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II.

Illusion de liberté
Pour Baruch Spinoza, l’homme est engagé dans un monde plein de déterminisme, ainsi, le
sentiment de liberté tient du fait que les hommes ignorent les causes cachées de leurs actions
car ils n’ont aucun pouvoir sur la nature. A cet effet, Spinoza souligne dans l’Ethique que « les
hommes se trompent en ce qu’ils pensent être libres ». Il n’y a point d’effet sans cause, par
conséquent la liberté humaine consiste tout simplement dans la compréhension de la loi de la
nécessité qui régit la nature.

Par ailleurs, dans la psychanalyse freudienne la liberté est un rêve car le sujet n’est pas maître
de lui-même. Il y a une instance psychique qui le détermine à agir que Freud nomme
l’inconscient. C'est dans ce sens que les actes qui ne peuvent pas s'expliquer objectivement
proviennent des mobiles inconscients que nous ignorons.

Dans la même logique, le contexte social montre que l'idée d'un sujet libre, maître de sa pensée
et de ses actes serait une illusion. Il démontre que la personnalité, les comportements des
individus sont largement déterminés par des phénomènes socio-économiques et politiques d’où
la déclaration d’Emile Durkheim : « Quand notre conscience parle, c’est la société qui parle
en nous ».

Il ressort de ce qui précède que l’homme est déterminé et que sa liberté comme absence de
contraintes est illusoire. La reconnaissance des déterminismes, ruine-t-elle nécessairement
l’idée de liberté humaine ?

III. La liberté comme dépassement du déterminisme


Le déterminisme ne supprime pas la liberté humaine, il la fonde plutôt. La liberté de l’homme
consiste dès lors dans un effort permanent de donner sens aux différentes situations qui
surviennent au cours de son existence (l’homme trouve des solutions aux multiples problèmes
auxquels il est confronté). Le développement de la techno-science permet à l’homme de
maîtriser les lois de l’univers en vue de sa transformation et ainsi de se libérer du déterminisme
naturel.

Par la psychanalyse, l’homme s’efforce à maîtriser les facteurs susceptibles de perturber sa


personnalité ainsi que les moyens de s’en libérer afin de s’affirmer comme être responsable.
D’un point de vue social, la liberté humaine ne peut se concevoir sans contrainte, elle doit être
comprise comme la conformité des actions de l’individu à l’ordre social et moral, c’est-à-dire
aux lois. Jean Jacques Rousseau reconnaît que « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est
liberté ». Dans ce sens, l’homme libre est celui qui a cessé d’être l’esclave de ses passions et
dont la conduite est éminemment raisonnable : conforme aux lois sociales et morales. C’est
dans ce sens qu’il faut comprendre la liberté morale d’Emmanuel Kant lorsqu’il écrit dans
Métaphysique des mœurs : « Agis toujours de telle sorte que la maxime de ton action puisse
être érigée en règle universelle ».

La liberté humaine est une liberté en situation. Autrement, elle n’est pas une donnée définitive,
mais une conquête permanente que nous faisons pour être maître du monde et de nous-mêmes.
La liberté ordonne à l’homme de s’inventer et d’assumer ses actes.

IV. La responsabilité
1. Définition et différentes formes de responsabilité
La responsabilité est l’obligation de répondre de ses actes, d’en rendre compte et d’en assumer
les conséquences. Elle suppose alors la liberté comme condition sine qua non. On distingue :
-la responsabilité sociale ou objective : c’est l’obligation de répondre de ses actes devant
autrui et la société dans la mesure où ils les concernent et les intéressent au nom des principes
de la morale et des règles établies par la loi. En ce sens elle peut être contractuelle, civile ou
pénale.
- La Responsabilité morale ou subjective : c’est la situation d’un être conscient à l’égard des
actes qu’il a librement et réellement voulus et dont il doit rendre compte devant la conscience
morale présente en lui.
2. La théorie et la portée de la responsabilité chez Sartre.
La responsabilité est l’un des attributs fondamentaux de la nature humaine. Être homme, c’est
être responsable, c’est-à-dire assumer l’ensemble de ses actes. Selon Sartre, l’homme est ce
qu’il se fait par son choix libre et il est ainsi totalement responsable de l’essence inachevée qui
se crée par ses actes. L’homme n’est pas un pion manipulé par un destin aveugle, mais l’auteur
de son existence : « Nous sommes seuls sans excuse… L’homme est responsable de tout ce qu’il
fait. » Par là il révèle la dimension individuelle de la responsabilité.
Toutefois pour lui la responsabilité individuelle implique également les autres car elle ne reste
pas dans les limites du moi individuel mais s’étend à tous les hommes : « Nous sommes tous
responsables de tous ». Ou encore : « L'homme, étant condamné à être libre, porte le poids du
monde tout entier sur les épaules : il est responsable du monde et de lui-même en tant que
manière d'être. » Antoine de Saint-Exupéry partage la même idée quand il écrit : « Être
homme, c’est être responsable (…), c’est sentir en posant sa pierre que l’on contribue à bâtir
le monde. »
L’homme est ainsi responsable de lui-même mais en même temps il est comme lié par des «
fils invisibles » à l’humanité tout entière.

Conclusion
Il y a un lien intrinsèque entre la liberté et la responsabilité car un acte qui n’est pas libre n’est
pas non plus responsable. La responsabilité est pour l’homme autant une charge qu’une source
de fierté, si bien qu’Antoine de Saint-Exupéry dira : « Si tu refuses d’être responsable des
défaites, tu ne le seras pas des victoires. »

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