Vous êtes sur la page 1sur 33

ISIC

COURS DE DROIT COMMERCIAL GENERAL

Niveau I

TOUAIBA TIRMOU Alice


Docteur en droit privé, option droit des Affaires

1
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
Indications Bibliographiques
-AKUETE PEDRO SANTOS, et Jean YADO TOE, OHADA, Droit commercial général,
collection Droit uniforme africain, JURISCOPE, 2002 ;

-Josette NGUEBOU, Le Droit commercial général dans l’Acte uniforme OHADA, 1998,
PUA ;

- Paul Gérard POUGOUE et Athanase FOKO, Le statut du commerçant dans l’espace


OHADA, PUA, 2006 ;

-Mamadou KONE, Le nouveau droit commercial des pays de la zone OHADA, comparaisons
avec le droit français, LGDJ, 2003 ;

- Alain FENEON et Jean René GOMEZ, OHADA Droit commercial général, commentaires,
1999, FFA ;

-Paul Gérard POUGOUE et Sylvain SOREL KUATE TAMEGHE, Les grands arrêts de la
CCJA, l’Harmattan, 2010 (identifier les décisions phares de la CCJA) ;

-Dictionnaire encyclopédique du droit OHADA, 2011, LAMY (France) sous la coordination


du Pr. Paul Gérard POUGOUE ;

-Traité des Actes Uniformes commentés et annotés OHADA, JURISCOPE ;

-Jack BUSSY, Droit des affaires, 2e édition, Presse de Science Politique et Dalloz, 2004 ;

-Yves GUYON, Droit des affaires, Droit commercial général et des sociétés, 11e édition,
2001, Tome 1.

2
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
INTRODUCTION GENERALE

Le Droit commercial est la branche du Droit privé qui s’applique spécialement à


certaines opérations juridiques dénommées Actes de commerce, actes susceptibles d’être
accomplis par les commerçants. Le droit commercial est une des branches du Droit civil. En
effet, avant, le code civil généralisait toutes les matières du droit privé mais peu à peu, du fait
de leurs spécificités, les branches du droit privé ont pris leur indépendance. En effet, en
matière civile, la recherche du profit n’est pas privilégiée sauf en matière commerciale. Le
code civil insiste sur les donations, dons, legs… Le code civil empêche au mineur de passer
un acte de commerce, mais le DCG le prévoit pour un mineur émancipé. Toutefois, malgré
cette autonomie, la plupart des principes fondamentaux applicables en matière commerciale
sont l’œuvre du Code civil que l’on peut appeler Droit Commun. Il n’existait pas de
discipline spéciale dénommée « Droit Commercial ». C’est au Moyen-Age que naquirent des
institutions et des règles propres au commerce qui, avec le temps ont plusieurs sources que
l’on peut regrouper en deux catégories : Les sources Directes et les sources Indirectes. Les
premières sont constituées par la Constitution, la loi, les règlements (arrêtés et décrets), les
usages et par les conventions internationales.

Il importe de préciser la place prépondérante d’un texte de type nouveau institué dans
le domaine des affaires : l’Acte uniforme OHADA portant Droit commercial général
(AUDCG). En effet, faisant suite au Traité de l’OHADA signé le 17 octobre 1993 à Port-
Louis en Ile-Maurice entré en vigueur en 1995, il a été adopté un Acte Uniforme spécialement
conçu pour régir le DCG. A cet effet, le premier texte est entré en vigueur le 1 er Janvier 1998,
mais pour des raisons diverses dont son inadaptation aux activités visées, celui-ci a été
modifié et remplacé par un second A.U adopté le 15 décembre 2010 à Lomé au TOGO.

Ainsi présenté, il conviendra pour une bonne maitrise de la matière d’aborder les actes
de commerce et les principaux acteurs (première partie) ainsi que le fonds de commerce et les
principaux contrats commerciaux règlementés (deuxième partie).

PREMIERE PARTIE : LES ACTES DE COMMERCE ET LES PRINCIPAUX


ACTEURS

Comme déjà souligné, le DCG S’intéresse particulièrement aux actes susceptibles


d’être accomplis par les commerçants dénommés actes de commerce. Ceux -ci sont bien
distincts d’autres catégories d’actes juridiques à l’instar des actes civils. Dans sa version
actuelle, l’A.U de L’OHADA portant DCG, véritable colonne du Droit Commercial accorde
également une place non négligeable à un certain nombre d’acteurs dont les plus en vue sont
les commerçants et les entreprenants. Dans cette première partie de l’enseignement, il est
nécessaire d’éclairer davantage ces divers points en braquant les projecteurs d’une part, sur
les actes de commerce (chapitre I) et d’autre part, sur les principaux acteurs (chapitre II).

3
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
CHAPITRE I- LES ACTES DE COMMERCE

Aux termes de l’article 2 de l’AUDCG, « est commerçant celui qui fait de


l’accomplissement d’actes de commerce par nature sa profession ». De cette disposition, il
ressort clairement que la notion de commerçant que nous étudierons un peu plus loin ne peut
être bien comprise qu’à la lumière de celle d’acte commerce qu’il importe de clarifier au
préalable. Ni le législateur OHADA, ni le législateur européen n’a donné une définition
abstraite de la notion d’acte de commerce. Toutefois, l’article 3 de l’AUDCG définit l’acte de
commerce par nature comme l’acte par lequel une personne s’entremet dans la circulation
des biens qu’elle produit ou qu’elle acheté ou par lequel elle fournit des prestations ou des
services avec l’intention d’en tirer un profit pécuniaire. A la vérité, il faut l’appréhender en
fonction du type d’acte de commerce (section I). Mais il est de bonne méthode de souligner
d’abord les intérêts pratiques de la distinction des actes de commerce des actes civils (section
II).

SECTION I- LES INTERETS DE LA DISTINCTION DES ACTES DE


COMMERCE DES ACTES CIVILS

Il est particulièrement important de connaitre le caractère commercial ou civil d’un


acte juridique. En effet chaque catégorie d’acte a un régime juridique spécifique. Les intérêts
de leur distinction varient selon qu’ils soient prévus par les textes (paragraphe I) ou par la
pratique (paragraphe II).

P 1- LES INTERETS RESULTANT DES TEXTES

Ce sont la prescription extinctive des obligations, le gage et les preuves.

A - LA PRESCRIPTION EXTINCTIVE DES OBLIGATIONS

Il faut entendre par là un mode de libération du débiteur résultant de l’inaction du


créancier pendant un certain temps. Alors qu’en droit commun le délai de prescription est de
30 ans, en droit OHADA et précisément matière commerciale, il est de 5 ans. L’article 16 de
l’AUDCG du 15 décembre 2010 dispose à cet égard que : « les obligations nées a l’occasion
de leur commerce entre commerçant ou entre commerçant et non commerçant se prescrivent
par 5 ans si elles ne sont pas soumises à des prescriptions plus courtes ».

B : LA REGLE SPECIALE AU GAGE COMMERCIAL

La nature civile ou commerciale du gage dépend de celle du contrat car il s’agit d’un
contrat garantissant l’exécution d’un autre contrat qui est généralement un contrat de prêt
(contrat principal).La règle commerciale s’applique si le contrat principal est commercial pour
le débiteur. Le gage civil est régi par les articles 2073 à 2084 du code civil, alors que le gage
commercial est régi par les dispositions de l’Acte uniforme portant Droit Commercial
Général. La différence entre les 2 types de gage existe aussi bien au niveau de la constitution
que de l’exécution.

4
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
-au plan de la constitution du gage, alors que le gage civil est subordonné au-delà de la
somme de 5000 fcfa à la rédaction d’un écrit, cette exigence n’existe pas dans le gage
commercial.

-au plan de l’exécution, lorsque le gage est commercial, le créancier gagiste (bénéficiaire du
gage) faute de paiement par le débiteur est dispensé de s’adresser à la justice pour obtenir la
mise en vente du bien. Une simple signification avec délai de 08 jours est suffisante, alors
qu’en matière civile, le créancier ne saurait obtenir la mise en vente du bien sans s’adresser à
la justice.

C - LE REGIME DES PREUVES

En matière commerciale, les preuves sont gouvernées par des règles générales qui
admettent quelques restrictions.

Sur le plan général, l’art 5 de l’AUDCG est clair et précisément son al 1er : « Les actes
de commerce se prouvent par tous moyens même par voie électronique à l’égard des
commerçants ». L’expression « tous moyens » signifie que l’on peut faire recours à divers
procédés pour prouver l’existence d’un acte de commerce : écrits, témoins, téléphone, fax,
télécopie… (libertés des preuves). Cette latitude s’oppose aux méthodes de Droit civil selon
lesquelles la preuve des actes juridiques doit être rapportée par écrit dès lors que l’intérêt du
litige porte sur une somme supérieure à 5000 FCFA.

Toutefois, le principe de liberté de preuve en matière commerciale pose des


dérogations. Il y a lieu de noter que dans certains cas, la loi exige que des actes réalisés en
matière commerciale soient écrits. C’est le cas du statut des sociétés commerciales (qui est
comme un acte de la société), du contrat de vente d’un fonds de commerce (il faut qu’il soit
écrit et que chaque prix y figure).

PII - LES INTERETS RESULTANT DE LA COUTUME


COMMERCIALE

En marge des intérêts résultant des textes, d’autres intérêts ont pour fondement la
coutume commerciale. Ce sont la solidarité et la mise en demeure.

5
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
Concernant la solidarité, à la suite d’une coutume bien ancrée en matière
commerciale, les commerçants qui ont concouru au même acte sont solidaires du paiement ;
cette solidarité est présumée et n’a pas à être prouvée. En droit commun (en matière civil) par
contre, précisément à l’article 1202 du code civil, cette solidarité doit nécessairement et
obligatoirement être prouvée.

