Vous êtes sur la page 1sur 19

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

ECOLE NORMALE SUPERIEURE

E.A.D LANGUES ET PHILOSOPHIE

LA SEMIOTIQUE PRAGMATIQUE
DE PEIRCE

UE 12-FEF : Pragmatique, Discours, image et communication :

EC4 : Initiation aux théories de communication

Enseignant responsable : Monsieur RANDRIANARIVELO

Parcours : FEF Niveau : L3-S5

Année universitaire : 2023-2024

1
TRAVAIL REALISE PAR :

ANDRIANANTENAINA Jean Marie Sanio n°01

HAJANOMENJANAHARY Sahaza n°02

MANALINTSOALALAINA Teresa del Elia n°04

RAKOTOARIMANANA Anjatiana Prisca n°06

RAMAHEFAHARISON Manitr’Ala Lucynthia n°08

2
Charles-Sanders Peirce (1839-1914) – philosophe du langage et sémiologue Américain

3
Table des matières

Introduction …………………………………………………………………………… 05

Biographie de Charles Sanders Peirce …………………………………………………06

I- Les fondements théoriques de la sémiotique pragmatique

I-1- Historique de la sémiotique pragmatique ………………………………08-09

I-2- Le pragmatisme : école de pensée de la sémiotique pragmatique ………. 09

I-3- Concepts clés de la sémiotique pragmatique………………………………09-11

II- Analyse de trois actes de communication avec la sémiotique pragmatique

II-1- « Il pleut, prends un parapluie. » …………………………………… 12-13

II-2- « Son visage s’illumine quand elle sourit. »…………………………… 14

II-3- « Le téléphone sonne, décroche, c’est peut-être important » ………………. 15

Conclusion …………………………………………………………………………… 16

Sources de documentation……………………………………………………………17

4
5
Introduction :

Nous reconnaissons la pragmatique telle une grande branche de la linguistique au même


niveau que le structuralisme. D’après Maingeuneau dans son ouvrage termes clés de l’analyse
du discours, la pragmatique serait la discipline « (…) qui s’intéresse aux relations des signes
avec leurs utilisateurs, à leur emploi, à leur effet » (1996 ; p65). Née vers la fin du XIXème
siècle avec les travaux de William James, cette nouvelle approche des sciences du langage
connait trois courants à savoir : la sémiotique pragmatique connu sous le nom de pragmatisme
(Charles Sanders Peirce) ; la pragmatique énonciative (R. Jakobson, E. Benveniste) et la
pragmatique illocutoire (A. John Langshaw et J. Searle). Notre réflexion se portera sur la
sémiotique pragmatique de Charles Sanders Peirce selon lequel, la linguistique est une science
psychique, plus exactement une étude de l’esprit du point de vue extérieur, la sémiotique une
étude des signes et de leurs significations et la pragmatique l’activité sémiotique de l’homme. 1
Nous allons orienter notre travail en prenant la question directive : comment l’approche
sémiotique pragmatique de Peirce se manifeste-t-elle dans l’acte de communication ? Pour
mieux y répondre, nous adopterons un plan contenant deux rubriques principaux dont le premier
consiste à voir les fondements théoriques de la sémiotique pragmatique (en passant par son
historique, l’école de pensée qui s’y est adonnée et les concepts clés) et le deuxième, à analyser
trois actes de communications dans lesquels ces éléments théoriques seront exploités.

1
Réthoré, J. (1989). La pragmatique linguistique de Peirce. Études littéraires, 6
21(3), 49–58. https://doi.org/10.7202/500869a
Biographie de Charles Sanders Peirce

« Actuellement les idées de Peirce suscitent un intérêt considérable chez les chercheurs, bien
au-delà du cercle de la philosophie académique. Cet intérêt vient tant de l'industrie que des
affaires ou de la technologie ou des organisations dédiées aux savoirs. Il en est résulté un
nombre substantiel d'agences, d'instituts, d'affaires et de laboratoires dans lesquels des
recherches sont entreprises de façon déterminée à la fois sur les concepts de Peirce et sur leur
développement. » Max Fisch (1964 ; p486)

