Vous êtes sur la page 1sur 12

Ecole Internationale Jules Verne

Tél. 22 40 00 99 Année scolaire 2023-2024

A. PANCRACE
Chapitre 1 : La conscience et l’inconscient

Introduction

Qui suis-je ? Peut-on vraiment connaître le moi ?La réalité du moi ou du sujet est difficile
à définir. Mais, une première approche définitionnelle de celui-ci semble être la réalité de la
substance pensante ou la conscience. Partant de cette considération, la conscience apparaît
comme l’une des caractéristiques essentielles de l’homme. Il se définit par cette faculté. Mais,
que signifie exactement le terme « conscience » ? Le terme « conscience » tire son origine de
l’expression latine « Cum scientia » qui signifie accompagné de savoir. La conscience est la
faculté de connaissance, de discernement et de jugement du sujet. Il convient, cependant,
de préciser que la conscience n’a pas toujours été comprise de la même manière aussi bien par
le commun des mortels que par les philosophes. Quelles sont alors les différentes acceptions
de la conscience ? Comment distinguer la conscience humaine de la conscience animale ?
Quelles relations existe-t-il entre la conscience, la connaissance et la liberté de l’homme ?
Qu’est-ce qui implique le fait d’être conscient pour l’homme ? La conscience : grandeur
ou misère de l’homme ?Par ailleurs, l’homme n’est-il pas un être déterminé par
l’inconscient ?L’hypothèse d’un inconscient psychique est-elle légitime ? Peut-on être
certain de l’existence de l’inconscient ? Comment le concevoir ?

I- QUELQUES ACCEPTIONS DE LA CONSCIENCE


A- Quelques acceptions courantes de la conscience

Ordinairement, la conscience se définit comme un état psychique, mental et réflexif opposé à


la mort, à l’ignorance, à l’insouciance et à légèreté. Par exemple, on dit d’un élève qu’il n’est
pas conscient, lorsqu’il se soucie peu de ses études. La conscience est aussi perçue comme un
état d’éveil, par opposition au sommeil. Ainsi, on peut dire d’un individu qui dort qu’il n’est
pas conscient, puisqu’il n’est pas éveillé. Contrairement à ces acceptions, les philosophes ont
d’autres approches définitionnelles du vocable conscience.

B- Quelques acceptions philosophiques de la conscience

Les philosophes identifient différents niveaux de conscience : il s’agit de la conscience


psychologique et de la conscience morale.
1
Ecole Internationale Jules Verne
Tél. 22 40 00 99 Année scolaire 2023-2024

A. PANCRACE
La conscience psychologique est la faculté qui permet à l’homme de connaître sa vie
intérieure. Elle est aussi appelée la conscience de soi. La conscience de soi ou conscience
psychologique traduit ce que notre âme ressent, nos états d’âme ; c’est-à-dire nos sentiments.
Elle peut être soit immédiate, soit réfléchie. La conscience psychologique est dite immédiate
ou spontanée, lorsqu’elle accompagne les actes du sujet. Cela signifie qu’elle permet au sujet
pensant de saisir immédiatement sa vie intérieure. Les animaux possèdent aussi une
conscience immédiate, puisqu’ils réagissent instinctivement face à leur milieu naturel. La
conscience immédiate est l’un des traits communs entre l’homme et l’animal. Selon
André Lalande, elle est « l’intuition plus ou moins complète, plus ou moins claire qu’a l’esprit
de ses états et de ses actes. » dans Vocabulaire technique et critique de la philosophie.

