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Le droit commercial

Introduction

Le droit commercial est le droit des commerçants. Cependant, cette approche n’est pas retenue par la loi
qui se trouve codifiée à l’article L121-1 du Code de commerce. Le Cod de commerce définit le commerçant
à travers la notion « d’acte de commerce ». D’une façon générale, le droit commercial traite des opérations
liées au commerce. Le terme de commerce est large et sa signification est plus étendue que celle donnée
par les économistes. Pour les économistes, le mot commerce renvoie à la circulation des richesses il
s’oppose à la notion d’industrie qui permet la création des richesses. Au contraire, pour le juriste le
commerce s’entend aussi bien de la distribution des produits que de la fabrication. Le commerçant couvre
le négoce (achat – revente), l’industrie et toutes les activités annexes c’est-à-dire les activités de banque,
de transport ou encore d’assurance. Le droit commercial est une branche du droit privé applicable aux
commerçants et aux opérations commerciales appelées actes de commerce.

1. Est-ce que le droit commercial est un droit autonome ?

Le droit commercial n’est pas réellement un droit autonome. Le droit civil constitue le droit commun c’est-
à-dire celui qui s’applique sans que l’on ait besoin de textes non seulement aux actes civils mais aussi aux
actes de commerce. L’activité commerciale repose sur des actes juridiques et parmi ces actes
principalement le contrat. Le contrat est la manifestation de la volonté, c’est la source d’obligation s’il est
signé. Les contrats commerciaux sauf quelques contrats spécifiques (contrat de bail commercial) sont régis
par les principes généraux du droit civil. Ces principes du droit civil relatifs s’appliquent aux contrats
conclus entre commerçants (article 1134) mais aussi entre commerçants et particuliers.

2. Quel est le particularisme du droit commercial ?

Le droit commercial intervient en réalité à la marge de ces contrats par exemple au moment de la mise en
œuvre des moyens de preuves. Les moyens de preuves en droit commercial sont comparés à ceux du droit
civil. En droit commercial, est retenu le principe de la liberté de la preuve. En droit civil, au contraire, le
principe est toujours l’existence de l’écrit.

3. Cette distinction au sein du droit privé entre droit civil et droit commercial
s’impose-t-elle ?
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Il a souvent été affirmé que les affaires commerciales exigent souplesse, rapidité et sécurité, justifiant la
création de règles spécifiques au métier du commerce. On peut répondre que des pays économiquement
importants ignorent cette division droit civil / droit commercial c’est-à-dire Code civil / Code de commerce.
Ainsi, la Common Law des pays anglophones traite à la fois des actes civils et des actes commerciaux.
D’autres pays des pays de droit écrit, des pays de culture latine comme l’Italie ont renoncé à cette du lité
droit civil / droit commercial. Ils ont opté pour l’unification des droits. En vérité, il n’existe pas de solides
raisons juridiques justifiant en droit français l’existence d’un dro spécifique codifié au profit du commerce.
Les fondements de cette dualité peuvent se trouver dans l’Histoire (1700 avant J.C). L’Histoire peut nous
apporter peut-être une partie de cette explication manquante. Aussi, il convient d’analyser dans cette
introduc tion un certain nombre d’éléments généraux relatifs à l’évolution historique du droit commercial,
à ses sources et enfin à la justice commerciale.

4. L’évolution historique du droit

Le droit commercial a une histoire très ancienne. Il a été élaboré par les commerçants, pour les
commerçants.

A. De 1700 avant J.C jusqu’au Moyen-Age

Dans l’ancienne Egypte, il n’y avait pas de droit commercial car les Egyptiens étaient avant tout des
agriculteurs. Le commerce était réservé aux étrangers c’est-à-dire aux juifs et aux Caldéens et on ignore les
règles qui ont été appliquées. Le droit commercia est né en même temps que le commerce c’est-à-dire
avec les premières civilisations marchandes et les documents les plus anciens datent de 1700 avant J.C.
parmi les do cuments les plus célèbres on peut citer le Code d’Hammourabi. Ce code énonce les règ
relatives aux prêts à intérêts ainsi que les règles relatives au droit de société, les règles relatives au droit de
dépôts. D’autre part, ce code pose des règles relatives aux contrats d’émission à propos du commerce
maritime. Ce code pose toutes les institutions que l’o connaît et qui sont les fondements dans le droit
commercial contemporain. Ce droit commercial s’est développé en même temps que les échanges
commerciaux s sont intensifiés. En effet, d’autres civilisations ont développé les règles du commerce
maritime, il s’agit notamment des Phéniciens et des Grecs. Les Romains n’ont pas laissé de grandes règles
en matière de droit commercial car ils considéraient que le droit civil devait s’appliquer au commerce. Par
conséquent, il ne devait pas exister un droit romain, un droit particulier autonome, distinct du droit civil
constitué par le droit commercial. Cependant, le droit romain a jeté les bases de la technique actuelle des
contra Dans cette période, de nombreuses règles et institutions commerciales contemporaines vont voir le
jour. A cette époque, vont apparaître les premières sociétés avec le prêt à grosse aventure et la société
quirataires.

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a. Le prêt à grosse aventure

Ce prêt est à l’origine de ce que l’on appelle aujourd’hui l’apport en société. Des banquiers, des bourgeois
prêtaient de l’argent à un armateur. Cet armateur armait un navir pour aller soit chercher soit vendre des
marchandises. Si l’expédition était couronnée d succès, l’armateur remettait une partie des bénéfices au
prêteurs c’est-à-dire aux banquiers et aux bourgeois. En revanche, si le bateau disparaissait, l’armateur ne
devait rie rembourser. En d’autres termes, le gain est associé à la prise de risque par les noncommerçants.
Il existait également des sociétés de quirataires à côté de ce prêt à gross aventure.

b. La société quirataire

Plusieurs personnes se regroupaient pour armer un navire, pour financer une expédition. En cas de
réussite, les bénéfices étaient partagés. Cette société de quirataire est une forme de contrat de société qui
vise à partager les bénéfices mais aussi les pertes. Ces sociétés n’ont pas disparu, elles existent toujours
spécialement pour la pêche. Les béné fices sont partagés entre les associés, l’équipage et le capitaine.