Charles Sanders fut né le 10 septembre 1839, de nationalité américaine, on lui a donné


naissance à Cambridge dans le Massachusetts et il meurt le 19 avril 1914 à Milford en
Pennsylvanie toujours dans le continent américain. Vers l'âge de 12 ans, il lit un livre de logique
de l'évêque Richard Whately et devient fasciné par les problèmes de logique au point de penser
les problèmes à travers celle-ci. À seize ans, il étudie les Lettres sur l'éducation esthétique de
l'homme de Friedrich Von Schiller, puis Critique de la raison pure de Kant. Après avoir étudié
ce livre pendant trois ans, il conclut que l'ouvrage est vicié par une « logique puérile ».

C’était un philosophe du langage, un sémiologue, un logicien et un mathématicien. Et il a


fait ses études à l’université Harvard en « engineering applied science ». De 1879 à 1884, ce
dernier a travaillé comme professeur à l’université Johns-Hopkins. En parallèle, il enseignait à
l’université U.S. National University Geodetic Survey (1859-1891). Membre actif de
l’académie américaine des sciences et de l’académie américaine des arts et des sciences, Peirce
a reçu l’influence de John Duns Scot, Guillaume d’Ockham, Georges Berkeley, Thomas Reid
et de William James.

Depuis son adolescence, il souffre de troubles nerveux et selon Joseph Brent, son
biographe, lorsqu'il avait une crise, « il était d'abord, presque hébété, puis distant, froid,
déprimé, très suspicieux, impatient du plus petit signe de rémission, et sujet à de violentes sautes
d'humeur ». C'est une des raisons pour lesquelles il s'est enfermé dans un certain isolement
social.

Si actuellement Peirce est reconnu comme un important logicien, sémiologue et philosophe, la


reconnaissance fut relativement tardive, ce qui est dû d'une part à son isolement et au fait qu'il
a laissé une œuvre considérable, de plus de 100 000 pages écrites, que sa veuve a vendues dès
1914 au département de philosophie de l'université Harvard, mais qui n'a été exploitée
systématiquement qu'assez tard.

7
I- Les fondements théoriques de la sémiotique pragmatique :

I-1- Historique de la sémiotique pragmatique de Peirce :

1877 : La naissance du pragmatisme :

Le pragmatisme est né en quand Charles Sanders Peirce a publié ses ouvrages :


illustration of the logic of the science (1877- 1878), the fixation of belief (1877) et surtout
how to make our ideas clear (1878), Peirce manifeste son intention « d'ouvrir à une
nouvelle conception de l'enquête scientifique, de la signification et de la connaissance, au
service d'une métaphysique scientifique et réaliste, fortement inspirée de Duns Scot ».2

1907 : Distinction entre pragmatisme et pragmaticisme :

La genèse du pragmaticisme de Peirce remonte jusqu’à la distinction qu’à fait le


philosophe entre le pragmatisme énoncé par William James (son disciple) et sa propre
considération de la pragmatique qu’il a dénommé le « pragmaticisme ». Si le pragmatisme
est considéré dans son sens philosophique en limitant son sens à la simple capacité à
s’adapter aux contraintes de la réalité ou encore l’idée selon laquelle l’intelligence a pour
fin la capacité d'agir, le pragmaticisme quant à lui se veut être une connaissance.

1930 : Difficulté d’édition des travaux de Peirce :

Peirce n’est pas un auteur facile : denses, avares en exemples ou en développements


concrets, ses écrits se contredisent parfois à 5 ou 10 ans d’écart ou d’une tribune à l’autre.
Cette caractéristique se trouvera évidemment accrue par le fait qu’une large part de ses
textes sera longtemps littéralement inaccessible, en français évidemment, mais aussi et
surtout en anglais. La publication des Collected papers à partir des années 1930, ne fit
qu’empirer les choses car les textes furent compilés sans cohérence temporelle ou
méthodologique, introduisant des ruptures brutales dans la réflexion du logicien américain,
déjà passablement ardue.

