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La liberté est-elle contraire à la nature humaine ?

Liberté : Du latin libertas, liber (état de l’homme libre)

- Statut social de celui qui n’est pas esclave 



- Pouvoir de l’individu, droit qu’il a de disposé de sa personne

- Capacité qu’il a a agir sans restriction

- “Pouvoir qui appartient à l’homme de faire tout ce qui ne nuit pas au droit d’autrui”, sa limite
morale “Ne fais pas à un autre ce que tu ne veux pas qu’il te soit fait” Article 6 Constitution
française (III)

- Agir selon son bon vouloir, son libre arbitre, de se mouvoir sans contrainte

- Pouvoir propre à l’homme d’être cause première de ses actes

- Liberté : possibilité d’action reconnue par la loi (nos libertés sociales)

Nature humaine :

- Biologique : La somme des facultés naturelles, telles que la nutrition, le mouvement, la


génération, la sensibilité, la raison, ses facultés naturelles

- Nature humaine implique une définition universelle de l’homme


I. La liberté n’est pas nécessairement contraire à la nature humaine (DESCARTES)

II. La liberté semble être contraire à a nature humaine dans si l’on considère notre libre-arbitre
sous le point de vue de l’inconscient psychique (FREUD, KIERKEGAARD)

III. La liberté et les libertés peuvent être contraire à la nature humaine si l’on considère que la
nature humaine ne peut être considéré universellement (ROUSSEAU ET ÉPICTÈTE)

Si la liberté est contraire à la nature humaine, alors comment comprendre que je choisis mes
pensées et donc que je suis maître de mes actes ? Si la liberté n’est pas contraire à la liberté
humaine, ai-je le droit de faire tout ce que je veux et donc suis-je vraiment le maître de tous mes
actes ? Ainsi, quelle est la condition nécessaire pour que la liberté ne soit pas contraire à la nature
humaine ?

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L’une des premières phrases du Manuel d’Épictète “Des choses les unes dépendent de nous, les
autres ne dépendent pas de nous” situe la limite entre liberté en adéquation avec la nature humaine,
ce sont nos jugements, nos tendances, tout ce qui est opération de notre âme, et une liberté qui
dépasse la nature humaine, en un mot tout ce qui n’est pas opération de notre âme. Il est intéressant
de partir de ce constat pour centrer notre propos sur la capacité de l’être humain à agir et ce sur quoi
il ne peut pas agir. Il s’agit donc d’interroger la liberté, que l’on peut définir sur le plan de la
conscience, mais aussi au niveau politique et morale. La liberté est donc la capacité à agir sans
restriction, le libre arbitre, mais on peut se demander si la liberté n’est pas contraire à la nature
humaine ? En effet, la nature humaine se définit premièrement comme la somme des facultés
naturelles telles que la nutrition, la soif, le désir sexuel, les pulsions inconscientes. Deuxièmement
elle se définit en tant qu’être humain doté de raison et implique donc des enjeux moraux et
politiques, et il faut souligner également que la nature humaine se conçoit aussi selon une pluralité
d’individualités. Par conséquent, les déterminations propres à la nature humaine semble s’opposer à
la liberté, au sens où on n’est pas libre de faire ce que l’on veut et surtout au sens où on ne doit pas
faire ce que l’on veut, sinon notre liberté propre serait contraire à celle d’autres natures humaines.
Le problème mis en lumière par notre sujet est d’interroger la relation et les limites entre liberté et
nature humaine. Si la liberté est contraire à la nature humaine, alors comment comprendre que je
choisis mes pensées et que je suis maître de mes actes ? Si la liberté n’est pas contraire à la nature
ahumaine, suis-je vraiment le maître de tous mes actes et surtout ai-je le droit de faire tout ce que je
veux ? Ainsi, quelle est la condition nécessaire pour que la liberté ne soit pas contraire à la nature
humaine ? Dans un premier axe, nous verrons que la liberté n’est pas nécessairement contraire à la
nature humaine puisque je suis le maître de mes pensées et donc de mes actes. Dans un deuxième
axe, on peut se demander si la liberté n’est pas contraire à la nature humaine lorsqu’on la considère
du point de vue de l’inconscient psychique ? Enfin, nous verrons dans un troisième axe que la
nature humaine acquiert une liberté sur le plan moral et politique lorsque cette liberté respecte
autrui et qu’elle peut donc être considérée comme une liberté universelle.

