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COURS DE PHILOSOPHIE

Classe de Tle A4

« Etre libre, c’est accepter ce qu’on est,


se contenter de ce qu’on a, et
d’assumer ce qu’on fait »
Dm

DANIEL MOUKOURI – ENSEIGNANT DE PHILOSOPHIE


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EMAIL : danielmoukouri83@gmail.com
THEME 2 : L’ACTION

CHAPITRE 3 : LIBERTE ET RESPONSABILITE

Justification du Chapitre

Ce chapitre te permettra de te familiariser avec les concepts liberté et


responsabilité, dans le but d’établir les rapports entre lesdits concepts, et
de prendre conscience du fait que l’un est ton droit, tandis que l’autre est
ton devoir.

EMMANUEL KANT
1724 - 1804
« Voilà que j'entends crier de tous côtés : “ Ne
raisonnez pas ! ” L'officier dit : “ Ne raisonnez
pas, faites vos exercices ! ” Le percepteur : “ Ne
raisonnez pas, payez ! ” Le prêtre : “Ne
raisonnez pas, croyez ! ” [...] Dans tous ces
cas, il y a limitation de la liberté »

Daniel MOUKOURI – Enseignant de Philosophie.


INFOS UTILES POUR LA MAITRISE DU CHAPITRE

Situation Problème :
Aujourd’hui âgée de 18 ans, Eva est en Tle. Depuis le primaire, elle a toujours été contrainte par sa
famille ; elle n’a jamais eu la liberté qu’elle voulait et qu’elle voyait chez ses camarades. En fin d’année scolaire,
les résultats furent proclamés. Ayant donc réussi à son examen, ses parents lui ont permis de sortir s’amuser, 2
mais de rentrer à une heure raisonnable. Cette dernière est plutôt rentrée chez elle à 7h du matin, étant mal-
en-point, car ayant beaucoup consommé de l’alcool. Ses parents furieux, décident quand-même de la
conduire dans un hôpital. Arrivés sur les lieux, les médecins constatent, après l’avoir examinée, qu’à côté du
fait d’être enceinte, elle est atteinte du VIH-SIDA. Ayant appris cela, ses parents décidèrent qu’elle sera la
seule responsable de sa propre turpitude, vu qu’elle a voulu être libre, et donc qu’elle assume ce qu’il en
résulte.
1. Quel est le problème ainsi soulevé ?
2. Selon vous, Eva doit-elle être (la seule) responsable de sa situation ?
3. Que faut-il faire pour que la liberté ne devienne pas le libertinage ?

Problèmes Philosophiques :
1. la nature de la liberté ;
2. la nature de la responsabilité ;
3. La liberté comme fondement de la responsabilité.

Problématiques principales :
1. S’il faut dire que l’homme serait essentiellement libre, n’est-ce pas nier le pouvoir que peuvent avoir
les déterminismes sur lui ?
2. C’est à l’homme que revient le devoir d’assumer ses actes ou plutôt à la société à laquelle il appartient ?
3. La liberté engendre-t-elle la responsabilité ou bien l’exclut-elle ?

A quoi le mot « PHILOSOPHIE » s’assimile-t-il dans tout ce chapitre ?

 Profiter de sa liberté tout-en respectant la liberté des autres, c’est-à dire, être responsable.

Daniel MOUKOURI – Enseignant de Philosophie.