Pour ce qui est de la mise en demeure (forme d’avertissement qu’on donne a un


débiteur), en cas de non paiement par le débiteur, le créancier est fondé à le mettre en
demeure, c’est-à-dire à lui donner un délai pour s’exécuter. Alors qu’en matière civile la mise
en demeure doit résulter d’un acte extrajudiciaire c’est-à-dire d’un huissier de justice, en droit
commercial, il suffit d’une simple lettre recommandée avec accusé de réception.

SECTION II - LA CLASSIFICATION DES ACTES DE COMMERCE

Il importe de distinguer 3 grandes familles d’actes de commerce : Les actes de


commerce par nature, les actes de commerce par la forme, les actes de commerce par
accessoire. Au -delà de ces typologies d’actes, une autre famille a été constituée, dénommée
catégorie des actes mixtes.

PI- LES ACTES DE COMMERCE EN RAISON DE LA NATURE OU


DE L’OBJET

Ce sont des actes qui sont dits commerciaux même s’ils sont accomplis en dehors
d’une entreprise commerciale. L’article 3 de l’AUDCG définit l’acte de commerce par nature
comme l’acte par lequel une personne s’entremet dans la circulation des biens qu’elle produit
ou qu’elle acheté ou par lequel elle fournit des prestations ou des services avec l’intention
d’en tirer un profit pécuniaire.
La présentation des actes de commerce par nature commence par l’achat des biens meubles
ou immeubles en vue de leur revente. Cette opération portant sur l’acte de commerce par
excellence, la distingue des autres catégories d’acte de commerce par nature.

A.L’ACHAT OU LA PRODUCTION DES BIENS MEUBLES OU


IMMEUBLES EN VUE DE LEUR REVENTE

Trois conditions doivent être réunies ici : l’achat, l’achat d’un bien meuble ou
immeuble et la revente du bien.

1-L’achat ou la production

Au sens du DCG, l’achat ne doit pas être entendu simplement comme une acquisition
moyennant un prix payable en argent. En visant l’achat, le législateur a voulu englober tous
les modes d’acquisition avec contrepartie. C’est la raison pour laquelle on exclut de ce cercle,
toute acquisition à titre gratuit notamment par donation, succession ou par legs. Autrement
dit, le bénéficiaire d’une libéralité qui la met en vente n’accomplit pas un acte de commerce.
La nécessité de l’achat amène à exclure aussi du domaine du Droit Commercial, les activités
suivantes :

6
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
-les productions intellectuelles. A cet effet, l’auteur d’une œuvre littéraire ou artistique
(sculpteur, musicien, peintre…) qui vend son œuvre ne fait pas d’acte de commerce. Par
contre l’éditeur ou le producteur de ces œuvres accomplit les actes de commerce (parce qu’il
spécule/cherche un bénéfice sur cette activité c’est-à-dire s’entremet entre le public et
l’auteur).

-les activités des professions libérales. Les membres des professions libérales ne sont pas
considérés comme accomplissant des actes de commerce parce qu’ils accomplissent des
prestations d’ordre intellectuel. Ceci est valable notamment pour les huissiers, les notaires, les
avocats, les architectes, les médecins, etc. Ceux-ci ont plutôt la qualité d’entreprenant.

Par contre les pharmaciens d’officine qui achètent et revendent accomplissent des
actes de commerce contrairement aux pharmaciens de laboratoire qui n’achètent pas mais
peuvent vendre leurs produits.

La production quant à elle est

2-L'achat portant sur les biens meubles ou immeubles

L'opération d'achat pour revendre doit avoir pour objet les meubles corporels (denrées,
marchandises, etc.) ou incorporels (créances, brevet d'invention, fonds de commerce, etc.) ou
les immeubles.

3-L'intention de revendre

L’achat n’est acte de commerce que s’il a été effectué en vue de la revente. Il s’agit de
la revente avec ou sans transformation. L’intention de revente suffit. Il y a acte de commerce
même si la revente n’a pas pu se réaliser (produits périssables) ou si elle n’a pas été suivie de
bénéfices (produits démodés).

B-Les autres actes de commerce par nature

L'article 3 de l'acte uniforme portant droit commercial général considère également


comme acte de commerce par nature :

- les contrats entre commerçants pour besoins de leur commerce ;


- l'exploitation industrielle des mines, carrières et tout gisement de ressources
naturelles ;
- les opérations de locations de meubles ;
- les opérations de manufacture, de transport et de télécommunication ;
- les opérations des intermédiaires de commerce telles celles accomplies par les
commissionnaires, les courtiers et les agents commerciaux ;
- les opérations accomplies dans le cadre du commerce maritime ;
- les actes effectués par les sociétés commerciales.

PII -LES ACTES DE COMMERCE PAR FORME

7
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
Ce sont des actes qui sont commerciaux non en raison de leur nature mais en vertu de
la forme qu’ils revêtent. Ces actes qui ne visent pas à conférer la commercialité à leurs
auteurs, mais uniquement à faire appliquer le Droit Commercial sont régis par l’art. 4 de
l’AUDCG qui en donne 3 variétés (ou instruments de paiement) : la lettre de change ; le billet
à ordre ; le warrant

A-LA LETTRE DE CHANGE

Encore appelée traite, la lettre de change est un écrit rédigé sous forme de lettre par
lequel une personne, le tireur donne l’ordre à une autre personne, le tiré, de payer une somme
déterminée à une troisième personne appelée bénéficiaire ou preneur.

En signant l’ordre de payer, le tireur accomplit un acte de commerce. Il peut aussi


arriver que le bénéficiaire désigne à son tour un autre bénéficiaire à travers la formule de
l’endossement .Toute personne qui signe une lettre de change, accomplit un acte de commerce
par la forme et est soumis aux règles du droit commercial.

B- LE BILLET A ORDRE

C’est un instrument qui se distingue de la lettre de change dans la mesure où il n’est


constitué que de 2 personnes à sa création : un débiteur encore appelé souscripteur qui
s’engage à payer une somme déterminée, et un bénéficiaire. Dans la technique du billet à
ordre, le souscripteur s’engage à payer à une période déterminée une somme d’argent à un
bénéficiaire. Cet instrument est un acte de commerce par la forme, lorsque les signataires
l’ont utilisé dans l’intérêt de leur commerce.

C-LE WARRANT

C’est une forme de billet à ordre souscrite par un commerçant et garantie par des
marchandises déposées dans un magasin général ou qu’il s’engage à garder par devers lui. Au
même titre que le billet à l’ordre, le warrant est un acte de commerce par la forme parce qu’il
est utilisé pour des transactions dans le domaine commercial.

P III - LES ACTES DE COMMERCE PAR ACCESSOIRE OU PAR


RELATION

La théorie de l’accessoire prend appui sur le célèbre principe selon lequel,


« l’accessoire suit le principal ». Introduit dans le domaine commercial et précisément sur le
terrain des actes de commerce par la jurisprudence, cette théorie a en réalité une double
dimension : tantôt, elle fait des actes normalement civils des actes de commerce, tantôt elle
fait des actes commerciaux des actes civils.

A-L’ACCESSOIRE COMMERCIAL OU LES ACTES


COMMERCIAUX PAR ACCESSOIRE

Ici, certains actes accomplis par le commerçant deviennent commerciaux en dépit de


leur nature civile en raison de leur lien étroit avec l’activité du commerçant. Mais pour que
cela soit effectif, il faut que l’auteur de l’acte ait la qualité de commerçant et que l’acte ait un

8
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
lien avec son activité professionnelle. Sur la base de ces critères, la jurisprudence a estimé
que, pourraient avoir la qualité d’acte de commerce par accessoire :

-les contrats commerciaux à l’exemple :

*du contrat existant entre un commerçant et son préposé

*des opérations de transport pour les besoins du commerce

*de l’assurance contractée dans l’intérêt du commerce

*de l’emprunt réalisé dans l’intérêt du commerce

-les engagements extracontractuels tels les :

*quasi-contrats

*quasi-délits résultant d’une imprudence ou d’une négligence du commerçant. Ainsi, les


accidents causés à l’occasion de leur commerce, par les commerçants sont considérés comme
étant des actes de commerce par accessoire.

B-L’ACCESSOIRE CIVIL LES ACTES CIVILS PAR ACCESSOIRE

La théorie de l’accessoire civil se justifie par analogie avec la théorie de l’accessoire


commercial que l’on vient d’examiner. De même que la loi admet qu’un acte par nature civil
puisse devenir commercial lorsqu’il est l’accessoire de l’activité commerciale du commerçant,
la jurisprudence admet qu’un acte par nature commercial puisse devenir civil parce
qu’étroitement lié à l’activité civile du non commerçant. C’est le cas d’un bien acheté et
revendu par un étudiant. C’est aussi le cas des médicaments achetés et revendus par un
médecin ou infirmier (l’achat et la revente ne sauraient conférer la commercialité)

P IV - LES ACTES MIXTES

Ce sont ceux qui ont un caractère hybride c’est-à-dire un caractère commercial pour
l’une des parties et civil pour l’autre. Exemple : L’achat d’un téléphone portable par un
étudiant a un caractère civil pour celui-ci et commercial pour le commençant dans la mesure
où ce dernier l’a au préalable acheté en vue de sa revente. La question se pose de savoir, quel
est le régime juridique des actes mixtes ? Quel droit leur appliquer ? La réponse est dominée
par un principe (A) qui admet toutefois quelques nuances (B).

A-LE PRINCIPE DE L’APPLICATION D’UNE SOLUTION


DUALISTE

D’après le principe, il faut autant que possible appliquer au commerçant les règles de
Droit commercial et au civil les règles de Droit civil. Ceci est vrai par rapport à la juridiction
compétente, aux modes de preuve et aux modes d’exécution. (Chacun doit devoir appliquer
son droit selon la qualité du demandeur ou du défendeur).