B. Le Moyen-Age

Le droit commercial s’est développé avec la sécurité des personnes. Pendant les invasions barbares, les
risques sont trop élevés, le commerce va stagner. En revanche, lorsque la paix et la sécurité reviennent, le
commerce va à nouveau prospérer et ce notam ment en raison de la puissance des seigneurs et aussi le
développement de l’autorité d roi. Au XVIe siècle, le droit commercial va se développer spécialement dans
les ports italiens tels que Venise, Gênes, Pise ainsi que dans les ports des Flandres, Bruges, Enve ou encore
Amsterdam. Ce droit commercial est un droit international qui est élaboré pa les commerçants eux-mêmes.
Il est différent du droit civil, il se créé à partir de règles coutumières c’est-à-dire des règles non-écrites.
Trois séries de facteurs vont permettre un tel développement de ce droit international, il s’agit des foires,
les croisades et enfin l’influence de l’Eglise.

a. Les foires

Pour des raisons de sécurité, les commerçants vont se regrouper, ils vont prendre l’habitude de se
retrouver à une date fixe et au même endroit. Aussi, vont apparaître de institutions qui vont perdurer et un
nouveau moyen de paiement appelé la lettre de change. Ce moyen de paiement permet de sécurisé les
paiements à distance, il est réa sé par voie de papier. D’autre part, va progressivement se créer un droit
des faillites afi de sanctionner les commerçants qui n’honorent pas leurs engagements.

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b. Les croisades

Les croisades nécessitent des fonds considérables pour nourrir des tirs carmés transportés par terre ou par
mer. Aussi les métiers de la vente, de la banque vont se dévelop per à l’initiative des Templiers. Les
Templiers furent les banquiers des papes et des rois c’est la raison pour laquelle ils furent détestés.

c. L’influence de l’Eglise et du droit canon

L’Eglise va interdire le prêt à intérêt. Le prêt à intérêt est un pêché car il s’agit de spécu ler sur l’écoulement
du temps. D’ailleurs, pour l’Eglise le prêt à la consommation appau vrit vite et immédiatement le débiteur.
Les métiers de la banque sont interdits aux chré tiens. Le pouvoir bancaire est financé et concentré auprès
de catégories dites asociales Les asociaux sont les Juifs, les Lombards et les Cahorsiens.

C. De la fin du Moyen-Age jusqu’à la Révolution française

Des institutions essentielles vont apparaître. En premier lieu, va naître ce que l’on appelle les titres et les
créances sociales négociables. Lorsque le prêteur verse une somme d’argent, il exige une reconnaissance
de dettes de la part de son débiteur. Cett créance exprime un rapport personnel c’est-à-dire un rapport qui
lie les deux individus. Cependant, peu à peu va s’imposer l’idée qu’une telle créance est négociable c’est-à-
d qu’elle peut passer de main en main, qu’elle n’est plus un rapport uniquement personnel. Dans cette
seconde étape c’est-à-dire créance négociable, l’aspect patrimonial l’emporte car les acquéreurs successifs
de cette créance ont confiance en la solvabilité du débiteur. On parle encore de mobilisation des créances.
Cette pratique des créances négociables va être à l’origine du billet de banque. Le billet de banque est un
titre de créance autrefois émis contre la Banque de France et aujourd’hui contre la Banque Cen trale
Européenne. Cette notion de créance négociable est aussi à l’origine du chèque. L chèque est un titre
représentatif d’une valeur qui repose sur la confiance que le bénéficiaire peut avoir dans le tireur du
chèque. En seconde lieu, se développe la notion d’escompte. Il s’agit du rachat d’une créance à terme pour
un montant légèrement inf rieur à sa valeur nominale. Si un commerçant vend à un client des
marchandises pour 10 000 euros payables dans les trois mois, ce commerçant peut avoir besoin d’argent
immédiatement et refuser d’attendre le terme de la créance. Ce commerçant par le sys tème de l’escompte
pourra céder sa créance à une banque laquelle rachètera le cas échéant cette créance pour une valeur de 9
700 euros. En troisième lieu, se développe dépôt à court-terme rémunéré. Ce dépôt est à l’inverse de
l’opération d’escompte. En effet, la personne dépose de l’argent à la banque pour quelques mois et le
banquier va verser un intérêt en plus du remboursement du capital. A côté de ces éléments bancair
indispensables, on voit naître les premières juridictions consulaires. Il s’agit de juridictions compétentes en
matière de commerce. Ces juridictions consulaires sont l’ancêtre des tribunaux de commerce. C’est en
1563 qu’un édit, c’est-à-dire un acte pris par l’exécutif, pris par Charles IX créé les premières juridictions

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consulaires. Ces juridictions sont composées par des commerçants bénévoles élus par leurs pairs.il y a
quelques an nées le Ministre de la Justice Robert Badinter a tenté de faire évoluer les juridictions
consulaires verse l’échevinage. Il a voulu associer des commerçants et des magistrats professionnels. Cette
réforme a été unanimement refusée par les commerçants. Un aut élément important marque cette
époque, il s’agit de la codification du droit commer cial. Le droit commercial va progresser sous l’influence
de Colbert. En effet, Louis XVI v publier en 1673 une ordonnance qui codifie les pratiques commerciales. Il
s’agit de la première entreprise de codification qui va exercer une grande influence en 1807 (date de la
naissance du Code de commerce). Il s’agit en réalité de deux ordonnances, l’une le commerce de terres,
publiée en 1673 et l’autre sur la marine publiée en 1681. Ces deux ordonnances ont une importance
inégale. L’ordonnance sur la marine est remarquable. En revanche, l’ordonnance sur le commerce de terres
a été qualifiée de médiocre. Cependant, cette ordonnance a le mérite d’être la première véritable œuvre
de codification du commerce en Europe. D’autre part, sous l’ancien régime, chaque profe sion va se doter
d’une règlementation spécifique très précise. Cette règlementation va décrire les conditions d’accès et
d’exercice de chaque profession et donc des professions commerciales. Il s’agit des corporations. Ces
corporations vont devenir obligatoires en 1673 à l’initiative de Colbert.

