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Phénoménologie du mouvement
Patočka et l’héritage de la physique
aristotélicienne
Depuis 1876
La genèse d’une hérésie. Monde, corps et histoire dans la pensée de Jan Patočka
(Paris, Vrin, 2012). Dans ce livre bicéphale qui analyse en détail plusieurs
thèmes patočkiens reliés en premier lieu au problème de l’apparaître et
en deuxième lieu au problème de l’histoire, Karel Novotný retrouve bien
évidemment le concept de mouvement à la confluence de la manière d’être
du corps propre et de l’individuation de l’étant. L’exégète décèle une tension
(voir par exemple La genèse d’une hérésie, op. cit., p. 64-65, surtout dans le
cadre d’une analyse du sens moteur de la corporéité) chez Patočka entre,
d’une part, une inspiration cosmologique (finkéenne) et, d’autre part, une
inspiration biranienne, relayée par la phénoménologie française de son
temps. L’auteur suggère même que cette dernière approche « s’oppose à la
conception du mouvement subjectif du corps propre comme cas particulier
du mouvement général du devenir du monde lui-même » (id., p. 65). Nous
aurons à discuter ce diagnostic dans notre chapitre sur la corporéité.
9. Emre Şan, La transcendance comme problème phénoménologique. Lecture
de Merleau-Ponty et Patočka, Milan, Mimesis, 2012. Dans cet ouvrage,
Emre Şan souligne bien à plusieurs endroits l’apport majeur de Patočka à
l’élucidation de la transcendance à partir du problème de l’apparition. Cette
avancée consiste notamment dans la mobilisation du mouvement, à la fois
pour retrouver le véritable sens moteur de l’existence (voir La transcendance
comme problème phénoménologique, op. cit., p. 266-68) et pour désubjectiver
la manifestation. C’est précisément cette mobilisation du mouvement qui
permet, selon l’auteur, d’amorcer une thématisation de la transcendance
(c’est-à-dire de la totalité) « comme promesse » (id., p. 283).
10. Pavel Kouba, « Le problème du troisième mouvement. En marge de
la conception patočkienne de l’existence », in Jan Patočka. Phénoménologie
asubjective et existence, éd. par Renaud Barbaras, Milan, Mimesis, 2007,
p. 183-204.
11. Ana Cecilia Santos, « Vers une phénoménologie asubjective », in Jan
Patočka. Phénoménologie asubjective et existence, éd. par Renaud Barbaras,
Milan, Mimesis, 2007, p. 49-69 ; « Die Lehre des Erscheinens bei Jan Patočka.
Drei Probleme », Studia phaenomenologica, vol. VII, 2007, p. 303-329.
12. Frédéric Jacquet, « Vie et existence : vers une cosmologie phénomé-
nologique », Les études philosophiques, n° 3, 2011, p. 395-419.
13. Marion Bernard, « Le monde comme problème philosophique »,
Les études philosophiques, n° 3, 2011, p. 351-373.
14. Edmund Husserl, Notes sur Heidegger, trad. par Didier Franck,
Paris, Minuit, 1993, p. 37.
15. Notons sur ce point que Patočka n’est pas le seul penseur, de son
côté du Rideau de fer qui divisait à son époque l’Europe, à se pencher sur des
thèmes d’intérêt plutôt régional (au sens géographique). Constantin Noica
peut être regardé jusqu’à un certain point comme son équivalent roumain,
par son autorité culturelle (et par celle de ses disciples), par l’intérêt commun
pour la pensée grecque (pour Noica, il s’agit surtout de Platon, dont il a
soigné, avec ses disciples, la première traduction intégrale en roumain), par
l’intérêt pour Hegel, dont ils étaient tous deux d’excellents connaisseurs et,
sans oublier les différences, par leur conflit avec le régime politique institué ;
et étrangement, aussi par un retour à des thèmes locaux et nationaux :
Noica a longtemps essayé de faire valoir les potentialités philosophiques
de sa langue, et la figure culturelle locale dont il a tenté de faire connaître
le plus en détail possible les contributions ignorées (son Comenius à lui) a
été le poète romantique Mihai Eminescu. Malheureusement, les similarités
s’arrêtent là, car Noica n’a jamais emprunté la voie de la phénoménologie.
16. Patočka lui-même réfère au moins une fois – dans le texte de 1970
portant sur la possibilité d’une phénoménologie asubjective – la pensée du
« second Heidegger, celui de la Kehre » à l’acte, pour autant qu’elle « fait
Considérations préliminaires :
la reprise de la définition
aristotélicienne du mouvement
3. ADS, p. 253.
4. Lettre à Robert Campbell du 20 mars 1964 citée par Erika Abrams
dans l’Avertissement de sa traduction (ADS, p. 12).
7. PP, p. 19.
8. PP, p. 25.
9. PP, p. 108.
10. PP, p. 107.
11. MNMEH, p. 102.
12. MNMEH, p. 250 et p. 263.
13. Par exemple, MNMEH, p. 270-271.
14. PP, p. 156. Nous avouons ne pas entrevoir la nécessité de distinguer,
comme le fait Émilie Tardivel, entre « la réalisation d’une possibilité » et
« l’actualisation d’une puissance » : « Il s’agit bien ici d’une version radicalisée
de la théorie aristotélicienne du mouvement : elle pose le primat du mouvement
sur le substrat, et donc n’envisage plus la manifestation comme l’actualisation
d’une puissance, mais comme la réalisation d’une possibilité » (id., p. 142). Il
nous semble pour notre part que la théorie aristotélicienne du mouvement
n’a pas tant besoin d’être radicalisée que dédogmatisée, pour que l’équation
« mouvement – réalisation des possibilités » puisse être posée.
Motus nec simpliciter actus nec mera potentia est, sed actus
entis in potentia […] ? » Pascal considère à son tour que
c’est là tout sauf une définition, et loue au contraire la
sagesse propre à la géométrie, qui « ne définit aucune de
ces choses, espace, temps, mouvement, nombre, égalité,
ni les semblables qui sont en grand nombre, parce que
ces termes-là désignent si naturellement les choses qu’ils
signifient, à ceux qui entendent la langue, que l’éclaircis
sement qu’on en voudrait faire apporterait plus d’obscurité
que d’instruction 20 ».
Mais le refus de définir le mouvement n’est-il pas
précisément refus de le penser dans sa simplicité même ?
Et la mention de l’acte et de la puissance dans la définition
aristotélicienne introduit-elle vraiment une composition
dans la simplicité ?
1. La circularité de la définition
aristotélicienne du mouvement
aussi la très belle formulation de Physique VIII, 1, 250b13, que Patočka juge
« saisissante » (MNMEH, p. 129), selon laquelle le mouvement serait la vie
des choses, immortelle qui plus est. Si la vie s’identifie à un mouvement,
l’acte sans mouvement que cherche Aristote n’aura dans la vie ou dans la
perception que de pâles avatars, qui lui ressemblent seulement pour autant
qu’ils sont des mouvements plus parfaits que le mouvement banal des étants,
mouvement imparfait qui a son résultat en dehors de soi.
26. Pierre Aubenque, op. cit., p. 442.
27. Aristote, Métaphysique, Θ, 9, 1051a33.
28. Aristote, Métaphysique, Θ, 8, 1049b24.
71. « […] le mouvement comme vie originelle qui ne reçoit pas son
unité du substrat conservé, mais crée elle-même sa propre unité et celle de
la chose en mouvement. Seul le mouvement conçu de cette manière est
mouvement originel » (MNMEH, p. 103). Voir aussi PP, p. 35.
105. Cf. Pierre Aubenque, op. cit., p. 471. Nous devons évoquer ici, même
brièvement, son traitement du problème du to ti en einai, ou de l’imparfait
de l’essence (quod quid erat esse : quidditas), et sa très belle analyse (admirée
par d’autres interprètes d’Aristote : voir par exemple Rémi Brague, op. cit.,
p. 413, note 37) du singulier passage que l’on trouve dans Météorologiques,
IV, 12, 389b31 sq., où Aristote affirme, en reprenant et en généralisant une
sentence célèbre de Solon, que seule la mort – la fin du mouvement – nous
montre ce que la chose était en vérité : c’est seulement là que l’on a sa forme
finale ou, autrement dit, c’est seulement au terme du mouvement que l’on
trouve le substrat, sédiment de celui-ci. Patočka connaissait sans doute
lui-même ce passage (que Rémi Brague qualifie pour sa part d’« étrange »)
ou, du moins, rejoint sa conclusion en tant qu’elle est latente dans le sens
général de la pensée aristotélicienne du mouvement. Il écrit ainsi, dans le
texte de 1964, après avoir rappelé qu’à l’être aristotélicien « appartiennent
d’emblée » le dynamisme, le mouvement et la vie (MNMEH, p. 134) :
« Chez Platon, toute vie est une imitation plus ou moins imparfaite de la
forme ; chez Aristote, toute forme est un sédiment de la vie. »
Le vocabulaire du possible
et le mouvement
12. « Le corps est existentialement l’ensemble des possibilités que nous
ne choisissons pas, mais dans lesquelles nous nous insérons, des possibilités
pour lesquelles nous ne sommes pas libres, mais que nous devons être. Cela
ne signifie pas qu’elles n’aient pas le caractère de l’existence, c’est-à-dire
de ce qui m’est imposé dans son unicité et que je dois assumer et réaliser.
Mais c’est seulement sur leur fondement que sont ouvertes les possibilités
“libres” » (MNMEH, p. 94).