1- La compétence du tribunal

9
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
La détermination du tribunal compètent est fondée de la qualité de défendeur (celui
contre qui l’action est intentée). Si c’est le civil qui est défendeur, le caractère civil de l’acte
domine et Il ne peut être assigné que devant le tribunal civil. Par contre si c’est le
commerçant qui est défendeur, le civil a une option. : Il peut poursuivre le commerçant soit
devant le tribunal de commerce soit devant le tribunal civil (parce que devant le commerçant
a deux vies : commerciale et civile alors que le civil n’est que civil).

En droit camerounais, une même chambre est chargée de connaitre des affaires civiles
et commerciales. Mais en fonction de la nature du litige, de la qualité de défendeur, l’on
applique l’un ou l’autre droit.

2- Les règles de preuve

En matière commerciale, la preuve des contrats est libre alors qu’en matière civile, elle
obéit à un formalisme bien établi.

En matière d’acte mixte, le système est bien plus complexe. Pour la jurisprudence qui
a fait une application de la théorie défendue par THALLER, il y a indivisibilité entre la
juridiction et la preuve. Plus concrètement, si le litige est soumis à un tribunal civil, la preuve
doit aussi s’effectuer conformément au droit civil. Mais si le civil a exercé son droit d’option
en saisissant le tribunal de commerce, il conserve la latitude d’apporter la preuve de ses
allégations en utilisant tantôt, les techniques du droit commercial, tantôt celles du droit civil.
Cependant, à partir du moment où il aurait choisi le terrain du droit civil, le commerçant a le
droit de se défendre en utilisant les techniques du droit civil (S’il choisit le terrain
commercial, le commerçant se défend avec les techniques commerciales).

3- Les modes d’exécution

A propos de la forme de mise en demeure, des règles du gage et de solidarité, il est


important de prendre en compte le statut de débiteur. En effet, les règles du droit commercial
lui sont applicables lorsqu’à son égard la dette est commerciale. En revanche, si à son
encontre, la dette est civile, on appliquera plutôt les règles de droit civil (solution dualiste
variant avec le statut du débiteur).

B- L’APPLICATION D’UN REGIME UNITAIRE

Dans certaines hypothèses, il n’est pas possible d’appliquer les solutions dualistes,
c’est-à-dire le droit commercial pour une partie et le droit civil pour l’autre. Il en est ainsi à
propos de la prescription et de la clause compromissoire.

1-La prescription en matière d’acte mixte


En ce domaine, le délai de prescription est celui du droit commercial, c’est-à-dire 5 ans.

2-La clause compromissoire

Il s’agit d’une clause insérée dans un contrat et à travers laquelle les parties au litige
éventuellement né doivent porter celui-ci devant un arbitre et non devant un juge. Une telle

10
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
clause, susceptible d’être utilisée dans un contrat civil ou dans un contrat commercial n’est
pas admise en matière d’acte mixte (au cas où les parties désirent passer par un arbitre, il faut
un compromis).

11
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
CHAPITRE II - LES PRINCIPAUX ACTEURS

Avec l’Acte uniforme de 1998, seuls les commerçants étaient considérés comme des
acteurs. Ce n’est qu’après la révision de l’AU portant DCG consacré le 15 décembre 2010 à
Lomé au Togo, que le législateur a intégré un nouveau statut : celui de l’entreprenant. Ce sont
ces 2 types de professionnels qui constituent aujourd’hui les principaux acteurs dans le cadre
de l’AUDCG. Ils demandent à être examinés l’un après l’autre.

SECTION 1 - LE COMMERCANT

Aux termes de l’art.2 de l’AUDCG, est commerçant celui qui fait de


l’accomplissement d’actes de commerce par nature sa profession. De cette disposition, on
peut noter que la notion de commerçant suppose la réunion d’un certain nombre d’éléments
(PI). Mais en même temps, il faut remplir plusieurs conditions pour accéder à la profession
dont l’exercice implique aussi le respect de plusieurs obligations.

PI -LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE LA QUALITE DE


COMMERÇANT

A partir des dispositions de l’art 2 précité, force est de noter que pour avoir la qualité
de commerçant, il faut accomplir les actes de commerce par nature et le faire à titre
professionnel.

A-L’ACCOMPLISSEMENT DES ACTES DE COMMERCE


PAR NATURE

Les Actes de Commerce par nature sont ceux présentés à l’art 3 de l’AU et dont
l’étude a été faite plus haut. Cette exigence exclut l’accomplissement des Actes de
Commerce par la forme et des Actes de Commerce en vertu de la théorie de l’accessoire (un
morceau de bois jeté dans l’eau ne sera jamais poisson). Ce n’est pas l’acte qui confère une
qualité à une personne. Ces actes ne visent pas à conférer la commercialité à leurs auteurs,
mais uniquement à faire appliquer le Droit Commercial.

B-L’ACCOMPLISSEMENT A TITRE PROFESSIONNEL

La profession implique une activité déployée de façon continue, régulière et


indépendante. Elle suggère l’idée que celui qui accomplit des actes de commerce cherche à en
tirer profit pour survivre. La profession consiste donc en l’exercice d’une activité qui procure
des moyens de satisfaire aux besoins de celui qui l’exerce : il vit de son activité. Par rapport à
l’amateur ou au philanthrope, le professionnel est celui qui entend obtenir d’une activité
déterminée des ressources lui permettant d’assurer sa subsistance. Peu importe qu’en réalité il
n’obtienne que peu de profit ou n’en obtienne pas du tout. Ce qui compte, c’est l’intention de
spéculer sur l’activité.

C-L’ACCOMPLISSEMENT DES ACTES DE COMMERCE EN


SON NOM ET POUR SON COMPTE

12
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
L’art 2 de l’AUDCG n’évoque pas de façon expresse cette condition. Mais elle mérite
d’être retenue comme complétant celles énumérées. En effet, le commerçant doit être entendu
non seulement comme une personne qui accomplit les Actes de Commerce par nature à titre
professionnel, mais également comme une personne qui assume les risques de son
exploitation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, le commerçant est classé parmi les
professionnels dits indépendants.

Le législateur OHADA a consacré plusieurs innovations au rang desquelles les


dispositions applicables aux intermédiaires de commerce qui sont considérés désormais
comme des commerçants. En effet, il faut entendre par intermédiaire de commerce, une
personne physique ou morale qui a le pouvoir ou qui entend agir habituellement et
professionnellement pour le compte d’une autre personne appelée dans l’optique de conclure
avec un tiers un contrat de vente à caractère commercial. Le législateur OHADA a pris soin
de distinguer 3 types d’intermédiaires de commerce. Ce sont :

Le courtier est un intermédiaire de commerce qui fait habituellement profession de


mettre en rapport des personnes en vue de faciliter ou de faire aboutir la conclusion des
conventions entre ces personnes.

Le commissionnaire est quant à lui un professionnel qui moyennant le versement


d’une commission se charge de conclure tout acte juridique, en son propre nom mais pour le
compte du commettant qui lui en donne mandat (exemple : agir devant le service des douanes
en son propre nom pour le compte d’une autre personne).

L’agent comptable est un mandataire professionnel chargé de façon permanente de


négocier et éventuellement de conclure des contrats de vente, d’achat, de location, ou de
prestation de service au nom et pour le compte de producteurs , d’industriels, de commerçants
ou agents commerciaux sans être lié envers eux par un contrat de travail (celui-ci le fait au
nom de l’entreprise et ne profite que de certains pourcentages).

PII –LES CONDITIONS D’ACCES A LA PROFESSION COMMERCIALE

Depuis la révolution française de 1789 l’accès à la profession commerciale est dominé


par un important principe : celui de la liberté. Au nom de cette liberté, chacun est libre
d’exercer l’activité commerciale ou non. Lorsqu’une personne choisit d’exercer cette activité,
elle est libre par rapport au type de produits (biens ou services et par rapport à la zone
d’activité (urbaine ou rurale). On peut le relever avec force, une telle liberté est susceptible de
conduire plutôt à l’anarchie (chacun faisant ce qu’il veut). C’est la raison pour laquelle le
législateur OHADA à soumis l’accès à la profession commerciale au respect d’un certain
nombre d’exigences que l’on peut regrouper selon qu’elles visent à protéger l’intérêt général
(A) ou certains intérêts particuliers (B).

A- LES EXIGENCES VISANT LA PROTECTION DE L’INTERET


GENERAL

Elles sont principalement au nombre de 4 : les incompatibilités, les déchéances, les


interdictions et les autorisations administratives.

13
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
1-Les incompatibilités

On entend par incompatibilité, l’interdiction faite à certaines personnes d’exercer


l’activité commerciale en raison de leur fonction ou de leur profession. L’incompatibilité a
pour fondement, la protection de la dignité de certaines professions contre l’activité
commerciale assise sur la spéculation. En ce sens l’art 9 de l’AUDCG précise que l’exercice
d’une activité commerciale est incompatible avec l’exercice des fonctions ou des professions
suivantes :

-les fonctionnaires et auxiliaires de justice (avocat, huissier, commissaire, notaire, greffier,


administrateur et liquidateur judiciaires…)

-les experts comptables, les comptables agréés, les commissaires aux comptes, les
commissaires aux apports, les conseillers juridiques et courtiers maritimes.

-plus généralement toute profession dont l’exercice fait l’objet d’une règlementation
interdisant le cumul de cette activité avec l’exercice d’une activité commerciale.

2-La déchéance

Plusieurs hypothèses de déchéances ont été envisagées par l’AUDCG en son art 10. Il
s’agit de :

-L’interdiction générale, définitive ou temporaire prononcée par une juridiction de l’un des
états membres de l’OHADA, que cette interdiction soit prononcée comme sanction principale
ou peine complémentaire

-L’interdiction prononcée par une juridiction professionnelle

-La condamnation définitive à une peine privative de liberté pour un crime de droit commun
ou à une peine d’au moins 3 mois d’emprisonnement non assortie de sursis pour un délit
contre les biens ou une infraction en matière économique ou financière.

