de l’achat. L’achat pour utiliser ou consommer le bien n’est pas un
acte de commerce même s’il est suivi d’une vente effective. Les biens
meubles peuvent être revendus soit en nature soit après transformation
(exemple activité industrielle sidérurgie, chimie, textile, …, etc.).
- La location de meubles corporels ou incorporels en vue de la sous
location :( exemple voitures, meubles incorporels, fonds de commerce
dans le cadre d’une gérance libre). L'intention spéculative de louer devra
exister au moment de la location ou la sous location, à condition que cet
acte soit accepté par les parties. En outre, cette activité nécessite une
activité régulière, habituelle et constante.
La location d’immeubles demeure civile, mais l’hôtellerie est une activité civile.
-L’achat d’immeubles en vue de les revendre en l’état ou après transformation :
Toutes les activités des sociétés immobilières et des particuliers se trouvaient
donc visées par l’article 6 du code de commerce, en précisant que tout achat
de biens immeubles, aux fins de la revente, constitue bien un acte de
commerce, à moins que l'acquéreur n'ait agit en vue d'édifier un ou plusieurs
bâtiments et de les revendre en bloc ou par locaux.
La transformation est importante parce que traditionnellement, la vente des
immeubles était considérée comme une activité civile, ce régime dérogatoire
n’est plus justifié de ce fait le commerce immobilier est soumis au même
régime des meubles corporels.

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-Le transport : englobe toutes les activités de transport de marchandises,


transport de personnes, c’est la convention par laquelle le transporteur
s’engage, moyennant un prix, lui- même à parvenir une personne ou autres
choses, en un lieu déterminé, (art 443 et suivants du code de commerce).
-Le courtage, la commission et toutes autres opérations d’entremise :
Le courtier est considéré également comme étant commerçant, dont le rôle
consiste simplement à mettre en rapport deux personnes et qui n’est pas
partie au contrat qu’il négocie pour le compte de ses clients. La loi vise les
opérations de courtage et d’intermédiaire en matière immobilière.
La commission : c’est une activité d’intermédiaire. Les commissionnaires
concluent en leur propre nom des opérations pour le compte de l’une des
parties appelée commettant. Ils sont donc commerçants selon le code de
commerce.
-Les bureaux et agences d’affaires qui gèrent les affaires d’autrui, et font
principalement la représentation des personnes physiques ou morales, sont
également visés par l’article 6 du code de commerce. L’essentiel c’est que
l’exercice de cette activité d’agent d’affaires qualifie la personne qui la
pratique de commerçant.
Il y a également les bureaux d’information, cette notion est nouvelle, ca
peut être l’information politique commerciale, les agences de détectives
privés, les centres de recherches et d’informations.
Les agences de publicité sont également visées par le texte marocain, ces
dernières font de la prestation de service pour le compte de leurs clients,
moyennant une somme d’argent, de ce fait elles sont par excellence dans
une démarche commerciale.
-Les activités industrielles, notamment les activités de manufacture ou
l’industrie, s’entendent d’un travail de transformation réalisé sur des biens

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grâce à des moyens matériels et humains. Exemple (les industries


mécaniques, chimiques ou textiles, les entreprises de bâtiments de travaux
publics, de construction navale, etc….
-La fourniture et produits de services : L'entreprise de fournitures est
celle qui livre de façon régulière à une clientèle, des produits ou des
services pour un temps et pour un prix déterminé à l'avance : par exemple
(la distribution d’eau et d’électricité et de gaz, les postes et
télécommunication, etc.)
-L’organisation des spectacles publics : il s’agit de la production à titre
professionnel de spectacles payant de toute nature (théâtre, musique, danse,
…, etc.). Ces activités organisées à titre occasionnel seraient considérées
comme un acte civil.
-La vente aux enchères publiques : le texte vise les salles de vente
publique aux enchères. La présomption de commercialité tombe lorsque la
vente aux enchères est l’accessoire d’une vente civile.
-La banque, le crédit : L'opération de banque est, au sens strict, l'opération
par laquelle le banquier recueille des sommes d’argent en ayant le droit d’en
disposer pour son propre compte mais à charge de les restituer. C'est une
opération d'entremise par excellence.
Les opérations de crédit supposent une avance de fonds immédiate, future ou
éventuelle contre rémunération au profit de son client ou dans l’intérêt de
celui-ci, l’opération de crédit bénéficiant dans cette dernière hypothèse à un
tiers (cautionnement, garantie autonome…)
-Les opérations financières, le texte vise toutes les opérations de change,
banque et courtage et toutes les opérations portant sur les valeurs
mobilières des produits financiers (placement de valeurs mobilières, achat
et vente des actions en bourse). La jurisprudence française a estimé, par

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analogie, que toutes les activités financières doivent être considérées


comme commerciales lorsqu’elles sont exercées dans un but spéculatif.
-Les opérations d’assurance à prime fixe : Les primes fixes sont une
somme d’argent payée à l’assuré suite aux dommages qu’il peut subir soit
directement soit indirectement. Ces opérations sont considérées comme
commerciales si elles s’exercent de manière habituelle et professionnelle
dans le but de tirer un profit ;
- L’imprimerie et l’édition : toute personne qui imprime, soit directement
soit par l’intermédiaire d’une autre personne, (des livres, journaux) et qui
les vend aux clients est considérée comme étant commerçante. En
revanche, le professeur qui édite un ouvrage, n’est pas considéré comme
étant commerçant.
- Toutes les opérations portant sur les navires et leurs accessoires ; et
celles se rattachant à l’exploitation des navires aéronefs et au
commerce maritime et aérien. °il s’agit de toute opération de
construction, tous achats, ventes et reventes de bâtiments pour la
navigation intérieure et extérieure, ° toutes expéditions maritimes, ° tout
achat de vente d'agrès, apparaux et avitaillements, tout affrètement. Ces
opérations confèrent aux personnes qui les exercent la qualité de
commerçant.

Section 3 : Les actes de commerce par la forme

Sont soumis au droit commercial même s’ils sont réalisés à titre isolé par un
non commerçant (un médecin). La commercialité par la forme est
objective.

L’article 9 du Code de commerce vise deux actes de commerce par la forme :


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-La lettre de change est un écrit par le quel une personne appelée tireur
donne l’ordre à une deuxième personne le tiré de payer une certaine
somme d’argent à une troisième personne appelée le bénéficiaire ou
porteur, à une échéance. Il faut qu’il y’ait la date d’émission, le nom du
tiré et la clause à ordre et surtout le lieu de paiement et la signature du
tireur. La lettre de change est considérée comme un acte de commerce par
la forme parce que le crédit est l’âme du commerce, il faut donc lui assurer
une crédibilité totale et par conséquent lui appliquer la rigueur du droit
commercial quel que soit la personne qui oppose sa signature. C’est
pourquoi la lettre de change est commerciale par la forme quel que soit
son objet commercial ou civil. On considère désormais qu’un non
commerçant qui signe une lettre de change, bien qu’il ne soit pas
commerçant, se comporte comme un commerçant et doit par conséquent
être soumis aux règles du droit commercial. Cette solution s’impose
également pour des raisons pratiques évidentes : la lettre de change est un
titre qui a vocation à circuler et par conséquent à engager un certain
nombre de personnes : il est plus simple de soumettre tous les signataires
de ce titre aux mêmes règles.

-Le billet à ordre : c’est un engagement de payer un bénéficiaire une


certaine somme d’argent à une échéance fixe (une reconnaissance de
dette), le billet à ordre n’est commercial que dans la mesure où il résulte
d’une transaction commerciale.

- Les sociétés commerciales : Certains types de sociétés quelques soit


leur objet, leurs activités sont commerciales en raison de leur forme (La

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société anonyme, la société à responsabilité limitée, SARL à associé


unique, la société en nom collectif, la société en commandite simple,
la société en commandite par action.).

Il est utile de rappeler que l’inscription au registre de commerce leur


confère automatiquement la qualité de commerçant, les actes relatifs à la
création, au fonctionnement et à la dissolution, etc.).

Section 4 : Les actes de commerce par accessoires

Des actes en principe civils peuvent devenir commerciaux lorsqu’ils


sont considérés comme accessoire à un acte de commerce.
Ces sont tous les actes que le commerçant accomplit pour les besoins de
son commerce.
Ainsi en est-il, par exemple, de la location par le commerçant d’un local
pour l’exercice de son commerce. Il en est de même de l’achat par le
commerçant d’un camion pour y transporter ses marchandises. Cet achat
est un complément indispensable à l’exercice de cette activité
commerciale, d’ailleurs, peu importe la partie contractante, civile ou
commerçante. Il faut observer que ce type d’actes de commerce ne peut
servir à définir le commerçant, parce qu’il suppose l’existence préalable
de la qualité de commerçant.

Section 5. Les actes mixtes :

Sont réputées actes de commerce mixte ; les actes passés entre un


commerçant et un non commerçant (art 4, C.Com). Ces actes présentent
donc une double nature et est en principe soumis à un régime dualiste.

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Dans les relations entre commerçants et non commerçants, les actes sont
réputés commerciaux pour le commerçant et civils pour les non
commerçants. On peut citer à titre d’exemple : la vente au détail est
commerciale pour le commerçant vendeur et civile pour l’acheteur, simple
particulier qui achète un bien à des fins privés. De même le contrat de bail
commercial est un contrat mixte lorsqu’il est conclu entre un bailleur civil
et le propriétaire du fonds de commerce, ce dernier étant commerçant. En
matière d’acte de commerce mixte la difficulté tient à la possible
application de deux régimes juridiques.
Le commerçant peut alors recourir au tribunal de commerce en cas de
litige, insérer des clauses compromissoires, se prévaloir de la comptabilité
comme moyen de preuve, etc…. Quant à l’autre partie civile, elle peut
demander que le litige soit différé devant le tribunal de première instance,
se prévaloir des modes de preuves de droit civil…, etc.
Il faut souligner qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle catégorie d’actes de
commerce mais d’une simple modalité que peut avoir un acte de commerce
par accessoire (relations entre les commerçants et les clients) (exemple : la
relation juridique qui lie un agriculteur (personne civile) et un négociant
qui achète la récolte pour la revendre). L’intérêt des actes mixtes est donc
de savoir dans quelles mesures on va appliquer le droit commercial. Le
droit commercial pour le commerçant et le droit civil pour le non
commerçant.

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III. Les obligations du commerçant

Les commerçants obéissent à des obligations légales particulières et


supportent le poids de la responsabilité de leur activité. Sans préjudice de la
nécessité de conditions susceptibles de garantir la régularité du marché et la
sauvegarde de l’ordre public économique.

L’entreprise commerciale exerce son activité dans un contexte économique et


social qui l’influence et sur lequel réciproquement elle agit. Afin de protéger
l’entreprise et les tiers qui traitent avec elle contre les risques du commerce, la
loi a prévu des protections légales qui créent pour l’entreprise commerciale des
obligations diverses émanant de la nécessité d’informer correctement tous ceux
qui peuvent avoir des relations commerciales avec elle, les particuliers,
l’administration et la justice.

Si l’immatriculation de l’entreprise au niveau de divers organismes dont


notamment au niveau du registre de commerce et autres fait partie des
obligations de publicité légale obligatoire (I), il en va aussi pour les obligations
comptables par la tenue d’une comptabilité appropriée conforme aux exigences
légales (II) sans oublier d’autres obligations (III) qui sont elles aussi d’une
importance capitale tel que l’ouverture d’un compte bancaire.

