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Chapitre 3 – La Liberté : Volonté et

Caractère –
1. Les formes de la Volonté
Dans le Gorgias de Platon : Il y a là une définition du bonheur et de la liberté selon Calliclès.
L’intelligence est au service du désir et le courage consiste à laisser de côté le regard des autres
pour se rapprocher le plus possible de ses désirs. Il n’y aurait pas de distinction entre les désirs et,
toujours selon Caliclès, tout désir est bon en tant que tel. Ainsi, les gens incapables (non
possibilité) de satisfaire leur désir n’auront aucun courage ni aucune intelligence : Vulgaire
(Vulgos = Troupeau). C’est le règne de la force que de suivre ou non sa nature ou de lui résister.
En développant le discours de la tempérance, le faible (=le vulgaire) pourra renverser le pouvoir
de ceux qui sont justement capable d’intempérance. S’ils arrivent à inoculer l’idée que satisfaire
ses désirs c’est mal chez l’un, il ne pourra pas le satisfaire. Ainsi, le puissant ne voudra plus utiliser
sa puissance deviendra impuissant. Pour les faibles, c’est un coup double :

⮚ Se présenter comme des gens qui choisissent justement l’impuissance, et qui ont cette
puissance sur eux-mêmes.
⮚ C’est aussi moralement choquant. Dans la nature, les forts doivent satisfaire leur désir. La
nature de l’homme donc serait régie par la nature et ses lois (épitumiai = les volontés de
l’envie/ de l’impulsion qui s’imposent d’elles-mêmes sont telles parce qu’on les a laissées
faire). Socrate quant à lui adopte la position que l’Homme n’est pas soumis aux lois de la
nature.

Critiques : Il faudrait peut-être être capable de fuir la satisfaction des désirs par pur pouvoir de
détachement (dans sa forme la plus pure, c’est celle qu’on désigne par le libre-arbitre) à
l’égard de détermination venant de l’intérieur (venant de soi). A l’inverse d’une sorte
d’esclavage décrit par Caliclès (selon Spinoza « Le pire esclavage »).

André Gide, Les Caves du Vatican avec l’Acte Gratuit, qui est un acte dénué de toute raison
(sans causes). Cette liberté-là n’est pas nulle non plus. Cette liberté surgissant n’a aucun autre but
que lui-même, aucunes raisons. Elle n’a pas d’autre fin que l’affirmation de son absolue gratuité,
absence de motif, de justification.

Selon Kant, on est jamais plus libre que lorsqu’on est moral. C’est une puissance qu’on a de se
détacher du désir vers un moi capable de se laisser éclairer par la raison et soucieux d’être
orienté vers quelque chose qui sera d’ordre et de nature universelle (voir Chapitre 7 – La
Moralité).

Cependant, la liberté n’est pas étrangère à la raison mais elle est éclairée et gardée par elle.
Selon Descartes dans Principes de la Philosophie, art 49, la liberté n’est pas au service des désirs,
ni au service de rien du tout. Elle est libérée de tout ce qui peut l’empêcher d’atteindre ce pour
quoi elle est. De plus, la volonté ne serait pas vide de sens mais tout de même portée sur certains
objets plutôt que sur d'autres. Ajoutons que dans Les Passions de l’Etre, Descartes énonce que
nous sommes le résultat de ce que l’extérieur fait de nous. Nous sommes responsables des
actions qui descendent de moi (= de notre libre arbitre). Donc, on ne décide pas de nos qualités
mais comment les utiliser (art 152).

Descartes dit qu’il y aurait donc différents usages de la volonté plus ou moins vertueux (bien
et mal). Il y a l’idée qu’il y a du bien en soi (« absolu ») différent de ce qui me plaît/ ce qui
m’arrange/ ce qui m’intéresse. En étant toujours dans l’esprit que nous ne sommes des êtres
humains que dans nos tentatives d’élévation vers des concepts ; l’homme peut être plus ou moins
lui-même et donc conforme à son essence dans cette tentative de rapprochement vers le bien en
soi (art 153).

La volonté (selon Hegel) serait constituée des impulsions/ excitations/ milieu social /… donc
des éléments liés aux circonstances (ce qui se tient autour, circum-stancia). Il est toujours
possible de laisser un espace entre les circonstances et le « je » et par extension de les laisser
faire.

Pour finir, Karl Jasper nous donne un exemple de ce qu’il nomme la réfutation dans
Introduction à la Philosophie. En effet, un esprit voulant la liberté sans sa difficulté implique
certaines contradictions/ difficultés. Cela montre pourquoi certain ne préfère pas la liberté.