I. La liberté n’est pas nécessairement contraire à la nature humaine, je suis le maître de mes
pensées et donc de mes actes

Chapeau : Cette partie à pour fonction de montrer que puisque je suis celui qui pense, que je
choisis mes pensées et mes actes, je suis par conséquent maître de mes actes, je dispose de mon

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libre arbitre et par conséquent ma nature n’entre pas en contradiction avec la liberté. Il est important
de définir avant tout ce qu’est la liberté puis ce qu’est la nature humaine.

Def : La liberté semble être liée à ma capacité à agir sans connaître de restriction, c’est-à-dire que je
suis libre de mes choix et de mes actes et donc que je possède un libre arbitre. La liberté c’est donc
agir selon son bon vouloir, se mouvoir sans contraintes. Premièrement la nature humaine peut se
définir selon une perspective biologique, il s’agit donc de la somme des facultés naturelles comme
la nutrition, le mouvement, la sensibilité. Ce sont des facultés que je partage avec tous les êtres
humains. Deuxièmement, la nature humaine peut se définir selon l’entendement, la faculté
intellectuelle qui me permet de comprendre, de concevoir, de saisir ce qui est intelligible.
Arg : Par conséquent, la liberté ne semble pas à première vue contraire à la nature humaine, puisque
l’homme agit sans contraintes et reste maître de ses pensées et de ses actes. Il dispose d’un libre
arbitre, donc d’une liberté qui est inscrite dans sa nature humaine. C’est en tout cas, ce que semble
nous dire Descartes dans la IV partie du Discours de la méthode. Il remarque que cette vérité “Je
pense donc je suis, était si ferme et si assurée, que toutes les extravagantes suppositions des
sceptiques n’étaient pas capable de l’ébranler”. Premièrement, le cogito ergo sum nous permet à la
fois de démontrer que la nature humaine dispose d’une liberté qui est celle de penser et que c’est
précisément dans cette faculté de penser qu’elle acquiert sa liberté. En effet, je suis celui qui pense,
cela est certain. Je me définis donc comme une substance pensante, c’est-à-dire que la nature
humaine se définit par cette activité qui est de penser. De ce fait, je dispose d’une liberté de penser
et d’agir contrairement à ce que nous explique Freud selon la théorie de l’inconscient psychique.
Deuxièmement, il s’agit pour Descartes de démontrer aux sceptiques que l’homme dispose de son
libre arbitre puisqu’il se définit comme une substance pensante, c’est-à-dire une chose qui pense.
C’est le fait que je suis celui qui pense qui permet à Descartes de rendre légitime le libre-arbitre.
Mais, l’objection qui vient dès lors à l’esprit est de se demander comment utiliser ses pensées pour
être totalement libre et non soumis aux passions. Si l’on prend l’exemple de la femme aux yeux qui
louchent de Descartes dans La lettre à Chanut (6 juin 1647), on peut constater que le philosophe
n’est pas tout à fait libre, puisque sa nature humaine le contraint à aimer plusieurs femmes parce
qu’elles louchent. En effet, Descartes associe sa passion amoureuse au fait de loucher. Selon lui, le
souvenir de la première passion amoureuse détermine nos choix amoureux futurs. Par conséquent,
la nature humaine semble ici contraire à la liberté. Mais selon Descartes, notre entendement nous
permet de nous libérer des chaînes de la nature humaine. En effet, il faut se méfier de la mémoire
passionnelle qui nous guide dans nos choix amoureux. Afin de conserver sa liberté, l’homme sage
ne doit pas se laisser aller entièrement à cette passion. Il doit juger de manière rationnelle sa
passion, et donc s’affranchir d’une naïveté qui le rend enclin à aimer des femmes parce qu’elles
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louchent et non pour leur mérite ou leur qualité. Ainsi, nous avons vu que la liberté n’est pas
contraire à la nature humaine si le sujet utilise à bon escient son entendement et sa raison, afin de
réaliser des choix qui lui permettent de ne pas être soumis à ses passions.

Transition : Selon Descartes le sujet semble être libre car il dispose d’un libre arbitre, il dispose
d’une liberté de conscience et d’action. Toutefois, si la liberté n’est pas contraire à la nature
humaine, alors est-ce que je peux faire ce que je veux et ai-je le droit de faire ce que je veux ? On
comprend que l’enjeu est plus complexe, notamment quand nous percevons la liberté selon la
théorie de l’inconscient psychique.