I. Les obligations de publicité légale

Tout commerçant dans le cadre de l’exercice de son activité est en contact


permanant avec sa clientèle mais aussi avec les différentes administrations
publiques. Il devient donc nécessaire que ces derniers aient un minimum
d’informations concernant ce commerçant pour pouvoir pérenniser leurs
relations.

Ces obligations sont destinées à fournir aux tiers des informations sur
l’entreprise. Elles consistent en des formalités qui s’effectuent essentiellement
lors de la création de l’entreprise, mais aussi au cours de sa vie, si certains
éléments initialement fournis sont modifiés.

A. Le registre de commerce

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La publicité a pour objet de faire connaître aux tiers l’identité du


commerçant, à son domaine d’activité. Elle se fait principalement par une
inscription au registre du commerce. Il est public et toute personne intéressée
peut le consulter.

Le registre du commerce est un service du greffe du tribunal de commerce qui


regroupe certains renseignements concernant les commerçants individuels et les
sociétés. Son organisation repose sur une structure qui comprend l’ensemble du
territoire national et qui étend la portée de sa publicité sur toutes les entreprises
qui y sont installées. Il est au cœur du droit commercial vu qu’il est un passage
obligé pour intégrer le monde des affaires.

Le registre de commerce peut être défini comme étant le registre qui regroupe
différentes informations légales auxquelles sont tenus les commerçants (qu’il
s’agisse des personnes morales ou des personnes physiques). Il s’agit en quelque
sorte du casier judiciaire du droit des affaires, qui reçoit et diffuse certaines
informations légales. Son rôle est d’informer les différents protagonistes du
monde des affaires sur la situation des commerçants. Ces informations sont
traitées afin d’être fiable sur la base des déclarations du commerçant tout au long
de la vie de l’entreprise, que ça soit au niveau de l’immatriculation (1), qu’il
s’agisse de déclaration modificatives (2) ou de déclarations de radiation (3).

1. Les déclarations au niveau du registre de commerce

Le registre de commerce est alimenté par les déclarations imposés aux


assujettis conformément aux lois en vigueur. Ces déclarations ont pour finalité :

o L’immatriculation (a) ;
o La modification (b) et ;
o La radiation (c).

a) La déclaration aux fins d’immatriculation.

La déclaration d’inscription au registre de commerce est d’une importance


capitale vu qu’elle confère une présomption de commercialité aux personnes
physiques et la personnalité morale aux sociétés.

De ce fait, tout nouveau commerçant doit fournir des renseignements qui


concernent :

▪ La situation juridique du futur commerçant, son état civil, sa forme

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juridique, sa durée, l’identité des dirigeants pour les sociétés ;


▪ L’origine du fonds de commerce, l’enseigne, l’identité des fondés de
pouvoirs ;
▪ L’objet de la société
▪ L’adresse du lieu d’exploitation, du siège social, des succursales ;
▪ Le montant du capital social, la forme juridique de la société ;
▪ La nature de l’activité.

En conséquence à cela, un numéro d’immatriculation au registre de commerce


est attribué à l’entreprise.

L’inscription au registre de commerce a des conséquences juridiques :

✓ Le numéro d’inscription au registre de commerce doit être mentionné sur


tous les documents de l’entreprise : facture, lettres, publicité… afin que
les tiers le connaissant puissent obtenir du registre de commerce les
renseignements qui leurs sont utiles.
✓ Les sociétés ont la personnalité morale à dater de leur inscription au
registre de commerce.

En dernier il y a lieu de signaler que les personnes assujetties à


l’immatriculation, ou leurs mandataires, encourent une amende de 1.000,00 à
5.000,00 MAD s’ils ne remettent pas la déclaration d’immatriculation ou
d’inscription à l’expiration du délai d’un mois à compter de la mise en demeure
adressée par l’administration, et une peine d’emprisonnement d’un mois à un an
(en plus de l’amende) si l’indication inexacte en vue de l’immatriculation ou de
l’inscription au registre du commerce est donnée de mauvaise foi.

b) Les déclarations modificatives.

Le principe général de fonctionnement du registre de commerce est qu’il


est déclaratif. En conséquence, c’est au commerçant qu’incombe toute
modification, survenant dans les caractères de l’entreprise10.

Cette modification doit donner lieu à une déclaration modificative au niveau du


registre de commerce, il s’agira par exemple du changement de gérant d’une

10
Article 50 du code de commerce dispose : « Tout changement ou modification se rapportant aux faits dont
l'inscription sur le registre du commerce est prescrite par les articles 42 à 48 doit faire l'objet d'une demande
d'inscription modificative. »

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SARL, le changement de siège social, etc….

c) Les déclarations de radiation.

Il en va de même pour la déclaration de radiation qui est également déclarative.


Elle consiste à rayer l’immatriculation du commerçant du registre de commerce.

Toute entreprise cessant son activité doit demander sa radiation du registre de


commerce dans le mois qui suit la cessation d’activité ou la liquidation.

La radiation peut être requise par le commerçant, par ses héritiers, par le
liquidateur, par les gérants ou les membres des organes d'administration, de
direction ou de gestion de la société en fonction au moment de sa dissolution.

2. Structure du registre de commerce

Le registre du commerce est constitué par des registres locaux (a) et un registre central
(b).
a) Le registre local

Le registre local est tenu par le secrétariat-greffe du tribunal compétent. Toute


inscription au registre du commerce d’un nom de commerçant ou d’une dénomination
commerciale doit être effectuée au secrétariat-greffe du tribunal du lieu de situation de
l’établissement principal du commerçant ou du siège de la société.

b) Le registre central

Le registre central est destiné à centraliser, pour l’ensemble du royaume, les


renseignements mentionnés dans les divers registres locaux, à délivrer les certificats
relatifs aux inscriptions qui y sont portées. Ce registre est tenu par l’Office Marocain de
la Propriété Industrielle et Commerciale (l’OMPIC).

B. Les autres obligations de publicité

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1. Information des organismes sociaux

L’entreprise doit s’affilier aux différents régimes de la sécurité sociale :

➢ Régime général pour les salariés de l’entreprise ;


➢ Régime de retraite.

2. Information des services fiscaux

Le commerçant doit se faire connaître de l’administration fiscale pour payer les


impôts directs et indirects. Au cours de la vie de l’entreprise, il devra informer
le centre des impôts de toute modification des caractères de l’entreprise qui le
concerne (changement de siège social, de forme juridique, par exemple), et de
sa volonté de modifier son régime d’imposition.

II. Les obligations comptables

L’entreprise commerciale doit tenir une comptabilité conformément aux


règles énoncées par la loi comptable11 mais aussi au niveau du code de
commerce dont notamment les articles 19 à 26. Ces dispositions imposent la
tenue de certains livres comptables et des procédures d’enregistrement et de
contrôle.

A. Objet et justification de l’obligation comptable

Le lien de cette réglementation avec le respect des obligations fiscales des


entreprises donne à l’obligation de comptabilité une tournure technique stricte
en rapport avec les intérêts qu’elle comporte. A travers l’article 1er de la loi n°9-
88, il apparait clairement que les commerçants doivent procéder à
l’enregistrement comptable des mouvements affectant le passif et l’actif de
l’entreprise commerciale. Ces mouvements doivent être inscrits
chronologiquement opération par opération et ce, de manière journalière.

Sur le plan fiscal, la comptabilité est directement utilisée pour déterminer


l’assiette des impôts et le montant de la redevance.

B. Les supports comptables

11
La loi n° 9-88 relative aux obligations comptables des commerçants publiée au Bulletin officiel du 30 décembre
1992, telle que modifiée et complétée par la loi n° 44-03 ;

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1. Les livres comptables obligatoires

Trois livres doivent obligatoirement être tenus par les commerçants :

➢ Le livre journal sert à enregistrer toutes les opérations effectuées par


l’entreprise au jour le jour.
➢ Le grand livre permet de classer méthodiquement dans des comptes
ouverts les écritures portées chronologiquement au livre journal.
➢ Le livre inventaire sur lequel on reporte chaque année l’inventaire, le
bilan le compte de résultat et l’annexe.

2. Tenue des livres de commerce

Le livre journal et le livre d’inventaire doivent être tenus chronologiquement,


sans blanc, ni altération. Ils doivent être cotés et paraphés par le greffier du
tribunal de première instance. Ces précautions permettent d’éviter des
modifications frauduleuses de comptabilité qui pourraient être faites soit pour
tromper le fisc, soit pour tromper la justice, les livres comptables servant de
preuve aux commerçants.

3. Les documents de synthèse

A partir de ses livres comptables, l’entreprise doit établir des documents annuels
à la fin de son exercice. Ces documents comprennent le bilan, le compte de
résultat et une annexe.
➢ Le bilan : il décrit séparément les éléments actifs et passifs de l’entreprise,
et fait apparaître, de façon distincte, les capitaux propres.
➢ Le compte de résultat : il récapitule les produits et les charges de
l’exercice et permet donc, par différence, de déterminer le résultat de
l’exercice.
➢ L’annexe : elle complète et commente les informations fournies par le
bilan et le compte de résultat.

En dernier, il y a lieu de préciser que la comptabilité est d’une importance


capitale dans les procès ; elle est admise par le juge pour faire preuve entre
commerçants à raison des faits de commerce. En cas de litige entre commerçants
à propos de leurs affaires commerciales, chacun peut invoquer ses propres
documents comptables pour faire preuve contre l’autre.

De plus, il y a lieu de préciser que tout commerçant doit conserver les documents
comptables et de la correspondance pendant 10 ans, car ce sont des moyens de
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preuve valables en droit commercial et ce, en application de l’article 211 du


code général des impôts.

III. Obligations fonctionnelles

A. L’obligation d’ouverture d’un compte bancaire

Tout commerçant doit obligatoirement utiliser un compte-chèques pour


recevoir ou effectuer certains payements. En effet, les règlement importants
(supérieur à 20.000,00 MAD) doivent légalement être payés par chèque. Cela
permet à l’administration fiscale d’opérer un contrôle plus sûr que si les
règlements étaient réalisés en espèces.

Le commerçant a l’obligation d’ouvrir un compte dans un établissement


bancaire ou dans un centre de chèques postaux et ce conformément à l’article
18 du code de commerce qui dispose : « Tout commerçant, pour les besoins de
son commerce, a l'obligation d'ouvrir un compte dans un établissement
bancaire ou dans un centre de chèques postaux. »

B. Obligations de mentionner le numéro et le lieu d’immatriculation

Les commerçants sont tenus de mentionner dans les factures, lettres, bons
de commande, tarifs, prospectus et autres papiers de commerce destinés aux
tiers, le numéro et le lieu de son immatriculation au registre.

A défaut de mentionner ces données, une amende de 1.000,00 à 5.000,00 MAD


peut être prononcée lorsque les commerçants ne mentionnent pas sur les papiers
commerciaux le numéro et le lieu d’immatriculation de commerce. L’amende
est prononcée par le tribunal dans le ressort duquel se trouve l’intéressé. La
même sanction peut être prononcée lorsque les commerçants de mauvaise foi
insèrent dans les papiers de commerce des fausses indications.

C. Obligations fiscales

En sus, de ces obligations, l’entreprise commerciale doit s’acquitter de plusieurs


types d’impôts sur les bénéfices (IS, IR) ; la patente ; la TVA.

