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Classe de Tle A4
Justification du Chapitre
EMMANUEL KANT
1724 - 1804
« Voilà que j'entends crier de tous côtés : “ Ne
raisonnez pas ! ” L'officier dit : “ Ne raisonnez
pas, faites vos exercices ! ” Le percepteur : “ Ne
raisonnez pas, payez ! ” Le prêtre : “Ne
raisonnez pas, croyez ! ” [...] Dans tous ces
cas, il y a limitation de la liberté »
Situation Problème :
Aujourd’hui âgée de 18 ans, Eva est en Tle. Depuis le primaire, elle a toujours été contrainte par sa
famille ; elle n’a jamais eu la liberté qu’elle voulait et qu’elle voyait chez ses camarades. En fin d’année scolaire,
les résultats furent proclamés. Ayant donc réussi à son examen, ses parents lui ont permis de sortir s’amuser, 2
mais de rentrer à une heure raisonnable. Cette dernière est plutôt rentrée chez elle à 7h du matin, étant mal-
en-point, car ayant beaucoup consommé de l’alcool. Ses parents furieux, décident quand-même de la
conduire dans un hôpital. Arrivés sur les lieux, les médecins constatent, après l’avoir examinée, qu’à côté du
fait d’être enceinte, elle est atteinte du VIH-SIDA. Ayant appris cela, ses parents décidèrent qu’elle sera la
seule responsable de sa propre turpitude, vu qu’elle a voulu être libre, et donc qu’elle assume ce qu’il en
résulte.
1. Quel est le problème ainsi soulevé ?
2. Selon vous, Eva doit-elle être (la seule) responsable de sa situation ?
3. Que faut-il faire pour que la liberté ne devienne pas le libertinage ?
Problèmes Philosophiques :
1. la nature de la liberté ;
2. la nature de la responsabilité ;
3. La liberté comme fondement de la responsabilité.
Problématiques principales :
1. S’il faut dire que l’homme serait essentiellement libre, n’est-ce pas nier le pouvoir que peuvent avoir
les déterminismes sur lui ?
2. C’est à l’homme que revient le devoir d’assumer ses actes ou plutôt à la société à laquelle il appartient ?
3. La liberté engendre-t-elle la responsabilité ou bien l’exclut-elle ?
Profiter de sa liberté tout-en respectant la liberté des autres, c’est-à dire, être responsable.
Justification : La pertinence de cette leçon relève du fait qu’elle te permettra de ressortir les définitions,
dans tous les sens du terme, tant de la liberté que de la responsabilité.
Introduction 4
Lorsqu’on convient avec Jean Paul Sartre – et avec tout existentialiste par ricochet – que : « la vie de
l’homme lui appartient » et qu’ : « il peut en faire une œuvre d’art ou un gâchis », il semble que la conception
de la liberté soit prise de façon absolue. C’est dire que toute l’existence humaine n’est construite et n’a de sens
que sous cette seule base. Cependant, dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen publiée en
1789, rappelons que : « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». À ce niveau, la
liberté doit bien se distinguer du libertinage. Finalement, être libre, c’est avant tout être, avoir et/ou faire ce
qu’on veut, sans être contraint par qui ou par quoi que ce soit, mais ceci, dans le strict respect de la liberté
des autres. Quant-à la responsabilité, disons qu’elle est comme le second nom de la liberté, car celle-ci
n’aurait pas de sens sans celle-là. Disons aussi que la responsabilité ne se limiterait pas à un fait personnel,
bien qu’avec quelques réserves et relativisations. Ces deux concepts définis, il ne reste plus qu’à déterminer
leurs natures respectives. De ce fait, considérer que l’homme est libre par nature, ne semble-t-il pas
contradictoire lorsqu’on pèse l’influence des déterminismes (I) ? Et même, s’il faut le voir comme le
responsable de ses actes, ne devrait-on pas exclure, illégitimement, l’influence desdits déterminismes (II) ?
Synthèse : la définition de la liberté, quoiqu’on dise, reste ambivalente. Mais, avec l’expérience, on doit bien
reconnaitre que l’homme n’a et ne peut avoir sa totale liberté, sinon c’est le libertinage qui s’en suit. Tout
comme on ne saurait non plus dire que toute sa liberté se réduit aux déterminismes, il est avant tout une 6
personne, c’est-à dire un être doué de raison, qui a lui aussi son mot à dire dans la construction de son
existence. Peut-on ainsi conclure avec Bernard Dadier pour qui : « le travail, après le travail,
l’indépendance », afin de montrer la double implication de l’homme et des déterminismes dans la conception
de sa liberté, attendu que la finalité reste la responsabilité qui découlera des actes de celui-ci, bien que
relativement.
Si la question de la liberté humaine reste autant un sujet de débat, qu’en est-il donc de la responsabilité
qui, d’une certaine manière, reste elle aussi un attribut de l’homme ?