14. « Dans quelle possibilité ? N’est-ce pas tout à fait clair ici que quelque
chose doit être déjà là, avant les possibilités libres que projette l’homme
pragmatique, celui qui travaille ? L’homme pragmatique vit toujours déjà à
distance des réalités. C’est ce qu’atteste le phénomène originaire du monde,
car le monde est ce qui nous place constamment dans l’alternance du présent
et de l’absent, ce qui fait que nous ne nous en tenons jamais au pur présent.
Pour nous, l’affectivité n’est qu’un moment du monde ; elle est – pour autant
du moins que nous ne soyons pas tout à fait “emportés” par l’affect – un
se-trouver, une disposition, un simple tremplin du projet libre. Mais les
mots mêmes de Heidegger […] ne présupposent-ils pas un stade de la vie
où il n’y a pas encore de prédominance active, où ne vit aucune distance à
l’égard des choses, où ce qui, pour nous, représente un simple moment, est
un caractère global propre à la temporalité, ainsi qu’un rapport spécifique
au monde ? Cela nous amène à la question du mode d’être de l’animal et
de l’enfant. Le rapport pré-linguistique au monde, propre à l’animal et à
l’enfant, est un rapport de sentir pur » (PP, p. 100-101).
15. Voir PP, p. 102, mais aussi BCLW, p. 137-139.
Cela dit, il est à noter que ce mode de vie, cette consonance avec le
monde est, d’une certaine manière, intégralement conservée dans
notre sensibilité. Notre sensibilité aussi est essentiellement rapportée
à la possibilité fondamentale de l’homme qui consiste en ce qu’il
est, selon le mot de Heidegger, « toujours en chemin vers quelque
part (immer unterwegs) ». L’homme lui aussi est constamment
en mouvement […]. Ce contact affectif-impressionnel avec le
Il est bien évident que c’est uniquement parce que je peux que
les choses se découvrent à moi dans le contexte de ce « pouvoir »,
comme ce qui en rend le jeu, la réalisation, possible ou impossible ;
mais, de même, si le moi qui peut se montre dans son « pouvoir »,
c’est uniquement parce que les choses comportent des appels à
la réalisation. Les données de chose et les appels à la réalisation
sont co-originaires. Je n’aurais aucune possibilité s’il n’y avait
pas de moyens en vue de mes possibilités, en vue de mes fins ;
c’est dire que, sans mon action, je ne pourrais moi-même me
découvrir, « m’ouvrir », me comprendre, pas plus que les choses
ne pourraient se montrer.
Ce n’est donc pas moi qui crée les possibilités, mais les possibi-
lités qui me créent. Les possibilités viennent à moi du dehors,
du monde qui est pour elles un cadre dans lequel les choses se
montrent comme moyens et moi-même comme réalisateur des
fins auxquelles servent ces moyens, comme celui qui a eu toujours
déjà des possibilités se manifestant dans la réalisation 19.
24. « Le monde, c’est-à-dire les possibilités de notre propre être comme
être essentiellement “ekstatique”, ne nous est pas ouvert par notre liberté
propre. Cette liberté même est ouverte par la compréhension de l’être,
avec tout le reste de la teneur phénoménale du monde » (« Le subjectivisme
de la phénoménologie husserlienne et l’exigence d’une phénoménologie
asubjective », QQP, p. 215-216).
38. « En effet, la sensation semble bien être une certaine altération »
(Aristote, De anima, II, 4, 415b24, trad. Tricot, p. 89). Et aussi : « La
sensation résulte d’un mouvement subi et d’une passion » (De anima, II, 5,
416b34, trad. Tricot, p. 95). L’existence nécessaire du milieu de la sensation
est par ailleurs déduite par Aristote de cette interprétation de la sensation
comme pâtir (cf. De anima, II, 7, 419a17-20).
39. Pierre Rodrigo, dans l’étude intitulée « Sentir, nommer, parler » (in
Aristote, l’eidétique et la phénoménologie, Grenoble, Jérôme Millon, 1995,
p. 55-74) tente une explication de l’énigmatique passage du De anima, III,
2, 426a27-29 et soutient qu’Aristote y propose une théorie de la sensation
(commune) comme étant déjà signifiante, déjà logos. La démonstration se
laisse formuler comme un double syllogisme, la conclusion sous-entendue
du premier devenant la majeure du deuxième. Cela donne, en résumé : la
voix en acte est un accord (symphonia) ; la voix et l’ouïe sont une seule et
même chose (en acte) (donc l’ouïe en acte est un accord) ; l’accord est déjà
logos (proportion), d’où la conclusion finale : l’ouïe est elle aussi logos. Cette
conclusion, généralisée, montrera contre la théorie de l’âme harmonie (selon
laquelle l’âme ne sent que « parce qu’elle pâtit en proportion du mélange
des qualités sensibles qui l’affecte, en le reproduisant harmoniquement en
elle », op. cit., p. 72) que toute sensation est déjà logos, pour autant que le
sentir n’est pas seulement pâtir, mais aussi acte (voire, qu’il est surtout
acte, dans la mesure où il est signifiant). Cela veut dire que la définition
de la perception comme passive – relevant du possible, nous aurions envie
de traduire – n’était que provisoire, n’était qu’un point de départ. (Pour
illustration, citons le De anima, II, 5, 417a14-16, trad. par P. Rodrigo,
op. cit., p. 66 : « Nous commençons notre exposé comme si pâtir, être mû,
être en acte était une seule chose » ; dans la traduction de Tricot, p. 96-97 :
« Exprimons-nous donc d’abord comme s’il y avait identité entre pâtir et
être mû d’une part, et agir d’autre part »). Encore plus important pour nous
est le fait qu’Aristote semble bien dépasser ici le traitement de la percep-
tion en termes de puissance, en étant parfaitement conscient du risque de
dualisme qui s’y cache ; car après tout, la théorie de l’âme harmonie est
une illustration insigne du dualisme platonicien, dualisme que le sentir en
acte – l’effectivité du sentir – contredit immédiatement, par l’unité qu’il
instaure entre l’âme et le monde.
40. Aristote, De anima, III, 2, 425b26, trad. Tricot, p. 154.
41. C’est pourquoi Renaud Barbaras a pu écrire que « curieusement,
la perspective d’Aristote est la seule grande pensée de la perception que
Merleau-Ponty ignore » (« La puissance du visible. Le sentir chez Merleau-
Ponty et Aristote », in Le tournant de l’expérience, Paris, Vrin, 1998, p. 14).
atteint un a priori dynamique, historique, fini (cf. art cit., p. 278 et p. 281).
Au contraire, nous considérons que c’est Merleau-Ponty qui reste le plus
exposé au risque d’essentialisme, en raison du privilège qu’il continue à
accorder, malgré tout, au possible.
Bien sûr, ce que Patočka vise ici n’est pas une décompo-
sition analytique de l’apparaître, mais, comme nous avons
pu le suggérer, la mise au jour de son unité fondamentale.
L’apparition du monde et sa polarisation dans une struc-
ture d’horizon par un sujet ne sont que les moments d’un
unique mouvement, d’un même événement originaire.
Puisque le monde est une totalité indéfiniment ouverte
et puisque tout apparaître est aussi annonce et apparition
(négative) d’un monde, toute présence comporte une
marge d’indéfini qui est la marque même de sa monda-
néité. La lecture inverse nous conduit au même résultat :
l’apparition de l’apparaissant pour un sujet veut dire que
celui-ci est toujours orienté par la structure d’horizon,
qu’il est toujours en perspective, qu’il garde, outre sa
proximité, une distance qui l’empêche d’accéder à une
plénitude de donation. La composante subjective, comme
simple moment de l’apparaître, ne garde aucune posi-
tivité 52 ; elle est seulement un pôle du mouvement, régi
par la structure évacuation – remplissement, par lequel
l’apparaître lui-même fait (si l’on peut dire ainsi) que,
d’un même geste, c’est un monde qui apparaît et que
c’est à un pôle subjectif que le monde apparaît.
[…] le mouvement rassemble, relie les unes aux autres les déter-
minations d’un même substrat […], les rend simultanément
actuelles. Ainsi, le mouvement de mûrissement d’une pomme
occasionne la rencontre, sur un même substrat, de la douceur, de
la grosseur, d’une couleur spécifique, d’une odeur etc. Comme
ce sont les déterminations du substrat que nous élucidons en
employant le mot « est », « il y a », il s’ensuit que c’est le mouvement
est caché) serait autant décisif que problématique pour le projet merleau-
pontien. Nous essaierons de montrer, au 1er chapitre de notre 2e partie,
son rôle dans l’oscillation de la conception merleau-pontienne du temps,
entre la Phénoménologie de la perception et Le visible et l’invisible, et nous
allons confronter ses résultats aux apories aristotéliciennes du temps (qui
sont en fait les apories du mouvement) pour clarifier, par effet de contraste,
ce qui nous apparaîtra comme la reconduction patočkienne du temps au
mouvement. Nous allons également retrouver brièvement le concept de
chair pour examiner sa pertinence, tant comme moyen d’unification de la
spatialité (dans le 2e chapitre de notre 2e partie) que comme description de
la corporéité propre (1er chapitre de notre 3e partie).
62. Nous remercions Frédéric Jacquet de nous avoir suggéré cette
hypothèse.
1. AT, p. 326.
2. « Notes sur la préhistoire de la science du mouvement », in MNMEH,
p. 9 ; « Méditation sur Le monde naturel comme problème philosophique », in
MNMEH, p. 105 ; « Qu’est-ce que l’existence ? », in MNMEH, p. 262-263.