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IV : La notion de fonds de commerce

L’activité commerciale de l’entreprise donne aux biens exploités par ses


soins une plus grande valeur juridique et économique. Le fonds de commerce est
inéluctablement le principal socle de toute activité commerciale.
Cette notion de fonds de commerce est née de sa pratique. Au XIX ème siècle, le
fonds de commerce est apparu sous une double nécessité, d’une part avec
l’émergence du capitalisme, les commerçants souhaitaient pouvoir protéger leur
clientèle contre les attaques des concurrents, donner à celle-ci la plus grande
stabilité possible et, d’autre part en vue protéger les investissements intellectuels
et financiers réalisés.
Une reconnaissance du fonds de commerce permettait au commerçant de soutenir
que son exploitation avait une valeur supérieure à la simple somme du prix de ses
éléments constitutifs originairement composé que de ces éléments corporels.
Au Maroc le fonds de commerce et régit par loi n°15-95 formant le code de
commerce modifié et complété par la loi n°49-16 relative aux baux d’immeubles
ou de locaux loués à usage commercial, industriel et artisanal.

I. La nature juridique du fonds de commerce


Le fonds de commerce est un bien meuble incorporel composé d’un certain
nombre d’éléments servant à son exploitation. Ces éléments sont tous des biens
meubles, mais plusieurs d’entre eux sont des meubles corporels. Cependant, le
législateur n’attache pas d’importance aux éléments qui composent le fonds car il
n’a déterminé ces éléments qu’en vue de l’exercice des privilèges du vendeur du
fonds et du créancier nanti. En effet, ces biens sont réunis dans la même main en
vue de l’exploitation du fonds. C’est leur union qui donne au commerçant la
possibilité de retenir une clientèle. Or, la clientèle n’a pas de réalité physique et
représente un bien incorporel.

Dès lors, le fonds de commerce –faute de caractère corporel de la clientèle – est


un meuble incorporel. C’est aussi un meuble singulier puisque son transfert donne
lieu à publicité.
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A. Les différentes qualifications proposées

Dans le cadre des qualifications proposées pour le fonds de commerce, la


doctrine en a avancé la théorie de l’universalité de droit (1), la théorie de
l’universalité de fait (2) et la théorie de la propriété incorporelle (3).

1. La théorie de l’universalité de droit

L’universalité de droit désigne le patrimoine. Le patrimoine étant l’ensemble


des droits et obligations appartenant à une personne. Cette théorie désigne donc
un ensemble de biens formant un actif et un passif corrélatif au sein duquel
fonctionne la subrogation réelle.
Analyser le fonds de commerce en universalité de droit revient donc à considérer
qu’il constitue un patrimoine autonome appelé patrimoine d’affectation.
Si l’on adopte cette théorie, cela signifie que le fonds de commerce serait
composé des éléments corporels et incorporels affectés à l’exploitation, mais
aussi des créances et dettes qui s’y rattachent et rien ne s’opposerait alors à y
inclure tous les immeubles attachés à l’exploitation du fonds de commerce.

2. La théorie de l’universalité de fait


Dans le cadre de cette théorie, le fonds de commerce est à la fois caractérisé
par son unité mais aussi par sa subsistance et ce, malgré les modifications
affectant sa composition.
D’une part, sa valeur ne corresponds généralement pas à la somme de la valeur
des éléments qui le composent. D’autre part, le stock des marchandises s’épuise
pour être renouvelé, le matériel d’exploitation peut être remplacé, le bail peut à
son tour être renouvelé et ainsi de suite, mais il est important de signaler que le
fonds de commerce conserve son identité. Ceci peut être illustré par le fait que
le vendeur du fonds conserve son privilège, le créancier conserve son
nantissement et malgré le fait que ces modifications aient affecté la composition
du fonds.
Ainsi, il n’existe pas de créanciers dont le gage soit restreint au fonds de
commerce et aucune préférence n’est accordée aux créanciers commerciaux par
rapport aux créanciers civils. Ces derniers peuvent faire vendre le fonds de
commerce pour obtenir le recouvrement de leurs créances autant que les
créanciers commerciaux.

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Pour conclure, le fonds de commerce n’est pas une universalité juridique,


puisque les créances et dettes relatives au fonds ne sont pas isolées du
patrimoine de l’exploitant, elles s’incorporent aux autres créances et dettes de
ce dernier.

3. La théorie de la propriété incorporelle

Certains auteurs dont le professeur Ripert estimait que fonds de commerce était
un véritable droit à la clientèle, de sorte qu’il constituerait un droit d la propriété
incorporelle analogue comme celui dont dispose l’inventeur à son brevet.

Il serait donc considéré qu’à l’instar de l’action en contrefaçon protégeant le


titulaire d’un droit de propriété intellectuelle. Un titulaire d’un fonds de
commerce disposerait d’une action en concurrence déloyale pour protéger son
droit à la clientèle.12

B. La qualification retenue

Après avoir passé en revue les théories relatives au fonds de commerce, ce dernier
peut être qualifié comme étant un bien autonome (1), de nature mobilière (2) et
incorporel (3).

1. Le fonds de commerce est un bien autonome


Le fonds de commerce est composé de différents éléments, il a une valeur
autonome puis qu’elle n’est pas le résultat des biens qui e composent. Cette
autonomie est due à la destination commune qui est l’affectation de divers
éléments à une seule activité.

2. Le fonds de commerce est un bien meuble


La jurisprudence et la doctrine s’accordent à dire que le fonds de commerce
est un bien mobilier et ce, pour deux raisons essentielles. En premier, le fonds de
commerce est composé que de biens mobiliers à l’exclusion des bien immobiliers.

12
G. RIPERT, les aspects juridiques du capitalisme contemporain, LGDJ, 2 ème édition, 2001, n°86 ;

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La deuxième raison est que la catégorie des biens immeubles tels que définis au
niveau du droit civil est fermée et que le fonds de commerce n’en fait pas partie.
3. Le fonds de commerce est bien incorporel
Même si le fonds de commerce est composé d’éléments corporels et incorporels,
il est lui-même incorporel vu qu’il est une valeur qui existe compte du lien entre
les différents éléments mis en commun par le commerçant afin de conquérir une
clientèle. Cette valeur n’a pas son siège dans une chose corporelle mais dans
l’affectation commune qui a été faite des différents biens chose qui laisse à dire
qu’elle est incorporelle par essence.

II. Les éléments constitutifs du fonds de commerce

Après avoir vu la nature juridique du fonds de commerce, il y a lieu de


s’attacher sur les éléments constitutifs de ce dernier.
La réponse est donnée par l’article 79 de la loi n°15-95 formant code de
commerce modifié et complété par la loi La loi n° 49-16, du 11 août 2016 définit
« le fonds de commerce comme un bien meuble incorporel constitué par
l'ensemble de biens mobiliers affectés à l'exercice d'une ou de plusieurs activités
commerciales ».
A la lecture de cet article, il apparait clairement que le fonds de commerce doit
comprendre obligatoirement la clientèle et l’achalandage, en plus de tous les
éléments nécessaires à l’exploitation du fonds tel que nom commercial,
l’enseigne, le mobilier commercial, les marchandises, le matériel et l'outillage,
les brevets d'invention, les licences, les marques de fabrique, de commerce et de
service, les dessins et modèles industriels et, généralement, tous droits de
propriété industrielle, littéraire ou artistique qui y sont attachés, et ce,
conformément à l’article 80 du code de commerce qui dispose ce qui suit :« Il
comprend aussi, tous autres biens nécessaires à l’exploitation du fonds tels que
le nom commercial, l’enseigne, le droit au bail, le mobilier commercial, les
marchandises, le matériel et l’outillage, les brevets d’invention, les licences, les
marques de fabrique, de commerce et de service, la dessins et modèles
industriels et, généralement, tous droits de propriété industrielle, littéraire ou
artistique qui y sont attachés ».

C. Les éléments corporels

Les éléments corporels se répartissent en deux catégories principales à savoir

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le matériel et outillage (1) et les marchandises (2).

1. Matériel et outillage :

C’est l’ensemble des biens mobiliers corporels qui servent durablement à


l’exploitation et qui de ce fait présentent une stabilité réelle : outillage industriel,
matériel d’équipement, meubles de bureaux, mobiliers…
2. Les marchandises :

Ce sont les matières premières destinées à être transformées ou les produits et


biens, destinés à la vente, en raison de leur instabilité, elles ne sont pas
comprises dans le nantissement du fonds de commerce.
D. Les éléments incorporels

Les éléments incorporels confèrent au fonds de commerce l’essentiel de sa


valeur. On y trouve : la clientèle et l’achalandage, le nom commercial et
l’enseigne, le droit au bail commercial et les droits de propriété industrielle.

1. La clientèle :
D’après l’article 80 du code de commerce cite expressément la clientèle
comme un élément obligatoire du fonds de commerce.
La clientèle et constituée par les clients permanents et fidèles de l’entreprise qui
sont attirés par les qualités personnelles du commerçant. Tout d’abord la
clientèle doit être aussi réelle et personnelle : il faut qu’elle soit au titulaire du
fonds de commerce et qu’elle lui soit rattachée en propre.
2. L’achalandage :

L’achalandage concerne les clients de passage, attirés par la situation du fonds


de commerce et qui n’y effectuent que des achats occasionnels.
On utilise le terme de clientèle pour viser l’ensemble de ceux qui
s’approvisionnement habituellement ou occasionnellement auprès d’un
commerçant déterminé.

3. Le nom commercial :
Le nom commercial sert à identifier le fonds de commerce. C’est

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l’appellation sous laquelle le commerçant personne physique ou morale exerce


son activité, est un moyen de ralliement de la clientèle. Il peut être un nom
patronymique, d’un nom de fantaisie, celui de d’exploitant individuel ou celui
d’un ou plusieurs associés incorporés dans la dénomination sociale de la société.
4. L’enseigne :

Comme le nom commercial, l’enseigne sert à désigner le commerce et constitue


un signe extérieur qui permet d’individualiser l’établissement, le magasin. Il
peut être le nom patronymique du commerçant, une dénomination de fantaisie
ou un emblème.
L’enseigne comme le nom commercial, peut être cédée avec le fonds de
commerce.

5. Le droit au bail

Lorsque le propriétaire du fonds de commerce est locataire d’un bien


immeuble dans lequel il exerce son activité, il est titulaire d’un droit qu’on
nomme « Droit au bail ». Il s’agit d’un élément incorporel du fonds de
commerce. Ce dernier fera l’objet d’une étude spécifique au niveau du chapitre
relatif aux baux commerciaux.

6. Les droits de la propriété industrielle :

La Propriété Industrielle est une composante de la Propriété Intellectuelle qui


désigne les œuvres de l’esprit. Elle permet la protection et la valorisation des
inventions, des innovations et des créations.

La propriété intellectuelle comporte deux volets :

➢ La propriété industrielle, qui comprend les Brevets d’invention, les


marques, les dessins et modèles industriels, et les indications
géographiques.
➢ Le droit d’auteur, qui s’applique aux œuvres littéraires telles que romans,
poèmes et pièces de théâtre, aux films, aux œuvres musicales, aux œuvres
artistiques telles que dessins, peintures, photographies et sculptures et aux
œuvres d’architecture.

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Les droits de propriété intellectuelle sont des droits de propriété comme les
autres : ils permettent au créateur ou au propriétaire, d’un brevet, d’une marque
ou d’une œuvre protégée par le droit d’auteur de tirer profit de son travail ou de
son investissement.

Les droits de propriété intellectuelle récompensent la créativité et l’effort


humain, qui sont le moteur du progrès de l’humanité.