1980 siècle : Meilleure compréhension des travaux de Peirce :

Ces obstacles éditoriaux et la complication d’une pensée jamais au repos n’ont cependant
pas trompé les philosophes et scientifiques qui, tout au long du XXe siècle, ont revendiqué
une filiation avec Peirce ou ont mobilisé ses concepts, ses théories, ses systèmes de notation
logique ou de classification sémiologique : les figures de proue du pragmatisme, de son

2 8
Claudine Tiercelin, C. S. Peirce et le pragmatisme, Paris : P.U.F., 1993,4e de couverture.
admirateur fidèle James jusqu’à son détracteur violent (et souvent amer), Rorty, en passant
par Mead, Dewey ou Putnam ; les mathématiciens comme Whitehead ou Russell (qui en
fait « le plus grand penseur que l’Amérique ait jamais eu ») ; les sociologues, à l’instar
d’Habermas ; les sémiologues, Eco en tête. Et jusqu’à Popper, qui le qualifiera, non sans
emphase, d’un « des plus grands philosophes de tous les temps ». Ces légataires d’une
œuvre considérable s’accordèrent ainsi avec Peirce, qui s’imaginait volontiers en équivalent
d’Aristote – mais, pour la modestie, il avouait ne craindre personne.

L’édition strictement chronologique entamée dans les années 1980 (mais toujours
inachevée, avec 6 volumes disponibles sur les 30 initialement annoncés) changea cet état
de fait, de même que la parution d’une édition en français (Peirce, 2002, 2003, 2006),
différente des recueils proposés outre-Atlantique car privilégiant une homogénéité
thématique pour chaque volume avec un appareil de notes facilitant la mise en situation de
chaque écrit, quitte à renoncer à l’exhaustivité.

I-2- Le pragmatisme : école de pensée de la sémiotique pragmatique

Les membres de l’école de pensée :

9
L'idée pragmatiste a commencé à émerger lors des réunions du Club métaphysique, club
philosophique fondé en janvier 1872 et dissous en Décembre 1872. Parmi les membres les
plus connus, on trouve deux des grands fondateurs du pragmatisme Charles Sanders
Peirce (logicien) et William James (psychologue), un juriste et futur membre influent de
la cour Suprême des États-Unis Oliver Wendell Holmes mais également Chauncey Wright
(philosophe et mathématicien), John Fiske (philosophe), Francis Ellingwood Abbot, Joseph
Bangs Warner et Nicolas St. John Green, un juriste disciple de Jeremy Bentham, tous ou
presque anciens de l'université Harvard. Green, selon Peirce, aurait fait connaître au groupe
les idées d 'Alexander Bain sur la croyance comme habitude d'action. Durant la période de
l’entre-deux-guerres John Dewey, est une figure centrale du pragmatisme. Il analyse et
transforme différents sujets sociaux tels que les méthodes d'éducation, les relations aux
sciences, la conception de la démocratie, l'approche de la vie quotidienne, le sens de l'égalité
des sexes, la place des valeurs, le rôle des arts ou encore la reconstruction de la philosophie.
Pour lui, il n’a pas d'un côté le monde et de l'autre la conscience, qui enregistrerait les
phénomènes du dehors.

La maxime du pragmatisme :

Cette école a comme maxime de : « considérer quels sont les effets pratiques que nous
pensons pouvoir être produit par l’objet de notre conception. La conception de tous ces
effets est la conception complète de l’objet » (Peirce ;1979). Pour Peirce, cette maxime a
pour effet de pouvoir rendre compte d'une hypothèse en évaluant ses conséquences
pratiques et donc de nous permettre de mieux comprendre ce que nous ferons ou devrions
faire. Le fait que William James se contentera d'étudier les conséquences pratiques sur
l'individu traduit une différence de perception de la maxime. Pour James, il s'agit d'un
principe métaphysique et pour Peirce d'un principe logique composante de la méthode
scientifique. En effet, pour lui la maxime pragmatique doit permettre de procéder à des tests
scientifiques reposant sur l'idée que si l'hypothèse est fausse alors elle n'aura pas les
conséquences prévues

I-3- Les concepts clés

- La sémiotique :