D. Après la Révolution française jusqu’à la naissance du code de commerce c’est-à-dire


jusqu’en 1807

Cette période est marquée par de grands textes. La Révolution française va opérer une rupture définitive
avec le passé, elle a fait table rase avec le passé. L’œuvre de la Révo tion se traduit par deux textes
fondamentaux : le décret d’Allarde des 2 et 17 mars 179 et la loi Le Chapelier des 14 et 17 juin 1791.

a. La loi Le Chapelier

La loi Le Chapelier abolie définitivementoutes les corporations au nom de l’individualisme et des principes
de liberté et d’égalité des chances. Cette interdiction des corporations, cette interdiction de tout
regroupement professionnel va freiner la montée en puissance du syndicalisme. Ces textes très libéraux
(décret d’Allarde, loi Le Chapelier) auront des conséquences assez fâcheuses pour les ouvriers qui ne
pourront se regrouper et se syndiquer.

b. La naissance du Code de Commerce

Ce Code de commerce est né en 1807. Si Napoléon a parfaitement réussi à codifier le droit civil dans le
Code Napoléon qui fît l’admiration de tous les juristes, le Code de commerce a été une œuvre médiocre. Le
projet a été préparé en 1800 mais le travail s’est enlisé. C’est après une série de faillites chez les
commissaires aux armées que le travail de codification fût rapidement achevé. Ce code a été promulgué le

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15 décembre 1807. Ce code comprenait quatre livres : un premier consacré au commerce en général un
second consacré au droit commercial maritime, un troisième consacré à la faillite et un quatrième consacré
à la justice commerciale. En d’autres termes, ce Code de commerce constitue un cadre juridique. Ce Code
de commerce a été critiqué. Ce code reprend servilement les deux grandes ordonnances de Colbert c’est-à-
dire celle de 1673 e celle de 1681 sans apporter une extension dans leur application. Cette entreprise de co
dification a été jugée maladroite et décevante car les textes du XVIIIe siècle ne convien nent pas au XIXe
siècle débutant, si bien que ce code est devenu très vite un code désu

E. L’évolution du droit commercial depuis le Code de commerce de 18

Il s’agit d’une évolution contrastée entre le libéralisme et l’interventionnisme. Le droit commercial a


cependant profondément évolué depuis 1807 dans la mesure où le capita lisme a triomphé au XIXe siècle
et où l’Etat est intervenu dans le droit commercial et en fin où les droits anglo-saxons et communautaires
ont envahi le droit commercial français.

a. Le caractère libéral du droit commercial

Dans le contexte du capitalisme triomphant du XIXe siècle, le législateur va adopter un ensemble de lois
permettant la création des sociétés. Tout le XIXe siècle est marqué pa une activité libérale en pleine
expansion. L’interdiction des corporations et de tout groupement professionnel va freiner la montée du
syndicalisme. Parmi les textes importants relatifs à la mise en place de la société, on peut citer la loi du 24
juillet 1 Cette loi structure les sociétés anonymes (SA) et surtout elle supprime toute autorisation pour
créer une société. La société anonyme est une grande société de capitaux qu propose aux épargnants de
devenir actionnaires et de participer au capital. Par la suite, le législateur va multiplier les lois fixant le
statut de plusieurs types de sociétés pour qu les professionnels aient à leur disposition les moyens
juridiques de leur action. On peut citer une société assez originale créée par la loi du 7 mars 1925, il s’agit
de la société à responsabilité limitée (SARL). Cette forme de société est à mi-chemin entre la société des
capitaux et la société de personnes. On peut ajouter la loi du 11 juillet 1985 qui va créer la société
unipersonnelle (l’EURL). Une ordonnance du 23 septembre 1967 institu le groupement d’intérêts
économiques qui est une forme plus soule de la société. A par tir de 1919, a été instituée une sorte d’état
civil des commerçants et des sociétés avec mise en place du registre de commerce. Ce registre de
commerce est tenu dans chaque Tribunal de commerce. Il permet à toute personne de se renseigner sur
l’activité, la situation du commerçant tant personne physique que personne morale.

Ce caractère libéral du droit commercial est aussi illustré par la règlementation du statut et de l’activité
de l’entreprise. Le législateur va organiser le statut des biens des moyens d’action mis à la disposition des
commerçants pour l’exercice de leur activ té. Il s’agit de la loi du 17 mars 1909 qui introduit dans le droit
français la notion de fonds de commerce. Cette loi organise la vente et le nantissement du fonds de
commerce. Le nantissement est une sûreté que possède le créancier. Le fonds de commerc est mis en gage
(par exemple auprès d’une banque) mais le commerçant en conserve l disposition. On peut encore ajouter
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une loi postérieur, il s‘agit de la loi du 20 mars 1956 qui organise la location gérance du fonds de
commerce. Le propriétaire ou l’exploitan du fonds de commerce concède totalement ou partiellement la
location du fonds de commerce à un gérant qui l’exploite à ses risques et périls. Les composantes du fonds
d commerce sont la clientèle, le droit de bail et le nom commercial. Une loi du 1926 ainsi qu’un décret-loi
du 30 septembre 1953 vont fixer le statut du bail commercial. Lorsque le commerçant loue les murs où est
installé un fonds de commerce, il est indispensable de protéger le bail qui est une source de richesse pour
le commerçant. Aussi, ces textes législatifs de 1926 et de 1953 reconnaissent au profit du commerçant un
droit « au renouvellement du bail ». Le droit commercial a ainsi particulièrement développé l’idée selon
laquelle les biens appartenant au commerçant et qui ont le plus de valeur sont les biens incorporelles.
Ainsi, la valeur du fonds de commerce est principalement constituée par la clientèle, le droit de bail et le
nom commercial. D’autres textes vont fixer le statu des propriétés incorporelles. On peut citer la loi du 5
juillet 1844 sur les brevets d’invention (pour leur protection), la loi de 1909 sur les dessins et modèles et le
texte d 23 septembre 1957 sur les marques de fabrique.

Un autre élément vient caractériser le libéralisme, il s’agit de la protection de l’activ de l’entreprise. Le


législateur va adopter un ensemble de textes pour assurer la sauv garde, le droit des entreprises en
difficulté ainsi que la liquidation. Ce droit de protectio de l’entreprise a entrainé de nombreuses divisions.
Pendant longtemps, on a hésité sur l’attitude à l’égard du commerçant qui se trouve dans l’incapacité de
régler ses dettes. Certaines époques, on a considéré qu’il fallait faire preuve de sévérité dans l’intérêt des
créanciers dont l’équilibre financier pouvait être également compromis. En effet, les créanciers peuvent
être des commerçants. Cependant, une autre attitude conduit à con sidérer que l’entreprise en difficulté
possède une valeur économique et qu’elle est syno nyme d’emplois. Le Code de commerce à l’origine était
très sévère à l’égard du faillitair puis cette rigueur a été atténuée avec une loi du 28 mars 1838, et un
retour à la sévéri avec une loi de 1867. A partir de 1867, le droit commercial va évoluer durablement vers la
protection de l’entreprise en difficulté. On peut citer une loi du 1er mars 1984 sur la prévention et le
règlement amiable des difficultés. On peut également la loi du 25 janvi 1985 sur le redressement judiciaire
des entreprises accordé par le Tribunal du Commerce.