Par contre, la conscience psychologique est dite réfléchie, lorsque l’homme se ressaisit
lui-même comme un sujet pensant. De cette manière, il se démarque en toute netteté des
autres êtres vivants, à savoir : les animaux et les végétaux. La conscience est dite réfléchie,
dans la mesure où elle fait appel à la réflexion. Mais, que signifie réfléchir ? Réfléchir, c’est
d’abord lorsque le sujet sait qu’il est en train de faire quelque chose, ensuite, c’est sa capacité
à mobiliser les connaissances acquises pour résoudre un problème dans sa vie présente. Il
parvient à les mobiliser grâce à la mémoire. La conscience humaine est donc synonyme
de mémoire. Dans cette perspective, l’homme se définit comme un être de mémoire. La
mémoire est une fonction psychologique qui reproduit un état de conscience passé et le
reconnaissant comme passé. Pour Henri Bergson, « toute conscience est donc mémoire, -
conservation et accumulation du passé dans le présent. » dans L’énergie spirituelle.

La mémoire rend l’homme capable de garder l’essentiel des événements qui l’ont marqué
au cours de son parcours existentiel. Grâce à la mémoire, l’homme arrive aussi à conserver
l’unité de sa personnalité, malgré les différents changements qui peuvent survenir en lui et en
dehors de lui. D’ailleurs, il retrouve ses souvenirs par cette faculté, ou encore, il peut s’en
détacher en vue de se réfugier dans l’avenir.

Quant à la conscience morale, elle rend l’homme capable de juger ou d’apprécier


conformément au Bien et au Mal les comportements de ses semblables et aussi des siens.
Elle nous permet de réfléchir avant d’agir, et non l’inverse. Avec cette conscience, nous

2
Ecole Internationale Jules Verne
Tél. 22 40 00 99 Année scolaire 2023-2024

A. PANCRACE
pouvons bien jauger nos intentions avant de les traduire en acte. Elle nous amène à établir une
claire distinction entre le bien et le mal. La conscience morale fonde des jugements de valeur
propres à chaque individu. De toute évidence, les jugements qu’il porte, l’idée de Bien et celle
du Mal qu’il se fait restent tributaires de l’éducation qu’il a reçue. Dès lors, la conscience
morale apparaît comme le juge en nous. C’est elle qui donne un sens moral à nos actions. Elle
fait de nous des êtres dignes, respectueux, respectables et respectés par tous. Par conséquent,
la conscience morale rend l’homme supérieur aux animaux. Jean-Jacques Rousseau écrira :
« Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix […] juge infaillible du
bien et du mal, qui rend l’homme semblable à Dieu […]. » dans Émile ou de l’éducation. La
conscience morale est un appel intérieur à un mieux-être et à un mieux vivre, puisqu’elle
confère à l’homme valeur et respect. Pour Blaise Pascal : « Toute notre dignité consiste donc
en la pensée. […] Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale. » dans
Pensées.

La conscience réfléchie et la conscience morale font la grandeur de l’homme. De ce point


de vue, le fait d’être conscient pour l’homme a, sans nul doute, de nombreuses implications
sur son existence.

II- LES RELATIONS ENTRE LA CONSCIENCE, LA CONNAISSANCE ET LA


LIBERTÉ DE L’HOMME
A- La conscience, une identité de l’homme et un facteur de connaissance

La conscience (raison ou esprit) se présente, de ce fait, comme le propre de l’homme :


elle est la caractéristique essentielle de ce dernier, son essence même. C’est justement ce
qui fait dire à Georg Wilhelm Friedrich Hegel que : « Les choses de la nature n’existent
qu’immédiatement et d’une seule façon, tandis que l’homme parce qu’il est esprit a une
double existence, il existe d’une part, au même titre que les choses de la nature, mais d’autre
part, il existe aussi pour soi. Il se contemple, se représente à lui-même, se pense et n’est esprit
que par cette activité qui constitue un être pour soi. » dans Esthétique. Cela signifie que les
objets inertes et les êtres vivants, excepté l’homme, existent de façon immédiate et spontanée.
À l’opposé, l’homme dispose aussi bien d’une conscience immédiate que d’une conscience
réfléchie. D’où il a une double existence. Les choses sont seulement « en soi » (elles

3
Ecole Internationale Jules Verne
Tél. 22 40 00 99 Année scolaire 2023-2024

A. PANCRACE
existent effectivement dans le monde), alors que l’homme est aussi « pour soi » (il existe
et il se voit exister).