3. Telle qu’elle est posée par Heidegger dans Sein und Zeit, p. 328-329 :
« Les phénomènes du à…, du vers… et du auprès… révèlent la temporalité
comme l’ekstatikon sans réserves. La temporalité est le “hors-de-soi” origi-
naire en et pour soi-même. Nous appelons par conséquent les phénomènes
caractérisés de l’avenir, de l’être-été, du présent les ekstases de la temporalité.
Celle-ci n’est pas tout d’abord un étant, qui ensuite sort de soi, mais son essence
est la temporalisation dans l’unité des ekstases. » Sur la notion d’ekstatikon
chez Heidegger et Aristote, voir la contribution de Christophe Bouton :
« À la source du temps », Les études philosophiques, n° 2, 2003, p. 261-282.
1. La première reconduction de
la temporalité au mouvement
5. MNMEH, p. 51.
6. MNMEH, p. 51.
7. MNMEH, p. 51.
8. Pour la détermination par Heidegger du sens de l’être à partir de la
temporalité, la référence sans doute la plus importante est le § 83 de Sein
und Zeit, le dernier de la partie publiée de l’ouvrage. Il faut néanmoins noter
que cette détermination se fait, à cet endroit précis, plutôt sur une forme
interrogative, et que le projet ainsi esquissé (celui de la 3e section de Sein und
Zeit, que Heidegger aurait détruite) n’a pas véritablement abouti. L’ouvrage
se clôt en effet sur ces questions : « La constitution ontologico-existentiale de
la totalité du Dasein se fonde dans la temporalité. Par suite, il faut qu’une
guise de temporalisation originaire de la temporalité ekstatique possibilise
elle-même le projet ekstatique de l’être en général. Comment ce mode de
temporalisation de la temporalité doit-il être interprété ? Un chemin conduit-il
du temps originaire au sens de l’être ? Le temps lui-même se manifeste-t-il
comme horizon de l’être ? » (Heidegger, Sein und Zeit, p. 437).
9. PP, p. 262.
17. « Dans le mouvement qui accentue les choses et les tâches présentes,
la passivité est supprimée dans la mesure où l’on tire parti des potentialités
données afin de modifier le présent » (MNMEH, p. 106).
18. Cf. MNMEH, p. 42.
24. C’est cette onticisation qui fait que, par exemple, le sacré est chez
les « primitifs » toujours localisé et facilement localisable (une certaine forêt,
une certaine rivière, et pas d’autres) : parce qu’il est essentiellement dans le
passé, il a été quelque part, et non pas ailleurs. Au contraire, une tempo-
ralisation à partir du futur, dont la source n’est donc plus ontique, mais
ontologique, conduit à une vision du sacré comme diffus et peu susceptible
d’une localisation sans reste.
25. MNMEH, p. 257.
26. EH, p. 206.
30. Par exemple, au § 31 de Sein und Zeit (p. 145), Heidegger écrit :
« Pourquoi le comprendre, selon toutes les dimensions essentielles de ce qui
peut être ouvert en lui, perce-t-il toujours jusqu’aux possibilités ? Parce que
le comprendre a en lui-même la structure existentiale que nous appelons le
projet. […] Le caractère de projet du comprendre constitue l’être-au-monde
du point de vue de l’ouverture de son Là comme Là d’un pouvoir-être. Le
projet est la constitution existentiale d’être de l’espace de jeu du pouvoir-
être facticiel. Et en tant que jeté, le Dasein est jeté dans le mode d’être du
projeter. […] Le comprendre est, en tant que projeter, le mode d’être du
Dasein où il est ses possibilités comme possibilités. »
Nous disons donc que notre vie est déterminée en tant que mouve-
ment. Il s’ensuit une conséquence importante : ce mouvement
36. Patočka écrit par exemple (PP, p. 212) : « La nature toujours
présente, c’est le jour et la nuit, la terre et le ciel. »
37. « Mais le ciel est lui aussi donateur du où au sens insigne. […] Et
il est de surcroît donateur de toute clarté, donateur, partant, de tout savoir
concernant le proche dans son contraste avec le lointain » (MNMEH, p. 32).
38. PP, p. 212.
Nous rencontrons ici, non pas ce qui est, mais ce qui n’est pas
encore, ce qui est « retenu », « tenu en réserve », (non pas une
chose, quelque chose de déjà réel, mais) au principe, si bien que
seul ce qui est ainsi « en réserve » rend possible le réalisateur, et
son action en tant qu’action 53.
65. Une première version de cette analyse est parue dans la revue
Chiasmi International, vol. 15, 2013, p. 81-93.
66. Patočka ne manque pas de présenter les deux apories dans son
Aristote (ADS, p. 203) : « Ainsi le temps se compose, selon cette façon de
voir, de deux irréels, entre lesquels se dresse la limite également irréelle
du “maintenant”. Le “maintenant” lui-même est frappé d’une absurdité
semblable : il ne peut ni être toujours autre ni demeurer toujours le même ».
Pour la présentation de la première aporie, voir Physique IV, 10, 218a 3-6 :
« Outre cela, de toute chose divisible, si elle existe, il est nécessaire, quand elle
existe, ou bien que toutes ses parties existent, ou bien quelques-unes. Mais
du temps des [parties] sont passées, les autres à venir, mais aucune n’existe,
alors qu’il est divisible. Quant au maintenant, ce n’est pas une partie [du
temps]. » (Trad. par Pierre Pellegrin, p 246.) Rémi Brague la présente dans
Aristote et la question du monde (op. cit., p. 245). Pierre Aubenque l’analyse
dans le chapitre « Le temps extatique » de son livre (op. cit., p. 436). Pour
la deuxième aporie, voir Physique IV, 10, 218a 9-10 : « De plus, le main-
tenant qui semble bien distinguer le passée et l’avenir, il n’est pas facile
de voir s’il demeure toujours un et identique ou s’il est sans cesse autre »
(trad. P. Pellegrin, p. 247), mais aussi Physique IV, 11, 219b 32-35 : « Le
maintenant est donc en un sens toujours le même, en un sens n’est pas le
même, et il est de même de l’objet transporté. » (Id., p. 255.) Pour Pierre
Aubenque, voir op. cit., p. 436, mais aussi p. 443, où les deux apories du
temps sont reconduites aux apories classiques du mouvement, explicitées
comme suit : « 1) Comment l’être peut-il provenir du non-être ? 2) Comment
le même peut-il devenir autre ? »
67. Patočka invoque par exemple en 1973, dans son séminaire Platon
et l’Europe, le nom qu’Héraclite donne à la présentité stationnaire de
la manifestation : aei eon (« une fois pour toutes », cf. PE, p. 74). Nous
pouvons en inférer l’identité du maintenant (le présent de la présentité)
et de l’éternité (eon).
champ perceptif lui-même, qui traîne après lui son horizon de rétentions
et mord par ses protentions sur l’avenir » (Merleau-Ponty, Phénoménologie
de la perception, p. 478).
72. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, p. 484. À propos
de la conception husserlienne de la temporalité comme flux immanent,
annonçons déjà la question que formulera Patočka (LS, p. 208) : « La
“continuité intérieure” n’est-elle pas une “extension” remarquable, une
tension qui reçoit son sens moins du présent qui chaque fois s’enfuit, que
des points limites entre lesquels se tend son horizon ? La temporalité précède
le flux du temps et sa permanence. »
88. « En effet, du fait que […] le mouvement est continu [il suit que]
le temps [l’est aussi] », Physique, IV, 11, 219a 2-4 (trad. P. Pellegrin, p. 251).
89. Aristote écrit : « Que donc le temps ne soit ni un mouvement ni
sans mouvement, c’est manifeste. Il faut donc saisir, puisque nous cherchons
ce qu’est le temps, en commençant par là, ce qu’il est pour le mouvement ».
Physique, IV, 11, 219a 1-3 (trad. P. Pellegrin, p. 250, nous soulignons).
Patočka prend bien en compte cette dépendance du temps par rapport
au mouvement dans la présentation qu’il donne des chapitres 10 et 11 du
livre IV de la Physique dans son Aristote (voir notamment ADS, p. 203).
qui n’est pas là d’emblée sous une figure achevée, quelque chose
plutôt qui, préparé dans toutes les singularités, demeure toujours,
en un certain sens, à-venir, aussi longtemps que la composition
se fait entendre 90.
92. PP, p. 273, nous soulignons. Fragment du début des années 1970
rédigé en relation directe au texte de 72 sur la cosmologie de Fink.
son intégralité une citation déjà analysée supra (cf. notre sous-chapitre 2.3 :
« La deuxième reconduction du temps au mouvement »).
95. Cette aporie pourrait aussi bien être reconduite aux analyses husser-
liennes de la temporalité immanente de la conscience. Nous renvoyons sur
ce point à l’ouvrage d’Émilie Tardivel, La liberté au principe, op. cit., § 11 :
« La contradiction du nunc stans ».
4. Conclusion. La métaphore
de la rivière et les trois mouvements
de l’existence humaine
97. Nous sommes donc d’accord pour dénoncer, avec Émilie Tardivel, la
« confusion entre les mouvements et leur mode de temporalisation » (op. cit.,
p. 153) et pour soutenir que dans chaque mouvement de l’existence s’opère
une temporalisation à part entière (id., cf. p. 162, cf. p. 204).
99. Nous n’aurions pas osé donner cet exemple si Patočka lui-même
n’avait pas invoqué Mark Twain, il est vrai, dans un autre contexte (pour
illustrer l’écart entre la disposition respective du capitaine et d’un voyageur
sur un même navire voguant sur le Mississippi). Cf. PP, p. 63.
