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L’inconscient

Définitions :
- Au sens courant, agir de façon « inconsciente », c’est agir sans avoir fait attention à certaines choses
particulièrement importantes.
- Au sens fort (philosophique), l’inconscient, c’est l'ensemble des pensées qui d'une part sont dans l'esprit sans pour
autant être dans la conscience, et qui d'autre part ne peuvent pas accéder à la conscience.

Analyse conceptuelle :
- Pour ne plus être inconscient au sens courant, il suffit d'être attentif ou concentré. Ce n’est pas le cas pour le sens
fort : quand bien même on serait très concentré et attentif, on ne pourrait pas percevoir certaines idées qui pourtant
seraient bien en nous. Le sens philosophique de l’inconscient implique qu’il existerait une forme d’obscurité à soi-
même.

Problème(s) :
Les deux problèmes dérivent de l’idéal de subjectivité, qui désigne la capacité :
- à se connaître soi-même (dimension métaphysique)
- à être responsable de ses propres actions (dimension morale)
→ problème métaphysique : Peut-on se connaître soi-même ? L’existence de l’inconscient est-il une limite absolue à
notre connaissance de nous-même, OU BIEN pouvons-nous travailler sur lui pour gagner en clarté sur nous-même ?
→ problème moral : L’inconscient est-il une excuse ? Le fait que nous agissions d’après certaines pensées qui nous
sont cachées nous dédouane-t-il de ce que nous faisons, OU BIEN sommes-nous aussi responsables de ce qui se
trouve dans notre inconscient ?

Thèses importantes :
(1) Nietzsche : La conscience n’est qu’un phénomène superficiel
L’homme a l’impression d’être un sujet, en pleine possession de lui-même ; il pense que la conscience est
l’instance qui domine l’ensemble de sa pensée. En réalité, l’homme est bien plutôt le jouet de forces
obscures, qui tirent leur origine dans le corps, et non dans l’esprit.
La conscience

Prolongement : Nietzsche : L’art n’est pas qu’une création de la raison et de l’intelligence humaine. Il
implique toujours une dimension de folie, de laisser-aller, de débauche : une perte de contrôle qui
permettent précisément aux puissances du corps d’émerger dans ce qu’elles ont de créatif et de
chaotique.
L’art

(2) Freud : L’inconscient est constitué de représentations refoulées


Le psychisme humain intègre des mécanismes de protection, qui forcent les désirs inavouables et les
souvenirs traumatiques à restent cachés dans l’inconscient. Ceux-ci ne sont pas pour autant supprimés, et se
manifestent sous la forme de symptômes névrotiques (phobies, obsessions, symptômes hystériques), sans que
le sujet sache pourquoi. Par la discussion, la psychanalyse permet de faire accéder à la conscience ces
contenus refoulés pour s’en délivrer.
Le bonheur, la conscience, le langage

Critique : Erickson : Les « symptômes névrotiques » devraient plutôt être considérés comme des
apprentissages devenus inutiles. L’inconscient est d’abord un système de construction d’automatismes.
C’est sur ses ressources infinies qu’il faut se reposer pour changer nos comportements.
Le bonheur, la conscience, le langage

(3) Bourdieu : Nos façons de penser et d’agir sont profondément structurées par notre milieu social
Cette thèse déterministe est classique en sociologie. Avec le concept d’habitus, Bourdieu ne veut pas
seulement affirmer que nos comportements reproduisent mécaniquement ceux du milieu social auquel nous
appartenons ; il affirme que nous intériorisons un système de prédispositions qui est à l’origine d’un véritable
sens pratique. L’habitus désigne des « structures structurées prédisposées à fonctionner comme des structures
structurantes ».
La conscience, la liberté

Prolongement : Bourdieu : Nous ne sommes pas condamnés à avoir un rapport purement passif à notre
habitus. La connaissance sociologique a pour effet de dévoiler la réalité des rapports sociaux ; elle
permet de mieux saisir ce que la société a fait de nous, et éventuellement d’imaginer d’autres possibles.
La conscience, la liberté
La liberté
Définitions :
A première vue, la liberté désigne le fait de faire tout ce que l’on veut.