La conscience de soi débouche sur une connaissance de soi. La conscience a donc une
fonction cognitive ; en un mot, une fonction de connaissance. L’homme, en tant qu’être
conscient, est capable de se connaître, de connaître quelque chose, de connaître le monde
extérieur, de créer ou d’inventer des outils technoscientifiques.Par le truchement de la
conscience, l’homme prend aussi conscience de son existence au monde. Tel est le sens du
cogito ergo sum ; c’est-à-dire « Je pense, donc je suis. » dont parle le philosophe rationaliste
français René Descartes dans son ouvrage intitulé Discours de la méthode. La philosophie
cartésienne s’inscrit dans un solipsisme selon lequel le sujet pensant constitue la seule réalité.
L’introspection devient, dans ce cas, un moyen de connaissance de soi. R. Descartes remet
en question l’existence du monde extérieur et celle de son corps pour ne reconnaître que
l’existence de sa pensée. Laquelle est à même de connaître. La pensée permet à l’auteur de
savoir qu'il existe. R. Descartes considère l’homme comme une « substance pensante ». La
conscience constitue l’identité du sujet.

Les phénoménologues développent une thèse différente de celle de R. Descartes. Ils


critiquent le cogito cartésien. Pour eux, toute conscience est relation à autre chose qu’à
elle-même. Contrairement à la thèse de René Descartes, les phénoménologues estiment que la
conscience n’est pas coupée du monde extérieur. Elle entretient une relation avec le monde
extérieur. La conscience se présente de facto comme une intentionnalité. « Le mot
intentionnalité ne signifie rien d’autre que cette particularité foncière (naturelle) et générale
qu’a la conscience d’être conscience de quelque chose, de porter, en sa qualité de cogito
(pensée), son cogitatum(objet de pensée », précise Edmund Husserl dans Méditations
cartésiennes.

B- La conscience, une source de liberté humaine

La conscience peut constituer un fardeau pour l’homme, lorsque celui-ci n’arrive pas à
se défaire de certains souvenirs douloureux (par exemple, la perte d’un être cher). Quand il
agit mal, la conscience morale se manifeste sous forme de sentiment de honte, de remord, de

4
Ecole Internationale Jules Verne
Tél. 22 40 00 99 Année scolaire 2023-2024

A. PANCRACE
regret et d’embarras.Dans ces conditions, la conscience l’empêche d’être libre et le rend
misérable.

Cependant, dans d’autres circonstances, elle permet à l’homme d’être libre, en ce sens
qu’elle lui donne le pouvoir d’opérer des choix dans sa vie présente. Grâce à ceux-ci, il est
apte à se projeter dans l’avenir. C’est pour cette raison que dans L’existentialisme est un
humanisme, Jean-Paul Sartre saisit l’homme comme « un projet », un être entièrement libre,
parce que doté de raison.

Par la conscience, l’homme arrive à avoir une claire connaissance de sa nature. En


exerçant sa pensée, celui-ci parvient à dominer ses désirs corporels, ses penchants égoïstes,
c’est-à-dire qu’il a une maîtrise de soi. Comme telle, elle nous mène sur la voie du salut, la
voie de la liberté. « Avec l’homme, la conscience brise la chaîne. Chez l’homme, et chez
l’homme seulement, elle se libère. », précise Henri Bergson dans son ouvrage intitulé
L’énergie spirituelle. En clair, la faculté de discernement permet uniquement à l’être humain
de braver tout ce qui pourrait constituer un obstacle à sa capacité à se déterminer soi-même.

À mesure que notre raison nous aide à braver les contraintes corporelles et naturelles, nous
nous distinguons des autres êtres vivants que sont les animaux et les végétaux. L’être humain
est libre de penser à n’importe quoi, à qui il veut. Même étant enchaîné, son corps est loin
d’être un obstacle à l’exercice de sa pensée.