INTRODUCTION GENERALE DU CHAPITRE
Aujourd’hui, et plus que jamais d’ailleurs, nous nous opposons aux Passions, bien
évidemment, lorsqu’elles veulent nous conduire vers la démesure au point de nous faire perdre la Raison.
Plongeons dans l’histoire, et voyons comme la lutte pour la promotion des droits de l’homme faite par certains
grands hommes a été conditionnée par leurs passions, tels Rudolph Dualla Manga au Cameroun lors de la
colonisation, Martin Luther King Junior aux USA, pour la reconnaissance de la race noire ou encore Voltaire
qui, en France, a lutté pour la décadence du tribunal catholique qu’on nommait l’inquisition. Regardons aussi
Marie Tudor, Reine d’Angleterre et prédécesseur d’Elisabeth 1er ; jusqu’à ce jour, elle a laissé une mauvaise
image d’elle tant dans le peuple britannique que dans le monde tout entier, et ce, à cause de sa façon
sadique de gouverner, surtout en matière judiciaire, ce qui lui a valu le surnom de « Marie la Sanglante ». Or, 3
savez-vous qu’Hitler, tout comme la Reine Marie Tudor, était aussi passionné ? Eh oui ! Et regardez jusqu’où
sa passion nous a mené : 50 millions de morts environ lors de la Seconde Guerre Mondiale. Est-ce donc ce
genre de passion qu’il faut promouvoir ? Une passion qui veut toute sa Liberté et qui, paradoxalement, refuse
toute Responsabilité ! Nous sommes des êtres conscients. Mais, il nous semble évident que notre
conscience, c’est-à-dire notre raison, devrait nous prédisposer au fait de s’interroger sur les potentielles
conséquences ou le degré d’impact que nos actes pourraient avoir sur autrui. Il est tout-à fait normal que
chacun veuille agir librement ; or, comment cela peut être effectif si beaucoup veulent se fondre dans le
libertinage ? La nécessité de limiter la liberté de l’homme, parfois même l’exclure par des déterminismes – le
cas échant – semble ainsi s’imposer. A défaut, sachons que notre liberté s’arrête là où commence celle des
autres, et c’est cela être un homme responsable. Tel sera notre objet d’étude ici.

Daniel MOUKOURI – Enseignant de Philosophie.


Leçon 1 : DEFINITION DES CONCEPTS DE LIBERTE ET DE
RESPONSABILITE

Justification : La pertinence de cette leçon relève du fait qu’elle te permettra de ressortir les définitions,
dans tous les sens du terme, tant de la liberté que de la responsabilité.

Introduction 4

Lorsqu’on convient avec Jean Paul Sartre – et avec tout existentialiste par ricochet – que : « la vie de
l’homme lui appartient » et qu’ : « il peut en faire une œuvre d’art ou un gâchis », il semble que la conception
de la liberté soit prise de façon absolue. C’est dire que toute l’existence humaine n’est construite et n’a de sens
que sous cette seule base. Cependant, dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen publiée en
1789, rappelons que : « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». À ce niveau, la
liberté doit bien se distinguer du libertinage. Finalement, être libre, c’est avant tout être, avoir et/ou faire ce
qu’on veut, sans être contraint par qui ou par quoi que ce soit, mais ceci, dans le strict respect de la liberté
des autres. Quant-à la responsabilité, disons qu’elle est comme le second nom de la liberté, car celle-ci
n’aurait pas de sens sans celle-là. Disons aussi que la responsabilité ne se limiterait pas à un fait personnel,
bien qu’avec quelques réserves et relativisations. Ces deux concepts définis, il ne reste plus qu’à déterminer
leurs natures respectives. De ce fait, considérer que l’homme est libre par nature, ne semble-t-il pas
contradictoire lorsqu’on pèse l’influence des déterminismes (I) ? Et même, s’il faut le voir comme le
responsable de ses actes, ne devrait-on pas exclure, illégitimement, l’influence desdits déterminismes (II) ?

I. Le Problème de la Nature de la Liberté


Définir la liberté ici, revient à dire si elle existe ou pas. De là naissent deux conceptions antagonistes :
d’abord celle qui atteste son existence effective (1), puis vient la thèse des déterministes (2).

1. L’existence d’une Liberté Humaine


Etre libre signifie exister. Or comment exister ? Il ne suffit donc pour un homme de vivre, mais de
donner un sens à sa vie : c’est donc cela exister. Pour justifier ce fait, on s’intéressera à la nature raisonnable
de l’homme, ensuite à la notion de liberté d’indifférence et clôturer enfin par l’existentialisme sartrien.
Au demeurant, être libre suppose déjà être homme. Ainsi, être homme, c’est être libre, et être libre,
c’est être homme. L’homme est un animal, or le principe voudrait que tout animal soit dépourvu de toute
liberté. Mais, par nature, étant pourvu de la faculté réflexive, l’homme a la capacité de se connaitre et surtout
connaitre tout ce qui l’entoure ; il peut même distinguer le bien du mal. C’est pourquoi, le fait d’être un animal
raisonnable, surtout, le fait d’en être conscient, lui donne déjà tout le pouvoir nécessaire pour s’autoaffirmer
au point où selon René Descartes : « il n’y a rien qui ne soit en notre pouvoir que notre conscience ». Grâce
à cette faculté, il peut donc décider de ce qu’il veut dans sa vie, à travers les choix qu’il fera.
Par ailleurs, la liberté d’indifférence qui définit tout autant la liberté humaine, est le pouvoir dont
l’être humain serait seul à disposer et qui lui permettrait de choisir entre deux éventualités rigoureusement
équivalentes pour lui en termes de plaisirs ou d’avantages, tel un dilemme. A la base, on dit d’une personne
qu’elle est indifférente lorsqu’elle est complètement insensible à ce qui se passe autour d’elle.
Quartiézardesquement, on dira que cela ne lui fait ni chaud, ni froid. Cela est explicite à travers l’histoire de
L’âne de Buridan ou le malheur de n’être qu’une bête. Il s’agissait en effet d’un âne qui, placé à égale distance
d’un seau d’avoine et d’un seau d’eau, mais également tenaillé par la faim et par la soif, se laissait littéralement

