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Le Palais Sans Souci1 est un château situé à Milot, en Haïti, dans le département du Nord, au

sein du parc national historique - Citadelle, Sans Souci, Ramiers, à une vingtaine de km au
sud de Cap-Haïtien. C'est l'ancienne résidence principale d'Henri Christophe.

Histoire du lieu
Sans Souci. Château du roi Christophe d'Haïti, lithographie de Gottfried Küstner (1800-1864)
issu d'un ouvrage de Carl Ritter publié en 1836.

Vue rapprochée de la façade actuelle (devant).

Ruines du Palais de Sans-Souci, à Milot (extérieur), gravure avant 18812.

Ce palais ainsi que ses dépendances ont été construits à partir de 1810, sous l'impulsion du
général Henri Christophe, l'un des héros de la guerre de l'indépendance haïtienne,
autoproclamé roi sous le nom de Henri Ier en mars 1811 de la moitié nord de l'actuelle Haïti
dont la capitale était Cap-Haïtien renommée Cap-Henri. Les travaux sont achevés en 1813.
Outre le corps principal, sont également construites une chapelle avec une large coupole, et de
nombreuses annexes : caserne, hôpital, ministères, imprimerie, hôtel des monnaies, école,
académie d'art, ferme, etc.3. Henri, son épouse la reine Marie-Louise et leurs enfants — dont
Victor-Henry Christophe — ont habité ce lieu, ainsi que leurs personnels et les différents
conseillers et ministres, jusqu'au 18 octobre 1820, date du début de la fin du Royaume d'Haïti
puis de son rattachement à la partie sud du pays.

Le roi a été secondé pour l'élévation de son palais par le baron Pompée Valentin Vastey,
membre de son conseil privé, et le nom de l'architecte serait Chery Marie-Wallock [?] ou
Henri Besse, chef du génie militaire4. Le terrain choisi avait été une plantation française,
confisquée par les indépendantistes et que Christophe avait ensuite gérée lui-même, en
entrepreneur, y imposant un régime de fer, couvrant son pays de raffineries de sucre, sa
principale source de revenus. Le roi possédait dix-neuf autres plantations et avait fait
construire d'autres résidences, ainsi que des fortins, à travers son royaume, dont la citadelle La
Ferrière, située à quelques kilomètres du palais, et armée de 200 canons. La situation
géographique de cette résidence royale et de la citadelle s'explique sur le plan stratégique : ce
dispositif est à la fois central et surélevé, dissimulé et parfaitement autonome, il permet au
souverain de contrôler son territoire et de se prémunir de ses ennemis intérieurs et extérieurs,
dont les Français, qui ne cesseront de vouloir reprendre leur ancienne colonie comme en
témoigne la tentative de débarquement de 1814-1815, commanditée par Louis XVIII5.

On peut se rendre compte du style architectural, très éclectique, et avoir une vue d'ensemble
recomposée, grâce à différents dessins qui ont été faits du palais et du domaine durant les
années 1820 : il y avait deux entrées de chaque côté du bâtiment principal lequel possédait
trois étages ; la première entrée, de prestige, présente un double escalier monumental menant
au pavillon central. Il ne reste à peu près rien de la décoration intérieure et des jardins
aménagés en esplanades et terrasses, mis à part un buste en marbre supposé représenter la
reine, ainsi que quelques péristyles. Le style de cet édifice surnommé rapidement par les
témoins de l'époque le « Versailles des Caraïbes », est le fruit d'un mélange inspiré de tout ce
qui s'était construit au XVIIIe siècle dans l'Europe baroque, dont le palais au nom quasi
éponyme du roi de Prusse, mais aussi les palais londoniens néopaladiens : c'est le cas par
exemple pour la façade de la chapelle qui existe toujours. Le roi s'était allié aux Britanniques,
lesquels envoyèrent des conseillers, dont on mesure mal le degré d'investissement. Des
canaux, toujours en place, amenaient l'eau des montagnes jusqu'au palais et passaient sous
l'entresol pour apporter de la fraîcheur3. Christophe avait pour ambition de démontrer aux
yeux des Occidentaux par ce geste que les descendants d'Africains n'avaient pas perdu le
« goût architectural et le génie de leurs ancêtres qui ont couvert l'Éthiopie, l'Égypte, Carthage
et l'ancienne Espagne avec leurs superbes monuments »6 (sic) : vitrine politique, ce projet
coûta une fortune et demanda une main d'œuvre très importante, étant donné la durée
relativement courte des travaux7. D'après un témoin d'époque, Jonathan Brown, médecin
américain, il s'agissait là du plus beau bâtiment de toute cette partie du monde8.

Le 8 octobre 1820, affaibli par une attaque cérébrale, et alors qu'une révolte gronde parmi le
peuple contre les lois agraires, le roi choisit de se suicider dans la chapelle du palais d'une
balle dans le cœur, qui, selon la légende, aurait été en or3. Son corps est enterré dans la
citadelle voisine.

Le palais et ses dépendances furent ruinés par deux séries de violents séismes, celui du 7 mai
1842 qui détruisit Cap-Haïtien, puis le tremblement de terre de février 18433, et jamais
reconstruits. Depuis 1982, les vestiges du palais sont inscrits sur la liste du Patrimoine
mondial de l'UNESCO. En février 2015, un rapport de l'Icomos recommande le renforcement
et la restauration de plusieurs structures du site9.

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