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V : Les opérations juridiques portant sur


le fonds de commerce

Exploiter un fonds de commerce, c’est essayer de tirer de la réunion de ces


différents éléments constitutifs un profit croissant grâce à la vente de marchandise
ou à la fourniture de services auprès d’une clientèle retenue, attirée et développée
selon des procèdes commerciaux loyaux.
A cet effet, il y a lieu de préciser que plusieurs opérations peuvent porter sur le
fonds de commerce tel que la vente de ce dernier par son propriétaire (II) tout
comme il peut le nantir en vue de garantir un prêt (III).
Tout comme il est important de signaler que l’exploitation de fonds de commerce
peut se faire de deux manières à savoir :
• Le propriétaire exploite directement son fonds, dans ce cas le propriétaire
(personne physique ou morale) du fonds de commerce prend
personnellement en main l’ensemble des opérations d’exploitation ;

• Soit il confie l’exploitation à un tiers à travers un contrat de location-


gérance (I).

I. La formation du contrat de location-gérance :

Les intérêts que représente le contrat de location-gérance ne sont plus à


démontrer. D’un côté, la conclusion de ce type de contrat permet de conserver la
propriété d’un fonds de commerce sans avoir à l’exploiter soi-même. D’un autre
côté, il permet au locataire d’exploiter le fonds de commerce sans être dans une
situation de subordination salariale lui permettant d’en tirer des revenus sans avoir
à faire un investissement important.
La location gérance est une formule contractuelle selon laquelle le propriétaire
d’un fonds de commerce donne ce dernier en location à une autre personne dite
locataire gérant qui l’exploite à ses risques et périls moyennant une redevance.
Elle est différente du bail commercial car il porte sur le fonds même et sur

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l’immeuble où le fonds est exploité. Elle est différente aussi de la gérance salariée
compte tenu des conditions qui l’encadrent (A), de ses effets (B) mais aussi du
fait de ses modalités de résiliation (C).

A. Les conditions de formation du contrat de location gérance :


Le contrat de location gérance obéit aux règles de fond et de forme générales
à tous les contrats. Les conditions particulières sont :
➢ Le propriétaire du fonds doit être commerçant pendant 7 années au moins,
ou avoir exercé pendant la même durée les fonctions de gérant salarié ou
de directeur commercial ou technique. En plus il doit avoir exploité le fonds
de commerce mis en gérance pendant 2 années.

➢ Le locataire doit avoir la capacité commerciale.

➢ La gérance libre doit être constatée par un écrit.

Cet acte doit être publié dans la quinzaine de sa date sous forme d’extrait au
bulletin officiel et dans un journal d’annonces légales.
Jusqu’à la publication du contrat de la gérance libre et pendant une période de 6
mois suivant la date de cette publication le bailleur du fonds est solidairement
responsable avec le gérant libre des dettes contractées par ce dernier à l’occasion
de l’exploitation par ce dernier à l’occasion de l’exploitation du fonds.

B. Les effets sur les parties :


Pendant la durée du contrat de location-gérance, les effets de ce dernier sur
les parties différent selon la situation de chacune d’elles. Le contrat produira des
effets à l’égard du gérant (1), du bailleur propriétaire du fonds de commerce (2)
mais aussi à l’égard des tiers (3).

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1. Les effets sur le gérant :

A la signature du contrat de location-gérance, le locataire est tenu d’une


série d’obligations vis-à-vis de son bailleur tout comme il devra respecter les
règles générales relatives au respect des obligations légales lui incombant à
savoir :
• Le gérant a la qualité de commerçant et il est soumis à toutes les obligations
qui en découlent ;

• Tous les biens composant le fonds doivent être laisser à la disposition de


gérant ;

• Le gérant doit verser au propriétaire un loyer ou une redevance ;

• Le gérant est tenu de continuer les contrats de travail qui avaient été conclu
par le bailleur.

2. Les conséquences sur la tête du bailleur de fonds :

Quant au loueur, il doit à tour respecter certaines obligations à savoir :


• Délivrer au gérant la jouissance de tous les éléments du fonds dont il est
titulaire.
• Il est tenu soit de se faire radier du registre de commerce soit de faire
modifier son inscription personnelle avec la mention expresse de la mise en
gérance libre
• Il ne doit pas troubler le gérant dans sa jouissance et en particulier ne pas
enfreindre la clause de non-rétablissement.

3. Les effets sur les tiers

La location-gérance fait courir un grave danger à ceux qui du fait de


l’exploitation du fonds, deviennent créanciers de locataire gérant. Ces personnes

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peuvent croire, en toute bonne foi, que le débiteur est propriétaire du fonds et se
fier à une solvabilité trompeuse.
A cet effet, quatre mesures protectrices ont été décidées par le législateur :
• Sous peine d’une amende de 2 000,00 à 10 000,00 MAD, le locataire gérant
est tenu d’indiquer sur tous les documents relatifs à son activité commerciale, son
numéro d’immatriculation au registre de commerce et le siège de tribunal où il est
immatriculé et sa qualité de gérant.
• Au moment de la location-gérance, les dettes de loueur de fonds afférentes
à l’exploitation de fonds peuvent être déclarées immédiatement exigible par le
tribunal de commerce.
• Jusqu’à la publication du contrat de location gérance et pendant un délai de
six mois à compter de cette publication, le loueur de fonds est solidairement
responsable avec le gérant des dettes contractées par celui-ci à l’occasion de
l’exploitation de fonds.

C. Fin de contrat de location-gérance

A l’expiration du contrat, les relations des parties ne prennent pas forcément


fin. Il est vrai que la location-gérance peut prendre fin notamment par l’arrivée du
terme contractuellement fixe ou à la suite de jeu d’une clause résolutoire ou d’une
demande de résiliation judiciaire pour inexécution des obligations ou encore à la
suite de décès de gérant.
Contrairement à ce qui se passe au niveau du contrat de bail, le locataire ne dispose
pas d’un droit au renouvellement et ne peut pas prétendre au paiement d’une
indemnité d’éviction. Mais il demeure important d’ajouter que même si le contrat
arrive à terme, il est toujours possible de le reconduire que ce soit dans le cas ou
il y aurait insertion d’une clause de reconduction tacite.

II. La vente du fonds de commerce

La vente du fonds de commerce appelée en pratique « Cession du fonds de


commerce » est un acte important pour les parties mais aussi pour les tiers à la
cession et plus particulièrement pour les créanciers du cédant.
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Le fonds de commerce étant souvent le seul bien important du commerçant, sa


vente clandestine ou rapide priverait les créanciers de leur gage. Le législateur a
donc organisé les conditions de la vente du fonds de commerce (A) et la protection
des créanciers du cédant (B).
Semblable transfert suscite également l’inquiétude du vendeur et de l’acheteur.
C’est pourquoi le législateur s’est également préoccupé de l’acquéreur en exigeant
que le contrat contienne certaines mentions de nature à éclairer ce dernier sur la
valeur du fonds et a accordé au vendeur des garanties contre une éventuelle
insolvabilité de l’acquéreur de son fonds.

A. Les conditions de vente du fonds de commerce


A la vente du fonds de commerce est un acte de commerce à raison de l’objet
du contrat. Pour ce qui est des conditions de formation du contrat, à savoir des
conditions de fonds (1), de forme (2), l’importance qu’occupe la publicité comme
condition nécessaire afférente à la vente (3).
1. Les conditions de fonds

De prime abord, il est important de préciser que l’achat et la vente de fonds


de commerce étant des actes de commerce tel que vu plus haut, il demeure
important que le vendeur et l’acheteur soient des commerçants pour contracter
valablement.
De plus, les conditions de fonds relatives à la vente d’un fonds de commerce sont
tirées du droit commun des obligations (Dahir formant code des Obligations et
contrats) à savoir : le consentement, la capacité (a), l’objet (b) et la cause (c).
Il est clair que tel qu’appliqué au D.O.C, le vice du consentement peut résulter de
l’erreur (d), du dol (e) ou de la violence.
a. La capacité

La capacité s’apprécie du côté du vendeur et de l’acheteur. L’acquéreur va


devenir commerçant et une personne qui n’a pas la capacité de faire le commerce
ne peut donc pas acquérir un fonds (une personne déchue par exemple).

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Concernant la vente ou l’achat d’un fonds de commerce par un mineur, ces deux
opérations doivent obéir aux conditions posées par l’article 14 du Code de
commerce.
b. L’objet

Parmi les spécificités de la vente d’un fonds de commerce « l’objet » car de


deux éléments importants à savoir le fonds et le prix.
La chose cédée est un fonds de commerce. Le Code de commerce ne détermine
pas les éléments obligatoirement compris dans le fonds de commerce, mais
lorsqu’ils existent, ils doivent être mentionnés avec leur prix d’acquisition.
Le vendeur ne peut prétendre vendre un fonds de commerce s’il exclut l’élément
principal qui retient la clientèle.
La cession du bail peut être cet élément. Cependant, le vendeur n’est pas obligé
de consentir un bail à l’acquéreur si le local était sa propriété. C’est pourquoi
l’article 81 n’envisage le droit au bail que s’il existe.
Il résulte de la négociation entre les parties. Le prix peut être global, mais s’il n’est
pas payé au comptant, il faut – pour la conservation du privilège du vendeur –
fixer trois prix différents pour les éléments incorporels, pour le matériel et pour
les marchandises.
Le prix suscite des difficultés au regard de son caractère sincère. La dissimulation
d’une partie du prix est pratiquée dans les ventes de fonds, tant pour diminuer le
montant des droits de mutation que pour soustraire une partie du prix aux
créanciers d’un vendeur insolvable.
Pour éviter cette dissimulation, le dahir du 24 décembre 1958 formant Code de
l’enregistrement, applicable à la vente du fonds de commerce comme à celle des
immeubles, sanctionne la dissimulation du prix par la nullité de la contre-lettre17
et la vente reste valable. Ainsi, le vendeur ne peut réclamer le complément du prix
et l’acquéreur qui a payé une partie du prix dissimulé ne peut se le faire restituer.
Par ailleurs, l’article 15 du dahir visé sanctionne toute dissimulation dans le prix
d’une amende représentant le ¼ de la somme dissimulée.
L’acquéreur qui est tenu de payer le prix au comptant doit attendre l’expiration
du délai donné aux créanciers des vendeurs pour faire opposition, car tout
paiement anticipé serait inopposable à ceux-ci (Article 89 du code de commerce).

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Le montant de la vente est donc déposé chez un intermédiaire (notaire ou agent


d’affaires) qui le conserve jusqu’à expiration du délai d’opposition (Article 81 du
code de commerce).
Lorsque le paiement du prix se fait à crédit, l’acquéreur peut régler le prix de vente
en signant des billets de fonds à échéances successives.
c. La cause

La cause est entendue comme le motif de la vente, c’est sa conformité à


l’ordre public et aux bonnes mœurs qui doit être vérifiée.
d. L’erreur

L’objet du contrat étant une propriété incorporelle, c’est à dire un droit de


clientèle, il est facile de se tromper ou de se laisser tromper sur l’importance de
cette clientèle. Ainsi, l’erreur sur la valeur du fonds est prise par le législateur qui
accorde une réduction du prix de vente lorsque des mentions sur l’acte de vente
sont inexactes et ce, conformément à l’article 82 du code de commerce.
e. Le dol

En cas de dol – au cas où une mention est inexacte ou inexistante, exemple


l’indication d’un nantissement – le même texte permet à l’acquéreur de demander
la nullité du contrat.
2. Les conditions de forme

La vente commerciale peut être prouvée par tous modes de preuve.