Ce qui a été dit plus haut est certes raisonnablement fondé, cependant, la responsabilité de l’homme
ne peut pas toujours être engagée, lorsqu’on constate qu’il est soumis aux différents déterminismes soulignés
à la leçon 1 de ce chapitre.
Selon le déterminisme psychologique, l’homme ne saurait toujours porter le poids de la responsabilité
d’un acte qu’il aurait commis car d’après des études psychanalystes, agir inconsciemment, suppose être
dépourvu de raison au moment de la commission de l’acte. Ainsi, on ne saurait juger ou punir un fou pour
avoir inconsciemment giflé un passant car il a agi indépendamment de lui, sans s’en rendre compte : c’est en
effet l’inconscient psychique qui l’a commandé en le poussant à agir. Raison pour laquelle on ne saurait lui 7
tenir pour responsable d’un quelconque acte que ce soit et qu’il aurait commis.
En ce qui concerne le déterminisme sociologique, il faut tout-autant dire ici que l’homme serait
exonéré, car à côté du fait que c’est la société qui a le contrôle et la charge de l’homme, elle ne peut que
répondre des actes que celui-ci aurait commis, car l’individu n’est que le reflet de la société, donc en agissant,
c’est la société qui, dira-t-on, agit en réalité. Mais il existe également un autre cas de figure dans lequel, c’est
la négligence de la société à l’égard de l’homme qui sera la source de l’exonération de ce dernier. Celui-ci agit
par conséquent au nom de celle-là. Cela est perceptible à travers un (jeune) homme qui n’aurait ni l’âge civil,
ni même l’âge pénal (respectivement 21 ans et 16 ans en République du Cameroun), et qui viendrait à
commettre une injustice. En tranchant cette affaire devant une juridiction, c’est l’un de ses parents ou encore
son tuteur légal (la société) qui sera puni à sa place, tel que le prévoit l’article 1384 du Code Civil camerounais
en son alinéa 4 : « Le père et la mère, après le décès du mari, sont responsables du dommage causé par leurs
enfants mineurs habitant avec eux ».
Pour ce qui est du déterminisme existentiel, on ne saurait dire que l’homme devrait être responsable
lorsqu’il aurait volontairement ou non commis un acte répréhensible étant donné que le fait pour lui que tout
soit établi par la Divinité ou par la Nature avant même qu’il ne vienne au monde, le décharge déjà de toute
responsabilité et rend plutôt responsable celui en effet qui a prévu tous les actes qu’il poserait.
Ces contrastes définis, quelle peut donc véritablement être la nature de la responsabilité ?
Synthèse : Nous l’avons fait savoir hautement : si l’homme a, ne serait-ce qu’un peu de liberté, alors, ce peu
de liberté doit engendrer, proportionnellement, la responsabilité de ce dernier. On voit mal un homme, être
de nature raisonnable, irresponsable, même si on trouve parfois des excuses vu l’existence des
déterminismes.
Conclusion
En fin de compte, le problème de la nature de la liberté et celui de la nature de la responsabilité
développent des conceptions très pertinentes, même si à chaque fois, parce qu’aucune de ces vérités ne
semblaient absolues, il y a eu lieu d’émettre des réserves. Maintenant, il ne reste plus qu’à s’interroger sur la
question de savoir si la liberté ferait toujours la responsabilité, plongeant ainsi dans le débat relatif au
problème de la liberté comme fondement de la responsabilité.
Justification : La pertinence de cette leçon relève du fait qu’elle te permettra de ressortir les rapports qui
sauraient exister entre la liberté et la responsabilité, voir ainsi où l’une commence et où l’autre s’achève.
Introduction
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Très souvent, il est admis que la liberté de certains commence là où s’arrête celle des autres ; et vice
versa. Sauf que, dans cette conception, on semble ignorer un détail qui peut avoir de graves conséquences.
En effet, il s’est avéré qu’en s’affirmant ainsi, on semble parfois omettre l’idée de responsabilité qui devrait
se greffer à notre liberté. C’est notamment ce constat qui pousse à s’interroger sur le problème de la liberté
comme fondement de la responsabilité. D’où la pertinence de cette problématique : la responsabilité est-elle
toujours traduite par la liberté ? Dans le cas échéant, ne peut-on pas être responsable sans pour autant être
libre ? Telle sera donc notre tâche dans cette partie.
Synthèse : L’homme est « condamné à être libre », nous dira Jean Paul Sartre, mais Saint-Exupéry aura lui
aussi raison de considérer qu’ « un homme sans responsabilité n’est pas un homme ». Nous pensons, et de
façon évidente, que la liberté est le premier attribut de l’homme. Mais la responsabilité est ce sans quoi cette
liberté n’aurait pas de sens. L’homme reste et demeure donc un être libre et responsable.
SUJETS DE REFLEXION