Par le cogito, Descartes fait de la conscience, de la pensée consciente de soi, le fondement de toute certitude. Descartes déduira de cette première certitude l'existence et la véracité de Dieu ainsi que la possibilité de fonder une science certaine. La conscience se présente donc ici comme la première vérité, elle est le lieu privilégié du connaître. La conscience est en quelque sorte transparente à elle-même, tout comme la raison et en vertu du même argument (la véracité divine), elle se trouve validée et authentifiée par Dieu. Or, l'une des grandes idées de la modernité consistera précisément à remettre en question cette transparence de la conscience à elle-même. 1. La critique spinoziste. Spinoza affirmait déjà dans l'appendice au livre I de l'Éthique que les hommes ont conscience de leurs désirs mais non des causes qui les poussent à désirer, si bien qu'ils se croient libres et s'imaginent être la propre cause de leur vouloir. Tout ceci procède selon Spinoza de l'illusion de la conscience. La conscience, par nature, nous trompe, car elle ne nous livre qu'une partie du réel (nos vouloirs et nos désirs) et masque les causes profondes qui orientent notre volonté. Il y a une illusion propre à la conscience qui réside dans le fait qu'elle croit être à la source des actes du sujet, il s'agit de l'illusion même de notre liberté. Dénoncer l'illusion de la liberté revient ici à montrer que là où la conscience se croit cause et source, elle est en vérité effet et production : « telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent. » // inconscient = ignorance 2. La démystification nietzschéenne. Critique Nietzschéenne Vs cette conception classique de l’homme, (rappel conscience & pensée = les fondements de la dignité et de la supériorité de l’homme), Nietzsche oppose une autre thèse. Il est clair que pour Nietzsche la conscience, la pensée sont assimilées au psychisme en général. La conscience et la pensée ne sont que des aspects superficiels (Cf position freudienne concernant l’Inconscient// cs= partie immergée de l’iceberg) de ce psychisme, les aspects communs à tous les membres de l’espèce et qui n’apparaissent que sous la pression du besoin et par l’intermédiaire du langage. 3. La thèse marxiste. L'analyse marxiste suit aussi un schéma démystificateur lorsqu'elle soutient que notre conscience est un produit social, le fruit de notre appartenance à une certaine réalité économique et sociale : « Ce n'est pas la conscience qui détermine la vie mais la vie qui détermine la conscience. » la conscience est un effet, elle se croit source de ses pensées, ses désirs, ses productions, alors que tout cela est déterminé par les forces matérielles dans lesquelles elle s'enracine. Les productions de la conscience traduisent un rapport entre les classes sociales dans le mécanisme de la production. Notre conscience est celle de la classe sociale à laquelle nous appartenons, ce qui ne signifie pas que nous ayons une conscience de classe, car avoir une telle conscience reviendrait à devenir conscient de la mystification de notre conscience, ce qui n'est pas le cas. (Le propre d'une conscience mystifiée, c'est en effet de ne pas être consciente de sa mystification.)