3-Les interdictions

Ce sont des prohibitions faites par rapport à l’exercice de certaines activités. Les motifs
sont variées : l’ordre public, la moralité publique, la santé publique….. Ainsi, la vente de
certains produits pharmaceutiques est interdite, des stupéfiants, des corps humains, certaines
boissons, etc.

4-Les autorisations administratives

L’exercice de certaines activités commerciales est conditionné par l’obtention d’une


autorisation, d’un agrément ou parfois d’une autorisation d’exploitation. Ces permis
d’exploitation sont généralement délivrés par les représentants du pouvoir exécutif ou les
représentants des collectivités territoriales décentralisées. Exemple : L’exploitation des débits
de boisson est subordonnée à la délivrance d’une Licence d’exploitation par le Gouverneur
(pour les liqueurs).

14
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
B-LES RESTRICTIONS AYANT POUR BUT LA PROTECTION
DE CERTAINES PERSONNES

L’exercice d’une activité commerciale par certaines personnes pose quelques problèmes
particuliers. Ce particularisme peut être dû aux facultés mentales de l’intéressé, à son âge, à
son statut matrimonial ou à sa nationalité.

1-La situation des incapables majeurs

En fonction du degré d’altération des facultés mentales d’un majeur, celui-ci peut être
soumis à un régime de tutelle ou à un régime de curatelle.

Les incapables majeurs en tutelle sont ceux dont les facultés mentales sont altérées à
tel point qu’ils ont besoin d’être représentés de manière continue pour les actes de la vie
civile. Si une telle incapacité est déclarée alors qu’il est déjà commerçant, son fonds de
commerce est soit vendu soit cédé à un tiers, soit mis en location-gérance (par ses proches).

Les incapables majeurs en curatelle sont ceux qui ont simplement besoin d’être
assistés pour les actes de la vie civile. Ils restent donc à la tête de leurs affaires, le rôle
curateur consistant simplement à les orienter.

2-Les incapables mineurs

Avant l’entrée en vigueur du droit OHADA, un mineur ne pouvait exercer l’activité


commerciale que s’il remplissait 4 conditions : il fallait qu’il soit émancipé, qu’il soit âgé de
18 ans révolus, qu’il soit autorisé par ses parents, et que son autorisation soit publiée.

L’AUDCG de 2010 a considérablement allégé les exigences. Aux termes de son art 7,
il est clairement indiqué que le mineur, sauf s’il est émancipé ne peut avoir la qualité de
commerçant ni effectuer des actes de commerce. La seule condition désormais requise est
l’émancipation. On sait que le mineur est émancipé de plein droit par le mariage ; Il l’est par
ses parents lorsqu’il a 16 ans révolus, s’il est sans père ni mère, il peut être émancipé par le
conseil de famille, mais à l’âge de 18 ans révolus (tout ceci par une lettre adressée au
président du tribunal compétent).

3-La situation de la femme mariée ou de l’homme marié

D’après l’art 7 de l’AUDCG, le conjoint du commerçant peut avoir la qualité de


commerçant s’il accomplit les actes de commerce par nature séparément de son conjoint.

4-Les mesures spécifiques aux étrangers : la nécessité d’un agrément

En plus des conditions à caractère général présentées, les étrangers qui désirent exercer
une activité commerciale au Cameroun sont astreints à une condition supplémentaire :
l’obtention d’un agrément préalable délivré par le ministère en charge du commerce. Mais, il
est possible qu’un étranger exerce son activité commerciale au Cameroun sans agrément si les
camerounais ont la latitude d’exercer l’activité commerciale dans les pays de ceux-ci sans
agrément : on parle de la réciprocité.

15
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
PIII -LES PRINCIPALES OBLIGATIONS PROFESSIONNELLES DU
COMMERÇANT

Elles sont relatives au patrimoine, au nom commercial, au domicile commercial, au


contrat de mariage, au compte bancaire du commerçant, à l’immatriculation au registre du
commerce et du crédit mobilier et à la tenue des livres comptables.

A- LE PATRIMOINE DU COMMERÇANT

L’on peut définir le patrimoine comme un ensemble (de biens) d’une personne. Le
commerçant a nécessairement un patrimoine constitué de l’actif et du passif. La particularité
du commerçant, personne physique est qu’il a un seul patrimoine comportant l’ensemble de
ses actifs et de ses passifs. La conséquence en est qu’il répond nécessairement sur la totalité
de son patrimoine, des dettes qu’il contracte à l’occasion de l’exercice de sa profession (son
patrimoine est le gage de tout bien du commerçant. Il peut être saisi pour cause d’unicité du
patrimoine).

B-LE NOM COMMERCIAL

Le commerçant, personne physique, a en principe deux noms : son nom patronymique


qui est un attribut de la personnalité et son nom commercial qui est la dénomination sous
laquelle il exploite son activité.

Dans le choix du nom commercial, le commerçant a la latitude d’opter pour un nom de


fantaisie, un pseudonyme (créer lui-même), un nom composé, un sigle. Le choix est
simplement soumis à 2 limites :

-il faut éviter de faire croire à une société notamment par l’emploi des mots « et
compagnie » ;

-il faut éviter de causer un préjudice à un tiers notamment à travers la confusion créée.

C- LE DOMICILE COMMERCIAL

La notion de domicile commercial n’est définie ni dans le code de commerce ni dans


l’AUDCG. L’art 102 du code civil traite particulièrement du domicile civil dont le régime
juridique peut être étendu en matière commerciale. D’après ce texte, le domicile de toute
personne quant à l’exercice de ses droits civils est au lieu où il a son principal établissement.
En appliquant les principes dégagés par cet article en matière commerciale, l’on peut indiquer
que le domicile commercial est là où il a son principal établissement.

D-LA PUBLICATION DU CONTRAT DU CONTRAT DE


MARIAGE

Le commerçant a l’obligation de publier son contrat de mariage s’il en a conclu et à


défaut son régime matrimonial. Cette publication qui se réalise par voie de déclaration au
moment de procéder à l’immatriculation au RCCM vise à informer les tiers sur l’étendue des
garanties offertes par le commerçant par rapport à ses biens.

16
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
E- L’OUVERTURE D’UN COMPTE BANCAIRE

Tout commerçant a l’obligation d’ouvrir un compte bancaire à travers lequel il


effectue ses diverses opérations. Le numéro de ce compte doit nécessairement figurer sur les
différents documents émis par le commerçant : factures, reçus, bons de commande
notamment.

F- L’IMMATRICULATION AU RCCM

Aux termes de l’art 44 de l’AUDCG, toute personne physique ayant la qualité de


commerçant doit dans le premier mois de l’exercice de son activité, demander au greffe de la
juridiction compétente ou à l’organe compétent dans l’Etat-partie dans le ressort de la quelle
son activité se déroule, son immatriculation au RCCM. A l’appui de sa demande, le
demandeur est tenu de fournir les pièces justificatives de son activité et de sa capacité à
exercer ladite activité. Le R.C.C.M est tenu pour le Cameroun, au greffe du TPI sous la
surveillance du président du tribunal ou d’un juge délégué à cet effet.

Toute personne physique ou morale immatriculée au registre du commerce est tenue


d’indiquer sur tous ses documents commerciaux son numéro d’immatriculation. Au cas où la
personne assujettie n’accomplit pas cette formalité, elle est privée du droit de se prévaloir de
sa qualité de commerçant jusqu’à son immatriculation (celle-ci lui donne les avantages du
commerce). Toutefois elle ne peut invoquer son défaut d’immatriculation pour se soustraire
aux responsabilités et aux obligations inhérentes à cette qualité. Faute de le faire dans les
délais prescrits, la juridiction compétente peut, soit d’office, soit à la requête du greffe ou de
tout autre requérant, rendre une décision prescrivant à l’intéressé, soit de procéder aux
mentions complémentaires rectificatives, soit de se conformer aux rectifications en cas de
déclaration inexacte ou incomplète, soit enfin d’accomplir les formalités nécessaires à sa
radiation.

Toute personne tenue d’accomplir l’une des formalités requises au registre du


commerce et qui s’en est abstenue ou aurait accomplie par fraude, est passible des peines
prévues par la loi nationale à cet effet une poursuite pénale peut être engagée.

G- LES OBLIGATIONS COMPTABLES DU COMMERÇANT

Tout commerçant a l’obligation de tenir dans son propre intérêt et pour des raisons
d’intérêt général un certain nombre de documents généralement utilisés comme moyens de
preuve à l’occasion d’éventuel procès.

1- Les documents comptables du commerçant

Certains documents encore appelés livres sont obligatoires et d’autres facultatifs. Les
livres obligatoires sont :

-Le livre journal : c’est un livre dans lequel sont récapitulées et enregistrées opération par
opération et jour après jour les activités commerciales. Exemple : achat de marchandises,
paiement de facture, de salaire, etc.

17
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
-Le grand livre : c’est celui dans lequel le commerçant mentionne séparément les différents
comptes individuels de chaque client ou de chaque fournisseur.

-Le livre d’Inventaire : c’est celui dans lequel est inscrit annuellement le bilan des éléments
actifs et passifs du commerçant. Dans ce livre, le commerçant est tenu d’arrêter l’ensemble de
ses comptes en vue d’établir son bilan et le compte de ses pertes et profits.

En plus des livres obligatoires, le commerçant a la latitude d’exercer tout autre livre de
nature à lui permettre de mener à bien son activité. Exemple : créer le livre de caisse qui est
un document dans lequel peuvent figurer les entrées et sorties en numéraires (en argent).

2- Les Livres de commerce comme instrument de preuve

Les livres de commerce peuvent servir comme éléments de preuve à l’occasion d’un
procès dans lequel se trouve impliqué un commerçant. On dit qu’ils ont une « force
probante ». Cette force a un régime juridique variable selon les modalités de présentation du
titre en justice.