Cependant, l’article 81 impose l’insertion de certaines énonciations dans l’acte de
vente. Il en résulte que la rédaction d’un acte est indispensable pour la formation
du contrat.
En plus, l’écrit doit être dressé pour permettre la publicité et l’inscription de l’acte
au registre du commerce13. Il est également indispensable pour l’inscription du
privilège du vendeur, si le prix n’est pas payé au comptant (Article 91).

13
Article 81 du code de commerce dispose : « Toute vente ou cession de fonds de commerce ainsi que tout apport
en société ou toute attribution de fonds de commerce par partage ou licitation est constatée par acte en la forme

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C’est l’acte secret qui contient le prix dissimulé ou une reconnaissance de dette.
Cette disposition n’est pas sanctionnée par la nullité absolue qui est la sanction
d’une règle de forme. C’est une nullité relative car elle ne peut être demandée que
par l’acquéreur et dans le délai relativement court d’une année à compter de la
date de l’acte (Article 82).

3. Les conditions de publicité

Cette condition de publicité joue un rôle important dans le cadre de la


conclusion d’un contrat de vente d’un fonds de commerce en effectuant plusieurs
formalités (a). Elle a pour fonction principale la protection des créanciers du
cédant, assurée par la faculté qui lui est octroyée de faire opposition (b).
La vente intervient alors que les créanciers du vendeur ont des droits sur le
fonds de commerce en garantie du paiement de leur créance. Il en est ainsi du
vendeur précédent non encore payé et qui a fait inscrire son privilège, du banquier
qui a un nantissement sur le fonds de commerce pour garantie du prêt consenti au
vendeur, de la société de crédit-bail, etc.
a. Les formalités

Tous ces créanciers ont avantage à être informés de la cession. Ainsi, la


publicité de la vente du fonds de commerce est imposée par la loi pour protéger
les créanciers du vendeur, notamment ceux qui ne disposent d’aucune garantie de
leur créance, en leur permettant de faire opposition pour empêcher le vendeur de
toucher le prix.
- L’acte de vente doit d’abord être enregistré pour avoir date certaine ;
- Il doit ensuite être déposé dans les 15 jours de sa date au secrétariat-greffe
du tribunal dans le ressort duquel est situé le fonds de commerce ;

authentique ou sous seing privé. Le montant de la vente est déposé auprès d’une instance dûment habilitée à
conserver les dépôts.
Cet acte mentionne :
1) le nom du vendeur, la date et la nature de son acte d’acquisition, le prix de cette acquisition en spécifiant
distinctement les prix des éléments incorporels, des marchandises et du matériel ;
2) I' état des inscriptions des privilèges et nantissements pris sur le fonds ;
3) s'il y a lieu, le bail, sa date, sa durée, le montant du loyer actuel, le nom et l’adresse du bailleur;
4) I' origine de la propriété du fonds de commerce. »

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- L’acte est inscrit sous forme d’extrait au registre du commerce par le


secrétaire- greffier. L’extrait contient la date de l’acte, les noms, prénoms et
domiciles de l’ancien et du nouveau propriétaire, la nature et le siège du fonds, le
prix stipulé, l’indication et le siège des succursales qui peuvent être comprises
dans la vente, l’indication du délai pour les oppositions et une élection de domicile
dans le ressort du tribunal ;
- L’extrait est publié en entier et sans délai par le secrétaire-greffier, aux frais
des parties, au bulletin officiel et dans un journal d’annonces légales ;
- Une seconde insertion a lieu, à la diligence de l’acquéreur, entre le 8ème et
15ème jour après la première insertion. (Article 83).
Pendant les 30 jours suivant la seconde insertion, une expédition ou une copie de
l’acte de vente est tenue au secrétariat-greffe du tribunal qui a reçu l’acte, à la
disposition de tout créancier opposant ou inscrit (Article 93).
En prenant communication de l’acte de vente et des oppositions, tous les
créanciers inscrits ou qui ont fait opposition ont le droit de demander que le fonds
soit vendu en justice sur leur surenchère (Article 94).
L’absence ou l’irrégularité de la publicité n’a pas d’influence sur la validité de la
vente et le transfert de propriété. Mais elle comporte une sanction très efficace
édictée par l’article 89. En effet, l’acquéreur qui paie son vendeur sans avoir
effectué les publications prescrites, ou avant l’expiration du délai de 15 jours
ouvert aux créanciers pour faire opposition, n’est pas libéré à l’égard des tiers. Il
sera donc obligé de verser une seconde fois le prix de vente.

b. Opposition et surenchère des créances

Les créanciers du vendeur ont un droit exceptionnel. Lorsqu’ils sont avertis


par la publicité, ils possèdent un double droit :
- Faire opposition pour empêcher le vendeur de toucher le prix (Article 84) ;
- Faire une surenchère du 1/6 du prix s’ils estiment que le fonds a été vendu
à un prix trop bas (Article 94).

❖ L’opposition

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➢ Elle ne confère aucun privilège aux premiers opposants ;


➢ Elle leur permet de demander au juge des référés de séquestrer la partie du
prix correspondant à leur créance ;
➢ Elle peut déboucher sur la surenchère ;
➢ Deux exigences doivent être satisfaites : de forme et de délai (Article 84) ;
➢ Tout créancier du vendeur, que sa créance soit civile ou commerciale,
qu’elle soit exigible ou non peut faire opposition au prix de vente ;
➢ Par le biais de l’opposition, la loi a entendu protéger spécialement les
créanciers chirographaires ;
➢ Une restriction concerne le bailleur qui peut faire opposition pour les loyers
échus, mais non pour les loyers en cours ou à échoir, nonobstant toute
stipulation contraire ;
➢ Les créanciers peuvent faire opposition dès qu’ils ont connaissance de la
vente par la première publicité ;

❖ Effets de l’opposition

➢ L’acquéreur ne peut pas payer son prix au vendeur pendant le délai de 15


jours donné aux créanciers et tout paiement d’une partie ou de la totalité
qui sera fait par l’acquéreur est inopposable aux créanciers ;
➢ Le vendeur peut se pourvoir en référé dans un délai de 10 jours après le
délai fixé pour les oppositions, pour obtenir l’autorisation de toucher le prix
malgré l’opposition ;
➢ Le juge des référés accorde cette autorisation si l’acquéreur mis en cause
lui déclare formellement, et sous sa responsabilité personnelle, qu’il
n’existe pas d’autres créanciers opposants (article 87) ;
➢ Le vendeur doit verser au tribunal une somme suffisante pour répondre
éventuellement des causes de l’opposition (article 85) ;
➢ L’acheteur n’est pas libéré du prix à l’égard des autres créanciers opposants
antérieurs à l’ordonnance, s’il en existe (Article 87) ;
➢ En cas d’abus d’opposition, c’est à dire si l’opposition est faite sans titre et
sans cause, ou si elle est nulle en forme, le vendeur peut se pourvoir en
référé pour obtenir l’autorisation de toucher le prix malgré l’opposition.

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Mais le président du tribunal n’est compétent dans ce cas que s’il n’y a pas
instance engagée au principal (Article 88).

❖ La surenchère

L’existence du droit de surenchère a un caractère préventif, car le créancier


ne peut, en fait, surenchérir que s’il est disposé à acquérir e fonds de commerce et
s’il peut le faire. En effet, l’arme de surenchère est à double tranchant car si, lors
de la vente aucun surenchérisseur ne se présente, c’est le créancier ayant provoqué
la mise en vente qui sera déclaré acquéreur (Article 127).
Ce droit permet au créancier, ayant fait opposition, de demander la vente publique
du fonds avec une mise à prix supérieur de 1/6 du prix de la vente initiale ;
• Le matériel et les marchandises ne sont pas compris ;
• La surenchère se calcule uniquement sur la valeur des éléments incorporels
(Article 94) ;
• Ce droit protège les créanciers contre le concert frauduleux de l’acheteur et
du vendeur s’accordant sur un prix très bas, dont le montant est insuffisant
pour satisfaire les créanciers ;
4. Les effets de la vente du fonds de commerce

La vente du fonds de commerce va entrainer la naissance d’obligations tant


à la charge du vendeur (a), que de l’acquéreur (b).

a. Les obligations du vendeur

L’effet principal de la vente est le transfert de propriété. Le vendeur du


fonds de commerce, comme tout vendeur, est tenu de l’obligation qui consiste à
mettre entre les mains de l’acquéreur la fonds de commerce.
Outre l’obligation de délivrance du fonds, laquelle résulte de la publicité des
mutations, le vendeur a des obligations de garanties tel que :
• L’exactitude des mentions obligatoires ;
• La garantie du fait personnel – clause de non-rétablissement.

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Consiste à ne rien faire qui puisse troubler l’acquéreur dans l’exercice des droits
qui lui ont été transmis. Le vendeur a l’obligation de ne pas se rétablir dans des
conditions telles qu’il pourrait conserver une partie de son ancienne clientèle.
Il est cependant impossible de lui interdire toute activité commerciale. C’est
pourquoi il est nécessaire de déterminer l’étendue dans le temps et dans l’espace
de cette interdiction. Pour cela, les parties insèrent souvent dans le contrat une
clause de non-rétablissement qui est valable si elle est limitée dans un secteur
d’activité ou dans un espace ou dans le temps.
On peut y ajouter la garantie d’éviction qui interdit au vendeur d’entraver la
jouissance de l’acquéreur et, notamment, de vendre une seconde fois le même
fonds ou de le mettre en location.
La garantie des vices cachés qui existe dans toutes les ventes et il faut apprécier
le vice d’après la nature de la chose vendue.
L’objet de la vente étant les éléments de nature à retenir la clientèle, on ne saurait
retenir les vices affectant seulement un des éléments vendus, par exemple
l’outillage. Il faut que le vice caché soit de nature à diminuer la clientèle. Ainsi,
le prix serait-il réduit ou la vente résolue si le fonds est atteint d’un vice le rendant
impropre à l’usage auquel il était destiné : mesure administrative de fermeture,
connue du vendeur mais tue à l’acheteur par exemple.
b. Les obligations du vendeur

