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Théorie des ensembles

Appadourai David

Question 2 :
1. Donner la définition complète d’un cardinal.

On se place dans ZFC, on se permet donc d’utiliser l’axiome du Choix. Le théorème


de Zermelo nous dit que tout ensemble est bien ordonnable, donc en bijection avec
un ordinal. Par conséquent chaque classes d’équipotence est non vide. La classe des
ordinaux est bien ordonnée i.e chaque sous ensemble non vide admet un plus petit
élément.
On appelle cardinal un ordinal qui est le plus petit de sa classe d’équipotence, c’est-
a-dire qui n’est en bijection avec aucun ordinal plus petit que lui.

1 Existence des fondements uniques des mathématiques.


Dans une lesson d’astronomie de Bertrand Russell, une vieille dame lui a posé une
critique en disant que en vraie, la terre était plate et c’était une tortue qui la soutenait
sur le dos. Russell lui a demandé par la suite, ”la tortue elle se tient sur quoi alors ?”.
La dame lui répondit ”ce sont des tortues à l’infini”. On pourrait en dire le même du
sentiment des mathématiciens au debut du XXe siècle.

Lors de la découverte des géométries non-éuclidiennes et l’axiomatisation de l’arithmétique


par Peano, les mathématiciens se posaient la question sur la possibilité de fonder les
mathématique sur une base universelle, unique, et presque primitive. Depuis Aristote la
logique était considéré comme un idéal scientifique et Leibniz au XVII siècle considérait
la possiblité de construire une langue universelle et un calcul de la raison qui pourrait
donner réponse à tout problème concevable.

Au XIX sicèle, Frege réunit le rêve de Leibniz et la science Aristotélicienne pour


créer sur la base de la théorie des ensembles de Cantor un système qui vise à fonder
l’ensemble des mathématiques. Néanmoins en 1901 Bertrand Russell trouve une para-
doxe dans le système fregéen et par conséquence dans la théorie de Cantor : l’axiome
qui permet la construction libre des ensembles aboutit à des contradictions.

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Le système de Frege s’écroule mais son projet est continué par d’autres. Zermelo et
Fraenkel, avec l’intention d’éviter des nouvelles paradoxes, arrivent à axiomatisent le
système de Cantor. Zermelo et Fraenkel n’ont pas l’intérêt de fonder les mathématiques.
Ils cherchent plutot résoudre des problèmes d’ordre métamathématique comme l’indépendance
de axiomes. Cependant les bases de la théorie de Cantor sert encore à Russell et White-
head pour rédiger Principia Mathematica, un système fondé sur les notions de classe et
de types. De même David Hilbert tente de fonder les bases de la théorie de la géométrie.

La théorie des ensembles décrit l’univers de ”tous les objets mathématiques”, des
plus primitifs aux plus complexes tels que les diveres infinités. Le besoin de trouver des
fondements uniques a comme origine la peur des mathématiciens pour l’incertitude et
la possbilité de dériver des contradictions. Kline affirme que la raison principale par la-
quelle la théorie des ensembles sert de fondement pour toutes les mathématiques est que
il est possible de dériver toutes les mathématiques à partir de la théorie des nombres 1 ”.
Ce qui est merveilleux dans cette théorie est que le langage ensembliste est extrêment
simple, il compte qu’avec un seul symbole : l’appartenance ∈. Les ensembles sont aussi
des concepts primitifs et construits par un petit nombre d’axiomes et règles.

Peut-on parler des fondements uniques ? Si bien le projet de fonder les mathématiques
est unique et insipire la plupart de développements mathématiques au début du XXe
siècle, on n’a qu’un approche unique au problème. Aux efforts de Frege Russell et White-
head, Hilbert et Bernays etc, il faut en ajouter ceux qui différaient de l’approche ensem-
bliste et formaliste. L’école intuitioniste de Brouwer et l’approche théorique-modélique
aux fondements des mathématiques nous empêchent de parler non seulement de fonde-
ments uniques mais aussi de la possibilité de fonder les mathématiques tout court.

Aujourd’hui la théorie axiomatique d’ensembles est une fondation souhaitée par


plusieurs mathématiciens 2 . Cependant le sens de cette fondation n’est plus le même.
La fondation souhaitée par Hilbert, Russell, etc consiste en un système fini et res-
treint d’axiomes qui suffissent à construire tout le batı̂ment mathématique. En plus, ce
système doit rendre compte de sa consistance, c’est-à-dire qu’à partir des axiomes, il
doit être impossible de dériver le faux.

Gödel a mis fin à ce genre de projet en 1931 en démontrant que aucun système
d’axiome suffissamment puissant pour construire l’arithmétique éléméntaire n’est pas
complète. C’est-à-dire qu’il y existe toujours des énoncés arithmétiques qui, étant vrais,
ne sont pas prouvables dans le système.

Russell admet dans Le développement de mes idées philosophiques, que lorsqu’il


rédigait Principia Mathematica il se rendit compte de l’impossibilité de la tâche de
pouvoir trouver le système désiré pour fonder des mathématiques. Russell affirme qu’il
voyait dans le théorème de Cantor pour l’ensemble des parties d’un ensemble, une
1. Kline, Mathématiques : fin de la certitude. Paris : Christian Bourgois, 1989, p. 466.
2. Kline, ibid, p. 468.

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preuve de foi de l’existence de fondements uniques des mathématiques, ”Il existe plus
des ensembles que des choses dans le monde”. La possiblité de trouver une manière de
rendre compte de cet univers qui promet le paradis mathématique s’est vite écroulé
. Mais selon Jean Dieudonné aucun autre projet a été si fructifère dans l’histoire
des mathématiques. ”Entre le debut du XXe siècle et aujourd’hui il y a eu plus des
découvertes et développements mathématiques que dans la période entre Euclide et le
XXe siècle”, Dieudonné affirme.

Dans Why do we prove theorems ?, Yehuda Rav défend l’idée selon laquelle la
pratique la plus fondamentale du mathématicien n’est pas celle de trouver, presque
mécaniquement, des démonstrations à des théorèmes. Il soutient que c’est plutôt ”l’in-
vention de méthodes, outils, stratégies et concepts pour résoudre des problèmes dans
l’agenda interne de la recherche ou qui sont suggérés par une application externe” 3 .
Dans ce sens ce sont l’astuce et le génie créatif du mathématicien emportés envers les
problèmes, qui fondent essentiellement la pratique mathématique.

De cette manière, l’impossibilité de fonder les mathématiques de manière unique


n’est pas un problème en soi. Plutôt les fondations des mathématiques en tant qu’idéal
ont marqué et inspiré la recherche future des mathématiques jusqu’à nos jours.

3. Yehuda Rav, op. cit., p.6

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