a. Le décret d’Allarde

Le décret d’Allarde affirme la liberté du commerce et de l’industrie. Aujourd’hui, ce principe est tellement
encré dans la société française que le Conseil d’Etats l’a érigé en principe général du droit. On peut
considérer que la liberté de la concurrence est le pro longement de la liberté du commerce et de
l’industrie. L’article 7 du décret Allarde stipule « qu’à compter du 1 er avril, il sera libre à toute personne de
faire tel négoce ou d’exercer telle profession, art ou métier qu’elle trouvera bon, mais elle sera tenue aupa
ravant de ce pourvoir de se pourvoir une patente, d’en acquitter le prix et de se conformer aux règlements
de police qui seront ou pourront être faits ». La patente est un imp créé au lendemain de la Révolution
française. Sont redevables de cet impôt toutes les personnes exerçant une activité professionnelle non
agricoles et non salariées. Cet imp est devenu un impôt direct et local, modernisé en 1975. Cet impôt s’est
appelé taxe pro fessionnelle et cette taxe a été supprimée en 2010 selon la volonté du président Sarkoz Le
décret d’Allarde est donc un acte fondateur du droit commercial. On aurait pu pense que ce décret

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d’Allarde deviendrait l’article 1er du Code de commerce qui sera adopté en 1807 mais cela n’a pas été le
cas car la France hésite toujours entre étatisme (interven tion de l’Etat) et libéralisme.

b. L’interventionnisme étatique

L’intervention de l’Etat peut être plus ou moins énergique. En effet, l’Etat va intervenir pour limiter les
excès dus au libéralisme mais aussi pour protéger les plus faibles. L’Eta a ainsi nationalisé (faire basculer un
bien du secteur privé vers le secteur public) de 1944 à 1946 certaines industries comme Renaud. On peut
encore ajouter les national sations de 1982 notamment Saint Gobain. Cette politique de nationalisation a
été suiv d’une politique de privatisation lors de l’alternance politique en 1986 (cohabitation avec Jacques
Chirac). La période contemporaine est marquée par un fort interventionnisme de l’Etat. Cet
interventionnisme est parfois destiné à protéger ceux qui paraissen en situation d’infériorité. On peut citer
les petits commerçants, les artisans, les fournisseurs confrontés à la puissance économique des
distributeurs. L’Etat va jouer un rôle protecteur. Ainsi, l’Etat peut protéger les épargnants qui investissent
en actions et en obligations avec la création de la Commission des opérations de bourses. L’Etat peut aussi
protéger le consommateur avec la loi du 10 janvier 1978. L’Etat peut également protéger les assurés avec
la loi du 13 juillet 1930. Cette période contemporaine est ma quée également par l’influence du droit
communautaire. Ainsi, une ordonnance du 1er décembre 1986 a entendu protéger les commerçants. Cette
ordonnance de 1986 porte sur la liberté des prix et de la concurrence, elle transpose en droit français les
règles communautaires du droit de la concurrence. Cette ordonnance a été complétée par une loi du 15
mai 2001 qui a renforcé la lutte contre « les abus de position dominante ». Le terme d’abus de position
dominante

c. L’émergence de nouveaux contrats

Ces nouveaux contrats apparaissent dans cette période contemporaine. Le fait marqua de cette période est
l’influence des droits étrangers et plus particulièrement le droit anglo-saxon. Le droit commercial français
est influencé par le droit anglais avec le développement des contrats en ing. On peut citer le leasing encore
appelé « le créditbail »qui combine un contrat de vente et un contrat de location. Ce type de contrat
permet à une entreprise d’exploiter des biens alors qu’elle n’a pas présentement les moyens financiers de
les acquérir. Par exemple, un établissement de crédit-bail acquiert du matériel ou des immeubles et puis va
les louer à une entreprise utilisatrice pour certaine durée en général jusqu’à la durée d’amortissement de
ce prêt. L’entreprise « crédit pre neur » paye à titre de location des redevances à l’entreprise « crédit
bailleur ». Le leasi est donc un contrat souscrit entre deux parties. Ces redevances versées à l’entreprise «
crédit bailleur » par l’entreprise « crédit preneur » peuvent être constantes ou dégres sives. Au terme de ce
contrat de leasing, l’entreprise preneuse pourra se porter acquéreur des biens moyennant un prix
globalement faible compte tenu des redevances c’es à-dire des loyers déjà versées à l’entreprise « crédit
bailleur ».
On peut aussi citer le système de la franchise. La franchise est un contrat de distributi qui assure une
coopération renforcée entre le franchiseur et le franchisé. Le franchiseur concède son nom, son aide
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technique, il finance des campagnes de publicité au bénéfic de détaillants ou encore de prestataires de
services indépendants. Les franchisés vont bénéficier de la réussite commerciale du franchiseur, de
l’expérience ainsi que de l’assistance du franchiseur. La franchise a connu un réel succès en France dans
tous les domaines : la restauration, l’hôtellerie ou encore la coiffure.

On peut aussi donner l’exemple de l’affacturage. Une société spécialisée, le factor ou affactureur, effectue
le travail de recouvrement des créances au bénéfice d’une entreprise. Le factor règle l’entreprise de
manière anticipée, il se retourne ensuite à l’échéance des créances contre les clients débiteurs définitifs
dont il accepte par avanc l’éventuel insolvabilité de ses clients débiteurs.

La fin du XXe siècle est marquée par l’importance du droit communautaire, par l’influence des droits
étrangers, par la puissance industrielle des Etats-Unis et enfin par la mondialisation. Ces facteurs nouveaux
constituent des faits dont on ne mesure pas encore aujourd’hui toutes les conséquences. Mais par ces
éléments nouveaux, le droit commercial a pris un essor extraordinaire.

5. Les sources du droit

Comme en droit civil, les textes législatifs (la loi) et réglementaires constituent les sources privilégiées du
droit commercial de même que la jurisprudence (ensemble de jugements, de décisions rendus par le juge).
La doctrine (publications des avocats, des consultants juridiques, des universitaires) joue un rôle non
négligeable dans l’élaboration du droit commercial. Cependant, l’originalité du droit commercial se
manifeste par l’importance des sources administratives c’est-à-dire des instructions, des circulaires et
surtout par la place de la coutume. On distingue habituellement les sources internes et les sources
internationales du droit commercial.