Daniel MOUKOURI – Enseignant de Philosophie.


mourir sur place par ces deux envies. Or l’être humain, qui est loin d’être un âne – et par ricochet une bête –
pourrait, grâce à sa liberté, choisir, même dans une situation aussi dilemmatique, et ainsi se sortir d’une
mauvaise impasse. On dira donc qu’il agit de par son libre-arbitre.
Enfin, on verra dans l’existentialisme de Jean Paul Sartre que « J’existe » et « Je suis libre » sont
toutes deux réalités absolument vraies et significatives chaque fois qu’on les prononce. Pour l’auteur,
« L’existence précède l’essence ». En un vocabulaire simple, cela signifie que lorsque l’individu nait, il vient
au monde « vide », comme une table rase. Il devra donc, en grandissant, et ce, progressivement, tout faire
pour se créer une personnalité afin de se faire Homme, et cela ne sera que la résultante des choix qu’il aura
opéré. Sa conscience le guidera donc pour en faire de bons. L’homme ne devra ainsi se fier à aucun
5
déterminisme vu que sa liberté se présente comme : « le pouvoir de se déterminer soi-même sans être
déterminer par rien » pour reprendre Marcel Conche dans L’Aléatoire.
Cependant, on ne peut pas toujours dire, et avec autant d’audace et de certitude, que l’homme est un
être libre, car il existe malheureusement certains facteurs qui viennent, contre son gré, à influencer sa liberté
d’agir. Le fait denier les déterminismes semble donc ne pas suffire à nier leur existence.

2. La Conception Déterministe de la Liberté


Un déterminisme est défini comme une doctrine selon laquelle tout est déterminé, c’est-à dire soumis
à des conditions nécessaires et suffisantes. Ainsi, le déterminisme est donc ce fameux facteur qui viendrait à
influencer la liberté de l’homme. Il est de trois ordres, en principe, et est classé selon le degré d’impact qu’il
aurait sur l’existence de l’homme : d’abord le déterminisme psychologique, puis vient le déterminisme
sociologique et enfin le déterminisme existentiel.
De prime abord, le déterminisme psychologique est celui défini par l’inconscient psychique, et établi
en effet par le psychanalyste autrichien Sigmund Freud. Pour ce dernier, l’homme n’est déjà pas un être
totalement conscient vu que : « le moi n’est pas maitre dans sa propre maison ». Ici, l’homme ne saurait être
libre en ce sens que : « l’inconscient agit en nous, sans nous et malgré nous », pour ainsi reprendre les propos
de Roger Ebacher. Alors ici, nos actions ne dépendent pas de notre volonté propre (notre conscience), mais
plutôt de cette instance psychique qui nous dicte ses lois. Cependant, quand l’homme tente de maitriser ses
désirs et ses passions pour faire taire les pulsions engendrées par l’inconscient, et ce, grâce à son bon sens, le
second déterminisme vient, avec plus de forces, dominer sur le premier.
Pour ce qui est du déterminisme sociologique, il est assez perceptible, car lorsqu’on se réfère à
l’environnement dans lequel l’homme vit, on constate qu’il est entouré par bon nombre de groupements
sociaux (la famille, l’école, l’Etat etc.) qui viennent à lui soumettre leurs volontés à travers ce qu’on appelle
scientifiquement le conformisme social. Par cela, la société impose ainsi à l’homme, indépendamment de sa
volonté propre, ce qu’elle voudrait qu’il fasse ; et ce dernier ne peut que se plier à ses ordres, sinon il sera
« remis à sa place » par le gourou. Il faut donc reconnaitre que Karl Marx est assez clair sur ce fait lorsqu’il
dit que : « ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur conscience, c’est au contraire la réalité
sociale qui détermine leur conscience » ; autrement dit, tout ce que nous sommes, tout ce que nous avons et
même tout ce que nous faisons ne sont que ceux que nous a exigé la société. Or, tout comme le premier, ce
déterminisme-ci a également su s’imposer devant l’homme, mais il aussi lutté pour se défaire de ses griffes,
selon ses moyens. Mais le dernier d’entre les trois semble avoir eu raison de lui.
Le déterminisme existentiel, enfin, est celui relatif au destin ou au fatalisme, qui serait bien
évidemment (pré)établi par Dieu, ou la Nature. A ce fait, certains métaphysiciens ont dit, au travers de la
connaissance religieuse, que dans le processus de la construction de l’homme, tandis que la Divinité est le
potier, l’homme lui, n’est que l’argile qui servira à façonner le pot, et ce, selon la volonté propre de son
concepteur – le potier, qu’est Dieu. Raison pour laquelle Baruch Spinoza, bien qu’en concevant la Nature
comme étant Dieu, remettra en cause la conception existentialiste de la liberté lorsqu’il fera savoir que : « les

