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La différence entre existence et essence :

Comment définir ces deux termes en philosophie ? Peut-on exister sans être ? Qu’est-ce que l’essence de
la vie ?

Existence et essence sont deux termes souvent confondus dans le langage courant, mais
fondamentalement différents en philosophie :

 l’essence d’un être est ce qu’il est vraiment, indépendamment de toute autre chose. C’est ce qui le
fonde, ce qui constitue sa nature profonde, son identité première,
 l’existence est le fait d’exister, d’avoir une réalité, d’être observable, ou de pouvoir s’observer
soi-même.

Exister ne veut pas forcément dire « être ».

Ainsi, les caractéristiques de l’essence et de l’existence s’opposent :

 l’essence est immuable, invariable, éternelle, stable, unique,


 alors que l’existence est changeante, transitoire, précaire, éphémère, périssable.

Autrement dit, l’essence relève de l’absolu alors que l’existence relève de l’accidentel, du circonstanciel,
du contingent.

De fait, les notions d’existence et d’essence posent la question de l’observateur, de la chose observée et
du rapport entre les deux : nos perceptions et nos interprétations sont au coeur de la question.

Nous verrons que l’existence relève de l’observation concrète, immédiate, alors que l’essence relève
d’une observation plus abstraite et profonde.

Entrons plus en détails dans la différence entre existence et essence.

La différence entre existence et essence.

En tant qu’êtres humains, nous utilisons des mots, des noms et des symboles. Le fait de nommer les
choses, de les définir, de les conceptualiser constitue une tentative de leur attribuer une essence (une
réalité stable), alors même qu’elles n’ont pas capacité à être.

Précisément, un concept est une construction mentale, une représentation abstraite appliquée à un objet
dont on veut résumer et généraliser les caractéristiques. Exemple : une vague.

Si le concept de vague est clairement défini, cela ne veut pas dire pour autant que la vague existe en soi.
Pour preuve, un vague visible à un moment donné ne le sera plus deux secondes plus tard.

Le mécanisme de nos perceptions fonctionne de telle manière que notre cerveau reconfigure
automatiquement les choses observées pour les distinguer, les séparer de leur environnement, et au final
les définir en tant que telles, ce qui aboutit à l’illusion de leur essence. Ainsi, notre cerveau distinguera
une pierre posée sur la plage, et la verra comme un élément « en soi », alors même que cette pierre n’est
qu’un bout de matière qui s’est décroché de la falaise.
On remarquera que très souvent, notre cerveau se base sur le mouvement pour distinguer les objets par
rapport à leur environnement. Les objets qui peuvent être déplacés, qui se sont déplacés ou qui se
déplacent sont identifiés comme autonomes, donc semblant « être » en soi.

Or ce mouvement touche à l’évolution des choses et souligne précisément leur côté changeant,
impermanent, preuve que nous parlons en réalité d’existence et non d’essence.

A l’inverse, les choses qui « sont » vraiment ne sont pas marquées par le changement ou l’évolution, ce
qui les rend invisibles, voire inconnaissables (par exemple Dieu).

Le rapport entre existence et essence.

Platon et ses successeurs considèrent que l’existence est une conséquence de l’essence. Cette approche
« essentialiste » peut facilement être contredite ; en effet, vous venons de voir qu’un objet peut exister
sans être, et qu’un autre peut être sans exister.

Pour Sartre au contraire, l’existence précède l’essence : c’est l’existentialisme. En effet, les
existentialistes soulignent la singularité et l’authenticité de l’expérience individuelle. Cette expérience
remarquable fait irruption chez l’individu avant même qu’il tente de se définir lui-même :

Si Dieu n’existe pas, il y a au moins l’être chez qui l’existence précède l’essence, un être qui existe avant
de pouvoir être défini par aucun concept, et que cet être, c’est l’homme ou, dit Heidegger, la réalité
humaine. Qu’est-ce que signifie ici que l’existence précède l’essence ? Cela signifie que l’homme existe
d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se définit après.
Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme,1946

Ici, Sartre affirme la prédominance de l’existence sur l’essence. Alors que l’essence relève de la
définition, de l’interprétation et de la déduction, l’existence surgit comme quelque chose de spontané, de
vécu, d’éprouvé, donc de profondément vrai.

Autrement dit, l’essence est une construction philosophique, alors que l’existence est une réalité vivante.
On aurait tort de croire que l’essence donne aux choses leur capacité à exister !

En réalité, la question de l’existence et de l’essence touche au phénomène de la conscience, et plus


généralement à celui de la vie : deux choses qui permettent à l’homme de s’envisager par rapport à lui-
même et par rapport au reste du monde.

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