La pensée est pour ainsi dire la faculté qui permet aux hommes de créer, d’inventer des
outils nouveaux, des outils technoscientifiques, des moyens de transport en vue de
surmonter les contraintes que la nature semble leur imposer. Par la conscience, l’homme
transforme le monde extérieur à sa guise en fonction de ses besoins du moment. Henri
Bergson s’exprime d’une manière analogue : « Conscience est synonyme d’invention et de
liberté. » dansL’énergie spirituelle.

Il en résulte que pour les rationalistes et les moralistes, la conscience reste notre guide. Elle
libère l’homme et le rend supérieur aux autres êtres vivants sur la terre. Elle est certes une
lumière, mais tout en brillant ne laisse-t-elle pas de côté une zone d’obscurité ? N’y a-t-il pas
des phénomènes qui échappent au pouvoir et au contrôle de la conscience humaine ?

5
Ecole Internationale Jules Verne
Tél. 22 40 00 99 Année scolaire 2023-2024

A. PANCRACE
III- LES LIMITES DE LA CONSCIENCE HUMAINE

Même si l’homme se prend bien trop souvent pour un être conscient, force est de
reconnaître que la conscience n’a pas toujours une emprise sur la totalité de ses actions. Il
existe parfois des pensées non éclairées par la conscience. La conscience humaine est
lacunaire. Ainsi, pour le philosophe allemand Gottfried Wilhelm Leibniz : « (…) il y a à tout
moment une infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et sans réflexion. »
dansNouveaux essais sur l’entendement humain. Leibniz montre que ses perceptions ne sont
rien d’autre que des sensations, des impressions ou des changements qui surviennent dans
l’âme. Selon l’auteur, nous n’avons pas le plus souvent conscience de tous les changements
dans notre âme. Ils sont parfois insensibles à la conscience. Nous n’apercevons pas les
perceptions parce qu’elles « sont ou trop petites et en trop grand nombre ou trop unies »,
ibidem. Il en résulte que la conscience ne sait pas tout. Elle n’est pas informée de tout ce qui
se déroule en l’homme. Elle connaît des intermittences, c’est-à-dire des interruptions
momentanées.En clair, elle n’est pas la seule réalité en l’homme. C’est d’ailleurs pour cette
raison que les soupçons sur l’existence d’une part inconsciente en lui se font très vite sentir.
Mais, il faut attendre Sigmund Freud (1856-1939, médecin, neurologue et psychanalyste
autrichien d’origine juive) pour que la théorie de l’inconscient connaisse véritablement
ses lettres de noblesse. C’est donc lui qui théorise l’idée d’un inconscient psychique.

IV- LA PSYCHANALYSE FREUDIENNE ET L’IDÉE D’UN INCONSCIENT


PSYCHIQUE

Sigmund Freud est le fondateur de la psychanalyse. La psychanalyse est définie comme


une discipline destinée à traiter les maladies mentales par l’exploration des processus
psychiques qui échappent précisément à la conscience du sujet. La conscience qui croyait
diriger souverainement le psychisme humain voit alors ses prétentions limitées par la
psychanalyse freudienne. Sigmund Freud écrit : « Pour bien comprendre la vie psychique, il
est indispensable de cesser de surestimer la conscience. Il faut voir dans l’inconscient le fond
de toute vie psychique. (…) L’inconscient est le psychique lui-même et son essentielle
réalité. » dans L’interprétation des rêves. Pour Sigmund Freud, le psychisme humain reste

6
Ecole Internationale Jules Verne
Tél. 22 40 00 99 Année scolaire 2023-2024

A. PANCRACE
tributaire de l’inconscient. L’inconscient désigne l’ensemble des phénomènes
provisoirement ou définitivement inaccessibles à la conscience.