II. La liberté semble être contraire à la nature humaine si on la considère du point de vue de
l’inconscient psychique

A. Le libre-arbitre, réalité ou illusion ?

Chapeau : L’enjeu de cette partie est de démontrer que la liberté est nécessairement contraire à la
nature humaine, car cette dernière est soumise aux pulsions et à l’inconscient qui sont propres à
chaque être humain.

Arg : En effet, suis-je totalement libre de mes actes ? Les lapsus, les troubles du comportement ou
les troubles psychiques sont autant d’exemple qui nous montre que nous ne sommes pas totalement
libre de nos actes. Ces agissements sont encrés dans notre nature humaine et plus particulièrement
ils naissent de notre inconscient. C’est en tout cas ce que nous décrit Freud en utilisant la théorie de
l’inconscient psychique dans ses Leçons d’introduction à la psychanalyse. Premièrement il faut
déterminer ce qu’est l’inconscient. Selon Freud, il s’agit de l’ensemble des phénomènes psychiques
inaccessibles à la conscience, mais qui influent largement sur elle. "Nous ne sommes [alors] pas
maître en notre propre maison”. Notre conscience, qui correspond à l’ensemble des phénomènes de
la vie mentale d’un sujet à l’état d’éveil n’est que la partie visible de l’iceberg, elle n’est qu’”une
toute petite partie” du psychisme. On voit ici clairement la rupture avec Descartes qui nous explique
que toute pensée est accompagnée de savoir, selon l’étymologie latine de conscience, cum scientia.
Ainsi, la liberté semble contraire à la nature humaine, car tous nos actes ne sont pas conscient. Par
conséquent, le libre-arbitre c’est-à-dire le libre usage de sa volonté ou la maitrise de ses pensées
n’est qu’illusion. Je suis soumis à des pulsions, à mes rêves. Selon Freud, il y a trois niveaux dans
notre nature humaine. Le “moi”, le “surmoi” et le “ça”. De ce fait, ce qui est produit dans le “moi”
prend source dans le “surmoi” et dans le “ça”. Le “ça” est soumis aux pulsions, de pulsio, poussée
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en latin. Ce sont tous les désirs immédiats que je ne peux pas contrôler. Cela peut concerner des
désirs sexuels, la soif ou la faim. Je ne peux donc pas m’affranchir totalement de ma nature
humaine. En effet, je ne suis pas entièrement libre particulièrement parce que je suis soumis à ces
pulsions et ces désirs. Ainsi, la vie de l’esprit ne résulte pas seulement d’une activité consciente,
intellectuelle et rationnelle. La nature humaine et plus particulièrement notre personnalité émerge
d’un conflit entre le “ça” et le “surmoi”. Par conséquent, le libre arbitre semble n’être qu’une
illusion produit par une croyance que je suis totalement maître de mes actes et de ce fait la liberté au
sens d’une liberté d’action et de pensée est contraire à la nature humaine qui est soumise à son
inconscient. Cette inconscient est aussi historique, dans le sens où les actes et les choix que nous
faisons sont déterminées par un passé historique.

B. Kierkegaard, la liberté, une illusion et une construction de l’histoire ?

Fonction : L’enjeu est ici de montrer que le libre-arbitre est une illusion à partir du moment où la
nature humaine s’inscrit dans une histoire qui a déjà commencée. En effet, nous savons que nous
sommes venus dans un monde avec un long passé historique. Ainsi, nos coutumes, notre langage,
mais aussi notre façon de voir le monde reste conditionné par l’histoire passée. De ce fait,
l’habitude de se rendre dans une école laïque, le fait de porter des vêtements est institué de
l’extérieur. Par conséquent, je ne suis pas totalement libre puisque je suis un être déterminé par une
histoire, un passé et des coutumes. Ainsi, selon Kierkegaard, le libre-arbitre n’est qu’une fiction, un
“non-sens pour la pensée”, puisque la liberté ne connaît pas de pure commencement. Elle est
déterminée par ce qui l’a précédée. Il est impossible de distinguer véritablement les faits dont je suis
l’initiateur et ce que je subis. Il faudrait remonter au commencement de ma liberté pour savoir si
elle est contraire à la nature humaine, or la liberté n’a pas de commencement pour moi. Je découvre
la liberté postérieurement, la liberté n’est jamais initiatrice. Selon Kierkegaard il faut donc accepter
notre passé et nos limites. Nous devons accepter le repentir et accepter notre peccabilité. De ce fait,
la nature humaine ne peut s’affranchir de ses contraintes, à la fois au niveau biologique, mais aussi
au niveau historique. Je suis naît dans un environnement donné, selon des principes et des coutumes
déterminés a priori et donc la liberté est nécessairement contraire à la nature humaine, car je ne suis
jamais totalement libre dans mes pensées et ma façon d’agir qui dépendent toujours de
déterminations passées et donc d’une histoire antérieure. L’’objection qui vient dès lors à l’esprit est
de se demander à partir de quel moment la liberté n’est plus contraire à la nature humaine ?