La sémiologie de Peirce est inséparable de sa phanéroscopie : sa réflexion sur le signe prend


appui sur les trois catégories du sentiment, de l’existence et de la médiation. Le signe est un
representamen. Il est mis pour quelque chose, pour quelqu’un : il y a donc une fonction de

10
substitution, un signe à la place d’une chose, et un « sujet » susceptible de prendre acte de cette
substitution, d’y reconnaître du sens. Cela n’implique nullement qu’il y a eu quelque part ou
chez quelqu’un une intention de signifier. Il y a signe dès que quelqu’un perçoit que quelque
chose peut représenter autre chose. Là encore la réceptivité est privilégiée par rapport à l’acte
intentionnel. Il se produit du sens parce que quelque chose peut être substitué à autre chose de
manière significative pour quelqu’un qui n’est défini que par cette capacité à reconnaître
l’existence de la substitution et à en faire quelque chose : de la signification. Ainsi est créé dans
l’esprit de celui qui perçoit la substitution un signe équivalent ou plus développé qui est
l’interprétant ; il est mis pour quelque chose qui est son objet (deuxième niveau de la
constitution du sens, le premier étant celui de la possibilité de substitution en elle-même), non
à tous égards, mais selon le point de vue qui sert de fondement au representamen.

C’est cet aspect de la pensée de Peirce qui a pu d’abord retenir l’attention des psychanalystes.
D’autant que Peirce distingue plusieurs catégories de signes en fonction des catégories
générales déterminées par la phénoménologie (ou phanéroscopie) : le signe qualitatif
correspond à l’affection simple, le signe existant est corrélé à la sensation, tandis que le signe
général (par exemple le signe linguistique, le mot) suppose la médiation. Au niveau du signe
existant les subdivisions sont particulièrement suggestives et fécondes : l’icône renvoie à l’objet
en vertu de caractères qui lui sont propres, indépendamment de toute relation – au point de ne
pas même supposer son existence ; elle est de niveau un, c’est-à-dire qu’elle est,
qualitativement, tout simplement, et qu’on ne peut rien en dire de plus. L’indice renvoie à
l’objet en étant réellement affecté par cet objet : la fumée est l’indice du feu. Il y a donc dualité
et l’icône qui est impliquée est devenue affectée par l’objet. Le symbole agit par la construction
d’une réplique qui est d’une tout autre nature que l’objet et dont la relation avec l’objet n’est
pas directe mais médiatisée. C’est notamment le cas dans tout énoncé linguistique, à l’exception
des onomatopées qui, elles, seraient des indices.

Gérard Deledalle montre bien qu’un même signe peut être à la fois icône, indice et symbole.
Ainsi pour « il pleut » : l’icône est l’image mentale composite de tous les jours pluvieux que le
sujet a vécus ; l’indice est ce par quoi ce jour-là est différencié et a sa propre place dans
l’expérience ; le symbole est l’acte mental qui fait qualifier ce jour-là de pluvieux en mettant
en rapport l’expérience qualitative du pluvieux et le ressenti actuel singulier de jour pluvieux.
Si l’on met en rapport cette pensée avec celle de Saussure, à la suite de G. Deledalle, on peut
dire que le signifié de l’icône caractérise le signe comme tel (il y a du signe), celui de l’indice
est ce dont il est l’indice (distinction et relation signe/objet), celui du symbole est l’interprétant
11
(il y a quelqu’un pour qui le signe fait sens). Mais la distinction entre signifié et référent,
fondamentale chez Saussure, n’est pas opératoire ici car il n’y a pas d’isolation, d’abstraction
du signe pour le considérer dans son être de signe, à part de l’expérience pragmatique du procès
de signification.