Il est, selon Freud, la partie la plus importante de notre psychisme. Il est l’essentiel de
notre vie psychique. On assiste alors à un détrônement de la conscience qui ne représente
qu’une infime partie de notre vie psychique. C’est pourquoi Freud écrit : « L’inconscient est
pareil à un grand cercle qui enfermerait le conscient comme un cercle plus petit. »
dansL’interprétation des rêves. Il faut comprendre avec Freud que l’inconscient, bien que
représentant la zone la plus obscure de notre psychisme, est à l’origine de toutes nos pensées.
Pour bien comprendre les manifestations de l’inconscient, il est nécessaire de cerner la
structure et le fonctionnement du psychisme humain tel que le conçoit Sigmund Freud.

A- La structure et le fonctionnement du psychisme humain

Dans sa deuxième topique élaborée en 1920, Sigmund Freud structure l’appareil


psychique en trois instances : le ça, le moi et le surmoi.

Le ça désigne l’ensemble des pulsions (poussée d’origine biologique faisant tendre


l’organisme vers un but et destinée à supprimer un état de tension) de toute nature qui
visent de façon anarchique la satisfaction. C’est l’Eros, c’est-à-dire le principe de plaisir
(l’appétit pulsionnel et la libido). Par libido, il faut entendre une énergie vitale visant la
satisfaction des pulsions d’ordre sexuel et des plaisirs corporels. Le principe de plaisir domine
à l’intérieur de cette instance.

Le moi, c’est la conscience qui obéit au principe de réalité, c’est-à-dire qu’elle cherche par
des moyens normaux les objets de la satisfaction de nos désirs.

Le surmoi, c’est la censure. Il regroupe les interdits sociaux et parentaux reçus dès
l’enfance et qui persistent dans notre conscience morale. Il est engendré en nous par
l’éducation et la société. Il faut souligner que le surmoi fonctionne selon deux principes : le
principe de plaisir et le principe de réalité. Ce qui veut dire que la pulsion qui veut passer à la
pleine conscience doit être en conformité avec les exigences de la réalité. Par exemple, tuer
l’homme, manger la chair humaine, violer une fille sont des pulsions quelconques. Or, on sait
que la réalité (la censure et la société) condamne ses actes immoraux et anti-culturels. Donc
7
Ecole Internationale Jules Verne
Tél. 22 40 00 99 Année scolaire 2023-2024

A. PANCRACE
même si cela procure quelque plaisir de déguster la chair humaine, le surmoi se verra dans
l’obligation de réprimer cette tendance anthropophage (manger l’homme).

Après avoir structuré le psychisme humain, Freud montre que « l’hypothèse de


l’inconscient est nécessaire et légitime. » Et de poursuivre : « (…) nous possédons de
multiples preuves de l’existence de l’inconscient. » dansMétapsychologie. L’hypothèse de
l’inconscient est nécessaire « parce que les données de la conscience sont extrêmement
lacunaires aussi bien chez l’homme sain que chez le malade. Il se produit fréquemment des
actes psychiques qui, pour être expliqués, présupposent d’autres actes qui, eux, ne bénéficient
pas du témoignage de la conscience. », ibidem. La nécessité de l’hypothèse de l’inconscient
réside dans le fait que la plupart de nos actes et de nos gestes quotidiens portent la marque de
l’inconscient.

B - Les manifestations de l’inconscient

L’inconscient se manifeste constamment dans la vie à la fois normale et pathologique de


l’homme à travers les rêves, les actes manqués, l’agressivité et les conduites névro-
psychotiques. Le rêve est une association de sons et d’images qui se produisent pendant le
sommeil. Autant dire que, pour Freud, le rêve est « la voie royale de l’inconscient. » in
Introduction à la psychanalyse. Les actes manqués sont les tics, les obsessions, les souvenirs
d’enfance, l’oubli, le lapsus. On parle de lapsus linguae, lorsque nous faisons des fautes au
niveau de l’expression orale. On parle de lapsus calami, lorsque nous faisons des fautes au
niveau de l’expression écrite. Les conduites névro-psychotiques sont les angoisses, les
phobies, les névroses et les psychoses (états psychopathologiques).