Daniel MOUKOURI – Enseignant de Philosophie.


hommes se trompent en ce qu’ils se croient libres » ; en d’autres termes, l’individu se leurrera toujours
lorsqu’il pensera que sa seule détermination est suffisante pour façonner sa personne.
Si donc la question de la liberté humaine est partagée entre la conception existentialiste qui reconnait
son existence, et la conception déterministe qui la nie, quelle peut donc être sa véritable définition ?

Synthèse : la définition de la liberté, quoiqu’on dise, reste ambivalente. Mais, avec l’expérience, on doit bien
reconnaitre que l’homme n’a et ne peut avoir sa totale liberté, sinon c’est le libertinage qui s’en suit. Tout
comme on ne saurait non plus dire que toute sa liberté se réduit aux déterminismes, il est avant tout une 6
personne, c’est-à dire un être doué de raison, qui a lui aussi son mot à dire dans la construction de son
existence. Peut-on ainsi conclure avec Bernard Dadier pour qui : « le travail, après le travail,
l’indépendance », afin de montrer la double implication de l’homme et des déterminismes dans la conception
de sa liberté, attendu que la finalité reste la responsabilité qui découlera des actes de celui-ci, bien que
relativement.

Si la question de la liberté humaine reste autant un sujet de débat, qu’en est-il donc de la responsabilité
qui, d’une certaine manière, reste elle aussi un attribut de l’homme ?

II. La Nature de la Responsabilité


Parler de la nature de la responsabilité, c’est s’interroger sur la question de qui devrait répondre des
actes posés par l’homme. D’aucuns penseraient que c’est à l’homme lui-même d’en être seul répondant.
Tandis que d’autres y verraient de la relativisation à partir d’une certaine exonération. Pour ainsi étudier cette
première approche, on s’intéressera principalement sur les typologies de responsabilité (1) ; ensuite on
prendra du recul sur cette conception dans la seconde approche, relativement à la négation de la
responsabilité individuelle (2).

1. Approche Individualiste de la Responsabilité


Cette thèse se consacre sur le fait que, la responsabilité se veut essentiellement individuelle. Pour
examiner cela, il est nécessaire de relayer les différents types de responsabilité.
Alors, nous avons d’abord la responsabilité morale, qui est celle-là ayant pour base notre conscience.
Elle nous édifie sur comment nous devons nous comporter envers autrui, c’est-à dire, à ne pas piétiner sa
dignité mais plutôt la promouvoir ; au cas où on irait à l’encontre de ce qu’elle (la conscience morale) nous
demande de faire, elle nous punira à travers des regrets et des remords.
Ensuite vient la responsabilité civile, qui naît en fait de la culture sociale. Parce qu’elle a été prévue
par la société, c’est justement cette dernière qui établit ses modalités. C’est une responsabilité dont l’objet est
la réparation du dommage causé à autrui tel que l’énonce l’article 1382 du Code civil camerounais en ces
termes : « Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel
il est arrivé, à le réparer ».
Enfin, vient la responsabilité pénale qui, tout comme la précédente, est aussi l’une qui dépend du
cadre juridico-social. A la seule différence que la responsabilité pénale chercherait plutôt à punir l’homme
ayant commis une infraction défendue par la loi. Or, d’où vient l’idée de la déresponsabilisé individuelle ?