100. Si l’on pense à la figure de Thalès, on peut sans doute affirmer que
la métaphore aquatique est présente en philosophie dès son commencement,
et le recours à elle pour penser la physis comme écoulement s’est manifesté
très tôt à travers le panta rhei d’Héraclite. Rappelons aussi la célébrissime
sentence héraclitéenne selon laquelle on ne peut pas se baigner deux fois dans
la même rivière, sentence qu’Aristote invoque dans le cadre de son analyse
du lieu propre pour dire qu’une partie du fleuve peut être quand même
immobile (cf. Physique, IV, 4, 212a12-20). Virgil Ciomoş commente ce
passage important dans Timp şi eternitate [Temps et éternité], op. cit., p. 183.
Espace et spatialisation.
Les deux sources théoriques
de la proto-structure
spatialisante je – tu – ça
1. Présentation de la proto-structure
spatialisante
7. « Le sujet ne parvient pas d’un seul coup à saisir les relations géomé-
triques, dans la formalité qui les dote de leur efficacité pour la science, mais
n’y arrive que par un processus que nous avons qualifié de géométrisation
des relations empiriques » (QQP, p. 42).
8. QQP, p. 40.
9. Cf. QQP, p. 43.
10. QQP, p. 43.
39. PP, p. 109. Pour une telle interprétation, voir par exemple, Renaud
Barbaras, Le mouvement de l’existence. Études sur la phénoménologie de Jan
Patočka, op. cit., p. 100, note 1.
40. QQP, p. 55.
41. QQP, p. 54.
70. Patočka analyse en détail cette dynamis du topos dans son Aristote
(ADS, p. 286-287).
71. QQP, p. 74.
72. QQP, p. 74.
73. « De plus, les transports des corps naturels simples, par exemple du
feu, de la terre et des [corps] de ce genre, non seulement montrent que le lieu
est une certaine chose, mais aussi qu’il a une certaine puissance. Chacun, en
effet, est transporté [R. Brague traduit ici phéretai par « se porte », cf. op. cit.
p. 294, n. n.] vers son lieu quand il n’en est pas empêché, l’un vers le haut,
l’autre vers le bas. Or ce sont là des parties et des espèces de lieu, le haut, le
bas, et le reste des six directions ». Et Aristote de poursuivre : « Mais celles-ci,
le haut et le bas, la droite et la gauche, n’existent pas seulement par rapport à
nous » (Aristote, Physique, IV, 1, 208b8-16, trad. P. Pellegrin, p. 202-203).
Bien sûr, dès lors que l’individu acquiert le pouvoir sur son
corps, dès lors qu’il devient maître de son mouvement, la puis-
sance universelle doit elle-même se découvrir phénoménalement
comme repère immobile de tout son mouvement […]. Car ce
n’est pas nous qui sommes le centre auquel nous rapportons
les choses (bien que les choses se découvrent à nous dans un
rapport à nous-mêmes et que nous soyons liés en tout à notre
vie propre), mais nous-mêmes nous nous rapportons aux choses
dans le monde et avant tout à la […] terre 142.
163. Mais on peut considérer, avec Jocelyn Benoist, que « de ce point de
vue là, on ne soulignera jamais assez le point auquel Heidegger, qui exhibe
l’impensé de l’hégélianisme (la structure onto-théologique de la métaphy-
sique), peut rester hégélien, et, plus généralement, tout ce que “destruction”
peut comprendre de “répétition” » (J. Benoist, art. cit., p. 105).
164. J. Benoist, art. cit., p. 105.
En ce sens, le langage, qui n’est pas encore parole mais certainement ce qui
la fondera, peut être considéré comme la condition même de la perception »
(art. cit., p. 129). Comme Renaud Barbaras le montre clairement, il existe
donc chez Patočka un sens spatial originaire du logos, un proto-langage qui
n’est pas dépendant de la temporalité, mais qui est justement l’interpellation
et la conversation dans lesquelles s’ouvre le monde et donc, aussi, la tempo-
ralité de la compréhension. Patočka échapperait en ce sens à l’objection de
dé-spatialisation (entendre : hyper-temporalisation) du logos que Jocelyn
Benoist reproche à Heidegger comme à toute la métaphysique.
en 1931), au § 53, Husserl s’arrête à son tour sur la dialectique ici – là-bas
pour décrire les rapports entre ego et alter ego.
199. M. Heidegger, « Zeit und Sein », in Zur Sache des Denkens,
Gesamtausgabe, tome 14, éd. par Friedrich-Wilhelm von Herrmann,
Francfort, Klostermann, 2007, p. 29 ; trad. fr. (modifiée) par Jean Lauxerois
et Claude Roëls, in Questions IV, Paris, Gallimard, 1976, p. 46.
200. M. Heidegger, Sein und Zeit, p. 105, Gesamtausgabe, tome 2,
p. 140 (apud D. Franck, op. cit., p. 82).
205. D. Franck, op. cit., p. 59. Voir aussi p. 54-55, p. 62, p. 71, p. 77.
206. D. Franck, op. cit., p. 84.
207. D. Franck, op. cit., p. 69.
208. « La chair du monde, c’est de l’Être-vu, i.e. c’est un Être qui est
éminemment percipi » (Merleau-Ponty, Le visible et l’invisible, p. 304).
209. Rappelons ici le passage, déjà évoqué dans notre chapitre sur le
temps, où Heidegger appréhende l’éloignement selon l’échelle du temps :
ma maison n’est pas loin, c’est une promenade, « le temps de fumer une
pipe » (Sein und Zeit, p. 105, apud D. Franck op. cit., p. 85). Et soulignons
à nouveau que tout comme « se promener jusqu’à la maison » n’est pas,
simplement une distance, « fumer une pipe » n’est pas simplement une
durée, mais les deux donnent respectivement une distance et une durée
parce qu’ils sont d’abord des mouvements.
213. Dans ses notes préparatoires pour son cours de 1968-1969, après
avoir repris les résultats de « L’espace et sa problématique », notamment la
proto-structure je – tu – ça, Patočka écrit (PP, p. 93) : « Notre tentative
pour saisir la structure […] qu’est la manière d’être dans l’espace se voulait
une étude phénoménologique. Étude qui pour autant n’a pas emprunté la
méthode husserlienne de la réduction à la conscience pure et de la constitution
de l’objectité dans la pureté immanente de la subjectivité transcendantale. »
216. Notre propos pourrait être atténué par l’invocation du recours que
fait parfois Heidegger, dans les années 1930, à une thématisation de l’être
comme possible. Pour ne citer qu’un seul exemple, dans le fragment 267 des
Beiträge zur Philosophie intitulé « Das Seyn (Ereignis) », Heidegger écrit :
« que l’être est et ne devient rien d’étant, cela s’exprime avec le plus d’acuité
comme suit : l’être est possibilité, il est ce qui n’est jamais subsistant […] »
(Beiträge zur Philosophie, Gesamtausgabe, tome 65, éd. par Friedrich-Wilhelm
von Herrmann, Francfort, Klostermann, 1989, p. 475). Cette mobilisation
du concept de possible est commandée par la critique heideggérienne de la
métaphysique et par ce que Heidegger appelle, toujours dans les Beiträge,
le primat de l’effectivité (cf. id., p. 281) à l’œuvre dans toute la pensée
métaphysique. Ceci dit, l’effectivité à critiquer ici est bien celle de l’étant,
et affirmer que l’être est possibilité revient tout simplement à dire que
l’être n’est pas effectif comme l’étant est effectif. Ce dispositif nous semble
conduire finalement Heidegger à la recherche, non pas d’un sens possible de
l’être, mais bien de sa manière propre d’être effectif (autre que l’effectivité
de l’étant). Et le résultat, l’Ereignis, dans son événementialité constitutive,
n’est pas, bien évidemment, le possible de l’être, mais son effectivité propre
(et différente de l’effectivité de l’étant).
Un autre concept possibilisant référé par Heidegger à l’être dans les
années 1930 et 1940, celui de Mögen, pourrait lui aussi servir de contre-argu-
ment à notre lecture. En effet, dans la très célèbre « Lettre sur l’humanisme »
de 1946, après avoir reconduit ce que peut la pensée au possible (Mögliche)
en tant que Mögen (désir, amour, bienveillance) de l’être, Heidegger écrit :
« L’être en tant que ce qui peut en aimant (vermögend-mögende) est le
“poss-ible” (das Mög-liche) » (Wegmarken, Gesamtausgabe, tome 9, éd. par
Friedrich-Wilhelm von Herrmann, Francfort, Klostermann, 1976, p. 316 ;
trad. fr., p. 71). La bienveillance de l’être est ce qui fait que l’étant est, ce
qui laisse être l’étant, ce qui assure la présence du présent. Mais ce faisant,
le Mögen est loin d’être tout simplement du possible. La puissance de l’être
est bien identifiée par Heidegger à la force tranquille du possible – une force
qui, bien que « tranquille » (stille), reste toujours en acte dans l’energeia de
l’Ereignis. Pour toutes ces raisons, nous considérons que le diagnostic de
Patočka reste néanmoins correct, lorsqu’il réfère lui-même la pensée du
« second Heidegger, celui de la Kehre » à l’acte, pour autant qu’elle « fait
apparaître, dans son accomplissement phénoménalisant, l’être qui, dans
le sum, entre […] dans la lumière de l’energeia » (QQP, p. 187). Pour un
traitement rigoureux et détaillé de la question du possible chez Heidegger
(mais aussi chez Husserl), nous renvoyons à la thèse de doctorat de Claudia
Serban : Le possible selon Husserl et Heidegger, soutenue à l’université Paris-
Sorbonne (Paris-IV) le 13 décembre 2013.