Outre la nécessité de l’hypothèse de l’inconscient, elle est aussi légitime. Car elle donne
un sens à certains actes ou faits psychiques incohérents et incompréhensibles. En clair,
l’hypothèse de l’inconscient permet la compréhension de certains actes dont nous n’avons pas
une claire conscience, une claire connaissance.Aussi, l’inconscient est-il un facteur de liberté
de l’homme.

C- Inconscient, un facteur de liberté humaine

8
Ecole Internationale Jules Verne
Tél. 22 40 00 99 Année scolaire 2023-2024

A. PANCRACE
L’inconscient est, dans une certaine mesure, un facteur de liberté de l’homme. Mais,
comment est-ce possible ? Selon Sigmund Freud, cette liberté s’expérimente dans le
renoncement aux exigences pulsionnelles d’ordre érotique ou agressif que le ça tente
d’imposer à l’homme. Ce renoncement peut se faire par ce qu’il convient d’appeler la
sublimation. La sublimation est la capacité d’échanger le but qui est à l’origine sexuel contre
un autre qui n’est plus sexuel, mais qui est psychiquement parent avec le premier. Elle permet
de rendre compte des activités correspondant à des buts socialement valorisés (création
artistique, activité intellectuelle) apparemment sans rapport avec la sexualité mais qui
trouvent cependant leurs sources dans la pulsion sexuelle. Cette dernière sous la pression du
refoulementchange d’orientation et choisit des objets de valeur supérieure. C’est ainsi qu’en
se livrant au déchiffrement d’œuvre de Léonard de Vinci, Freud montre que l’artiste réussit à
éviter l’écueil de la névrose en déplaçant son énergie pulsionnelle vers une faculté créatrice.

Par ailleurs, la « talking cure », c’est-à-dire la cure psychanalytique peut aider un malade à
reconquérir sa personnalité (personnalité qu’il a perdue du fait de la maladie).Reprenant
l’expression du poète anglais William Word Worth, à savoir : « l’enfant est le père de
l’homme. », Freud estime que la situation présente d’un individu est toujours analysée à la
lumière de son passé. Le malade doit parler librement et raconter ses rêves pour espérer une
guérison totale.

Grâce à l’inconscient, l’homme arrive maintenant à comprendre et expliquer certains faits


psychiques qui échappaient au pouvoir et au contrôle de la conscience. Il arrive à mieux se
connaître et à mieux se maîtriser. Par conséquent, il est capable de s’autodéterminer, c’est-à-
dire d’agir en toute liberté.

Par ailleurs, force est de constater que diverses critiques ont été formulées à l’égard du
psychisme inconscient.

V- POSTÉRITÉS ET CRITIQUES DU PSYCHISME INCONSCIENT

Les critiques aussi bien négatives que positives ont été formulées à l’égard de la théorie
de l’inconscient développée par Sigmund Freud.

A- les critiques négatives


9
Ecole Internationale Jules Verne
Tél. 22 40 00 99 Année scolaire 2023-2024

A. PANCRACE
L’idée de l’existence d’un inconscient psychique a été largement battue en brèche par
plusieurs auteurs pour diverses raisons. Ils considèrent généralement la théorie freudienne de
l’inconscient comme une négation de la liberté humaine. Pour eux, l’inconscient ruine l’idée
de liberté humaine.