A. Les sources internes

Il s’agit comme dans toutes les disciplines, de la Constitution, des lois, des règlements, la doctrine
administrative mais aussi les usages et la jurisprudence.

a. Le droit d’origine étatique

I. Les sources non écrites

II. Les sources écrites

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La loi constitue une source privilégiée du droit commercial, elle est l’acte qui émane du Parlement. Le
Parlement est le seul organe français autorisé par la Constitution à légifé rer. Il existe une hiérarchisation
entre la Constitution, le Parlement et l’Exécutif (actes réglementaires que seront amenés à prendre les
ministres). Ces trois pouvoirs marquen le droit commercial. Par exemple, la Constitution française de 1958
affirme le principe de la liberté du commerce. Le Parlement vote les textes dont le commerce a besoin.
Quant à l’Exécutif prendra des règlements (actes unilatéraux), des circulaires (mesures caractère interne)
mais aussi des réponses ministérielles. Selon l’article 34 de la Consti tution, il est précisé que la loi a
compétence pour déterminer « les principes fondamentaux du régime de la propriété, des droits réels et
des obligations civiles et commerciales, ainsi que pour fixer les règles concernant les garanties
fondamentales accordées aux citoyens pour l’exercice des libertés publiques ». Parmi ces libertés, figure la
liberté du commerce et de l’industrie. Par conséquent, seule la loi peut restreindre cette liberté ou encore
l’aménager. D’ailleurs, la source essentielle du droit commercial est aujourd’hui dans le Code du
commerce. Les lois commerciales c’est-à-dire celles votées p le Parlement en application de l’article 34 de
la Constitution, tout comme l’ensemble de lois ordinaires peuvent être déférées au Conseil constitutionnel.
Ce contrôle peut être exercé à titre préventif. Dans cette hypothèse, cette saisine du Conseil doit interveni
avant la promulgation du texte et également après le vote de la loi. A côté de ce contrô préventif, il existe
aujourd’hui depuis la révision constitutionnelle de 2008 un contrôle de la loi effectué a posteriori par la
voie de la question prioritaire de constitutionnalité. Le Conseil constitutionnel a ainsi dégagé en matière
commerciale des solutions importantes en droit commercial qui s’imposent au législateur et qui font
aujourd’hui parti su bloc de constitutionalité. Il convient de préciser que le Code de commerce n’est pas le
seul code réunissant les lois applicables au commerce. En effet, le Code civil s’applique aux relations
commerciales, et le Code de la consommation s’applique aussi aux relations commerciales car il régit les
relations entre les professionnels c’est-à-dire les commerçants et les consommateurs. On peut encore citer
le Code de la propriété intellectuelle qui comprend les lois relatives aux marques. Il faut également ajouter
le Code de l’organisation judiciaire qui règle les litiges grâce au tribunal du commerce. Il convient encore
d’ajouter le Code du travail qui comprend l’ensemble des lois relatives aux statuts des salariés dans
l’entreprise. Les règles de droit commercial notamment les loi présentent des caractères très particuliers.
En effet, elles sont très formalistes, par exemple la loi organise de façon très minutieuse la constitution des
sociétés (par exemple la SARL). Le législateur par ce formalisme entend protéger les actionnaires mais aussi
les créanciers de la société. Ces lois commerciales sont très souvent des lois d’ordre public c’est-à-dire des
lois auxquelles il est interdit de déroger. En effet, l’Etat intervient pour protéger le consommateur, pour
protéger le commerçant au moyen de normes obligatoires c’est-à-dire au moyen de la loi. Les principes
fondamentaux du droit commercial relèvent de la loi, les règlements sont toujours pris en application des
lois. Certaines institutions essentielles ont été fixées par voie réglementaire, on peut donner à titre
d’exemple la règlementation des baux commerciaux .Le premier ministre dispose d’un pouvoir
réglementaire (article 20 et 21 de la Constitution) lorsque la loi leur reconnait explicitement une telle
compétence. La jurisprudence reconnait également un pouvoir réglementaire au ministre pour
l’organisation du département ministérielle. Il existe aussi des règlements pris par des autorités
administratives indépendantes, on peut citer le Conseil de la concurrence. Ces autorités administratives
indépendances peuvent non seulement émettre des règlements mais aussi des avis, des re commandations
aux ministres et des instructions.

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La doctrine administrative est formée par les circulaires et les réponses ministérielles apportées aux
questions posées par les parlementaires. Les circulaires sont des mesures « d’ordre intérieur » destinées à
éclairer les fonctionnaires sur le sens à donner à des lois ou à des règlements dont l’application soulève des
difficultés. On dit encore qu la circulaire a un usage interne, elle est dépourvue de force obligatoire. La Cour
de cass tion dénie toute force obligatoire à la circulaire de l’administration. Selon la Cour de cas sation, la
circulaire s’impose qu’aux fonctionnaires auxquels elle a été adressée et n’a p de force obligatoire. En
d’autres termes, la circulaire ne peut modifier les règles de droi elle n’est pas une source du droit, elle
propose aux agents de l’administration une interprétation de la loi, du règlement afin d’éviter tout
arbitraire dans l’application de la loi e du règlement. Les réponses ministérielles sont des réponses à des
questions posées par les parlementaires au gouvernement sur un point de droit particulier. Ces réponses
apportées par les ministres ne sont pas des sources de droit, elles n’ont pas de valeur juridique, elles ne
sont pas des actes juridiques. Cependant, ces réponses ministérielles donnent à la jurisprudence qui n’est
pas liée par une telle réponse certaines indications certaines orientations susceptibles d’être suivies. Ces
réponses ministérielles sont extrêmement pratiques car elles permettent d’obtenir une interprétation
beaucoup plus rapide d’une loi ou d’un règlement que la jurisprudence. En effet, la jurisprudence met
plusieurs années à se former.

a. Les usages

En droit commercial, les usages sont très importants même si leur rôle a diminué avec développement du
droit écrit. L’histoire du droit commercial a une origine largement coutumière. Pendant longtemps, le droit
commercial n’a été rien d’autre que la coutum des marchands. Contrairement au Code civil, la loi du 15
septembre 1807 qui a promulgué le Code de commerce n’a pas abrogé les anciens usages du commerce. En
droit interne français, les usages appartiennent à deux catégories : les usages conventionnels les usages de
droit. Les usages, quels qu’ils soient, naissent toujours d’une pratique rép tée c’est-à-dire de l’observation
de certaines règles non écrites.

Les usages conventionnels tirent leur autorité du contrat. Ils correspondent à des pra tiques
habituellement suivies dans une profession particulière pour la conclusion ou l’exécution de tel ou tel
contrat. Il est d’usage dans le commerce du bois que celui qui achète des billes de bois supporte des
défauts, les vices survenus lors du sillage. Dans silence du contrat, les cocontractants sont censés s’être
référés à l’usage conventionne et le juge en fera application. En revanche, si les parties ne veulent pas
appliquer cet usage conventionnel, elles doivent inclure expressément dans le contrat une règle contraire
ou stipuler que l’usage ne s’appliquera pas. L’usage conventionnel doit être prouvé par les parties (le
demandeur et le défendeur) qui l’invoquent. Généralement, cette preuve de l’usage conventionnel est
rapportée au moyen d’un parère c’est-à-dire une attestation établie par la Chambre de commerce, par un
syndicat professionnel ou bie par des commerçants. Cette attestation confirme l’existence d’un usage
déterminé.