-Lorsque les livres de commerce sont invoqués contre celui qui les a tenus (commerçant), les
livres font entièrement preuve contre lui.

-Les livres de commerce peuvent aussi être invoqués par la personne qui les a tenus. Si les
deux parties sont des commerçants, chacun d’eux a la latitude d’apporter la preuve contre son
adversaire en se fondant sur son propre livre de commerce, à condition que celui-ci soit
régulièrement tenu (art 15 de l’AUDCG). Si le livre de commerce est invoqué contre un, il
n’aura aucune force probante dans la mesure où le non-commerçant se trouve dans
l’impossibilité de se défendre contre les livres du commerçant. Il s’ensuit alors que les parties
doivent faire usage des techniques de preuve du Droit civil.

SECTION II -L’ACTEUR ATTIRE : L’ENTREPRENANT

Aux termes de l’art. 30 de l’AUDCG, il faut entendre par ENTREPRENANT, un


entrepreneur individuel, personne physique, qui sur simple déclaration prévue dans l’AU,
exerce une activité professionnelle, civile, commerciale, artisanale ou agricole dont le chiffre
d’affaire n’excède pas pour l’année en cours et l’année précédente le maximum fixé par l’Etat
partie sur le territoire duquel il tient son activité et choisit d’exercer celle-ci sous ce statut (le
statut de l’entreprenant est dispensé de l’obligation d’immatriculation au RCCM. Le but
recherché par le législateur à travers l’institution de ce statut est notamment de favoriser le
passage du secteur informel vers le secteur formel. Pour cette raison, le législateur a prévu des
règles suffisamment légères applicables au titre de conditions d’accès ou d’obligations
incombant à untel professionnel.

PI -LES CONDITIONS D’ACQUISITION DE LA QUALITE


D’ENTREPRENANT

18
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
L’acquisition de la qualité d’entreprenant suppose une déclaration d’activité et la
satisfaction d’autres conditions laissées à la compétence de chaque législateur national

A-L’UNIQUE CONDITION EXPRESSEMENT PREVUE PAR


L’AUDCG

L’unique condition consiste à faire une simple déclaration. L’entreprenant est tenue
d’accomplir une formalité spéciale dénommée déclaration d’activité au RCCM. Cette
déclaration s’effectue d’après l’art 62 de l’AU, au moyen d’un formulaire prévu à l’art 39 de
l’AU précité qui indique soigneusement que la déclaration peut se réaliser au moyen d’un
support papier ou par voie électronique. Les éléments à fournir lors de la déclaration d’activité
sont énumérés aux articles 62 et 63 de l’AU (nom, prénom, etc). En comparant ces éléments
avec ceux que produit un commerçant personne physique lors de son immatriculation au
RCCM, le constat est qu’elles sont allégées par rapport aux informations demandé désirant
accéder à la profession de commerçant qui semble être plus rigide.

B-LES CONDITIONS LAISSEES AUX DIVERSES LEGISLATIONS


NATIONALES

A l’art 30 de l’AUDCG indiquant la déclaration comme condition d’acquisition de la


qualité d’entreprenant, annonce également que chacun des entreprenants a l’obligation de se
conformer à la réglementation applicable à titre spécial pour son type d’activité. Autrement
dit, au- delà de la condition commune constituée par la déclaration d’activité, l’entreprenant-
commerçant, l’entreprenant-agriculteur a l’obligation de se conformer aux conditions
spéciales (ou spécifiques) à son corps de métier (définies par les lois de son pays).
L’entreprenant-commerçant par exemple, est tenu de remplir les conditions fixées par
l’AUDCG (déclaration) et notamment avoir la capacité requise, ne pas être sous le coup d’une
incompatibilité, d’une déchéance ou d’une interdiction et avoir l’autorisation requise.

Pour prendre ensuite celui des non-commerçants, l’art 63 de l’AUDCG exige du


demandeur de la déclaration de fournir les pièces justificatives du fait qu’il n’est l’objet
d’aucune interdiction d’exercer en relation avec sa profession et qu’il n’a fait l’objet d’aucune
condamnation pour infraction prévue à l’art 10 de l’AU (justifier qu’ils n’ont pas été
sanctionnés dans leur corps de métier. (Finalement on retombe dans le droit commun avec des
conditions rigides).

P II- LA VIE PROFESSIONNELLE DE L’ENTREPRENANT

Durant sa vie professionnelle, l’entreprenant a des obligations et des droits

A-LES OBLIGATIONS DE L’ENTREPRENANT

L’entreprenant a des obligations comptables et d’autres obligations. Relativement aux


obligations comptables, contrairement au commerçant, l’entreprenant est astreint à des
obligations comptables relativement réduites. A cet effet, il est simplement tenu d’établir au
jour le jour un livre mentionnant chronologiquement l’origine et le montant de ses ressources

19
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
en distinguant les règlements en espèce des autres modes de règlement d’une part, la
destination et le montant de ses emplois d’autre part (il s’apparente au livre journal).

Pour ce qui est des autres obligations, l’art. 30 de l’AUDCG souligne en son alinéa 7
que chaque Etat partie a le droit d’édicter des obligations professionnelles supplémentaires
pour l’entreprenant. Tout ce qui est recommandé est que ces obligations soient fixées dans
l’optique d’inciter le maximum de professionnels à adhérer audit statut. Il doit en être ainsi en
matière d’imposition fiscale, d’assujettissement aux charges sociales ou d’autres obligations.

B-LES PRIVILEGES DE L’ENTREPRENANT

Le nouvel AUDCG a consacré à l’art 65 les privilèges dont bénéficie l’entreprenant. A


cet effet, il a la latitude de tirer avantage :

-de l’art 5 de l’AU concernant la preuve (la liberté des preuves)

-de l’art 17 et 33 du même AU relatifs à la prescription (plus courte : 5 ans)

-des art. 101 à 134 relatifs au bail à usage professionnel.

Pour plus de précision par rapport au statut de l’entreprenant voir Athanase FOKO,
« la consécration d’un nouveau statut professionnel dans l’espace OHADA : le cas de
l’entreprenant » dans la revue de la recherche juridique droit prospectif. Aix-Marseille,
France, 2012 n°03.

20
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
DEUXIEME PARTIE : LE FONDS DE COMMERCE ET LES PRINCIPAUX
CONTRATS COMMERCIAUX REGLEMENTES

Une fois la qualité de commerçant acquise, le professionnel spécialisé en ce domaine


est appelé à exploiter son fonds de commerce. Dans cette œuvre d’exploitation, il bénéficie
généralement de la latitude de s’installer dans un local dont il n’est pas propriétaire et de
conclure avec ce dernier une importante convention dénommée « bail à usage professionnel »
la plupart des commerçants effectuent au quotidien des opérations de cession des biens aux
tiers à travers un mécanisme appelé « contrat de vente commerciale ». Les divers instruments
et outils évoqués ici méritent d’amples développements au travers de deux chapitres : le fonds
de commerce (chapitre I) et les principaux contrats commerciaux réglementés (chapitre II).

CHAPITRE I- LE FONDS DE COMMERCE

Dans le nouvel AUDCG du 15 décembre 2010, le fonds de commerce est régi par les
articles 135 à 168. D’après l’article 135 définit la notion de fonds de commerce comme un
ensemble de moyens qui permettant au commerçant d’attirer et de conserver la clientèle. Par
rapport à cette définition, on peut mener une double étude, l’une consacrée aux éléments et à
la nature du fonds de commerce (section I), l’autre à l’exploitation et à la disposition du fonds
de commerce (section II).

SECTION I- LES ELEMENTS CONSTITUTIFS ET LA NATURE DU


FONDS DE COMMERCE

Ces éléments demandent à être examinés l’un après l’autre.

PI- LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU FONDS DE COMMERCE

Le fonds de commerce est constitué des éléments obligatoires et des éléments


facultatifs.

A- LES ELEMENTS OBLIGATOIRES

Aux termes de l’article 136 de l’AUDCG, le fonds de commerce comprend


nécessairement la clientèle et l’enseigne, ou la clientèle et le nom commercial sans préjudice
du cumul de la clientèle avec l’enseigne et le nom commercial. De cette disposition, il ressort
clairement que les éléments obligatoires du fonds de commerce sont : la clientèle, le nom
commercial et/ou l’enseigne.

1-La clientèle.

Dans son sens littérale, la clientèle renvoie à diverses réalités : ensemble des clients d’un
praticien (avocat), ensemble de personnes qui fréquente habituellement un milieu d’exécution
du bail, le fait d’être client, le fait d’acheter, ensemble d’acheteurs, etc.

Dans son sens juridiques, on peut retenir de la clientèle que c’est un ensemble de
personnes qui sont en relation d’affaire avec un commerçant dont ils acquirent la marchandise

21
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
ou requirent les services. De façon générale, la clientèle suppose une certaine stabilité, c’est la
raison pour laquelle elle est différente de l’achalandage (passer à côté d’un magasin et
admirer les produits ou acheter que de manière exceptionnelle). En effet l’achalandage est une
sorte de clientèle de passage. Elle est constituée par l’ensemble des personnes attirées par la
commodité ou la proximité de l’établissement.

2-Le nom commercial

C’est l’appellation sous laquelle un commerçant, personne physique ou morale exerce


son activité. Il peut s’agir d’un nom de fantaisie, du nom patronymique du commerçant ou de
celui d’un tiers. Dans tous les cas, lorsque le commerçant choisit son nom commercial, il doit
surtout éviter de porter préjudice à un tiers. En effet, la victime a la latitude à travers une
action judiciaire, d’interdire cette utilisation et d’obtenir des dommages et intérêts sur le
fondement de la concurrence déloyale.