L’obligation principale de l’acquéreur est de payer le prix. En conséquence,


le législateur marocain a prévu un privilège au vendeur en accordant des
garanties pour le paiement du prix : il bénéficie d’un privilège sur le fonds et qui
suppose une formalité : son inscription dans les quinze jours de la vente et ce,
conformément à l’article 92 du code de commerce. En vertu de ce privilège, le
vendeur du fonds prime les créanciers de l’acquéreur ayant obtenu un
nantissement sur le fonds acheté. Que le fonds soit revendu par l’acheteur ou saisi
et vendu judiciairement par les créanciers nantis de ce dernier, le vendeur initial,
qui n’a pas été intégralement payé du prix, récupérera la valeur de sa créance sur
le prix de vente du fonds, et ce, avant les autres créanciers.
Mais le privilège ne porte pas indifféremment sur tous les éléments du fonds de
commerce. Le Code de commerce organise ce privilège par le sectionnement du
prix de vente en 3 parties. Le privilège couvre successivement la partie du prix
représentative des marchandises, puis celle afférente au matériel et enfin celle
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relative aux éléments incorporels (Article 91). Ainsi, le prix payé par l’acheteur
s’impute en premier sur les marchandises, en second lieu sur le matériel et en
troisième lieu sur les éléments incorporels. En fin de période de paiement, le
privilège ne joue donc plus que sur les éléments incorporels et si le fonds est vendu
judiciairement, ce n’est que sur la partie du prix représentative des éléments
incorporels que le privilège pourra être exercé.
Au privilège, s’ajoute, pour le vendeur impayé, une autre protection : la faculté
d’obtenir la résolution de la vente. Cette faculté est conditionnée par l’inscription
du privilège, publicité de nature à informer les tiers (Article 99).
Dès lors, si le débiteur ne paie pas aux échéances convenues et si le créancier –
vendeur du fonds – avait pris soin d’inscrire le privilège, il pourra solliciter la
résolution de la vente.
Pour éviter les délais inhérents à une action en justice, les contrats comportent
souvent une clause résolutoire.
La résolution emporte restitution du fonds et remboursement de la fraction du prix
payé. Cependant, l’action résolutoire ne peut être admise sans que les créanciers
ne soient avertis de son existence. Le Code de commerce a donc imposé sa
notification aux créanciers inscrits sur le fonds (Article 101). Cette notification
aux créanciers est également exigée en cas de résolution de plein droit résultant
d’une clause du contrat ou si le vendeur obtient de l’acquéreur la résolution à
l’amiable. La résolution encourue ou consentie ne deviendra définitive que 30
jours après la notification ainsi faite (Article 102).
En outre, l’action résolutoire doit être limitée, comme le privilège, aux seuls
éléments qui font partie de la vente (Article 99). Autrement dit, elle est limitée
aux seuls éléments sur lesquels porte encore un privilège.
Le vendeur est tenu de prendre tous les éléments du fonds de commerce qui font
partie de la vente, même ceux sur lesquels son privilège et son action sont éteints.
Quant aux éléments incorporels, la loi ne dit rien, mais il faut admettre que le
vendeur doit les reprendre au prix fixé par le contrat de vente même si leur valeur
a diminué.

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III. Le nantissement du fonds de commerce

Etant donné que le fonds de commerce est un bien distinct des éléments qui
le composent on peut alors imaginer une sûreté basée sur cet ensemble
garantissant ainsi le crédit à long et moyen terme consenti à l’entreprise. Cette
sûreté connaît un succès sans précédent vue la grande valeur du fonds qui
constitue un avantage pour le créancier.
Le nantissement est régi par des règles qui l’encadrent au niveau de sa constitution
à travers les conditions à respecter (A) tout comme il est important de connaitre
les conditions de forme et de publicité afférentes à la constitution du nantissement
(B).
A. Les conditions de constitution du nantissement

Le nantissement du fonds de commerce peut être conventionnel ou


judiciaire. Si la mise en place de chacun de ce type de nantissement est particulière
leurs effets sont en revanche identiques.
Le nantissement suppose au préalable la conclusion d’un contrat entre le
propriétaire du fonds et le banquier en général. C’est qu’il est important de
connaitre les conditions nécessaires à la constitution du nantissement.
Pour le débiteur nanti, les conditions à remplir sont fonction de la forme
juridique de la société. Les différents cas se présentent comme suit :

• SNC Le débiteur doit être propriétaire du fonds de commerce et l’accord


des associés est indispensable ;
• S.A : le Conseil d’Administration peut sous autorisation de l’assemblée
générale des actionnaires donner le fonds en nantissement autrement elle
n’est pas habilitée à le faire ;
• S.A.R.L : la gérance peut donner le fonds en nantissement.

Quant à la capacité de jouissance toute personne apte à exercer un commerce en


a droit.
Le législateur marocain n’a pas prévu une catégorie de créanciers auxquels on
peut consentir le nantissement la seule condition nécessaire et suffisante est
l’existence de la créance.
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B. Les conditions de forme et de publicité

Le nantissement doit être constaté par écrit authentique ou sous seing privé
à peine de nullité. Ce contrat doit contenir la date les noms et domiciles des parties
contractantes le montant de la créance avec fixation des intérêts.

1. Formalités de l’inscription :

L’acte doit être enregistré puis dépossédant la quinzaine de sa date au


secrétariat du tribunal de première instance territorialement compétent. Aussi une
inscription complémentaire est à effectuer à l’OMPIC au cas où le nantissement
porterait sur des droits de propriété industrielle.
2. Publicité du contrat de nantissement :

Le secrétaire greffier publie sans délai le contrat enregistré aux frais des parties
dans le bulletin officiel. Il est à noter que l’inscription conserve le privilège
pendant cinq ans renouvelables.

C. L’assiette du fonds de commerce

Pour la détermination de l’assiette du fonds de commerce, la sûreté peut


selon les énonciations de l’acte porter sur tout ou partie du fonds. Cependant des
garde-fous subsistent, pour cela nous avons essayé de classer les éléments
concernés dans le tableau ci-après.
Tout comme, des modifications ultérieures peuvent survenir pour lesquelles
trois cas de figures pourraient se présenter à savoir :
• Si le fonds s’agrandit d’un élément nouveau, c’est le cas par exemple
lorsque l’entrepreneur était propriétaire des locaux lors de la signature de l’acte
devient locataire ce qui fait apparaître un droit au bail. S’il était déjà prévu que
les éléments futurs feront partie du nantissement alors tel sera le cas.

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• Si la modification porte sur le contenu d’un élément c’est le cas lorsque le


matériel d’origine est remplacé par un autre le nantissement frappe alors l’élément
dans son nouveau contenu comme il le frappait dans l’ancien.
• Il arrive aussi qu’un élément dis paraisse complètement par la suite, la loi
accorde dans cette hypothèse une certaine précaution aux créanciers inscrits.
D. Les effets du nantissement
Le nantissement a pour conséquence de créer une sureté réelle au profit du
créancier nanti, qu’il soit fait à titre conventionnel ou judiciaire.
A cet effet, le créancier bénéficiaire dudit nantissement dispose d’un droit de
préférence (1) et d’un droit de suite (2).

1. Le droit de préférence

Le droit de préférence est le droit des créanciers nantis d’être payés sur le
prix de vente du fonds de commerce avant les autres créanciers en préférence à
ces derniers. C’est ainsi que ce type de créanciers sera payé avant les créanciers
chirographaires en priorité.
Le créancier nanti bénéficie d’un privilège qui le place au-dessus des autres
créanciers. En cas de pluralité des nantis les plus antérieurs passent avant les plus
récents et si jamais la date d’inscription s’avère commune ils se partagent
proportionnellement les prix. D’autre part la jurisprudence classe le créancier
nanti après le trésor le bailleur d’immeuble et les frais de justice mais avant les
salariés et la C N S S.
Mais tout ceci rentre dans le cadre de la mise en œuvre c'est-à-dire une fois que le
débiteur n’arrive pas à honorer ses engagements à échéance le créancier gagiste
peut 8 jours après sommation de payer saisir le tribunal pour faire ordonner la
vente judiciaire du fonds. Une seconde chance (délai de 50 jours) est accordée au
débiteur, faute de paiement il est procédé à l’adjudication du fonds et les
créanciers sont désintéressés selon l’ordre précité.

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2. Le droit de suite

C’est le droit accordé aux créanciers nantis de saisir le fonds entre


n’importe quelles mains et de le faire vendre par le tribunal. On dit que le
nantissement « suit le fonds en quelques mains qu’il passe ».
Au cas où un nouvel acquéreur offrirait un prix insatisfaisant aux yeux du
créancier. Celui-ci peut recourir à la surenchère mais doit dans ce cas proposer le
dixième (10%) de la valeur des éléments du fonds de plus que le précédent
acquéreur.

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VI : Les baux commerciaux

Aujourd'hui, le rapport entre le propriétaire et le preneur, n'est pas


simplement un rapport de droit privé. Le groupe des bailleurs et le groupe des
preneurs se sont souvent affrontés et la régularisation de leurs rapports est
devenue tellement importante, que les pouvoirs publics, ont été dans l'obligation
d'intervenir. Opération usuelle par excellence, le contrat de bail est aussi
l'archétype de la convention synallagmatique14.

Les baux commerciaux ayant un statut spécial en opposition aux baux à usage
d’habitation, le législateur marocain a édicté une réglementation particulière aux
baux commerciaux car il est nécessaire qu’un commerçant preneur bénéficie
d’une stabilité dans son installation, afin de créer et de développer une clientèle.

Par l’adoption de la loi n° 49-16 relative aux baux d'immeubles ou de locaux


loués à usage commercial, industriel et artisanal est délimité en fonction de son
objectif qui est de protéger le commerçant. La loi 49-1615 est donc favorable au
preneur. En conséquence, elle lui accorde des prérogatives et prévoit des
dispositions spéciales dérogatoires au droit commun. Cette réglementation
spécifique avait pour seul but la protection du fonds de commerce et des
preneurs contre l’éviction abusive des bailleurs. Cette protection avait comme
objectif essentiel l’assurance de la stabilité du fonds de commerce. En favorisant
la stabilité des baux commerciaux, le législateur souhaite protéger le preneur
qui, souvent, a investi dans les lieux loués.

Le statut de preneur présuppose, cependant, la réunion de certaines


conditions : d’abord l’objet dudit bail qui doit être un local, dans lequel est
exploité un fonds de commerce dont la durée est au moins de deux années,
ensuite l’existence d’un contrat de bail écrit et enfin, le local doit faire partie du
champ d’application de ladite loi.

Le contrat de bail commercial est un contrat par lequel une partie, le


bailleur, s’engage à assurer à l’autre partie, le preneur, propriétaire d’un fonds
de commerce, la jouissance des lieux moyennant un loyer.
14
Ph. MALAURIE et L. AYNES, cours de droit civil, T. VIII, les contrats spéciaux, civils et commerciaux, 9 ème éd.,
Cujas, 1995, n° 60, p. 53 ;
15
Dahir n°1.16.99 du 18 juillet 2016 portant promulgation de la loi n° 49-16 relative aux baux d'immeubles ou de
locaux loués à usage commercial, industriel et artisanal, publié au bulletin officiel n° 6490 du 11 août 2016.

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I. Champs d’application de la loi n° 49-16

La loi n°49-16 a pour objectif d’équilibrer les relations entre bailleurs et


preneurs de locaux à usage commercial, par cette notion il faut entendre
toute activité commerciale, industrielle et artisanale. Elle a élargi le champ
d’application de ses dispositions à certains locaux (A). Cette loi a déterminé
aussi les locaux non régis par ses dispositions (B).

A. Les Baux soumis à la loi n°49-16


L’article premier de la loi n° 49-16 a précisé dans une liste limitative le
champ de son application en précisant les baux qui sont commerciaux. Cette
loi est applicable aux baux suivants :
✓ Baux des immeubles ou locaux dans lesquels un fonds de
commerce est exploité, que ce fonds appartienne à un commerçant,
à un industriel ou à un artisan ;
✓ Baux d'immeubles ou de locaux accessoires dépendant du fonds,
à la condition qu'ils soient indispensables à l'exploitation de ce
dernier ;
✓ Baux portant sur des terrains nus sur lesquels ont été édifiés, soit
avant, soit après la conclusion du bail, des constructions à usage
industriel, commercial ou artisanal, à la condition d’avoir
consentement du propriétaire.
✓ Les baux d’immeubles ou locaux à usage commercial, industriel,
artisanal appartenant aux domaines privés de l’Etat, aux
collectivités territoriales ou aux établissements publics, à moins
qu’ils ne soient pas affectés à l’intérêt public.
✓ D’autre part la loi 49-16 a englobé des cas particuliers et spéciaux
pour qu’ils soient soumis à ses dispositions, de ce fait elle a cité
aussi dans son article1 les baux suivants :
✓ Les baux d’immeubles loués par des établissements
d’enseignement privé ;
✓ Les cliniques privées et établissements similaires ;

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✓ Les pharmacies, les laboratoires privés des analyses médicales et


les cabinets d’examen radiologique.