Les usages de droit ont le même processus de formation que l’usage conventionnel. Les usages de droit
consacrent un comportement habituellement suivi. Le juge va jouer un rôle actif dans cette notion d’usage

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de droit car il va donner à ce comportement suiv une valeur propre, une réelle consécration. Le juge va
transformer l’usage en une norm objective, en une véritable coutume ayant la même valeur juridique que
la loi. Dire que cet usage a force de loi signifie qu’il s’impose aux parties et au juge. Parfois cet usage d droit
peut même aller à l’encontre de la loi, on parle alors d’usage contrat légem. En droit commercial, nous
avons une présomption de solidarité passive. La solidarité se présume, il s’agit là d’un usage qui déroge au
principe énoncé à l’article 1202 du Code civil. Lorsque le créancier a plusieurs débiteurs, il peut exiger de
quelconques de ces débiteurs pour se faire payer la totalité de sa créance. De tels usages n’ont pas à être
prouvés, le juge est présumé connaitre cet usage tout comme il est présumé connaitre loi.

b. La jurisprudence

La jurisprudence est l’ensemble des décisions rendues par les tribunaux. Elle est l’œuvr de plusieurs
tribunaux. En matière de commerce, les tribunaux de commerce sont compétents, ils sont très influencés
par les pratiques commerciales. Les appels se font devant les Cours d’appel et devant la Chambre
commercial de la Cour de cassation. La jurisprudence peut également résulter des juridictions pénales à
raison des délits commis par les commerçants. Les juridictions administratives interviennent en matière
commerciale notamment dans le cadre de la concurrence mais aussi dans le cadre du conte tieux de la
légalité des règlements d’application des lois commerciales. Il convient également d’ajouter les juridictions
communautaires. La Cour de Justice de l’Union Euro péenne a dégagé un ensemble de grandes libertés
prévues par le droit communautaire s’agit notamment du droit d’établissement, de la liberté de circulation
des capitaux et enfin tout le droit de la concurrence. La jurisprudence des juges du commerce c’est-àdire
des tribunaux du commerce jouent un rôle important car la vie commerciale implique des interventions
judiciaires rapides et efficaces. Cette jurisprudence des juges d commerce a joué un rôle créateur et
important en matière de comptes courants. La Con vention de comptes courants permet à deux personnes
de porter réciproquement en compte toutes les opérations qu’elles effectueront entre elles. D’autre part,
la jurisprudence de juges du commerce (Cour d’appel, Cour de cassation, tribunal du commerce) dégagé la
notion d’abus de majorité. Lorsque des décisions dans une société sont pri non dans l’intérêt général de la
société mais dans l’intérêt des membres de la majorité, on peut parler d’abus de majorité. Une telle
décision est illégale et pourra donc être an nulée par le juge commercial. La jurisprudence commerciale
c’est-à-dire celle des juges du commerce est sensible aux intérêts de la vie des affaires, elle doit combler les
vides de la loi. Par ce travail d’interprétation, de création, elle favorise ainsi l’apparition de nombreuses
règles issues de la pratique des agents économiques et qui répondent à leurs besoins.

Les auteurs (professeurs, avocats, conseillers juridiques) commentent les textes juridiques et les décisions
de justice (arrêts rendus par la Cour de cassation…) en matière commerciale. La doctrine commerciale est
restée longtemps dans l’ombre du droit civil. Cependant, cette doctrine commerciale c’est-à-dire cette
indépendance à l’égard du dr civil s’est pleinement affirmée à l’époque contemporaine avec d’éminents
universitaire tels que Escarra, Hamel et encore Lagarde.

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B. Les sources internationales et communautaires du droit commercia

Les traités sont des accords conclus entre les Etats mais aussi entre les Etats et les org nisations
internationales. Les traités ont pour but de produire des effets de droit dans les relations mutuelles des
Etats. Les traités jouent un rôle important en matière commerciale et ce à trois points de vue c’est-à-dire
en fonction de leur objet, de leur conten

a. Les traités internationaux

Certains traités proposent un corps de règles unifiées applicables à un domaine d’activité ou à type
d’opération. On peut citer la Convention de Vienne adoptée le 11 avril 1980 mais entrée en vigueur en
France en 1988. Cette convention réglemente la vente internationale de marchandises. On peut encore
citer la Convention de Berne qui date de 1890 qui règlemente les transports ferroviaires internationaux. On
peut également citer la Convention de Varsovie de 1929 qui s’applique aux transports internationaux
aériens. Ces conventions présentent un intérêt pratique car elles répondent aux besoins du commerce
international. De telles conventions réalisent une harmonisation des législations nationales c’est-à-dire que
les Etats. C’est le cas de la Convention de G nève de 1930 sur la lettre de change et de la Convention de la
Convention de Genève d 1931 sur le chèque. Les dispositions de ces deux conventions, c’est-à-dire la lettre
de change et le chèque, ont été introduites en France par deux décrets-lois du 30 octobre 1935. Plus
modestement d’autres conventions internationales règlent les conflits de lois nationales. Ces conventions
se bornent à définir une situation déterminée de la lo nationale. C’est le cas de la Convention de la Haye du
2 octobre 1973 relative à la responsabilité des objets. Une dernière catégorie de convention internationale
institue des organismes permanents qui vont formuler des règles de droit international. Ainsi, une
convention a créé l’Unidroit c’est-à-dire l’Institut International pour l’unification du Droit Privé.
Aujourd’hui, une cinquantaine d’Etats a adhéré à l’Unidroit. Cette institution de l’Unidroit a publié en 1994
des principes relatifs aux contrats du commerce international. Ces principes sont habituellement
dénommés « principes Unidroit » c’est-à-dire des principes de l’Institut International pour l’Unification du
Droit Privé. On peut encore mentionner cette œuvre des règles internationales du commerce élaborées par
des con ventions internationales outre l’Unidroit, le Bureau International pour la propriété Industrielle ou
encore la Commission des Nations Unies pour le développement du commerce international. Ce qui a accru
considérablement le rôle des traités est la construction européenne qui tend vers l’uniformisation du droit.
Le droit communautaire est une source très importante du droit commercial. Le Traité de Rome du 28 mars
1957 a institué la Communauté Economique Européenne qui a mis en place le Marché commun et des
politiques commerciales communes, une monnaie unique, le commerce avec les pa tiers et enfin la
protection des consommateurs. Des pans entiers du droit commercial des Etats membres (France, Italie,
Espagne…) relèvent aujourd’hui des dispositions de source communautaire. On peut citer le droit de la
concurrence, la TVA, le droit des sociétés (par exemple sociétés européennes). Le Traité de Rome proclame
els grandes libertés qui intéressent fondamentalement le droit commercial comme le droit
d’établissement. Le droit d’établissement est le droit d’exercer une activité professionnelle dans n’importe
quel autre Etat de l’Union, dans les mêmes conditions que les nationaux. On peut encore citer la libre