Daniel MOUKOURI – Enseignant de Philosophie.


2. La Négation d’une Responsabilité Humaine

Ce qui a été dit plus haut est certes raisonnablement fondé, cependant, la responsabilité de l’homme
ne peut pas toujours être engagée, lorsqu’on constate qu’il est soumis aux différents déterminismes soulignés
à la leçon 1 de ce chapitre.
Selon le déterminisme psychologique, l’homme ne saurait toujours porter le poids de la responsabilité
d’un acte qu’il aurait commis car d’après des études psychanalystes, agir inconsciemment, suppose être
dépourvu de raison au moment de la commission de l’acte. Ainsi, on ne saurait juger ou punir un fou pour
avoir inconsciemment giflé un passant car il a agi indépendamment de lui, sans s’en rendre compte : c’est en
effet l’inconscient psychique qui l’a commandé en le poussant à agir. Raison pour laquelle on ne saurait lui 7
tenir pour responsable d’un quelconque acte que ce soit et qu’il aurait commis.
En ce qui concerne le déterminisme sociologique, il faut tout-autant dire ici que l’homme serait
exonéré, car à côté du fait que c’est la société qui a le contrôle et la charge de l’homme, elle ne peut que
répondre des actes que celui-ci aurait commis, car l’individu n’est que le reflet de la société, donc en agissant,
c’est la société qui, dira-t-on, agit en réalité. Mais il existe également un autre cas de figure dans lequel, c’est
la négligence de la société à l’égard de l’homme qui sera la source de l’exonération de ce dernier. Celui-ci agit
par conséquent au nom de celle-là. Cela est perceptible à travers un (jeune) homme qui n’aurait ni l’âge civil,
ni même l’âge pénal (respectivement 21 ans et 16 ans en République du Cameroun), et qui viendrait à
commettre une injustice. En tranchant cette affaire devant une juridiction, c’est l’un de ses parents ou encore
son tuteur légal (la société) qui sera puni à sa place, tel que le prévoit l’article 1384 du Code Civil camerounais
en son alinéa 4 : « Le père et la mère, après le décès du mari, sont responsables du dommage causé par leurs
enfants mineurs habitant avec eux ».
Pour ce qui est du déterminisme existentiel, on ne saurait dire que l’homme devrait être responsable
lorsqu’il aurait volontairement ou non commis un acte répréhensible étant donné que le fait pour lui que tout
soit établi par la Divinité ou par la Nature avant même qu’il ne vienne au monde, le décharge déjà de toute
responsabilité et rend plutôt responsable celui en effet qui a prévu tous les actes qu’il poserait.
Ces contrastes définis, quelle peut donc véritablement être la nature de la responsabilité ?

Synthèse : Nous l’avons fait savoir hautement : si l’homme a, ne serait-ce qu’un peu de liberté, alors, ce peu
de liberté doit engendrer, proportionnellement, la responsabilité de ce dernier. On voit mal un homme, être
de nature raisonnable, irresponsable, même si on trouve parfois des excuses vu l’existence des
déterminismes.

Conclusion
En fin de compte, le problème de la nature de la liberté et celui de la nature de la responsabilité
développent des conceptions très pertinentes, même si à chaque fois, parce qu’aucune de ces vérités ne
semblaient absolues, il y a eu lieu d’émettre des réserves. Maintenant, il ne reste plus qu’à s’interroger sur la
question de savoir si la liberté ferait toujours la responsabilité, plongeant ainsi dans le débat relatif au
problème de la liberté comme fondement de la responsabilité.

Daniel MOUKOURI – Enseignant de Philosophie.


Leçon 2 : LA LIBERTE COMME FONDEMENT DE LA RESPONSABILITE

Justification : La pertinence de cette leçon relève du fait qu’elle te permettra de ressortir les rapports qui
sauraient exister entre la liberté et la responsabilité, voir ainsi où l’une commence et où l’autre s’achève.