B. Les baux exclus du régime des baux commerciaux

A contrario, la loi 49-16 dans son article 2 a exclu du champ


d’application les baux relatifs aux immeubles ou locaux entrant dans le
domaine public, ou entrant dans le cadre des Habous (1), aussi bien certains
baux d’immeubles soumis à des législations spéciales (2).
1. Les baux relatifs aux immeubles appartenant au domaine public
et biens Habous :

Dans ce cadre on parle des :


✓ Baux relatifs aux immeubles ou locaux entrant dans le domaine
public de l’Etat, des collectivités territoriales et des établissements
publics.
✓ Le domaine public est soumis à l’organisation du dahir de 1914 et
le décret de 1912, de même les législations spéciales des
collectivités et des établissements ont aussi réglementé leurs biens.
✓ Baux d’immeubles ou locaux appartenant aux domaines privés de
l’Etat, aux collectivités territoriales ou aux établissements publics,
et lorsque ces immeubles sont affectés à l’utilité publique.
✓ Baux d’immeubles ou locaux à usage commercial, artisanal ou
industriel entrant dans le domaine Habous.

2. Les baux d’immeubles et locaux soumis à des législations


spéciales

Parmi ces Baux on peut citer :


✓ Les baux d’immeubles et locaux à usage commercial, industriel ou
artisanal contractés sur la base d’une décision judicaire ou comme
conséquence de cette décision.

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✓ Les baux des locaux destinés à recevoir des investissements dans


le secteur de l’industrie et de l’informatique, y compris les services
d’Offshoring effectués par l’Etat, par les collectivités territoriales
ou par les établissements publics, ainsi que les entreprises dont
l’Etat ou une personne de droit public possède tout ou partie de
son capital social qui ont pour but la création des offerts de travail.
✓ Les baux emphytéotiques. Ces derniers sont exclus parce qu’ils
sont soumis aux règles du code des droits réels.
✓ Les contrats de crédit-bail immobilier ou de leasing immobilier,
sont également exclus par l’article 2 de la loi 49-16 en raison qu’ils
sont régis par le code de commerce.

II. Les spécificités du contrat de bail commercial

Les baux commerciaux ont un caractère spécial par rapport aux autres
contrats de bail. Le contrat de bail est défini comme étant le contrat par lequel
une partie, le bailleur, s’engage à assurer à l’autre partie, le preneur, propriétaire
d’un fonds de commerce, la jouissance des lieux moyennant un loyer.

Cette spécificité est liée à la stabilité dans les lieux loués dans le cadre d’un
bail commercial d’où l’importance de respecter certaines conditions dont
l’exigence d’un écrit (A), de la durée de ce type de contrat (B) et de connaitre
les opérations portant sur le droit de bail (C).

A. L’exigence d’un écrit

Avant la promulgation de cette loi n° 49-16, le contrat de bail était un


contrat consensuel peut être prouvé par tous moyens suivant le principe de la
liberté de preuve en matière commercial, même s’il existe depuis longtemps
dans le commerce un formulaire type, à remplir en trois exemplaires (preneur,
bailleur et administration aux fins d’imposition), mais il est rarement utilisé.

Cette situation a changé avec l’adoption de loi n°49-16 ou il est précisé dans
son article 3 que les baux d’immeubles à usage commercial, artisanal, ou
industriel doivent être rédigés dans un écrit ayant date certaine (daté, notamment
par l’opération d’enregistrement), en plus il faut au moment de l’entrée en
possession du local un état des lieux soit dressé ce qui constitue une preuve entre

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les parties en cas de litige.

B. La durée du bail commercial

L’article 4 de la loi 49-16 dispose que le preneur qui veut demander le


renouvellement du bail doit avoir occupé le local pour une durée ne peut être
inférieure à 2 ans, sauf s’il a payé un droit de bail ou ce qui est appelé dans la
pratique marocaine le pas de porte, constaté dans l’écrit ou par un acte séparé.

Si on examine cet article, on peut comprendre que le législateur parle de


l’exploitation et le fait de tirer bénéfices du locale pendant deux ans, en plus de
ça le législateur a reconnu une pratique très répandue entre les parties à savoir
le pas de porte.

C. Les opérations portant sur le droit de bail

Le preneur peut effectuer des opérations portant sur le droit de bail. Il sera
donc étudié le cas de la cession du bail (1) et celui de la sous location (2).
1. La cession du bail

La cession du bail est prévue par l’article 25 de la nouvelle loi 49-16 qui
permet au preneur de céder son droit au bail voir même céder le fonds de
commerce (a), cet article a déterminé un lambeau de conditions à respecter
pour exercer son droit de cession du droit au bail (c), et puis les droits du
preneur nés à la suite de la cession (d).

a) Cession du droit au bail et cession du fonds de commerce

Le preneur dispose du droit de céder son droit au bail avec ou


séparément des autres éléments du fonds de commerce sans besoin d’obtenir
l’autorisation du propriétaire et en dépit de toute clause contraire.
De ce fait, le législateur a admis la cession du droit au bail en tant
qu’élément séparé vis-à-vis des autres éléments du fonds de commerce.

b) La location cessible

Le droit au bail cessible est celui visé par cet article résultant de la
jouissance du droit de renouvellement qui ne peut avoir lieu qu’en cas

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d’occupation du local pour une durée ne peut être moins de 2 ans cette
condition n’est pas exigée lorsque le preneur a déjà réglé une somme
d’argent en contrepartie du droit au bail, en outre la cession du droit au bail
ou la cession du fonds de commerce est un droit accordé au titulaire de ce
droit ou le détenteur du fonds de commerce seulement, ce qui exclue le
gérant même s’il est inscrit au registre de commerce.

c) Les conditions d’exercer le droit de cession

La loi n° 49-16 a précisé les conditions à remplir pour l’acte de


cession mais elle a aussi imposé l’obligation d’informer le bailleur sur
l’opération de cession.

A cet effet, toute cession du droit au bail ou du fonds de commerce


se fait par acte authentique ou acte sous seing privé ayant date certaine
incluant les informations citées par l’article 81 de la loi 95-15 formant code
de commerce, le montant de la vente est déposé auprès d'une instance
dûment habilitée à conserver les dépôts. En plus l’acte doit passer par les
formalités mentionnées dans les articles de 83 à 89 de la même loi.
A noter que les créanciers du vendeur, que leur créance soit ou non exigible,
peuvent former opposition au paiement du prix par lettre recommandée avec
accusé de réception adressée au secrétariat-greffe du tribunal qui a reçu
l’acte ou par dépôt de l’opposition auprès dudit secrétariat contre récépissé.

d) Les droits du bailleur résultants de l’exercice du droit de cession

En application des dispositions de l’article 25 de la loi 49-16, le cédant


et le cessionnaire doivent notifier l’opération de cession au bailleur sous
peine d’inopposabilité de la cession contre lui, idem cet article a mentionné
les effets de la notification à savoir :
➢ L’inopposabilité de la cession contre le bailleur à partir du
moment de sa notification. La cour de cassation a déjà décidé que « Le
droit au bail ne se transmet du preneur au profit de l'acquéreur du fonds de
commerce qu'après notification de la cession au bailleur ».

Cependant, le preneur initial reste responsable vis-à-vis du bailleur quant


aux obligations antérieures.

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Dans le cas où le preneur (locataire) exerce son droit de cession du


droit au bail, le bailleur aura le droit de préférence sur tout autre acheteur,
le bailleur pourra également demander l’expulsion du preneur dans des cas
précis.
D’abord, il est de droit pour le bailleur d’exercer le droit de
préférence dans le délai de 30 jours à compter du jour de la notification.
Le bailleur peut demander la reprise du local sans indemniser le
preneur si les cas de l’article 8 sont réalisés, en faisant un retour en arrière
on trouve l’article 8 dispose que, le bailleur peut récupérer son bien donné
en location sans avoir à dédommager le preneur dans sept cas cités à titre
limitatif à savoir si :
➢ Le preneur est en demeure de paiement des loyers de trois mois
au moins à condition d’adresse une mise en demeure avec accusé de
réception au preneur resté sans réponse dans un délai de quinze jours.
➢ Le preneur a entrepris des travaux sans l’autorisation du bailleur
dans le local donné en location de manière que ces travaux portent atteinte
au local, ou menacent sa sécurité, à la condition sine qua non que le bailleur
ait adressé une mise en demeure au preneur mettant en cause sa
responsabilité et l’invitant à y pallier.
Cette condition ne produit ses effets juridiques à l’égard du preneur, que
lorsqu’il ne procède pas dans un délai de trois mois à remettre le local dans
sa situation initiale c’est à dire d’avant les travaux le tout à ses frais.
➢ Si le preneur a changé son activité commerciale sans
l’autorisation du bailleur et sans qu’il ait revenu à son ancienne activité
commerciale après réception de la mise en demeure dans un délai de trois
mois.
➢ Si le local est menacé de ruine ou d’effondrement, à moins que
le preneur ait prouvé que cette ruine est due à un défaut d’entretien
imputable au bailleur, qui est resté inerte malgré la mise en demeure qu’il
a reçue de la part du preneur, l’invitant à entreprendre les travaux
d’entretien conformément à ses obligations contractuelles ou légales.
➢ Si le local est en ruines par le fait du preneur et à cause d’un cas
de force majeure ou cas fortuit.

➢ Si le preneur a sous-loué le local sans l’autorisation du bailleur,


et en dépit d’une clause contractuelle interdisant la sous-location.
➢ Enfin, si le fonds de commerce a perdu son achalandage et sa

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clientèle par la fermeture du local d’une durée de deux ans au moins.

2. La sous location

La loi n° 49-16 a déterminé les conditions fondamentales dans


lesquelles peut s’opérer une sous-location et ce, par la mise en œuvre d’une
série de conditions formant des règles obligatoires dont le respect est
indispensable (a), de plus, la sous location fait naitre une série d’obligations
à la charge du preneur en faveur du bailleur (b).

a) Conditions de la sous-location

La sous-location, c'est la pratique selon laquelle le titulaire d'un


contrat de location met à la disposition son logement (partiellement ou
entièrement) à une personne extérieure au contrat contre le versement d'un
loyer, c'est-à-dire d'une contrepartie presque toujours financière. La sous-
location implique le paiement d'un prix, mais cette contrepartie financière
peut aussi être donnée sous une autre forme. Ainsi, par exemple, le fait de
loger une employée de maison dans une chambre de service louée par son
employeur contre des heures de ménage constitue une sous-location.
Il n'y a pas sous-location non plus lorsqu'un propriétaire partage son
propre logement avec un preneur. Il s'agit dans ce cas d'une simple location.
C'est le cas, par exemple, si vous louez une chambre de l'appartement dans
lequel vous vivez et dont vous êtes propriétaire à un preneur qui partage
avec vous les pièces d'eau et de vie commune.
Contrairement aux dispositions de l’article 22 du dahir de 24 mai
1955, qui interdisait la sous location s’il n’y a pas de clause contractuelle la
permet ou s’elle n’est pas approuvée par le propriétaire, la nouvelle loi 49-
16 dans son article 24 vient pour décider l’inverse en autorisant au preneur
la sous-location pourvu que le contrat ne stipule pas le contraire.
Les nouvelles dispositions sauvegardent les relations entre le
preneur et son preneur initial, de plus la sous location n’a point d’effet à
l’égard du propriétaire qu’à partir du moment de sa notification.
Toujours dans le cadre de l’article 24 de la loi n° 49-16, le propriétaire
informé de la sous-location doit notifier au sous-preneur tout acte qu’il
envisage à procéder devant le preneur initial, sous peine d’inopposabilité de
l’acte envisagé à l’encontre du sous-preneur, de même ce dernier ne peut

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prétendre à aucun droit face au propriétaire non informé.

b) Les obligations nées en faveur du locateur-propriétaire

Ces obligations qui peuvent naitre au profit du propriétaire sont ; la


solidarité entre le preneur initial et le sous-preneur devant le propriétaire,
le droit de reprendre l’immeuble sans être tenu de payer une indemnité
d’éviction dans des cas précis par la loi n° 49-16, et enfin le droit de
demander la révision du loyer.

