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Fiche Heidegger

I. Heidegger : la subjectivité comme appel, dépassement et


renouvellement de la subjectivité
Le problème phénoméno-ontologique.
Husserl n’a pas posé la question fondamentale de la définition de l’être. L’ontologie classique
n’est pas capable de répondre à cela, car elle confond être et étant. Seule la phénoménologie pour y
répondre par une analyse des étants, mais Husserl esquive la question phénoménologique car la
question du sens de l’être est résorbée dans celui de la conscience pure.
Pour Hei, le « phénomène » est le « se révéler », ce qui se montre en lui-même (extrait 1). Le
phénomène est donc pas l’apparence, car ce dernier est dérivé de « se montrer en tant que tel ».
L’étant est un « se manifester » : ex : le soleil se manifeste, c’est-à-dire qu’il apparait à travers son
phénomène, donc il n’y a pas de sens de distinguer un soleil apparent d’un soleil réel. Le phénomène
est l’être de l’étant, et l’être n’est pas la chose en soi : il faut entendre être au sens du verbe, au sens
actif, mais en retrait, il n’apparait pas comme tel ; ce n’est pas une copule qui s’inscrit dans la
durée. Donc, ce n’est pas l’égo transcendantal qui conditionne l’apparition des phénomènes, il n’y a
pas de conscience au sens de Husserl. Mais on a une pré-compréhension de l’être.
Si l’être de l’étant ne se manifeste pas, il faut pratiquer l’Herméneutique : déchiffrer l’être à
même l’étant qui apparait. Mais le seul être qui se pose la question de son être est l’humain, qui a ce
mode d’être qui se pose la question de son être : le Dasein (être-là). Pour cela il faut pratiquer une
auto-interprétation du Dasein. En visant l’être, Hei vise ce qui est présupposé pour
l’autocompréhension du Dasein.
Extrait du paragraphe 2 de être et temps : « l’être de l’étant n’est point lui-même un étant. […]
être de l’étant, ce qui s’offre comme l’interrogé de la question de l’être, c’est l’étant lui-même. C’est
lui qui s’y trouve, en quelque sorte, interrogé quant à son être. […] Avoir égard à, entendre, choisir,
etc. autant d’attitudes constitutives du questionnement, et qui sont ainsi elles-mêmes des modes d’être
d’un étant déterminé : de cet étant que nous, qui questionnons, sommes justement nous-mêmes. Mettre
en œuvre la question de l’être revient par conséquent à ceci : rendre lucide un étant en son être. […]
Cet étant que nous sommes justement nous-mêmes et qui, entre autres possibilités, à la possibilité
d’être qui est celle de questionner, nous le saisissons terminologiquement comme Dasein ».

Dasein et subjectivité
La question de la subjectivité n’aura de sens qu’au sein de la question du sens de l’être, la
subjectivité dépend de ce qui la précède : la subjectivité n’est plus le centre de donation originaire. La
subjectivité va être rapporté au Dasein, car Hei doit d’abord dévoiler le sens de l’être du seul étant
qui se pose la question de l’être, pour dévoiler le sens de l’être. Le Dasein c’est le «  là » de l’être, mais
quelles sont ses déterminations ontologiques ? De quelle manière l’être se manifeste à travers
l’humain ? La question est transcendantale et a-subjective. Le Dasein est la mise au jour des
existensio : la subjectivité n’est que des manières possibles