Selon Peirce, la sémiologie, ou sémiotique, comprend trois parties : la logique critique, la


rhétorique spéculative et la grammaire spéculaire. La logique critique est la théorie quasi
nécessaire ou formelle des signes ; elle définit ce qui est requis pour que le representamen se
rapporte à un objet de manière vraie (conditions formelles nécessaires à la possibilité d’une
vérité). La grammaire pure est la sémiologie proprement dite, inventaire et étude du
fonctionnement des signes. Entre les deux, la rhétorique spéculative traite des conditions
universelles (Peirce dit « générales ») de la « référence des symboles et autres signes aux
interprétants qu’ils déterminent », c’est-à-dire de la méthode de détermination de la
signification des signes. Cette méthode peut se résumer dans la maxime : considérez les effets
pratiques que peut produire votre conception de quelque chose, l’ensemble de ces effets est
votre conception. La théorie de la signification de Peirce est donc un pragmatisme : le sens est
déterminé par les effets qui sont produits.

- La pragmatique :

La pragmatique, telle que la conçoit Peirce, est une cinquième étape dans l'élaboration
scientifique : elle est pratique, au sens où son objet est de savoir «what to do and how to do it»,
dit Peirce. Nous ne sommes plus bien loin du célèbre How to Do Things With Words de J.-L.
Austin. Reprenant d'ailleurs la première définition du manuscrit, Peirce ajoute que la
pragmatique est l'étude de la façon de nous comporter étant donné la connaissance que
nous avons [désormais] de notre environnement grâce à l'épiscopie. Or l'épiscopie se
subdivise en deux sciences humaines et une troisième qui ne nous intéresse pas ici, qui est la
cosmologie. Peirce identifie la philologie comme l'une des deux sciences humaines, distincte,
on le voit, de la linguistique mais gouvernant la pragmatique au sens peircien.

En conclusion partielle, on reconnaîtra à Peirce l'antériorité du concept de pragmatics, mais on


conviendra que son objet spécifique n'est pas le langage, ni stricto sensu l'activité langagière,
même si celle-ci est centrée sur le téléologique.

La théorie pragmatique de Peirce met l’accent sur la relation triadique ou la trichotomie entre
l’icône, l’indice et le symbole ou le signe (indice), son objet et son interprète.

12
Selon Peirce, un signe (ou un indice) n’a de sens que dans son contexte d’utilisation. Le sens
d’un signe est donc influencé par les relations et les interprétations de ceux qui le rencontrent.
Cette approche intègre les aspects pragmatiques de la signification, comment les signes et leur
interprétation affectent les actions et les décisions des individus dans un contexte donné.

III- Analyse de trois actes de communication

Pour pouvoir entamer cette analyse, nous allons travailler avec trois phrases tirées des actes de
communications que nous rencontrons au quotidien.

Comme nous avons vu plutôt, la théorie de Peirce dans un premier lieu se focalise sur la relation
entre le signe et son objet (la signification ou l’idée véhiculée), TODOROV et DUCROT en
citant Peirce dans leur ouvrage « dictionnaire encyclopédique des sciences du langage » ont
fait la distinction suivante : « un signe, ou représentam est en premier qui entre les domaines
tient avec un second appelé son objet , une telle véritable relation triadique qu’il est capable de
déterminer un troisième, appelé son interprétant »(1972 – p114). Par cette acception, Peirce a
fait la classification triadique des signes et la célèbre trichotomie peircienne de l’icône, d’indice
et du symbole.

Vient ensuite, en second lieu, la relation entre le signe et son utilisateur : « (…) pour que celui-
ci assume la même relation triadique à regard du dit « objet » que celle entre le signe et l’objet. »
(Todorov, Ducrot 1972 ; p 114) ainsi, nous avons la deuxième trichotomie du pragmatisme, de
la communauté interprétative et l’évolution des signes.

 Prenons comme premier énoncé(P1) la phrase : « Il pleut, prends un parapluie. »


supposons que le locuteur de cette phrase est un adulte qui ordonne à son interlocuteur,
se trouvant être son enfant de prendre un parapluie pour cause qu’il pleut dehors.