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circulation des marchandises, des services et des capitaux. Le droit dérivé intéresse également le droit
commercial, il s’agit des règlements et des directives communautaires. Les directives communautaires
c’est-à-di des dispositions édictées par des institutions sont prévues par l’article 189 du Traité de Rome. De
nombreuses directives communautaires ont été appliquées dans le droit des sociétés des Etats membres
notamment en matière de sociétés anonymes ou encore d fusions de sociétés. Le droit communautaire
dérivé oblige les Etats membres à adapter leur droit national pour transposer ces directives
communautaires.

b. Les usages commerciaux internationaux

Les usages internationaux sont particulièrement développés (car il n’y a pas vraiment d règles écrites en
droit commercial) dans la mesure où le commerce international a besoin de règles communes. Or, les Etats
édictent des règles de droit commercial qui s’appliquent sur leur territoire, ces règles sont souvent
inadaptées au règles internationales. De nombreux problèmes dans de larges domaines de droit
commercial ne sont p réglementés par des textes internationaux. Aussi les usages c’est-à-dire des pratiques
non écrites comblent les difficultés dues à l’absence d’harmonie entre les droits nationaux. Pour éluder ces
difficultés, cette insécurité juridique, certains organismes comme la Chambre de commerce international,
l’Institution International pour le Droit Privé ont mis au point des normes, des formules qui sont utilisées
dans les contrats commerciaux. Dès le XIXe siècle, les commerçants d’une même profession se sont
groupés au sein d’organisations internationales qui ont établi des contrats-types. On peut citer la Chambre
de commerce international dont le siège est à Paris qui a codifié des usag notamment en matière de
garanties contractuelles, elle a élaboré les incoterms. Les in coterms sont des termes commerciaux
normalisés destinés aux ventes de marchandise accompagnées de transport. Ces incoterms sont des mots-
codes dont l’intérêt majeur e de définir les principales obligations des parties dans les ventes commerciales
accompa gnées d’un transport. Les obligations de chaque partie sont codifiées par des sigles. A chaque
sigle correspondent des obligations précises intéressant par exemple le lieu de délivrance de la
marchandise ou encore les conditions de l’assurance. La Chambre de commerce international de Paris a
mis en place des contrats-types utilisés dans certain échanges commerciaux. Cette institution n’est pas une
Chambre de commerce au sens institutionnel du terme. On peut encore citer l’institut pour l’unification du
droit privé. Ces règles, ces usages jouent un rôle très important en droit du commerce internationa Les
contrats du commerce international contiennent presque systématiquement des clauses compromissoires
qui stipulent que si un litige vient à surgir entre deux contractants, ce litige ne sera pas soumis aux
tribunaux mais à des arbitres. Ces arbitres sont souvent des juristes qualifiés en matière de commerce
international. On confie à l’arbitre le litige et celui-ci décide qui a tort ou a raison (demandeur ou
défendeur), et d’autre part l’arbitre fixe le montant des dommages et intérêts (s’il y a décision de
dédommager). Les parties peuvent décider qu’en cas de litige dans l’application du contra de ventre,
l’arbitre sera choisi pour trancher le litige au lieu du tribunal. Un fabricant français de véhicule se fait livrer
de l’acier défectueux venant d’un pays étranger. Aucune des deux parties au contrat de vente n’a intérêt à
faire de la publicité autour de c litige. Ce litige pourra être réglé rapidement, par exemple, par la Chambre
de commerc international de Paris qui utilisera la procédure d’arbitrage. L’arbitrage est un domaine
méconnu du droit des affaires, il a pourtant une importance grandissante en raison de l rapidité et de la

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discrétion de la procédure. Il est évident que les parties à un contrat de vente international ne souhaitent
pas mettre sur la place publique les différends relatifs à la mauvaise qualité des marchandises livrées ou
encore à des retards de livraison. Tous ces écueils c’est-à-dire retard de livraison, mauvaise qualité des
marchandises causeraient un préjudice en termes d’image de marque tant à l’écart de l’acheteur qu’à celui
du vendeur. Il existe cependant un inconvénient en ce qui concerne la notion d’arbitrage car il tient à ce
que les sentences arbitrales restent secrètes, méconnues. E d’autres termes, les sentences arbitrales
échappent donc au contrôle des autorités publiques c’est-à-dire des Etats.

6. La justice commerciale

L’application du droit commercial relève d’un grand nombre de juridictions. Dans le cadre de la justice
commerciale, il convient de faire une place particulière à l’arbitrage. Cependant, l’essentiel des attributions
en matière de justice commerciale appartient à une juridiction d’exception appelé le Tribunal de
commerce. Il conviendra d’analyser ces juridictions commerciales stricto sensu c’est-à-dire qui vont
appliquer le droit commercial, et dans un second temps, il conviendra de souligner le rôle du greffier du
Tribunal de commerce.

A. Les juridictions commerciales stricto sensu

L’essentiel des litiges relatifs aux activités commerciales relèvent de la compétence d’une juridiction
spécialisée appelée le Tribunal de commerce. Ces tribunaux présentent certains particularismes, des
compétences précises et une procédure spécifique. L plus important de ces particularismes est la
composition de ces tribunaux de commerce Les personnes siégeant au Tribunal de commerce sont des
membres élues par des commerçants appartenant à cette profession. Depuis la loi du 8 décembre 1983,
tous le commerçants peuvent être élus magistrats, ils prêtent serment et il leur appartient de trancher les
litiges entre commerçants. Les juges sont élus pour deux ans par d’autres commerçants, ils peuvent être
élus pour un autre mandat de deux ans. Le président du Tribunal de commerce est élu par les juges pour
quatre ans. A plusieurs reprises, il a été question de modifier la composition des tribunaux de commerce
afin de créer un échevinage. A côté des commerçants élus siègeraient dans les tribunaux de commerce des
magistrats professionnels. Cette réforme de l’échevinage a suscité l’hostilité des commerçants et des
industriels. En effet, les commerçants tiennent à se juger entre eux. Des artistes, des écrivains ont
systématisé la « mafia des tribunaux de commerce ». Certains auteurs dont Montaldo ont critiqué les
pratiques douteuses des juges des tribunaux de commerce notamment dans le cadre des liquidations
d’entreprises. Malgré ces critiques, les organisations de commerçants sont très attachées à la désignation
des juges par voie d’élection parmi leurs pairs, de sorte que tous les projets de réforme n’on jamais pu
aboutir. Il convient également de préciser que ces tribunaux de commerce sont amenés à prendre des
décisions qui ne se fondent pas toujours sur le droit mais aussi sur l’intérêt économique de l’activité
exercée. Le rôle des tribunaux de commerce est important en matière de redressement judiciaire des