29. Ainsi, concernant les couleurs, Patočka cite plus loin (dans ce même
cours de 68-69) la Phénoménologie de la perception : « Il ne faut donc pas se
demander comment et pourquoi le rouge signifie l’effort ou la violence, le
vert le repos et la paix, il faut réapprendre à vivre ces couleurs comme les
vit notre corps, c’est-à-dire comme des concrétions de paix ou de violence »
(Merleau-Ponty Phénoménologie de la perception, p. 256). Et à propos de
ce que signifie véritablement – et corporellement – la clarté, Patočka cite
encore Erwin Straus : « Dans les phénomènes intermodaux de clarté, nous
faisons l’expérience d’une relation du monde à nous [….]. Tout ce qui est
clair, spacieux, frais et alerte – l’allegro du langage musical – exerce sur nous
un effet libérateur […]. Au contraire, tout ce qui est sale et visqueux adhère
à nous et réduit notre liberté vitale » (E. Straus, Du sens des sens, Grenoble,
Jérôme Millon, 1989, p. 352-353).
30. MNMEH, p. 150.
31. MNMEH, p. 151.
only to one of its parts, to one particular experiencing, but to the very nature
of being human » (BCLW, p. 70-71).
45. Une notation du Journal de Maine de Biran mérite d’être invo-
quée ici, ne serait-ce qu’à titre de curiosité : « Qui sait tout ce que peut la
réflexion concentrée et s’il n’y a pas un nouveau monde intérieur qui pourra
être découvert un jour par quelque Colomb métaphysicien ? » (Maine de
Biran, Journal, tome 1, p. 176, apud Anne Devarieux, Maine de Biran :
L’individualité persévérante, Grenoble, Jérôme Millon, 2004, p. 392.) Husserl
a été peut-être le Colomb métaphysicien dont rêvait Maine de Biran, mais
du point de vue de Patočka la découverte du monde de l’intériorité n’est
aucunement la découverte d’un nouveau continent (et plus radicalement,
l’intériorité est un mythe, car « dans l’ego comme tel, il n’y a rien à voir »).
Ce qui est mis en avant ici est bien sûr le projet même
d’une phénoménologie asubjective, qui conteste la dona-
tion claire et immédiate de la conscience à soi-même et
qui conduit à un remaniement radical de la théorie de
la constitution de l’objet et du primat de l’égologique
qui s’y rattache.
Si les avancées de Husserl dans le traitement de la
corporéité seront prolongées, complétées et développées
par Patočka jusqu’aux dernières conclusions (ce qui, d’ail-
leurs, alimentera et motivera la profonde contestation de
la phénoménologie transcendantale husserlienne qu’est
le projet asubjectif), c’est toujours la considération du
corps propre qui donnera chair à l’une des critiques les
plus explicites que Patočka adresse à Heidegger. Bien
que les analyses que ce dernier consacre à la modalité
foncièrement praxique qui, en tant que compréhension,
définit notre commerce avec les choses – nos possibilités
de réalisation – suscitent l’adhésion à maintes reprises
réitérée de Patočka 50, néanmoins, dans le cours de 1968-
1969, il se demande :
54. PP, p. 209. Levinas formule dans Totalité et infini (1961) une critique
tout à fait similaire : « Il est curieux de constater que Heidegger ne prend
pas en considération la relation de jouissance. L’ustensile a entièrement
masqué l’usage et l’aboutissement au terme – la satisfaction. Le Dasein
chez Heidegger n’a jamais faim. La nourriture ne peut s’interpréter comme
ustensile que dans un monde d’exploitation » (op. cit., p. 108).
55. Un passage célèbre de Heidegger, tiré du cours marbourgeois de l’été
1928, parle cependant de la corporéité en termes de « dispersion facticielle » :
« Le Dasein en général recèle la possibilité interne de la dispersion facticielle
dans la corporéité et par conséquent dans l’être-sexué (Das Dasein überhaupt
birgt die innere Möglichkeit für die faktische Zerstreuung in die Leiblichkeit
und damit in die Geschlechtlichkeit) » (Martin Heidegger, Metaphysische
Anfangsgründe der Logik im Ausgang von Leibniz, Gesamtausgabe, tome
26, éd. par Klaus Held, Francfort, Klostermann, 1978, p. 173). Au même
endroit, Heidegger met au compte de la même « dispersion facticielle » la
spatialité du Dasein, ce qui justifie per a contrario l’interprétation de Didier
Franck (dans Heidegger et le problème de l’espace) déjà évoquée : irréductibles
à la temporalité, la chair comme la spatialité ne peuvent relever que d’une
« dispersion (Zerstreuung) du Dasein », donc finalement d’une manière
d’être déchéante. En effet, dans Sein und Zeit, la dispersion (Zerstreuung) est
explicitement mise en rapport avec la temporalité propre au Verfallen, qui ne
fait que présentifier (Sein und Zeit, p. 347). Voir à ce sujet le commentaire
de Derrida dans « Geschlecht », in Psyché, Paris, Galilée, 1987, p. 395 sq.
56. PP, p. 91. Et Patočka de poursuivre : « D’autres éléments encore de
la disposition, le plaisir et la douleur, qui à première vue semblent dépourvus
de “signification”, correspondent manifestement à une teneur de sens dont
l’état corporel est doté : ils sont l’état corporel dans le cadre du vivre global
qui se comprend soi-même » (PP, p. 91-92).
57. Cf. Heidegger, Sein und Zeit, p. 340.
63. Dans une lettre inédite à Robert Campbell datant du 1er mai 1964,
Patočka se déclare enchanté par Le visible et l’invisible à propos duquel il
écrit : « Ce sont des choses que Heidegger a négligées dans Sein und Zeit
où il omet l’incarnation dans la structure du Dasein. […] Celles-ci n’ont
été tentées que par Merleau. Un jour, il faudra les intégrer dans la structure
totale du Dasein, ce que Merleau n’a pu parfaire lui-même. »
64. Voir par exemple les annexes de « L’espace et sa problématique »
(QQP, p. 270).
65. La proto-structure est reprise dans l’Introduction à la phénoménologie
de Husserl de 1965 (voir par exemple QQP, p. 112-113 ; IPH, p. 209-210.),
et aussi dans le texte de 1967 sur « Le monde naturel et la phénoménologie »
(MNMEH, p. 35-36). En 1968 et 1969, la proto-structure spatialisante se
retrouve dans les « Leçons sur la corporéité » (PP, p. 78-79), mais aussi dans
la postface projetée pour la réédition tchèque, en 1969, du Monde naturel
comme problème philosophique (MNMEH, p. 110-111) et, en 1973, dans
le séminaire Platon et l’Europe (PE, p. 31).
66. PP, p. 93 ; pour l’équivalence des deux problèmes, voir aussi
MNMEH, p. 30, où l’orientation spatiale renvoie au corps propre, ou encore
MNMEH, p. 93-94, où la corporéité est identifiée à l’être en situation.
67. PP, p. 61.
Le corps personnel n’est pas une chose dans l’espace objectif. Il est
une vie qui, par elle-même, est spatialement, qui produit sa propre
localisation, qui se rend elle-même spatiale. Le corps personnel
n’est pas étant à la manière d’une chose, mais en tant que rapport,
ou plutôt se-rapporter à soi qui n’est le rapport subjectif qu’il est
qu’en faisant le détour à travers un étant étranger 68.
79. « Le moi a la perception interne de son existence dès qu’il peut
distinguer cette cause qui est lui de l’effet ou de la contraction rapportée
au terme organique qui n’est plus lui et qu’il met en dehors. Le fait primitif
[est] une force hyper-organique naturellement en rapport avec une résistance
vivante » (Maine de Biran, Essai sur les fondements de la psychologie, éd. par
Pierre Tisserand, Paris, Alcan, 1932, p. 187 ; éd. par F.C.T. Moore, Paris,
Vrin, 2001, p. 125, apud PP, p. 56).
80. « Sens de l’effort, dont la cause devient moi par le seul fait de la
distinction qui s’établit entre le sujet de cet effort libre, et le terme qui
résiste immédiatement par son inertie propre » (Maine de Biran, Essai, éd.
Tisserand, p. 179 ; éd. Moore, p. 118).
81. Maine de Biran, Essai, éd. Tisserand, p. 206, apud PP, p. 57 (le
passage ne se retrouve pas tel quel dans l’édition Moore).
82. Ce n’est pas la première fois que nous rencontrons ce schéma
explicatif. Rappelons que le lieu propre était déjà donné chez Aristote comme
terme premier, comme première limite du mouvement.
102. PP, p. 57 ; Maine de Biran, Essai, éd. Tisserand, p. 206 (le passage
ne se retrouve pas tel quel dans l’édition Moore).
103. PP, p. 57 ; Maine de Biran, Essai, éd. Tisserand, p. 206 (le passage
ne se retrouve pas tel quel dans l’édition Moore).
104. « Cette force qui résiste absolument, qui annihile tous les faits de
l’impulsion motrice, qui suspend ou arrête le mouvement que la volonté a
déterminé, diffère bien essentiellement de la simple résistance musculaire,
résistance qui obéit ou cède toujours à l’effort voulu qui constitue le moi,
cause d’un effet qui lui est toujours proportionné : la contraction musculaire »
(Maine de Biran, Essai, éd. Tisserand, p. 374-375 ; éd. Moore, p. 282).