Etude de la relation entre le signe et son objet

L’icône réside dans la représentation visuelle ou mentale de la pluie que le mot


« pleut » évoque chez l’enfant qui peut ne pas voir la pluie qui tombe dehors. Car selon
Peirce « Je définis une icône comme étant un signe qui est déterminé par son objet dynamique
en vertu de sa nature interne. » (Todorov, Ducrot 1972 ; p 115). L’indice est présent dans la
recommandation du parent de prendre un parapluie en raison de la pluie. Il établit, en effet, une

13
relation causale entre la pluie qui tombe (cause) et la nécessité d’un parapluie pour s’abriter
(effet). Le parapluie peut être considéré comme un symbole car son interprétation dépend des
conventions culturelles et la signification du parapluie dans ce contexte symbolise la protection
contre la pluie (car il serait possible dans un autre contexte que le parapluie est utilisé pour se
protéger contre le soleil par exemple).

Etude de la relation entre le signe et son utilisateur

L’action pratique suggérée en réponse à la pluie est de prendre un parapluie. C’est une
manifestation du pragmatisme à laquelle la signification de la phrase est fortement liée. Pour ce
qui en est de la communauté interprétative, la compréhension de la phrase dépend largement
des conventions partagées dans cette communauté. L’utilisation d’un parapluie en cas de pluie
est une pratique commune et il n’y a donc pas une ambiguïté dans l’interprétation. Quant à
l’évolution des signes, si la société progresse vers l’utilisation de nouveau dispositif pour se
protéger de la pluie, la phrase pourrait changer, par exemple si le seul dispositif utilisé pour se
protéger de la pluie était un imperméable la phrase serait « Il pleut, prends un imperméable ».

 Comme deuxième énoncé(P2), soit la phrase : « Son visage s’illumine quand elle
sourit ». Supposons qu’il s’agit d’une description faite d’un personnage féminin dans
un texte littéraire. Le locuteur serait le narrateur en focalisation interne dans son récit.

Etude de la relation entre le signe et son objet

L’icône dans cette phrase est présente dans la description de la lumière qui semble
émaner du visage du personnage lorsqu’elle sourit créant ainsi une image mentale chez le
lecteur, il s’agit ici d’un cas spécifique d’icone dont Peirce a fait la distinction :« Peirce amorce
encore une subdivision des icônes en image, diagramme et métaphore ». (Todorov, Ducrot
1972 ; p 114). L’indice est ici implicite entre le sourire du personnage (cause) et l’illumination
de son visage (effet). Selon Peirce, « Je définis un indice comme étant un signe déterminé par
son objet dynamique en vertu de la relation réelle qu’il entretient avec lui ». (Todorov, Ducrot
1972 ; p 115). Quant au sourire, il peut être considéré comme un symbole car sa signification
dépend des conventions sociales dans lesquelles il s’inscrit. Dans de nombreuses cultures, un
sourire symbolise la gentillesse ou le contentement.

14
Etude de la relation entre le signe et son utilisateur

Pour le pragmatisme, l’utilisation du terme « illumine » par l’auteur suggère une


connotation pragmatique liée à l’état positif du sourire sur l’apparence du personnage. La
compréhension de cette phrase dépend quant à elle des conventions partagées au sein de la
communauté pour laquelle les expressions faciales sont interprétées de manière similaire si cet
énoncé est rencontré dans la communauté africaine par exemple, le sourire peut être interprété
comme une attitude de consolation comme l’explique Jacques Chevrier dans sa critique de
l’œuvre pleurer rire de Nassur Atoumani. Pour l’évolution des signes, si la société attribut de
nouvelle signification aux expressions faciales, la signification adonnée à la phrase pourrait
évoluer en conséquence.

L’analyse de cette phrase nous montre donc que la sémiotique pragmatique peut être
appliquée à une phrase décrivant une situation émotionnelle, dans laquelle le signe tel que le
sourire est interprété en fonction de ses effets perceptibles.

 Comme troisième énoncé(P3), nous allons prendre la phrase : « Le téléphone sonne,


décroche, c’est peut-être important ». Le locuteur de cette phrase est la gouvernante de
la maison et elle s’adresse à une domestique.

