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III. L ES ILLUSIONS DE LA CONSCIENCE .

Rappel de la position cartésienne


Par le cogito, Descartes fait de la conscience, de la pensée consciente de soi, le fondement de
toute certitude. Descartes déduira de cette première certitude l'existence et la véracité de Dieu
ainsi que la possibilité de fonder une science certaine. La conscience se présente donc ici comme
la première vérité, elle est le lieu privilégié du connaître. La conscience est en quelque sorte
transparente à elle-même, tout comme la raison et en vertu du même argument (la véracité
divine), elle se trouve validée et authentifiée par Dieu.
Or, l'une des grandes idées de la modernité consistera précisément à remettre en question cette
transparence de la conscience à elle-même.
1. La critique spinoziste.
Spinoza affirmait déjà dans l'appendice au livre I de l'Éthique que les hommes ont conscience de
leurs désirs mais non des causes qui les poussent à désirer, si bien qu'ils se croient libres et
s'imaginent être la propre cause de leur vouloir. Tout ceci procède selon Spinoza de l'illusion de
la conscience. La conscience, par nature, nous trompe, car elle ne nous livre qu'une partie du réel
(nos vouloirs et nos désirs) et masque les causes profondes qui orientent notre volonté. Il y a une
illusion propre à la conscience qui réside dans le fait qu'elle croit être à la source des actes du
sujet, il s'agit de l'illusion même de notre liberté. Dénoncer l'illusion de la liberté revient ici à
montrer que là où la conscience se croit cause et source, elle est en vérité effet et production :
« telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d'avoir et qui
consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui
les déterminent. » // inconscient = ignorance
2. La démystification nietzschéenne.
Critique Nietzschéenne
Vs cette conception classique de l’homme, (rappel conscience & pensée = les fondements de la
dignité et de la supériorité de l’homme), Nietzsche oppose une autre thèse.
Il est clair que pour Nietzsche la conscience, la pensée sont assimilées au psychisme en général. La
conscience et la pensée ne sont que des aspects superficiels (Cf position freudienne concernant
l’Inconscient// cs= partie immergée de l’iceberg) de ce psychisme, les aspects communs à tous les
membres de l’espèce et qui n’apparaissent que sous la pression du besoin et par l’intermédiaire du
langage.
3. La thèse marxiste.
L'analyse marxiste suit aussi un schéma démystificateur lorsqu'elle soutient que notre conscience
est un produit social, le fruit de notre appartenance à une certaine réalité économique et sociale :
« Ce n'est pas la conscience qui détermine la vie mais la vie qui détermine la conscience. »
la conscience est un effet, elle se croit source de ses pensées, ses désirs, ses productions, alors que
tout cela est déterminé par les forces matérielles dans lesquelles elle s'enracine. Les productions
de la conscience traduisent un rapport entre les classes sociales dans le mécanisme de la
production. Notre conscience est celle de la classe sociale à laquelle nous appartenons, ce qui ne
signifie pas que nous ayons une conscience de classe, car avoir une telle conscience reviendrait à
devenir conscient de la mystification de notre conscience, ce qui n'est pas le cas. (Le propre d'une
conscience mystifiée, c'est en effet de ne pas être consciente de sa mystification.)

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