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entreprises. La spécificité du tribunal de commerce tient également à la fois de sa compétence particulière
et de la procédure qui convient de suivre devant le juge.

a. La compétence particulière du Tribunal de commerce

Le Tribunal de commerce est une juridiction d’exception c’est-à-dire qu’il n’est compétent que si un texte le
prévoit explicitement, expressément. Il existe trois chefs de com pétences c’est-à-dire trois hypothèses :

Le Tribunal de commerce est compétent pour les contestations relatives aux engagements entre
commerçants mais aussi entre établissements de crédit encore entre commerçants et
établissements de crédit.

Le Tribunal de commerce est aussi compétent pour les contestations relatives aux sociétés
commerciales.

Le tribunal de commerce est compétent pour les contestations relatives aux actes de commerce.

b. La procédure à suivre devant le juge

Le Ministère d’avocats n’est pas obligatoire car la procédure est dominée par un souci de simplification et
de rapidité. La procédure est orale. D’autre part, les parties peuvent saisir le président du tribunal en tant
que juge de référé (rendre une ordonnance rapide). Par exemple, le juge du tribunal lorsqu’une partie au
litige va demander au jug la fermeture d’un établissement qui exercerait concurrence déloyale. Dans cette
hypothèse, c’est le président du Tribunal de commerce qui jouera ce rôle. L’évolution des tribunaux de
commerce ne coïncide pas avec l’évolution actuelle du droit commercial. En effet, le droit commercial est
aujourd’hui marqué par l’interventionnisme économique. Il serait normal que l’Etat puisse donner son avis
sur l’application qui doit être faite de la loi commerciale c’est-à-dire qu’au sein du Tribunal de commerce
siègent des magistrats issus de L’ENM (Ecole Nationale de Magistrature). D’autre part, il est choquant qu’il
n’y ait pas de représentants de l’Etat lorsqu’il s’agit d’appliquer une loi qui n’intéresse pas seulement les
commerçants mais aussi d’autres partenaires de l’entreprise tels que les salariés (loi du 25 juin 1985 sur le
redressement et la liquidation judiciaire des entreprises en difficulté). Cependant, il convient de préciser
qu’en appel et en cassation, seule la Cour d’appel et la Cour de cassation sont compétentes. Dans ces cours
siègent uniquement des magistrats c’est-à-dire des professionnels du droit. Le Tribunal de commerce n’a
pas le monopole de la connaissance des litiges en matière commerciale. Cela veut dire que le droit
commercial va être appliqué par d’autres tribunaux. On peut citer les tribunaux d’instance qui jugent les
affaires relatives au bail commercial et le Tribunal de grande instance qui est compétent pour appliquer les
règles du droit commercial visant les redressements et les liquidations judiciaires de personnes morales
c’est-à-dire de sociétés. L’intérêt pour les commerçants d’être jugés par leurs pairs parfois ne suffit pas, ils
préfèrent choisir l’arbitrage commercial. L’existence de cette institution est exceptionnelle puisqu’il s’agit

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d’une justic privée. L’arbitrage a de nombreux avantages comme l’anonymat ou encore la rapidité La
décision prise par l’arbitre ou par des arbitres a autorité de la chose jugée.

B. Le rôle du greffier du Tribunal de commerce

Il convient de préciser que le greffier du Tribunal de commerce est une personne très importante de la
justice commerciale. En plus de son rôle de greffier (préparer les dossiers pour l’audience), il est chargé de
la tenue du registre du commerce et des s ciétés. Il a donc une dualité de fonction. Ce registre du
commerce rassemble les ren seignements qui concernant les commerçants. Il présente une importance
essentielle c il permet à tout créancier de savoir par exemple dans quelles conditions le fonds de commerce
est exploité, de connaitre le régime matrimonial du commerçant (séparation des biens, mise en commun
des biens…) ce qui est très important dans le cadre d’une saisie. D’autres part, la tenue du registre du
commerce et des sociétés permet égaleme de savoir si le commerçant a la qualité ou non d’étranger, de
savoir si ce commerçant e ou non le gérant de la société. Le registre du commerce et des sociétés est un
état civil commerçant personne physique et du commerçant personne morale.

a. Le fonctionnement du greffe

Les personnes physiques doivent se faire immatriculer au registre du commerce et d sociétés dans un délai
de quinze jours suivant le début de l’exercice de leur activité. En ce qui concerne les personnes morales
(SARL, SA…), il n’y a pas de délai. Cependant, la loi dispose qu’une société commerciale n’acquiert la
personnalité orale qu’à compter de son immatriculation au registre du commerce et des sociétés. Par
conséquent, une soci té commerciale n’acquiert la personnalité morale qu’à compter de l’immatriculation
au registre du commerce et des sociétés. Il convient de préciser qu’il existe un registre loc dans chaque
tribunal de commerce et un registre national qui est tenu par l’Institution nationale de la propriété
industrielle. Cette institution doit centraliser tous les renseignements. C’est le greffier du Tribunal de
commerce qui doit procéder aux immatriculations ainsi qu’à toutes modifications. Depuis quelques années,
il convient de signaler que l’inscription au registre du commerce et des sociétés n’est pas réalisée
directement au greffe du tribunal de commerce. Il existe des centres de formalités des entreprises. Ces
centres sont chargés de centraliser tous les documents qui doivent être établis par une personne qui créé
une entreprise. Leur rôle a été légalisé par la loi Madelin du 11 février 1994. Ces centres de formalités des
entreprises ont pour but de faciliter la création d’entreprises avec des aides, des subventions. Le but de ces
centres est d’amoindr la perte de temps dans l’accomplissement des formalités auprès des différents
organismes tels que le greffe du Tribunal de commerce, les impôts directs ainsi que les orga nismes de
sécurité sociale. L’intervention des centres de formalités des entreprises est en principe gratuite.
Cependant, des circulaires administratives admettent que certaines prestations dites d’assistance à la
formalité soient payantes. Il n’y a pas de tarifs conselés, c’est une réelle hypocrisie.

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