❖ Solidarité entre le preneur initial et le sous-preneur :

En vertu de l’article 24 de la loi 49-16 le contrat de sous-location ne


lui est opposable qu’à partir du jour de son information, en plus le preneur
et le sous-preneur sont responsable solidairement devant le propriétaire.

❖ Reprise de local sans indemnisation :

Si l’article 24 permet au preneur de sous-louer le local totalement ou


partiellement, lorsque le contrat voit le contraire le propriétaire aura le droit
de reprendre les lieux sans être tenu de verser aucune indemnité au preneur
, ça ce qui ressort de l’alinéa 6 de l’article 8 de la loi 49-16, cet article
dispense le propriétaire de l’indemnité d’éviction dans des cas qu’il précise
dont on trouve « si le preneur a sous-loué le local sans l’autorisation du
bailleur, alors que cette interdiction de sous-louer est inclue dans le
contrat…».

❖ Révision du loyer

La loi octroie au bailleur le droit de réviser le loyer soit amiablement


soit judiciairement lorsque le montant du loyer de la sous location est
supérieur au montant du loyer initial, contrairement à l’article 5 qui renvoie
à la loi n° 07-03 relative à la révision du loyer, en cas de sous location le
tribunal prend en œil de considération les différences entre les deux
montants sans qu’il soit tenu d’appliquer les dispositions de la loi citée ci-
dessus.

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VII : Les juridictions commerciales

Tel qu’il a été précédemment étudié, le droit commercial est un droit


particulier compte tenu de la spécificité des relations entre commerçants et des
actes de commerce. Compte tenu de cette spécificité, les litiges entre
commerçants doivent être traités aussi rapidement que possible et en toute
discrétion.

Dans certains cas, il est possible que même si un contentieux en cours, les
commerçants en litige aient toujours des relations commerciales. De ce fait, tout
magistrat d’une juridiction commerciale doit essayer en application des lois de
trouver un avenir commun que de liquider un passé.

Devant la complexité de ces litiges et leurs spécificités, il existe des institutions


judiciaires spécialisées à savoir les tribunaux de commerce et les cours d’appel
de commerce (I) et les juridictions arbitrales qui sont des juridictions privées
(II).

I. Les institutions judiciaires

Par dérogation à la compétence générales des juridictions civiles


(Tribunaux de première instance), les tribunaux de commerce et les cours
d’appel de commerce sont des juridictions spécialisées, qui connaissent des
litiges commerciaux et des conflits entre commerçants.

Avant 1997, il n’existait pas au Maroc de juridictions spécialisées en matière


commerciale ; c’était les juridictions de droit commun qui connaissaient des
affaires commerciales. Les juridictions de commerce (tribunaux de commerce
et des cours d’appel de commerce) ont été créées par la loi n° 53-95 du 6 janvier
199716, elles fonctionnent depuis mai 1998.

Ces Tribunaux spécialisés ont vocation à juger l’ensemble des litiges


commerciaux. Ils sont, notamment, compétents pour connaître :

➢ Des actions relatives aux contrats commerciaux ;


16
Dahir n° 1-97-65 du 4 chaoual 1417 (12 février 1997) portant promulgation de la loi n° 53-95 instituant des
juridictions de commerce ;

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➢ Des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités


commerciales ;
➢ Des actions relatives aux effets de commerce ;
➢ Des litiges entre associés d’une société commerciale ;
➢ Des litiges relatifs aux fonds de commerce.

Les Tribunaux de Commerce sont en outre chargés de la surveillance des


formalités effectuées au Registre du Commerce.

Les tribunaux de commerce occupent une place particulière et d’une importance


capitale qui s’explique par les spécificités de la matière. On estime en effet que
les magistrats des juridictions commerciales ont plus aptes que les magistrats
des juridictions civiles à comprendre les impératifs du commerce et à apprécier
les usages commerciaux.

De plus, le recours à ces juridictions est un procédé plus souple et plus rapide
en comparaison avec les procédures devant les juridictions de droit commun.

Il est donc important de se pencher sur la compétence des tribunaux de


commerce (A) et des cours d’appel de commerce (B).
A – Les tribunaux de commerce

a) Composition

À la différence de la France, où les juges des tribunaux de commerce sont élus


parmi les commerçants, le Maroc a opté pour des magistrats de carrière.

Le tribunal de commerce tient ses audiences et rend ses jugements par trois
magistrats, un président et deux assesseurs, le parquet y est représenté.

b) Compétence
Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître des actions relatives
aux contrats commerciaux, des actions entre commerçants à l’occasion de leurs
activités commerciales, des actions relatives aux effets de commerce, des
différends entre associés d’une société commerciale et des différends à raison de
fonds de commerce.

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Droit Commercial
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Sciences économiques et gestion
Professeur : Farouk ZERHOUNI

L’article 6 de la loi sur les tribunaux de commerce stipule que : "Les tribunaux de
commerce sont compétents pour connaître des demandes dont le principal excède
la valeur de 20 000 MAD…".

B – Les cours d’appel de commerce

a) Composition

La cour d’appel de commerce comprend un premier président, des présidents de


chambres et des conseillers, un ministère public composé d’un procureur
général du roi et de ses substituts, un greffe et un secrétariat du ministère public.
Elle tient ses audiences et rend ses arrêts par un président de chambre et deux
conseillers, assistés d’un greffier.
a) Compétence
Les cours d’appel de commerce connaissent des appels formés contre les
jugements rendus par les tribunaux de commerce.

L’appel doit être formé dans un délai de 15 jours à compter de la date de la


notification du jugement du tribunal de commerce.

II. Les modes alternatifs de résolution des conflits

En marge de l’action en justice, se sont développés depuis quelques années


des outils efficaces pour régler ces différends. En matière de contentieux
commercial, une attention toute particulière est portée à ces procédés extra-
juridictionnels de règlement des litiges, et plus spécialement à l'un d'entre eux à
savoir l’arbitrage qui est le plus utilisé (A).

En plus de l’arbitrage, il existe d’autres modes alternatifs de résolution de


conflits qui sont en phase de régler les litiges commerciaux à savoir la médiation
(B) et la conciliation (C).

A. L’arbitrage
Du latin arbiter, qui signifie celui dispose à son gré. L'arbitrage est le fait

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d'arbitrer, de régler un différend en le soumettant à la décision d'un tiers, l’arbitre


(le tribunal arbitral).

L'arbitrage est une procédure dans le cadre de laquelle le litige est


soumis, par convention entre les parties, à un ou plusieurs arbitres qui
rendent une décision contraignante.

L’arbitrage est défini au niveau de l’article 1er de la loi n° 95-1717 qui


dispose : « désigne la soumission d’un litige à un Tribunal arbitral qui
reçoit des parties la mission de juger en vertu d'une convention d'arbitrage
».
Pour recourir à l’arbitrage en tant que mode alternatif de résolution de
conflits, il faut que les parties soient signataire d’une convention
d’arbitrage. Cette dernière peut revêtir la forme d’une clause
compromissoire ou d’un compromis d’arbitrage.

Après le déroulement de l’instance arbitrale, le tribunal arbitral donne sa


décision par le biais d’une sentence arbitrale que les parties doivent
exécuter par eux-mêmes. Cependant, en cas de refus d’exécuter ladite
sentence arbitrale ; celle-ci fera l’objet d’une exécution forcée par le biais
du tribunal compétent.

B. La médiation
Du latin mediatio, La médiation est un mode alternatif de règlement des
différends impliquant l’intervention d’un tiers appelé le médiateur qui a pour
mission d’entendre les parties en conflit, de les réunir pour leur permettre de
confronter leurs points de vue et de les aider à parvenir à une solution négociée
qui soit conforme à leurs intérêts respectifs.

Le médiateur n’est investi d’aucune autre autorité que celle résultant de la


confiance que les parties lui témoignent. Il n’est ni un juge ni un arbitre.

Le législateur marocain a opté seulement pour la médiation conventionnelle par


l’adoption, évitant ainsi la médiation judiciaire obligatoire, qui donne au juge la

17
Dahir n° 1-22-34 du 23 choual 1443 (24 mai 2022) portant promulgation de la loi n° 95-17 relative à l’arbitrage
et la médiation conventionnelle, Bulletin officiel n°7099, version arabe du 13 juin 2022.

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possibilité de proposer aux parties, au cours d'un procès, de recourir à la


médiation.

La médiation conventionnelle contribue au développement d’une sécurité


juridique pour les différents acteurs de la société notant bien que le domaine de la
médiation est vaste, il n’a pas de limite, il concerne l’ensemble des activités
humaines, à savoir les sphères de la vie privée et publique dont notamment le
domaine commercial.

C'est ainsi que l'on peut distinguer la médiation judiciaire, en vigueur dans de
nombreux pays, qui vient en aval d'une procédure juridictionnelle et qui est
proposée par le juge, et la médiation conventionnelle, en amont du procès.

C. La conciliation
Concilier vient du latin conciliare qui signifie assembler, elle peut être
défini comme un arrangement auquel parviennent des personnes en désaccord.
Le résultat peut être obtenu par discussion et entente entre les intéressés ; il l'est
le plus souvent grâce à l‘intervention d'une tierce personne18.

Au Maroc, la conciliation est obligatoire dans certaines procédures judiciaires


(contentieux social19, procédures de divorce20), la conciliation consiste à
confronter les parties pour les amener, avec l’aide d’un tiers, à trouver une issue,
souvent pécuniaire, à leurs différends.

Contrairement à la médiation, la conciliation porte essentiellement sur le résultat,


sans nécessairement s’intéresser à la relation.

Le conciliateur concilie les parties en vue de trouver une solution amiable. Le


conciliateur suggère fortement une solution aux parties au regard du droit et de la
morale. Concrètement, il écoute les parties et leurs propose une solution. Le

18
Pierre COLIVRAT, Jurisclasseur de procédure civile, v. Conciliation fascicule 160, 1994, p.6 ;
19
Voir articles 532 et 551 du code de travail ;
20
Articles 81, 82 et 83 du code de la famille ;

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conciliateur n’est donc pas neutre. Le conciliateur tente d’imaginer la solution


qu’aurait pu retenir le juge s’il avait été saisi. C’est le second mode alternatif de
résolution des conflits le plus usité. Mais cette position est essentiellement due à
la gratuité de ce dispositif.

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