3-L’enseigne

C’est un signe extérieur qui permet d’individualiser un fonds de commerce. Elle peut
être constituée par un nom de personne qui n’est pas nécessairement celui de l’exploitant.
Elle peut par ailleurs être constituée par une dénomination de fantaisie. Elle peut par ailleurs
être constituée par un emblème (Ex : la vache qui rit), par une appellation rappelant
l’emplacement du commerce (Ex : call box du petit marché), ou enfin par une image à l’instar
de celle d’un animal.

Toute utilisation abusive d’une enseigne peut justifier la mise en œuvre de la


responsabilité de l’auteur de cet usage sur le fondement de l’art. 1382 du code civil.

B- LES ELEMENTS FACULTATIFS DU FONDS DE


COMMERCE

Les fonds de commerce peuvent également comporter divers éléments corporels et


incorporels.

Dans la rubrique des éléments corporels, on peut citer : les installations,


aménagements et agencements, le matériel et le mobilier, les marchandises en stocks.

Dans les éléments incorporels, on peut avoir : le droit au bail, les licences
d’exploitation, les propriétés industrielles.

P II : LA NATURE JURIDIQUE DU FONDS DE COMMERCE

Chacun des biens compris dans le fonds de commerce conserve sa nature


juridique propre et son statut juridique. Mais la réunion de tous les éléments en vue d’un objet
unique et d’un but précis constitue un ensemble distinct soumis à des règles différentes de
celles des éléments qui le composent. Or, comment expliquer juridiquement cette situation. Se
pose alors la question de la nature juridique du fonds de commerce. A cet effet, les opinions
sont partagées. Au-delà des thèses construites autour de la notion de l’université, il faudrait
s’intéresser à la thèse relative la véritable nature juridique du fonds de commerce.

22
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
Le fonds de commerce étant constitué de la clientèle en tant qu’élément central, il
constitue un bien incorporel (parce que la clientèle est incorporelle). De même il a une nature
mobilière dans la mesure où ses éléments constitutifs excluent les immeubles. Il a enfin une
nature commerciale car il est mis sur pied dans l’optique d’exploiter une action commerciale.
Ainsi, le fonds de commerce fonds de commerce est un meuble incorporel de nature
commerciale.

SECTION II- L’EXPLOITATION ET LA DISPOSITION DU FONDS DE


COMMERCE

Une fois constitué, le fonds de commerce doit être exploité en vue d’attirer et de
conserver la clientèle qui y est attachée. Mais pour une raison quelconque, le titulaire du fonds
peut être amené à le céder à une tierce personne. Ceci pose le problème de la disposition du
fonds de commerce.

PI- L’EXPLOITATION DU FONDS DE COMMERCE

Le fonds de commerce peut être exploité, soit directement, soit de façon indirecte à
travers le procédé dit de la location gérance

A- L’EXPLOITATION DIRECTE DU FONDS DE COMMERCE

Le plus souvent, cette exploitation est assurée à titre personnel par le commerçant.
Mais, elle peut aussi être assurée par un gérant salarié.

1- L’ACCOMPLISSEMENT DES ACTES DE GESTION


PAR LE PROPRIETAIRE DU FOND

Dans cette hypothèse, le propriétaire fonds de commerce accomplit lui-même son


exploitation. Il est habilité à accomplir ces actes dans la mesure où immatriculé au RCCM, il
a la qualité de commerçant et répond d’ailleurs des risques de son exploitation.

2- LA REALISATION DES ACTES DE GESTION PAR UN


GERANT SALARIE

Le propriétaire du F.C a aussi la latitude de confier l’accomplissement des actes de


l’exploitation de son fonds à une tierce personne qu’il rémunère. Le plus souvent,
l’exploitation est attribuée à un gérant lié au propriétaire du fonds de commerce par un contrat
de travail et implique une subordination économique et juridique entre les deux personnes
Le dénominateur commun des deux alternatives de l’exploitation directe est que le
risque de l’activité est supporté par le propriétaire du fonds.

B- L’EXPLOITATION INDIRECTE : LA LOCATION-


GERANCE

Un commerçant a la latitude d’exploiter son fonds de commerce de façon indirecte à


travers le procédé dit de « la location-gérance ». Il s’agit d’une convention par laquelle le

23
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
propriétaire du fonds de commerce, attribue la gestion à une personne physique ou morale,
qui l’exploite à ses risque et périls. Une telle convention a ses conditions et ses effets.

1- Les conditions de la mise du fonds de commerce en


location-gérance

La régularité de la mise du fonds de commerce en location-gérance (gérance-location


ou gérance libre) suppose la réunion de plusieurs éléments de fond et de forme.

a. Les conditions de fond de la location-gérance

Etant un contrat, la convention de location-gérance doit remplir les conditions


générales de validité des contrats précisé par l’article 1108 du code civil qui donne des
précisions par rapport au consentement, à la capacité, à l’objet et à la cause.

S’appliquant au fonds de commerce l’art 141 de l’AUDCG ajoute que la personne qui
concède une location-gérance doit avoir exploité pendant 2 ans au moins en qualité de
commerçant, le fonds mis en gérance. Ce délai peut être réduits par le président de la
juridiction compétente, notamment lorsque la personne apporte la preuve qu’elle s’est trouvée
dans l’impossibilité d’exploiter son fonds personnellement ou par l’intermédiaire des
préposés.

Cette exigence fixée à l’art 141 ne s’appliquent pas lorsqu’un fonds de commerce doit
être mis en location-gérance par l’ETAT, les collectivités territoriales décentralisées, les
établissements publics ou les incapables en ce qui concerne le fonds dont ils était propriétaire
avant la survenance de leur incapacité, par les héritiers ou légataire d’un commerçant décédé
en ce qui concerne le fonds exploité par ce dernier et enfin par les mandataires de justice
chargés à quelque titre que ce soit de l’administration d’un fonds de commerce.

b. Les conditions de forme de la location-gérance

En plus des éléments de fond, la validité du contrat de location-gérance est (en


principe) subordonnée à un certain nombre de formalités. Ainsi, selon l’article 139 alinéa 3 de
l’AUDCG, tout contrat de location-gérance doit être publié dans un journal d’annonces
légales.

2- Les effets de la location-gérance

On peut relever des effets entre les parties et à l’égard des tiers.

a. Les effets entre les parties

Le locataire-gérant est tenu de payer les loyers ou les redevances prévues, de continuer
les contrats de travail qui avaient été conclus. Il ne peut disposer du fonds, le vendre ou le
donner en nantissement (en garantie). Le contrat étant conclu intuitu personae, il ne peut sous-
louer le fonds à une autre personne ni le céder à un tiers sans l’accord du bailleur.

Le loueur quant à lui a l’obligation de délivrer au locataire-gérant tous les éléments du


fonds dont il est titulaire. Il a également l’obligation de garantie et ne doit ni troubler le gérant

24
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
dans sa jouissance, ni lui faire concurrence (par exemple ouvrir un même fonds de commerce
à côté). Il ne peut modifier unilatéralement les conditions d’exploitation prévues au contrat
initial.

b. Les effets à l’égard des tiers

L’opération de location-gérance est particulièrement délicate, il peut y avoir


entremêlement de plusieurs intérêts qui peuvent même entrer en conflit : celui du loueur,
celui du locataire-gérant et celui des tiers. Afin d’assurer une protection efficace de ces
derniers, plusieurs mesures ont été prévues. En plus de l’information qui leur est donnée à
travers les mesures de publicité examinées plus haut, les créanciers du propriétaire du fonds,
bénéficient d’une protection spécifique : les dettes du loueur peuvent être déclarées
immédiatement exigibles par la juridiction compétente si elle estime que la location-gérance
met en péril leur recouvrement ; il existe une certaine solidarité entre le propriétaire du fonds
et le gérant à propos des dettes de ce dernier et le ceci jusqu’à la publication du contrat de
location-gérance.

P II- LA DISPOSITION DU FONDS DE COMMERCE

Le fonds de commerce régulièrement constitué est la propriété de son initiateur. A ce


titre, la pers est libre d’en disposer. Il peut de ce fait le donner en garantie, le vendre, etc. La
vente du fonds de commerce se faisant par acte de disposition nécessite la réunion de
plusieurs conditions pour pouvoir produire certains effets.

A-LES CONDITIONS DE VENTE D’UN FONDS DE


COMMERCE

Il faut distinguer les éléments de fond des éléments de forme.

1-Les conditions de fond

En tant que contrat, la vente fonds de commerce doit en principe respecter les
règles du droit commun contenu à l’article 1108 du CC (consentement, capacité, objet, cause),
sous réserve des règles spécifiques à l’exercice de certaines activités commerciales.

2-Les conditions de forme

Aux termes de l’art. 149 de l’AUDCG, la vente d’un F.C peut être réalisée soit
par un acte sous-seing privé, soit par acte authentique (les parties ont le choix). En tout état de
cause, le contrat de vente d’un fonds de commerce doit préciser :

-pour les personnes physiques : l’état civil complet du vendeur et de l’acheteur (nom, date lieu
de naissance, domicile…). Pour les personnes morales : leur nom, (leur dénomination sociale)
leur forme juridique, l’adresse de leur siège ;

-les activités du vendeur et l’acheteur ;

-leur numéro d’immatriculation au RCCM ;

25
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
-s’il y a lieu l’origine du fonds au regard du titulaire qui a précédé le vendeur ;

-l’état des privilèges, nantissement et inscription grevant le fonds (garantie, sûreté…) ;

-le chiffre d’affaires réalisé au cours de chacune des trois dernières années d’exploitation ;

-les résultats commerciaux réalisés pendant la même période (est-ce qu’on a gagné ou perdu) ;

-le bail annexé à l’acte avec l’indication de sa date, de sa durée, du nom et l’adresse du
bailleur et du cédant s’il y a lieu ;

-le prix convenu ;

-la situation et les éléments du fonds vendu ;

-le nom et l’adresse du notaire ou de l’établissement bancaire désigné en qualité de séquestre


(lieu de dépôt d’argent) si la vente a lieu par acte sous- seing privé.