105. Maine de Biran, Mémoire, éd. Tisserand, p. 74 ; éd. Azouvi, p. 210.
106. Maine de Biran, Œuvres, IX-3, p. 214, apud Anne Devarieux, op. cit.,
p. 182, note 77. Dans son analyse détaillée, Anne Devarieux formule elle
aussi, à un moment donné, la thèse de cette co-dépendance de la résistance
extérieure et de la résistance du corps : « Le monde en tant qu’il me résiste
n’est pas loin de moi, mais au contraire à portée de moi » (id., p. 177).
107. Renaud Barbaras tire cette conclusion radicale dans L’ouverture
du monde (p. 190) : « Patočka va certainement plus loin [que Husserl et
Merleau-Ponty], et il nous paraît nécessaire de comprendre le corps au sens
spatialement déployé, le corps que je touche, non pas comme mon corps
[…], mais déjà comme un corps, comme le premier des corps. Entendons
par là que le corps propre, en tant que déjà objectivé et situé, ce corps que je
touche et vois, n’est déjà plus mon corps précisément parce que je le touche
et le vois. Il est seulement le plus proche, ce que je rencontre d’abord (et
toujours) dans la sphère de proximité. » Tout en suivant Renaud Barbaras
dans cette radicalisation, nous voudrions simplement ajouter et examiner
110. Et que Patočka reprend lui aussi synthétiquement, dans des notes
de travail qui se rattachent tant au cours de 1968-1969 qu’à la conférence
de Fribourg : « Longue marche pénible – le corps comme un fardeau qu’on
incite toujours à nouveau à avancer, qui se fait de plus en plus récalcitrant, de
plus en plus encombrant, nous obligeant à devenir de plus en plus l’énergie
qui se fraie un chemin de l’avant, énergie freinée, qui lutte contre ce qui
freine » (PP, p. 48). Cette description pourrait aussi bien se retrouver sous
la plume de Biran lui-même.
111. De ce point de vue, il nous semble que les considérations de
Patočka qui suivent le passage déjà cité de la conclusion de la conférence
de 1968 et que reprend Karel Novotný dans l’article déjà mentionné ne
doivent pas être interprétées comme le témoignage d’une impossibilité de
saisir théoriquement l’ajointement moi – corps/monde (Sich-Fügen). Ce
qui est impossible – plutôt improbable, selon Patočka – est de le « ressaisir
pleinement dans la conscience », c’est-à-dire de le ressaisir par exemple dans
le cadre d’une phénoménologie transcendantale comme celle de Husserl.
Aussi, quand Patočka affirme que le mouvement subjectif « ne pourra
jamais être compris, dans le fondement de ce qui le rend possible, à partir
116. Nous rendons ainsi sous une forme simplifiée la démarche de Patočka
qui écrit : « Notre existence est essentiellement corporelle, incarnée, et notre
corps propre, en tant que corps vivant, corps capable de se mouvoir, corps
sur lequel nous avons pouvoir, est le fondement de toute vie d’expérience »
(PP, p. 107). Ici, Patočka intercale une phrase explicative qui vise à préciser
pourquoi le pouvoir-se-mouvoir est fondement de l’expérience (ibid.) : « Le
pouvoir sur le corps, c’est l’être qui est tout ensemble compréhension de
ses possibilités les plus fondamentales, sans lequel la vie d’expérience qui
se comprend elle-même ne serait pas possible. » Et le syllogisme reprend
(ibid.) : « Pour cette raison, il faut dire encore : notre existence est de telle
espèce, non seulement que le mouvement lui appartient par essence, mais
qu’elle est, par toute sa nature, mouvement. »
117. Voir sur ce point MNMEH, p. 6.
118. Bien évidemment, la forme que donne Patočka à son raisonnement
est le syllogisme de vérité universelle de première figure, de type Barbara :
tous les grecs sont des hommes, tous les hommes sont des êtres animés, donc
tous les grecs sont des êtres animés. Mais si l’on devait partir de cette dernière
vérité attestable – nous, les grecs, nous avons évidemment une âme – et en
ajoutant que les grecs sont aussi des hommes, on devrait affirmer, à propos
des hommes – le vrai sujet qui nous intéresse – qu’ils sont quelque chose
de l’ordre de (une partie de) l’être animé. Le syllogisme, dans ce cas, est de
troisième figure, de type Darapti : de deux universelles affirmatives, on tire
come conclusion une particulière affirmative – dans notre cas, à partir des
prémisses : l’existence est mouvement, l’existence est corporelle, on conclut
que le corps est quelque chose (de l’ordre) du mouvement (son sédiment,
son terme). Par ailleurs, Patočka lui-même semble raisonner parfois de cette
manière, c’est-à-dire en commençant par poser l’existence comme mouve-
ment et en déduisant sa corporéité, par exemple dans la postface de 1969
(MNMEH, p. 105) : « La conception de l’existence en tant que mouvement
implique que l’existence est essentiellement corporelle. »
119. Le d’où et le vers où sont définis par Aristote comme les termes
du mouvement, et Patočka invoque régulièrement cette définition du
mouvement par ses termes.
120. Pierre Rodrigo, par exemple, l’interprète comme une récurrence,
cachée sous le nom du mouvement, du « modèle métaphysique de la plénitude
de l’être » (« L’émergence du thème de l’asubjectivité chez Jan Patočka », in
Jan Patočka. Phénoménologie asubjective et existence, éd. par Renaud Barbaras,
Milan, Mimesis, 2007, p. 29-47, p. 41 ; voir aussi L’intentionnalité créatrice,
Paris, Vrin, 2009, p. 110, où l’auteur accuse Patočka de ne pas avoir pensé
« la négativité ontologique qui, en toute rigueur, constitue le mouvement »).
125. Heidegger, Qu’appelle-t-on penser ?, p. 90 ; Was heisst denken ?, p. 51.
126. Quelques pistes ouvertes par Derrida nous ont servi partiellement
de jalons dans ce qui suit, bien que sa contribution ne nous semble avoir
rien d’une tentative rigoureuse de résoudre le problème et s’en tient le plus
souvent à la démarcation d’une difficulté dont l’attaque est soit allusive,
soit repoussée pour plus tard.
127. Derrida, Heidegger et la question, p. 196. Dans l’article intitulé
« Diachronie et représentation », Levinas étend ce constat à la phénomé-
nologie elle-même en notant : « Voir ou connaître et prendre en mains
sont noués dans la structure de l’intentionnalité » (Entre nous. Essais sur
le penser-à-l’autre, Paris, Grasset, 1991, p. 178). Virgil Ciomoş remarque
dans le même esprit, dans son analyse de l’âme en tant qu’incarnée et du
corps vivant chez Aristote : « L’Âme a la compréhension métaphysique de
l’objet parce que son anlaogon – la main – a, à son tour, la capacité de sa
préhension physique » (« Corps vivant et Limite incarnée. Sur la proto-
phénoménologie aristotélicienne de la chair », in Être(s) de passage, Bucarest,
Zeta Books, 2008, p. 34).
128. Heidegger, Qu’appelle-t-on penser ?, p. 90 ; Was heisst denken ?, p. 51.
129. Cf. Derrida, op. cit., p. 188.
130. Heidegger, Qu’appelle-t-on penser ?, p. 89 ; Was heisst denken ?, p. 50.
131. Derrida, op. cit., p. 188.
139. Nous avons exposé ce que nous avons appelé la double reconduc-
tion patočkienne de la temporalité au mouvement dans notre chapitre du
même nom, où nous avons également analysé la complicité qui existe entre
les extases temporelles et le possible.
Et il ajoute :
148. PP, p. 70-71. Patočka est ici plus proche de la position qui est
celle de Husserl dans L’origine de la géométrie, qui insiste sur la fonction
de sédimentation de l’écriture, sédimentation qui rend possible la réacti-
vation de l’évidence du sens (E. Husserl, L’origine de la géométrie, trad. par
Jacques Derrida, Paris, PUF, coll. « Épiméthée », 1995 [1962], p. 186 sq. ;
Husserliana, tome VI, éd. par Walter Biemel, La Haye, Martinus Nijhoff,
1954, p. 371 sq.)
149. PP, p. 71.
pragma (LS, p. 295). Sur le rapport entre organe et ustensile dans une pers-
pective heideggérienne, voir la contribution de Claudia Serban : « Capacités
de l’animal, potentialités de l’ustensile et possibilités du Dasein », art. cit.
159. « Le mouvement originaire ne serait pas alors dans l’espace, mais
vers l’espace, et […] le mouvement qui sait faire serait une spécification de
ce mouvement vers l’espace » (PP, p. 72).
160. Que la main qui a l’essence de l’homme n’est pas sa main, mais
plutôt celle de l’être, cela apparaît aussi de certains propos de Heidegger
dans La parole d’Anaximandre (Chemins qui ne mènent nulle part, p. 441 ;
Holzwege, Gesamtausgabe, tome 5, p. 366), où il tient à rappeler que dans
chreôn, dans la nécessité qui régit le tout de l’homme et le tout de l’être, il
y a bien un renvoi à la main (cheir). Mais chreôn est censé nous permettre
de penser plus profondément « le présent en sa présence (das Anwesende in
seinem Anwesen) » (Chemins qui ne mènent nulle part, p. 444 ; Holzwege,
177. PP, p. 101. Ce corrélat global, le monde, est traduit dans le contexte
qui est ici celui de Patočka – le vivre sympathétique avec le monde de l’enfant
et de l’animal – comme « expectation qui meut toujours la créature d’une
manière spécifique, qui la maintient à l’intérieur de l’être mû ».