Etude de la relation entre le signe et son objet

L’icône dans cette phrase se trouve dans la représentation auditive du téléphone qui
sonne par la domestique, créant ainsi une image mentale associée au son spécifique du
téléphone. Pour ce qui en est de l’icône, il se situe dans l’injonction « décroche » dans la phrase
de la gouvernante en réponse au son du téléphone qui sonne. Il établit alors une relation de
cause à effet entre le son du téléphone et l’action recommandée, celle d’y répondre. Le
téléphone peut être considéré comme un symbole et dans ce contexte, il symbolise une
communication potentiellement importante. « Je définis un symbole comme étant un signe qui
est déterminé dans son dynamique dans le sens seulement dans lequel il sera interprété » disait
Peirce (Todorov, Ducrot 1972 ; p 115).

15
Etude de la relation entre le signe et son utilisateur

La recommandation de la gouvernante de décrocher en raison de l’éventuelle


importance de l’appel est une manifestation du pragmatisme. La signification de la phrase est
liée à l’action pratique suggérée au son du téléphone. La compréhension de cette phrase dépend
de la convention partagée au sein de la communauté interprétative dans laquelle décrocher en
réponse à un appel téléphonique est une pratique courante. Et si par exemple les modes de
communication évoluent vers des formes différentes, la signification de la phrase changerait en
fonction de ces progrès.

L’analyse de cette phrase montre comment la sémiotique pragmatique de Peirce peut être
appliquée à une phrase quotidienne impliquant des signes auditifs, des actions recommandées
et des conventions suggérées dans les contextes.

16
Conclusion :

En guise de conclusion, la sémiotique pragmatique de Charles Sanders Peirce initié aux


XIXème siècle trouve ses fondements théoriques dans la considération de la pragmatique
comme l’activité pensante de l’homme et les différentes trichotomies peircienne. Déployée sur
plusieurs milliers de pages, éparpillée sur des centaines de sujets, la pensée de Peirce a fini par
se perdre dans celle de ses épigones. Pourtant, l’Aristote américain s’oppose à une vision
utilitariste de la science et ce n’est donc pas dans telle lecture réductrice et mercantile du
pragmatisme qu’il faut chercher l’apport de Peirce. Le pragmatisme l’école de pensée qui prône
son idéologie accorde une valeur particulière à l’impact pratique de notre pensée sur la
conception de l’objet. L’analyse de trois actes de communication avec les différents concepts
de la sémiotique pragmatique nous ont permis de comprendre que la théorie de Peirce
s’applique dans les situations de communication que nous pouvons rencontrer au quotidien. Ce
qui nous prouve la pertinence des apports du pragmatisme en science du langage. Ses travaux
seront poursuivis et réaménagés par d’autres théoriciens du langage et cela donnera naissance
à d’autres branches de la pragmatique. Mais comment ses nouvelles théories sont-elles donc
mobilisées ?

17
Sources de documentation :

Travaux cités de l’auteur

 Peirce, C.S. (1931-1958), Collected Papers (8 vol.), Harvard University Press,


Cambridge.
 Peirce, C.S. (1978), Écrits sur le signe, édition établie par G. Deledalle, Le Seuil.
 Peirce, C.S. (2002), Pragmatisme et pragmaticisme, Œuvres philosophiques, volume I,
édition établie par C. Tiercelin et P. Thibaud, Éditions du Cerf.
 Peirce, C.S. (2003), Pragmatisme et sciences normatives, Œuvres philosophiques,
volume II, édition établie par C. Tiercelin, P. Thibaud et J.-P. Cometti, Éditions du Cerf.
 Peirce, C.S. (2006), Écrits logiques, Œuvres philosophiques, volume III, édition établie
par C. Tiercelin, P. Thibaud et J.-P. Cometti , Éditions du Cerf

Autres références bibliographiques

 TODOVOV et DUCROT, (1972),Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage


,Seuil, Paris
 Réthoré, J. (1989) La pragmatique linguistique de Peirce. Études littéraires,21(3), 49–
58.

Webographie :

- Persée.fr (consulté le 11/02/2024)


- www.signosemio.com (consulté le 12/02/2024)
- www.babelio.com (consulté le 12/02/2024)
- Figura.uqam.ca (consulté le 12/02/2024)

18
19

Vous aimerez peut-être aussi