L’omission ou l’inexactitude de ces mentions ou énonciations peut entrainer la nullité


de la vente. Mais il faut que l’acquéreur sollicite cette nullité dans un délai d’un an à compter
de l’acte et qu’il apporte la preuve que l’inexactitude a substantiellement affecté la
consistance du fonds cédé et qu’il en est résulté un préjudice.

Dans un délai de 15 jours à compter de sa date, le contrat de vente du fonds de


commerce doit être publié à la diligence de l’acquéreur dans un journal habité à recevoir les
annonces légales et paraissant dans le lieu où le vendeur est inscrit au RCCM.

B- LES EFFETS DE LA VENTE DU FONDS DE COMMERCE

De manière générale, la vente du fonds de commerce produit des effets vis-à-vis


du vendeur et de l’acheteur.

1-Les effets à l’égard du vendeur

Si le vendeur est payé en totalité, il est tenu de mettre le fonds cédé à la disposition
de l’acheteur à la date prévue dans l’acte de cession. Dès lors que le fonds est cédé il est tenu
d’assurer à celui-ci une possession paisible de la chose vendue (ne pas le gêner dans la
jouissance de l’exploitation et le garantir contre les droits que d’autres personnes
prétendraient faire valoir sur le fonds vendu). Si le vendeur n’est pas payé, il a le droit de
demander la résolution de la vente conformément au droit commun.

2-Les effets à l’égard de l’acheteur

Celui-ci a pour principal objectif de payer le prix au jour et lieu fixés dans l’acte de
vente entre les mains du Notaire ou de l’établissement bancaire désigné d’un commun accord
par les parties. L’acheteur a également l’obligation de continuer les contrats de travail avec le
personnel qui exerce son activité dans le cadre du fonds de commerce (art 42 du code du
travail sauf s’il y a amélioration du fonds de commerce et que le personnel n’est plus
qualifié). L’acquéreur peut demander la résolution de la vente s’il découvre des vices-cachés.

26
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
CHAPITRE II- LES PRINCIPAUX CONTRATS COMMERCIAX REGLEMENTES

Les principaux contrats commerciaux organisés par l’AUDCG sont le bail à usage
professionnel (section I) et la vente commerciale (section II).

SECTION I- LE BAIL A USAGE PROFESSIONNEL

Ce bail, aujourd’hui, organisé par l’AU du 15 décembre 2010 a remplacé ce qui


autrefois était connu de façon critiquable sous la dénomination de « bail commercial ». Le
bail à usage professionnel est organisé sur plusieurs points dont les plus importants
concernent son champ d’application (P I) et ses conditions d’exécution (P II).

PI- LE CHAMP D’APPLICATION DES NORMES REGISSANT LE


BAIL A USAGE PROFESSIONNEL

Le législateur l’AUDCG de 2010 a évacué l’exigence de l’A.U de 1998 concernant


la ville dans laquelle l’activité commerciale serait exercée (ville ayant au moins 5 mille
habitants), le législateur se limite au champ d’application à indiquer le type d’activité pour
lequel un tel bail pourrait être conclu et les professionnels susceptibles d’en bénéficier. Ainsi
aux termes de l’art 101 de l’AUDCG en vigueur, les normes régissant le bail à usage
professionnel sont applicables à tous les baux portant sur des immeubles rentrant dans les
catégories suivantes :

-Locaux ou immeubles à usage commercial, industriel, artisanal ou à tout autre usage


professionnel ;

-Locaux accessoires dépendant d’un local ou d’un immeuble à usage commercial, industriel,
artisanal ou à tout autre usage professionnel à la condition si ces locaux appartiennent à des
propriétaires différents, que la dépendance ait été construite pour le même but que le
principal.

-Terrains nus sur lesquels ont été édifiés avant ou après la conclusion du bail, des
constructions à usage industriel, commercial ou à tout autre usage professionnel avec le
consentement exprès du propriétaire.

Les personnes susceptibles de bénéficier du régime de bail à usage professionnel


sont non seulement les personnes privées mais aussi les personnes morales de droit public à
caractère industriel ou commercial, et aux sociétés à capitaux publics, qu’elles agissent en
qualité de bailleur ou de preneur.

PII- LES CONDITIONS D’EXECUTION DU BAIL A UASGE


PROFESSIONNEL

Elles sont relativement nombreuses et concernent les modalités d’exécution du bail


(A), les obligations des parties (B) et les prérogatives du preneur (locataire) (C).

A- LES MODALITE D’EXECUTION DU BAIL

27
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
Avant l’entrée en vigueur du droit OHADA, une certaine confusion régnait en matière
d’exécution du bail. Le législateur a apporté à cet effet des clarifications aussi bien par rapport
à la durée du bail qu’au montant du bail.

-la durée du bail : la nouvelle législation prévoit aux articles 103 et 104 de l’AU DCG
que le contrat peut être à durée déterminée ou indéterminée. Tout dépend de la volonté des
parties. A défaut de précision à cet effet, le bail est réputé conclu pour une durée
indéterminée.

- le montant du loyer : sa fixation conserve un caractère contractuel. Au moment de la


conclusion du bail, les parties ne subissent aucune contrainte en ce qui concerne le loyer
initial, aucun minimum ni maximum n’étant fixé (le législateur n’a pas fixé le plafond) : c’est
le principe de la liberté contractuelle. Selon l’art 116, le loyer est toutefois révisable dans les
conditions prévues par les parties et à défaut, à l’expiration de chaque période triennale (on
révise tous les 3 ans).

Lorsque les parties ne parviennent pas à s’entendre par rapport au montant du loyer
révisé, il appartient au juge de le fixer. A cet égard, il prend en considération un certain
nombre d’éléments dont : le lieu de situation des locaux, leur superficie, leur état de vétusté
(neuf ou vieux) et le prix des loyers commerciaux courant pratiqués dans le voisinage pour
des locaux similaires.

B- LES OBLIGATIONS DES PARTIES

Les parties ici sont le bailleur et le preneur.

1- Les obligations du bailleur

Le bailleur a 3 principales obligations :

- L’obligation de délivrance : c’est la mise des lieux ou des locaux à la disposition du preneur
en vue de sa jouissance. L’objectif de délivrance s’exécute par rapport à l’ensemble de la
matière convenue entre les parties, c’est-à-dire la chose elle-même et les accessoires,
indispensables à son utilisation. En cas de contestation sur l’exécution de cette obligation, il
appartient au bailleur de prouver qu’il a satisfait intégralement à son objectif.

-L’obligation d’entretien : le bailleur est tenu de faire procéder à ses frais dans les lieux loués
à toutes les grosses réparations devenues nécessaires et urgentes.

-La garantie des troubles de jouissance : le bailleur est responsable envers le preneur du
trouble de jouissance survenu de son fait ou du fait de ses ayants-droit ou de ses préposés.

Le non respect de ces différentes obligations peut être sanctionné par la


résiliation du bail.

2- Les obligations du preneur

Le preneur a également trois obligations :

28
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
- L’obligation de payer le loyer : une fois le contrat de bail régulièrement conclu entre les
parties, le preneur est tenu de payer le loyer aux termes convenus, entre les mains du bailleur
ou celles de son représentant désigné au bail. L’art 112 alinéa 2 de l’AUDCG ajoute que le
paiement peut être effectué par correspondance ou par voie électronique.

-L’obligation d’exploiter les locaux donnés à bail en bon père de famille et conformément à la
destination prévue au bail au risque de la résiliation du bail.

-L’obligation de conserver les lieux loués : le preneur est tenu des réparations d’entretien. Il
répond des dégradations ou des dommages dus à un défaut d’entretien au cours du bail. Mais,
il ne répond pas des cas où les dégradations et les dommages résulteraient des situations de
force majeure ou de vétusté.

C- LES PREROGATIVES DU PRENEUR

Le contrat de bail a une nature synallagmatique. Il confère des droits et obligations à


chacune des parties. Le preneur est certes astreint à quelques obligations mais en même temps
bénéficiaire d’un nombre important de prérogatives. Celles-ci ont trait aussi bien au bail qu’à
l’activité exercée.

1-Les prérogatives tenant au bail

Sans avoir nécessairement un contenu identique, les prérogatives du preneur trouvent leur
terrain de prédilection en matière de cession et de sous-location.

a)-La cession du bail est l’acte par lequel le titulaire du bail appelé cédant en transmet le
bénéfice à un tiers appelé cessionnaire soit moyennant un prix. Selon l’art 118 de l’AUDCG,
toute cession du bail doit être portée à la connaissance du bailleur par signification d’huissier
de Justice ou notification par tout autre moyen écrit mentionnant l’identité complète du
cessionnaire, son adresse et éventuellement son numéro d’ immatriculation au RCCM. A
défaut d’accomplissement de ces formalités, la cession est inopposable au bailleur lequel
dispose d’ailleurs, même en cas de notification, d’un délai d’un mois pour s’y opposer (cela se
justifie par l’intuitu personae).

b)-La sous-location du bail quant à elle consiste pour un locataire principal à devenir à
son tour bailleur et à recevoir d’une autre personne, le sous-locataire, un loyer alors qu’il
continue à payer le loyer principal au propriétaire du local. La sous-location peut être totale
ou partielle. En matière civile, elle est autorisée (article 1717 code civil) mais en matière
commerciale sauf stipulation contraire, elle est interdite. La raison est simple : il est possible
qu’elle aboutisse à la fixation d’un sous- loyer supérieur au loyer principal, procurant par
conséquent au preneur un profit injustifié (enrichissement sans cause. On interdit de spéculer
sur le dos du bailleur).

