Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
LA SEMIOTIQUE PRAGMATIQUE
DE PEIRCE
1
TRAVAIL REALISE PAR :
2
Charles-Sanders Peirce (1839-1914) – philosophe du langage et sémiologue Américain
3
Table des matières
Introduction …………………………………………………………………………… 05
Conclusion …………………………………………………………………………… 16
Sources de documentation……………………………………………………………17
4
5
Introduction :
1
Réthoré, J. (1989). La pragmatique linguistique de Peirce. Études littéraires, 6
21(3), 49–58. https://doi.org/10.7202/500869a
Biographie de Charles Sanders Peirce
« Actuellement les idées de Peirce suscitent un intérêt considérable chez les chercheurs, bien
au-delà du cercle de la philosophie académique. Cet intérêt vient tant de l'industrie que des
affaires ou de la technologie ou des organisations dédiées aux savoirs. Il en est résulté un
nombre substantiel d'agences, d'instituts, d'affaires et de laboratoires dans lesquels des
recherches sont entreprises de façon déterminée à la fois sur les concepts de Peirce et sur leur
développement. » Max Fisch (1964 ; p486)
Depuis son adolescence, il souffre de troubles nerveux et selon Joseph Brent, son
biographe, lorsqu'il avait une crise, « il était d'abord, presque hébété, puis distant, froid,
déprimé, très suspicieux, impatient du plus petit signe de rémission, et sujet à de violentes sautes
d'humeur ». C'est une des raisons pour lesquelles il s'est enfermé dans un certain isolement
social.
7
I- Les fondements théoriques de la sémiotique pragmatique :
Ces obstacles éditoriaux et la complication d’une pensée jamais au repos n’ont cependant
pas trompé les philosophes et scientifiques qui, tout au long du XXe siècle, ont revendiqué
une filiation avec Peirce ou ont mobilisé ses concepts, ses théories, ses systèmes de notation
logique ou de classification sémiologique : les figures de proue du pragmatisme, de son
2 8
Claudine Tiercelin, C. S. Peirce et le pragmatisme, Paris : P.U.F., 1993,4e de couverture.
admirateur fidèle James jusqu’à son détracteur violent (et souvent amer), Rorty, en passant
par Mead, Dewey ou Putnam ; les mathématiciens comme Whitehead ou Russell (qui en
fait « le plus grand penseur que l’Amérique ait jamais eu ») ; les sociologues, à l’instar
d’Habermas ; les sémiologues, Eco en tête. Et jusqu’à Popper, qui le qualifiera, non sans
emphase, d’un « des plus grands philosophes de tous les temps ». Ces légataires d’une
œuvre considérable s’accordèrent ainsi avec Peirce, qui s’imaginait volontiers en équivalent
d’Aristote – mais, pour la modestie, il avouait ne craindre personne.
L’édition strictement chronologique entamée dans les années 1980 (mais toujours
inachevée, avec 6 volumes disponibles sur les 30 initialement annoncés) changea cet état
de fait, de même que la parution d’une édition en français (Peirce, 2002, 2003, 2006),
différente des recueils proposés outre-Atlantique car privilégiant une homogénéité
thématique pour chaque volume avec un appareil de notes facilitant la mise en situation de
chaque écrit, quitte à renoncer à l’exhaustivité.
9
L'idée pragmatiste a commencé à émerger lors des réunions du Club métaphysique, club
philosophique fondé en janvier 1872 et dissous en Décembre 1872. Parmi les membres les
plus connus, on trouve deux des grands fondateurs du pragmatisme Charles Sanders
Peirce (logicien) et William James (psychologue), un juriste et futur membre influent de
la cour Suprême des États-Unis Oliver Wendell Holmes mais également Chauncey Wright
(philosophe et mathématicien), John Fiske (philosophe), Francis Ellingwood Abbot, Joseph
Bangs Warner et Nicolas St. John Green, un juriste disciple de Jeremy Bentham, tous ou
presque anciens de l'université Harvard. Green, selon Peirce, aurait fait connaître au groupe
les idées d 'Alexander Bain sur la croyance comme habitude d'action. Durant la période de
l’entre-deux-guerres John Dewey, est une figure centrale du pragmatisme. Il analyse et
transforme différents sujets sociaux tels que les méthodes d'éducation, les relations aux
sciences, la conception de la démocratie, l'approche de la vie quotidienne, le sens de l'égalité
des sexes, la place des valeurs, le rôle des arts ou encore la reconstruction de la philosophie.
Pour lui, il n’a pas d'un côté le monde et de l'autre la conscience, qui enregistrerait les
phénomènes du dehors.