178. PP, p. 104. Le passage se poursuit : « Grâce à cette sympathie,
l’animal est aussi en dehors des limites de l’organisme, de son être privé ».
Donc même l’animal qui, pour Patočka, n’existe pas comme l’homme, ne
saurait être figé dans l’immanence de son être privé, et cela parce que sa
sympathie avec le monde est mouvement. Notons aussi que même si Patočka
est loin de poser d’une manière satisfaisante le problème de l’animal, il a
au moins le mérite de l’avoir abordé, tandis que son manque est patent et
symptomatique chez Michel Henry.
186. Cf. Rilke, Sonnets à Orphée, II, I, trad. par Maurice Regnaut,
in Œuvres poétiques et théâtrales, éd. par Gérald Stieg, Paris, Gallimard,
Bibliothèque de la Pléiade, p. 600. Henri Maldiney cite lui aussi ce poème
(dans une traduction propre que nous avons reproduite ici) comme thème
de méditation incontournable pour une évaluation du concept merleau-
pontien de chair (« Chair et verbe dans la philosophie de Merleau-Ponty », in
Merleau-Ponty, le psychique et le corporel, éd. par Anna-Teresa Tymieniecka,
Paris, Aubier, 1988, p. 55-83, p. 55).
187. PP, p. 71.
189. Ce qui vaut ici de la chair vaut aussi de la vie, pour autant que
Henry écrit : « Le vivant n’est pas fondé en lui-même, il a un Fond qui
est la vie, mais ce Fond n’est pas différent de lui, il est l’auto-affection en
laquelle il s’auto-affecte et à laquelle, de cette façon, il s’identifie » (M. Henry,
Phénoménologie matérielle, p. 177).
190. Cf. MNMEH, p. 113.
191. Cf. MNMEH, p. 115.
en tant que tel, que des renvois relevant du monde ; il n’y a que
le côté noématique, le monde ou le phénomène du monde 17.
20. Cette critique nous paraît aller au-delà d’une « redéfinition », comme
semble la considérer Émilie Tardivel qui continue à accorder une certaine
pertinence à ce vocabulaire (cf. op. cit., p. 107).
Pour toutes ces raisons, on ne peut pas non plus parler d’une
« intentionnalité de la conscience ». Ce n’est pas à même le moi
et au sein de l’égoïque qu’il y a des renvois, mais à même l’appa-
raissant. S’il y a des « intentions », elles sont quelque chose qui
appartient à ce qui fait vis-à-vis au sujet […]. Les prétendues
intentions ne sont rien d’autre que les lignes de force de l’appa-
raître à même l’apparaissant. Elles ne forment ni ne « constituent »
rien, mais montrent simplement et renvoient à autre chose que
ce qui déjà apparaît 21.
dissension avec elle. […] La vie humaine est à vrai dire une vie
contre la totalité 41.
58. Cf. QQP, p 221. Chez Husserl, voir par exemple, dans la première
des Méditations cartésiennes, le § 11 où il est question de « la libre épochè
à l’égard de l’existence du monde empirique » (E. Husserl, Méditations
cartésiennes, p. 52 ; Husserliana, tome I, p. 64).
59. C’est une direction qu’ont explorée les travaux de Filip Karfĭk : « La
philosophie de l’histoire et le problème de l’âge technique chez Jan Patočka »
(Études phénoménologiques, n° 29-30, 1999, p. 5-28 ; voir aussi « Jan Patočkas
Philosophie der Geschichte », in Jan Patočka : Ästhetik – Phänomenologie
– Pädagogik – Geschichts- und Politiktheorie, éd. par Matthias Gatzemeier,
Aachen, Alano, 1994, p. 38-49), de Françoise Dastur : « Réflexions sur la
“phénoménologie de l’histoire” de Patočka » (Studia phaenomenologica,
vol. VII, 2007, p. 219-239) et de Bruce Bégout : « Ratiocinatio ex eventu.
Patočka et la philosophie de l’histoire » (in Jan Patočka. Liberté, existence et
monde commun, op. cit., p. 265-297).
60. Les racines hégéliennes de cette accentuation de la négativité sont
incontestables. Voir sur ce point les analyses d’Émilie Tardivel, qui montre
que « la reprise du concept de négativité » est « motivée par l’interprétation
heideggérienne que Kojève donne ou prétend donner de Hegel dans son
Introduction » (op. cit., p. 41).
61. EH, p. 235. Nous nous limiterons dans ce qui suit aux présen-
tations tardives de l’épochè par Patočka. Pour un examen des élaborations
antérieures au projet d’une phénoménologie asubjective, nous renvoyons
à la contribution de Karel Novotný : « L’esprit et la subjectivité transcen-
dantale. Sur le statut de l’épochè dans les premiers écrits de Jan Patočka »,
Études phénoménologiques, n° 29-30, 1999, p. 29-57.
62. Toujours au § 11 des Méditations cartésiennes, Husserl met explici-
tement l’épochè au service de la différence transcendantale entre la conscience
et le monde : « Ce moi et sa vie psychique, que je garde nécessairement
malgré l’épochè, ne sont pas une partie du monde » (E. Husserl, Méditations
cartésiennes, p. 52-53 ; Husserliana, tome I, p. 64) ; un peu plus loin, l’épochè
est caractérisée comme ce qui révèle l’ego transcendantal.
66. Sur cet aspect, voir les analyses d’Émilie Tardivel, qui montre que
cette insatisfaction est relative à la finitude du donné (op. cit., p. 66).
67. Cf. LS, p. 79-80.
68. QQP, p. 250.
69. Martin Heidegger, « Qu’est-ce que la métaphysique ? », trad. par
Roger Munier, in Heidegger, éd. par Michel Haar, Paris, L’Herne, 1983,
p. 47-56 (« Was ist Metaphysik ? », in Wegmarken, Gesamtausgabe, tome
9, p. 103-122).
78. Un tel complément a été apporté par les travaux de Renaud Barbaras,
depuis Le désir et la distance et Vie et intentionnalité jusqu’à l’Introduction
à une phénoménologie de la vie et La vie lacunaire.
79. Nous ne nous arrêterons cependant pas en détail sur les aspects
que nous avons déjà eu l’occasion d’analyser dans nos chapitres précédents,
comme la référence à la triple temporalisation de la temporalité ou aux
repères physiques que sont la terre et le ciel.
80. C’est sans doute du fait de cette continuité directe avec son livre
sur Aristote que Patočka n’a pas jugé nécessaire de rappeler la définition du
mouvement, qui apparaît par exemple comme introduction à la présentation
de la théorie des trois mouvements dans le cours de 1968-1969, dans la
postface tchèque de 1969 et dans l’essai « Qu’est-ce que l’existence ? ». Tout
aussi significatif est pour nous le fait qu’en guise d’introduction à cette
théorie en 1965, Patočka fait cette remarque qui annonce déjà les résultats
[…] capable aussi […] de descendre vers une analyse des mouve-
ments de la vie que notre sum accomplit et dans le déroule-
ment desquels la sphère phénoménale acquiert son agencement
concret. L’ego sum doit s’insérer, s’enraciner parmi les hommes
et les choses afin ensuite de participer à et de se dépenser dans
l’œuvre de défense contre la pression du monde ; il doit, dans
ce mouvement, acquiescer à la perte de son essence propre pour
un jour, peut-être, la reconquérir 134.
142. Ce qui n’est pas sans rappeler la sélection des dirigeants dans la
République de Platon, recrutés eux aussi dire parmi les défenseurs de la cité.
143. Cf. EH, p. 74.
144. EH, p. 80. Patočka se rappelle sans doute ici (sans indiquer la réfé-
rence comme il le fait systématiquement pour les autres citations d’Héraclite
et d’Anaximandre) le Fragment B 64 d’Héraclite : « La foudre (keraunos)
gouverne l’univers (ta panta, la totalité) ».
158. MN, p. 174. L’authenticité ne fait pas exception, car elle « prend
le détour des limites, mais uniquement pour retourner à un monde [en tant
que] facteur de l’action historique ».
159. PP, p. 252.
162. « Il est cependant des mouvements qui tendent eux aussi vers les
limites, vers un début à jamais impossible à maîtriser, vers une fin immédia-
tement certaine, sans pour cela aboutir directement à l’action » (MN, p. 175).
163. MN, p. 175.
164. Patočka opère un collage de deux extraits de la Lettre VII de Platon
pour signifier le besoin du « commerce répété » et du « frottement avec ce
dont il s’agit » (cf. MN, p. 177, note 4).
165. MN, p. 175. Au § 56 d’Être et temps, Heidegger affirme en effet
que « la conscience parle uniquement et constamment sur le mode du faire-silence
(im Modus des Schweigens) » (Heidegger, Sein und Zeit, p. 273).
166. Car, nous dit Patočka en dénonçant à nouveau l’oubli heideggérien
de l’être-avec : « Sans acceptation, pas d’existence humaine ; l’homme n’est
pas seulement jeté dans la réalité, il est aussi accepté ; il n’est pas jeté, sinon
en tant qu’accepté » (MN, p. 176).
176. Pavel Kouba, art. cit., p. 200. Nous avouons ne pas avoir réussi
à identifier, malgré les renvois à la traduction française, les micro-citations
que Pavel Kouba donne à l’appui de cette thèse.
