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Platon et ses successeurs considèrent que l’existence est une conséquence de l’essence. Cette
approche « essentialiste » peut facilement être contredite ; en effet, vous venons de voir qu’un
objet peut exister sans être, et qu’un autre peut être sans exister.
Pour Sartre au contraire, l’existence précède l’essence : c’est l’existentialisme. En effet, les
existentialistes soulignent la singularité et l’authenticité de l’expérience individuelle. Cette
expérience remarquable fait irruption chez l’individu avant même qu’il tente de se définir lui-
même :
Si Dieu n’existe pas, il y a au moins l’être chez qui l’existence précède l’essence, un être qui
existe avant de pouvoir être défini par aucun concept, et que cet être, c’est l’homme ou, dit
Heidegger, la réalité humaine. Qu’est-ce que signifie ici que l’existence précède l’essence ?
Cela signifie que l’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se
définit après.
Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme,1946
Ici, Sartre affirme la prédominance de l’existence sur l’essence. Alors que l’essence relève de
la définition, de l’interprétation et de la déduction, l’existence surgit comme quelque chose de
spontané, de vécu, d’éprouvé, donc de profondément vrai.
Autrement dit, l’essence est une construction philosophique, alors que l’existence est une
réalité vivante. On aurait tort de croire que l’essence donne aux choses leur capacité à exister !
Pour autant, les caractéristiques que nous venons d’attribuer à l’humain peuvent être
qualifiées de stables, invariables et absolues : l’homme « est » cela, il peut se définir ainsi.
Ce qui signifie que la question Dieu existe-t-il ? est biaisée. En effet, Dieu n’existe pas car il
ne peut se montrer extérieurement, ce qui ne veut pas dire qu’il n’EST pas.
Au lieu d’exister, Dieu est. On peut même dire qu’il est l’être de toutes les existences.
En conclusion, la différence entre existence et essence est parfois mal comprise, pour la
simple raison que nos sens prennent ce qui existe pour ce qui est. En réalité, l’essence ne peut
être perçue que par l’âme. Invisible, inconnaissable, l’être qui « est » restera un mystère. Et si
l’on considère que l’être humain a capacité à « être », alors son mystère restera entier pour
lui-même.
Le monde existe-t-il ?
Existons-nous vraiment ?
Etre ou ne pas être (philosophie, spiritualité)