La maxime du pragmatisme :
Cette école a comme maxime de : « considérer quels sont les effets pratiques que nous
pensons pouvoir être produit par l’objet de notre conception. La conception de tous ces
effets est la conception complète de l’objet » (Peirce ;1979). Pour Peirce, cette maxime a
pour effet de pouvoir rendre compte d'une hypothèse en évaluant ses conséquences
pratiques et donc de nous permettre de mieux comprendre ce que nous ferons ou devrions
faire. Le fait que William James se contentera d'étudier les conséquences pratiques sur
l'individu traduit une différence de perception de la maxime. Pour James, il s'agit d'un
principe métaphysique et pour Peirce d'un principe logique composante de la méthode
scientifique. En effet, pour lui la maxime pragmatique doit permettre de procéder à des tests
scientifiques reposant sur l'idée que si l'hypothèse est fausse alors elle n'aura pas les
conséquences prévues
- La sémiotique :
10
substitution, un signe à la place d’une chose, et un « sujet » susceptible de prendre acte de cette
substitution, d’y reconnaître du sens. Cela n’implique nullement qu’il y a eu quelque part ou
chez quelqu’un une intention de signifier. Il y a signe dès que quelqu’un perçoit que quelque
chose peut représenter autre chose. Là encore la réceptivité est privilégiée par rapport à l’acte
intentionnel. Il se produit du sens parce que quelque chose peut être substitué à autre chose de
manière significative pour quelqu’un qui n’est défini que par cette capacité à reconnaître
l’existence de la substitution et à en faire quelque chose : de la signification. Ainsi est créé dans
l’esprit de celui qui perçoit la substitution un signe équivalent ou plus développé qui est
l’interprétant ; il est mis pour quelque chose qui est son objet (deuxième niveau de la
constitution du sens, le premier étant celui de la possibilité de substitution en elle-même), non
à tous égards, mais selon le point de vue qui sert de fondement au representamen.
C’est cet aspect de la pensée de Peirce qui a pu d’abord retenir l’attention des psychanalystes.
D’autant que Peirce distingue plusieurs catégories de signes en fonction des catégories
générales déterminées par la phénoménologie (ou phanéroscopie) : le signe qualitatif
correspond à l’affection simple, le signe existant est corrélé à la sensation, tandis que le signe
général (par exemple le signe linguistique, le mot) suppose la médiation. Au niveau du signe
existant les subdivisions sont particulièrement suggestives et fécondes : l’icône renvoie à l’objet
en vertu de caractères qui lui sont propres, indépendamment de toute relation – au point de ne
pas même supposer son existence ; elle est de niveau un, c’est-à-dire qu’elle est,
qualitativement, tout simplement, et qu’on ne peut rien en dire de plus. L’indice renvoie à
l’objet en étant réellement affecté par cet objet : la fumée est l’indice du feu. Il y a donc dualité
et l’icône qui est impliquée est devenue affectée par l’objet. Le symbole agit par la construction
d’une réplique qui est d’une tout autre nature que l’objet et dont la relation avec l’objet n’est
pas directe mais médiatisée. C’est notamment le cas dans tout énoncé linguistique, à l’exception
des onomatopées qui, elles, seraient des indices.
Gérard Deledalle montre bien qu’un même signe peut être à la fois icône, indice et symbole.
Ainsi pour « il pleut » : l’icône est l’image mentale composite de tous les jours pluvieux que le
sujet a vécus ; l’indice est ce par quoi ce jour-là est différencié et a sa propre place dans
l’expérience ; le symbole est l’acte mental qui fait qualifier ce jour-là de pluvieux en mettant
en rapport l’expérience qualitative du pluvieux et le ressenti actuel singulier de jour pluvieux.
Si l’on met en rapport cette pensée avec celle de Saussure, à la suite de G. Deledalle, on peut
dire que le signifié de l’icône caractérise le signe comme tel (il y a du signe), celui de l’indice
est ce dont il est l’indice (distinction et relation signe/objet), celui du symbole est l’interprétant
11
(il y a quelqu’un pour qui le signe fait sens). Mais la distinction entre signifié et référent,
fondamentale chez Saussure, n’est pas opératoire ici car il n’y a pas d’isolation, d’abstraction
du signe pour le considérer dans son être de signe, à part de l’expérience pragmatique du procès
de signification.
- La pragmatique :
La pragmatique, telle que la conçoit Peirce, est une cinquième étape dans l'élaboration
scientifique : elle est pratique, au sens où son objet est de savoir «what to do and how to do it»,
dit Peirce. Nous ne sommes plus bien loin du célèbre How to Do Things With Words de J.-L.
Austin. Reprenant d'ailleurs la première définition du manuscrit, Peirce ajoute que la
pragmatique est l'étude de la façon de nous comporter étant donné la connaissance que
nous avons [désormais] de notre environnement grâce à l'épiscopie. Or l'épiscopie se
subdivise en deux sciences humaines et une troisième qui ne nous intéresse pas ici, qui est la
cosmologie. Peirce identifie la philologie comme l'une des deux sciences humaines, distincte,
on le voit, de la linguistique mais gouvernant la pragmatique au sens peircien.
La théorie pragmatique de Peirce met l’accent sur la relation triadique ou la trichotomie entre
l’icône, l’indice et le symbole ou le signe (indice), son objet et son interprète.
12
Selon Peirce, un signe (ou un indice) n’a de sens que dans son contexte d’utilisation. Le sens
d’un signe est donc influencé par les relations et les interprétations de ceux qui le rencontrent.