183. Voir sur ce point les analyses de notre chapitre sur le possible.
184. Nous les avons déjà mentionnées dans notre chapitre sur la spatialité
(sous-chapitre 2.5). Pour Renaud Barbaras, voir par exemple Le mouvement
de l’existence, p. 96-98, p. 104-106 et surtout la note 1 de la page 112 ;
mais aussi l’article déjà cité, « L’individuation de l’homme ». Pour Frédéric
Jacquet, voir l’article déjà cité : « Vie et existence », p. 415 en particulier.
185. Renaud Barbaras, Le mouvement de l’existence, p. 112, note 1.
1. « Vom Wesen und Begriff der Φύσις » (écrit en 1939, publié pour la
première fois en 1958), in Wegmarken, Gesamtausgabe, tome 9, op. cit. ; trad.
fr. (modifiée) par François Fédier sous le titre « Qu’est-ce que et comment
se détermine la φύσις », in Questions II, Paris, Gallimard, 1990, p. 489.
Le passage en question forme dans le texte un alinéa séparé et est mis en
italiques. Il s’énonce plus précisément comme suit : « La Physique d’Aristote
est le livre fondamental (Grundbuch) [F. Fédier traduit : « le livre de fond »]
de la philosophie occidentale, livre caché (verborgen) [F. Fédier traduit : « en
retrait »] et pour cette raison jamais suffisamment pensé (durchdacht) [F. Fédier
traduit : « travesé par la pensée »] ».
n’en est en aucun cas une possibilité et c’est pourquoi elle exige,
selon moi, de faire intervenir un troisième niveau, qui n’est
ni cosmologique, ni phénoménologique mais événemential et
fait l’objet de ce que je nomme une métaphysique, en un sens
renouvelé. Cette voie de résolution du problème et l’interven-
tion de ce niveau sont évidemment absents chez Patočka, ce
qui soulève la question de la possibilité de résoudre le problème
dans le strict cadre de sa pensée.
Or, ce problème central comporte un dernier versant, que
l’auteur rencontre lorsqu’il évoque la question du corps et de son
rapport au mouvement, corps qu’il définit comme le « sédiment
de la corporéité [par quoi il faut entendre le mouvement]
selon les lois de sédimentation du proto-mouvement de sédi-
mentation ». La question que l’on ne peut manquer de se poser
est très simple : la sédimentation du corps par son mouvement
peut-elle être ontologiquement homogène à la sédimentation
des étants mondains par le proto-mouvement ? De manière plus
générale, les différents types de sédimentations qui sont évoqués
peuvent-ils être les mêmes de part et d’autre, c’est-à-dire du côté
du mouvement du monde et de celui de l’existence ? Nous nous
trouvons à nouveau confrontés au problème précédent car, d’un
côté, l’unité du mouvement appelle celle de la sédimentation
et de l’autre, pourtant, la différence du sujet ne peut pas ne
pas avoir d’incidence sur la manière dont il se sédimente. Il
me semble en tout cas que, si le proto-mouvement du monde
fait être, produit des étants, en quoi il est bien ontogénétique,
notre mouvement ne produit pas son corps, en tout cas pas de
la façon dont le monde fait être les étants. En vérité, la clé de
la manière dont l’existence se sédimente renvoie à ce qui fait la
différence de son mouvement et cette question n’est autre que
celle du mode d’individuation du sujet, en tant qu’il diffère
de celui des autres étants au sein du monde.
I. Littérature primaire
A. Œuvres de Patočka
B. Autres auteurs
Aristote 7-9, 13, 14, 16-17, 432, 450, 456, 468, 497,
21-22, 24, 26-27, 29, 505, 521, 530, 554-557
31-33, 35, 37-47, 49, Benoist 285-287, 289
50, 52-53, 56, 73, Biran 343, 357, 360, 363,
76-77, 79-81, 83, 84-85, 366-368, 414
104, 107-110, 112, 114, Brague 35, 76, 185, 235,
121, 128, 131, 137, 238-240, 242-243, 246,
142-143, 162, 164-165, 249-253, 270, 385, 394,
168, 171, 185, 188, 451
195-196, 209, 211, 217, Ciomoş 143, 209, 244, 378
220, 236-245, 247-253, Derrida 349, 376, 378,
255-256, 258, 269-270, 379-381, 388, 397, 485,
272-275, 278, 282, 290, 549
307-308, 310, 315-316, Descartes 21, 330-336,
330, 338, 340, 357, 367, 338-339, 367, 369, 402,
371, 374, 378, 385-386, 412
392, 404, 410, 414, 444, Franck 12, 165, 167, 276,
451, 467, 470, 499, 507, 300-301, 303-304, 348,
519, 523, 526, 529, 550, 389, 549-550
552 Haar 282-285, 401, 462,
Aubenque 33, 35, 38-41, 548
44-46, 50, 53-56, 73, Heidegger 12, 14, 17,
75-76, 107, 136, 138, 20-22, 26, 77, 79-81,
162, 185, 272, 316, 452 83, 85-86, 88-93, 95,
Barbaras 9-11, 105-107, 97, 99, 100, 127, 134,
110, 112, 119, 124-125, 138, 142, 146, 149-150,
225, 232, 265, 288, 350, 154, 156, 159-160, 162,
366, 374, 401, 403, 424, 167-168, 170-171, 175,
Introduction ...................................................................................... 7
PREMIÈRE PARTIE
I. Considérations préliminaires :
la reprise de la définition
aristotélicienne du mouvement ................................. 31
1. La circularité de la définition aristotélicienne
du mouvement ............................................................................. 37
1.1. La puissance contient, dans sa définition,
une référence au mouvement. L’acte aussi est
le résultat du mouvement .............................................................. 37
1.2. La traduction interprétative que donne Patočka à la
définition de Physique, 201a10. Il s’appuie aussi sur
une autre occurrence de la définition, celle de 201a28-29.
La double circularité de la définition du possible
(dynaton). Destitution de la pertinence, pour une pensée
du mouvement, de la triplicité des principes ............................ 40
1.3. La négativité de la physis. L’exemple de l’églantier
et l’acte inachevé ............................................................................. 46
2. La double négativité de la définition
du mouvement ............................................................................. 49
2.1. Nier et la position et la négation.
« Dialectique » de la définition .................................................... 49
2.2. La hiérarchie des apories du mouvement. La première
(comment dire le « devenir-autre » ?) est secondaire par
rapport à la deuxième (comment le même est-il autre ?).
Le mouvement dépose ses extases .................................................. 52
2.3. Note sur la passivité. La continuité du mouvement ............ 58
DEUXIÈME PARTIE
III. La double reconduction du temps
au mouvement ........................................................................... 141
1. La première reconduction de
la temporalité au mouvement ............................................ 145
1.1. L’importance du problème de la temporalité.
Le caractère temporel des étants donne leur manière
d’être. Heideggérianisme de Patočka dans
sa considération de la temporalité ............................................ 145
1.2. La transformation par Patočka de la triple
temporalisation heideggérienne de la temporalité
en trois mouvements de l’existence. L’analyse de la fin
de chaque mouvement indique une assimilation
de l’avenir au possible ................................................................. 149
1.3. Élucidation de l’assimilation de l’avenir au possible dans
les analyses de Patočka. La complicité entre le vocabulaire
du possible et le problème de la temporalité éclaire la
motivation de la première reconduction de la temporalité
au mouvement .............................................................................. 157
2. La deuxième reconduction du temps
au mouvement .......................................................................... 163
2.1. Le ciel comme donateur du quand du mouvement de
la vie humaine. Conciliation du ciel comme mesure de tout
mouvement et de sa fonction de donateur de la distance :
la distance dont il s’agit renvoie au mouvement de la
physis qui dépose l’unité spatio-temporelle. La nature
(dont le ciel est une figure insigne) comme matière
et son sens temporel éclairci à nouveau par
le vocabulaire de la dynamis .................................................... 163
TROISIÈME PARTIE
V. L’impropriété du corps propre ............................... 327
1. Les thématisations manquées du corps propre :
Descartes, Husserl, Heidegger .......................................... 330
1.1. Descartes manque la thématique du corps propre
au moment même où il inaugure la possibilité
de le poser comme problème ...................................................... 330
1.2. Les descriptions que Husserl donne du corps propre
« peuvent être poussées plus loin » (vers le problème du
mouvement subjectif). Heidegger non plus ne rend pas
justice au phénomène du mouvement corporel ...................... 339
1.3. Les caractérisations patočkiennes du corps : la corporéité
comme centralisation spatiale et la corporéité dynamique
(d’une force voyante) ................................................................... 351
2. Le corps propre comme sédiment
du mouvement .......................................................................... 361
2.1. Le corps propre comme sédiment du mouvement
subjectif. L’influence biranienne est décisive et rejoint
directement des aperçus aristotéliciens. Le corps
(lieu propre) est dans les deux cas terme propre
de l’effort (dépôt du mouvement) ............................................. 361
2.2. La main – avatar persistent de la corporéité chez
Heidegger – est d’abord un possible, la main du
maintenant temporel, et ne réussit pas à situer le Dasein.
Après la Kehre, elle est un acte (pur) et n’est pas non plus
la main (la situation corporelle et mondaine) que
l’homme a, mais celle de l’être, qui a l’homme
et son histoire ................................................................................ 375
2.3. Considérations supplémentaires : la chair (le corps
originaire) chez Michel Henry et le « je peux »
husserlien après révision ............................................................. 400
3. Conclusion. Le corps dans les trois
mouvements de l’existence .................................................. 412