2-Les prérogatives tenant à l’activité exercée : La déspécialisation du bail

Lorsque les parties concluent un bail de nature commerciale, c’est généralement avec
une indication précise du type d’activité à exercer dans les locaux loués. Le locataire se doit

29
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
alors de respecter la désignation prévue au bail. Il ne peut en principe, procéder à une
modification ou à un changement de ladite désignation. En réalité se pose le problème de la
déspécialisation du bail qui reçoit des solutions variables selon qu’elle est partielle ou totale :

-Dans la déspécialisation partielle ou la déspécialisation simple, il s’agit pour le locataire


d’adjoindre à l’activité prévue au bail des activités connexes ou complémentaires. Selon
l’article 113, alinéa 2 de l’AUDCG, cette déspécialisation est permise. Mais le preneur doit
aviser de manière expresse le bailleur. Celui-ci a le droit de s’y opposer pour des motifs
sérieux. En cas de conflits entre les deux parties, il revient à la juridiction compétente de
trancher (appréciation souveraine in concreto).

-La déspécialisation totale ou renforcée ou générale est celle dans laquelle le locataire
choisit de changer complètement la nature de l’activité exercée. Dans la législation OHADA,
cette situation est possible à condition que le preneur obtienne l’accord préalable du bailleur.
Plus précisément, l’article 113 alinéa 3 de l’AUDCG dispose à cet égard en cas de
changement de l’activité prévue au contrat, que le preneur doit obtenir l’accord préalable et
exprès du bailleur qui peut s’y opposer pour des motifs sérieux. Si les deux ne s’entendent
pas, il appartient au juge de trancher.

SECTION II : LA VENTE COMMERCIALE

La règlementation de la vente commerciale faite aux articles 234 à 302 de l’AUDCG


s’inspire principalement de la convention de Vienne du 11 avril 1980 sur la vente
internationale de marchandises. Le texte de l’OHADA met particulièrement l’accent sur : -le
champ d’application de la vente.
-la formation d'un tel contrat.

PI : LE CHAMP D’APPLICATION DE LA VENTE COMMERCIALE

La vente commerciale a un champ d’application variable selon qu’il concerne la


matière ou le territoire.

A-LE CHAMP MATERIEL

Le régime juridique applicable ici est organisé par les dispositions des articles 235 à
237 de l’AUDCG. Selon le premier texte qui procède par exclusion, les dispositions prévues
ne s’appliquent pas : -1) aux ventes de marchandises achetées pour un usage personnel,
familial ou domestique à moins que le vendeur à un moment quelconque avant la conclusion
du contrat n’ait pas su que ces marchandises étaient achetées pour un tel usage.

-2) aux contrats de fourniture de marchandises dans lesquels la prépondérante de


l’obligation de la partie qui fournit les marchandises consiste dans une fourniture de main
d’œuvre ou d’autres services.

Toujours, dans le sens de la précision des matières non régies par les règles applicables
à la vente commerciale, l’article 236 de l’A.U ajoute que sont également exclus dudit régime :

30
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
1-les ventes aux enchères ;
2-les ventes sur saisie ;
3-les ventes de valeurs mobilières, d’effet de commerce ou de monnaie ;
4-les mobilisations et autres opérations sur créance ou instrument financier ;

5-les ventes de navire, bâteau et aéronef ;


6-les ventes d’électricité.

B- LE CHAMP TERRITORIAL

Sauf stipulation conventionnelle contraire, le contrat de vente commerciale est régi par
les dispositions prévues de l’A.U dès lors que les contractants ont le siège de leurs activités
dans l’un des Etats parties à l’OHADA ou lorsque les règles du Droit international privé
conduisent à l’application de la loi d’un Etat partie. Plus précisément le Droit OHADA de la
vente commerciale est en principe applicable dès lors que les parties ont leurs établissements
respectifs dans au moins l’un des Etats de l’espace OHADA. Rien n’empêche toutefois que
les parties conviennent de la loi applicable en écartant le Droit OHADA au profit d’une autre
législation.

PII : LES MODALITES DE FORMATION DU CONTRAT DE VENTE


COMMERCIALE

L’accent sera placé ici sur 3 points :


-la négociation contractuelle ;
-la formation du lien contractuel ;
-les obligations des parties.

A-LA NEGOCIATION CONTRACTUELLE

Deux principes sont affirmés par le législateur OHADA par rapport à la négociation
contractuelle.

-D’abord, le principe de la liberté contractuelle. En effet, les négociateurs sont


libres d’entrer en pourparlers, de mener leur négociation et d’y mettre fin comme et quand
bon leur semble, c’est-à-dire à leur guise. En principe, leur responsabilité ne peut être engagée
du seul fait que la négociation a été rompue et que cette rupture a causé un dommage à l’un
des négociateurs.

-Ensuite, le principe de la loyauté contractuelle. Ce principe impose une certaine


éthique au cours de la phase précontractuelle. En ce sens, le négociateur non loyal par
exemple de mauvaise foi engage sa responsabilité civile délictuelle en cas de rupture de
pourparlers. Il en est ainsi lorsque la négociation est entamée et poursuivie sans que l’un des
partenaires n’ait véritablement l’intention de conclure le contrat.

31
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
Au total, la formation du contrat de vente passe par une négociation au cours de
laquelle chacune des parties doit montrer sa bonne volonté d’aboutir à la convention
envisagée.

B- LA FORMATION DU LIEN CONTRACTUEL

Ici, trois précisions doivent être apportées relativement à l’offre, à la révocation de


l’offre et à l’acceptation.

1- La négociation de l’offre

La théorie de l’offre a subi en Droit OHADA quelques aménagements par rapport au


Droit commun des contrats. Ainsi, aux termes de l’article 241 alinéa 3 de l’AUDCG, une
proposition de contracter n’est constitutive d’une offre ou pollicitation que si elle satisfait à
trois conditions :

1e condition: l’offre doit être déterminée c’est-à-dire adressée à une personne bien identifiée
;
2e condition : l’offre doit être suffisamment précise. Il en est ainsi lorsqu’elle désigne les
indications de la quantité et du prix.

3e condition: l’offre doit être ferme. Elle est dite ferme lorsqu’elle est sans équivoque sur la
volonté de l’offrant d’être lié en cas d’acception pure et simple du destinataire.

2- La problématique de la révocation de l’offre

L’offre ne doit normalement pas être révoquée (principe : elle est irrévocable). D’après
l’article 242 de l’A.U, l’offre est irrévocable si elle indique en fixant un délai déterminé pour
l’acceptation qu’elle est irrévocable ou si le destinataire était raisonnablement fondé à croire
que l’offre était irrévocable et a agi en conséquence.
3- Les conditions de l’acceptation

L’acceptation renvoie au moment de la formation du contrat. Ainsi d’après l’article


243 de l’AUDCG, « constitue une acceptation toute déclaration ou autre comportement du
destinataire indiquant qu’il acquiesce à l’offre. Le SILENCE ou l’INACTION ne peut à lui
seul valoir acceptation ».

L’acceptation doit donc être expresse. L’article 246 de l’A.U a prévu des règles plus
générales relatives au point de départ du délai d’acceptation. Ainsi, le délai d’acceptation fixé
par l’auteur de l’offre commence à courir au moment où l’offre est présumée être celle de son
expédition, à moins que les circonstances n’indiquent le contraire. Le délai court donc à partir
de l’accomplissement de l’offre. A quel moment le contrat est –il conclu ?

Pour ce qui est du moment de la conclusion du contrat, le législateur OHADA a retenu


la théorie de la réception. En ce sens, l’article 244 de l’A.U dispose que l’acceptation d’une
offre prend effet au moment où l’expression de l’acquiescement parvient à l’auteur de l’offre.
La théorie de l’émission est exclue.

32
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice
C- LES OBLIGATIONS DES PARTIES

Les parties sont le vendeur et l’acheteur.

1- les obligations du vendeur

Dans le contrat de vente commerciale, le vendeur est astreint aux trois obligations ci-
après :

a)-L’obligation de livraison

A défaut de convention particulière, la livraison consiste en la mise à disposition de


l’acheteur de la marchandise vendue. La marchandise doit être livrée, soit au lieu où elle a été
fabriquée ou stockée, soit au siège de l’acheteur.

b)-L’obligation de conformité

Aux termes de l’article 255 de l’AUDCG, le vendeur doit livrer les marchandises en
quantité, qualité, spécification et conditionnement conformes aux stipulations du contrat.
L’alinéa 2 de cet article, précise que dans le silence du contrat, le vendeur est tenu de livrer
des marchandises conformes aux usages auxquels elles servent habituellement, ou dotées des
mêmes qualités que les échantillons ou modèles présentés (on livre selon ce que prévoit la
coutume/ pratique).

c)L’obligation de garantie

Lorsque le vendeur livre la marchandise, il doit garantir l’acheteur contre toute


éviction résultant du fait d’un tiers ou de celui du vendeur lui-même. Cette obligation est fixée
par l’article 260 alinéa 2 de l’AUDCG dont le but est de permettre la réalisation effective du
contrat (protéger l’acheteur contre les droits des tiers).

2-Les obligations de l’acheteur

Elles sont classiques :


-payer le prix convenu ;
-retirer la marchandise achetée. La prise de livraison de la marchandise vendue détermine le
moment de transfert de la propriété et les risques. Cette prise de livraison correspond au
retirement de la chose achetée. Le vendeur est considéré comme avoir transféré la propriété de
la chose dès cette prise de livraison. S’il s’avère qu’il y a vice, rien n’empêche l’engagement
de la responsabilité du vendeur. (Seulement si par la suite il s’avère que la chose livrée avait
un vice, rien n’empêche que la responsabilité du vendeur puisse être engagée à cet effet.).

En somme, l’harmonie en matière de vente commerciale suppose que chacune des


parties ait une maîtrise des règles juridiques applicables en ce domaine tout comme de celles
qui gouvernent le Droit commercial de façon générale.

33
Dr. TOUAIBA TIRMOU Alice

Vous aimerez peut-être aussi