Cette approche intègre les aspects pragmatiques de la signification, comment les signes et leur
interprétation affectent les actions et les décisions des individus dans un contexte donné.
Pour pouvoir entamer cette analyse, nous allons travailler avec trois phrases tirées des actes de
communications que nous rencontrons au quotidien.
Comme nous avons vu plutôt, la théorie de Peirce dans un premier lieu se focalise sur la relation
entre le signe et son objet (la signification ou l’idée véhiculée), TODOROV et DUCROT en
citant Peirce dans leur ouvrage « dictionnaire encyclopédique des sciences du langage » ont
fait la distinction suivante : « un signe, ou représentam est en premier qui entre les domaines
tient avec un second appelé son objet , une telle véritable relation triadique qu’il est capable de
déterminer un troisième, appelé son interprétant »(1972 – p114). Par cette acception, Peirce a
fait la classification triadique des signes et la célèbre trichotomie peircienne de l’icône, d’indice
et du symbole.
Vient ensuite, en second lieu, la relation entre le signe et son utilisateur : « (…) pour que celui-
ci assume la même relation triadique à regard du dit « objet » que celle entre le signe et l’objet. »
(Todorov, Ducrot 1972 ; p 114) ainsi, nous avons la deuxième trichotomie du pragmatisme, de
la communauté interprétative et l’évolution des signes.
13
relation causale entre la pluie qui tombe (cause) et la nécessité d’un parapluie pour s’abriter
(effet). Le parapluie peut être considéré comme un symbole car son interprétation dépend des
conventions culturelles et la signification du parapluie dans ce contexte symbolise la protection
contre la pluie (car il serait possible dans un autre contexte que le parapluie est utilisé pour se
protéger contre le soleil par exemple).
L’action pratique suggérée en réponse à la pluie est de prendre un parapluie. C’est une
manifestation du pragmatisme à laquelle la signification de la phrase est fortement liée. Pour ce
qui en est de la communauté interprétative, la compréhension de la phrase dépend largement
des conventions partagées dans cette communauté. L’utilisation d’un parapluie en cas de pluie
est une pratique commune et il n’y a donc pas une ambiguïté dans l’interprétation. Quant à
l’évolution des signes, si la société progresse vers l’utilisation de nouveau dispositif pour se
protéger de la pluie, la phrase pourrait changer, par exemple si le seul dispositif utilisé pour se
protéger de la pluie était un imperméable la phrase serait « Il pleut, prends un imperméable ».
Comme deuxième énoncé(P2), soit la phrase : « Son visage s’illumine quand elle
sourit ». Supposons qu’il s’agit d’une description faite d’un personnage féminin dans
un texte littéraire. Le locuteur serait le narrateur en focalisation interne dans son récit.
L’icône dans cette phrase est présente dans la description de la lumière qui semble
émaner du visage du personnage lorsqu’elle sourit créant ainsi une image mentale chez le
lecteur, il s’agit ici d’un cas spécifique d’icone dont Peirce a fait la distinction :« Peirce amorce
encore une subdivision des icônes en image, diagramme et métaphore ». (Todorov, Ducrot
1972 ; p 114). L’indice est ici implicite entre le sourire du personnage (cause) et l’illumination
de son visage (effet). Selon Peirce, « Je définis un indice comme étant un signe déterminé par
son objet dynamique en vertu de la relation réelle qu’il entretient avec lui ». (Todorov, Ducrot
1972 ; p 115). Quant au sourire, il peut être considéré comme un symbole car sa signification
dépend des conventions sociales dans lesquelles il s’inscrit. Dans de nombreuses cultures, un
sourire symbolise la gentillesse ou le contentement.
14
Etude de la relation entre le signe et son utilisateur
L’analyse de cette phrase nous montre donc que la sémiotique pragmatique peut être
appliquée à une phrase décrivant une situation émotionnelle, dans laquelle le signe tel que le
sourire est interprété en fonction de ses effets perceptibles.
L’icône dans cette phrase se trouve dans la représentation auditive du téléphone qui
sonne par la domestique, créant ainsi une image mentale associée au son spécifique du
téléphone. Pour ce qui en est de l’icône, il se situe dans l’injonction « décroche » dans la phrase
de la gouvernante en réponse au son du téléphone qui sonne. Il établit alors une relation de
cause à effet entre le son du téléphone et l’action recommandée, celle d’y répondre. Le
téléphone peut être considéré comme un symbole et dans ce contexte, il symbolise une
communication potentiellement importante. « Je définis un symbole comme étant un signe qui
est déterminé dans son dynamique dans le sens seulement dans lequel il sera interprété » disait
Peirce (Todorov, Ducrot 1972 ; p 115).
15
Etude de la relation entre le signe et son utilisateur
L’analyse de cette phrase montre comment la sémiotique pragmatique de Peirce peut être
appliquée à une phrase quotidienne impliquant des signes auditifs, des actions recommandées
et des conventions suggérées dans les contextes.
16
Conclusion :
17
Sources de documentation :
Webographie :
18
19