2. Les Qualités Morales : le Caractère

Les qualités empruntées sont celles qui font de l’homme ce qu’il est. Quel que soit les forces
des circonstances, il y a toujours quelque chose en nous pour les surpasser (l’homme sujet =
source de décision, de penser et d’actes). Selon les décisions que l’on (comme homme sujet) va
prendre en fonction des circonstances, on va obtenir des qualités morales (sens plus précis que
de ce qui n’est pas physique). Les qualités morales disent ce que « je » suis vraiment et non pas
par rapport aux autres. Elles sont le résultat de nos décisions, dont nous sommes responsables.
Ce qui signifie que l’on peut aimer (à nouveau) une personne grâce à ses qualités morales. Elles
sont des manières d’être installées en nous durablement, elles sont stables et inscrites. Elles
deviennent ce qu’Aristote appelle « hexis » (= dispositions stables).

Pour ce dernier dans Ethique à Nicomaque, l’habitus est l’origine (dirigées par nous-même =
intérieur) et le résultat d’une détermination de soi par soi. Pour Aristote, l’habitus est une
seconde nature (elle n’existe pas naturellement mais que par nous). Cependant pour le
sociologue français Pierre Bourdieu, l’habitus serait aussi le fruit d’une détermination autre que
soi (dirigés par l’extérieur : la société, la révolution, …).

Le caractère, selon Kant dans Critique de la Raison Pratique, est ce qui touche le plus à mon
être, les qualités dont j’ai usage. Ce qui est bon c’est l’utilisation de ces qualités (neutres en
elles-mêmes). Mes qualités morales résultent de l’utilisation des autres qualités. La volonté, le
caractère ou les qualités morales sont constitués des « dons de la nature » (eux-mêmes fait des
talents de l’esprit : l’intelligence, mémoire, … ajoutés au le tempérament : courage, décision,
persévérance,…). Cette dite volonté dirigée vers l’universel tendrait vers le bon (différent de
l’intérêt individuelle/particulier). Ainsi, les autres choses (dons de la fortune : pouvoir, richesse,
considération, santé ou bien bien-être) peuvent-être contraire à l’attitude morale. Ainsi la morale
peut subir une sorte d’engourdissement chez une personne heureuse ou en très bonne santé
(référence de Sartres : « on a jamais été aussi libres que pendant l’occupation »).

3. Le rapport entre les libertés

Le fait de concevoir la liberté comme : « celle qui s’arrête où commence celle des autres »
nous montre que l’agrandissement de ma liberté entrainerait la diminution de celle des autres,
pour être libre totalement il faudrait être seul ou bien que les autres n’en aient pas. Cette
manière de voir la liberté s’apparente à la vision que nous apporte Caliclès dans le Gorgias de
Platon. La vraie liberté ne serait pas soustraite à ce système de vases communiquant.
4. La conscience et l’essence de l’homme
a) La conscience
Elle est à entendre comme subjectivité (activité du sujet) qui s’exerce sur 3 dimensions :

⮚ Celle de l’objet (ob- ce qui est devant – jet) est celle de la distance, de l’altérité. Celui qui
laisse sa pensée être déterminée par ses gouts ou ses habitudes ne se comporte pas comme
un sujet précis. Il n’a pas sa source en lui mais plutôt dans cette dimension particulière : les
qualités (moi /je /ego est différent des qualités). L’objectif, lui, enlève tout ce qui nous est
propre, voir les choses comme étant indépendantes du regard qu’on porte sur elles. Le
subjectif et l’objectif ne serait alors plus contraires mais complémentaires.
⮚ Celle de la distinction entre le moi et le non-moi (Fichte). Se voir de soi par soi-même avec
l’idée de la conscience réflective (mouvement de soi vers soi-même et comme source de ce
regard). Ce regard nécessite un effort car d’habitude il glisse sur les choses.
⮚ La distance, le recul : un vide, un non-être. Ce rien entre les deux termes existe à l’intérieur
du sujet. Un être conscient c’est quelqu’un qui est en rapport médiat avec lui-même. Plus il
s’en rend compte, plus il devient un être conscient.

b) Dans quelles mesures la notion d’essence pose-t-elle problème chez l’homme ?


Cette notion se heurte avec celle du libre-arbitre/ de la liberté : « L’existence précède
l’essence » Sartre dans L’existentialisme est un humanisme (différence avec les choses et animaux
qui, eux, sont l’inverse). Sauf que l’homme a le choix de faire comme les autres hommes ou bien
peut adopter la vision des choses et animaux. Donc, « l’homme est l’être qui a le choix entre
l’existence précède l’essence et l’essence précède l’existence ». Cela impliquerait des essences
différentes.

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