Transition : En effet, la liberté est bien contraire à la nature humaine sous plusieurs aspects. Mais il
est aussi important de considérer la liberté non plus sous un enjeu biologique ou en lien avec des
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déterminations passées, mais aussi selon un enjeu moral et politique. La nature humaine peut donc
entrer en adéquation avec la liberté au niveau politique et moral.

III. La nature humaine qui acquiert une liberté sur le plan moral et politique

A. La liberté contraire à la nature humaine sur le plan politique et moral

Chapeau : L’enjeu de cette dernière partie est de montrer que la liberté ne concernent plus
seulement des déterminations biologiques ou historiques propres à la nature humaine, mais aussi
qu’elle implique des valeurs politiques et morales, qui sont propres à l’humain. En effet, la liberté
peut aussi se définir comme la possibilité d’action reconnue par la loi. Selon l’article VI de la
Constitution française, elle est le “pouvoir qui appartient à l’homme de faire tout ce qui ne nuit pas
au droit d’autrui”. Ainsi, si un homme nuit au droit d’autrui, sa liberté devient contraire à d’autres
êtres humains.
Arg : Un homme ne peut pas avoir une liberté sans contraire comme la liberté de voler, d’agresser
sans causer du tort à autrui. Ainsi, sa liberté devient contraire à une autre nature humaine. Il est
donc essentiel de préserver la liberté de chacun tout en permettant à cette liberté de ne pas causer du
mal à autrui. C’est ce que nous explique Rousseau quand il parle de liberté universelle “Agit
extérieurement de telle sorte que le libre usage de ton arbitre puisse coexister avec la liberté de tout
un chacun suivant une loi universelle” §C Principe universel du droit. Premièrement, la liberté pour
Rousseau ne se trouve que dans le droit, s’il n’y a pas de droit ou de système politique, les hommes
se retrouvent à l’état de nature et ne peuvent user librement de leur liberté puisqu’elle est toujours
restreinte par le désir d’autrui. Dans ce cas, on peut considérer que l’homme à l’état primitif
n’acquiert pas toutes ses libertés. Deuxièmement, la liberté ne se conçoit de manière individuelle
mais universelle, et par conséquent elle ne devient pas contraire à la nature humaine lorsque chaque
être humain respecte la liberté d’autrui. Cette liberté doit donc être nécessairement instituée par le
droit, afin qu’elle ne devienne pas contraire à la nature humaine.
Illustrer : On peut prendre ici l’exemple de la Fable de la Fontaine, “le Loup et l’agneau”. Le
premier use de sa force et sa liberté ne semble pas avoir de limite, c’est donc la loi du plus fort que
l’on peut retrouver à l’état de nature. Dans ce cas la liberté est contraire à la nature humaine. Cette
fable nous montre que sans un système politique, la liberté ne peut être conservée et elle s’oppose à
d’autres natures humaines. L’agneau sait donc que le loup lui impose sa force, le loup l’emporte
“Sans autre forme de procès”, et c’est donc la fin de la fable qui nous fait comprendre que sans une
loi institué ou un système républicain légitime, la liberté devient contraire à la nature humaine
puisque la loi du plus fort impose une liberté sur une autre.
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En somme, la liberté au sens de libre arbitre connaît certaine limite. Selon Descartes, elle est
conforme à la nature humaine, mais les récentes recherches en psychanalyse nous montre que la
liberté est une croyance et que le libre-arbitre reste une illusion lorsqu’il se confronte à l’hypothèse
de l’inconscient psychique. La thèse est donc que la liberté n’est pas contraire à la nature humaine
quand l’homme utilise sa raison afin de construire une liberté universelle qui respecte la liberté de
chacun et lui permet d’être libre sans être contraint par des pulsions et des désirs qui peuvent causer
du mal à autrui. Les enjeux théoriques et pratiques de ce devoir sont donc de montrer que le libre-
arbitre reste une notion ambiguë dans le domaine scientifique et philosophique et qu’il est donc
nécessaire de construire une liberté commune afin que chacun puisse avoir une liberté de conscience
et d’action.

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