Introduction
8
Très souvent, il est admis que la liberté de certains commence là où s’arrête celle des autres ; et vice
versa. Sauf que, dans cette conception, on semble ignorer un détail qui peut avoir de graves conséquences.
En effet, il s’est avéré qu’en s’affirmant ainsi, on semble parfois omettre l’idée de responsabilité qui devrait
se greffer à notre liberté. C’est notamment ce constat qui pousse à s’interroger sur le problème de la liberté
comme fondement de la responsabilité. D’où la pertinence de cette problématique : la responsabilité est-elle
toujours traduite par la liberté ? Dans le cas échéant, ne peut-on pas être responsable sans pour autant être
libre ? Telle sera donc notre tâche dans cette partie.

I. L’Implication de la Liberté dans la Responsabilité


Lorsqu’on considère que la responsabilité est conséquence de la liberté, on admet qu’on ne peut
assumer un acte qu’au cas où on l’a fait avec préméditation. C’est en principe ce genre de responsabilité que
l’on perçoit dans la sphère sociale, notamment dans son conformisme auquel tout le monde doit s’aligner. En
fait, cette logique voudrait que l’homme puisse écoper des peines de sanction ou de réparation pour avoir
consciemment transgresser une loi, ayant potentiellement causer des dommages à autrui. Raison pour
laquelle Will Self pense que : « la liberté va de pair avec la responsabilité », d’où le rapport qui les lie.
Pareillement, pour Victor Hugo : « tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité ». Mais alors,
est-ce que ce principe demeure absolu ?

II. L’exclusion de la Liberté dans la Responsabilité


Certes, être responsable suppose avoir fait quelque chose délibérément. Cependant, on ne saurait
toujours prendre cette réalité aussi radicalement car il est possible pour un homme d’être responsable sans
pour autant être libre. Tout comme il est possible aussi pour ce dernier d’être libre sans toutefois être
responsable. Le premier cas de figure est perceptible lorsqu’en se tournant vers l’époque coloniale, on se rend
compte que les esclaves avaient bien de responsabilités qui pesaient sur leur dos, mais ne pouvaient
malheureusement pas poser un acte librement. Le second cas de figure est perceptible chez des jeunes
hommes, qu’on viendrait à considérer ici comme des enfants qui pourraient plus ou moins faire ce que bon
leur semblerait, mais dont leur incapacité juridique et leur immaturité psychologique les désimputerait de
toute responsabilité. Cependant, quel serait donc le véritable rapport entre la liberté et la responsabilité ?

Synthèse : L’homme est « condamné à être libre », nous dira Jean Paul Sartre, mais Saint-Exupéry aura lui
aussi raison de considérer qu’ « un homme sans responsabilité n’est pas un homme ». Nous pensons, et de
façon évidente, que la liberté est le premier attribut de l’homme. Mais la responsabilité est ce sans quoi cette
liberté n’aurait pas de sens. L’homme reste et demeure donc un être libre et responsable.

Daniel MOUKOURI – Enseignant de Philosophie.


Conclusion
Parvenu au terme de ce chapitre, nous pouvons tout simplement en retenir que les concepts de liberté
et de responsabilité restent en réalité indissociables. On ne saurait parler de l’un sans toutefois évoquer
l’autre, car elles sont toutes deux, des attributs relevant de la nature de l’homme ; la raison traduit la liberté,
et rend ainsi responsable l’homme lui-même ainsi que son entourage. Néanmoins, la question qui nous
taraude est la suivante : un homme libre et responsable, est-ce un être de nature ou un être de culture ?

SUJETS DE REFLEXION

1. Peut-on parler de liberté humaine ?


2. Notre liberté peut-elle nous rendre irresponsable ?
3. Discutez cette pensée de Jean Jacques Rousseau : « L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté ».
4. Notre liberté exclut-elle celle des autres ou bien la suppose-t-elle ?
5. Pensez-vous comme Baruch Spinoza que : « L’homme n’est pas un empire de liberté dans un empire de
nécessité » ?
6. Selon Henri Bergson : « On apprend à être homme en disant non ». Qu’en pensez-vous ?
7. Pour être libre, faut-il s’affranchir des passions ?
8. Peut-on dire de la liberté qu’elle est infinie ?
9. Que pensez-vous de ces propos de Jean Paul Sartre : « L’homme est libre, responsable et sans excuse » ?
10. Etre libre, est-ce être responsable ?

Daniel MOUKOURI – Enseignant de Philosophie.

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