Le Dasein existe
Ce qui définit le Dasein est l’existence (extrait 2), puisqu’il se pose la question de son être, il y
a proximité entre l’existence et l’être. L’existensia (être une occurrence de quelque chose) se
distingue du Dasein : le premier est renvoyé à un mode d’être qui est le « être sous-la-
main »Vorhandenheit ; il est dérivé de la Zuhandenheit « être-à-portée-de-main » c’est l’étant en
tant qu’outil, comme un piano. L’existence du Dasein se caractérise par la prise en charge des
possibilités : le Dasein est un ensemble de possibilités d’être, et il est en dépassement continuel, ila
toujours le projet d’être au-delà de ce qu’il est. Ainsi, on ne coïncide jamais avec soi-même, on est
toujours au-delà de soit même ; dans le futur des possibilités. L’identité n’est pas statique, elle est
dynamique. L’existence s’excède elle-même, c’est la transcendance du Dasein : il n’est qu’en tant
qu’il peut être.
Important de la mienneté : c’est toujours à la première personne que la question de mon
existence se pose, au travers de la question de mes possibilités : c’est pourquoi la question du Dasein
prend la forme de qui suis-je ? L’ego n’est pas identique dans le temps, la mienneté est à être : c’est
une possibilité qui m’est propre, qui est en jeu, et donc c’est mon existence qui est en jeu.
La mienneté est un rapport de soi à soi, qui peut être authentique ou inauthentique : d’emblé
le Dasein est prit dans la mondanité, le bavardage, etc. et donc le Dasein se rapporte à lui-même sur le
mode de l’inauthenticité, sur le monde de l’échappement : il y a une absence de véritable rapport à soi.
Cette inauthenticité est un existential (=structure a priori et ontologique de l’existence humaine),
c’est une structure, une possibilité de soi parmi d’autre : en somme, le négatif n’est pas un opposé
mais une manière d’être. L’inauthenticité est la manière d’exprimer la mienneté sur le mode de
l’échappement.

Le monde du Dasein
La structure existential la plus importante du Dasein est l’être-au-monde : si le Dasein existe,
il ne se rapporte pas à lui-même par un pouvoir réflexif comme la conscience, mais par le détour de
l’extériorité ; c’est à par le monde. L’être-au-monde est donc l’ensemble des outils et des autres
Dasein qui forment l’horizon d’existence du Dasein.
Le schème sujet-objet ne fonctionne plus donc (extrait 3), c’est remplacé par l’être-au-
monde, qui permet à la subjectivité d’atteindre le monde, ce que les 3 précédant permettent pas. En
effet sujet-objet est une approche théorique de l’attitude première qui est le contact avec le monde :
il n’y a pas de distance entre le monde et le Dasein, le Dasein est d’emblée dans l’extériorité ; il
rencontre les étant en Zuhandenheit : sur le mode de la spontanéité. Tout est considéré comme un outil
pour le Dasein, donc il n’y a pas de distance entre lui et le monde. La signification des outils est la
structure de renvoie des outils les uns aux autres pour former le monde ambiant, en vue du
projet du Dasein. Mieux de dire que le Dasein est en intimité avec le monde que en relation. Etre au
monde est un existential car c’est la condition de possibilité du Dasein.

Le «  qui » du Dasein
La subjectivité n’est donc plus constituante mais constituée. De là Hei attaque la réflexivité
(extrait 4 et 5), c’est le problème de l’ipséité du Dasein. Classiquement c’est pensé sur le model du
« je pense », noyau identique à lui-même. Or, l’ego ne se révèle pas dans l’être du Dasein, le moi ne
se révèle pas immédiatement. Or l’analyse existential montre que le Dasein qui dit « je » n’est pas
lui-même mais inauthentique : ce qui lui permet de se confirmer comme existant ! Ainsi il n’est pas
réduit à son « entre-sous-la-main » : la possibilité de ne pas être soi-même caractérise le Dasein par
rapport aux étant intramondain. Le Dasein ne se comprend pas hors de son engagement au monde.
Dans l’être quotidien j’échappe de mes potentialités de l’être propre : je suis sur le mode de
l’impropriété dans le quotidien : ce n’est pas contingent, c’est une structure a priori du Dasein.
Donc l’ipséité n’est pas donnée mais en jeu.
L’angoisse est l’affrontement de la possibilité qu’il n’y ait plus de possibilité. C’est la
possibilité la plus authentique car elle atteint l’être et elle annule toutes les autres possibilités  : le
Dasein ressaisi ainsi son existence dans la totalité.
A la question « qui suis-je » je ne peux pas répondre moi, car cela présuppose une subjectivité
constituante. Ce qui demeure de la subjectivité c’est l’appel qui consiste à répondre de son être devant
soi-même. Mais être soi-même c’est, pour le Dasein, d’être ouvert au monde : le qui du Dasein n’est
pas isolé du monde mais dans le monde. Ainsi l’existence du Dasein n’est rien d’autre que
l’échappement continuel dans l’inauthenticité.
La subjectivité est donc d’abord un décentrement car les conditions de possibilité ne sont
plus subjectives ; et ensuite, la subjectivité n’est plus que considéré comme un possible parmi
d’autres modes dérivés du Dasein.

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