Analyse conceptuelle :
- Il est important de préciser que la définition précédente n’est que temporaire. Elle peut valoir pour une introduction,
mais vous serez nécessairement amené à la transformer au cours de votre dissertation : elle est très problématique.
- Il y a en fait plusieurs définitions possibles de la liberté :
- en tant que spontanéité : elle consiste à pouvoir faire tout ce qui me passe par la tête.
- en tant que libre arbitre : elle consiste à pouvoir faire des choix contingents (Descartes)
- en tant qu’autonomie : elle consiste à pouvoir se donner à soi-même sa propre règle (Kant)
- en tant qu’attitude existentielle : elle consiste à pouvoir s’approprier son existence (stoïciens, Spinoza)
- N’oubliez pas que la liberté a toujours une dimension à la fois individuelle et politique

Problème(s) :
- Être libre, est-ce faire tout ce qui nous plaît  ? Pour être libre, suffit-il de faire tout ce qui me passe par la tête, OU
BIEN suppose-t-elle, plus profondément, de nous approprier réellement notre volonté ?
- Faut-il être seul pour être libre  ? Pour être libre, suffit-il de n’écouter que ses désirs, OU BIEN au contraire l’action
réellement efficace n’exige-t-elle pas des processus de coopération complexes avec les autres hommes ?

Thèses importantes :

(1) Calliclès (personnage de Platon)  : Pour vivre libre et heureux, il faut vivre de façon déréglée
Être heureux, c’est satisfaire tous ses désirs ; la liberté et le bonheur s’identifient donc. Comme c’est un idéal
très exigeant, il est réservé à l’élite, la minorité d’homme les mieux dotés (capacités personnelles, position
sociale). Pour se protéger des forts, les faibles les affaiblissent en imposant des normes juridiques et morales
contraignantes. Il faut savoir s’en libérer, et vivre d’après la nature.
Le bonheur, la justice, la nature

Critique : Kant : Se soumettre à son désir, c’est se soumettre à quelque chose d’extérieur à ma volonté
(mon désir est pathologique, je le subis passivement comme constituant mon identité) : je suis donc
hétéronome. La véritable liberté est autonomie : je dois me soumettre non à mon désir, mais à ma
raison.
Le bonheur, la raison

(2) Descartes : La liberté consiste à pouvoir agir de façon contingente


Certes, nous pouvons toujours être influencé par les autres ou par notre environnement. Mais la pensée
humaine se définit par le fait qu’elle ne peut jamais être déterminée : rien ni personne ne peut me forcer à
penser ou à vouloir quoi que ce soit. La pensée est libre par essence, même quand je n’ai aucune raison de
préférer un choix à l’autre, et même quand un choix m’apparaît clairement comme le meilleur des deux. Pour
autant, la véritable liberté est la liberté guidée par la raison (par la connaissance du bien et du vrai).
La conscience, la raison

Critique : Nietzsche : Le libre arbitre est un « tour de passe-passe théologique », qui exprime le besoin
qu’ont les faibles à punir et à juger.

(3) Spinoza : Le libre arbitre est une illusion, la liberté est la connaissance des causes qui nous déterminent
Le libre arbitre est une illusion spontanée de la conscience. Nous sommes conscients de certains effets en
nous, alors que nous en ignorons les causes ; cela nous donne l’impression d’être nous-même au fondement
de ce que nous faisons. En réalité, tout est toujours déterminé par des causes à agir et penser d’une certaine
façon déterminée. Se libérer, c’est comprendre ces causes (ultimement : se comprendre soi-même comme un
mode de Dieu).
La conscience, l’inconscient, la raison

Critique : Kant : Le débat concernant l’existence du libre arbitre est en lui-même insoluble. Une
« solution » est cependant possible si l’on distingue le plan du phénomène et le plan du noumène  : nous
ne pouvons connaître que des phénomènes, et donc la liberté elle-même (en tant qu’objet d’intuition
intellectuelle) ne saurait être l’objet de la raison théorique. Son existence peut cependant être justifiée
d’un point de vue pratique.
Le devoir, la science

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