Parmi ces auteurs, figurent, en premier lieu, les rationalistes ou les moralistes. Ceux-ci
considèrent l’inconscient comme une hypothèse dangereuse pour la morale. Admettre
l’existence d’une part inconsciente en l’homme serait inventer un « monstre » en celui-ci, et
même le rabaisser au rang de l’animal. Une telle idée est alors insoutenable, puisque, selon les
moralistes, l’homme est un être qui se définit entièrement par la conscience. Laquelle le rend
transparent à lui-même. C’est pourquoi Alain affirme, dans son ouvrage intitulé Éléments de
philosophie, qu’« il n’y a point de pensées en nous sinon par l’unique sujet « je ». Cette
remarque est d’ordre moral. »

En second lieu, nous avons la critique de Jean-Paul Sartre (philosophe et écrivain


français). Sartre nie l’existence de l’inconscient dans notre vie psychique. Pour lui, l’homme,
en tant qu’être conscient, est entièrement responsable de ses actes. Dire que l’homme a une
part inconsciente, c’est donc faire preuve de mauvaise foi. Dans l’Ȇtre et le Néant, Sartre
écrit : « l’inconscient est la mauvaise foi de la conscience. »

En dernier lieu, les scientifiques estiment que l’existence de l’inconscient ne peut être
scientifiquement prouvée, car l’inconscient n’est pas une réalité matérielle et palpable. Par
conséquent, les éléments sur lesquels s’appuie Freud pour prouver son existence peuvent être
erronés et subjectifs. Toutefois, la théorie freudienne de l’inconscient ne serait-elle pas
plausible ? N’y aurait-il pas des avantages à accréditer cette théorie ?

B- Les critiques positives

De nombreux auteurs ont accrédité la théorie freudienne de l’inconscient).Parmi ces


auteurs, nous pouvons citer Paul Valéry (poète et essayiste français) pour qui, la conscience
existe, dirige même le psychisme humain, mais ne le contrôle pas entièrement. Elle n’exprime
pas la totalité du psychisme humain. Dans Regard sur le monde actuel, il écrit : « la
conscience règne mais ne gouverne pas. » Si Jacques Lacan (psychanalyste français) estime

10
Ecole Internationale Jules Verne
Tél. 22 40 00 99 Année scolaire 2023-2024

A. PANCRACE
que toutes nos pensées proviennent de notre zone obscure qu’il nomme le « ça », un auteur
comme André Breton n’hésite pas à saluer la découverte de Freud dans Nadja. Pour l’auteur,
l’homme doit non seulement connaître les forces obscures qui influencent sa conduite, mais
aussi les maîtriser afin d’accéder à la liberté.

Dans ses ouvrages intitulés Le moi et l’inconscient, Psychologie du transfert, C.-G. Jung a lui
aussi contribué à repenser l’inconscient comme une instance non autonome, et en corrélation
notamment avec les autres composantes de l’appareil psychique. C’est dans ce cadre qu’il
élabore le concept d’inconscient collectif. L’inconscient collectif postule qu’il y a des
normes, des idées, des valeurs dépassant l’individu, mais qui l’influencent : il s’agit de
celles de la société à laquelle il appartient.

Conclusion

En définitive, la conscience humaine se définit par sa réflexivité et son intentionnalité. Pour


les rationalistes, la conscience reste et demeure le véritable guide de tous nos actes. Elle rend
l’homme libre, transparent à lui-même et l’élève au-dessus de l’animalité. Mais, l’idée
d’inconscient, en un sens général et non seulement freudien, nous libère de la fiction que
nous sommes les sujets d’une liberté absolue et totalement conscients. Cette idée
questionne incessamment la possibilité que nous soyons en tous points déterminés et invite
donc à plus de lucidité quant à ce sujet. L’inconscient nous renvoie également au désir qui
constitue le moteur fondamental de nos vies. L’homme est un être à la fois conscient et
inconscient. Il est être complexe. L’existence de l’inconscient a amené l’homme à modifier
la perception qu’il avait de sa propre identité et de son existence dans le temps. Mais, qu’est-
ce que le temps ?

11
Ecole Internationale Jules Verne
Tél. 22 40 00 99 Année scolaire 2023-2024

A. PANCRACE

12

Vous aimerez peut-être aussi